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Date de création : 10.03.2011
Dernière mise à jour :
23.10.2025
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L'attaque ukrainienne par une centaine de drones sur quatre aérodrome militaires situés très profondément en territoire russe est diversement commenté par les experts militaires. Les uns parlent 41 appareils détruits et de "conséquences majeures", d'autres d'une douzaine et de "conséquences limitées". Je reproduis ci-dessous les deux décryptages.
C'est de toute façon un tournant dans l'histoire de la guerre et des moyens mobiles utilisés pour détruire l'adversaire à moindre coût. Sur le plan de la stratégie, les drones sont devenus ce qu'étaient la cavalerie et les blindés à une autre époque.
Attaques de drones en Russie Un coup sévère aux conséquences majeures
par Mathieu Rabechault
AFP, La Presse - 02 jun 2025
En frappant dimanche des bombardiers au cœur de la Russie avec de simples drones, l’Ukraine a réalisé un tour de force à faible coût. Et cette attaque contre Moscou pourrait bien redéfinir la façon de mener les opérations militaires, estiment des spécialistes.
Quel impact sur l’aviation russe ? Kyiv revendique la destruction de 41 appareils, essentiellement des bombardiers stratégiques à long rayon d’action Tu-95 et Tu-22, des avions de l’ère soviétique utilisés pour tirer des missiles de croisière lancés contre l’Ukraine. La perte potentielle d’un tiers de la flotte russe, avancée par Kyiv, est « un coup sérieux pour les capacités offensives russes, et ce n’est pas la fin de ce type de campagne » de bombardements, estime Yohann Michel, de l’Institut d’études de stratégie et de défense de l’Université Lyon-3. Selon lui, « l’impact principal pourrait se manifester dans plusieurs semaines par une diminution du nombre de sorties du reste de la flotte ». « Il faudra beaucoup de temps à la Russie pour compenser ces pertes » d’avions également capables de tirer des missiles à tête nucléaire, estime Maxime Starchak, spécialiste de la politique nucléaire russe.
La Russie peut-elle protéger ses bases ? Les drones explosifs, lancés à partir des camions à proximité immédiate de bases situées pour certaines à plus de 4.000 km de l’Ukraine, ont frappé des avions parqués à ciel ouvert sans protection apparente. Si ces appareils avaient été abrités dans des hangars, les dégâts auraient été bien moindres. Pour Maxime Starchak, « la protection des aérodromes militaires ne répond pas aux exigences de sécurité: il est possible de s’approcher discrètement d’un aérodrome et de mener une attaque rapide ne laissant ni le temps ni les moyens de se défendre ».
Avec des services de sécurité russes qui n’ont pas empêché le raid, et des défenses aériennes incapables de l’endiguer, l’opération « montre que la Russie ne se pense pas vraiment en guerre et que, dans une certaine mesure, sa profondeur stratégique joue contre elle », a jugé sur X l’expert indépendant français Stéphane Audrand. « D’habitude, l’immensité du territoire russe est un avantage, vous pouvez planquer vos bombardiers à des milliers de kilomètres, là où ils seraient à l’abri », abonde Johann Michel. Or, le raid effectué par les Ukrainiens « veut dire que vous devez surveiller des milliers de kilomètres carrés, et c’est simplement impossible », tout comme surveiller les millions de camions qui roulent en Russie, selon lui. Et même si la Russie déploie à grands frais des dispositifs de brouillage, des défenses sol-air et antidrones sur ses bases aériennes, rien ne dit qu’une telle opération ne peut être reproduite. « La gamme de cibles potentielles est illimitée : raffineries, usines, bases militaires, aéroports, silos de missiles balistiques, etc. », estime Michael Shurkin, expert associé au Royal United Services Institute (RUSI) britannique.
Quel est le message envoyé ? Après la destruction du croiseur russe Moskva ou encore l’assassinat de généraux russes, l’opération démontre « combien la Russie est vulnérable aux attaques non conventionnelles ukrainiennes », assure John Herbst, ancien ambassadeur des États-Unis à Kyiv. Cela constitue un « contre-argument fort à la petite musique selon laquelle la guerre évolue inévitablement en faveur de Moscou », écrit-il pour le centre de réflexion Atlantic Council. L’Ukraine doit s’attendre à des frappes de représailles d’un Vladimir Poutine soucieux de laver l’affront, prédit sur son blogue Timothy Ash, éminent spécialiste de la Russie. Mais l’opération représente à ses yeux « une immense victoire en termes de relations publiques, qui contribuera grandement à renforcer le soutien tant sur le plan national qu’international », alors que l’aide militaire reste cruciale pour Kyiv.
Une nouvelle façon de faire la guerre ? Les détails sur le mode opératoire restent limités. Le président Volodymyr Zelensky a affirmé qu’il y avait un pilote pour chacun des 117 drones de type FPV (First person view) employés. Pour Michael Shurkin, « l’Ukraine vient de faire quelque chose qui devrait terrifier les armées du monde entier »: frapper à faible coût, en profondeur, « en utilisant des moyens contre lesquels peu d’armées, voire aucune, ne sont préparées à agir ». « Ça va donner des idées à plein de gens », pointe de son côté un industriel français de l’armement sous couvert d’anonymat, pour qui ces « outils nouveaux obligent à repenser complètement les systèmes de défense, la manière dont on les produit, la doctrine […]. Cela ouvre des champs qu’on n’avait même pas imaginés ». Pour une opération si sophistiquée, il n’est pas interdit de penser que les Ukrainiens aient prévu tous les cas de figure et entraîné des algorithmes d’intelligence artificielle pour la reconnaissance d’avions ou le guidage en cas de brouillage des drones, estime-t-il.
L'opération "Toile d'araignée" est un coup dur et humiliant pour la Russie
par Cécile De Sèze
20 minutes - 02 jun 2025
L’Ukraine a mené dimanche une vaste attaque coordonnée de drones contre des aérodromes militaires en Russie, jusqu’en Sibérie.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a salué les résultats « brillants » de cette attaque ayant mobilisé 117 drones, affirmant que son pays n’avait jamais mené d’opération à si « longue portée ». Si ses résultats sur le champ de bataille restent limités, l’opération coordonnée donne un avantage politique et médiatique à Kiev.
L’Ukraine claironne, la Russie ignore. L’opération "Toile d’araignée" menée par les forces ukrainiennes contre quatre aérodromes militaires jusqu’à 4.300 km en territoire russe dimanche est une réussite. Il aura fallu 18 mois de préparation et d’élaboration stratégique pour mener à bien ces frappes par drones coordonnées et simultanées sur des avions russes utilisés pour bombarder les villes ukrainiennes.
Si une source au sein des services de sécurité ukrainiens (SBU) affirme que 41 engins ont été touchés, les dégâts pour le moment confirmés par les sources ouvertes sont moindres: une dizaine de bombardiers (6 Tupolev Tu-95 et 4 Tupolev Tu-22M) auraient été complètement détruits, et deux autres endommagés. « Le bilan est restreint », estime ainsi Benoist Bihan, historien militaire et stratégiste, auteur de Conduire la guerre (Perrin). Si la dizaine d’avions détruits représente 10 % de la force de bombardements stratégiques russe disponible, ces résultats restent significatifs. Le total pourrait monter jusqu’à 40 % si les informations ukrainiennes se confirment, d’autre part, il s’agit d’appareils qui ne sont plus en production et donc pas remplaçables sur le court terme. « C’est un coup dur et d’autant plus humiliant que ces forces de bombardements stratégiques sont un peu les joyaux de la couronne », souligne Stéphane Audrand, consultant en risques internationaux.
Coup politique et médiatique
Cela offre un peu de répit à la population ukrainienne. Ces bombardiers permettent de frapper en profondeur, de viser les infrastructures énergétiques et de mener des raids sur le territoire ukrainien. La force de frappe est donc diminuée. L’atout psychologique de l’opération est indéniable. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles les autorités ukrainiennes ont autant communiqué dessus. Avoir réussi à introduire clandestinement des drones dans des camions pour les faire entrer en Russie jusqu’à 5.000 km dans le territoire et les lancer sous le nez de l’ennemi, « c’est une opération spectaculaire, impressionnante de planification, un coup d’éclat qui pourra avoir de vraies retombées diplomatiques », analyse ainsi Benoist Bihan. De plus, l’opinion publique « a besoin de récits de victoires », abonde Stéphane Audrand. Tout comme les alliés occidentaux, en particulier Donald Trump. C’est un coup politique et médiatique à l’heure où se sont ouvertes des négociations entre Moscou et Kiev à Istanbul, l’Ukraine « montre ainsi qu’elle est toujours capable de monter des opérations militaires importantes », met en avant Benoist Bihan. Et « que la Russie n’est pas invulnérable », ajoute Stéphane Audrand.
Un Impact militaire limité
En revanche, ça ne changera pas grand-chose sur le front. Ce ne sont pas des avions utilisés sur le champ de bataille et leur destruction ne permettra pas de mettre en difficulté la progression russe dans la région de Donetsk, selon les données fournies par l’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW). « Ça ne changera pas le rapport de force tactique », résume Stéphane Audrand.
La Russie va néanmoins devoir apprendre de ses erreurs. Première leçon: mieux protéger les engins qui leur restent en les plaçant dans des hangars ou encore mettre des brouilleurs pour éviter les drones [Des avions alignés sur un tarmac et bien en vue, on voyait ca dans les films de la Seconde Guerre mondiale; ndc]. Les services de renseignements (FSB) en charge des frontières devront également réviser leur copie et tenter de boucher les trous de la passoire qui a laissé passer en territoire russe des drones ennemis. Finalement, l’opération « même si elle a demandé beaucoup d’énergie, a été peu coûteuse en termes de munitions, d’hommes et de budget, est plutôt rentable », juge Stéphane Audrand selon qui le rapport bénéfice/coût est plutôt « favorable ».
"Pearl Harbor russe" : Tout savoir sur Artem Tymofieiev, le cerveau de l'"opération toile d'araignée" menée par l'Ukraine
CNews - 03 jun 2025
Lundi 1er juin, l'Ukraine a frappé un grand coup en déclenchant l'opération "Toile d'araignée". Une attaque orchestrée par le Service de sécurité intérieure ukrainien (SBU) et particulièrement un homme, Artem Tymofieiev. Cet ukrainien de 37 ans, qui a acquis la nationalité russe il y a plusieurs années, est au centre de cette attaque car il a réussi à acheter quatre camions grâce auxquels l'offensive stratégique a pu voir le jour. C'est à l'intérieur de ceux-ci que les drones ukrainiens ont été cachés et ont pris leur envol en direction des différentes bases russes attaquées. C'est aussi Artem Tymofieiev qui aurait donné les adresses à atteindre aux chauffeurs russes.
Artem Timofeev, 37 ans, originaire de Donetsk, est recherché; il est soupçonné d’être le commanditaire de l’attaque des aérodromes russes. Sur les réseaux sociaux, Artem Timofeev n'a pas caché ses positions pro-ukrainiennes. Selon les médias russes, il est né dans la ville ukrainienne de Zhytomyr, a vécu à Kiev et s'est installé à Chelyabinsk « il y a plusieurs années », où il travaillait comme « entrepreneur ». Il a ensuite vécu à Kiev avant de déménager en Russie après le début de la guerre, sans subir aucun contrôle lors de l'obtention de sa citoyenneté, ni lors de l'achat de camions et la location d'entrepôts. Il est notamment qualifié de « loup déguisé en agneau » par la presse locale. Il aurait fui la Russie avec sa femme, juste avant l'attaque.
Cet espion ukrainien a joué un rôle fondamental car les drones n'auraient pas eu la portée nécessaire pour frapper à des milliers de kilomètres de leur décollage, en Ukraine. Ils n'auraient pas non plus pu braver les systèmes de sécurité et de défense aérienne très sophistiqués des russes, aux frontières. Il fallait donc impérativement faire passer ces drones et les faire décoller depuis le sol russe.
Artem Timofeev n'a pas opéré seul: il a pu compter sur les quatre conducteurs de camions mal intentionnés pour transporter les drones, cachés en tant que maisons à ossature en bois. Les drones étaient dissimulés à l'intérieur des toits de maison. Alexander Z, chauffeur arrêté dans la région de Mourmansk, a déclaré qu'il avait été embauché pour transporter des maisons à ossature en bois dans un camion immatriculé "Artem". Andrei M, lui, a été arrêté à Irkoutsk alors que Sergey, a raconté une histoire similaire dans la ville de Ryazan. Enfin, un dernier chauffeur a été arrêté à Ivanovo.
Selon Kiev, cette attaque a généré des pertes estimées à 6 milliards d'euros pour l'armée russe et cela représenterait 34 % des bombardiers du pays.
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