Le Monde d'Antigone

Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
syndicats et toute forme de gestion et de pouvoir.
Rassembler des foules sous un même drapeau
trouve toujours son origine dans une imposture.
Seule une révolution mettra fin à un système
dont l'obsession de l'argent entraine l'humanité
vers la catastrophe.

Rubriques

>> Toutes les rubriques <<
· 37 - Lointains échos dictatures africain (400)
· 00 - Archivage des brèves (782)
· .[Ec1] Le capitalisme en soins intensifs (550)
· 40 - Planète / Sciences (386)
· 10 - M-O. Monde arabe (383)
· . Histoires et théories du passé (220)
· 20 - Japon, Fukushima (237)
· .[Ec2] Métaux, énergies, commerce (253)
· 24 - USA (306)
· 19 - Chine [+ Hong Kong, Taïwan] (321)

Statistiques

Date de création : 10.03.2011
Dernière mise à jour : 19.12.2025
8676 articles


Rechercher

Une année martienne avec Perseverance (2021- ?)

Publié le 08/10/2021 à 00:00 par monde-antigone

 
Les images envoyées par le robot Perseverance qui travaille sur Mars depuis février confirment les premiers indices d'observation. Le cratère "Jezero" a bien abrité un lac fermé, anciennement alimenté par une rivière via un delta, il y a entre 3 et 3,6 milliards d'années. Le rover va à présent se diriger vers la source du delta, à 2 km, afin d'atteindre des sédiments renfermant d'éventuelles matières organiques. Deux autres robots, Curiosity et Insight, arpentent actuellement la surface martienne.


Le robot Perseverance confirme la présence d'un ancien lac sur Mars
RFI - 07 oct 2021
https://www.rfi.fr/fr/science/20211007-le-robot-perseverance-confirme-la-pr%C3%A9sence-d-un-ancien-lac-sur-mars


Posé sur Mars depuis le mois de février, le robot Perseverance livre ses premiers résultats. L'engin a découvert que l'endroit où il a atterri était un ancien lac sur la Planète rouge.

C'était attendu, mais les premières images en haute résolution de la caméra confirment les indices de l'observation en orbite: le cratère, d'une surface d'environ 35 km de diamètre et une centaine de mètres au plus profond, a bien abrité un lac fermé, anciennement alimenté par une rivière via un delta, il y a entre 3,6 et 3 milliards d'années. Grâce aux observations satellites, on en a vu les traces dans le cratère appelé Jezero. C'est pour cette raison qu'on y a posé le robot Perseverance en février dernier. Huit mois plus tard, c'est la confirmation. Une confirmation pleine de promesses pour la suite de la mission.

L'étude publiée ce jeudi dans la prestigieuse revue Science – la première depuis l'atterrissage de Perseverance – donne une foule de détails inédits sur l'histoire de l'ancien site lacustre. « On a des strates qui sont typiques d'un assemblage formé sous l'eau avec une rivière qui a avancé à l'intérieur d'un lac et déposé des sédiments », explique Nicolas Mangold, de l'Université de Nantes, qui a dirigé cette étude. Le chercheur parle d'un agencement sédimentaire qui est vraiment typique de dépôts lacustres.

« Et c'est comme sur Terre, les sédiments lacustres sont de très bons réservoirs pour préserver des sédiments et intégrer dans ces sédiments d'éventuelles formes organiques, poursuit-il. S'il y a eu un jour la vie, elle a pu générer des matières organiques et si cette matière elle existe, elle va être préservée dans ces sédiments-là. Donc ça nous donne les endroits clés pour analyser ce cratère. Et c'est sur quoi on travaille en ce moment, c'est faire la traversée du rover à la source du delta. »

Une traversée de 2 km pour Perseverance. 2 km parsemés d'embûches avant d'atteindre ces sédiments. Le robot pourra alors les analyser sur place, et surtout en prélever des échantillons, qui seront ramenés sur Terre lors d'une future mission à l'horizon 2030. Mais attention à ne pas s'emballer trop vite, a averti le chercheur, car cette matière organique pourrait tout aussi bien provenir de « matière carbonée inerte », comme celle déposée par les comètes.

Perseverance a en outre détecté la présence inattendue de gros galets et blocs rocheux, témoins de forts courants fluviaux comme des crues soudaines. La fin de la période lacustre du cratère aurait donc été le théâtre d'un changement climatique majeur, suggère l'étude. « Quel climat a pu générer cette transition ? Une aridification, une glaciation ? C'est ce que nous cherchons », affirme le géologue.

Deux autres robots, Curiosity et Insight, arpentent actuellement la surface martienne. En septembre 2022, la mission russo-européenne ExoMars doit envoyer un robot qui pourra forer le sol de la Planète rouge à plus d'un mètre de profondeur. Une première.


Les échantillons de roche prélevés par Perseverance sur Mars probablement volcaniques
AFP, France24 - 10 sep 2021
https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20210910-les-%C3%A9chantillons-de-roche-pr%C3%A9lev%C3%A9s-par-perseverance-sur-mars-probablement-volcaniques-nasa


Le rover Perseverance sur Mars a collecté deux échantillons d'une roche qui se révèle être probablement volcanique, a annoncé la NASA vendredi, soulignant que la présence de sels dans ces prélèvements était l'indicateur de conditions favorables pour éventuellement y déceler des traces de vie ancienne. "On dirait que nos première roches révèlent un environnement potentiellement habitable", a déclaré Ken Farley, responsable scientifique de Perseverance, cité dans un communiqué.

Début août, le rover avait échoué dans sa première tentative de prélever un échantillon, la pierre alors sélectionnée (baptisée Roubion) étant trop friable. Le rover a donc poursuivi sa route, et finalement sélectionné une autre pierre plus dure, baptisée Rochette. Perseverance a effectué un premier prélèvement la semaine dernière, et deux jours plus tard un second, dans la même pierre, jugée particulièrement intéressante par la NASA. Les deux carottes collectées sont désormais dans des tubes scellés et conservés à l'intérieur du rover. Elles font environ 6 cm de long chacune.

Le rover évolue dans une zone appelée le cratère de Jezero, dont les scientifiques pensent qu'il abritait un profond lac il y a 3,5 milliards d'années. Ils n'étaient toutefois pas certains si les roches qui s'y trouvent étaient de nature volcanique ou sédimentaire. "D'après les observations faites jusqu'ici, nous interprétons que Roubion et Rochette sont d'anciennes coulées de lave volcanique", a déclaré lors d'une conférence de presse Katie Stack Morgan, membre de l'équipe scientifique du rover.

Les roches volcaniques sont particulièrement utiles car elles peuvent être datées avec précision. De plus, ces roches "montrent des signes d'interactions substantielles" avec de l'eau, a-t-elle poursuivi. Elles contiennent en effet des sels minéraux, qui ont probablement été déposés lorsque l'eau s'est évaporée. Cela confirme que de l'eau a été présente dans le cratère durant une longue période, souligne la NASA. Surtout, "les sels minéraux dans ces deux premières carottes pourraient avoir emprisonné des minuscules bulles d'eau martienne", explique l'agence spatiale. "Les sels sont de très bons minéraux pour préserver des signes de vie sur Terre, et nous nous attendons que cela soit aussi le cas pour les roches sur Mars", a souligné Katie Stack Morgan.

L'objectif de la mission est de chercher des signes de vie ancienne sur Mars, comme des traces de vie microbienne fossilisées dans les roches. Les prélèvements vont se poursuivre, Perseverance transportant plus d'une trentaine de tubes supplémentaires pour d'autres échantillons. La NASA prévoit ensuite une mission chargée de ramener les échantillons sur Terre, dans les années 2030, afin qu'ils soient analysés par des instruments bien plus sophistiqués que ceux pouvant être apportés sur Mars.


EDIT (21 juillet 2022)


Le rover Perseverance tente de démêler le mystère d'une pelote martienne
AFP, France24 - 21 jul 2022
https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20220721-le-rover-perseverance-tente-de-d%C3%A9m%C3%AAler-le-myst%C3%A8re-d-une-pelote-martienne 


WASHINGTON – Quel est donc cet étrange objet photographié sur Mars ? Le rover de la NASA Perseverance est tombé la semaine dernière sur une boule de fils emmêlés, qui a laissé les experts perplexes. "Il y a beaucoup d'incertitudes", a déclaré à l'AFP un porte-parole de la NASA. Mais l'explication la plus plausible est en réalité assez terre à terre: selon certaines hypothèses, il pourrait s'agir de morceaux de la corde reliant le rover au parachute ayant servi à freiner sa descente pendant son atterrissage. Ou bien à celle utilisée pour le descendre lors des derniers mètres (une étape appelée "skycrane").

Perseverance s'est déjà plusieurs fois retrouvé nez-à-nez avec les équipements lui ayant permis d'atterrir sur Mars. En juin, une autre photo montrait ce qui ressemble à première vue à un bout de papier aluminium, coincé entre deux pierres rouges. Il s'agissait en réalité d'un morceau d'isolant thermique issu de l'étage de descente (utilisé pour le "skycrane"). "On peut supposer que ces petits débris aient été déplacés par le vent après l’atterrissage", a commenté le porte-parole de la NASA. Et ils sont probablement toujours en mouvement: quelques jours après la photo des fils, le rover est repassé au même endroit, mais ceux-ci avaient disparu.

Ces images ont été capturées par le rover dans le delta d'une ancienne rivière, dont les scientifiques pensent qu'elle se jetait dans un immense lac il y a des milliards d'années, et où Perseverance cherche des traces de vie ancienne. A la place du lac aujourd'hui: le cratère de Jezero, où le rover a atterri en février 2021. C'est dans ce cratère qu'il avait pu photographier, en avril, le parachute lui-même.

Le petit hélicoptère embarqué pour le voyage, appelé Ingenuity, a pour sa part capturé en vol des images plus impressionnantes encore: non seulement le parachute, mais également le bouclier arrière qui contenait ce dernier avant son déploiement. Le bouclier apparaît fortement endommagé par l'impact subi en touchant le sol, après avoir rempli sa mission. Décrypter ces images peut "aider à permettre des atterrissages plus sûrs à l'avenir", avait commenté la NASA à l'époque.


EDIT (15 septembre 2022)


Le rover Perseverance a détecté de potentielles biosignatures sur Mars
AFP, France24 - 15 sep 2022
https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20220915-le-rover-perseverance-a-d%C3%A9tect%C3%A9-de-potentielles-biosignatures-sur-mars 


WASHINGTON – Le rover Perseverance a franchi une étape majeure dans sa quête de traces de vie ancienne sur Mars avec la collecte des échantillons "les plus précieux" jusqu'ici, contenant de potentielles biosignatures qui devront être confirmées une fois sur Terre, a annoncé la Nasa jeudi. Il ne s'agit pas encore d'une preuve que la vie a un jour existé sur la planète rouge mais de la meilleure chance jusqu'ici de pouvoir un jour arriver à détecter avec certitude une possible ancienne vie microbienne.

Une biosignature potentielle peut avoir été produite par la présence de vie, mais aussi en l'absence de vie. Pour considérer cette biosignature comme définitive, ces échantillons devront être analysés par de puissants instruments de laboratoire, sur Terre. La NASA prévoit de les rapporter, grâce à une autre mission, d'ici 2033. "Je pense qu'on peut dire qu'il va s'agir, et qu'il s'agit déjà, des échantillons de roche les plus précieux jamais collectés", a déclaré lors d'une conférence de presse David Shuster, qui travaille sur ces échantillons.

Deux carottes ont été prélevées en perçant dans une roche baptisée "Wildcat ridge", grande d'environ un mètre et située dans un delta s'étant formé il y a environ 3,5 milliards d'années, à la rencontre d'une rivière et d'un ancien lac. Cette roche est particulièrement intéressante car il s'agit d'une roche sédimentaire, qui semble s'être formée au moment où l'eau du lac s'est évaporée. "Wildcat ridge" a ainsi "un haut potentiel de conservation d'une biosignature", a déclaré David Shuster, de l'université de Californie à Berkeley. Analysée séparément par un instrument au bout du bras robotique de Perseverance, la roche a révélé la présence de composés organiques - la plus abondante détectée depuis le début de la mission, il y a un an et demi.

Ces composés - faits notamment de carbone, et pouvant aussi contenir de l'hydrogène - "sont les éléments de base de la vie", a déclaré Ken Farley, en charge de la partie scientifique de la mission. Ils ont été détectés en moins grande quantité par le rover lors de précédentes analyses dans le cratère de Jézéro, qui contenait le lac, mais "à mesure que nous progressions dans le delta, les "indices deviennent de plus en plus forts", a résumé Sunanda Sharma, scientifique au Jet Propulsion Laboratory de la NASA. "Je trouve personnellement ces résultats très émouvants, car il semble que nous soyons au bon endroit, avec les bons instruments, à un moment charnière", a-t-elle déclaré. "Nous ne savons pas encore l'importance de ces trouvailles, mais ces roches sont exactement ce que nous étions venus chercher", a conclu M. Farley.


EDIT (13 décembre 2022)


Un nouveau son nous parvient de Mars, celui d'un tourbillon de poussière
AFP, France24 - 13 dec 2022
https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20221213-un-nouveau-son-nous-parvient-de-mars-celui-d-un-tourbillon-de-poussi%C3%A8re 


Bonne nouvelle pour les prévisions météo martiennes: le rover Perseverance a réussi à enregistrer le son d'un énorme tourbillon de poussière, une grande première qui va permettre de mieux comprendre le climat de la planète rouge, selon une étude publiée mardi.

Comparables aux tourbillons de sable balayant certains déserts terriens, les tourbillons de poussière appelés "vortex convectifs" sont un phénomène météorologique caractéristique de Mars, une planète aride à l'atmosphère très peu dense. Ils se forment lorsqu'il y a une forte différence de température entre le sol et l'air, et croisent souvent le chemin des missions d'exploration robotiques envoyées par les humains. Le cratère Jezero, où opère le rover Perseverance depuis février 2021, en est truffé mais le robot de la NASA n'avait pu jusqu'ici en capter directement le son.

Par chance, le 27 septembre dernier, un tourbillon de 118 m de haut passe juste au-dessus de la tête du robot et son instrument SuperCam, équipé d'un microphone - celui qui avait enregistré le tout premier audio de Mars juste après son atterrissage. Les données parviennent sur Terre quelques jours plus tard. "Quand on s'est rendu compte qu'on avait non seulement les images de la caméra, les capteurs météorologiques et la mesure du son in situ, on s'est dit qu'on avait touché le jackpot !", raconte à l'AFP Naomi Murdoch, autrice principale de l'étude parue dans Nature Communications. "On entend le vent associé au tourbillon, le moment où il arrive, puis plus rien parce qu'on est dans l’œil du vortex, puis de nouveau quand le micro passe dans le deuxième mur", décrit cette planétologue de l'Isae-Supaéro de Toulouse, où a été conçu le micro.

Et surtout, le "tac tac tac" précis des impacts des grains, qui permet de "compter le nombre de particules" pour pouvoir étudier la structure de la poussière et son comportement. "Sur Mars, le cycle de la poussière à la surface et dans le ciel joue un rôle très important pour le climat, un peu comme le cycle de l'eau sur Terre", souligne Naomi Murdoch. Analyser la poussière permet d'"explorer les interactions" entre le sol et cette atmosphère extrêmement fine, qui était beaucoup plus dense il y a des milliards d'années ce qui permettait la présence d'eau liquide à la surface, relève Sylvestre Maurice, responsable scientifique de SuperCam qui a participé à l'étude.

Ces nouvelles données pourraient expliquer comment la poussière est soulevée depuis la surface martienne, ce que les scientifiques ignorent à ce jour. "Dans certaines régions, des tourbillons passent en aspirant la poussière, nettoyant au passage les panneaux solaires des robots, détaille Naomi Murdoch. Dans d'autres, et on ne sait pas pourquoi, ils passent sans soulever de poussière: c'est juste de l'air qui se déplace". Comme sur le site où opère la sonde américaine Insight, dont les panneaux solaires sont "recouverts de poussière" faute d'avoir pu profiter de ces aspirateurs naturels.

Eclaircir ce mécanisme pourra aider à modéliser les tourbillons de poussière pour mieux les prédire. Et, à une échelle plus large, les grandes tempêtes de poussière qui peuvent recouvrir toute la planète comme celle du film de science-fiction "Seul sur Mars" (2015) dont la violence est néanmoins "irréaliste", selon la scientifique. "On est en train de raffiner notre modèle météo. C'est important pour l'entretien de nos véhicules, et pour les futures missions d'exploration humaines", se félicite Sylvestre Maurice.

Et la recherche d'une vie extra-terrestre ? "On pourrait penser qu'étudier le climat martien d'aujourd'hui est décorrélé de la quête de traces de vie d'il y a des milliards d'années. Mais c'est un tout car l'histoire de Mars, c'est celle d'un changement climatique extrême qui l'a fait passer d'une planète humide, chaude (et donc propice à l'apparition de la vie, NDLR) à une planète complètement aride et froide", conclut cet astrophysicien.


31/01/2023 >> La caméra haute résolution HiRise embarquée sur le satellite Mars Reconnaissance Orbiter qui tourne en orbite autour de Mars a fait une photographie d'une formation géologique étrange ressemblant à une tête d'ourson: deux petits cratères pour les yeux, une colline éventrée pour le museau, et "fracture circulaire" qui délimite le contour de la tête et pourrait être formée par un dépôt de lave ou de boue. Cette formation s'étend sur 2 km.


EDIT (9 août 2023)


NASA: Une nouvelle preuve de vie sur Mars
AFP, Le Journal de Montréal - 09 aot 2023
https://www.journaldemontreal.com/2023/08/09/nasa-une-nouvelle-preuve-de-vie-sur-mars 


Une nouvelle preuve que la vie sur Mars était possible dans un lointain passé: le rover Curiosity a découvert le témoin fossile d'un climat cyclique alternant saisons sèches et humides, un environnement semblable à celui de la Terre et donc propice à l'apparition d'organismes vivants, selon une étude mercredi. La planète rouge, dont le climat actuel est extrêmement aride, possédait il y a des milliards d'années des rivières et des lacs en abondance, aujourd'hui évaporés. Mais contrairement à la Terre, la surface de Mars n'est pas renouvelée par la tectonique des plaques, et les traces de ces anciens terrains ont été bien préservés.

Le rover Curiosity de la NASA explore depuis 2012 l'un de ces terrains, l'immense cratère de Gale et sa montagne haute de 6 km faite de couches sédimentaires. « On a vite compris qu'on travaillait dans des dépôts de lacs et rivières mais on ne savait pas à quel type de climat les relier», raconte à l'AFP William Rapin, chercheur CNRS et auteur principal de l'étude publiée dans Nature. Mars aurait pu par exemple être une planète gelée, où une éruption volcanique a brusquement réchauffé le climat et déclenché la formation d'eau liquide, ajoute ce planétologue de l'Institut de recherche en astrophysique et planétologie (Université de Toulouse III - Paul Sabatier/CNES) qui a mené les recherches avec le laboratoire de géologie de Lyon et des collègues américains et canadiens.

Alors qu'il montait lentement la pente de la montagne, Curiosity est tombé sur des dépôts de sel formant des motifs hexagonaux, dans un sol daté de 3,8 à 3,6 milliards d'années. L'analyse de la roche par les instruments américain MastCam et franco-américain ChemCam du robot ont montré qu'il s'agissait de fissures de boue séchée.

« Quand un lac s'assèche, la boue craque, et quand il se réhydrate, le craquellement se "guérit" », explique William Rapin. Si ce processus se répète de manière régulière, les fissures s'agencent de manière à former des hexagones, semblables à des motifs observés dans d'anciens bassins terrestres à l'assèchement saisonnier. La modélisation de boue terrestre soumise à des cycles secs et humides a en outre démontré « mathématiquement » cette formation hexagonale spécifique. C'est donc « la première preuve tangible que Mars possédait un climat cyclique », selon le chercheur. Comme sur Terre, des saisons sèches et humides se sont succédé à intervalles réguliers, il y a plus de 3 milliards d'années. Et sur une période suffisamment longue - plusieurs millions d'années - pour que la vie se développe.

Un tel climat est l'une des conditions pour que la matière organique passe de l'inerte au vivant. « Curiosity avait déjà détecté la présence de molécules organiques simples pouvant être formées par des processus géologiques ou biologiques », détaille le CNRS dans un communiqué. Par exemple des acides aminés, qui parfois se combinent pour former des molécules plus complexes et constitutives du vivant, type ARN ou ADN. Or un tel processus a besoin de cycles pour se former, comme l'ont montré des expériences indépendantes en laboratoire, poursuit l'organisme de recherche. « Dans un monde trop sec, ces molécules n'ont jamais l'occasion de se former; dans un monde trop humide non plus », ajoute le planétologue.

La planète rouge possédait donc l'équilibre nécessaire au développement de formes de vie. De quel type ? Les scientifiques pensent à des micro-organismes primitifs unicellulaires comme les archées ou les bactéries qui sont nos plus lointains ancêtres. La manière dont ils sont apparus sur Terre reste un mystère, car la tectonique des plaques a effacé la trace des plus vieux fossiles. « Ce qui nous manque sur Terre, c'est l'odyssée des origines de la vie à l'échelle moléculaire », commente William Rapin.

Mars, elle, a enregistré ses vestiges et pourrait permettre de comprendre à petite échelle ce qui s'est passé sur notre planète à ses débuts. S'il s'avérait bien sûr que des formes de vie sont effectivement apparues sur Mars, ou ont avorté, ce que les missions d'explorations comme Curiosity ou Perseverance tentent de découvrir.

 

EDIT (6 juin 2024)

 

Du givre au sommet des volcans géants de Mars

AFP, Sciences & Avenir - 06 jun 2024

https://www.sciencesetavenir.fr/sciences/du-givre-au-sommet-des-volcans-geants-de-mars_178898

 

Mars vient de livrer un nouveau secret: du givre a été détecté au sommet de ses gigantesques volcans, une découverte inattendue qui va permettre une meilleure compréhension du cycle de l'eau de la planète rouge, essentielle aux futures explorations. La scène a été saisie par hasard depuis l'orbite martienne par la sonde Trace Gas Orbiter (TGO) de l'ESA, dans le dôme de Tharsis près de l'équateur de Mars, décrit une étude parue lundi dans Nature Geosciences. C'est une vaste région surélevée, d'environ 5.000 km de diamètre, logeant d'immenses volcans, éteints depuis des millions d'années. Parmi eux, le plus grand du système solaire, Olympus Mons et ses 22 km de haut - 3 fois l'Everest.

Personne ne s'attendait à trouver du givre à cet endroit. "Nous pensions que c'était impossible autour de l'équateur de Mars", résume Adomas Valantinas, le premier auteur de l'étude à l'origine de la découverte. Un fort ensoleillement ainsi qu'une pression atmosphérique très faible "maintiennent les températures à un niveau assez élevé aux sommets comme en surface", détaille ce chercheur à l'Université Brown aux Etats-Unis, dans un communiqué de l'ESA.

Dans la région de Tharsis, les températures peuvent descendre très bas - jusqu'à -130°C la nuit - mais elles ne dépendent pas de l'altitude, "contrairement à ce qui se passe sur Terre, où l'on s'attend à voir des sommets gelés", analyse-t-il. L'atmosphère de l'équateur martien est, en outre, particulièrement peu chargée en eau, ce qui rend la condensation difficile. "D'autres sondes avaient observé du givre mais dans des régions plus humides, notamment les plaines du Nord", explique à l'AFP Frédéric Schmidt, professeur à l'Université Paris-Saclay, l'un des auteurs de l'étude.

La découverte était donc fortuite. La sonde TGO, qui orbite autour de Mars depuis 2018, a l'avantage de pouvoir observer sa surface à toutes les heures de la journée, relève le planétologue spécialiste des glaces dans le système solaire. Elle a ainsi pu prendre des images à l'arrivée des premiers rayons du soleil. "On y a vu un dépôt brillant et bleu, une texture particulière qu'on ne voit qu'au petit matin et aux saisons froides", raconte-t-il. Il fallait avoir l'oeil tant le dépôt de glace est mince -de l'épaisseur d'un cheveu- et le phénomène furtif. Mais la quantité de givre, présente aux sommets de quatre volcans (Olympus Mons, Ascraeus Mons, Arsia Mons et Ceraunius Tholus) représente "150.000 tonnes d'eau circulant entre la surface et l'atmosphère chaque jour, l'équivalent de 60 piscines olympiques", commente l'ESA.

Comment l'expliquer ? Les auteurs de l'étude suggèrent l'existence d'un micro-climat à l'intérieur des caldeira des volcans, leurs vastes cratères circulaires. Les vents remonteraient les pentes des montagnes, "amenant de l'air relativement humide près de la surface à des altitudes plus élevées, où il se condense et se dépose sous forme de givre", avance Nicolas Thomas, co-auteur de l'étude. "Nous observons ce phénomène sur la Terre et dans d'autres régions de Mars", ajoute le chercheur principal du système d'imagerie couleur et stéréoscopique de surface (CaSSIS) de TGO.

Modéliser le processus de formation du givre devrait permettre de mieux comprendre le cycle de l'eau -sa dynamique de déplacement entre la surface, l'atmosphère, l'équateur et les pôles- "l'un des secrets les mieux gardés" de la planète rouge, selon l'ESA. Une étape importante pour les futures explorations humaines et robotiques. "On pourrait récupérer l'eau du givre pour une consommation humaine, et faire décoller des fusées depuis Mars en séparant les molécules d'oxygène et d'hydrogène", anticipe le Pr Schmidt. Pouvoir cartographier l'eau à la surface martienne - qui n'existe actuellement que sous forme de vapeur ou de glace - est aussi in fine essentiel à la quête de traces de vie, dont l'apparition aurait été rendue possible par la présence d'eau liquide, il y a entre 3 et 3,5 milliards d'années.

 

EDIT (13 août 2024)

 

Le sous-sol martien abrite des océans d’eau liquide vivifiante

[Martian subsurface harbours oceans of life-giving liquid water]

par Gerry Doyle, édité par Michel Perry

Reuters - 13 août 2024

https://www.reuters.com/science/martian-subsurface-harbours-oceans-life-giving-liquid-water-2024-08-13/

 

SINGAPOUR - Une étude publiée lundi à partir des données de l’atterrisseur Mars InSight de la NASA montre bien des preuves de la présence d’eau liquide sous la surface de la 4e planète, faisant progresser la recherche de vie là-bas et montrant ce qui aurait pu arriver aux anciens océans de Mars. L’atterrisseur, qui se trouve sur la planète rouge depuis 2018, a mesuré les données sismiques sur 4 ans, examinant comment les tremblements de terre secouaient le sol et déterminant quels matériaux ou substances se trouvaient sous la surface.

Sur la base de ces données, les chercheurs ont découvert que de l’eau liquide était très probablement présente profondément sous l’atterrisseur. L’eau est considérée comme essentielle à la vie, et des études géologiques montrent que la surface de la planète comportait des lacs, des rivières et des océans il y a plus de 3 milliards d’années. « Sur Terre, ce que nous savons, c’est que là où il est suffisamment humide et qu’il y a suffisamment de sources d’énergie, il y a une vie microbienne très profondément dans le sous-sol de la Terre », a déclaré l’un des auteurs, Vashan Wright de la Scripps Institution of Oceanography de l’Université de Californie à San Diego. « Les ingrédients de la vie telle que nous la connaissons existent dans le sous-sol martien si ces interprétations sont correctes ».

L’étude a révélé que les grands réservoirs d’eau liquide dans les fractures situées entre 11,5 et 20 km sous la surface expliquaient le mieux les mesures InSight. Il note que le volume d’eau liquide prédit sous la surface est « supérieur aux volumes d’eau proposés pour avoir rempli les anciens océans martiens hypothétiques ». « Sur Terre, les eaux souterraines se sont infiltrées de la surface » vers les profondeurs souterraines, a déclaré Wright. « Nous nous attendons à ce que ce processus se soit également produit sur Mars lorsque la croûte supérieure était plus chaude qu’elle ne l’est aujourd’hui ». Des os fossiles trouvés en Argentine avec des marques de coupe suggérant un dépeçage indiquent que des humains étaient présents dans le sud de l’Amérique du Sud il y a environ 2. 000 ans, selon les chercheurs.

Il n’y a aucun moyen d’étudier directement l’eau aussi profondément sous la surface de Mars, mais les auteurs ont déclaré que les résultats « ont des implications pour comprendre le cycle de l’eau de Mars, déterminer le destin des eaux de surface passées, rechercher la vie passée ou existante et évaluer l’utilisation des ressources in situ pour les missions futures ». L’étude, dont les autres auteurs sont Matthias Morzfeld de la Scripps Institution of Oceanography et Michael Manga de l’Université de Californie à Berkeley, a été publiée la semaine du 12 août dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences. « Je suis inspiré et j’espère que le public l’est aussi », a déclaré Wright. « Les humains peuvent travailler ensemble pour installer des instruments sur une planète... et essayer de comprendre ce qui se passe là-bas.

 

EDIT (3 juillet 2025)

 

Malgré la présence passée d'eau sur Mars, la NASA réfute l'habitabilité de la planète

AFP, France24 - 03 jul 2025

https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20250703-un-rover-de-la-nasa-offre-une-piste-%C3%A0-l-absence-de-vie-sur-mars

 

La NASA a présenté une étude mercredi 3 juillet, permettant d'affirmer que s'il y a bien eu de l'eau sur la planète Mars, celle-ci n'en reste pas moins inhabitable. Grâce à son rover Curiosity, l'agence fédérale a pu observer des roches riches en minéraux carbonés sur la planète rouge. Mais le chercheur Edwin Kite qualifie ces "oasis" du passé de rares.

Mars est condamnée à rester désertique, même si de l'eau a bien été trouvée sur la planète rouge. C'est ce que révèle le rover de la NASA, qui a présenté mercredi 3 juillet son étude. Ce dernier permet d'attester que des rivières ont bien coulé sporadiquement sur la planète rouge, grâce à des empreintes d'anciens lacs et rivières. Plusieurs rovers, des véhicules robotisés, cherchent aujourd'hui les traces d'une vie qui aurait pu y exister il y a des millions d'années.

Plus tôt cette année le rover Curiosity a découvert une pièce manquant à ce puzzle: des roches riches en minéraux carbonés. Du même type que le calcaire qu'on trouve sur Terre, elles se sont constituées comme des éponges à dioxyde de carbone, capturé dans l'atmosphère. Une nouvelle étude, publiée dans la revue scientifique Nature, a modélisé avec précision comment ces roches peuvent modifier notre compréhension du passé de Mars. Elle aurait ainsi enregistré de "brefs épisodes d'habitabilité à certains moments et endroits", a expliqué à l'AFP le premier auteur de l'étude, Edwin Kite, planétologue à l'Université de Chicago. Mais ces "oasis" étaient l'exception plutôt que la règle.

Sur la Terre, le dioxyde de carbone présent dans l'atmosphère réchauffe la planète. Et sur de longues échelles de temps il est incorporé dans des roches carbonées. Avant que des éruptions volcaniques ne renvoient du gaz dans l’atmosphère, créant un cycle climatique qui permet d'entretenir celui de l'eau. Seulement Mars a connu un "faible" taux de rejet de gaz volcanique, riche en carbone, par rapport à celui de la Terre, a expliqué Edwin Kite. Avec pour conséquence un déséquilibre qui a laissé la planète beaucoup plus froide et moins hospitalière. Selon la modélisation des chercheurs, les brèves périodes de présence d'eau liquide sur Mars ont été suivies par 100 millions d'années d'un épisode désertique, bien trop long pour que quoi que ce soit y survive. Pour autant le chercheur n'exclut pas la présence de poches d'eau liquide profondément enfouies sous la surface.

Un autre rover de la NASA, Perseverance, qui s'est posé en 2021 dans un autre ancien delta de la planète, a aussi trouvé des traces de roches carbonées à la frange d'un lac asséché. Mais pour avoir le fin mot de l'histoire il faudrait pouvoir étudier des échantillons de ces roches sur Terre. Des programmes spatiaux américano-européen et chinois ont ça dans leur carton. Au bout du compte les scientifiques cherchent la réponse à une des grandes questions posées à l'Homme: la Terre est-elle la seule planète à abriter la vie ? À ce jour, les astronomes ont découvert environ 6.000 planètes en dehors du système solaire. Mais elles sont toutes bien trop lointaines pour espérer en rapporter un jour des échantillons.

Un point que soulève Edwin Kite pour défendre une mission rapportant des échantillons de Mars. Elle permettrait de déterminer si la planète a pu contenir ne serait ce que des micro-organismes pendant la période où l'eau était présente. À défaut, ce serait une indication sur la difficulté à voir apparaitre la vie ailleurs. À l'inverse, trouver de telles traces de vie passée dans des échantillons, "nous dirait que l'apparition de la vie est aisée à l'échelle planétaire", selon Edwin Kite.