Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
syndicats et toute forme de gestion et de pouvoir.
Rassembler des foules sous un même drapeau
trouve toujours son origine dans une imposture.
Seule une révolution mettra fin à un système
dont l'obsession de l'argent entraine l'humanité
vers la catastrophe.
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Date de création : 10.03.2011
Dernière mise à jour :
23.11.2025
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Les Etats ont adopté un accord "a minima", sans plan de sortie des énergies fossiles, sans feuille de route. Cela satisfait le cartel pétrolier (Arabie saoudite, Chine, Inde, Russie, Nigeria et les lobbies travaillant pour les multinationales) rejoint par des pays africains. Son business est préservé.
Il ne s'agit plus, à présent, d'en finir avec les énergies fossiles, mais de "tripler" les financements alloués à "l'adaptation" à un monde à + 2,5°C. C'est une promesse de plus pour dans 10 ans. Ils pensent qu'avec des milliards de dollars d'indemnisation, pardon d'accompagnement à "l'adaptation", tout va finir par s'arranger. Le capitalisme ne pense qu'en termes financiers.
Lundi matin, à l'ouverture des bourses, les actions des valeurs pétrolières et énergétiques vont bondir...
En Amazonie, le monde se contente d'une preuve de vie de la coopération climatique
AFP, France24 - 22 nov 2024
Belém (Brésil)– Près de 200 pays réunis en Amazonie brésilienne ont adopté samedi à la COP30 un modeste consensus sur l'action climatique, sans plan de sortie des énergies fossiles, un résultat décevant pour l'Europe mais salué par d'autres dans une année bouleversée par les rivalités géopolitiques.
Le Brésil espérait un symbole en Amazonie, il a réussi à montrer que la coopération climatique n'était pas morte, alors que les batailles douanières et les guerres ont pris le pas politiquement sur le climat pour de nombreux gouvernements. Les Etats-Unis étaient le seul grand pays absent àBelem. "La communauté internationale avait le choix: continuer ou abandonner. Nous avons choisi la première option", s'est félicité Luiz Inacio Lula da Silva, depuis le G20 à Johannesburg, affirmant que "le multilatéralisme a(vait) gagné".
L'ambiance à Belem est moins euphorique, où les Européens ont admis avoir préféré un compromis décevant à l'implosion du principal forum de coopération mondiale sur le climat. "Nous ne cacherons pas que nous aurions préféré avoir davantage", a déclaré le commissaire européen Wopke Hoekstra, visiblement épuisé par la dernière nuit de négociations. "Je sais que c'est un peu intangible, mais faire les choses ensemble a une énorme valeur". Lula n'a pas pu aller jusqu'à convaincre les pays pétroliers du Nord et du Sud et les économies émergentes d'envoyer un message collectif ambitieux pour accélérer la sortie des énergies fossiles.
Le texte adopté par consensus des 194 pays membres de l'accord de Paris et l'Union européenne ne fait qu'une référence non explicite à la sortie des énergies fossiles, en rappelant la décision de la COP28 à Dubaï. Les pays en développement ont obtenu un appel à tripler l'aide financière pour leur adaptation à un climat plus violent à l'horizon 2035, qui était la "ligne rouge" des plus pauvres d'entre eux.
Pour la Chine, la COP30 est un "succès dans une situation très difficile", a dit à l'AFP son négociateur Li Gao. L'Inde, l'Afrique du Sud, la Russie ont aussi loué les travaux de la COP30. Pékin et ses alliés des économies émergentes ont arraché une première dans les négociations climatiques: la COP institue un "dialogue" sur le commerce mondial, en lien avec le climat. Une allusion aux critiques contre les taxes carbone aux frontières, notamment européenne.
Une expérience amazonienne
Comme promis par Lula, les dizaines de milliers de délégués, observateurs, militants, lobbyistes et journalistes ont pendant deux semaines vu, entendu et ressenti l'Amazonie. Ils ont vécu dans cette grande ville bétonnée de Belem, aux portes de la plus grande forêt tropicale du monde. La chaleur accablante, moite. Le vacarme du tonnerre et les brutales averses tropicales, chaque après-midi, cognant sur les tentes climatisées installées pour la conférence. Les fuites d'eau n'ont pas été le plus grand problème logistique. Un incendie s'est déclaré jeudi, intoxiquant plusieurs personnes.
Des dollars
Plus de trois décennies après le sommet de la Terre à Rio, dix ans après l'accord de Paris sur le climat, l'humanité continue à brûler chaque année davantage de pétrole, de charbon et de gaz pour générer de l'électricité, se chauffer ou se déplacer.
De Tuvalu, dont les habitants se préparent à émigrer en Australie face à la montée du Pacifique, à la Jamaïque, frappée par l'ouragan le plus puissant dans l'Atlantique depuis près d'un siècle, les pays les plus menacés sont choqués de ces records et de la réponse apathique du monde. Ils supplient les grandes économies de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre beaucoup plus vite pour contenir le réchauffement de demain. Et demandent davantage de dons et de prêts pour s'adapter aujourd'hui. Les promesses financières de samedi sont une demi-victoire pour eux.
Du pétrole
Le président brésilien octogénaire se voulait un pont entre Sud et Nord, avec une ligne centrale sur le pétrole. Il a assumé d'avoir accordé un permis d'exploration pétrolière au large de l'Amazonie juste avant la COP30. Mais il a lui-même relevé les attentes en appelant à une "feuille de route" pour la sortie des énergies fossiles. Ce qui a donné de l'élan au campanti-fossiles.
Le match de Dubaï s'est donc rejoué à Belem, mais cette fois, l'Arabie saoudite, l'Inde, la Russie et d'autres pays producteurs de pétrole n'ont eu aucune envie de céder le moindre pouce. La ministre française les a désignés nommément. L'Europe, la Colombie et des pays d'Amérique centrale et du Sud, des Etats insulaires, le Kenya espéraient un texte créant une "feuille de route" pour sortir des fossiles. En vain.
Des degrés
Les 11 dernières années ont été les 11 plus chaudes jamais mesurées sur Terre. L'humanité doit se reprendre pour que le dépassement soit le plus court possible, ont enjoint l'ONU et le président duGiec à la COP30. Mais cela pourrait se compter en décennies.
Le peuple
Le Brésil a en revanche tenu parole: sa COP a bien été celle "des peuples". Des dizaines de milliers de militants du climat, d'autochtones, de syndicalistes et autres sympathisants ont manifesté pacifiquement dans les rues deBelem le 15 novembre. La société civile ne l'avait pas fait depuis Glasgow en 2021. Les ONG craignaient des arrestations arbitraires s'ils manifestaient à l'extérieur des trois conférences climatiques suivantes, en Egypte, aux Emirats et en Azerbaïdjan. Comme une vitrine de la démocratie brésilienne, le président de la COP30 a interrompu ses négociations pour parlementer plusieurs heures avec des manifestants indigènes qui avaient bloqué l'entrée du site la première semaine.
La photo d'André Correa do Lago portant dans ses bras un bébé autochtone a fait le tour du monde. Mais l'incendie qui a éclaté et la frustration européenne, resteront comme d'autres images de la première COP amazonienne.
Jusqu'à la fin, une COP brésilienne dans le désordre
AFP, France24 - 22 nov 2025
Belém (Brésil)– Des sarcasmes, des huées, une suspension de séance et une fuite d'eau ont conclu samedi la conférence sur le climat de l'ONU àBelem au Brésil, à l'image des deux semaines chaotiques qui ont précédé. Le turbulent navire qu'est la COP a été piloté par l'élégant diplomate brésilien André Correa do Lago, qui a maintenu son calme à la barre malgré une intrusion de manifestants, un blocage par des autochtones et un incendie.
Avec un air de soulagement, mais sans le sourire permanent qui illuminait son visage au début du sommet, il a ouvert samedi après-midi avec trois heures de retard la séance de clôture. Les délégués européens, arabes, chinois, des pays du Sud avaient négocié toute la nuit dans son bureau. Des ouvriers depuis le matin commençaient à démonter certains stands. Le diplomate pensait qu'il allait enfin pouvoir mettre un terme rapide à cette COP, avec un texte sûr de recevoir le consentement des 194 pays membres de l'accord de Paris.
Une fois le texte principal adopté d'un coup de marteau, apparemment sans objection, et après quelques applaudissements, des délégués ont toutefois voulu se faire entendre. Furieuse, la représentante de la Colombie a multiplié les prises de parole pour faire admettre son rappel au règlement. De son côté, le représentant du Vatican a pris le micro pour rappeler sa définition de la différence biologique homme-femme, manifestant sa désapprobation d'un texte sur le genre et le climat en discussion à Belem. Il s'est fait huer tandis que plusieurs pays, dont l'Argentine et l'Indonésie, se sont aussi exprimés contre le texte.
La règle des COP est que le consensus est nécessaire pour faire adopter toute décision. Seule une ferme objection d'un pays avant le coup de marteau peut l'empêcher. Une scène familière se joue souvent aux COP: des pays protestent - après le coup de marteau - contre la décision adoptée juste avant, et affirment que le président de séance a ignoré leur demande de prise de parole. La Colombienne Daniela Duran a ainsi objecté, trop tard, contre une autre décision que le texte principal.
D'ordinaire, le président de la COP note la protestation et poursuit son ordre du jour, mais M. Correa do Lago a suspendu la séance. Un geste interprété comme une volonté de se montrer démocratique et transparent, et de reconnaître la frustration colombienne. Le pays est l'un de ceux menant la fronde contre les énergies fossiles. "Comme beaucoup d'entre vous, je n'ai pas dormi, cela n'a sans doute pas aidé, tout comme mon âge avancé", a repris au bout d'une heure le président, né en 1959, en plaidant la bonne foi. La suspension de séance n'a pas plu à la Russie, qui a à son tour objecté... contre l'objection colombienne. "Arrêtez de vous comporter comme des enfants qui veulent tous les bonbons !" et se "remplir la panse jusqu'à être malade", a lancé Sergueï Kononoutchenko, en espagnol pour être sûr de se faire comprendre des pays d'Amérique latine ayant soutenu la protestation colombienne. La représentante de l'Argentine lui a répondu vertement.
Pour couronner le tout, les problèmes logistiques de la conférence - fuites d'eau dans le plafond, climatisation en panne, panne de toilettes - se sont rappelés au souvenir des délégués réunis en salle plénière. Une brutale averse tropicale s'est abattue sur le centre de conférences pendant la clôture - "le magnifique bruit de la pluie amazonienne", selon André Correa do Lago - inondant une partie du sol.
Adaptation au changement climatique, énergies fossiles, forêts tropicales... Ce qu'il faut retenir de la COP30 après l'accord trouvé à Belem
par Camille Adaoust, Robin Prudent
France Télévisions, Franceinfo: - 22 nov 2024
Le sommet pour le climat qui se déroulait à Belém, au Brésil, s'est terminé samedi, après deux semaines de négociations.Franceinfo résume les avancées obtenues.
Pendant deux semaines sous la chaleur et les averses torrentielles, les négociateurs ont eu un aperçu de la vie sous un climat équatorial. La COP30 s'est terminée à Belém, au Brésil, samedi 22 novembre, et le coup de marteau du président du sommet, André Correa do Lago, a officialisé l'adoption, par près de 200 pays, d'un texte commun sur l'action climatique.
Titré "Mutirão mondial: unir l'humanité dans une mobilisation mondiale contre le changement climatique", le document rappelle la "décennie cruciale" qui est en cours, acte le retard pris dans la lutte mondiale contre le phénomène et annonce plusieurs avancées. Voici ce qu'il faut retenir de cette COP30, qui s'est déroulée aux portes de l'Amazonie brésilienne.
Pas de feuille de route de sortie des énergies fossiles
Le sujet a fait l'objet de négociations acharnées : certains pays, dont ceux de l'Union européenne, souhaitaient réaffirmer l'objectif de sortir des énergies fossiles, comme l'avait vivement souhaité le président brésilien Lula lors de l'ouverture. Le texte final ne mentionne finalement pas le sujet. "Les combustibles fossiles sont la cause profonde de la crise climatique et il n'existe aucune voie crédible pour atteindre des objectifs climatiques fondés sur la science sans une sortie rapide, équitable et financée de ces énergies", a commenté RachelCleetus, directrice de la politique pour le programme Climat et Energie de l'Union des scientifiques préoccupés.
A la COP28 de Dubaï en 2023, plus de 190 pays s'étaient engagés à "opérer une transition juste, ordonnée et équitable vers une sortie des combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques". Mais depuis deux ans, les négociations n'ont pas produit d'avancées notables sur sa mise en pratique. "La feuille de route [de sortie des énergies fossiles] telle qu'on l'imaginait inscrite dans le texte n'est plus là", a déploré la ministre de la Transition écologique française, Monique Barbut. Toutefois, André Correa do Lago a annoncé la création d'une feuille de route sur le sujet pour les pays volontaires, une initiative en dehors des négociations officielles, qui sera "guidée par la science".
Le texte de Belém fait toutefois référence au consensus de Dubaï, et lance un "Accélérateur mondial de la mise enœuvre", une "initiative coopérative, facilitatrice et volontaire" pour constater le retard pris et y remédier. "Le nouveau texte mentionne bien explicitement un programme de travail sur l'accélération avec un focus sur le consensus des Emirats Arabes unis, ce qui revient dans les faits aux mêmes effets que d'avoir une feuille de route sur la transition vers l'abandon des énergies fossiles", note depuis Belém SébastienTreyer, directeur général de l'Institut du développement durable et des relations internationales. Ce n'est pas pour moi un échec sur ce sujet, parce que ça permet aussi de ne pas rouvrir la discussion sur la formulation de cet objectif durement gagné à la COP28".
En parallèle, la Colombie a rassemblé une coalition de pays du Pacifique, d'Amérique latine et d'Europe (mais pas la France) pour soutenir "l'appel à élaborer une feuille de route pour une transition juste, ordonnée et équitable vers l'abandon des combustibles fossiles, afin d'intensifier l'action collective et sa mise enœuvre". Le pays a aussi annoncé la tenue de la première conférence internationale sur la sortie des énergies fossiles les 28 et 29 avril 2026, en partenariat avec les Pays-Bas.
Un meilleur financement pour l'adaptation au changement climatique
Alors que 71 pays ont soumis des plans nationaux d'adaptation au changement climatique, la plupart d'entre eux manquent de financements. Le texte final de la COP souligne donc "l'urgence de fournir et de mobiliser des ressources publiques et des subventions ainsi que des financements à des conditions très avantageuses pour l'adaptation dans les pays en développement, en particulier ceux qui sont particulièrement vulnérables (...), tels que les pays les moins avancés et les petits Etats insulaires en développement".
Les pays réunis à la COP30 ont décidé de tripler les financements alloués à l'adaptation d'ici à 2035. "La COP30 n'a pas répondu à toutes les attentes de l'Afrique, mais elle a permis de faire progresser les choses. Il est désormais plus clair que les acteurs historiques ont des devoirs spécifiques en matière de financement climatique", a saluéJiwohAbdulai, ministre de l'Environnement et du Changement climatique de Sierra Leone.
Une réaffirmation de l'accord de Paris
Dix ans après la COP21 et l'accord de Paris qui, pour la première fois, avait fixé un cap et des objectifs de réduction des gaz à effet de serre, les Etats devaient présenter, lors de cette conférence au Brésil, leurs nouveaux plans climatiques pour maintenir le réchauffement mondial sous la barre de + 1,5°C par rapport à l'èrepré-industrielle. Si cet objectif est désormais jugé hors d'atteinte, l'accord de Paris a permis de limiter les dégâts: au lieu de se diriger vers un réchauffement de l'ordre de 4°C, la planète suit une pente l'amenant vers + 2,5°C.
A la COP30, les pays ont ainsi constaté ces "lacunes". "Malgré les progrès accomplis, les trajectoires mondiales des émissions de gaz à effet de serre ne sont pas encore conformes à l'objectif de température de l'accord de Paris, et la fenêtre d'opportunité pour rehausser les ambitions et mettre en œuvre les engagements existants afin d'y parvenir se réduit rapidement", déplore le texte. Les Etats "réaffirment avec force" leur engagement envers le multilatéralisme et les objectifs de l'accord de Paris et s'engagent "à rester unis dans la poursuite des efforts". Et ce avec "l'espoir que l'accord bénéficiera à nouveau d'une quasi-universalité", référence à la sortie récente des Etats-Unis. Une petite piqûre de rappel est faite aux pays qui n'ont pas encore publié leur feuille de route nationale, puisque seuls 122 l'ont fait dans les temps. La COP30 lance par ailleurs une "Mission Belém pour 1,5°C", afin de "renforcer l'ambition et la mise en œuvre" de ces plans.
Un fonds d'un nouveau genre pour protéger les forêts tropicales
La COP30, qui s'est déroulée en Amazonie, souligne "l'importance de conserver, protéger et restaurer la nature et les écosystèmes". Elle affiche ainsi la volonté d'intensifier "les efforts visant à stopper et inverser la déforestation et la dégradation des forêts d'ici à 2030". C'est cet enjeu même qui a fait l'objet de l'une des premières grandes annonces du sommet: le président brésilien a créé un mécanisme d'un nouveau genre pour protéger les forêts tropicales, la Facilité de financement des forêts tropicales (TFFF). Concrètement, il s'agit d'un fonds d'investissements, qui sera abondé d'abord par des Etats, puis par des entreprises pour investir sur les marchés et financer la transition énergétique. Les profits, après paiement des intérêts aux investisseurs, seront reversés aux pays tropicaux présentant de faibles taux de déforestation.
L'objectif est de rendre plus rentable la préservation des arbres par rapport à leur abattage, surtout dans les pays en développement, où se situent la majeure partie des forêts primaires. Ce fonds vise un rendement moyen de 5,5 % sur 20 ans, soit 3,4 milliards de dollars de liquidités par an. De quoi tripler le financement international non remboursable alloué aux forêts. Plusieurs pays ont déjà annoncé qu'ils participeraient à ce fonds, dont le Brésil, l'Indonésie, la Norvège, le Portugal, l'Allemagne et la France.
Ce nouveau système ne fait toutefois pas fait l'unanimité: "Sans une réglementation stricte visant à mettre fin aux flux financiers vers les industries destructrices, le TFFF risque de devenir un énième mécanisme bien intentionné pris au piège dans un système défaillant", a réagi TomPicken, de l'organisation environnementale Rainforest Action Network. La Global Forest Coalition estime de son côté que ce fonds est une "fausse solution" et dénonce le "capitalisme vert". Malgré les réticences, ce nouveau fonds "vaut mieux que d'attendre la solution parfaite, nuance Mauricio Voivodic, de l'ONG WWF, qui a participé à son élaboration. Il n'y a pas de solution miracle." Une feuille de route pour arrêter la déforestation a par ailleurs été annoncée par la présidence de la COP, samedi.
Une meilleure prise en compte des peuples autochtones
C'est l'image qui restera de la COP30. Des dizaines de représentants des peuples autochtones ont bloqué pacifiquement l'entrée de la conférence de l'ONU, samedi 15 novembre. "Nous espérons que les dirigeants mondiaux réunis à la COP30 prendront en considération notre existence et respecteront nos droits", ont notamment réclamé les membres du peuple desMunduruku.
Réunis samedi 22 novembre, les pays du monde entier ont signé en faveur d'une reconnaissance "des droits des peuples autochtones, ainsi que leurs droits fonciers, et leurs savoirs traditionnels", et souligné leur "rôle important et [leur] engagement". Lors de la clôture du sommet des Peuples, organisés en marge de la COP30, dimanche 16 novembre, le gouvernement brésilien a annoncé que plus de démarcations– et donc de protection – de leur territoires seraient actées dans l'année à venir. La démarcation est une étape intermédiaire dans le processus de reconnaissance des terres appartenant aux autochtones, qui obtiennent le statut de réserves inviolables et protégées après homologation par le président. De nouveaux territoires ont déjà été délimités dans sept Etats du pays, au bénéfice des peuples munduruku, tupinamba, guarani-kaiwa et pataxo notamment, selon un communiqué de l'exécutif brésilien.
Des engagements pour diminuer les émissions de méthane
Invisible, inodore, mais très nocif… Plusieurs engagements ont vu le jour durant la COP30 concernant le méthane. Généré par les bovins et les rizières et par les fuites de gaz fossile dans les gazoducs et les installations gazières, il est le deuxième plus important gaz à effet de serre après le CO2. Sept pays, dont la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni et le Canada, se sont engagés à réduire presque à zéro leurs émissions de méthane liées aux énergies fossiles, "le moyen le plus rapide de ralentir le réchauffement climatique" selon une déclaration commune.
Egalement à l'occasion de la COP30, le Brésil et le Royaume-Uni ont lancé un programme de trois ans visant à réduire les émissions desuper-polluants dans les pays éligibles à l'aide publique au développement, visant à enrôler 30 pays d'ici à 2030 en mobilisant 150 millions de dollars. Enfin, deux organisations, le Global Methane Hub et le Global Green Growth Institute ont annoncé un partenariat pour accélérer la réduction des émissions de méthane dans les pays en développement, avec l'espoir de mobiliser 400 millions de dollars.
Une déclaration pour accélérer la transition vers des carburants durables
Les dirigeants de 19 pays, dont le Brésil, le Canada et le Japon, ont adopté une déclaration visant à accélérer la transition vers les carburants durables, et ainsi s'éloigner de la dépendance persistante au gaz et au pétrole. Concrètement, l'objectif annoncé est de multiplier par quatre l'utilisation des carburants durables d'ici 2035, par rapport à 2024, en passant notamment par une utilisation plus importante de l'hydrogène, des biogaz et des biocarburants.
Retour sur ce qu'on en disait avant le coup de marteau
Au Brésil, la COP30 passe aux prolongations, très incertaine sur son issue
par Géraud Bosman-Delzons
RFI - 22 nov 2025
Arrivée sans accord à son terme officiel, vendredi 21 novembre à Belém, la COP30 se poursuit ce samedi. Mais rien n’indique à ce stade que les États du monde parviendront à se quitter avec de nouveaux engagements significatifs pour lutter contre le réchauffement climatique. Le texte est « inacceptable » sans mention des combustibles fossiles, ont dénoncé avec force de nombreux États, l’Union européenne en tête.
La COP30, censée s’achever ce vendredi soir, était encore « loin du compte » selon les mots de la ministre française de la Transition écologique Monique Barbut. Ce serait un camouflet pour le président Lula si la COP de l’Amazonie s’achevait sans aucune référence à la protection des forêts dans l’accord principal, ni mention de la sortie, même progressive, des combustibles fossiles. A deux reprises, le 6 novembre à l’ouverture du sommet des chefs d’Etat, et de nouveau mercredi 19 novembre avant de s’envoler pour le G20, le chef de l’Etat a lancé un appel en faveur d’une feuille de route de sortie des énergies fossiles. « Un message fort » et « clair » aux yeux de nombreux observateurs.
Mercredi, il se félicitait devant la presse, peut-être prématurément, d’une COP réussie. Quelques heures plus tard, un pavillon pays s’enflammait, des images spectaculaires qui ont fait le tour du monde. L’oracle d’un fiasco ? La journée de ce samedi le dira, mais l’ambiance semblait délétère. Vendredi après-midi, la présidence a dû suspendre une réunion informelle d'un panel d’Etats tant elle était agitée, selon les informations de RFI.
La COP aurait dû s’achever vendredi soir. A la place, une nouvelle session plénière était prévue dans la soirée. « On connait les obstacles quand il faut mettre les mots en pratique, a déclaré le président de la COP30, André Correa do Lago, dans l’après-midi. Face aux Etats, son sourire détendu habituel a laissé la place à un air soucieux : « On sait aussi combien il est difficile d’atteindre le consensus. Mais il ne faut pas oublier que ce même consensus, qui peut parfois exaspérer, est aussi la force de ce régime » de l’Accord de Paris.
L’UE vent debout
Ce dernier est soumis à rude épreuve depuis que, vendredi matin à l’aube, la présidence brésilienne du sommet, qui se tient à Belém depuis lundi 10 novembre, a mis un deuxième projet d’accord sur la table. « Faible » fut le mot de toute cette journée pour le qualifier. Il était dans la bouche des Etats souhaitant plus d’efforts collectifs pour baisser les émissions comme dans celle des nombreux experts de la société civile qui suivent les négociations. Faible pour sur le sujet de l’adaptation, plus faible sur l’article 9.1 relatif au soutien financier public du Nord vers le Sud, et des références complètement absentes sur les deux grandes sources d’émissions de CO2, les énergies fossiles et la déforestation…
Ce résultat encore provisoire a déclenché l’ire des Etats favorables à une transition énergétique du monde pour se passer du charbon, du pétrole et du gaz, responsable de 80 % du réchauffement mondial et toujours plus concentrés dans l’atmosphère. Ils étaient pourtant présents dans une option du premier brouillon.
« Ce qui est actuellement sur la table est inacceptable », a tempêté le Commissaire européen au Climat, Wopke Hoestra. « C'est malheureux à dire, mais nous sommes vraiment face à un scénario sans accord ». « C’est un texte vide » sur l’ambition climatique, a réagi la ministre française de la Transition écologique Monique Barbut, il n’y a « rien sur les fossiles fuels (sic). » « On est à Belém, on est en plein cœur de l’Amazonie, même le mot déforestation n’est pas utilisé dans ce texte ! » En l’état, ce texte doit être « repris et amélioré », a-t-elle insisté, laissant elle aussi entendre la possibilité d’une COP sans accord.
L’UE pose deux conditions préalables à une signature: une « mention », a minima, de la responsabilité des fossiles dans le réchauffement climatique et que le passage sur les Contributions déterminées au niveau national [NDC, les plans climat des pays, NDLR] soit renforcé. Les NDC sont l’étalon-mètre des efforts volontaires consentis par les Etats pour ralentir le réchauffement. Elles sont loin d’être alignées sur la bonne trajectoire et conduisent le monde à un réchauffement d’environ 2,5°C. « On est les seuls à avoir été aussi loin dans nos obligations climatiques européennes » à horizon 2040, remarquant que l’Australie et le Canada ne sont pas aussi engagés.
C’est aussi l’impératif pour céder sur le volet financier, cheval de bataille du Sud, en particulier sur l’adaptation. Ce parent pauvre de la finance climatique est indispensable aux pays les plus vulnérables, souvent endettés, qui peinent à se préparer aux effets du climat. Ils souhaitent qu’un montant de 120 milliards de dollars soit écrit noir sur blanc dans le texte final. Ce nombre correspond au triplement du doublement de la somme promise à Glasgow en 2021, mais jamais versés. Dans le cas contraire, ils n’accepteraient pas le document sur l'Objectif mondial d'adaptation qui doit être scellé, ce qui compromet le résultat global.
Mais les Vingt-Sept, en proie à des contextes budgétaires et socio-politiques tendus et aggravés par la guerre en Ukraine, ne veulent pas entendre parler d'objectif chiffré. Les aides publiques aides au développement et au climat ont massivement diminué de la part du Nord industrialisé, notamment depuis le retour de Donald Trump. 3e émettrice historique, l'UE est co-détentrice avec les pays industrialisés depuis le XIXe siècle d’une forme de dette climatique à ce titre vis-à-vis de la majorité des pays du monde. Pays qui sont censés « partager le fardeau » selon les termes de l’Accord de Paris, en finançant la transition et la prévention et la réparation des dégâts.
L’UE pousse pour une révision de la liste des pays contributeurs à l’effort financier. Autrement dit, que la Chine, 2e puissance économique et ou encore les Etats pétroliers mettent désormais la main au portefeuille – ils sont considérés comme pays en développement depuis 1992 dans l’Annexe 1 de l’Accord de Paris.
Une conférence internationale sur la sortie des fossiles
Comme il y a deux ans à Dubaï, les énergies fossiles sont revenues au centre des tensions. Elles n’étaient pourtant pas à l’agenda officiel de cette COP30. « Depuis que Lula en a parlé, ça a mis une pression particulière sur ce sujet-là, que le Brésil initialement ne voulait pas mettre sur la table », note Sébastien Treyer, directeur de du cercle de réflexion Iddri.
La Colombie, pays-clé et l’un des plus ambitieux sur le plan climatique et environnemental, a pris la tête d’une coalition de plus de 80 pays qui réclame qu’une référence à une « feuille de route claire, juste et équitable » de sortie des fossiles soit inscrite dans le texte. « Cette COP ne peut s’achever » sans cela, a déclaré Irene Vélez Torres, ministre de l’Environnement colombienne, sous un tonnerre d’applaudissements. « Une feuille de route qui guide non pas symboliquement mais concrètement nos efforts collectifs. »
Elle a ensuite listé les 23 premiers pays à rejoindre la "Déclaration de Belém" (...). Cette initiative prise en marge des négociations associe la sortie des trois combustibles à une forte exigence socio-économique au profit des « travailleurs et des communautés vulnérables dans les pays dépendant des énergies fossiles ». La Colombie co-organisera avec les Pays-Bas une conférence internationale sur « une sortie progressive et juste des énergies fossiles », à Santa Marta, le 28 et 29 avril 2026. Dans une prise de parole véhémente, l’envoyé spécial du Panama, Juan Carlos Monterrey, a clamé que « le texte actuel trahit l'Amazonie, trahit la science, trahit la justice et trahit les personnes » et que « ne pas faire de la crise climatique un compromis, c'est du déni », entre autres propos.
Les îles Marshall, Tuvalu et Vanuatu ont quant à elles rappelé que l’objectif de limiter le réchauffement maximal à 1,5°C est une question de survie pour leur territoire. Tuvalu est l’Etat qui a porté la procédure juridique qui a abouti à l’avis de la Cour internationale de justice (CIJ) cet été, lequel rend obligatoire pour les Etats de combattre le réchauffement climatique. A l’origine de cette longue procédure, une association des Etudiants du Pacifique contre le changement climatique. Vishal Prasad, son directeur de campagne, se dit « déçu » par le texte sur la table, « en complète déconnection de la science et de la loi (…) Il ne reconnait même pas la cible de 1,5°C comme premier objectif légal reconnu par la CIJ. Il faut corriger la trajectoire », plaide-t-il.
Mais pour Sébastien Treyer, « la mention des énergies fossiles n’est pas l’indicateur indispensable du succès ». Il rappelle par ailleurs qu'elles sont aussi considérées comme une source de revenus pour des pays aspirant au développement (Afrique, Amérique latine) qui ont découvert des hydrocarbures sur leur territoire. Lesquels sont peu enclins à rejoindre ce genre d'initiatives. « Ce serait difficile de demander tous les ans à un pays africain ce qu'il fait pour sortir des énergies fossiles alors que pendant ce temps-là, la Norvège, le Royaume-Uni ou les Etats-Unis continuent. C'est aux pays du G20 qui ont beaucoup consommé leur budget carbone à réduire leur budget fossile. Ce n'est pas forcément le Nigeria, même gros producteur de pétrole, qui doit être le premier à agir. »
La Chine, une diplomatie climatique en évolution
Les doigts pointent dans plusieurs directions pour désigner les grands acteurs bloquants. Inde, Russie, pays du Golfe… aucun mystère, ils sont même nommément cités par la ministre française. S’ils ont cédé lors de la COP28 aux Emirats arabes unis avec cette mention historique des fossiles dans un texte climatique, rien ne dit qu’ils feront à nouveau preuve de souplesse cette fois. Ces pays ne s’expriment jamais auprès des médias occidentaux.
La place de la Chine, elle, est plus mouvante depuis qu’elle fait la course en tête de la transition "verte". « La Chine s’est publiquement déclarée pour la collaboration multilatérale. Mais, de manière informelle, elle est l’un des pays qui opposent une forte opposition à une feuille de route sur la sortie progressive des fossiles, même si elle a accepté le langage de Dubaï, il y a deux ans sur cette transition, analyse Alden Meyer, co-fondateur du Réseau Action Climat international, vétéran des COP et analyste à E3G, un think tank américain. La Chine doit prendre le leadership, avec l’Union européenne et avec le Brésil si on veut finir dans les prochaines heures ».
Toutefois, son ouverture au dialogue, qui tranche avec le passé, est noté par différents observateurs. Li Shuo, expert à l’Asia Society Policy Institute, décrypte au micro de Yang Mei (rédaction sinophone de RFI) ainsi la position chinoise: « Le groupe des pays émergents, duquel la Chine fait partie, n’est pas favorable » à cette feuille de route, commence-t-il par dire. Mais en tant que pays, elle est en train de « réajuster sa position ». « La réalité est simple: la Chine est maintenant le plus grand producteur de biens et de produits bas-carbone. C’est dans l’intérêt politique et économique de long-terme de tout le monde faire la transition des fossiles aux renouvelables. La Chine devrait embrasser une attitude pro-active et soutenir l’idée d’une feuille de route des énergies fossiles ».
En l’absence des Etats-Unis, avec une Europe affaiblie par ses divisions sur les sujets climatiques, l’Empire du milieu aurait pu occuper l’espace laissé vide dans le leadership des COP. Elle reste distante, et tire son pouvoir diplomatique sa nouvelle économie de l'énergie. Pour Li Shuo, il y a deux priorités de la Chine à cette COP: « la première est de soutenir le processus le processus de négociations et le multilatéralisme climatiques. Ca sonne très modeste, mais c’est à regarder dans le contexte de tensions géopolitiques. La seconde priorité, c’est de conduire l’agenda commercial. La Chine produit 80 % des panneaux solaires et si les autres pays ne veulent pas leur acheter, comment est-ce que cela ne pourrait pas retarder l’action climatique ? La Chine ici veut s’assurer qu’il y a une prise de conscience » des conséquences néfastes de « l’augmentation du protectionnisme sur l’action climatique mondiale ».
L’expert fait référence au Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières de l’UE (MACF), qui est devenu la grande pierre d’achoppement entre les deux puissances dans ces tractations. Prévu pour 2026, il instaure une taxe qui est perçue, par les Etats émergents, comme du protectionnisme sous couvert d’une politique décarbonation des produits importés. Bruxelles s’en défend, mais la Chine – suivie par d’autres pays en développement – attend un assouplissement de la part de l’UE. Cette question, davantage commerciale que climatique, est devenue une monnaie d’échange durant cette COP30.
Le même bateau
La méthode de la présidence de la COP30 est également questionnée sur cette dernière ligne droite. « Tout le monde a une responsabilité à la fin. Si la présidence de la COP avait eu 150 pays pour lui dire il faut sortir des fossiles, elle aurait mis quelque chose » dans le texte, estime la ministre Monique Barbu. « Mais c’est vrai qu’on a l’impression que ça suit plus une certaine ligne qu’une autre ».
« Il faut que la présidence arrête sa diplomatie des va-et-vients avec des pays et des groupes de pays », pointe Alden Meyer, et que les dirigeants se mettent face à face dans une pièce à l’opposé du « bon travail réalisé lors des consultations sur les sujets délicats la semaine dernière. Ils avaient été transparents ». « Cette présidence est ouverte et transparente », s’est défendu André Correa do Lago. « On a montré ce que veut dire accélérer la mise en œuvre ». « Ne nous quittons pas avant d’avoir trouvé un accord », a-t-il exhorté.
En déplacement en Afrique du Sud pour le G20, « le président Lula doit parler aux dirigeants » à Johannesbourg et « les implorer de soutenir ce processus avec un texte fort », exhorte Alden Meyer. « Il faut sortir de cette culture du doigt pointé entre les uns et les autres. On est tous dans le même bateau, les gars, et on coule ensemble. » Et de conclure avec les mots de Nelson Mandela: « Cela semble toujours impossible jusqu’à ce qu’on le fasse ».
Climat: L'UE face aux pays pétroliers et émergents, la COP30 dans l'impasse
AFP, TV5 Monde - 22 nov 2025
Belém (Brésil)– La conférence de l'ONU sur le climat à Belém est entrée en prolongation samedi, avec un face-à-face entre Union européenne d'un côté et des pays pétroliers et émergents de l'autre, en désaccord frontal. Les négociations se sont poursuivies dans la nuit de vendredi à samedi, alors que la COP30 devait s'achever vendredi soir, après deux semaines de travaux.
Où en est-on au petit matin ? "Nulle part", répond la ministre française de la Transition écologique, Monique Barbut, en arrivant à une réunion avec les Vingt-Sept tôt samedi. De nombreux négociateurs n'ont pas dormi de la nuit, alors que des parties du site àBelem commencent à être démontées. Que doit dire la déclaration finale de cette COP30 ? La question divise les délégations venues jusqu'en Amazonie. (...)
Pour les Européens, l'avenir passe obligatoirement par un message pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et les énergies fossiles. Celles-ci sont responsables de la grande majorité du réchauffement. Des pays comme la Chine, la Russie, l'Arabie saoudite ou l'Inde sont désignés par la France comme menant le camp du refus. Mais une partie du monde en développement ne soutient pas non plus la bataille contre les fossiles. Ils expliquent que de nombreuses économies, pauvres ou émergentes, n'ont pas à l'heure actuelle les moyens d'une transition vers une consommation et une croissance moins denses en carbone, ou tout simplement de s'adapter à un climat déréglé. Ils réclament des pays les plus riches des engagements financiers supplémentaires pour aider les nations qui le sont moins.
Européens "isolés"
La présidence brésilienne de la conférence a consulté tout le monde vendredi sur une proposition d'accord qui ne contient plus le mot "fossiles". Et encore moins la création d'une "feuille de route" sur la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, réclamée par au moins 80 pays européens, latino-américains ou insulaires, et soutenue par le président brésilien Lula lui-même.
L'Union européenne a évoqué vendredi la perspective de partir "sans accord". Ce serait un échec retentissant pour l'hôte, le Brésil, et pour une conférence organisée dans l'une des régions emblématiques des questions environnementales posées à la planète, l'Amazonie. Mais cela pose un dilemme. Les Européens se retrouvent "isolés" dans leur refus du texte, selon une délégation d'un des 27. Ils hésitent sur l'attitude à adopter: claquer la porte pour marquer la gravité de la situation, ou chercher encore une conciliation par "peur (...) d'endosser la responsabilité" de l'échec du sommet.
Le projet d'accord de la présidence brésilienne demande des "efforts" pour tripler les financements pour l'adaptation des pays pauvres au changement climatique. Or les État appelés à contribuer appelés sont réticents, un an après une COP29, à Bakou, qui les a déjà engagés sur dix ans. "Concentrons-nous sur l'essentiel: l'accès à l'énergie pour les plus pauvres, la sécurité énergétique pour tous et la durabilité énergétique pour la planète", dit à l'AFP l'Indien Arunabha Ghosh, émissaire de la COP30 pour l'Asie du Sud.
"Nous mettre d'accord"
Selon plusieurs observateurs et délégués interrogés par l'AFP, les débats se concentrent sur des modifications à la marge des trois principaux points de friction: l'ambition de réduction des énergies fossiles, l'aide financière due par les pays développés, et les tensions commerciales sur les taxes carbone aux frontières. "Ceux qui doutent que la coopération soit la meilleure chose à faire pour le climat seront absolument ravis de voir qu'on n'arrive pas à nous mettre d'accord", lançait le président de la COP30, le diplomate André Corrêa do Lago.
L'idée d'une "feuille de route" pour accélérer la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, est née de la frustration face au manque de concrétisation de l'engagement à leur abandon progressif pris à la COP28 il y a deux ans. Peu comptaient sur le retour de cette question au menu, jusqu'à ce que le président brésilien la remette au centre du jeu au début du sommet. Premier producteur de pétrole au monde, les États-Unis sont eux-mêmes absents de cette COP30, le président Donald Trump jugeant ces négociations inutiles.
La COP30 entre en prolongation, engluée dans le sujet des énergies fossiles
AFP, France24 - 22 nov 2025
Fin de COP30 imminente en vue sans pour autant de compromis à l'horizon. Alors que les négociations climatiques au Brésil entre près de 200 pays sont entrées vendredi 21 décembre en prolongation après deux semaines de négociations, la question des énergies fossiles – pétrole, gaz et charbon – ne fait toujours pas consensus. Au point que l'Union européenne, sommée de donner des gages aux pays en développement, évoque ouvertement la perspective de quitter Belem "sans accord", ce qui serait un échec humiliant pour le Brésil et cette première conférence climatique de l'ONU en Amazonie. (...)
Le projet d'accord demande des "efforts" pour tripler les financements pour l'adaptation au changement climatique dans les pays pauvres, mais les pays riches sont réticents à remettre la main au portefeuille après une COP29 qui les a engagés sur 10 ans. Pour la ministre colombienne de l'Environnement Irene Velez Torres, (...) "Ceux qui doutent que la coopération soit la meilleure chose à faire pour le climat seront absolument ravis de voir qu'on n'arrive pas à nous mettre d'accord", a plaidé le président de la COP30, André Correa do Lago. (...)
L'idée d'une "feuille de route" pour accélérer la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, largement responsables du réchauffement climatique, est née de la frustration face au manque de concrétisation de l'engagement à leur abandon progressif pris à la COP28 il y a deux ans. Dans une année géopolitique mouvementée, avec de nombreux pays occidentaux se détournant politiquement du climat, peu comptaient sur le retour de cette question à l'ordre du jour. Mais le président brésilien Lula l'a relancée au début du sommet, et encore remise au centre du jeu lors de sa visite mercredi, dopant le camp anti-pétrole. Aucune COP n'a terminé à l'heure depuis 2003, et il est désormais inévitable que celle de Belem se prolonge dans la nuit de vendredi à samedi.
Les nations s’opposent sur les énergies fossiles à la COP30 en Amazonie
AFP, Radio Canada - 21 nov 2025
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2208937/nations-opposes-energies-fossiles-cop30-amazonie
Retardées par un incendie, les chaotiques négociations climatiques de la COP30 entre près de 200 pays sont entrées vendredi dans leur dernier jour dans l'Amazonie brésilienne, sans consensus en vue entre des camps qui restent très opposés sur les énergies fossiles.
La présidence brésilienne de la 30e conférence de l'ONU sur le changement climatique, qui se tient à Belém depuis la semaine dernière, a mis sur la table, au dernier jour de la conférence internationale sur le climat, un projet de texte avec une grande omission: il ne contient pas le mot "fossiles", et encore moins la création de la feuille de route réclamée par au moins 80 pays européens, latino-américains ou insulaires. (...) Le projet a immédiatement été rejeté par des ONG. C'est comme une page blanche, il y a si peu pour combler le manque d'ambition pour en rester à 1,5°C de réchauffement, ou pousser les pays à accélérer l'action, a réagi Tracy Carty de Greenpeace. Il est extrêmement décevant, selon WWF.
La Chine, l'Inde, l'Arabie saoudite, le Nigeria et la Russie se sont fermement opposés à toute feuille de route, selon un négociateur sous couvert d'anonymat. Dans la nuit, une trentaine de pays, dont la France, l'Allemagne et la Colombie, avaient jugé cela inacceptable et menacé de bloquer le projet, dans une lettre adressée au président de la conférence, André Correa do Lago. "Nous ne pouvons pas soutenir un texte qui n'inclue pas de feuille de route pour une transition juste, ordonnée et équitable vers la sortie des combustibles fossiles", ont-ils écrit. (...)
COP30: Le Brésil met la pression avec une première esquisse de compromis
AFP, Sciences & Avenir - 18nov 225
(...) Le texte est baptisé "Mutirão mondiale", en référence à un mot autochtone qui désigne une communauté qui se rassemble pour travailler ensemble sur une tâche commune. Publié inhabituellement tôt dans la semaine, par rapport aux habitudes des COP, il est vu comme la base d'un possible compromis entre les ministres, qui pourrait alors représenter le principal résultat de la COP. (...)
Le projet de compromis comporte de nombreuses options contradictoires, si bien qu'il devra encore être considérablement affiné avant tout accord entre les quelque 200 nations présentes à la conférence. (...) Le texte laisse présager une bataille pour arracher des concessions mutuelles entre les blocs de pays sur l'aide financière ou sur le niveau d'ambition pour la réduction des GES, et sur les énergies fossiles.
Plusieurs options font en effet allusion à la transition vers une sortie des énergies fossiles, point qui oppose pays producteurs et les dizaines de nations qui souhaitent une "feuille de route" pour en sortir. (...) Le texte suggère de tripler les financements des pays riches vers les plus pauvres pour leur adaptation au changement climatique, d'ici 2030 ou 2035, ce qui correspond à une demande des pays du Sud. Sans décision financière sur l'adaptation "tout ce dont on discute ici n'est que symbolique", juge Lina Yassin, chercheuse et déléguée du Soudan. "On repartira à la maison et demain rien n'aura changé".