Le Monde d'Antigone

Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
syndicats et toute forme de gestion et de pouvoir.
Rassembler des foules sous un même drapeau
trouve toujours son origine dans une imposture.
Seule une révolution mettra fin à un système
dont l'obsession de l'argent entraine l'humanité
vers la catastrophe.

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Couvre-feu sur les îles ravagées par le cyclone Haiyan

Publié le 12/11/2013 à 18:38 par monde-antigone


Le cyclone Haiyan qui a ravagé samedi 9 novembre les îles centrales des Philippines est le plus puissant de ces dernières années. Pourtant, plusieurs jours auparavant, il était possible de prévoir la catastrophe. L'animation satellite avait révélé la formation d'un cyclone monstrueux et les météorologues avaient lancé l'alerte dès qu'il a été évident que les Philippines allaient être sur sa trajectoire. C'est quand même incroyable que les autorités aient laissé les populations démunies dans leurs baraques en bois et en tôle ondulée face à un cyclone que l'on savait dévastateur. Car en dehors de Manille et de sa proche banlieue, mégapole de plus de 20 millions d'habitants, le pays est un archipel de bidonvilles misérables. Comment pouvaient-ils résister à un tel cyclone ?

Le gouvernement philippin avait largement le temps de prévoir, de concentrer de grandes quantités d'eau minérale, de nourriture de survie, de médicaments de premier secours et au besoin de réquisitionner de toute urgence quelques avions de la Philippine airlines prêts à décoller. Mais non, rien n'a été fait. Rien, sauf envoyer l'armée et la police "maintenir l'ordre". Et alors que Tacloban, une ville grande comme Bordeaux d'après ce que j'ai entendu, a été rasée comme si elle avait subi un bombardement intensif de plusieurs jours, la priorité de ce gouvernement a été d'instaurer le couvre-feu !, de faire tirer sur des gens déshydratés qui venaient de tout perdre, des "pillards" comme ils disent qui ont un tel manque d'éducation qu'ils se jettent sur les moindres denrées alimentaires, dévalisent les magasins ! Il a fallu 4 jours pour que la cavalerie (quelques dizaines de marines) arrive: l'armée américaine venue apporter assistance à son fidèle allié comme elle l'avait fait en Haïti en janvier 2011. J'ai encore en mémoire les images des soldats qui exigaient que tout le monde se mette en rangs, ou à la queue leu-leu après des jours et des jours d'attente avant de procéder aux distributions.

On n'a pas manqué de nous émouvoir avec la naissance d'une petite fille aux milieux des décombres. Les reportages nous rabattent les oreilles de l'aide humanitaire, des appels aux dons de l'ONU et des ONG, la charité à un pays dont le régime népotique est l'un des plus corrompus de la planète. C'est juste écœurant... Cette catastrophe de plus, probablement amplifiée par le changement climatique, nous rappelle que cette société qui envoie plus rapidement des blindés que de la nourriture est criminelle et qu'il est temps de la renverser pour mettre en place une organisation sociale qui donne la priorité aux besoins humains.


Philippines: Couvre-feu et véhicules blindés à Tacloban victime du typhon
AFP, Yahoo actualités - 12 nov 2013
http://fr.news.yahoo.com/typhon-philippines-couvre-feu-véhicules-blindés-à-tacloban-070642027.html


Les autorités philippines ont instauré un couvre-feu dans une des villes les plus meurtries par le typhon Haiyan, pour tenter d'empêcher les pillages et l'armée a abattu mardi deux rebelles communistes présumés qui tentaient de s'emparer d'un convoi d'aide. Une quinzaine de membres présumés de la rébellion communiste ont attaqué un convoi de l'armée, à Matnog, à quelque 240 km de Tacloban, un des lieux les plus dévastés par Haiyan sur l'île de Leyte, a déclaré à l'AFP le lieutenant-colonel Joselito Kakilala. Deux des agresseurs ont été tués lors de cette échauffourée qui s'est produite sur une autre île près d'un port d'où partent sur des ferries des camions de l'armée transportant des secours pour les sinistrés du typhon.

Tacloban est une des villes les plus touchées par le passage de Haiyan vendredi, et 10.000 de ses habitants pourraient avoir trouvé la mort, selon les Nations unies. Pour décourager les pilleurs, dont plusieurs sont des sinistrés affamés et lassés d'attendre en vain une aide, Manille a annoncé mardi le déploiement de quatre véhicules blindés à travers la ville de 220.000 habitants et l'instauration d'un couvre-feu. Outre des habitants cherchant de la nourriture, les pilleurs comptent dans leur rang des groupes armés à la recherche de biens à voler, appareils électroménagers ou télévisions, selon des témoignages de résidents. Une ONG locale a raconté comment un homme armé d'une machette avait tenté de dévaliser des travailleurs humanitaires en train de réceptionner une livraison de médicaments.

Les véhicules blindés "circulent dans la ville pour montrer aux gens, en particulier ceux avec de mauvaises intentions, que les autorités sont de retour", a déclaré le ministre de l'Intérieur Mar Roxas sur la radio DZMM. Des barrages routiers ont aussi été mis en place, des centaines de soldats et de policiers déployés, et les autorités de la ville ont instauré un couvre-feu de 22H00 à 06H00. Mar Roxas n'a pas précisé ce qu'il advenait, pendant le couvre-feu, des habitants dont le logement a été détruit. "La présence de policiers, de soldats et de forces gouvernementales va sans aucun doute améliorer les choses (mais) cela ne se fera pas en une nuit", a déclaré le ministre. Le chef des forces d'action spéciale, Carmelo Valmoria, a indiqué à l'AFP que 500 de ses soldats étaient désormais sur place. "Lorsque nous sommes arrivés, il y avait du pillage partout. Nous sommes là pour restaurer l'ordre et assurer la sécurité du public", a-t-il dit. Ses soldats confisquent les couteaux et cherchent des fusils qui ont été volés dans une armurerie.

Les trois priorités du gouvernement sont de restaurer l'ordre, apporter une aide matérielle et commencer la collecte des corps en décomposition, qui jonchent les ruines, selon le ministre de l'Intérieur. Au moins une des grandes artères entrant dans Tacloban a été dégagée, ce qui facilite l'acheminement des secours, a-t-il indiqué. "Maintenant que nous avons accompli les numéros un et deux, la priorité est de récupérer les cadavres".


Les secours peinent à arriver aux Philippines
L’armée et la police mobilisées contre les pillages
AFP, L'Orient-Le Jour - 12 nov 2013
http://www.lorientlejour.com/article/841519/les-secours-peinent-a-arriver-aux-philippines.html


Les secours peinaient hier à apporter de l’aide au centre des Philippines, ravagé par un des typhons les plus puissants à avoir touché terre. L’état de catastrophe nationale a été déclaré, l’ampleur des dégâts émergeant peu à peu, 4 jours après le passage de Haiyan, dont les autorités craignent qu’il ait causé la mort de milliers de personnes. Des vents dépassant les 300 km/h, et une succession de vagues géantes ont dévasté des zones entières, notamment sur les îles de Leyte et Samar. « Tout est détruit », a simplement décrit le général américain Paul Kennedy, arrivé hier sur Leyte avec quelque 90 marines et deux avions C-130 remplis de vivres et de matériel, avant-garde d’une aide américaine qui devrait compter une quinzaine d’appareils. (...)

En attendant, les secours s’efforçaient d’acheminer tentes, vivres et matériel médical à Tacloban, capitale de Leyte et ville côtière de 220 000 habitants, qui n’est plus qu’un champ de débris et un charnier à ciel ouvert, où flotte dans l’air l’odeur des corps en décomposition. Mais leur travail était rendu difficile par les pillages et l’extrême nervosité des habitants affamés, privés d’eau et d’électricité. Des magasins d’alimentation et un convoi de la Croix-Rouge ont été attaqués. Des centaines de militaires et policiers ont d’ailleurs été dépêchés sur place hier pour rétablir l’ordre. (...)

Le nombre des morts restait hier difficile à déterminer en raison du chaos provoqué par la tempête et de l’isolement de plusieurs zones, dont on reste sans nouvelle. Un haut responsable de la police de Tacloban, Elmer Soria, a évoqué dimanche le nombre de 10 000 morts sur Leyte. (...) Une situation qui a poussé hier le président Benigno Aquino à annoncer l’état de catastrophe nationale qui permet d’imposer le contrôle des prix et d’accélérer le déblocage de fonds.

Toujours aux Philippines, le ministre de l’Énergie Jericho Petilla a estimé que les autorités n’avaient pas les moyens matériels et humains suffisants face à un typhon d’une telle puissance. « On n’avait jamais connu une tempête de cette intensité. Vous pouvez prendre autant de mesures préventives que vous voulez, elles ne serviront pas à grand-chose face à quelque chose d’aussi violent », a-t-il déclaré à la chaîne ABS-CBN, alors que certains experts mettaient en lumière des problèmes structurels d’urbanisme et de construction. Les Philippines se préparaient en outre hier à l’arrivée d’une dépression tropicale qui pourrait apporter de nouvelles inondations. Elle est attendue sur le sud de l’archipel aujourd’hui, avant de se diriger vers le centre.

Haiyan est considéré comme un des typhons les plus violents à jamais avoir touché terre. De catégorie 5 lorsqu’il a frappé les Philippines vendredi à l’aube, son intensité avait faibli à la catégorie 1 à son arrivée au Vietnam hier matin. Malgré tout, les autorités vietnamiennes avaient évacué plus de 800 000 personnes en prévision de son arrivée, qui a provoqué des pluies diluviennes, y compris dans la capitale Hanoi. Trois personnes étaient portées disparues. Le typhon a également provoqué la mort d’au moins six personnes en Chine.


Philippines: "Envoyer de la nourriture et de l'eau, priorités absolues…"
par Florence de Changy
Le Monde - 12 nov 2013
http://www.lemonde.fr/planete/article/2013/11/12/envoyer-de-la-nourriture-et-de-l-eau-priorites-absolues_3512201_3244.html


Cebu, la capitale "solide" du centre des Philippines, avec quelques immeubles de plus de 10 étages, cache bien ses plaies. Les panneaux publicitaires démontés par précaution, sont encore pliés mais, mardi 12 novembre, 5 jours après le passage du typhon Haiyan – que tout le monde ici appelle Yolanda –, tout ou presque semble être rentré dans l'ordre sur cette île… En revanche, à quelques centaines de kilomètres de là, sur celle de Leyte, c'est l'horreur. Le Manilla Bulletin, le journal national, décrit des scènes de fin du monde dans Tacloban, la capitale: cadavres accrochés aux branches d'arbres, corps démembrés et éparpillés parmi les collines de décombres qu'il faudra des mois pour dégager.

L'aide peine toujours à arriver dans les zones dévastées. Les touristes, surtout des plongeurs, continuent d'affluer et d'encombrer le modeste hall de l'aéroport international de Cebu. Mais les plus attendus sont les secouristes et les médecins, ainsi que les cargaisons de vivres. "Nous aidons l'armée philippine à organiser les secours et les rotations d'avion à destination de Tacloban", indique un militaire de la marine américaine. Les Etats-Unis, qui ont déjà envoyé des dizaines de marines, ont annoncé un renforcement de leur présence. Le Pentagone a ordonné au porte-avions George-Washington, qui était à Hongkong avec ses 5 000 marins et plus de 80 aéronefs, de faire route vers l'archipel.

A Cebu, une équipe du ministère de la santé assure l'accueil des médecins "volontaires". Une soixantaine est déjà arrivée du Japon, de Belgique, du Luxembourg et de France. Au centre de coordination du ministère de la santé, le directeur, Jaime S. Bernardas, estime que le principal problème reste les communications. "Nous ne savons presque rien d'autre que ce que nous apprenons des gens qui reviennent de Tacloban", dit-il, expliquant que "les médicaments envoyés passeront derrière la nourriture et l'eau, deux priorités absolues". Selon lui, l'hôpital régional de Tacloban est seulement opérationnel à 20 %-30 %, comme les autres structures sanitaires de la ville. Venue du ministère de la santé à Manille, Paulyn Rossel-Ubial ajoute que la situation à Tacloban est très dangereuse. "Nos propres personnels ont été dévalisés. On leur a volé leur riz. Ils dépendent désormais comme tout le monde des distributions de survie", déclare-t-elle.

Un couvre-feu a été mis en place à Tacloban où les récits des personnes évacuées font état d'une situation désespérée par endroits, avec des cas de braquages, de vols et de dépouillement des morts. Lundi, l'ONU a affirmé que 10 000 personnes avaient été tuées dans la seule ville de Tacloban. Toutes les stations d'essence auraient été détruites, les deux principaux centres commerciaux pillés. Dimanche, le président philippin, Benigno Aquino, a annoncé que le gouvernement national prenait le contrôle de la situation sur place, en soutien aux autorités locales frappées, elles aussi, par la catastrophe. Le chef de l'Etat a indiqué que sur les 290 policiers de la ville, seuls 20 avaient pris leurs fonctions. Plus de 300 policiers et de 800 militaires auraient été envoyés en renfort pour empêcher les pillages, dégager les routes, restaurer les communications et s'occuper des cadavres.

Des fosses communes ont été creusées dans plusieurs villages. 500 personnes ont été enterrées dimanche à Basey, ville située juste en face de Tacloban, sur l'île de Samar. Selon l'administrateur de Tacloban, Tecson Lim, si quelques centaines de corps ont été ramassés, la majorité était encore sous les débris. Pour Richard Gordon, président de la Croix-Rouge des Philippines, aucun doute: l'archipel n'a pas les ressources nécessaires pour faire face à un désastre pareil. "Les Etats-Unis ainsi que d'autres gouvernements doivent mettre au point un plan majeur de secours", estime-t-il. "L'état des lieux des besoins est vite fait", a indiqué un responsable de l'Unicef, Nonoy Fajardo; ils "ont besoin de tout".

Selon un journaliste du Wall Street Journal, lundi soir, la route entre l'aéroport de Tacloban et la ville était dégagée mais aucun camion apportant secours et vivres ne semblait l'avoir déjà empruntée. Le déploiement des secours risque d'être retardé. Car l'approche d'un nouveau typhon a obligé les autorités à déclencher une nouvelle alerte de niveau 1. Ce qui a empêché le décollage de l'un des avions-cargos de l'aéroport de Cebu.


Et pendant ce temps, l'économiste fait marcher sa calculette...


L'économie des Philippines devrait pouvoir surmonter la tragique épreuve de Haiyan
par Romaric Godin
La Tribune - 12 nov 2013
http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20131112trib389f4175b/l-economie-des-philippines-devrait-pouvoir-surmonter-la-tragique-epreuve-de-haiyan.html


Quel sera l'impact économique du typhon Haiyan qui vient de frapper les provinces centrales des Philippines en causant des dégâts considérables et le décès de 10.000 à 20.000 personnes ? Dans une étude publiée ce mardi matin, HSBC estime que cette catastrophe, qui intervient un mois après un fort tremblement de terre qui a frappé l'île de Cebu, « ne devrait pas ralentir la croissance » du pays.

Les régions frappées par le typhon, les îles de Leyte et de Visayas et le nord de celles de Cebu et de Negro ne constituent pas le cœur de la production industrielle du pays, principalement concentrée autour de la capitale, Manille. Cette métropole de quelques 21 millions d'habitants (soit 22 % de la population) concentre 35 % du PIB du pays. Les principales ressources de ces régions sont l'agriculture et l'industrie agro-alimentaire liée au riz, à la canne à sucre au blé et à la pèche.

Selon HSBC, 3,5 % de la production philippine de canne à sucre serait détruite. L'ensemble de la perte de production pour ses 4 industries s'élèverait, d'après la banque britannique, à 324 millions de dollars américains, soit 0,2 % du PIB philippin. Mais les dégâts seront néanmoins bien plus importants. Selon le gouvernement, le montant des pertes s'élèverait à 8 % de la richesse de la région. Si l'on prend en compte l'ensemble des régions touchées, le coût pour l'économie nationale serait de 1,4 % du PIB, soit environ 1,7 milliard d'euros. Un chiffre loin d'être négligeable (à l'échelle de la France, il s'agirait de 28 milliards d'euros).

Néanmoins, les équipes de HSBC estiment que l'économie philippine pourra surmonter l'épreuve. Ils insistent notamment sur les marges de manœuvre dont disposent le gouvernement et la banque centrale (Bangko Sentral Ng Pilipinas, BSP) pour redonner une impulsion à l'économie et favoriser la reconstruction. Le gouvernement a d'ores et déjà annoncé le déblocage de 23 milliards de pesos, soit 391 millions d'euros. Et si la perte de la production agricole peut alimenter l'inflation, HSBC estime que cette dernière ne sortira pas du « corridor » de 3 à 5 % toléré par la BSP (l'inflation est aujourd'hui à 3,5 % par an). Du coup, « la BSP pourra conserver des taux bas pour soutenir l'activité », estime la banque.

De façon plus générale, les deux piliers de la croissance philippines, selon HSBC, «  la croissance démographique et une gestion financière de l'Etat solide » devrait permettre au pays de surmonter l'épreuve. Les Philippines, comme l'Indonésie, basent en effet leur modèle économique, non pas sur les exportations, mais sur une forte consommation des ménages alimentée par une croissance démographique soutenue. Il y aujourd'hui 98 millions de Philippins, contre 74 millions voici 15 ans. Au premier trimestre 2013, le commerce extérieur a apporté une contribution négative à la croissance, ce qui n'a pas empêché le PIB philippin de croître de 7,8 % sur un an.

En revanche, le drame du typhon Haiyan souligne le besoin urgent d'investissement dans les infrastructures. Les Philippines, obsédées après la crise de 1997 par la gestion de sa dette, a sous-investi dans ce domaine. Avec une population en progression d'un tiers en 15 ans, les dépenses d'infrastructures ont reculé de 5,6 % du PIB à 3 % du PIB sur la même période. Du coup, la population est beaucoup plus vulnérable aux phénomènes naturels catastrophiques. Le gouvernement a prévu de ramener le ratio à 5 % en 2016. Les ravages de Haiyan pourraient donc enfin faire comprendre aux dirigeants de l'archipel qu'une bonne gestion de la dette n'est pas toujours suffisante.


EDIT (13 novembre 2013) Il n'y a que des reportages compatissants. On n'entend nulle part de critique contre la gestion des secours par le gouvernement, c'est assez incroyable.


Philippines: La colère monte chez les survivants
AFP, La Presse - 13 nov 2013
http://www.lapresse.ca/international/asie-oceanie/201311/13/01-4710120-philippines-la-colere-monte-chez-les-survivants.php


TACLOBAN (Philippines) - Des milliers de Philippins tentaient désespérément de quitter une ville dévastée par le typhon, toujours jonchée de corps mercredi, dans un climat de plus en plus tendu face à l'arrivée atrocement lente de l'aide. Alors que le bilan devrait se chiffrer en milliers de morts - même si les estimations sont pour l'instant difficiles -, les cadavres continuaient d'encombrer les rues de certaines zones affectées, où flottait une forte odeur de décomposition.

Et les autorités ont été forcées mercredi de reporter un enterrement collectif dans la ville en ruine de Tacloban, en raison de coups de feu. « Nous avions terminé de creuser le site pour l'enterrement collectif. Nous avions chargé le camion avec les corps, mais (...) il y a eu des coups de feu » et la police a demandé au convoi de faire demi-tour, a expliqué le maire Alfred Romualdez. Ajoutant au lourd bilan, les autorités ont d'autre part annoncé mercredi que 8 personnes avaient été tuées la veille dans l'effondrement d'un mur d'un entrepôt de riz en train d'être pillé par la foule à Alangalang, à 17 km de Tacloban. Les pillards sont repartis avec plus de 100.000 sacs de 50 kg de riz chacun, a précisé Rex Estoperez, porte-parole de l'Autorité nationale de l'Alimentation.

Cinq jours après le passage du typhon Haiyan (...) de nombreux sinistrés de Tacloban ont perdu tout espoir et cherchent à tout prix à fuir cette apocalypse. Certains d'entre eux, épuisés, traumatisés et affamés, ont provoqué une bousculade mercredi matin à l'aéroport de la ville, en ruines, suppliant de pouvoir embarquer dans un des rares avions qui quittent la ville. « Tout le monde panique. Ils disent qu'il n'y a pas de nourriture, pas d'eau, ils veulent partir d'ici », a commenté le capitaine Emily Chang, médecin militaire qui traite les blessés tant bien que mal dans le complexe de l'aéroport. Une petite fille de 7 ans s'est évanouie, écrasée par la foule. « Nous sommes ici depuis 3 jours, mais nous n'avons toujours pas réussi à prendre un vol », a expliqué sa mère Angeline. « Nous allons peut-être mourir de faim ». L'OMS a de son côté mis en garde contre les risques de maladie liées notamment à l'eau. Malgré les promesses de dons de la communauté internationale et l'envoi d'une armada de navires de guerre occidentaux, dont la plupart mettront plusieurs jours à arriver, l'aide parvient encore au compte-goutte, même si les autorités ont assuré mercredi que toutes les routes avaient désormais été dégagées sur les deux îles les plus touchées.

Et l'établissement d'un bilan des victimes reste difficile. L'ONU, qui a lancé mardi un appel aux dons pour 301 millions de dollars, a évoqué la mort de quelque 10 000 personnes dans la seule ville de Tacloban, mais le président philippin Benigno Aquino a estimé que ce chiffre était « trop élevé », évoquant « 2.000 à 2.500 » morts. Le dernier bilan provisoire du gouvernement fait de son côté état de 2.275 morts et 80 disparus. Le secrétaire du gouvernement Rene Almendras a reconnu que les autorités avaient été dépassées par le nombre de morts. « La raison pour laquelle la collecte des corps s'est arrêtée, c'est que nous nous sommes retrouvés à court de sacs mortuaires », a-t-il déclaré mercredi. « Mais nous avons 4.000 sacs maintenant. Nous faisons en sorte d'en avoir plus que nécessaire ». Au total, l'ONU estime que plus de 11 millions d'habitants, soit plus de 10 % de la population du pays, ont été affectés par cette catastrophe, dont 673 000 ont été déplacés. Et selon l'Organisation internationale du Travail, quelque 3 millions de personnes ont perdu temporairement ou définitivement leur moyen de subsistance. (...)

Faute d'approvisionnement en eau, nourriture, médicaments et abris, des survivants ont pris les armes dans certaines zones pour piller les bâtiments encore debout. Pour décourager les pillards, un couvre-feu a été instauré à Tacloban et des centaines de soldats et de policiers ont été déployés à travers la ville. Si la situation dans cette ville est « affligeante », l'inquiétude est également grande pour certaines îles à l'écart, a commenté Patrick Fuller, porte-parole régional de la Croix-Rouge internationale. « Je pense qu'il faudra des jours, si ce n'est des semaines, avant d'avoir un tableau précis de la situation ».


EDIT (14 novembre 2013) Toujours pas de larguage de vivres par avions cargos, par contre le gouvernement a envoyé ses troupes...


Philippines: Des sinistrés fuient une guérilla fictive
par Vincent Larouche
La Presse - 13 nov 2013
http://www.lapresse.ca/international/asie-oceanie/201311/13/01-4710491-philippines-des-sinistres-fuient-une-guerilla-fictive.php


Effrayés par le typhon et les épisodes de pillage des derniers jours, incapables de se mettre à l'abri ou d'obtenir des informations fiables du reste du pays, des sinistrés ont cédé à la panique mercredi en fuyant un assaut imaginaire de guérilleros maoïstes qu'on croyait descendus des montagnes pour attaquer la ville à la faveur du chaos ambiant. Même les opérations de secours ont été perturbées par la panique ambiante. Un convoi de soldats et policiers chargé de transporter des dizaines de cadavres vers une fosse commune a fait demi-tour et cessé ses activités pour une partie de la journée hier après avoir croisé une foule en panique qui disait fuir une fusillade à une dizaine de kilomètres de l'hôtel de ville. « Je ne peux pas risquer ainsi la sécurité de mes hommes », a lancé le responsable de la police fédérale chargée de l'opération.

Un officier de l'armée philippine et plusieurs soldats ont déclaré toute la journée que la ville n'était pas sûre en raison de la présence de « terroristes » de la New People's Army (NPA), la guérilla maoïste active dans les montagnes de la région, qui auraient ouvert le feu à la gare d'autobus de Tacloban. Des ressortissants étrangers venus assister les sinistrés ont été avisés de limiter leurs déplacements. « Les terroristes n'ont pas de nourriture dans leurs montagnes et la gare est proche des montagnes », a expliqué un officier chargé de la protection du centre des mesures d'urgence de Tacloban.

Or, après vérification, toutes ces histoires d'attaques se sont révélées fausses, a confirmé un responsable de la police nationale en fin de journée. « Il y a eu plusieurs rapports d'attaques rebelles, en plusieurs endroits, nous avons reçu plusieurs appels à ce sujet et nous avons envoyé des troupes. Mais c'était finalement une fausse rumeur partie d'un village et qui s'est relayée de bouche à oreille dans la foule qui convergeait vers Tacloban », a expliqué l'inspecteur Romuel Macar en entrevue à La Presse. « Il n'y a pas d'attaque confirmée de la NPA, et heureusement, car ils ne doivent pas profiter de la situation », affirme l'inspecteur. « Avec les communications qui ne fonctionnent pas, beaucoup de rumeurs circulent. Nous ne pouvons pas blâmer les gens, avec la situation dans laquelle ils sont, d'avoir peur », affirme le porte-parole.


EDIT (15 novembre 2013) Bilan total: 6.340 morts


Un couvre-feu militaire est imposé alors que la crise humanitaire frappe les Philippines
par Joseph Santolan
WSWS - 13 nov 2013
http://www.wsws.org/fr/articles/2013/nov2013/haiy-n13.shtml


Une crise humanitaire aux proportions catasrophiques se dessine aux Philippines à la suite du super-typhon Haiyan, appelé Yolanda aux Philippines. Si le bilan provisoire des morts confirmés publié par le gouvernement des Philippines n'est que de 1.774, l'on s'attend à ce qu'il soit bien plus élevé au final. L'estimation du nombre de morts dans la seule ville de Tacloban a été annoncée à 10 000 et n'a pas été révisée. Un million de Philippins sont réfugiés dans des centres d'évacuation de fortune.

De grandes parties des Philippines centrales, des portions des îles de Samar, Leyte, Panay et Cebu, restent complètement isolées. Aucune aide n'a été expédiée dans ces lieux et aucun décompte des morts ou des dégâts n'y a été mené. Les responsables ont déclaré qu'il faudra des mois avant que l'électricité ne soit remise dans la région. Lundi soir à Tacloban, plus de 100.000 personnes étaient sans abris, sans aide médicale, ni aide alimentaire ou eau courante. Des corps jonchent toujours les rues.

Le ministre de l'intérieur des Philippines, Mar Roxas, a déclaré que certaines aides commencent à arriver à l'aéroport de Tacloban, mais il a ajouté, « Ils ne pouvaient pas aller plus loin à cause des débris qui bloquent les routes dans la zone. » Les résidents de la ville par dizaines de milliers ont traversé à grande peine les 8 km entre le centre ville et l'aéroport pour tenter de recevoir leur ration quotidienne de nourriture et d'eau. Des photos montrent des queues s'étalant à perte de vue de gens qui attendent de l'aide.

Un résident, Joan Lumbre Wilson, a décrit à l'AFP la lutte quotidienne pour se rendre à l'aéroport pour obtenir de l'aide: « Nous avons besoin d'eau et de médicaments pour les blessés… Ils tentent de nous faire renoncer à nouveau, nous renvoyer chez nous, trop loin, et de le refaire le lendemain [marcher jusqu'aux entrepôts], et ce n'est pas juste pour nous […] Nous sommes déjà fatigués, épuisés émotionnellement, physiquement ». Avec la montée du désespoir, les résidents ont tenté de trouver des médicaments, de la nourriture, de l'eau et des produits pour bébés sur place, en entrant de force dans les magasins fermés. Andrew Pomeda, enseignant en lycée, a déclaré à un journaliste, « Tacloban est totalement détruite. Certaines personnes perdent la raison à cause de la faim ou la perte de leurs proches […] Les gens deviennent violents. Ils pillent les entreprises, les magasins, juste pour trouver de la nourriture, du riz, du lait… J'ai peur qu'en une semaine, les gens se mettent à tuer à cause de la faim ».

Ces tentatives d'obtenir les produits de base ont été décriées par les hommes d'affaires et le conseil municipal, qui ont demandé l'imposition d'une loi martiale pour garantir « la loi et l'ordre ». Le président philippin Benigno Aquino a déclaré un état de calamité nationale et un état d'urgence dans la région concernée; ces deux mesures lui accordent des pouvoirs exécutifs exceptionnels. Il s'est servi de ces pouvoirs pour créer un état de fait comparable à la loi martiale. Un couvre-feu a été imposé à tous les résidents de Tacloban. De 10h du soir à 6 h du matin, personne ne doit être dans les rues. Plusieurs habitants de la ville interviewés ont déclaré que le couvre-feu commence à être imposé à 8h et non 10. On ne voit pas bien comment les résidents pourront éviter d'être dans les rues dans une ville où 90 % des logements ont été complètement dévastés. Des photos aériennes des quartiers les plus pauvres de Tacloban ressemblent à celles qui ont été prises après le largage de la bombe atomique sur Hiroshima: il n'y a rien qui soit encore debout.

L'état d'urgence est mis en application par 883 policiers lourdement armés et 500 militaires dont 169 viennent des forces spéciales. Ces troupes sont parvenus dans cette ville dévastée à bord d'avions cargos C-130 qui auraient dû servir à apporter les ravitaillements dont la ville a tellement besoin. Ils patrouillent dans les rues en convois armés, qu'Aquino a décrit comme « une démonstration de force. » Le chef de la police nationale des Philippines, le général Alan Purisima, a déclaré qu'ils « inonderont Tacloban de policiers pour restaurer la loi et l'ordre […] Nous assurons les gens que le gouvernement aura tout le contrôle. Les policiers que nous avons déployés là-bas devraient faire sentir leur présence ».

Même en plein jour, les survivants sont régulièrement arrêtés, interrogés, et fouillés dans les rues et aux barrages militaires établis dans toute la ville. Le maire de la ville de Davao, Rodrigo Duterte, un allié important des maoïstes des Philippines, a ordonné aux agents de sécurité qui accompagnent les camions et les ambulances qui se rendent à Samar et Leyte de tirer sur toute personne que tenterait de prendre elle-même l'aide et les médicaments apportés. Il a déclaré, « si ces gens n'écoutent pas vos demandes de ne pas toucher votre groupe, je vous ordonne de tirer sur toute personne qui continuera à tenter d'obtenir quoi que ce soit de votre part. »

Aquino a pris à son compte les pouvoirs du maire de Tacloban, Alfred Romualdez qui est un neveu de sa rivale politique Imelda Marcos, et nommé le ministre de l'intérieur, Mar Roxas, « tsar du désastre » en charge de toutes les fonctions du conseil municipal. Richard Gordon, chef de la Croix rouge des Philippines et homme politique, a admis à la presse que la Croix-Rouge a délibérément « ralenti la livraison de l'aide » en raison des « pillages ». Son agence a déjà commandé 10 000 sacs pour les cadavres, mais il a déclaré, « on ne sait pas combien de gens ont été emportés en mer ». Il a également admis que les travailleurs humanitaires n'avaient encore atteint aucune autre ville.

Il y a des estimations très générales des dommages sur certaines parties des côtes de Samar et Leyte. La ville de Guian, 50 000 habitants, serait totalement détruite. Plus de 500 personnes ont été enterrées dans un charnier dans la ville de Basey. Étant donné la différence énorme entre les morts admis officiellement et l'estimation des décès rien qu'à Tacloban, il est très probable que ce bilan sera largement dépassé quand le contact avec ces régions sera établi. De plus, tous les logements et les cultures le long de la côte Est ont été détruits. Il faut craindre que les survivants dans ces régions, sans contact avec l'aide humanitaire, ne soient confrontés à des conditions désespérées, et possiblement la famine. Le ministère de l'agriculture a publié une estimation initiale des dommages aux cultures causés par Haiyan, il a calculé qu'au 10 novembre, la valeur des destructions de cultures est de 3,7 milliards de pesos philippins (630 millions d'euros). Il a déclaré « le riz, qui est en récolte en ce moment, a subi les pires dégâts, suivi par les pêcheries et l'irrigation. Les autres denrées affectées sont le maïs, le bétail et les cultures les plus chères ».

Avant même que les vautours de la finance internationale ne commencent à se rassembler, d'autres cherchent un moyen de profiter de la situation. Wu Mingze, spécialiste des marchés pour la branche Asie Pacifique de la compagnie OANDA, un groupe spécialisé dans l'import-export sur des contrats à terme, a déclaré « nous savons que l'effort de reconstruction va coûter de l'argent, mais ce coût sera bénéfique si on regarde le cycle de dépense. Cela va développer encore plus l'économie ». Face à cette dévastation, Washington n'a promis que 100.000 $ d'aide en liquide et, au lieu d'argent supplémentaire, ils ont envoyé un convoi de 90 marines. Dans le cadre des négociations en cours au sujet de l'installation permanente de forces américaines dans le pays qui contribueraient à la tentative américaine d'encerclement de la Chine, Washington est impatient d'exploiter la moindre opportunité pour placer ses troupes au sol afin de renforcer sa position dans les négociations.

La dévastation causée par Haiyan est universellement décrite comme le résultat tragique mais inévitable d'une colère imprévisible de la nature. C'est un mensonge politique sous couvert de fatalisme. Les Philippines sont un pays qui occupe une position géographique précaire. Elles sont exposées à de forts risques volcaniques, de tremblements de terre, de typhons et de raz-de-marée. Ces catastrophes naturelles ont lieu avec une régularité presque prévisible, et l'humanité a la capacité technique de surveiller et de se préparer à ces événements ainsi que les ressources sociales pour limiter très fortement leurs conséquences.

Les morts et les démunis laissés dans le sillage d'Haiyan sont les victimes non du typhon mais d'une tempête parfaite d'inégalités sociales. Les logements détruits étaient construits avec les matériaux de la pauvreté, largement inadaptés pour supporter un événement de ce genre. Les logements et les entreprises des riches, construits en dur, sont toujours debout. Les villes situées dans des zones à risque auraient dû avoir des centres d'évacuation bien approvisionnée et solidement bâtis dans un endroit sûr à distance de la côte. Aucun préparatif de ce genre n'a été fait. Les survivants qui tentent désespérément de s'en sortir ne sont pas confrontés à une catastrophe naturelle sans états d'âme, mais à la puissance armée d'un état déterminé à faire respecter ces conditions d'une inégalité sociale qui crève les yeux.

18/12/2021 >> Philippines: Le passage du typhon Rai a fait au moins 431 morts ou disparus.