Le Monde d'Antigone

Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
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Dernière mise à jour : 11.11.2025
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Le forum de St Pétersbourg et la perte d'influence russe

Publié le 26/06/2025 à 00:09 par monde-antigone

 

Avec tout ce qui s'est passé entre l'Iran et Israël, vous avez probablement loupé le Forum de St Pétersbourg. Petite séance de rattrapage...

Visiblement, ça ne s'est pas bousculé. Un seul chef d'Etat (Indonésie) membre des BRICS+ était présent, mais aucun de l'OTSC, de l'UEEA ou de l'OCS; pas même Loukachenko ou même Traoré. La pire affluence de la décennie. Poutine ne pouvait compter que sur sa famille et celles de quelques uns de ses ministres pour combler les vides et s'occuper de l'animation.

Mauvaise nouvelle pour lui et ses finances: la fin de la "guerre de 12 jours" a fait retomber le prix du pétrole sous les 70 $.

 

Au Forum de Saint-Pétersbourg, la Russie apparaît isolée sur la scène économique

par Sylvain Tronchet

Radio France, Franceinfo: - 21 jun 2025

https://www.franceinfo.fr/monde/russie/au-forum-de-saint-petersbourg-la-russie-apparait-isolee-sur-la-scene-economique_7325991.html

 

La Russie tente de convaincre, lors de cet événement, qu'elle reste un partenaire économique crédible malgré la guerre en Ukraine et les sanctions. Derrière la façade, les grandes entreprises étrangères, notamment occidentales, brillent surtout par leur absence.

Vladimir Poutine va prononcer, vendredi 20 juin, son traditionnel discours de clôture du Forum économique international de Saint-Pétersbourg (SPIEF). Ce rendez-vous, qui existe depuis 28 ans, symbolisait le développement économique et l'ouverture au monde du pays après la chute de l'Union soviétique. Malgré la guerre, les sanctions ou les signes de récession qui arrivent, les dirigeants russes ont tenté depuis mercredi de prouver que leur pays n'était pas isolé, qu'il était toujours attractif.

Il est beaucoup question, dans les allées du Forum de Saint-Pétersbourg, des entreprises occidentales qui ont quitté le pays par milliers il y trois ans. En février, Kirill Dimitriev, l'envoyé spécial de Vladimir Poutine pour les affaires économiques, le promettait: les entreprises américaines étaient sur le point de revenir en Russie, à la faveur du retour de Donald Trump. Il l'affirmait encore jeudi. "Nous œuvrons pour que le dialogue entre la Russie et les États-Unis progresse, a déclaré Kirill Dimitriev. Nous constatons que de nombreuses questions ont été posées concernant les investisseurs américains et les entreprises américaines venues renforcer leur présence sur le marché russe et investir en Russie".

La tendance est au 100 % russe

Mais à la sortie de la conférence Russie-USA, interdite aux journalistes, le pourtant très pro-russe Robert Agee, président de la chambre de commerce américaine en Russie, semblait beaucoup plus mesuré: "Les entreprises qui ont quitté le marché réfléchissent à la possibilité d'un retour. Je ne dirais pas qu'il y a une longue file d'attente sur ce sujet actuellement, Mais elles observent et attendent un signal".

Sous couvert d'anonymat, plusieurs experts le confirment: aucune entreprise américaine n'envisage sérieusement de revenir sur un marché aussi risqué que la Russie. D'ailleurs certains dirigeants russes ne font même pas semblant d'y croire, comme le vice-Premier ministre Denis Mantourov, à qui on demandait ce qu'il fallait pour que les entreprises occidentales reviennent: "Qu'elles nous aident à lever les sanctions d'abord, et ensuite on discutera".

Au sommet du pouvoir russe, la tendance est au 100 % russe. Le pays doit se développer dans tous les secteurs. Une nécessité car même les grandes entreprises des pays amis – Chine, Inde – étaient absentes cette semaine à Saint-Pétersbourg. Le forum a surtout été un entre-soi russe, un village Potemkine avec peu de délégations étrangères de haut niveau. Un seul chef d'État accompagnera Vladimir Poutine sur scène vendredi après-midi: le président indonésien Prabowo Subianto.

 

Le forum de Saint-Pétersbourg, symbole de la perte d'influence russe et défilé d'héritiers

par Sébastian Seibt

France24 - 21 jun 2024

https://www.france24.com/fr/europe/20250620-le-forum-de-saint-p%C3%A9tersbourg-symbole-de-la-perte-d-influence-russe-et-d%C3%A9fil%C3%A9-d-h%C3%A9ritiers

 

"L’un des plus importants et plus gros événements économiques au monde". Sur le site du Forum économique international de Saint-Pétersbourg (SPIEF), qui a ouvert mercredi 18 et se termine samedi 21 juin, il n’y a pas de place pour la modestie. La 28e édition de ce sommet y est présentée comme une grande cuvée s'inscrivant dans la tradition d’un raout ayant "longtemps représenté l’événement annuel diplomatico-économique le plus important de Russie, qui se déroule dans la ville natale de Vladimir Poutine et vitrine historique de l’ouverture du pays à l’étranger", résume Jeff Hawn, spécialiste de la Russie à la London School of Economics.

Le président indonésien bien seul

Le programme de ces quatre jours met en avant des sujets à la pointe de l’innovation et de l’actualité économique - tels que l’IA, la cybersécurité ou encore l’environnement - à travers plus de 200 tables rondes. La Russie y est présentée comme un pays intégré dans le commerce mondial à travers des discussions sur les "défis du marché chinois", "l’intérêt du commerce avec l’Inde" ou encore une présentation "pour les entreprises allemandes présentes en Russie". Sur le papier, le SPIEF ferait presque honneur à la réputation de "Davos russe" que ce forum défend depuis son lancement à la fin des années 1990.

Mais ce SPIEF 2025 n’a en réalité que peu à voir avec ses prédécesseurs de l’ère pré-invasion de l’Ukraine en 2022. L’époque où le président français Emmanuel Macron s’y était rendu car la Russie avait fait de la France "l’invité d’honneur" du forum semble appartenir à une autre ère… alors que c’était en 2018. "Il est quand même étonnant que la Russie accole encore le qualificatif d’’international’ à ce forum alors que le seul chef d’État à avoir fait le déplacement est le président indonésien Prabowo Subianto", souligne Stephen Hall, spécialiste de la Russie à l’université de Bath[Mais PrabowoSubianto sera l'invité d'honneur du défilé du 14 juillet à Paris. L'Indonésie achète beaucoup d'armes et d'avions Rafale à la France; ndc]. C'est encore moins que l'an dernier lorsque deux chefs d'État - ceux du Zimbabwe et de la Bolivie – avaient fait le déplacement. S'il y a bien des représentants du Bahreïn, de l’Afrique du Sud, de la Chine et de quelques autres pays, "ce ne sont que des second couteaux", notent les experts interrogés par France 24.

Le SPIEF est ainsi devenu une sorte de “miroir de la perte d’influence de la Russie sur la scène internationale”, estime Stephen Hall. “Il a commencé à attirer moins de monde après l’annexion de la Crimée en 2014 et l’imposition des sanctions internationales, puis le mouvement s’est accéléré depuis 2022”, résume Jeff Hawn. L’absence de dignitaires de tout premier plan pour les pays "amis" de la Russie, à commencer par la Chine ou certains pays d’Amérique latine, illustre qu’au-delà même du camp occidental pro-ukrainien, "on s’interroge sur l’intérêt d’envoyer des émissaires pour signer des contrats avec un pays dont la situation économique devient de plus en plus précaire", explique Jeff Hawn.

Tee-shirts et gospel poutinien

"Auparavant, les annonces tournaient surtout autour des investissements étrangers en Russie et des contrats commerciaux. Il y en a beaucoup moins. Il faut mettre l’accent sur ce que nous avons et produisons", assure un conseiller politique, travaillant avec l’administration présidentielle russe, interrogé par le média indépendant russe Meduza.

De "Davos russe", le SPIEF semble en réalité être devenu un forum pour et à la gloire de Vladimir Poutine. Le président russe y est partout, et pas seulement en personne pour sa prise de parole vendredi 20 juin. Il y a les tee-shirts sur lesquels sont notamment inscrits des formules du maître du Kremlin, telles que "Nous n’interviendrons pas, mais nous ne renoncerons pas à ce qui nous appartient" ou encore "Les imbéciles ont de la chance, mais nous, on bosse du matin au soir". Des tee-shirts qui s’arrachent comme des petits pains, a constaté le site d’information de l’Oural Ura.news, cité par Meduza. Un stand à la gloire du père de Vladimir Poutine permet d’admirer ses 11 médailles, reçues pour la plupart durant la Seconde guerre mondiale, souligne l’agence de presse russe Tass. Une manière d’allier deux obsessions de Vladimir Poutine: les valeurs familiales et surtout patriarcales et la célébration de la "Grande guerre patriotique". Vladimir Poutine encore et toujours: les producteurs du dessin animé "Prostokvashino" ont annoncé que le président russe deviendra un personnage de la série afin de "promouvoir la culture russe" à l’étranger. "Ce forum constitue un exemple supplémentaire de la personnification du pouvoir en Russie", résume Stephen Hall.

Le grand show des "héritiers"

Et quand ce n’est pas Vladimir Poutine qui est mis à l'honneur, ce sont ses enfants. Deux de ses filles ont pris la parole cette année au forum de Saint-Pétersbourg. Sa cadette, Katerina Tikhonova, s’est exprimée à l’occasion d’une table ronde sur le "retour des entreprises étrangères en Russie", tandis que l’ainée, Maria Vorontsova, a disserté sur l’éthique en technologie. Les enfants du président ne sont pas les seuls "héritiers" à avoir tenu les premiers rôles lors de ce forum. Piotr Fradkov, fils de l’ancien Premier ministre et ex-chef du renseignement extérieur Mikhaïl Fradkov, Vladimir Kirienko, fils du tout-puissant conseiller de Vladimir Poutine Sergueï Kirienko, ou encore Ksenia Choïgou, la fille de l’ex-ministre de la Défense Sergueï Choïgou, ont également animé des tables rondes.

Ce défilé de "nepo babies" (des enfants dont la carrière est liée à celle de leurs parents) de la politique russe "représente une tentative de faire taire les critiques sur ces enfants des hauts dignitaires qui dilapident des fortunes en fêtes à l’étranger", souligne Jeff Hawn. Ce grand jeu des sept familles à la russe serait également organisé à destination de Vladimir Poutine. Le but: lui montrer qu’il y a une certaine stabilité dans les hautes sphères du pouvoir avec des enfants aussi dévoués à la cause étatique que leurs parents. "Le message envoyé est que la relève est prête", assure Stephen Hall.

Meduza a pu se procurer le petit manuel de la bonne couverture médiatique du forum distribué par la majorité présidentielle aux journalistes "amis". L’accent y est, notamment, mis sur la présentation du nouveau modèle de voiture du constructeur AvtoVAZ et de deux navires qui constitueraient "les bateaux de pêches les plus modernes au monde". Un choix étonnant pour un forum international ? "L’idée est de montrer au président que malgré les conditions économiques difficiles et l’isolement, la Russie réussit à innover sans avoir besoin d’aide extérieure", conclut Stephen Hall.