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Dernière mise à jour : 14.09.2025
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La fronde des réservistes en Israël

Publié le 20/04/2025 à 00:06 par monde-antigone

 

Fronde des réservistes en Israël: "Je ne porterai plus l'uniforme sous le gouvernement actuel"

par Bahar Makooi

France24 - 16 avr 2025

https://www.france24.com/fr/moyen-orient/20250416-fronde-des-r%C3%A9servistes-en-isra%C3%ABl-je-ne-porterai-plus-l-uniforme-sous-le-gouvernement-actuel

 

Alors que la guerre à Gaza perdure, des voix dissonantes s’élèvent jusque dans les rangs de l’armée israélienne. De plus en plus de réservistes refusent de reprendre les armes, et plusieurs appels ont été lancés par d’anciens militaires, dénonçant une guerre dont l’objectif prioritaire ne serait plus la libération des otages. Une contestation inédite qui fragilise le gouvernement de Benjamin Netanyahu.

"La bande de Gaza ressemble à un amas de ruines, il n’en reste plus rien, et Tsahal prévoit d’y manœuvrer de nouveau, sans objectif clair", raconte le soldat Yuval Ben-Ari, récemment allé combattre dans l’enclave, où il a été appelé comme réserviste. Après le massacre du 7-Octobre, cet Israélien de 40 ans s’était immédiatement porté volontaire. Il a participé à une manœuvre au Liban, puis a été envoyé vers le corridor de Netzarim, et dans le sud de Gaza. Mais après quelques jours, il dit avoir pris conscience que c'était une erreur. "C'est avec une profonde tristesse, un sentiment de culpabilité et un profond sentiment de responsabilité que je me suis adressé à mon commandant pour lui demander de me retirer de la réserve. Je ne porterai plus jamais d'uniforme sous le gouvernement actuel", raconte-t-il à Radio Haifa, affirmant aussi n’avoir "aucune confiance dans les dirigeants israéliens". "Je ne veux pas participer à cela et je ne suis pas le seul, poursuit-il. Il me semble que Tsahal mène des actions inutiles qui n’ont rien à voir avec le retour des otages".

Point de non-retour

Les témoignages comme celui-ci se multiplient depuis plusieurs semaines. De plus en plus de réservistes demandent l'arrêt de la guerre pour favoriser la libération des otages et critiquent désormais ouvertement la politique de Benjamin Netanyahu, notamment après la décision du gouvernement de rompre le cessez-le-feu le 18 mars. L’association "Soldats pour les otages", fondée par Yuval Green, recense sur son compte Instagram les récits de ces soldats, considérés comme des déserteurs par l’armée. Yuval Green lui-même est l’un d’entre eux. Cet étudiant en médecine a fondé ce mouvement anti-guerre après avoir déposé les armes en janvier 2024.

C’est lors d’une opération terrestre avec son unité de parachutistes à Khan Younès, que le jeune réserviste de 26 ans réalise qu’il ne veut plus participer aux opérations armées à Gaza. "Le point de bascule, c'est quand notre commandant nous a demandé de mettre le feu à une maison dont on était sortis, se remémore Yuval Green. Je suis allé le voir et je lui ai demandé pourquoi faire ça ? Pourquoi brûler une maison qui appartient à une famille qui est supposée revenir ? Il m'a dit que ça ne lui posait pas de problème. Je lui ai répondu que s'il autorisait ça, je n'y participerai pas", raconte-t-il à France info. Plus de 100.000 réservistes comme Yuval Green ont "cessé de participer à leurs missions de réserve", selon le magazine israélo-palestinien +972. D’après la radio télévision nationale israélienne Kan, seuls 60 % des soldats se sont présentés à l'armée en mars. 

En Israël, servir dans la réserve est obligatoire pour les citoyens ayant effectué leur service militaire, et ce jusqu'à leurs 40 ans. Les réservistes suivent chaque année des sessions d’entraînement afin de rester prêts au combat. Ils conservent leur uniforme et leur équipement chez eux, et n’ont plus qu’à récupérer leurs armes une fois arrivés dans leurs unités. Ceux qui décident de contrevenir à l’appel de l’armée ou de la quitter sont appelés des "refuznik", considérés par l’État comme des déserteurs et susceptibles d’être sanctionnés.

Vague de contestation

Mais depuis quelques jours, la contestation s’affiche désormais ouvertement jusque dans les unités d’élite. Près de 1.000 pilotes et aviateurs de réserve et à la retraite ont lancé, le 10 avril, un appel au gouvernement pour exiger la libération des otages, même si cela suppose de mettre fin à la guerre à Gaza [Voir l'article de L'Express ci-dessous]. "La guerre sert principalement des intérêts politiques et personnels, et non des intérêts sécuritaires", peut-on lire dans un courrier, largement repris par les journaux israéliens. Les signataires de cette lettre ont rapidement été rejoints par des centaines de réservistes de la marine et de la très discrète unité d'élite 8200 du renseignement israélien, ainsi que des membres du Mossad qui ont, eux aussi, publié des missives pour interpeller le gouvernement. Une centaine d’anciens élèves du prestigieux Collège de sécurité nationale d'Israël ont également rallié le mouvement.

"Les déclarations qui affaiblissent les Forces de défense israélienne et renforcent nos ennemis en temps de guerre sont impardonnables", a fustigé en réponse Benjamin Netanyahu. Un responsable de l’armée a annoncé que la plupart des signataires de la lettre n’étaient pas des réservistes actifs, mais que si oui, ils seraient renvoyés. Pour le Premier ministre israélien, une pression militaire accrue sur Gaza est le seul moyen de forcer le Hamas à libérer les otages. Mais les militaires et réservistes contestataires pointent du doigt les buts politiques du gouvernement.

L’un des signataires de la lettre des réservistes de l’armée de l’air, Avner Yarkoni, est officier de réserve avec le grade de colonel pilote de chasse. "Ce courrier ne vise pas à condamner la guerre. Il vise à libérer les otages", précise-t-il à l’antenne de France 24. Cet avocat, qui sert Tsahal depuis plus de trois décennies, affirme avoir le sentiment que la poursuite de la guerre est "basée sur des raisons politiques". "Ce n'est pas l'armée israélienne qui est visée", poursuit-il, "mais Benjamin Netanyahu, qui est à la tête de cette stratégie".

Pour Guy Poran, ancien pilote d'hélicoptère de l'armée de l'air, le but du Premier ministre est avant tout de se maintenir à la tête du gouvernement. "Il a jeté l’accord [de cessez-le-feu] à la poubelle et a décidé de renouveler la guerre, dès que l’extrême droite a menacé de quitté son gouvernement", affirme-t-il à l’antenne de France 24. L’ancien militaire dénonce lui aussi "un manque de logique" dans la conduite des opérations militaires. "Il faut d’abord faire un deal pour libérer les otages. Cette guerre menace la vie des otages, des soldats, et des citoyens palestiniens innocents à Gaza", avertit-il.

Des réservistes "démoralisés"

Le média +972, qui s’est entretenu avec plusieurs associations de défense des "refuzniks", explique que la plupart des réservistes ayant défié ces derniers mois les ordres d'enrôlement n'ont aucune "objection idéologique réelle à la guerre". Ils sont plutôt "démoralisés, lassés ou excédés par sa durée interminable". À leurs côtés toutefois se trouve une minorité, petite mais croissante, de réservistes qui refusent d’aller combattre à Gaza invoquant des raisons morales. "Il y a de plus en plus de gens qui, sans forcément se soucier des Palestiniens, ne se sentent plus en paix avec les objectifs de la guerre", assure ainsi Yuval Green.

L'aspect économique pourrait aussi motiver certains refus. D’après une enquête récente du service israélien de l'emploi, 48 % des réservistes ont signalé une perte de revenus importante depuis le 7 octobre, et 41 % ont déclaré avoir été licenciés ou contraints de quitter leur emploi en raison de leur long séjour dans la réserve. Le 15 avril, d'anciens otages et leur famille ont eux aussi publié leur propre lettre. Cette vague de pression semble soutenue par l’opinion publique. Selon un récent sondage réalisé par la chaine israélienne Channel 12, près de 70 % des Israéliens sont favorables à la fin de la guerre, en échange d’un accord sur la libération des otages restants.

 

Dans une lettre, d’anciens pilotes et réservistes appellent à donner la priorité aux otages

The Times of Israel - 10 avr 2025

https://fr.timesofisrael.com/dans-une-lettre-danciens-pilotes-et-reservistes-appellent-a-donner-la-priorite-aux-otages/

 

Un groupe de près de 1.000 réservistes actifs et retraités de l’armée de l’air israélienne a publié jeudi une lettre dans laquelle ils demandent la libération des otages à Gaza, même si cela implique de mettre fin à la guerre (...). Après la publication de la lettre, Tsahal a décidé de renvoyer tous les réservistes en service actif qui l’ont signée, déclarant que les soldats ne pouvaient pas utiliser la « marque de l’armée de l’air israélienne » en signe de protestation contre des politiques.

La lettre n’appelle pas à un refus généralisé de servir – comme cela avait pu être indiqué précédemment – mais elle exhorte le gouvernement à accorder la priorité à la remise en liberté des otages plutôt qu’à la poursuite de la guerre à Gaza (...). « La poursuite de la guerre ne fait progresser aucun des objectifs déclarés de celle-ci et elle entraînera la mort des otages, des soldats de l’armée israélienne et de civils innocents », peut-on lire dans la lettre, qui a été diffusée sous forme d’annonce publicitaire dans plusieurs journaux israéliens. « Comme cela a été prouvé par le passé, seul un accord peut permettre de faire libérer les otages sains et saufs, alors que la pression militaire conduit principalement à leur assassinat et à la mise en danger de nos soldats », est-il ajouté. « Nous appelons tous les citoyens d’Israël à se mobiliser pour agir ».

Tous les signataires, sauf 5, ont signé en indiquant leur nom complet, ce qui laisse à penser qu’il ne s’agit probablement pas de réservistes en activité, mais plutôt d’anciens combattants à la retraite. Toutefois, Ynet a fait savoir qu’environ 10 % des signataires étaient des réservistes en activité, citant les premières analyses de la lettre au sein de Tsahal.

Les militaires enquêtent toujours sur la liste et ils s’efforcent d’identifier les réservistes actifs – toutefois, des dizaines de signataires seraient des réservistes actifs et ils seront probablement renvoyés. Le général Tomer Bar, chef de l’armée de l’air, aurait tenté d’empêcher la publication de cette missive, qui devait initialement être rendue publique mardi. Plusieurs réservistes dont le nom figurait initialement sur la lettre ont retiré leur signature avant sa publication, après des discussions avec leurs supérieurs. Parmi les personnes qui ont ratifié ce courrier, l’ancien chef d’état-major et commandant de l’armée de l’air, Dan Halutz, et Nimrod Sheffer, ancien chef de la direction de la planification au sein de Tsahal.

Après sa publication, Bar, ainsi que le chef d’état-major de l’armée israélienne, le lieutenant-général Eyal Zamir, ont proposé de renvoyer les réservistes actifs qui ont signé la lettre. L’armée israélienne a fait savoir qu’elle ne voyait aucun inconvénient à ce que les réservistes protestent dans le cadre de leur vie civile, à condition qu’ils manifestent leur mécontentement sans utiliser le nom de l’armée ou de leur rôle.

Étant donné que la lettre a été signée par le « personnel aérien en réserve et à la retraite », l’armée a déclaré qu’elle ne pouvait pas accepter une situation où les réservistes « utilisent la marque de l’armée de l’air israélienne » pour protester contre des questions politiques. « Il est inconcevable que quelqu’un puisse assumer une garde au centre de commandement [de l’armée de l’air] et avant de partir ensuite en exprimant sa méfiance à l’égard de la tâche qui est la sienne », a ajouté l’armée, notant qu’elle œuvrait à atteindre les objectifs de la guerre, en particulier le retour des otages.

 

La lettre de 970 réservistes israéliens qui provoque la colère de Benyamin Netanyahou

par Théodore Azouze

L'Express - 10 avr 2025

https://www.lexpress.fr/monde/proche-moyen-orient/gaza-la-lettre-de-970-reservistes-israeliens-qui-provoque-la-colere-de-benyamin-netanyahou-UUJFI5FKSZC7FBJMA6ICZ3CEFE/

 

Une initiative d’ampleur au sein de l’armée contre le pouvoir israélien. 970 pilotes réservistes et aviateurs de réserve à la retraite ont signé une lettre polémique ces derniers jours. Son contenu ? Une critique de la politique menée à Gaza par le gouvernement de Benyamin Netanyahou, accusé de mettre en péril la vie des derniers otages retenus par le Hamas avec la reprise de la guerre dans l’enclave palestinienne. "Il a été prouvé dans le passé que seul un accord peut ramener les otages en sécurité", écrivent ces soldats ou ex-combattants dans ce texte, partagé avec de nombreux médias israéliens.

Les réservistes l’assurent: il ne s’agit pas là de refuser de servir leur pays, mais bien de tenter de faire infléchir le Premier ministre israélien sur sa volonté de continuer les combats à Gaza. "Actuellement, la guerre sert des intérêts politiques importants et personnels, pas des intérêts de sécurité", estiment les signataires. "Continuer la guerre ne contribuera à aucun de ses objectifs déclarés et conduira à la mort des otages, des soldats israéliens et de civils innocents, ainsi qu’à l’épuisement des forces israéliennes de réserve". La missive constitue aussi un appel à la mobilisation des citoyens israéliens contre la guerre à Gaza. Plusieurs milliers d’entre eux descendent chaque semaine dans la rue pour participer à des manifestations contre la politique de Benyamin Netanyahou.

Une lettre "impardonnable", selon Benyamin Netanyahou

La diffusion de ce texte a été fermement condamnée par l’armée israélienne. Tsahal a annoncé ce jeudi 10 avril le renvoi de tous les réservistes actifs signataires de cette lettre. "Avec le plein soutien du chef de l’état-major général, le Commandant de l’IAF (les forces aériennes israéliennes, NDLR) a décidé que tout réserviste actif ayant signé la lettre ne pourrait pas continuer à servir", a ainsi confirmé à l’AFP un responsable militaire du pays. D’après l’armée, le nombre d’actifs parmi l’ensemble des signataires serait assez réduit, même si aucun chiffre précis n’a été communiqué sur la composition exacte de cette liste.

Le Premier ministre israélien a lui-même réagi à la démarche, qualifiée d’"impardonnable". Selon lui, cette lettre aurait pour but de fracturer le pouvoir israélien. "Ils essayaient de le faire avant le 7 octobre, et le Hamas a interprété leurs appels à refuser leur devoir de réserve comme une faiblesse", a détaillé Benyamin Netanyahou dans un communiqué. "Ce bruyant et marginal groupe s’était mobilisé dans un objectif : renverser le gouvernement. […] Les forces israéliennes combattent, et nous sommes derrière elles." Comme rapporté par le journal Haaretz, le ministre de la Défense, Israël Katz, a de son côté dénoncé une tentative de "saper la légitimité de la guerre juste menée par les Israéliens à Gaza".

Plus de 360 000 réservistes ont été appelés depuis le massacre terroriste du Hamas sur le sol hébreu le 7 octobre 2023. De manière générale, Israël s’appuie en grande partie sur ces soldats, mobilisables jusqu’à leurs 38 ans pour les femmes et jusqu’à leurs 40 ans pour les hommes. Ces réservistes ont tous suivi un service militaire de plusieurs années et s’exposent, en cas de refus de l’enrôlement, à une peine de prison ferme. Des cas qui restent relativement rares dans le pays. Benyamin Netanyahou a souligné dans son communiqué qu’il considérait la lettre des aviateurs comme une opposition à servir Israël, même si les signataires s’en défendent. "Refuser, c’est refuser, même lorsque cela est implicite et exprimé dans un langage euphémistique", a défendu le dirigeant.

Une précédente lettre de soldats en octobre

En octobre dernier, une précédente lettre similaire de soldats israéliens avait déjà suscité le débat en Israël. 145 soldats, réservistes comme officiers réguliers, avaient alors approuvé ce document, aux revendications semblables à celui d’aujourd’hui. Mais ces militaires avaient cette fois clairement conditionné leurs demandes à un refus de servir dans l’armée sans changement de la politique israélienne. "Nous ne pouvons pas continuer dans ces circonstances. La guerre à Gaza condamne à mort nos frères et sœurs kidnappés", écrivaient-ils à l’époque dans leurs missives. Certains des signataires avaient alors eux-mêmes quitté leur poste au sein de l’armée, quand les autres avaient été renvoyés par les responsables militaires.

Cette nouvelle contestation s’inscrit dans un contexte d’opposition de plus en plus importante de la politique du régime israélien. Outre les manifestations régulières, 48 % des Israéliens estimaient fin février que Benyamin Netanyahou devait démissionner immédiatement, d’après une étude publiée par Haaretz. Le contexte de la guerre se fait de plus en plus pesant dans le pays. L’Etat hébreu et le Hamas étaient parvenus à une trêve pendant deux mois, entre mi-janvier et mi-mars. Un cessez-le-feu qui avait permis la libération de plusieurs dizaines d’otages, contre la remise de centaines de prisonniers palestiniens. Mais, faute d’accord entre les deux parties sur la deuxième phase d’un accord, les bombardements meurtriers avaient finalement repris sur le territoire palestinien. (...)

 

Face aux protestations des réservistes, Tsahal limiterait le nombre d’ordres de rappel

Times of Israel - 15 avr 2025

https://fr.timesofisrael.com/liveblog_entry/face-aux-protestations-des-reservistes-tsahal-limiterait-le-nombre-dordres-de-rappel-media/

 

Face aux protestations croissantes des réservistes qui réclament la fin de la guerre, l’armée réduit discrètement sa dépendance à l’égard des forces de réserve à Gaza, rapporte Haaretz. Le journal cite des sources militaires anonymes selon lesquelles Tsahal aurait commencé à limiter le nombre d’ordres de rappel émis et à retirer certains réservistes des zones de combat actives. Selon le journal, des officiers supérieurs avertissent que des problèmes de moralité et un manque de confiance dans la mission pourraient compromettre des opérations militaires cruciales.

Haaretz affirme également que la décision de l’armée de renvoyer les réservistes de l’armée de l’air qui ont signé une lettre de protestation demandant la fin de la guerre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas visait à dissuader de telles initiatives, mais semble avoir eu l’effet inverse, un nombre croissant de réservistes se joignant à des protestations similaires. L’article précise que la pression s’intensifie au sein de l’armée pour informer le cabinet de sécurité de toute l’étendue de la crise. Selon certaines sources, la décision de sanctionner les pilotes a été prise sous la pression politique – la situation serait plus grave que ce qui a été publiquement reconnu.

 

EDIT (4 mai 2025)

 

Israël rappelle des dizaines de milliers de réservistes pour son offensive à Gaza

AFP, France24 - 04 mai 2025

https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20250503-gaza-le-hamas-publie-une-vid%C3%A9o-d-un-otage-11-morts-dans-un-raid-isra%C3%A9lien

 

JERUSALEM – Israël a rappelle des dizaines de milliers de réservistes en vue d'une expansion de son offensive contre le Hamas dans la bande de Gaza, ont rapporté samedi des médias israéliens. Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne n'a ni confirmé ni démenti ces information alors que le Premier ministre Benjamin Netanyahu, sous la pression de ses soutiens d'extrême droite sans lesquels il perdrait sa majorité, multiplie les propos va-t-en guerre.

Samedi soir, il s'en est pris au Qatar, émirat qui mène avec l'Egypte une médiation en vue d'une trêve avec le Hamas et d'un accord de libération de otages détenus dans la bande de Gaza, l'enjoignant à "cesser son double jeu et son double langage". "Israël gagnera cette guerre légitime avec des moyens légitimes", a-t-il ajouté, semblant signifier ainsi la fin de toute négociation. Le Qatar "rejette fermement les déclarations incendiaires" de M. Netanyahu "qui sont contraires aux règles les plus élémentaires de la responsabilité politique et morale", a réagi sur X le porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères, Majed al-Ansari.

Depuis qu'Israël a mis fin le 18 mars à deux mois d'une trêve dans la guerre déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023, M. Netanyahu assure qu'une pression militaire accrue est le seul moyen de forcer le mouvement islamiste palestinien à rendre les otages. Au contraire, "toute intensification des combats placera les otages [...] en situation de danger immédiat", a mis en garde le forum des familles d'otages, organisation israélienne de proches des captifs. "Pour la grande majorité des Israéliens le retour des otages est la première priorité morale de la nation", a ajouté le forum dans un communiqué, jugeant encore possible de "parvenir à un accord permettant de sauver des vies et d'empêcher davantage de pertes humaines". [Sur les 251 personnes enlevées le 7 octobre 2023, 58 sont toujours retenues à Gaza dont 34 déclarées mortes par l'armée israélienne; ndc].

Depuis le 18 mars, les bombardements israéliens sur la bande de Gaza sont quotidiens et l'armée a repris le contrôle de larges pans du territoire qu'elle avait évacués. Après s'être améliorée pendant la trêve, la situation humanitaire des quelque 2,4 millions de Palestiniens est de nouveau catastrophique.

Selon les correspondants militaires de médias israéliens, l'armée a commencé à envoyer des ordres de mobilisation à des réservistes, prévoyant d'en rappeler des dizaines de milliers en vue d'une expansion de son offensive. Ces réservistes devraient remplacer des appelés ou des soldats d'active à travers le pays ainsi qu'en Cisjordanie occupée afin que ceux-ci puissent être envoyés combattre à Gaza. Des proches de journalistes de l'AFP ont déjà reçu leur "Tsav 8" (ordre de mobilisation).

Selon la télévision publique, le cabinet de sécurité israélien doit se réunir dimanche en vue d'approuver l'élargissement de l'offensive à Gaza. Israël a juré de détruire le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, et a lancé une campagne de représailles militaires ayant dévasté la bande de Gaza et fait au moins 52.495 morts, en majorité des civils, selon des chiffres du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugés fiables par l'ONU.

Les informations sur le rappel des réservistes ont été publiées après que la branche armée du Hamas a diffusé une vidéo dans laquelle apparaît un homme allongé, la tête et le bras gauche couverts de bandages avec des tâches marron. Parlant hébreu, il se présente comme "le prisonnier numéro 24" mais a été identifié comme étant Maxim Herkin, otage israélo-russe qui aura 37 ans fin mai. Sa famille a publié un communiqué demandant aux médias de ne pas diffuser la vidéo. Samedi soir, quelques milliers d'Israéliens se sont une nouvelle fois rassemblés à Tel-Aviv. (...)

Israël soumet la bande de Gaza à un blocus total depuis le 2 mars. En l'absence d'entrée de la moindre aide humanitaire depuis cette date, des responsables onusiens et d'ONG multiplient les avertissements sur un risque de famine.