Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
syndicats et toute forme de gestion et de pouvoir.
Rassembler des foules sous un même drapeau
trouve toujours son origine dans une imposture.
Seule une révolution mettra fin à un système
dont l'obsession de l'argent entraine l'humanité
vers la catastrophe.
>> Toutes les rubriques <<
· 37 - Lointains échos dictatures africain (398)
· 00 - Archivage des brèves (778)
· .[Ec1] Le capitalisme en soins intensifs (550)
· 40 - Planète / Sciences (384)
· 10 - M-O. Monde arabe (383)
· . Histoires et théories du passé (220)
· 20 - Japon, Fukushima (237)
· .[Ec2] Métaux, énergies, commerce (253)
· 24 - USA (303)
· 19 - Chine [+ Hong Kong, Taïwan] (319)
Date de création : 10.03.2011
Dernière mise à jour :
20.11.2025
8644 articles
Rosetta a percé un peu plus le mystère de la comète Tchouri
AFP, Sciences & Avenir - 22 mar 2017
https://www.sciencesetavenir.fr/sciences/rosetta-a-perce-un-peu-plus-le-mystere-de-la-comete-tchouri_111469
Les scientifiques s'en doutaient, la sonde Rosetta l'a démontré: les jets de poussières qui s'échappent des comètes sont provoqués notamment par des effondrements de terrain à la surface de ces petits corps célestes, selon une étude publiée mardi. La sonde européenne, qui a observé pendant plus de deux ans la comète 67 P, a assisté le 10 juillet 2015 à un "joli jet" de poussières, saisi par sa caméra de navigation, indique à l'AFP l'astrophysicienne Sonia Fornasier, co-auteur de l'étude de Nature Astronomy. Il provenait d'une région escarpée baptisée Aswan.
Cinq jours après, la caméra Osiris de la sonde a repéré que, dans cette région, un morceau de falaise venait de s'effondrer, dévoilant l'intérieur de la comète, composé d'un matériau primitif riche en glace d'eau. Les images haute définition permettent de distinguer nettement ce matériau glacé fraîchement exposé sur la paroi de la falaise située à 134 m de haut. Il est 6 fois plus brillant que les terrains très sombres de la comète Tchourioumov-Guérassimenko. L'effondrement de la falaise s'est produit à partir d'une fracture de 70 m de long et 1 m d'épaisseur, déjà observée un an plus tôt.
Le 4 juillet 2015 la fracture était encore intacte. En l'absence d'un autre épisode d'activité les jours suivants sur le site, les chercheurs estiment avoir la "preuve irréfutable" que le jet repéré le 10 est directement lié à l'effondrement de la falaise. Les scientifiques ont estimé que 99 % du matériau était tombé au pied de la falaise. Soit environ 1.000 tonnes de débris, selon l'étude, dont le principal auteur est Maurizio Pajola, de la NASA. Mais 1% (soit 100 tonnes) s'est sublimé en vapeur d'eau (la glace est passée de l'état solide à l'état gazeux sans passer par l'état liquide), provoquant ce sursaut d'activité.
La sonde Rosetta a eu plusieurs fois l'occasion d'observer des sursauts d'activité alors que la comète Tchourioumov-Guérassimenko se rapprochait du Soleil. Elle a été au plus proche de notre étoile le 13 août 2015 avant de s'en éloigner à nouveau. "Mais c'est la première fois que l'on montre un lien direct entre l'effondrement d'une falaise et le sursaut d'activité d'une comète", souligne Sonia Fornasier, maître de conférence à l'Université Paris-Diderot et chercheuse à l'Observatoire de Paris. "Cela confirme aussi que l'intérieur d'une comète est vraiment riche en glace". L'éboulement, qui a eu lieu pendant la nuit cométaire, a été provoqué par les fortes variations de température diurne et saisonnière sur la comète. Cela engendre une "fatigue thermique", qui conduit à la fracturation du matériel superficiel.
30/09/2016 >> Rosetta termine sa mission en s'écrasant sur la comète Tchouri.
Rosetta a retrouvé le célèbre robot Philae
AFP, Romandie news - 05 sep 2016
http://www.romandie.com/news/Rosetta-a-retrouve-le-celebre-robot-Philae_RP/734032.rom
Le robot européen Philae, dont on avait perdu la trace sur la comète Tchouri après son atterrissage mouvementé en novembre 2014, a été localisé par une caméra de la sonde Rosetta, a annoncé lundi l'agence spatiale européenne (ESA). Moins d'un mois avant la fin de la mission Rosetta, sa caméra haute résolution a révélé que le robot Philae était calé dans une fissure obscure de la comète 67P, a indiqué l'ESA sur son site. "Cette heureuse découverte ne change rien à l'avenir de Philae dont la mission est terminée", a dit à l'AFP Philippe Gaudon, chef du projet Rosetta au CNES, l'agence spatiale française. Depuis le 27 juillet en effet, la sonde Rosetta a mis fin à ses efforts pour renouer la communication avec le petit robot, muet depuis l'été 2015.
La caméra Osiris s'est approchée à 2,7 km de la surface pour prendre cette image qui montre clairement le corps du robot, et deux de ses trois pattes, selon l'ESA. "Philae est au pied d'une falaise dans une zone extrêmement rocheuse", a déclaré Philippe Gaudon. "Après son atterrissage historique sur la comète le 12 novembre 2014 et plusieurs rebonds, il a été arrêté par une falaise et il s'est mis en position couchée, avec un pied en l'air bien éclairé, et ses antennes à l'horizontale", a-t-il poursuivi. "La position des antennes, dirigées vers le sol, a empêché les communications entre le robot et la sonde, comme nous le supposions", a-t-il ajouté.
Cette remarquable découverte met fin à une recherche longue et ardue, a déclaré Patrick Martin, responsable de la mission Rosetta à l'ESA. "Nous commencions à penser que Philae serait porté disparu à jamais. C'est incroyable que nous ayons réussi à le saisir dans les dernières heures", a-t-il ajouté. Le 30 septembre, Rosetta, qui escorte la comète depuis août 2014, effectuera une lente descente jusqu'à un impact contrôlé à la surface de Tchouri. Ce sera la fin de cette aventure spatiale.
Dans les glaces de Tchouri, la clef de l'énigme de ses origines
par Erwan Lecomte
Sciences & Avenir - 09 mar 2016
http://www.sciencesetavenir.fr/espace/exploration/20160309.OBS6073/dans-les-glaces-de-tchouri-la-clef-de-l-enigme-de-ses-origines.html
D'où vient cette superbe comète Tchouri qui visite notre soleil tous les 6 ans et demi environ ? S'est-elle formée à partir de matériaux issus de système solaire ? Ou alors est elle faite de matériaux bien plus anciens et issus du milieu interstellaire ? Le débat entre les deux scénarios a agité la communauté des astronomes. Jusqu'à aujourd'hui. Une étude publiée dans le journal Astrophysical Journal Letters vient en effet d'apporter une réponse à cette énigme: oui, Tchouri a bien été formée en même temps que notre système solaire, affirme l'équipe internationale sous pilotage français.
La réponse à cette énigme des origines de Tchouri, les chercheurs l'ont trouvée au cœur des glaces de la comète autour de laquelle orbite la sonde Rosetta depuis l'été 2014. La manière dont son noyau gelé s'est formé constitue en effet une véritable photographie des conditions de température et de pression qui régnaient au moment de sa création. Pour faire simple: lorsque les conditions de températures sont relativement douces comme c'est le cas sur Terre, mais inférieures à 0°C, les molécules d'eau s'organisent en une structure : la glace. En revanche, dans le vide de l'espace interstellaire (où les températures atteignent - 270°C), la glace est d'une autre nature. Les molécules d'eau agglomérées autour des grains de poussière s'y assemblent de manière désordonnée: on parle de glace "amorphe". "Ce type de glace est très rare sur Terre à l'état naturel, mais on sait le reproduire en laboratoire" explique à Sciences et Avenir Olivier Mousis, chercheur au Laboratoire d'Astrophysique de Marseille (LAM) et principal auteur de la publication.
Si la comète Tchouri avait été composée principalement de glace amorphe, cela voudrait donc dire qu'elle a été formée dans le milieu interstellaire, et qu'elle est demeurée inchangée depuis. Mais tel n'est pas le cas. En effet, l'étude montre que les glaces de Tchouri sont de nature cristalline. Ce qui veut dire que cette comète est née dans un environnement relativement plus chaud, du fait des rayonnements émis par la jeune étoile qu'était notre soleil, il y a environ 4,6 milliards d'années. "Les molécules de glace amorphe provenant de l'espace interstellaire ont donc été transformées (liquéfaction ou sublimation) par la température de la nébuleuse primitive à partir de laquelle s'est formé notre système solaire", raconte Olivier Mousis. "La nébuleuse a fait une sorte de "Reset" sur les comètes qui sont parvenues jusqu'à elle", s'amuse-t-il. D'après cette étude, les molécules d'eau se sont réorganisées à température un peu plus élevée (entre - 228 et - 223 °C tout de même) sous forme cristalline. "Au passage, ces cristaux qui forment des sortes de cages ont emprisonné des gaz et des molécules. C'est ce que l'on appelle les cladrathes", détaille le chercheur.
C'est d'ailleurs la détection de ces gaz emprisonnés au cœur de la comète, à l'aide du spectromètre Rosina, qui a permis de prouver la nature cristalline des glaces de Tchouri. L'instrument y a en effet mesuré en octobre 2014, les abondances du diazote (N2), du monoxyde de carbone (CO) et de l'argon (Ar) dans la glace de Tchouri. Puis, ces mesures ont été comparées à celles observées sur de la glace amorphe ou cristalline formée en laboratoire. Résultat : les proportions de diazote et d'argon retrouvées sur Tchouri correspondent bien à celles du modèle "glace cristalline" alors que la quantité d'argon repérée sur la comète est 100 fois inférieure à celle que la glace amorphe piège d'habitude en laboratoire. Tchouri est donc bien une comète "maison", née en même temps que notre système solaire.
Au revoir Philae ! Dors bien...
AFP, Sciences & Avenir - 12 fev 2016
http://www.sciencesetavenir.fr/sciences/20160212.AFP6472/philae-les-chances-d-etablir-un-contact-avec-le-robot-proches-de-zero-selon-l-agence-spatiale-allemande.html
Goodbye Philae ! Les équipes responsables du petit robot européen installé sur la comète Tchouri mais muet depuis sept mois se sont résolues à ne plus lui envoyer de commandes tout en restant à son écoute par précaution. Les chances d'établir un contact avec Philae sont "proches de zéro" et "le temps est venu de lui dire au revoir", a estimé vendredi l'agence spatiale allemande DLR dans un communiqué. "L'atterrisseur de la sonde Rosetta est promis à une hibernation éternelle", a écrit l'ESA sur son blog.
Concrètement, le DLR a cessé d'envoyer des commandes au robot-laboratoire européen qui campe depuis la mi-novembre 2014 sur le noyau de la comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko. Mais la sonde européenne Rosetta, qui escorte la comète, "reste toujours à l'écoute" de Philae, a souligné l'agence spatiale française CNES dans un communiqué séparé, à la tonalité moins pessimiste. "Je continue à écouter, mais je crains que Philae ne soit confronté à des conditions difficiles", a souligné Rosetta dans un tweet accompagné d'un dessin, où la sonde montre son inquiétude en imaginant son petit Philae endormi sur la comète. "Il y a vraiment très peu d'espoir de recevoir un signal" de la part de Philae, a déclaré à l'AFP Stephan Ulamec, responsable de l'atterrisseur au DLR.
La comète Tchouri s'éloigne du Soleil, ce qui signifie que les panneaux solaires dont le robot tire son énergie reçoivent de moins en moins de lumière. La comète se refroidit et Philae aussi. Or il ne peut fonctionner au-dessous d'une certaine température. Les antennes réceptrices de la sonde - ses "oreilles" - sont toujours allumées et "nous restons prêts au cas où Philae se réveillerait", souligne M. Ulamec. "Mais pour être honnête et réaliste, il est vraiment improbable que nous l'entendions à nouveau", a-t-il dit.
Le CNES semble vouloir y croire encore un peu. "Bien que minime, l'espoir d'écouter à nouveau le petit robot continue d'exister, Rosetta se rapprochant régulièrement de la comète (...)", indique-t-il. (...) ls ont demandé à l'ESA que Rosetta, qui se trouve à environ 50 km de Tchouri, effectue dans les semaines à venir une série de brefs survols au-dessus du site où il est posé. Ce souhait a été relayé par le CNES et par le DLR. "Nous avons demandé si c'était possible" mais "nous savons que l'ESA a de bonnes raisons pour ne pas accepter cette requête" qui est surtout "symbolique", admet M. Ulamec.
"C'est vraiment dangereux" pour Rosetta de se rapprocher de la comète qui continue à rejeter des gaz et des poussières depuis son passage au plus près du Soleil (périhélie) en août, reconnaît-il. En revanche, lorsque la comète se sera apaisée, cet été, Rosetta devrait approcher à 10 ou 20 km de la surface de la comète. Elle essayera de débusquer précisément le robot afin de prendre des images. Sa mission prendra fin en septembre lorsqu'elle se "posera" le moins rudement possible sur Tchouri pour y finir ses jours.
Bientôt le repos éternel pour le robot Philae
AFP, Sciences & Avenir - 12 jan 2016
http://www.sciencesetavenir.fr/sciences/20160112.AFP2715/bientot-le-repos-eternel-pour-le-robot-philae.html
L'aventure du robot Philae, installé sur la comète Tchouri mais muet depuis des mois, touche à sa fin: les ingénieurs européens vont encore tenter de lui envoyer quelques commandes mais fin janvier, les conditions extérieures deviendront trop hostiles pour sa "survie". Une manoeuvre de la dernière chance a été tentée dimanche pour faire bouger Philae. Elle visait notamment à améliorer l'ensoleillement des panneaux solaires du petit robot-laboratoire, qui vit sur le noyau de la comète depuis novembre 2014 mais n'a pas communiqué avec la Terre depuis le 9 juillet. "Cette tentative ne nous a malheureusement pas permis d'entrer en contact avec Philae. Nous n'avons pas reçu de signal", a déclaré mardi à l'AFP Stephan Ulamec, responsable de l'atterrisseur à l'agence spatiale allemande DLR, basée à Cologne.
Dans une courte vidéo, postée mardi après-midi sur internet, l'agence DLR indique que la caméra Osiris, qui se trouve sur la sonde européenne Rosetta, a pris des images de ce moment. "Ces images sont en cours d'analyse. On cherche s'il n'y aurait pas un nuage de poussières qui pourrait avoir été provoqué par un changement de position de Philae", le privant de lumière, explique-t-elle. Petit à petit, l'espoir d'établir un contact avec Philae s'amenuise. "Nous allons encore envoyer quelques commandes à Philae ces prochains jours. Puis nous passerons en mode écoute", juste pour vérifier qu'il n'envoie pas de signal, a indiqué M. Ulamec. "Après, il faut être réaliste.
Les conditions vont aller de mal en pis" sur la comète: la lumière va diminuer, les températures vont baisser à mesure que Tchouri, escortée par Rosetta, va continuer à s'éloigner du Soleil. "Il va falloir accepter que nous n'entendions plus Philae", souligne M. Ulamec. "Les chances de recevoir un signal sont très basses". "Si fin janvier, aucune communication n'a été établie, ce sera vraiment fichu", estime Philippe Gaudon, chef de projet Rosetta au Cnes, l'agence spatiale française, à Toulouse. Fin janvier, la comète sera à 300 millions de kilomètres du Soleil. Pour pouvoir fonctionner, Philae ne doit pas tomber au dessous d'une température intérieure de - 51°C. Ensuite, il plongera en hibernation, sans espoir de réveil. Mais il aura acquis le statut de héros interplanétaire. (...)
Il s'est réveillé à l'improviste le 13 juin, a établi plusieurs contacts avec la Terre mais ne communique plus depuis la mi-juillet. "Ses antennes semblent plutôt orientées vers le sol que vers l'espace", relève M. Gaudon. Ces derniers mois, les équipes ont tout tenté pour rentrer en contact avec le robot qui est vraisemblablement endommagé. "L'électronique générale - le cerveau - a sans doute été abîmée par un excès de chaleur lorsque la comète a été au plus près du Soleil", considère M. Gaudon. Elle avait déjà subi des froids importants cet hiver. L'électronique des antennes rencontre aussi des problèmes, semble-t-il. En outre, des poussières, rejetées cet été lors du passage de la comète près du Soleil, se sont peut-être accumulées sur les panneaux solaires, empêchant ceux-ci de fonctionner, note M. Gaudon.
L'aventure de Rosetta, elle, va se poursuivre jusqu'à septembre, date à laquelle il est prévu qu'elle "se pose" le moins rudement possible sur Tchouri, pour y finir "sa vie" aux côtés de Philae. Le but de la mission Rosetta, menée par l'Agence spatiale européenne, est de mieux comprendre les comètes, témoins de la genèse du système solaire il y a 4,6 milliards d'années. Les chercheurs espèrent trouver des indices sur l'apparition de la vie sur Terre.
Découverte inédite de deux molécules organiques complexes sur une comète
par Jean-Louis Santini
AFP, France24 - 23 oct 2015
http://www.france24.com/fr/20151023-decouverte-inedite-deux-molecules-organiques-complexes-une-comete
WASHINGTON - Deux nouvelles molécules organiques complexes, de l'alcool éthylique et un sucre simple, des briques de la vie, ont été détectées pour la première fois sur une comète appelée Lovejoy, selon des chercheurs français dont la découverte est publiée vendredi aux Etats-Unis. D'autres molécules organiques avaient déjà été observées sur des noyaux cométaires, dont notamment sur la comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko (Tchouri) avec les instruments de Philae (...). La présence de ces composés organiques dans des comètes suggère qu'ils ont pu émerger dans les premiers stades de cette formation.
Les comètes ont conservé dans leurs glaces de précieuses informations sur la composition et les conditions physiques et chimiques qui existaient dans la nébuleuse d'où ont émergé les planètes il y a près 4,6 milliards d'années. Et les corps cométaires ont probablement contribué à l'apport d'eau et d'autres composés de la vie sur la Terre durant les premières centaines de millions d'années de son existence, soulignent ces chercheurs. "La présence d'une complexité organique importante dans le matériau cométaire est un pas essentiel pour mieux comprendre des conditions qui prévalaient au moment de l'émergence de la vie sur notre planète", explique Dominique Bockelée-Morvan, une chercheuse au CNRS, astrophysicienne à l'Observatoire de Paris, co-auteur de l'étude.
Sans pouvoir encore dire que la vie sur la Terre a été apportée par les comètes, "ces observations montrent une possible explication de son origine sur notre planète", ajoute-t-elle dans un entretien téléphonique avec l'AFP. Mais elle note qu'il y a d'autres hypothèses, comme les gaz issus d'éruptions volcaniques. Outre l'alcool éthylique et le glycolaldéhyde, le plus simple des sucres, ces chercheurs ont également détecté 19 autres molécules organiques sur Lovejoy, comme l'éthylène glycol, un antigel. Plusieurs de ces 19 autres molécules trouvées sur Lovejoy avaient déjà été décelées sur d'autres comètes, dont plusieurs sur Tchouri.
En juillet dernier l'équipe scientifique de la mission Rosetta avait annoncé la détection pour la première fois sur une comète de 4 molécules organiques, dont du méthyle et de l'acétone, des précurseurs de molécules importantes pour la vie comme les sucres et les acides aminés. Dans les vapeurs s'échappant de Lovejoy, l'alcool éthylique et le glycolaldéhyde étaient tous deux présents dans des proportions par rapport à l'eau de 0,12 % et 0,02 % respectivement. "La quantité d'alcool qui s'échappait chaque seconde des glaces de Lovejoy quand elle était au plus proche du soleil correspondait à celle contenue dans 500 bouteilles de vin", précise Nicolas Biver, chercheur au CNRS à l'Observatoire de Paris, premier auteur de l'étude.
La comète Lovejoy, découverte en août 2014 par l'astronome amateur australien Terry Lovejoy, présente un grand intérêt scientifique car il s'agit de l'un des noyaux cométaires le plus actifs se trouvant sur une orbite à proximité de celle de la Terre. Lors de son passage au plus près du Soleil et de la Terre en janvier, elle est restée visible à l'oeil nu plus d'un mois, éjectant plus de 20 tonnes de vapeur d'eau par seconde à son maximum d'activité. À l'approche du Soleil, les glaces des comètes se vaporisent et libèrent une atmosphère riche en molécules diverses pouvant être analysées à distance grâce à des instruments au sol.
Pour Lovejoy, ces scientifiques ont utilisé le radiotélescope de 30 m de l'Institut de RadioAstronomie Millimétrique (IRAM) situé dans la Sierra Nevada, près de Grenade en Espagne. Lovejoy (C/2014 Q2) vient du nuage d'Oort, un réservoir de comètes situé aux confins du système solaire dans une région très froide. Quant à la comète Tchouri, elle provient de la ceinture de Kuiper qui est beaucoup plus proche du soleil. La comparaison de leurs compositions respectives est de ce fait très importante pour comprendre la formation de ces deux familles de comètes et les origines de la vie, notent ces scientifiques.
De la vie sur la comète "Tchouri" ? Des chercheurs le pensent
AFP, France24 - 07 jul 2015
http://www.france24.com/fr/20150706-vie-comete-tchouri-chercheurs-le-pensent
PARIS - La comète "Tchouri", domicile du petit robot Philae depuis la mi-novembre, héberge-t-elle aussi en abondance des micro-organismes qui auraient façonné son aspect ? C'est en tout cas la thèse audacieuse présentée lundi par deux astronomes lors d'une réunion scientifique en Grande-Bretagne. Si elle était confirmée, elle renforcerait la théorie selon laquelle les comètes ont joué un rôle important dans l'apparition de la vie sur Terre. La communauté scientifique pense qu'elles ont non seulement apporté de l'eau mais aussi ensemencé les océans avec des molécules organiques complexes. (...)
Les données recueillies par la mission Rosetta ont mis en évidence sa croûte noire, riche en matériaux organiques complexes, recouvrant de la glace. Les images montrent de larges "mers", ainsi que des lacs de cratères qui pourraient être constitués d'eau recongelée recouverte de débris organiques, et des gros blocs. Tous ces éléments sont "compatibles" avec la présence d'organismes vivants microscopiques, ont souligné Max Willis de l'Université de Cardiff et Chandra Wickramasinghe, directeur du Centre d'astrobiologie de Buckingham, lors d'une réunion de la Royal Astronomical Society à Llandudno, au Pays de Galles. "Rosetta a déjà montré que la comète ne devait pas être considérée comme un corps très froid et inactif mais qu'elle était le siège de phénomènes géologiques et pourrait se révéler plus hospitalière aux micro-organismes que l'Arctique et l'Antarctique", assure Max Willis dans un communiqué.
La détection par le robot Philae de molécules organiques complexes en abondance à la surface de la comète contribue à apporter une "preuve" de la présence de vie, selon les deux chercheurs. "Les micro-organismes se développeraient sous la surface, entraînant la formation de poches de gaz à haute pression qui casseraient la glace et libèreraient les particules organiques", explique à l'AFP Chandra Wickramasinghe. Selon le modèle des deux chercheurs, ces microbes pourraient habiter dans des fissures de glace et de neige. Ils contiendraient des sels anti-gel, ce qui leur permettrait de s'adapter au froid et de rester actifs à des températures de - 40°C. En septembre, des régions de la comète "Tchouri" exposées au Soleil approchaient déjà ces températures lorsque la comète se trouvait à 500 millions de kilomètres du Soleil, et qu'elle commençait à émettre des jets de gaz, font-il valoir.
La comète s'est depuis beaucoup rapprochée de l'astre. Le 13 août, elle atteindra son "périhélie" - le point sur son orbite qui est le plus proche du Soleil -, situé à environ 186 millions de kilomètres. Plus "Tchouri" se rapproche du Soleil, plus la température augmente, plus les jets de gaz et de poussières s'intensifient, et plus les micro-organismes devraient être actifs, estiment ces chercheurs. Si tout se passe bien, Rosetta et Philae devraient être aux premières loges pour observer ce phénomène. (...)
13/06/2015 >> Philea se réveille après 7 mois d'hibernation.
La sonde Rosetta lève un peu plus le voile sur la comète Tchouri
AFP, Sciences & Avenir - 22 jan 2015
http://www.sciencesetavenir.fr/sciences/20150123.AFP6250/la-sonde-rosetta-leve-un-peu-plus-le-voile-sur-la-comete-tchouri.html
WASHINGTON - Les instruments de la sonde européenne Rosetta, dans laquelle voyageait le robot Philae qui s'est posé en novembre sur la comète Tchouri, une première, ont révélé des caractéristiques inattendues de ce corps céleste, selon les résultats de sept études publiées jeudi. Ces observations confirment que la comète (...) est riche en matériaux organiques. Mais les images prises par la caméra à haute définition Osiris montrent une forme inhabituelle du noyau qui est composé de deux lobes séparés par une sorte de cou dont l'origine reste inexpliquée. "Les résultats de ces premières analyses jettent les bases pour la suite de la mission", a jugé Matt Taylor, de l'ESA.
La surface de la comète, de composition assez homogène, présente une étonnante grande diversité de structures géologiques résultant des phénomènes d'érosion dont, par exemple, des ondulations identiques à celles observées dans les dunes de sable sur Mars. "Nous avons été surpris par la variété des structures géologiques", a relevé Hans Nilsson, de l'Institut suédois de physique spatiale, un des co-auteurs d'une de ces études publiées dans la revue américaine Science. "L'atmosphère de la comète - composée d'un mélange de poussière et de molécules de gaz - semble être inégalement distribuée autour du noyau", a-t-il ajouté.
Un détecteur de Rosetta, en orbite autour de la comète à environ 30 km, a déjà récolté une moisson de données sur les grains provenant du noyau comme leur taille et leur composition. Les chercheurs ont déterminé que ce noyau était très poreux. De plus, ils jugent surprenant que Tchouchi soit aussi active en étant autant éloignée du Soleil à ce stade de son orbite, une activité qui se concentre dans la région du "cou" où de la glace d'eau a été détectée. L'ensemble des images a permis de réaliser un modèle en 3D de Tchouri et la topographie détaillée du site d'atterrissage de Philae. La qualité des mesures et des observations de Rosetta va encore s'améliorer quand la sonde va s'approcher mi-février à environ 6 km de la surface de Tchouri. Ce survol, à la plus basse altitude jamais tentée, permettra aux instruments "de prendre des images et d'effectuer un spectre de la surface avec une résolution sans précédent", a expliqué jeudi l'ESA. (...)
L'eau de la Terre provient des astéroïdes et non des comètes
AFP, France24 - 11 dec 2014
http://www.france24.com/fr/20141211-sonde-rosetta-eau-terre-asteroides-cometes-espace-sciences/
Les premiers résultats des mesures de la sonde Rosetta, qui est en orbite autour de la comète "Tchouri", remettent en cause la théorie longtemps admise selon laquelle l'eau terrestre proviendrait des comètes. L'eau de la Terre provient d'astéroïdes, qui ont frappé notre planète il y a 3,9 milliards d'années. Tels sont les premiers résultats des mesures faites par la sonde européenne Rosetta, qui est en orbite autour de la comète "Tchouri". Cela remet en cause la théorie longtemps admise selon laquelle l'eau de la Terre proviendrait des comètes. "Nous devons conclure que l'eau terrestre a été plus probablement apportée par des astéroïdes que par des comètes", a expliqué lors d'une conférence de presse Kathrin Altwegg de l'Université suisse de Berne, principale auteur d’une étude publiée mercredi par la revue "Science".
À l'aide d'un spectromètre, les chercheurs ont déterminé que la signature atomique des molécules d'eau captées à proximité de Tchourioumov était très différente de celle se trouvant sur la Terre. Les comètes sont riches en eau, ce qui n'est pas le cas des astéroïdes dont certains en sont même dépourvus. Mais, explique à l'AFP Francis Rocard, responsable du programme Rosetta au Centre national d'études spatiales, on a recensé à ce jour beaucoup plus d'astéroïdes que de comètes. "À mon avis, ce résultat de Rosetta ne bouleverse pas les choses mais les rend un peu plus complexes qu'on ne le pensait, tout en renforçant l'hypothèse des astéroïdes" comme source de l'eau terrestre, estime-t-il.
Hormis l'origine de l'eau terrestre, le grand objectif de la mission Rosetta est de déterminer la composition du noyau de la comète Tchourioumov, souligne Francis Rocard, responsable du programme Rosetta au Centre national d'études spatiales. "La composition de ce matériau cométaire n'est pas aujourd'hui connue. On pense qu'il s'agit d'un matériau organique", affirme-t-il. "Le robot Philae a malheureusement foré dans le vide et il va falloir attendre le printemps pour qu'il puisse recharger ses batteries et compléter sa mission arrêtée le 15 novembre", à savoir prélever des échantillons du noyau pour en analyser la composition, a rappelé le chercheur. Mais Rosetta a déjà pu collecter des milliers de grains solides provenant de la comète dont les tailles varient de 10 à 400 microns (un micron = 0,001 mm), a-t-il ajouté et les résultats de ces analyses devraient donner prochainement lieu à des publications scientifiques très attendues. Les comètes, objets les plus primitifs du système solaire riches en carbone, ont pu apporter des molécules sur notre planète ayant contribué à l'émergence de la vie, estiment les scientifiques. Ils relèvent que le carbone est la charpente de base de la vie.
Philae a transmis les données du forage sur la comète
AFP, Romandie news - 15 nov 2014
http://www.romandie.com/news/Philae-a-transmis-les-donnees-du-forage-sur-la-comete/537440.rom
Avant de se mettre en veille, Philae a pu transmettre dans la nuit les données du forage réalisé sur la comète Tchouri, a annoncé samedi à l'AFP le responsable scientifique de l'atterrisseur, Jean-Pierre Bibring. "On a tout reçu. Tout s'est déroulé exactement comme prévu. On a même pu faire la rotation pour optimiser la réception de la lumière sur les panneaux solaires", a déclaré M. Bibring dans un entretien téléphonique depuis le centre de contrôle de Philae à Cologne. "Philae est en mode veille. Toutes les données de la première séquence scientifique ont été téléchargées avec succès !", a pour sa part indiqué l'Agence spatiale européenne sur son compte Twitter.
"On a terminé cette première phase absolument fabuleuse et rien ne ressemble à ce qu'on avait prévu. Ca nous donne très envie de continuer à l'explorer", a déclaré Jean-Pierre Bibring. On s'aperçoit que c'est de plus en plus différent que ce qu'on imaginait, c'est fantastique", a-t-il encore dit, refusant d'en dévoiler plus. M. Bibring s'est également dit convaincu qu'on est capable de maintenir Philae en survie jusqu'à ce que ses panneaux solaires puissent se recharger suffisamment en se rapprochant du soleil.
La fin de la première séquence scientifique correspond à la fin prévue de la durée de vie de la pile de Philae. La relève devait être assurée, avec une puissance réduite, par des batteries solaires, mais la position peu éclairée de Philae sur la comète leur permettra seulement, dans un premier temps, d'assurer sa survie. "L'important c'est qu'on puisse survivre jusqu'à des moments meilleurs", a conclu M. Bibring.
Robot Philae: "Trois bonnes nouvelles" et un "check-up" en cours
AFP, Romandie news - 13 nov 2014
http://www.romandie.com/news/Robot-Philae-trois-bonnes-nouvelles-et-un-checkup-en-cours/536706.rom
Le CNES a fait état jeudi de "bonnes nouvelles" pour le robot Philae, qui a atterri hier sur une comète. Son alimentation en énergie fonctionne bien grâce à ses panneaux solaires. Un "check-up" du robot est en cours, en particulier sur le problème des harpons. "Philae a passé la nuit sur la comète et nous avons eu trois bonnes nouvelles: la première, c'est que Philae est posé sur le noyau de la comète. Deuxièmement Philae reçoit de l'énergie, ses panneaux solaires sont allumés et lui permettent donc d'envisager un futur", a déclaré le président du CNES Jean-Yves Le Gall sur les ondes de "Europe 1". "Et troisièmement, nous sommes en contact permanent avec Philae puisque Philae émet et envoie des informations à Rosetta et Rosetta nous les retransmet", a ajouté le responsable. "La liaison radio fonctionne, on est en direct avec Philae".
Interrogé sur l'arrimage du robot sur le sol de la comète "Tchouri" et le fonctionnement des harpons, M. Le Gall a souligné que "l'information la plus importante, c'est qu'on est bien posé. Ensuite, on va voir ce qu'on fait sur les harpons. On est en train de faire une sorte de check-up de Philae. On est en contact, c'est ça le plus important". Après l'euphorie des premiers instants, les responsables de la mission Rosetta espèrent y voir plus clair jeudi sur la situation du petit robot Philae. L'engin a été largué la veille par une sonde sur une comète, un exploit sans précédent dans l'histoire de l'humanité.
Les premières données reçues après l'atterrissage sur la comète Tchourioumov-Guérassimenko laissent supposer une situation pas tout à fait conforme à ce qui était prévu. Elles font également planer des doutes sur les capacités du robot à assurer pleinement la totalité de son programme scientifique. Des fluctuations dans les signaux radio suggèrent soit que Philae a atterri dans une sorte de "bac à sable", soit qu'il a doucement rebondi sur la surface avant de se reposer une seconde fois. (...)
Première image au sol par Philae: le robot est de travers
par Audrey Boehly
Sciences & Avenir - 13 nov 2014
http://www.sciencesetavenir.fr/espace/20141113.OBS4942/1er-image-au-sol-par-philae-le-robot-est-de-travers.html
HOSTILE. Jamais une comète n'a pu être observée de si près. Le petit atterrisseur Philae qui s'est posé - presque sans encombre - sur la comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko (...) vient de délivrer sa première image. Prise par l'une de ses caméras CIVA, on y voit une terre peu hospitalière. "Le module est positionné de travers au pied d'une falaise", explique Philippe Gaudon, chef de projet Rosetta au CNES. Philae a un pied dans le vide. Et on va recevoir très prochainement les autres images prises par l'explorateur, qui doivent fournir une vision panoramique. "Celui-ci ne sera pas ce que l'on attendait. Philae étant penchée, on ne voit que le sol sur certaines photos, et que l'espace sur d'autres".
Autre problème: Philae est à l'ombre d'une falaise. En effet, l'atterrisseur s'est posé à seulement quelques dizaines de mètres de sa cible en terrain plat. Mais il a immédiatement rebondi: 2e touchdown 1h50 après pour reprendre un nouveau vol d'une dizaine de minutes avant de se coincer, a priori définitivement, dans une zone à l'allure rocheuse au pied d'une falaise. Philae risque donc d'avoir du mal à recharger ses batteries à l'aide de ses panneaux solaires. Car cette zone ensoleillée quotidiennement 1h et demie sera beaucoup plus sombre que le site initialement visé, bénéficiant lui de 6 à 7h d'ensoleillement par jour. Or après épuisement de la pile qui alimente actuellement le module, ce sont ces batteries qui devaient prendre le relais. Dans cette position, la plupart des outils scientifiques devraient fonctionner. Il n'en reste pas moins que le forage est pour l'instant repoussé, "on ne veux rien faire qui puisse mettre en danger le module" reprend Philippe Gaudon.
12/11/2014 >> Larguée par Rosetta, le robot Philae se pose sur la comète... mais ne parvient pas à s'arrimer.
La comète Tchourioumov-Guérassimenko ne sent pas bon
ATS, Romandie news - 23 oct 2014
http://www.romandie.com/news/La-comete-TchourioumovGuerassimenko-ne-sent-pas-bon/530273.rom
Odeur d'oeufs pourris, d'écurie, relent d'alcool... La comète Tchourioumov-Guérassimenko ne sent vraiment pas bon, si l'on en croit le "nez" de la sonde européenne Rosetta. Parmi ses instruments, Rosetta dispose en effet d'un spectromètre, "Rosina". Cet instrument, développé à l'Université de Berne, est capable d'étudier la composition de la chevelure de la comète, constituée des gaz et poussières éjectés du noyau sous l'effet du rayonnement solaire. Même si la comète est encore à plus de 400 millions de kilomètres du Soleil, l'instrument a déjà pu reconnaître toute une série de molécules.
Dans un premier temps, elle a détecté de l'eau, du monoxyde de carbone, du dioxyde de carbone, de l'ammoniaque, du méthane et du méthanol. Elle a ensuite trouvé du formaldéhyde, de l'hydrogène sulfuré, du cyanure d'hydrogène, du dioxyde de soufre et du sulfure de carbone, ont annoncé l'ESA et l'Université de Berne. "Le parfum de la comète Tchourioumov-Guérassimenko est plutôt fort, avec une odeur d'oeufs pourris (hydrogène sulfuré), d'écurie (ammoniaque) et l'odeur âcre, suffocante du formaldéhyde", décrit Kathrin Altwegg, principale responsable de l'instrument Rosina. "Tout ça mélangé avec l'arôme d'amande amère du cyanure d'hydrogène". "Ajoutez un relent d'alcool (méthanol) à ce mélange, associé à l'arôme vinaigré du dioxyde de soufre, et un soupçon du parfum doux et aromatique du sulfure de carbone, et vous arrivez au « parfum » de votre comète", explique Kathrin Altwegg. Au-delà de l'aspect anecdotique, "tout ça fait un mélange extrêmement intéressant d'un point de vue scientifique pour étudier l'origine des matériaux de notre Système solaire, la formation de notre Terre et l'origine de la vie", souligne-t-elle.
Philae, le passager de Rosetta, a identifié sa cible sur la comète
AFP, Sciences & Avenir - 16 sep 2014
http://www.sciencesetavenir.fr/sciences/20140915.AFP6045/philae-le-passager-de-rosetta-tentera-d-atterrir-sur-la-comete-67p.html
PARIS - Les scientifiques ont tranché: c'est sur le petit lobe du noyau de la comète Tchourioumov-Guérassimenko, sa "tête", que Philae, le robot laboratoire transporté par la sonde européenne Rosetta, tentera d'atterrir dans deux mois, une première dans l'histoire de l'exploration spatiale. Réunis ce week-end à Toulouse, ces experts ont passé en revue les 5 sites d'atterrissage présélectionnés, désignant le site "J" comme cible pour cette opération encore jamais tentée, qui promet de longues heures d'angoisse.
Le site J est "le site qui présente le moins de risques, mais ils restent néanmoins élevés", a déclaré lundi Stephan Ulamec, responsable de l'atterrisseur Philae, lors d'une conférence de presse de l'ESA à Paris. "L'intérêt majeur de ce site est que toutes les expériences à bord de Philae pourront travailler au maximum de leur efficacité", a souligné Jean-Pierre Bibring, de l'Institut d'astrophysique spatiale (Orsay), responsable scientifique de l'atterrisseur.
Il s'écoulera 7 heures entre le largage de Philae, robot de 100 kg bardé de 10 instruments scientifiques, et son arrivée sur la comète. Rosetta sera alors au mieux à 10 km de la comète. Les responsables de Philae auraient espéré un largage plus rapproché, mais il importe avant tout de garantir la sécurité de Rosetta, aujourd'hui en orbite à 30 km de la comète. "Nous survolons une comète active, de forme irrégulière", a souligné Andrea Accomazzo, responsable de la trajectoire de vol de Rosetta. Dans les prochaines semaines, les responsables de vol devront déterminer s'ils peuvent descendre à une orbite de 20 km, puis passer à une orbite de 10 km. L'ESA a aussi choisi "un site de secours", le site "C", situé lui sur le grand lobe du noyau de la comète, "son corps", si on se réfère à son étonnante forme de canard.
La tentative d'atterrissage est pour le moment programmée le 11 novembre, avant que la comète ne devienne trop active en se rapprochant du Soleil. La date sera confirmée d'ici le 26 septembre, a précisé Fred Jansen, responsable de la mission Rosetta. Le feu vert à l'atterrissage sur le site J sera donné le 12 octobre. Mais si entre temps les scientifiques s'aperçoivent qu'"il cache quelque chose", le choix se reporterait sur le site C, ce qui impliquerait la mise en place d'un nouveau calendrier. Les scientifiques sont unanimes: "Ce ne sera pas facile". Pour faciliter l'atterrissage, le choix s'est porté sur une zone plate, sans trop de relief, mais la surface reste accidentée. "Elle n'est pas aussi plate qu'on l'aurait espéré", a reconnu Stéphane Ulamec. Le site retenu doit aussi garantir un ensoleillement suffisant pour que les batteries de l'atterrisseur puissent se recharger, mais aussi pour permettre la communication régulière avec Rosetta. (...)
Rosetta: La comète 67P est pleine… de vide
par Tristan Vey
Le Figaro - 09 sep 2014
http://www.lefigaro.fr/sciences/2014/09/09/01008-20140909ARTFIG00276-rosetta-la-comete-67p-est-pleine8230-de-vide.php
Les scientifiques ont présenté lundi au Portugal les premières données sur la comète étudiée par la sonde européenne Rosetta. Rosetta est la grande star du Congrès européen de planétologie qui se déroule cette semaine à Cascais, au Portugal. Plusieurs responsables scientifiques de la mission ont présenté lundi [8 septembre] les premières données glanées par les instruments de la sonde européenne depuis son rendez-vous réussi début août avec la comète 67P/Tchourioumov-Guerrassimenko. « Il y avait une grande excitation dans la communauté, comparable à ce qu'on a pu vivre avec les premières missions sur la Lune ou sur Mars », note Louis d'Hendecourt, cosmochimiste à l'Institut d'astrophysique spatiale à Orsay qui a assisté à ces conférences.
La première surprise vient de la géologie « exotique » de la comète. Outre le double noyau relié par un cou, une forme connue depuis juillet, la surface elle-même est pleine d'aspérités. On la croirait déchiquetés par des impacts de météorites, mais ce n'est pas le cas. « L'origine de la plupart de ces bassins est plus mystérieuse que cela », explique Philippe Lamy directeur de recherche au Laboratoire d'astrophysique de Marseille, impliqué dans la conception de plusieurs instruments de Rosetta, dont la caméra haute résolution Osiris. « Ce pourraient être des zones où la glace souterraine s'est évaporée lors des précédents passages près du Soleil et où la croûte se serait ensuite effondrée ». Mais ce scénario n'est qu'une hypothèse très préliminaire.
Sur certaines prises de vue, la croûte semble stratifiée. « Nous n'avons aucune idée du phénomène qui donne naissances à ces couches qui avaient déjà été observées sur la comète Tempel 1 par exemple », rappelle le scientifique. La suite du voyage de Rosetta, qui va accompagner la comète qui se rapproche du Soleil, pourra peut-être permettre d'en savoir plus. « C'est incroyable que la vie géologique d'un objet qui n'a aucune activité interne et n'est passé que quelques fois près du Soleil soit aussi animée », s'émerveille Stéphane Erard, chercheur au Lesia (Observatoire de Paris/CNRS/UPMC/Univ. Paris-Diderot), impliqué dans l'instrument Virtis.
La géométrie complexe et la surface accidentée de la comète risquent de rendre compliqué le choix d'un site d'atterrissage pour le petit module Philae qui doit se poser le 11 novembre. Ce week-end, de nombreux ingénieurs se réunissent au Cnes pour se mettre d'accord sur un site principal et un site secondaire. La tâche s'annonce difficile. A partir des données d'Osiris, les scientifiques ont établi une carte qui devrait faciliter la prise de décision.
Les scientifiques connaissent par ailleurs la densité moyenne de leur cible. Au fur et à mesure que la sonde s'en rapprochait, elle a enregistré les petites modifications de trajectoire liées au champ gravitationnel très ténu (1 kg ne pèse qu'un gramme dans cet environnement). Elle en a déduit la masse de la comète, et donc sa densité: elle est au moins 2 fois plus légère que l'eau. Cela veut dire que la boule de glace et de poussières est pleine de trous! « Elle contient 70 à 80 % de vide d'après nos premières estimations », précise Philippe Lamy.
Ce ne sont pas de grandes poches creuses, mais plus vraisemblablement des milliards de petites bulles, un peu comme une pierre ponce ou certaines roches volcaniques très légères. « C'est un milieu à très faible gravité qui peine à comprimer la matière », explique Stéphane Erard. « Les relevés de température penchent d'ailleurs pour une croûte très isolante faite dans un matériau poreux qui camoufle la glace en dessous ».
La comète, qui ne reflète que 4 % de la lumière du Soleil (2 à 3 fois moins que la Lune), absorbe donc aussi très mal cette énergie. Il y a ainsi de grandes différences de température entre les parties éclairées et celles à l'ombre: de - 40°C le jour à des températures inférieures à - 100°C la nuit (la limite de sensibilité de l'instrument). « Comme la comète tourne assez vite sur elle-même et que sa forme complexe créée de nombreuses ombres portées qui provoquent des nuits secondaires, il y a beaucoup de variations de température assez complexes », poursuit le chercheur. Les contraintes thermiques sont donc très importantes. En suivant la comète au fur et à mesure qu'elle se rapproche du Soleil, les scientifiques pourront voir l'influence éventuelle de ces brusques changements sur sa structure.
Pour l'instant, 67P est encore 3 fois plus loin du Soleil que la Terre. Ses glaces commencent tout juste à se vaporiser. Peut-être 1 kg par seconde, soit 300 fois moins que le pic attendu en août prochain, lorsque la comète sera au plus près du Soleil. « Cette activité reste assez fluctuante », note Philippe Lamy. Pour l'instant, rien de surprenant dans les analyses qui révèlent la présence d'eau, de monoxyde de carbone et de dioxyde de carbone. « Nous avons aussi quelques signatures qui font penser à des hydrocarbures solides, type bitume, mais il est un peu tôt pour en être certain », constate Stéphane Erard.
Quelques grains de poussières, de quelques centièmes de millimètres, ont aussi été capturées par le détecteur Cosima. « Comme Rosetta accompagne la comète, ces poussières ont frappé les capteurs sans être abimées », s'enthousiasme Louis d'Hendecourt. Reste à analyser ces petits bouts de roches qui sont probablement les plus anciens témoins directs de la naissance du système solaire.
La sonde Rosetta a rejoint la comète Tchouri
AFP, Sciences & Avenir - 06 aot 2014
http://www.sciencesetavenir.fr/sciences/20140806.AFP3377/premiere-spatiale-la-sonde-rosetta-a-rejoint-la-comete-tchouri.html
Après un périple de 10 ans à la poursuite de sa cible, la sonde européenne Rosetta a rejoint mercredi comme prévu la comète Tchourioumov-Guérassimenko, devenant le premier engin spatial à réussir cet extraordinaire rendez-vous, une aventure scientifique unique qui doit durer au moins jusqu'à fin 2015. Cette première doit permettre de récolter des indices inédits sur l'origine du système solaire. "On est arrivé à la comète", a fièrement lancé à 09H29 GMT Sylvain Lodiot, responsable des opérations de vol de Rosetta à l'Agence spatiale européenne (ESA), depuis le Centre de contrôle de Darmstadt (Allemagne). Quelques minutes plus tard, la sonde (@ESA_Rosetta) célébrait elle-même l'événement tant attendu en tweetant "Salut, comète !" dans une vingtaine de langues.
Lancée en 2004, Rosetta a parcouru au total plus de 6 milliards de km dans l'espace, effectuant 4 orbites autour du Soleil et frôlant à 3 reprises la Terre et une fois Mars pour accélérer sa course. Et c'est à plus de 400 millions de km de notre planète, quelque part entre Jupiter et Mars, que la sonde s'est enfin positionnée mercredi à 100 km de la comète Tchourioumov-Guérassimenko. Baptisée "Tchouri" par certains scientifiques, la comète file dans le vide spatial à quelque 55.000 km/h. "La sonde européenne Rosetta est désormais le premier véhicule spatial de l'histoire à avoir effectué un rendez-vous cométaire, ce qui constitue un jalon majeur dans l'exploration de nos origines. C'est maintenant que les découvertes vont vraiment commencer !", s'est réjoui le directeur général de l'ESA, Jean-Jacques Dordain.
En effet, si tout se passe comme prévu, Rosetta ne lâchera plus d'une semelle la comète, s'en rapprochant inexorablement et l'escortant dans sa course vers le Soleil, dont elle passera au plus près en août 2015. Equipée de 11 instruments scientifiques (caméras, spectromètres, analyseurs de poussière et de particules...), Rosetta va étudier sous toutes les coutures le noyau de la comète, ainsi que les gaz et la poussière éjectés (la coma ou "chevelure") à son approche du Soleil. Et le 11 novembre, elle tentera un autre tour de force spatial et scientifique: larguer sur la comète son robot-laboratoire Philae, grand comme un réfrigérateur et lui aussi bardé de capteurs. "Rosetta est une mission unique, unique par son objectif scientifique, la compréhension de nos origines, qui est sûrement le meilleur moyen de comprendre notre futur", a souligné M. Dordain. Les comètes sont en effet considérées comme des témoins de la matière primitive à partir de laquelle s'est formé le système solaire, il y a 4,6 milliards d'années. Elles pourraient même pour certains scientifiques détenir la clé de l'origine de la vie sur Terre.
Désormais parvenue à destination, la sonde effectuera des "orbites hyperboliques autour de la comète, qui nous maintiennent plus ou moins à 100 km", explique Sylvain Lodiot. Elle doit ensuite "diminuer graduellement sa distance et la véritable mise en orbite aura lieu à partir de mi-septembre", quand Rosetta ne sera plus qu'à 60 km d'altitude, dans le champ de gravité de la comète, selon le Cnes, l'agence spatiale française. Rosetta va encore se rapprocher de Tchouri, glanant au fur et à mesure de ses observations des informations sur la forme, la masse et l'intensité du champ gravitationnel du noyau. (...)
En fonction de l'activité de la comète, Rosetta devrait s'approcher jusqu'à 10 km de la surface du noyau, et même encore plus près en novembre pour larguer Philae. L'espérance de vie de Philae sur le noyau de la comète est limitée, de 4 à 6 mois.(...). D'un coût total de près de 1,3 milliard d'euros, la mission initiée il y a 20 ans est prévue pour durer au moins jusqu'en décembre 2015.