Le Monde d'Antigone

Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
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Rassembler des foules sous un même drapeau
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Date de création : 10.03.2011
Dernière mise à jour : 08.09.2025
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Irlande du Nord: La peur de l’Autre revue au goût du jour

Publié le 22/07/2025 à 00:08 par monde-antigone

 

Retour sur les émeutes anti-immigrés qui se sont produites en Irlande du Nord à la mi-juin. et que le traitement médiatique de la guerre "des 12 jours" entre Israël et l'Iran a très largement éclipsées.

Depuis, les attaques contre les immigrés n'ont pas cessé. La dernière en date dans l'Essex, dans un hôtel hébergeant des demandeurs d'asile. On n'en a pas davantage parlé.

Dans l'Euro féminin de football qui se dispute en ce moment en Suisse, une joueuse anglaise, Noire et homosexuelle, est la cible de commentaires racistes sur les réseaux sociaux. Là, c'est devenu une affaire d'Etat.. Le Premier ministre et premier supporter des Lionnes s'en est mêlé, apportant son soutien à la joueuse... et puis c'est tout.

Pendant ce temps, le parti xénophobe de Nigel Farage monte dans les sondages.

 

Émeutes anti-migrants en Irlande du Nord: La peur de l’Autre revue au goût du jour

par Ali Watkins

The New York Times, rapporté par La Presse - 18jul 2025

https://www.lapresse.ca/international/europe/2025-07-18/emeutes-antimigrants-en-irlande-du-nord/la-peur-de-l-autre-revue-au-gout-du-jour.php

 

Ballymena (Irlande du nord) - Des mannequins représentant des migrants dans une chaloupe juchée sur un bûcher. Des maisons incendiées lors d’émeutes. Des familles déplacées fuyant la foule en colère qui leur lance des cocktails Molotov. Ces violences contre la vague migratoire sont survenues lors des cinq dernières semaines en Irlande du Nord. Ces images rappellent des moments sombres de l’histoire de ce territoire, où le feu a souvent servi à intimider et chasser ceux qu’on considérait comme l’Autre.

La récente flambée de violence n’a toutefois pas la même cible que les attaques sectaires qui ont marqué cette région pendant les Troubles. Ce conflit, qui a duré des décennies, opposait les loyalistes protestants, qui voulaient que l’Irlande du Nord demeure une partie intégrante du Royaume-Uni, et les nationalistes catholiques irlandais, qui voulaient qu’elle soit unie à la République d’Irlande. Mais la violence porte le même message: « Vous n’êtes pas les bienvenus. Si vous ne partez pas, nous vous chasserons ».

Selon Duncan Morrow, professeur de science politique à l’Université d’Ulster à Belfast, le nationalisme territorial demeure très fort en Irlande du Nord et est porté par des groupes armés. « La société nord-irlandaises’embrase très rapidement, c’est une partie intégrante de son organisation ». La ville de Ballymena, à environ 50 km de Belfast, est parfois appelée la "boucle" de la Bible Belt protestante d’Irlande du Nord.

Les dernières violences ont éclaté après que deux adolescents, qui ont demandé l’aide d’un interprète roumain en cour selon la BBC, âgés de 14 ans, ont été accusés de tentative de viol sur une jeune fille de la région le 7 juin. Ils ont nié ces accusations. La nuit suivant leur comparution, une veillée pacifique organisée à la mémoire de la jeune fille à Ballymena a dégénéré en émeute visant les membres de la communauté rom du quartier. Les violences ont duré 6 nuits consécutives dans la région. À la suite des attaques, 21 familles ont été mises en sécurité dans des logements temporaires, selon les autorités d’Irlande du Nord.

[On aurait tort de voir dans les violences une préoccupation pour la sécurité des femmes, explique The Guardian, le 14 juin:

« Les émeutes de Ballymena sont une manifestation de racisme, un point c'est tout. ... L'Irlande du Nord n'a jamais été un lieu sûr pour les femmes. Des générations de femmes ont dû porter seules tout le poids des "problèmes", gérer le ménage et élever les enfants avec des maris absents. Des centaines de femmes ont été assassinées dans ce conflit. Pendant les négociations de paix qui ont abouti à l'Accord du Vendredi saint, le parti Women's Coalition avait qualifié ces 30 années de conflit de "patriarcat armé". L'Irlande du Nord ne met pas sur un piédestal les femmes et les filles. ... En 5 ans, 25 femmes ont été tuées, la plupart d'entre elles par des hommes blancs d'Irlande du Nord »].

Les braises du sectarisme

La grande majorité des Nord-Irlandais ne cautionnent pas la violence. Néanmoins, les scènes récentes rappellent que les braises du sectarisme couvent toujours dans cette région. Non loin des façades calcinées des maisons de Ballymena se trouve l’ancien site d’une école primaire catholique, incendiée en 2005 lors d’une attaque qualifiée de sectaire par la police. À proximité, l’église catholique Notre-Dame-de-Harryville, aujourd’hui démolie, a été la cible d’incendies criminels avant et après l’accord du Vendredi saint, le traité de paix de 1998 qui a mis fin aux Troubles.

Ces dernières années, l’arrivée d’immigrants a provoqué de l’hostilité tant en Irlande du Nord (la région la moins diversifiée du Royaume-Uni) qu’en République d’Irlande. Sur cette île d’où on a émigré en masse pendant des siècles, ce changement démographique est très visible, surtout dans les quartiers ouvriers pauvres où s’installent de nombreuses familles immigrantes. « Sur le terrain, la situation ressemble un peu à 1969, lorsque des catholiques avaient été jetés à la rue », explique Dominic Bryan, professeur à l’Université Queens de Belfast, qui étudie les conflits. En août 1969, des foules loyalistes avaient attaqué et incendié des maisons de catholiques à Belfast et à Derry, forçant des milliers de familles à fuir. Aujourd’hui, selon M. Bryan, ce sont les familles immigrantes qui sont ciblées dans l’espace public très homogène du Nord. « Elles sont très exposées », dit-il.

De plus, des éléments criminels ou paramilitaires exacerbent la situation. Ballymena reste un foyer de dissidents et de paramilitaires loyalistes, dont certains se sont regroupés en bandes criminelles. Des procès révèlent aussi que, selon la police, la ville sert de base à un gang roumain impliqué dans le trafic de drogue et la prostitution. La police accuse depuis longtemps les paramilitaires loyalistes de fomenter des troubles. L’été dernier, les autorités les ont accusés d’avoir encouragé les violences anti-immigrants qui ont éclaté aussi bien en République d’Irlande qu’en Irlande du Nord. Les incendies criminels de juin ne sont pas attribués aux gangs loyalistes, mais la police d’Irlande du Nord affirme enquêter sur d’éventuels liens. Selon les experts, une grande partie des troubles récents ont été organisés en ligne, où certaines factions loyalistes ont adopté ces dernières années un discours d’extrême droite et anti-immigrants.

On voyait deux messages le 10 juillet (commémoration annuelle loyaliste de la victoire [Bataille de la Boyne en 1690, ça ne nous rajeunit pas] d’un roi protestant [Guillaume III d'Orange-Nassau] sur un roi catholique [Jacques II d'Angleterre]) sur le bûcher de jeudi dernier, au sommet duquel on a brûlé un bateau et des mannequins représentant des migrants. Deux banderoles proclamaient "Stoppez les bateaux" et "Les anciens combattants avant les réfugiés". Ce sentiment identitaire a toujours trouvé un écho à Ballymena, terre natale d’Ian Paisley, le prédicateur protestant radical qui a façonné l’approche intransigeante de l’unionisme, le mouvement pour le maintien de l’Irlande du Nord dans le Royaume-Uni.

Depuis l’accord de paix, les groupes paramilitaires se sont retranchés dans des coins plus isolés, mais ont conservé une influence culturelle et sociale, surtout chez les jeunes défavorisés. Le mois dernier, arpenter les rues de Clonavon Terrace à Ballymena, à la frontière entre les quartiers traditionnellement protestants et catholiques, était comme remonter le temps en Irlande du Nord. On voyait partout des drapeaux britanniques et des drapeaux rouges et blancs de l’Ulster, accrochés aux portes et aux fenêtres. La méfiance envers les étrangers était palpable lors des émeutes du 11 juin à Ballymena et le lendemain à Portadown, où des manifestants ont exigé les cartes de presse des journalistes et ont interpellé des inconnus sur leurs opinions politiques.

À Portadown, une manifestation pacifique s’est lentement dispersée, mais les spectateurs sont restés sur place, s’attendant à des violences. Comme prévu, de petits groupes de jeunes masqués ont commencé à lancer des briques sur les nombreux policiers présents. Plus tôt, un homme vêtu d’une chemise impeccablement repassée et d’un trench-coat sombre observait la foule. « L’immigration incontrôlée et, bien sûr, l’immigration illégale sont très préoccupantes », a-t-il dit. Il s’agissait de Jonathan Buckley, membre de l’Assemblée du Parti unioniste démocrate de Portadown. Mais, a-t-il ajouté, « la violence est totalement inacceptable ».

 

Royaume-Uni: Une manifestation anti-migrants dispersée par la police

Associated Press, Africanews - 21 jul 2025

https://fr.africanews.com/2025/07/21/royaume-uni-une-manifestation-anti-migrants-dispersee-par-la-police/

 

Une ville de la banlieue de Londres a été secouée par des manifestants qui sont descendus dans un hôtel hébergeant des demandeurs d'asile pour la deuxième fois en 4 jours dans la nuit de dimanche à lundi, dans un contexte de colère à l'égard d'un migrant accusé d'agression sexuelle. La police de la ville d'Epping a déclaré avoir arrêté 6 personnes dimanche, dont 4 soupçonnées d'avoir participé à des "troubles violents" lors de la précédente manifestation, jeudi. Des agents ont patrouillé toute la nuit autour de l'hôtel Bell après avoir donné l'ordre à la foule de se disperser.

Plus d'une centaine de manifestants, dont certains brandissaient des drapeaux britanniques, se sont rassemblés devant l'hôtel dimanche soir en scandant "Sauvez nos enfants" et "Renvoyez-les chez eux". Les manifestations se sont intensifiées à la tombée de la nuit, des fusées éclairantes et des projectiles ayant été lancés en direction des fourgons de police qui bloquaient l'entrée. La police a escorté une contre-manifestante hors de la zone après que les manifestants l'aient encerclée. (...) Ces manifestations interviennent dans un contexte d'escalade des tensions liées au nombre croissant de demandeurs d'asile qui sont logés aux frais de l'État dans des hôtels à travers le pays. Ces tensions ont débouché sur des journées d'émeutes le mois dernier en Irlande du Nord, après l'arrestation de deux adolescents accusés d'agression sexuelle.

L'été dernier, de violentes manifestations anti-immigrés se sont propagées dans tout le Royaume-Uni après que des utilisateurs de médias sociaux ont diffusé des informations erronées sur l'identité de la personne qui a attaqué un cours de danse dans la ville de Southport, au nord-ouest du pays, tuant trois jeunes filles. L'agresseur était un jeune homme de 17 ans né au Royaume-Uni de parents rwandais, et non un demandeur d'asile comme l'avait prétendu la rumeur. Le Premier ministre Keir Starmer a condamné les émeutes de l'année dernière en les qualifiant de "violence d'extrême droite", tandis que la police intervenait pour mettre fin aux violences et accélérer la condamnation des personnes reconnues coupables d'y avoir participé.

Avant les manifestations de dimanche à Epping, la police locale a donné l'ordre d'obliger les manifestants à se découvrir le visage. Elle a ensuite ordonné aux manifestants de quitter les environs de l'hôtel. Cet ordre de dispersion est resté en vigueur jusqu'à 4h du matin lundi. La manifestation a eu lieu après que 8 policiers ont été blessés jeudi à la suite d'une manifestation pacifique devant l'hôtel qui a dégénéré en violence. La police a imputé ces violences à des personnes extérieures à la communauté qui "sont arrivées sur les lieux avec l'intention de semer le trouble". (...)

Les manifestations ont commencé après qu'un demandeur d'asile de 38 ans a été accusé d'agression sexuelle après avoir prétendument tenté d'embrasser une jeune fille de 14 ans. L'homme est détenu sans caution après sa première comparution devant le tribunal le 10 juillet. Il nie les accusations. "Nous ne prenons pas parti, nous arrêtons des criminels et nous avons le devoir de veiller à ce que personne ne soit blessé, tout simplement", a déclaré le surintendant principal Simon Anslow, de la police de l'Essex. "Je sais que les habitants de l'Essex savent de quoi nous parlons, et qu'ils ne croiront donc pas les propos injurieux qui circulent sur Internet et qui ne visent qu'à attiser les tensions et les troubles".

Le conseil du district d'Epping Forest, qui fournit les services publics locaux dans la région, a condamné la violence, mais a déclaré qu'il s'opposait depuis longtemps à la décision du gouvernement central d'utiliser l'hôtel Bell pour héberger des demandeurs d'asile. "Nous avons toujours fait part au ministère de l'Intérieur de notre inquiétude quant au fait que l'hôtel Bell n'est pas du tout adapté à cette installation et qu'il devrait être fermé", a déclaré Chris Whitbread, chef du conseil municipal, dans un communiqué publié la semaine dernière. "Nous continuons à faire pression sur les fonctionnaires du ministère de l'intérieur pour obtenir la fermeture immédiate du site et nous sommes encouragés par le fait que nos députés locaux soutiennent désormais activement notre demande".

 

Euro 2025: Les Anglaises s'insurgent contre le racisme subi par la joueuse Jess Carter

AFP, France24 - 21 jul 2025

https://www.france24.com/fr/sports/20250721-euro-2025-anglaises-s-insurgent-contre-racisme-subi-joueuse-jess-carter

 

Dans un communiqué publié dimanche 20 juillet sur X, à deux jours de sa demi-finale contre l'Italie, l'équipe d'Angleterre de football a décidé d'alerter sur les « attaques racistes » subies par l'une de ses joueuses, Jess Carter. « Il n'est pas acceptable que pendant que "nous représentons notre pays", certaines d'entre nous soit traitées différemment simplement à cause de leur couleur de peau », ont indiqué les Lionesses.

La défenseuse Jess Carter, 49 sélections, a expliqué sur Instagram qu'elle était « victime d'attaques racistes » sur les réseaux sociaux depuis le début de l'Euro. « Même si je pense que tous les supporters ont droit à leur opinion sur nos performances ou nos résultats, je ne suis pas d'accord et je ne pense pas qu'il soit acceptable de viser l'apparence ou la race de quelqu'un », a-t-elle ajouté, précisant qu'elle allait s'éloigner des réseaux pour se préserver des commentaires racistes.

La joueuse de 27 ans a entamé les quatre matches de l'Angleterre lors du tournoi, mais elle a connu des difficultés lors de la victoire en quarts de finale contre la Suède jeudi, les Lionnes ayant concédé deux buts en première mi-temps. « Je suis aux côtés de Jess et de toutes les Lionesses, passées et présentes, qui ont souffert du racisme », a déclaré sa sélectionneuse, la Néerlandaise Sarina Wiegman. Le patron de la fédération anglaise, Mark Bullingham, a annoncé pour sa part que son organisation avait « immédiatement contacté la police britannique » dès qu'elle avait eu connaissance de ces agissements en ligne et s'est engagé à faire en sorte que « les responsables de ce crime de haine soient jugés ».

Bien qu'elles aient pour habitude de s'agenouiller avant les matches – y compris leurs quatre matches disputés jusqu'à présent en Suisse, en guise de geste symbolique contre le racisme –, les Anglaises ont annoncé qu'elles ne le feraient pas lors de la demi-finale. « Il est clair que nous et le football devons trouver un autre moyen de lutter contre le racisme. Nous avons convenu, en tant qu'équipe, de rester debout avant le coup d'envoi », ont-elles écrit dans leur communiqué. « Ceux qui sont à l'origine de ce poison en ligne doivent être tenus responsables ».

Le Premier ministre britannique Keir Starmer a affiché son soutien à Jess Carter sur X. « Il n'y a pas de place pour le racisme dans le football ni nulle part dans la société », a-t-il dit. « Je soutiens Jess, les Lionnes et tous les joueurs qui ont été victimes de racisme, sur et en dehors du terrain ». L'UEFA, l'instance régissant le football européen, le Gotham FC, le club américain où évolue Jess Carter, et la Ligue nationale féminine de football ont également publié des messages de soutien envers la défenseuse.

Une autre internationale anglaise, l'attaquante Lauren James, avait été victime d'insultes racistes en ligne après une défaite de Chelsea en 2023. Les joueurs de l'équipe d'Angleterre Marcus RashfordBukayo Saka et Jadon Sancho ont été pris pour cible après la défaite en finale de l'Euro 2021 contre l'Italie.

 

EDIT (22 août 2025)

 

Royaume-Uni: Plus de 110 000 demandes d'asile sur un an, un record

RFI - 22 aot 2025

https://www.rfi.fr/fr/europe/20250822-royaume-uni-plus-de-110-000-demandes-d-asile-sur-un-an-un-record

 

Les autorités britanniques se préparent à un week-end sous tension, avec des manifestations prévues dans une dizaine de villes anglaises, devant des hôtels abritant des demandeurs d’asile. Ces rassemblements, encouragés par l’extrême droite de Nigel Farage, durent depuis début juillet. Les derniers chiffres du ministère de l’Intérieur apportent de mauvaises nouvelles au gouvernement: le nombre de demandeurs d’asile atteint un record. Plus de 111.000 personnes ont demandé l'asile au Royaume-Uni ces 12 derniers mois, un record historique, selon des chiffres officiels publiés jeudi 21 août. En hausse également, de 8 %, le nombre de ces demandeurs d’asile hébergés dans des hôtels, alors même que le gouvernement a promis de ne plus recourir à des établissements privés d'ici à 2029, précise notre correspondante à Londres, Emeline Vin.

Le ministère britannique de l'Intérieur a par ailleurs annoncé ce vendredi 22 août faire appel d'une décision de justice ordonnant à un hôtel de temporairement cesser d'héberger des demandeurs d'asile, une mesure qui pourrait faire des émules dans le pays. Mardi, la Haute Cour de justice a ordonné à un hôtel situé à Epping, au nord de Londres, de cesser temporairement d'héberger des demandeurs d'asile, après plusieurs manifestationsanti-immigration depuis juillet. Les migrants ont jusqu'au 12 septembre pour partir.

Cette décision, qui crée un précédent, est une épine dans le pied du gouvernement deKeirStarmer. Il a l'obligation légale de fournir un hébergement aux demandeurs d'asile pendant que leur dossier est en cours d'examen. Vendredi, le secrétaire d'État à la sécurité, Dan Jarvis, a annoncé que le gouvernement allait faire appel de cette décision. « Nous avons pris l'engagement de fermer tous les hôtels pour demandeurs d'asile (...) mais nous devons le faire de manière organisée et maîtrisée, a-t-il déclaré à la presse. C'est pourquoi nous allons faire appel de cette décision ». (...)

 

Royaume-Uni: 111 000 demandeurs d'asile enregistrés en un an, un record depuis plus de 20 ans

Info Migrants - 22 aot 2025

https://www.infomigrants.net/fr/post/66519/royaumeuni--111-000-demandeurs-dasile-enregistres-en-un-an-un-record-depuis-plus-de-vingt-ans

 

Les dernières statistiques publiées par le Home Office montrent une hausse du nombre de demandeurs d'asile enregistrés au Royaume-Uni et hébergés dans des hôtels aujourd'hui au cœur de manifestations hostiles. En parallèle, ces données du Home Office confirment que le gouvernement travailliste accélère le traitement des dossiers, coupe dans les dépenses de l'asile, et réduit le nombre d'autorisations de séjour délivrés par des voies légales et sûres.

C'est un niveau record depuis 2001: 111.000 demandeurs d'asile se sont enregistrés au Royaume-Uni entre juin 2024 et juin 2025. D'après les dernières données publiées par le Home Office, cela correspond à une augmentation de 14 % du nombre de demandeurs d'asile par rapport à l'année précédente. Tous ne sont pas arrivés de manière irrégulière. "La moitié des demandeurs d'asile sont arrivés par des voies irrégulières, tandis que 37 % des demandeurs étaient déjà arrivés au Royaume-Uni avec un visa", précise le Home Office. "Nous avons renforcé les contrôles des visas et de l'immigration au Royaume-Uni, réduit les coûts de l'asile et considérablement augmenté les contrôles et les retours", a réagi auprès de la presse britannique la ministre de l'Intérieur, Yvette Cooper, après la publication de ces chiffres. Les dépenses consacrées à l'asile ont en effet chuté de 12 %, passant de 5,38 Mds £ en 2023-2024 à 4,76 Mds £ en 2024-2025.

Légère hausse de personnes hébergées dans les hôtels

Dans les hôtels pour demandeurs d'asile, cibles de nombreuses manifestations xénophobes ces dernières semaines, le Home Office comptait 32.059 personnes hébergées, en cette fin du mois de juin. Là encore, il s'agit d'une augmentation de 8 % par rapport à la même période il y a un an. Cependant, ce nombre est légèrement inférieur à celui du trimestre précédent et il reste bien en deçà du pic de 56.042 demandeurs d'asile hébergés dans des hôtels que le Royaume-Uni a connu en septembre 2023, relativise la BBC.

Malgré l'augmentation du nombre de demandeurs d'asile, le traitement de leurs dossiers est devenu plus expéditif. En effet, le nombre de personnes en attente d'une décision initiale est en baisse. Elles sont 90.812 selon le Home Office, soit une importante baisse de 24 % par rapport à l'an dernier. Pour ceux qui, au bout du compte, sont déboutés de l'asile, le gouvernement travailliste cherche aussi à rendre plus efficaces les procédures d'expulsion. Après l’Albanie et le Vietnam, le gouvernement deKeirStarmer a annoncé un nouvel accord avec l'Irak, mercredi 20 août, pour faciliter les renvois des Irakiens sans droit au séjour. L'opposition dénonce cependant un accord "dérisoire" au vu de la baisse du nombre d'Irakiens arrivant au Royaume-Uni par "smallboats". Reste que cet accord est présenté par l'Intérieur britannique comme la dernière mesure en date visant à freiner les arrivées de "smallboats" par la Manche. Et ce, deux semaines après l'entrée en vigueur de l'accord d'échange avec la France, dit "un pour un", visant à renvoyer un certain nombre d'exilés ayant traversé la Manche.

27 % d'arrivées irrégulières en plus

Malgré cette communication constante contre les arrivées irrégulières de personnes migrantes, celles-ci sont en hausse. Le Home Office en enregistre 49.000 sur la période juin 2024-juin 2025, soit une hausse de 27 % par rapport à l'année précédente. Pour rappel, ces arrivées peuvent se faire par voie maritime, terrestre ou aérienne. Mais 88 % d'entre elles se font par "small boats", ces canots pneumatiques fragiles traversant la Manche depuis le littoral français. Le seuil de 27.000 arrivées par bateau au Royaume-Uni a ainsi été franchi début août, contre 18.000 à cette même période l'an dernier, rappelle le Home Office. [Les traversées de la Manche sont en augmentation sur les 12 derniers mois: 43.000 arrivées, soit 38 % de plus;ndc]

Jusqu'à maintenant, l'année 2022 détenait le record, avec 45.774 arrivées par "small boats". Mais cette année-là, le seuil de 25.000 traversées avait été atteint le 27 août, c'est-à-dire bien plus tard qu'aujourd'hui. L'année 2025 augure donc de nouveaux records de traversées maritimes. Concernant les voies légales et sûres, il est à noter que seules 62.000 autorisations de séjour ont été accordées, soit 33 % de moins que l'année précédente. Cette forte baisse est due "en grande partie à la réduction du nombre de visas et de prolongations accordés dans le cadre du programme ukrainien", expose le Home Office.

 

EDIT (23 août 2025)

 

Farage présente un plan d’expulsion massive de demandeurs d’asile

[UK's Farage sets out plan for 'mass deportation' of asylum seekers]

par David Milliken

Reuters - 23aot 2025

https://www.reuters.com/world/uk/uks-farage-sets-out-plan-mass-deportation-asylum-seekers-2025-08-23/

 

LONDRES - L’ancien militant du Brexit Nigel Farage a présenté samedi des plans pour des « déportations massives » de migrants qui ont traversé la Manche sur de petits bateaux si son parti Reform UK forme le prochain gouvernement britannique.

Dans une interview, dans l’édition de samedi du Times, Farage a déclaré qu’il retirerait la Grande-Bretagne de la Convention européenne des droits de l’homme et signerait des accords avec l’Afghanistan, l’Érythrée et d’autres pays d’origine pour rapatrier les migrants illégaux. « Nous pouvons être gentils avec les gens, nous pouvons être gentils avec d’autres pays, ou nous pouvons être très durs avec d’autres pays... Je veux dire que (le président américain Donald) Trump l’a prouvé de manière assez complète", a déclaré Farage.

Lorsqu’on lui a demandé s’il craignait que les demandeurs d’asile ne soient tués ou torturés s’ils étaient envoyés dans des pays où les droits de l’homme sont médiocres, Farage a déclaré qu’il était plus préoccupé par la menace que les demandeurs d’asile représentaient pour les Britanniques. « Je ne peux pas être responsable des régimes despotiques partout dans le monde. Mais je peux être responsable de la sécurité des femmes et des filles dans nos rues », a-t-il déclaré.

La Grande-Bretagne a connu des manifestations régulières à petite échelle ces dernières semaines devant des hôtels hébergeant des demandeurs d’asile, en partie en raison de préoccupations pour la sécurité publique après que certains migrants ont été accusés d’agression sexuelle. Des sondages d’opinion montrent que l’immigration et l’asile arrivent en tête dans les préoccupations, juste devant l’économie, et Reform UK - qui a remporté 5 sièges aux élections générales de l’année dernière - est en tête des récents sondages d’intention de vote.

L’année dernière, 37.000 personnes - principalement originaires d’Afghanistan, de Syrie, d’Iran, du Vietnam et d’Érythrée - sont arrivées en Grande-Bretagne depuis la France en traversant la Manche dans de petites embarcations. Le total a augmenté d’un quart par rapport à 2023 et a représenté 9 % de la migration nette. Environ 2/3 des personnes qui arrivent par de petits bateaux et demandent l’asile réussissent et seulement 3 % ont été expulsées, selon les chiffres analysés par l’Université d’Oxford.

Farage a déclaré au Times qu’il mettrait fin au droit de demander l’asile ou de contester l’expulsion de ceux qui sont arrivés par de petits bateaux en remplaçant la législation existante sur les droits de l’homme et en retirant la Grande-Bretagne des traités sur les réfugiés, invoquant une urgence nationale. « L’objectif de cette législation est les expulsions massives », a déclaré Farage, ajoutant qu’une « crise massive » causée par les demandeurs d’asile alimentait la colère de la population.

Le Times a déclaré que Farage voulait créer des centres de détention pour 24 000 migrants sur des bases aériennes pour un coût de 2,5 Mds £ et opérer cinq vols d’expulsion par jour, le total des expulsions atteignant des centaines de milliers. Si cela échouait, les demandeurs d’asile pourraient être détenus sur l’île de l’Ascension, un territoire britannique de l’Atlantique Sud, pour envoyer un message symbolique, a déclaré Farage.

 

EDIT (4 septembre 2025)

 

En Angleterre, les drapeaux nationaux foisonnent, portés par un ventanti-immigration

AFP, France24 - 04 sep 2025

https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20250904-en-angleterre-les-drapeaux-nationaux-foisonnent-port%C3%A9s-par-un-vent-anti-immigration

 

LONDRES– Déployés sur des ponts d'autoroutes ou des lampadaires, les drapeaux anglais et britanniques se sont multipliés ces dernières semaines dans toute l'Angleterre, une démonstration de patriotisme largement alimentée par l'extrême droite et liée à un mouvement de protestation anti-immigration. Ces drapeaux, qui flottent généralement à l'occasion des couronnements ou lors d'événements sportifs, ont été installés le long des routes, dans les villes et villages. Des ronds-points ont été repeints en rouge et blanc, les couleurs de la croix de Saint-Georges, drapeau de l'Angleterre. L'Union Jack -celui du Royaume-Uni- s'affiche aussi régulièrement.

"Nous ne nous attendions pas à ce que cela devienne aussi important", déclare à l'AFP Carla Kennedy, qui fait partie des "Worcester Patriots", un groupe qui a disposé des centaines de drapeaux anglais dans la ville de Worcester. Pour cette femme de 42 ans, le mouvement est étroitement lié à un sentiment anti-immigration croissant dans le pays. "Les Britanniques commencent à s'exprimer maintenant, ils en ont assez, nous sommes contre l'immigration illégale et ce mouvement en est la manifestation", dit-elle. "Ce n'est absolument pas du racisme. Nous sommes fiers d'être Anglais et Britanniques",défend-elle. "Nous devrions avoir le droit de hisser notre drapeau. Nous ne devrions pas nous inquiéter de savoir si cela va offenser quelqu'un, car c'est notre pays", ajoute-t-elle.

Mais les associations antiracistes accusent le principal groupe organisateur de ce mouvement, appelé "Operation Raise the Colours" ("Hisser les couleurs"), d'alimenter les divisions. Un proche de l'activiste d'extrême droite Tommy Robinson, Andy Saxon -de son vrai nom Andrew Currien - se présente comme le cofondateur de ce mouvement qui a, assure-t-il, accroché un million de drapeaux, un chiffre qui ne peut être vérifié. "Il n'y a rien de mal à hisser l'Union Jack ou la croix de Saint-Georges. Mais le fait que cette vague d'activisme soit en grande partie organisée par des racistes et extrémistes notoires soulève des questions sur les motivations qui l'animent", dénonce l'ONG "Hope not Hate".

"Mécontentement et frustration"

Tommy Robinson lui-même promeut sur les réseaux sociaux ces pavoisements dans lesquels il voit un "spectacle magnifique". Paul  Golding, le dirigeant du groupe d'extrême droiteBritain First, a annoncé avoir donné des drapeaux pour cette opération. Le Royaume-Uni, où le partianti-immigration Reform UK de Nigel Farage a engrangé d'importants gains lors des dernières élections locales et fait la course en tête dans les sondages d'opinion, connaît régulièrement depuis le mois de juillet des manifestations ciblant des hôtels hébergeant des demandeurs d'asile.

Les personnes présentes y brandissent souvent des drapeaux anglais. "Longtemps, le drapeau anglais a été associé à l'extrême droite", souligne Michael Kenny, professeur de politique publique à l'université de Cambridge. Dans les années 1990 toutefois, il est devenu un moyen plus "banal" d'afficher son soutien aux équipes sportives anglaises et d'exprimer une forme de fierté culturelle,note-t-il. Dans le phénomène actuel, c'est une "manière pour les gens de montrer leur mécontentement et leur frustration (...) principalement au sujet de la politique gouvernementale sur l'immigration et l'hébergement des demandeurs d'asile". L'été précédent avait été marqué par des émeutes anti-immigration, où ces hôtels avaient déjà été visés.

Le Premier ministre travailliste Keir Starmer a quant à lui souligné que les drapeaux britannique et anglais étaient un motif de "fierté". Il a toutefois indiqué lors d'une interview à la BBC que l'utilisation du drapeau "dans le seul but de diviser" était une manière de "le dévaluer". Les drapeaux nationaux ont commencé à apparaître en nombre en août à Birmingham. Ils se sont répandus plus largement quand les autorités locales ont été accusées d'avoir ordonné leur retrait tout en autorisant le maintien de drapeaux palestiniens, ce qu'a démenti le conseil municipal de Birmingham. Un phénomène similaire s'est répandu à Dublin, où des drapeaux irlandais ont été hissés sur des lampadaires de quartiers à forte population immigrée. La municipalité a indiqué envisager de les retirer, un tel déploiement étant interdit sans autorisation préalable.