Le Monde d'Antigone

Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
syndicats et toute forme de gestion et de pouvoir.
Rassembler des foules sous un même drapeau
trouve toujours son origine dans une imposture.
Seule une révolution mettra fin à un système
dont l'obsession de l'argent entraine l'humanité
vers la catastrophe.

Rubriques

>> Toutes les rubriques <<
· 37 - Lointains échos dictatures africain (397)
· 00 - Archivage des brèves (775)
· .[Ec1] Le capitalisme en soins intensifs (550)
· 40 - Planète / Sciences (380)
· 10 - M-O. Monde arabe (382)
· . Histoires et théories du passé (219)
· 20 - Japon, Fukushima (237)
· .[Ec2] Métaux, énergies, commerce (253)
· 24 - USA (303)
· 19 - Chine [+ Hong Kong, Taïwan] (318)

Statistiques

Date de création : 10.03.2011
Dernière mise à jour : 29.10.2025
8618 articles


Rechercher

La chute du yen stimule le surtourisme au Japon

Publié le 10/02/2025 à 05:52 par monde-antigone

 

Hausse de la taxe de séjour à Kyoto: lutte contre le surtourisme au Japon ou mesure politique ?

par Grégoire Sauvage

France24 - 17 jan 2025

https://www.france24.com/fr/asie-pacifique/20250117-hausse-taxe-sejour-kyoto-lutte-contre-surtourisme-japon-mesure-politique

 

(.../...) Avec ses paisibles jardins zen et ses 2 000 sanctuaires et temples, dont le célèbre Pavillon d'or, ses minuscules pubs cachés au bout d'une ruelle, sa gastronomie exquise et ses mystérieuses geishas du quartier historique de Gion, la cité millénaire attire toujours plus de visiteurs étrangers, notamment chinois. Si bien que la ville étouffe depuis la fin des restrictions liées au Covid-19.

Pour remédier à ce surtourisme qui pèse sur ses infrastructures et le bien-être de ses habitants, Kyoto a annoncé cette semaine un relèvement massif de sa taxe de séjour, graduée en fonction du prix des hébergements. "Nous avons l'intention d'augmenter la taxe de séjour afin de parvenir à un tourisme durable apportant un niveau élevé de satisfaction aux citoyens, touristes et entreprises", ont indiqué les autorités municipales, qui comptent introduire la mesure en mars 2026.

Kyoto suit ainsi la tendance observée ces dernières années à travers le monde. Plusieurs sites emblématiques ont entrepris de se prémunir contre les effets du surtourisme en instaurant des quotas de fréquentation, un accès payant ou une obligation de réservation. L'an dernier, Venise a par exemple institué une taxe pour les visiteurs d'un jour.

Une ville criblée de dettes

Selon le projet dévoilé par la mairie de Kyoto, les visiteurs louant une chambre pour un prix allant de 20 000 à 50 000  ¥ par nuit (124 à 310 € au cours actuel) verront leur taxe de séjour doublée à 1.000  ¥ (6,20 €) par personne et par nuitée, puis 4.000 ¥ (24 €) au-delà de 50.000 ¥. Quant aux hébergements les plus luxueux, au-delà de 620 €, leur taxe sera multipliée par 10 pour atteindre 62 € par nuitée. Une mesure qui sera loin d'être dissuasive pour l'écrasante majorité des visiteurs, selon Thierry Maincent, directeur de Japan Experience, agence spécialisée depuis plus de 40 ans dans les voyages au Japon.

"En ce qui concerne la clientèle française, l'effet prix n'a que peu d'impact sur le désir de se rendre au Japon. La décision est mûrie pendant de longs mois et c'est souvent le voyage d'une vie. Par ailleurs, cela n'aura aucun impact pour ceux qui peuvent déjà s'offrir les logements les plus chers. La donne est peut-être un peu différente pour des Asiatiques attirés par le côté low-cost, à l'image d'une clientèle européenne qui voyage en Europe", explique l'expert du secteur touristique.

Plus qu'une initiative destinée à lutter contre des hordes de touristes armés de perches à selfie, l'augmentation de la taxe de séjour est avant tout une mesure budgétaire. Car Kyoto, malgré son attrait, est une ville criblée de dettes. Comme le rappelle France Info, la mairie doit toujours rembourser une ardoise qui remonte aux années 1990 et à la construction de son métro. "Il y a très peu d'entreprises industrielles dans la région de Kyoto et, à l'image du Japon, la ville a un problème démographique. La population vieillit et décroît au profit de Tokyo, où il y a plus d'opportunités de travail", décrypte Thierry Maincent. "Kyoto est une ville qui n'a plus les moyens de son train de vie. La mairie voit donc les touristes étrangers comme une véritable manne et a accordé énormément de permis de construire ces dernières années aux grandes chaînes hôtelières internationales. Maintenant, elle veut que tout le monde passe à la caisse".

Cependant, la forte augmentation de la taxe de séjour n'est pas qu'une mesure bassement pécuniaire. Derrière elle se cache aussi un message politique destiné à des locaux excédés par les nuisances créées par des voyageurs pas toujours respectueux des règles et des convenances qui régissent la vie sociale au Japon. Outre l'engorgement de la circulation, les habitants s'agacent du comportement de touristes s'aventurant dans les allées privées, jetant leurs détritus ou fumant leur cigarette dans l'espace public en dehors des espaces autorisés.

Symbole de ce choc des cultures: les incivilités à répétition à l'encontre des geishas, ces artistes professionnelles assimilées parfois à tort à des prostituées par des touristes mal informés. En mars 2024, le conseil du quartier historique de Gion, déplorant que certains visiteurs se comportent comme des "geishas paparazzis", avait décidé d'interdire aux étrangers l'accès aux ruelles privées. Depuis 2019, il était déjà interdit de prendre des photos dans les voies privées, sous peine d'une amende pouvant aller jusqu'à 10.000 ¥ (62 €).

Non seulement certains touristes ne respectent rien mais en plus ils font bondir les prix de l'immobilier. Car si l'économie japonaise profite de l'afflux de touristes étrangers – deuxième source de revenus du pays après les exportations de voitures –, "cela a aussi un impact négatif, comme le fait que les Japonais ne peuvent pas voyager [en raison du prix des hôtels, NDLR] ou celui que leur vie quotidienne est affectée par le surtourisme", précise à l'AFP l'analyste Takuto Yasuda, de l'institut de recherche NLI.

L'augmentation de la taxe de séjour à Kyoto doit aussi être envisagée comme une "mesure d'équité" entre les locaux et des touristes qui profitent de l'affaiblissement du yen face au dollar, analyse Thierry Maincent. "Avec cette mesure, Kyoto veut envoyer un message politique à ses habitants et dire que le surtourisme a parfois des inconvénients, mais il a aussi des avantages et permettra de financer de nouveaux services publics", ajoute le voyagiste.

Un surtourisme à relativiser

Taxe ou pas, la pression exercée sur Kyoto est loin de devoir s'arrêter. Alors que la croissance économique du Japon reste atone, le tourisme est vu comme un moteur crucial de l'activité. Après la période noire du Covid-19, les autorités ont mis les bouchées doubles pour faire découvrir les paysages majestueux du mont Fuji, les sanctuaires traditionnels ou la culture des jeux vidéo et du manga associée au "Cool Japan".

En 2024, l'archipel a ainsi enregistré 36,8 millions d'arrivées de touristes étrangers, dépassant de loin le record d'environ 32 millions établi en 2019, a annoncé mercredi l'Organisation nationale du tourisme. Cependant, le Japon, avec ses 124 millions d'habitants, reçoit toujours beaucoup moins de touristes que la première destination mondiale, la France, qui compte 68 millions d'habitants et a accueilli 100 millions de visiteurs en 2023.

L'impression de surtourisme au Japon s'explique en grande partie par "une concentration des touristes sur quelques microsites", estime Thierry Maincent. Selon les professionnels du secteur, l'une des solutions passe par la promotion d'autres régions pour mieux répartir le flot des voyageurs qui souvent se pressent aux mêmes endroits, aux mêmes périodes de l'année, en particulier lors de la célèbre floraison des cerisiers au printemps. "Le gouvernement doit aussi convaincre les Japonais de visiter leur propre région. C'est cela qui va aussi permettre de faire baisser le surtourisme. On parle moins de ce problème en France car les Français ne vont pas visiter la tour Eiffel. Ils y sont déjà allés. À l'inverse, les Japonais ont tendance à rester très concentrés".

Pour sortir des sentiers battus et éviter la foule qui se presse à Kyoto, l'expert du voyage au Japon recommande de s'aventurer dans les îles de la mer Intérieure, dont les plus connues sont Naoshima et Teshima, ou encore de pousser au sud vers Kyushu et ses terres volcaniques, ses sources d'eau chaude (onsen) et ses paysages de bord de mer à couper le souffle.

 

Au Japon, le surtourisme met les hommes d'affaires à la rue

AFP, France24 - 15 jan 2025

https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20250115-au-japon-le-surtourisme-met-les-hommes-d-affaires-%C3%A0-la-rue

 

TOKYO – Après un séminaire à Tokyo, les employés de la société informatique de Yoshiki Kojima s'endorment dans un hôtel-capsule: dans la capitale japonaise, l'essor du tourisme rend les chambres hôtelières classiques trop chères pour les voyages d'affaires.

La faiblesse du yen attire de plus en plus de visiteurs dans l'archipel nippon, où le nombre de touristes étrangers a bondi en 2024 au niveau inédit de 36,8 millions d'entrées, dépassant le précédent record de 2019 (32 millions), selon un chiffre officiel annoncé mercredi. En conséquence, les hôtels classiques sont remplis et les prix s'envolent, obligeant les femmes et hommes d'affaires nippons à se rabattre sur des solutions minimalistes comme les fameuses micro-chambres.

Les hôtels-capsules, une institution japonaise, proposent des espaces pas plus grands que la taille d'un lit. Ces mini-chambres ont une réputation "minable", reconnaît M. Kojima, mais ce patron a trouvé un établissement plus confortable qui propose des matelas haut de gamme et une télévision dans chaque capsule. "C'est propre, pratique et nous disposons d'une salle de bain commune traditionnelle. Mes employés disent que c'est amusant", affirme-t-il à l'AFP.

A Tokyo, les prix pour une capsule standard débutent à environ 5.000 ¥ (31 €) la nuit. Les tarifs augmentent pour des capsules plus confortables, selon M. Kojima. Mais cela reste moins cher qu'une chambre basique dans un hôtel d'affaires, qui, dans la capitale nippone, coûte 4 fois plus en moyenne, à 20.048 ¥ (154 €) la nuit. Un tarif moyen lui-même en nette hausse par rapport au pic pré-pandémie de Covid, d'environ 13.000 ¥, atteint en avril 2019, selon une étude de Tokyo Hotel Kai, un groupe d'environ 200 hôtels. (...)

L'économie japonaise profite de l'afflux de touristes étrangers, car cela crée des emplois et ces visiteurs dépensent de l'argent, explique l'analyste Takuto Yasuda de l'Institut de recherche NLI. "Mais cela a aussi un impact négatif, comme le fait que les Japonais ne peuvent pas voyager, ou que leur vie quotidienne est affectée par le surtourisme", précise-t-il à l'AFP. La pénurie chronique de main-d'œuvre au Japon et l'augmentation des coûts de l'approvisionnement des hôtels font également grimper les prix, ajoute-t-il.

Keisuke Morimoto, qui gère une boutique de kimonos dans la région de Nara, dans l'ouest du Japon, a été choqué en apprenant que deux nuits dans un hôtel de Tokyo lui coûteraient 60.000 ¥ (370 €). "Sérieusement, que dois-je faire pour mon voyage d'affaires ?", s'est-il indigné sur le réseau X. Interrogé par l'AFP, il dit envisager de recourir à une célèbre plateforme de locations, qui propose des offres plus abordables.

Réagissant face au surtourisme, l'ex capitale impériale Kyoto a annoncé mardi un net relèvement à partir de 2026 de la taxe de séjour imposée aux visiteurs, jusqu'à 10 fois le niveau actuel pour les hôtels haut de gamme. Le gouvernement, lui, veut accueillir 60 millions de visiteurs par an d'ici 2030 dans le pays. Cela pourrait signifier des voyages d'affaires encore plus coûteux pour les Japonais à Tokyo, Osaka et dans les autres grandes villes, où les demandes de réservations d'hôtels grimpent en flèche. Pour équilibrer les choses, le gouvernement essaie d'attirer les touristes vers des destinations moins courues et de les encourager à séjourner au moins deux nuits dans des villes rurales.

L'expert Takuto Yasuda convient que répartir les visiteurs est essentiel pour alléger la pression sur les hôtels urbains. Le taux d'occupation des hôtels d'affaires gérés par le groupe Fujita Kanko à Tokyo était de 88 % en 2024, avec des tarifs moyens en hausse de 26 % par rapport à l'année précédente, a indiqué l'entreprise. "Actuellement, la demande est concentrée dans les grandes villes comme Tokyo et Osaka, nous espérons donc que cela s'étendra à Sapporo (Hokkaido), Naha (Okinawa) et d'autres régions plus petites", a expliqué l'entreprise. De son côté, M. Kojima pourrait recourir à des mesures drastiques pour son entreprise informatique. "Je pense déplacer notre siège social à Sapporo, ou organiser des réunions dans une ville thermale près de Tokyo", confie-t-il. "Il existe de nombreux endroits qui ne sont pas inondés de touristes, et nous pouvons en profiter".

 

Fréquentation touristique au Japon

Kanpai - 25 oct 2024

https://www.kanpai.fr/voyage-japon/frequentation-touristique-japon

 

Records de fréquentation et objectifs du gouvernement

Après une belle année 2010, cette fréquentation a chuté en flèche en 2011 à cause des évènements du 11 mars et jours suivants à Fukushima. Heureusement, le Japon a su rapidement rassurer les gaijin voyageurs et les statistiques sont reparties à la hausse dès 2012, enchaînant ensuite les records chaque année sans discontinuer. Le 20 décembre 2013, le Japon a fêté un record: son 10 millionième touriste de l'année. (...)

En 2013, le chiffre jamais atteint jusqu'alors de 10,36 millions de visiteurs doublait le volume de 10 ans plus tôt ! Le gouvernement japonais et le JNTO présentaient alors des objectifs de 20 millions de touristes étrangers au Japon à l'horizon 2020 et 30 millions pour 2030, toutes les années suivantes étant naturellement sous le feu des projecteurs. Avec 1,1 million de Japonais ayant voyagé hors de leurs frontières (- 4,4 %), avril 2014 était le premier mois en 44 ans (depuis septembre 1970) où les touristes étrangers au Japon ont dépassé les touristes Japonais à l'extérieur.

Face aux progressions importantes depuis (les 20 millions ont été tutoyés dès 2015), les objectifs du gouvernement japonais ont changé et ont été annoncés en mars 2016: 30 millions de touristes étaient attendus en 2020 (relevés entre temps à 40 millions) et 60 millions en 2030. En juillet 2024, l'objectif intermédiaire pour cette même année est porté à 35 millions.

En 2018, 61,4 % des visiteurs étrangers au Japon avaient déjà visité l'archipel auparavant. Les "répéteurs" les plus nombreux étaient les Coréens. À compter d'août 2019, les chiffres montrent une décroissance à cause de la chute du nombre de visites des Coréens (jusqu'à - 65% par rapport à 2018) liée aux tensions entre les deux pays. En septembre 2024, les premiers pays à visiter à l'archipel sont la Corée du Sud, la Chine, Taiwan et les États-Unis.

Crise sanitaire liée au Covid-19

Avec quelques milliers de touristes seulement, les mois d'avril 2020 et suivants voient près de - 100 % de voyageurs étrangers au Japon par rapport à l'année précédente. C'est la première fois depuis le début des statistiques en 1964 que le chiffre mensuel est inférieur à 17.000. Ce même mois, Okinawa a vu zéro touriste fouler son sol, une première depuis le retour administratif de l'archipel au Japon en 1972.

En novembre 2020, avec quelques soulagements de restrictions, le nombre de voyageurs dépasse enfin 50.000 par mois à nouveau, notamment des hommes d'affaires et étudiants, dont: 18.100 Chinois, 14.700 Vietnamiens, 3.400 Indonésiens, 2.800 Sud-Coréens.

Malgré la crise du Covid, fin 2020, l'objectif de 60 millions de voyageurs à l'horizon 2030 est maintenu (...), sans savoir si cela serait atteignable.

Avec moins de 246.000 entrées d'étrangers au Japon (dont près du tiers en juillet-août pour les Jeux Olympiques), 2021 a été la pire année depuis le début des statistiques touristiques japonaises en 1964. Ce chiffre est en baisse de 99,2 % par rapport à 2019, la dernière année pré-Corona. Depuis le 10 juin 2022, les frontières japonaises ont rouvert au tourisme mais sous conditions (visa sponsorisé par une agence et guide en permanence sur place). En juin, 252 voyageurs ont pu en profiter et 14.580 ont formulé une demande pour entrer en juillet.

Depuis le 11 octobre 2022, les frontières sont à nouveau ouvertes comme avant la pandémie. Il faut simplement produire 3 doses de vaccin ou un test PCR pour pouvoir entrer au Japon. L'agence touristique japonaise estime pouvoir retrouver les niveaux de tourisme international pré-Covid (le record de 2019) d'ici à 2025 (elle espère ainsi 40 millions de visiteurs en cette année d'Exposition Universelle à Osaka) et conserve son objectif de 60 millions de touristes étrangers pour 2030.

 

16/07/2025 >> 21,5 millions de touristes étrangers ont visité le Japon au cours du 1er semestre 2025, soit en hausse de 21 % par rapport au 1er semestre 2024. Pour le seul mois de juin, le nombre de visiteurs étrangers a augmenté de 7,6 % pour atteindre le chiffre record de 3,4 millions.