Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
syndicats et toute forme de gestion et de pouvoir.
Rassembler des foules sous un même drapeau
trouve toujours son origine dans une imposture.
Seule une révolution mettra fin à un système
dont l'obsession de l'argent entraine l'humanité
vers la catastrophe.
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Date de création : 10.03.2011
Dernière mise à jour :
14.09.2025
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Le castor, un bâtisseur au service de la biodiversité
par Gaby Fabresse
Futura Sciences - 04 mai 2025
À la rencontre de l'architecte de nos paysages
Au cœur du Parc national des Cévennes vivent aigles royaux, cerfs, chouettes, chevreuils ou encore sangliers. Ici une multitude d'espèces animales et végétales sont protégées et peuvent s'épanouir à l'abri des activités humaines. Parmi elles, un rongeur, le plus grand d'Europe, a élu domicile sur les rives de la rivière Tarn. C'est à la tombée de la nuit que sa journée commence. Partons à la rencontre du castor d'Europe.
Une tête brune, aux oreilles et aux yeux ronds, glisse à la surface de la rivière. C'est un jeune castor, né au printemps dernier. Il se déplace à fleur d'eau, le plus discrètement possible, pour ne pas risquer de se faire repérer par un prédateur. Ses pattes arrière sont palmées, elles poussent l'eau, en alternance, l'une après l'autre, pour le propulser en avant. Le castor est un mammifère semi aquatique. Plus agile dans l'eau que sur la terre, il vit au cœur des rivières et ne se risque jamais bien loin des berges. D'ailleurs, à quelques mètres à peine, les parents de ce jeune s'affairent. Ils ont du pain sur la planche. La femelle s'est attaquée à un tronc d'arbre. Elle le taille à grands coups de dents. Petit à petit, le tronc s'affine, jusqu'à prendre une forme de sablier. La mère castor s'interrompt alors. Elle tend l'oreille. Elle écoute les grincements de l'arbre. Ce sont eux qui lui chuchotent l'endroit où il tombera. Eh oui, il ne faudrait pas se faire écraser par son petit-déjeuner !
Quatre longues dents - deux en haut et deux autres en bas - appelées incisives, dépassent de la bouche du castor. Le plus étonnant c'est qu'elles sont de couleur orange ! Cette couleur est due au fer présent dans la couche qui recouvre les dents - l'enamel - une couche qui les protège, les rend aussi solides que l'acier et plus tranchantes qu'un couteau. Solidement attachées au crâne du castor, ses incisives poussent en continu, toute sa vie durant. Il faut au moins cela pour pouvoir croquer dans un tronc d'arbre comme on croque dans un sandwich !
La femelle adulte que nous observons est imposante. Elle dépasse le mètre de longueur et pèse plus de 20 kg. Ses pattes avant, plus courtes que ses pattes arrières sont dotées de 5 doigts agiles, dont l'un est dit opposable, c'est en fait une sorte de pouce - comme celui de nos mains à nous, humains - qui lui permet de saisir des branches ou des pierres avec une grande dextérité. Ses pattes arrière, palmées, sont plus longues. La différence de longueur entre les pattes avant et arrière du castor lui donne une drôle de démarche sur la terre ferme: il se promène avec le popotin surélevé par rapport à sa tête. À l'arrière, sa queue plate appelée « palette » est constituée de corne en forme d'écailles, sa texture ressemble en fait à celle de tes ongles. Lorsqu'il évolue sur terre, le castor se sert de sa palette comme d'un point d'appui, une sorte de béquille, disponible à tout moment. Mais dans l'eau, lorsqu'il nage et surtout lorsqu'il plonge, la queue du castor lui permet de suivre une direction avec précision: elle fait office de gouvernail. C'est aussi un outil de communication ! Si le castor tape puissamment la surface de l'eau avec sa queue, c'est un signal d'alarme ! Un danger approche, et il est temps de se faire la malle ! D'ailleurs, notre cher compagnon est un excellent plongeur, il peut nager sous l'eau sans respirer pendant plusieurs minutes, et grâce à sa fourrure totalement étanche, il reste toujours au sec !
Une véritable fée du logis...
Tiens, regarde, voilà la femelle castor qui tire une branche vers la rivière jusqu'à son terrier. Tu ne vois pas de terrier ? C'est normal ! Le castor peut creuser un terrier, ou construire une véritable hutte, une maisonnée faite de bois et de pierres, pouvant parfois atteindre 3 mètres de haut. Quoiqu'il en soit, le castor recouvre sa maison de branchages et s'assure toujours de créer son entrée...sous l'eau ! Sa discrétion le protège des prédateurs, comme le loup, l'ours ou le renard, qui pourraient s'attaquer à ses petits.
Pour garantir sa sécurité, le castor lie une véritable alliance avec l'eau. Il la concentre, la détourne, en modifie l'écoulement. Pour ce faire, il construit des canaux, de véritables ponts aquatiques ou s'attèle à l'élaboration de ses célèbres barrages. Branches, troncs, pierre et boue sont assemblés par le castor pour créer ces ouvrages très élaborés pouvant atteindre parfois plusieurs centaines de mètres de long ! Au sein de sa maisonnée, le castor reste un pro de l'organisation: il construit une pièce pour sécher son pelage, un réfectoire pour manger et une chambre où toute sa famille se réunit pour dormir et se prélasser. Le plafond de la chambre est percé par une petite cheminée pour garantir une bonne aération tandis que le sol est recouvert de copeaux de bois, que le castor renouvelle régulièrement pour que sa chambre reste propre! Et oui, notre cher compagnon est une véritable fée du logis !
En été, le castor apprécie de pouvoir grignoter les arbres, des feuilles jusqu'à la pointe des racines en passant par les fruits. Mais pour passer l'hiver, cet herbivore conserve une grande quantité de plantes, de branches et de feuillages dans l'eau, juste en dessous de sa maison. Dès que le froid s'installe, un petit plongeon lui suffit pour récupérer des plantes dont les qualités nutritionnelles sont préservées par l'eau fraîche. C'est encore mieux qu'un réfrigérateur !
Voilà la femelle castor qui approche. Elle dépose la branche qu'elle a transporté sur le toit de son terrier, puis plonge et disparaît. Elle est certainement partie retrouver ses petits au chaud dans leur terrier. Au printemps elle donnera naissance à une nouvelle portée. Alors, toute la famille prendra en charge les nouveaux venus, parents, grandes-sœurs et grands-frères s'impliqueront pour les nourrir, les protéger, leur apprendre à couper du bois ou encore à nager. Les familles castor sont très soudées, les couples se forment pour la vie, et chaque famille vit ensemble sur un même territoire. Pour délimiter ce territoire, le castor dépose une substance odorante, un peu huileuse, que l'on appelle le castoreum. C'est un signal pour les autres castors qui dit à peu près: ce bout de rivière nous appartient, merci de faire demi-tour.
Le castoréum a fait le malheur de notre cher compagnon. Depuis l'antiquité, cette substance entre dans la composition de médicaments ou de parfums. Le castor a donc été chassé sans relâche, pour son castoréum, mais aussi pour sa fourrure de grande qualité, ou tout simplement, pour être mangé. Les humains ont aussi transformé son habitat, en construisant des barrages bien plus imposants que les siens, en détournant le cours des rivières, ou en s'installant non loin des berges où il se plaît à vivre. Cette espèce timide a ainsi frôlé l'extinction au XXe siècle. Il y a quelques décennies, en France, il ne restait plus qu'une vingtaine de castors. Aujourd'hui grâce à des efforts de protection, le castor fait son grand retour et se réinstalle doucement, le long de la Loire et du Rhône notamment [Voir l'article de Sciences et Avenir ci-dessous]. Et c'est une excellente nouvelle ! Car tu vas voir que ce bâtisseur aux nombreux talents est capable de véritables prouesses qui font de lui une espèce essentielle pour la bonne santé de notre planète.
...et un ingénieur au service de la biodiversité
On pourrait croire qu'à force de couper des arbres ou de construire des barrages, le plus grand rongeur d'Europe cause de nombreux dégâts. Pour en avoir le cœur net, les scientifiques ont donc étudié les effets de l'activité du castor sur son environnement. Et là, surprise, le castor modifie bel et bien l'écosystème où il se trouve. Mais pour le meilleur, pas pour le pire.
Premièrement, en coupant des arbres, le castor permet à la lumière du soleil de pénétrer des zones qui sont habituellement ombragées par les feuillages. La lumière favorise alors la croissance de jeunes plantes, qui, au ras du sol, peinent à grandir. La végétation pousse, et avec elle, les insectes se développent en trouvant de nouveaux terrains de jeux. Les oiseaux migrateurs y trouvent aussi un précieux refuge pour faire une pause lors de leur grand voyage. Quant aux arbres coupés par le castor, ils ne meurent pas: ils se fortifient et repoussent ! Lorsqu'une famille de castor s'installe sur un territoire, l'ensemble de ses constructions, canaux, huttes et barrages, va chambouler le fonctionnement d'une rivière ou d'un plan d'eau. L'eau s'écoule plus lentement, elle pénètre ainsi dans le sol plus facilement et vient remplir les réserves d'eau souterraine. Cela rend ces espaces plus résistants aux feux de forêts, mais aussi aux inondations ! L'activité du castor crée un véritable rempart contre les catastrophes naturelles.
Les constructions du rongeur modifient même la qualité de l'eau qui, filtrée par les barrages, en ressort moins polluée, plus riche en nutriments, et donc plus propice au développement d'espèces aquatiques. En fait, le castor crée de nouvelles zones humides où de nouvelles espèces de plantes et d'animaux pourront s'épanouir. Il favorise la présence de poissons, de papillons, d'insectes et d'oiseaux. Il est un véritable allié pour la protection de la biodiversité.
En République Tchèque notre bûcheron préféré s'est même illustré en réalisant une véritable prouesse. Une ancienne base militaire, laissée à l'abandon, devait être transformée en zone humide pour permettre à la nature de reprendre ses droits. Mais une famille de castors a devancé les humains et leurs tractopelles. Elle a choisi d'établir son foyer au cœur de la zone, y a construit des barrages des canaux et des étangs: son travail consciencieux a permis de transformer la zone militaire en zone humide, sans tractopelles et sans intervention humaine. Résultat ? Une zone rendue à la nature et 1 million d'euros de travaux économisés. Incroyable n'est-ce pas ? [Voir l'article de La Presse canadienne plus bas]
Plongeur, bûcheron, charpentier, architecte paysagiste ou encore ingénieur: les métiers du castor sont nombreux. Véritable gardien de nos rivières, ce rongeur est un créateur de marais, d'étangs, et de zones humides. Il travaille sans relâche, et veille à la bonne santé des eaux douces et des nombreuses espèces qui en dépendent pour vivre. Alors, la prochaine fois que tu te promèneras près d'une rivière, ouvre l'œil. Un tas de branchages, un troncs grignoté, sont autant de petits indices qui, l'air de rien, pourraient indiquer la présence de ce gardien de la biodiversité.
Le castor, allié discret de l'environnement, est de retour dans les rivières françaises
AFP, Sciences & Avenir - 20 jun 2024
Barrière contre l'érosion, créateur de zones humides ou régulateur des cours d'eau ... Le castor, quasiment éteint en France il y a une centaine d'années, prospère désormais dans les fleuves et rivières de l'Hexagone, apportant discrètement sa pierre à la lutte contre les effets du changement climatique.
"Là on peut dire avec certitude qu'un castor est passé par là". Penché sur une branche de saule pleureur, Stéphane Tessier, un naturaliste membre de l'association Perche Nature, est formel: cette coupe nette en biseau avec de petites dentelures façonnées par les dents du rongeur, "c'est un indice probant". Le castor "a arraché l'écorce puis le bois dur jusqu'à couper cette branche d'environ 5 à 6 cm pour aller la manger plus loin. Ça a dû lui demander 15-20 minutes de travail", précise David Caille, agent de l'Office français de la biodiversité (OFB). Les deux hommes appartiennent au Réseau Castor, qui recense les traces de l'animal pour permettre aux autorités de prendre des arrêtés interdisant certains pièges. Car le castor, longtemps chassé pour sa fourrure, est une espèce protégée.
Au début du XXe siècle, seuls quelques dizaines d'individus subsistaient en France. Aujourd'hui, ils sont autour de 20.000 sur l'ensemble du territoire, fruit d'une réintroduction réussie. Dans le Loir-et-Cher, le plus gros rongeur d'Europe - il peut peser dans les 25 kg - a fait son retour dans les années 1970. Depuis, même s'il est difficile d'estimer leur nombre exact, ses traces se retrouvent couramment le long des cours d'eau.
Méconnaissance
Souvent confondu avec le ragondin - une espèce invasive - et parfois décrié pour les inondations que ses barrages peuvent entraîner sur les parcelles agricoles, de la Meuse à l'Ecosse, le castor a des effets sur son environnement pourtant "bien davantage bénéfiques que négatifs", soulignent MM. Caille et Tessier. "C'est vrai qu'il y a de la méconnaissance, et parfois un manque de tolérance à la cohabitation avec le vivant", estime le naturaliste. Pourtant le castor est "une des rares espèces capable de modeler son milieu à ses besoins, et son travail est précieux pour les écosystèmes", explique David Caille.
Végétarien, ce mammifère aux dents acérées se nourrit principalement d'écorces et de branchages. "Il va avoir tendance à abattre une partie de ce qu'il va consommer, ce qui va rajeunir la végétation, créer des trouées amenant de la lumière, et donc favoriser tout un cortège d'autres espèces", selon l'agent de l'OFB. Des études ont montré que la biomasse peut être multipliée jusqu'à 80 en présence de castors. Sur le Loir, il joue aussi un rôle "d'entretien des berges là où l'homme le fait de moins en moins", luttant ainsi contre l'érosion des rives, souligne M. Tessier.
Stockage de carbone
Ses constructions de boue et de branchages, principalement sur des petits cours d'eau, ont aussi un rôle de lutte contre les inondations, pouvant réduire les débits de crues jusqu'à 60 %, selon une étude britannique menée sur une rivière du comté du Devon. "Ça a tendance à retenir l'écoulement, ce qui permet aussi à l'eau de mieux s'infiltrer dans le sol", favorisant le remplissage des nappes phréatiques. Et dans beaucoup de rivières, ses digues retiennent les sédiments qui absorbent et filtrent les polluants, explique l'OFB.
Face à la sécheresse, les castors peuvent recréer des mini-zones humides en bloquant l'eau, servant de refuge aux insectes et batraciens. En cas d'incendies, elles peuvent également stopper la progression des flammes. Ces marécages, en stockant de la matière organique ou des sédiments, servent également à retenir le carbone, principal responsable du réchauffement climatique.
En 2018, des chercheurs finlandais avaient calculé que chaque année, les zones humides créées par les castors pouvaient stocker jusqu'à 470.000 tonnes de carbone, mettant toutefois en garde contre un risque d'inversion dans certaines régions. Mais globalement, malgré ces incertitudes, "je parierais que (les ouvrages de castors) stockent plus de carbone qu'ils n'en produisent", estimait dans une autre étude Jennifer Edmonds, écologiste à l'Université de l'Alabama.
L'humanité a une arme redoutable pour lutter contre les mégafeux: les castors
par Elena Gillet
National Geographc, Slate – 25 mai 2025
Autrefois perçus comme nuisibles, les rongeurs sont en réalité des superhéros face au changement climatique et aux méga-incendies.
On en compte aujourd'hui entre 10 et 15 millions en Amérique du Nord et il en existe deux espèces dans le monde: le "Castor canadensis", autrement dit le castor nord-américain, et le "Castor fiber", son cousin eurasien. Peu appréciés et souvent considérés comme des nuisibles, les castors pourraient retrouver leurs lettres de noblesse. Et pour cause: grâce à leurs barrages, ils peuvent nous sauver des impressionnants incendies de forêt, devenus de plus en plus importants à cause du changement climatique.
C'est ce que révèlent Emily Fairfax, écohydrologue à l'université du Minnesota, et son co-auteur Andrew Whittle dans leur article intitulé "Smokey the Beaver" (Smokey le castor, "smokey" faisant référence à la "fumée" en anglais). Selon les chercheurs, les étangs et canaux peuplés de castors irriguent si bien le paysage qu'ils transforment des plantes sèches et inflammables en buissons luxuriants et résistants au feu. Ils forment ainsi des refuges verdoyants où la faune et le bétail peuvent se protéger, relate National Geographic dans un article.
Les castors répondent « à un besoin sociétal »
Dans le cadre de cette étude, Fairfax a étudié cinq incendies ayant eu lieu entre 2000 et 2018 pour parvenir à ses conclusions. Si le feu est depuis longtemps une force naturelle de régénération des paysages nord-américains, les mégafeux qui ravagent l'Ouest américain, de plus en plus sec, sont une autre affaire: attisés par le changement climatique, ils se transforment en brasiers intenses et inarrêtables dont les écosystèmes ne se rétablissent pas toujours.
La spécialiste doutait que les castors puissent encore ignifuger de vastes étendues de paysage dans ces conditions. Mais en visitant les forêts calcinées, notamment celles victimes de l'incendie d'East Troublesome (en 2020), elle a découvert que les oasis créées par les castors avec leurs étangs avaient résisté aux flammes. « Il y a des rivières entières qui ne sont pratiquement pas touchées par le feu, car il n'y a que des barrages de castors sur toute leur longueur, a-t-elle déclaré. Tout déborde de vie: les roseaux poussent; les aiguilles de pin sont encore sur les arbres ».
Les étangs ne sont pas seulement utiles avant un incendie: ils peuvent aussi protéger les écosystèmes des effets qui suivent immédiatement le feu, en capturant les cendres et les débris qui ruissellent des pentes et en protégeant les poissons et l'eau potable en aval. Dans un article de 2024 décrivant leurs conclusions, Emily Fairfax et ses collaborateurs concluent que les castors « peuvent faire partie d'une stratégie globale d'atténuation des incendies ».
Une étude datant de 2022, qui a suivi des castors déplacés dans l'État de Washington, a révélé qu'un étang moyen stockait plus de 250.000 litres d'eau en surface et plus de 2.700.000 litres d'eau souterraine. « Les castors ralentissent le débit, retiennent l'eau plus longtemps et reproduisent la fonction du manteau neigeux épuisé, a déclaré Joe Wheaton, géomorphologue à l'université d'État de l'Utah. Si cela ne répond pas à un besoin sociétal, je ne sais pas ce que c'est ».
Des castors réhabilitent un ancien terrain militaire tchèque
AFP, La Presse - 11 fev 2025
PRAGUE – Des castors ont fait économiser un million d'euros au contribuable tchèque en réhabilitant un terrain militaire au sud de Prague avant le feu vert longtemps attendu pour l'arrivée des tractopelles, a expliqué l'agence tchèque pour la conservation de la nature. Classé en aire protégée en 2016, le site de Brdy devait connaître des travaux d'aménagement en zone humide mais une famille de castors a été plus rapide et tout fait à l'œil.
"Nous avions prévu de former des méandres sur la Klabava, une rivière, en aval de deux étangs et de créer deux ou trois plans d'eau ainsi qu'un bassin de sédimentation", raconte à l'AFP Bohumil Fiser, de l'Agence tchèque de conservation de la nature. Le but était de réduire la sédimentation et de freiner l'écoulement à partir des étangs de l'eau acide qui menaçait des écrevisses en danger d'extinction dans le cours d'eau en contrebas. Le projet datant de 2018 avait reçu un permis de construire mais pris du retard à la suite de discussions au sujet du terrain.
C'était sans compter sur les castors, des animaux connus pour protéger contre les inondations, améliorer la qualité de l'eau et contribuer à la biodiversité. "Ils ont construit une zone humide avec des piscines et des canaux", raconte M. Fiser, et "sur une zone presque 2 fois plus grande que ce qui était prévu". Ils se sont ensuite déplacés dans un fossé autour des étangs dans lequel les écologistes voulaient bâtir de petits barrages pour permettre à l'eau de s'écouler et ont construits avec leurs dents au moins quatre barrages. "On était seulement en discussion avec la compagnie des eaux et celle des forêts propriétaires du terrain", ajoute M. Fiser.
Cela a permis d'économiser environ 1,19 million d'euros: "C'est un service complet, les castors sont absolument fantastiques et quand ils sont là, ils ne cassent rien et font un boulot remarquable", dit-il. Sans compter qu'ils construisent encore et, comme le terrain est protégé et pas à portée des agriculteurs, c'est le gage que "pour les dix prochaines années, nous ne prévoyons aucun conflit d'usage avec le castor".