Le Monde d'Antigone

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Dernière mise à jour : 11.11.2025
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L'inflation chinoise s'en va t'à la conquête du monde

Publié le 19/04/2011 à 17:31 par monde-antigone


J'ai discuté avec un ami chinois il y a quelques jours. Il me disait que les autorités semblaient dépassées par la poussée inflationniste qui pour l'alimentation de base et le logement avoisinerait 15 %. Pour preuve, elles procèdent tous les mois au relèvement des taux d'intérêt sans que le remède ait l'air de faire de l'effet. Les dirigeants sont devant un dilemne: soit ils sacrifient les exportations pour se tourner peu à peu vers la consommation intérieure; ils fermeront des usines... et cela provoquera des émeutes. Soit ils tentent de juguler le plus possible la hausse des prix, ce qui accentuera le mécontentement jusqu'au jour où la cocotte minute explosera.
Finalement cet article nous dit qu'ils auraient choisi de laisser le yuan s'apprécier sans intervenir. La monnaie va donc devenir plus forte et les exportations vont en pâtir. Des usines vont fermer dans les prochains mois. Le pouvoir aurait donc choisi le scénario n°1: réprimer ponctuellement, localement, plutôt que de devoir affronter un mouvement de grande ampleur sur une large échelle. Mais c'est peut-être déjà trop tard, le ver ronge l'économie chinoise en profondeur.
Pour ce qui est de l'inflation exportée, c'est trop tard. C'est déjà le cauchemar de la BCE qui a relevé ses taux de 0,25 % et qui selon toute vraissemblance devrait les relever encore une ou deux fois avant la fin de l'année.


L'inflation chinoise va bientôt partir à la conquête du monde
par Ian Campbell
Le Monde, rapporté par Tout sur la Chine - 19 avr 2011
http://toutsurlachine.blogspot.com/2011/04/linflation-chinoise-va-bientot-partir.html


La surchauffe de l'économie chinoise pourrait sous peu avoir de graves conséquences pour le monde entier. D'après les chiffres officiels publiés le 14 avril, la hausse de l'indice des prix à la consommation s'est emballée au premier trimestre, à 5,4 %, pour une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 9,7 %.
L'augmentation des salaires et de l'inflation en Chine pourrait en conséquence déclencher un mouvement inflationniste d'envergure mondiale.

Jusqu'à présent, la Chine avait aidé les pays occidentaux à maintenir leur taux d'inflation à un faible niveau. Sa main-d'oeuvre abondante et bon marché, ainsi que l'étroit contrôle exercé sur le yuan ont permis à Pékin d'exporter ses produits à des prix très bas, beaucoup trop bas de l'avis de ses concurrents. Depuis 2000, aux Etats-Unis, la progression du prix moyen des articles en provenance des pays industrialisés atteint 31 %, contre 2,7 % seulement dans le cas des produits chinois.

Grâce à quoi les pays occidentaux ont maintenu leurs taux à des niveaux proches de zéro car, en dépit d'une véritable frénésie de consommation, l'inflation est restée sous contrôle. L'accroissement des réserves de change chinoises et l'achat de dette occidentale par Pékin ont créé les conditions d'un crédit... abondant et bon marché. Deuxième cadeau empoisonné.

L'accélération de l'inflation en Chine est train de changer la donne. Selon l'agence de presse officielle Chine nouvelle, pas moins de douze municipalités et provinces ont réévalué le salaire minimum cette année, à hauteur de 20 % pour la moitié d'entre elles. L'inflation atteint aujourd'hui des proportions endémiques. Petit exemple tiré de la vie quotidienne: dans la riche province de Guangzhou (sud), les habitants se plaignent de l'augmentation du tarif des coupes de cheveux, en hausse de 50 % selon la presse locale.

Pare-feu

L'envolée des prix et des salaires va se répercuter sur les exportations, ce qui alimentera les pressions inflationnistes des partenaires commerciaux de la Chine. Et ce n'est pas la réponse, prévisible, de Pékin, pour juguler l'inflation - relâcher son contrôle sur sa devise pour la laisser s'apprécier - qui va arranger les choses. Le yuan a pu gagner 4,5 % par rapport au dollar depuis juin 2010, mais il est clair que cela ne suffira ni à atténuer l'impact de la flambée des prix de l'énergie et des matières premières ni à freiner l'émission monétaire liée à l'accroissement des réserves de devises étrangères.

L'appréciation du yuan à un rythme plus rapide serait du goût des concurrents de l'empire du Milieu, mais risque de doper l'inflation dans les pays occidentaux en renchérissant les importations chinoises. L'Occident risque fort de perdre le pare-feu anti-inflation fourni pendant longtemps par la Chine, avec comme conséquences possibles le relèvement des taux et l'accélération de l'inflation.

Ralentissement de la croissance, durcissement du crédit, les emprunteurs ne vont pas être à la fête. Et parmi eux, des gouvernements occidentaux déjà aux abois. 


EDIT (23 mai 2011)


La Chine s’essoufflera-t-elle à partir de 2013 ?
MoneyWeek - 20 mai 2011
http://www.moneyweek.fr/20110555561/actualites/actu-economie/chine-exportations-roubini/

 


Nouriel Roubini, professeur d’économie à l’université de New York et l’un des rares à avoir prédit avec justesse la récession de 2008, s’attend désormais à un sévère ralentissement de la croissance chinoise dans un futur proche.

Lorsque la crise de 2008 arriva, la Chine compensa le net recul de son volume d’exportations en favorisant les investissements dans les infrastructures du pays, l’immobilier et le développement industriel. La Chine est cependant devenue trop dépendante de cette source de croissance. Les investissements représentent maintenant 50% du PIB, contre 42% avant 2008.

« Aucun pays ne peut produire suffisamment de richesse pour se permettre de réinvestir 50 % de son PIB dans son capital social sans faire face à une immense surcapacité et un problème de répartition de prêts improductifs« , explique Roubini. « La Chine est maintenant en proie au surinvestissement… ceci est évident tant le pays est confronté à l’émergence d’aéroports vides et d’autoroutes ne menant nulle part« .

Les dirigeants chinois sont pris en tenaille entre leur volonté d’une croissance forte d’au moins 8 % et la peur d’une surchauffe de l’économie. Les exportations représentaient 42,5 % du PIB chinois en 2007, d’après les données de l’université de Sherbrooke au Québec. En 2011, elles ne devraient guère dépasser le seuil des 29 %. Sachant que la faiblesse de la devise chinoise limite le pouvoir d’achat des ménages, la consommation domestique pourrait aussi s’essouffler.

« Les épisodes historiques d’investissements excessifs, y compris en Asie de l’est dans les années 1990, ont presque toujours abouti à une crise financière mêlée à une longue période de ralentissement de la croissance », aime rappeler Nouriel Roubini. Réévaluer le yuan à sa juste valeur et accroître le salaire moyen du travailleur chinois est le premier pas pour relancer la consommation intérieure. Bien que les exportations soient en baisse, la demande domestique peut être stimulée par cette nouvelle politique et donc stopper la mise en place de projets faramineux et inutiles. Cette nouvelle stratégie permettrait à la Chine de pleinement exploiter le potentiel de son propre marché et de ne plus dépendre du volume de ses exportations et de ces projets frivoles.

D’après Nouriel Roubini, tant qu’aucune mesure ne sera prise pour ralentir cette spirale, la croissance chinoise retombera à partir de 2013. Les autorités de l’Empire du milieu semblent être conscientes de ce risque puisqu’on observe depuis quelques mois une appréciation progressive du yuan. Le 12e plan quinquennal chinois met par ailleurs justement l’accent sur la consommation intérieure et le pouvoir d’achat des ménages. Ce qui impliquera une hausse des salaires et une baisse de la compétitivité des entreprises chinoises. La consommation intérieure parviendra-t-elle alors à prendre la relève des exportations et de l’investissement ?