Le Monde d'Antigone

Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
syndicats et toute forme de gestion et de pouvoir.
Rassembler des foules sous un même drapeau
trouve toujours son origine dans une imposture.
Seule une révolution mettra fin à un système
dont l'obsession de l'argent entraine l'humanité
vers la catastrophe.

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Date de création : 10.03.2011
Dernière mise à jour : 27.11.2025
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Wade en piste pour un 3e mandat. Odeur de brulé à Dakar

Publié le 28/01/2012 à 10:31 par monde-antigone


C'était attendu. Il ne faisait aucun doute que Wade serait autorisé à se représenter une 3e fois. Il aura pour adversaires trois anciens Premiers ministres qui ne rêvent que de devenir calife à la place de l'actuel. Youssoun Ndour quant à lui est recalé. Il incarnait un certain populisme à l'instar d'un autre chanteur, Michel Marcelly, en Haïti. Ce populisme pourrait à présent se retrouver orphelin et, faute de débouchés électoral, exprimer ses frustrations dans la rue, car deux fusibles ont sauté. D'abord l'équipe de foot s'est faite éliminer sans gloire de la CAN dont elle était l'une des favorites. Ensuite le M23 a annoncé hier soir qu'il désapprouvait les violences et qu'il entendait suivre une voie aussi légaliste que possible (mais je crois qu'il faut dissocier les leaders de cette coalition des jeunes de la base). Il va y avoir une odeur de brulé dans les prochains jours à Dakar. La "marche sur le Palais" aujourd'hui donnera le ton. Malheureusement on ne sortira pas de ces histoires de pouvoir et de chef à désigner.

 

Au Sénégal, la candidature validée de Wade déclenche une flambée de violences
AFP, Le Monde - 28 jan 2012
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2012/01/28/au-senegal-la-candidature-validee-de-wade-declenche-une-flambee-de-violences_1635781_3212.html


La validation vendredi soir 27 janvier par le Conseil constitutionnel de la candidature du chef de l'Etat sénégalais Abdoulaye Wade à la présidentielle de février a provoqué une vague de violences dans plusieurs villes du Sénégal, dont sa capitale, Dakar, où un policier a été tué. L'opposition a appelé à "marcher sur le palais présidentiel dans les prochains jours" afin d'en "sortir Wade".

Dès l'annonce de la validation de la candidature du président Wade et du rejet de celle du chanteur Youssou Ndour, des jeunes rassemblés depuis des heures place de l'Obélisque, à Dakar, à l'appel de l'opposition, ont jeté des pierres sur les policiers qui ont riposté à coups de gaz lacrymogène et de matraque. Les jeunes, armés de barres de fer, ont également mis le feu à des pneus et des courses-poursuites se sont engagées dans les rues adjacentes au lieu de rassemblement. Le commissaire de police Arona Sy, du commissariat central de Dakar, a déclaré à l'AFP qu'un policier avait été tué, sans donner les circonstances de cette mort qui s'est produite dans une rue du quartier de Colobane, près de la place de l'Obélisque. Les violences se sont poursuivies dans la nuit de vendredi à samedi dans plusieurs autres quartiers de Dakar.

Les télévisions privées ont montré des jeunes érigeant des barricades, brûlant des pneus et des planches sur plusieurs artères, ainsi que des échanges de projectiles et gaz lacrymogènes entre des manifestants, essentiellement des jeunes, et les forces de l'ordre anti-émeutes de police et de gendarmerie. Des manifestations de colère étaient en cours également dans les provinces, d'après les médias locaux: notamment à Thiès selon l'Agence de presse sénégalaise (agence officielle), et à Kaolack (centre), Matam et Ourossogui (nord) selon la Télévision Futurs médias (télévision privée).

Le Mouvement du 23 juin (M23), coalition de partis politiques d'opposition et d'organisations de la société civile contestant la candidature du président Wade, a appelé samedi les Sénégalais à "marcher sur le palais" présidentiel pour l'en "déloger". Abdoul Aziz Diop, un des responsables du M23, a exhorté les Sénégalais "à se joindre au Mouvement pour organiser la reprise du territoire occupé par Abdoulaye Wade et ses sbires". M. Wade a demandé à ses opposants d'arrêter "les manifestations d'humeur qui ne conduisent à rien", les accusant de contester la validité de sa candidature "sur des bases légères". Youssou Ndour a, lui, dénoncé un "coup de force" du président Wade, ajoutant: "Je suis candidat et je le reste", et précisant qu'il avait "48 heures pour un recours" contre la décision du Conseil.

La décision du Conseil constitutionnel sur la nouvelle candidature du président Wade, 85 ans, est jugée anticonstitutionnelle par l'opposition. Elu en 2000, réélu en 2007 pour cinq ans après une révision constitutionnelle en 2001 instituant un quinquennat renouvelable une fois, M. Wade se représente pour sept ans après le rétablissement du septennat en 2008, à la suite d'une nouvelle révision constitutionnelle. Pour ses opposants, il se présente à un troisième mandat illégal, mais ses partisans affirment que le comptage doit se faire à partir de la première révision constitutionnelle de 2001 instituant le quinquennat et qu'il s'agit donc d'un second mandat conforme à la Constitution.


[RFI, 28/01/2012] (...) En toute fin de soirée les leaders du M23, le mouvement du 23 juin qui rassemble des partis d’opposition et des organisations de la société civile se sont discrètement réunis au domicile de l’un d’eux. Ils affirment que leur mouvement a été infiltré par des éléments qui ont semé la violence, et annoncent qu’ils déposeront un recours devant le Conseil constitutionnel. Ils ont prévu de se retrouver, aujourd’hui, samedi pour voir comment amplifier ce qu’ils appellent une résistance citoyenne active.

 

 

EDIT (31 janvier 2012)


Manifestations meurtrières à Podor au Sénégal
RFI - 30 jan 2012
http://www.rfi.fr/afrique/20120130-manifestations-meurtrieres-podor-senegal


Deux personnes ont été tuées lundi 30 janvier à Podor au nord du Sénégal au cours de manifestations opposant les forces de l'ordre aux partisans du mouvement M23 qui manifestaient contre la candidature d'Abdoulaye Wade à l'élection du 26 février prochain. Les forces de l'ordre sont intervenues pour disperser une manifestation et ont fait usage de balles réelles selon les témoignages recueillis sur place. A Podor, les gendarmes ont-ils fait un usage excessif de leurs armes ? Voilà la question qui est posée après les affrontements entre manifestants et gendarmes dans les rues de la ville.

Selon ce témoin qui préfère garder l'anonymat, rien ne justifiait l'usage d'armes à feu. « Il y a eu un jeune de moins de 20 ans qui a été tué et une femme d’une cinquantaine d’années. La dame, c’était une voisine, une maman qui habitait dans le quartier, elle a reçu une balle dans les côtes. En fait, ils lui ont tiré dans le dos, pour vous dire qu' ils n’ont même pas été acculés. La preuve c’est que la dame venait du marché. Une femme de 55 ans ne va pas rentrer dans des manifestations de jeunes. Si c’était aussi bouillant que ça, la dame n’allait pas traverser là-bas ».

L'ambiance est d'autant plus tendue au Sénégal que les images montrant le lynchage d'un policier vendredi soir dans les rues de Dakar ont indigné une grande partie du pays. Aujourd’hui la moindre manifestation entraîne violences et jets de pierre, comme dimanche à Saint-Louis, où un policier a été blessé par des élèves en colère contre leurs professeurs en grève. C'est dans cette ambiance bouillonnante que le mouvement M23 a appelé à une nouvelle manifestation ce mardi 31 janvier 2012.


EDIT (1er février 2012)


10.000 Sénégalais dans la rue pour dire non à Abdoulaye Wade
par Simon Maro
Afrik - 31 jan 2012
http://www.afrik.com/article24690.html


Des milliers de Sénégalais se sont rassemblés ce mardi place de l’Obélisque à l’appel du Mouvement du 23 juin, qui rassemble partis d’opposition et organisations de la société civile, pour protester contre la validation de la candidature d’Abdoulaye Wade. Des heurts ont éclaté en début de soirée. D’après les médias locaux, le bilan s’élève, mardi soir, à au moins deux morts et plusieurs blessés graves.

« Wade n’a qu’à dégager ! Nous ne voulons plus de lui ! », lance Youssou, un étudiant en colère. Ce mardi, ils étaient environ 10.000 à manifester place de l’Obélisque à l’appel du M23 pour dire non à un troisième mandat d’Abdoulaye Wade suite à la validation de sa candidature par les cinq « sages » du Conseil constitutionnel. Des jeunes bien sûr, mais également des femmes et des pères de famille. Parmi les nombreuses pancartes et banderoles, on peut lire: « la Constitution n’est pas un brouillon », « cinq singes + un babouin = un pays en feu » ou encore « nous aurons notre Benghazi ». À l’arrivée des « yenamarristes », la foule s’anime. « Nadem, nadem ! » (« va-t-en » en wolof), reprennent en chœur les manifestants dans une ambiance bon enfant. « Sarkozy doit dire à Wade de partir », insiste Mamadou saluant l’intervention américaine de la veille. Lundi, la porte-parole du département d’Etat avait invité le président sénégalais, 86 ans, à « céder la place à la prochaine génération ». Postés 300 mètres plus loin en direction du Plateau, le centre administratif et économique de Dakar, environ 150 policiers anti-émeutes, quatre véhicules dont un blindé et un camion surmonté d’un canon à eau veillent au grain. Depuis le matin, des escadrons de surveillance et d’intervention sont garés à chaque rond-point de Dakar ou presque.

Qualifié la veille d’« appel à l’insurrection » par Serigne Mbacké Ndiaye, porte-parole de la Présidence, le rassemblement de l’opposition et de la société civile est finalement autorisé à la dernière minute par les autorités. Vers 16 heures, les leaders du M23 dont Macky Sall, Ibrahima Fall, Idrissa Seck ou Moustapha Niasse arrivent sur l’esplanade. Amath Dansokho, secrétaire général du Parti de l’indépendance et du travail (PIT), prend le micro et dénonce le « coup d’Etat constitutionnel » d’Abdoulaye Wade mené « avec la complicité de magistrats corrompus ». « Il faut qu’il comprenne que c’est fini pour lui ! », ajoute-t-il. Alioune Tine, coordonnateur du mouvement du 23 juin, lui succède. Libéré lundi soir après avoir passé 48 heures de garde-à-vue suite au décès d’un policier lors des violences du 27 janvier, le président de la Rencontre africaine de défense des droits de l’homme (Raddho) est très applaudi.

La plupart des leaders regagnent leurs véhicules 4x4. Dans la foule, certains manifestants se montrent déçus par la tournure des évènements. « Nos leaders sont des peureux !, estime Saliou Ndiaye, un militant rewmiste (le parti de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck) en quittant les lieux. Il y avait du monde. Il fallait faire une marche pacifique vers le Palais au lieu de rester là à ne rien faire ! » Vers 19 heures, quelques jeunes surchauffés s’en prennent aux policiers. Les grenades lacrymogènes et le canon à eau répondent aux jets de pierres. Parmi les derniers leaders sur place, Moustapha Niasse, candidat à la présidentielle, se réfugie dans une maison pour échapper aux gaz lacrymogènes. Des véhicules pick-up chargés de policiers s’engagent ensuite dans les rues adjacentes à la poursuite de petits groupes de protestataires, dont certains tentent d’ériger des barricades de fortune avec des pneus incendiés. Les affrontements se répandent dans les quartiers de Niary Tally et HLM. D’après plusieurs médias locaux, le bilan s’élève à l’heure où nous écrivons à au moins deux morts, une jeune fille écrasée par un véhicule de la police et un étudiant, et plusieurs blessés graves ce qui porterait à six le nombre de morts dû aux violences politiques en cette période préélectorale dans le pays.

« C’est comme d’habitude, regrette Alioune Tine, coordonnateur du M23. La police profite de quelques provocateurs pour disperser la foule. Il faut que les forces de l’ordre gardent leur sang-froid. » « La manifestation a été massive et pacifique, poursuit-il. Nous manifestons pacifiquement et nous entendons manifester tous les jours place de l’Obélisque jusqu’au retrait de la candidature d’Abdoulaye Wade. » Entre le président et son opposition, le bras de fer continue. Et les morts s’accumulent.