Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
syndicats et toute forme de gestion et de pouvoir.
Rassembler des foules sous un même drapeau
trouve toujours son origine dans une imposture.
Seule une révolution mettra fin à un système
dont l'obsession de l'argent entraine l'humanité
vers la catastrophe.
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Dernière mise à jour :
18.09.2025
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>> Xi Jinping s'est engagé jeudi à allouer à l'Afrique 50,7 Mds $ de financement ces 3 prochaines années, afin de renforcer les échanges en infrastructures, le commerce et l'investissement. Il promet aussi d'aider à la création d'"au moins un million d'emplois".
En revanche, il n’a pas réitéré son engagement du forum de Dakar en 2021 pour acheter pour 300 Mds $ de produits africains. s’engageant seulement à élargir l’accès au marché. Pour les spécialistes, les règles imposées par Pékin sont trop strictes pour permettre le développement d'une zone de libre-échange équilibrée entre la Chine et l'Afrique.
La Chine déroule le tapis rouge aux dirigeants africains
par Oliver Hotham
AFP, TV5 Monde - 02 sep 2024
La Chine accueille avec faste lundi des dirigeants de toute l'Afrique pour cinq jours de sommet destinés à approfondir les liens avec ce continent où les importants prêts de Pékin ont permis la construction d'innombrables infrastructures. Des dizaines de dirigeants et délégations sont attendus pour ce sommet du Forum de la coopération Chine-Afrique [FOCAC] prévu jusque vendredi et qui sera selon le géant asiatique le plus grand événement diplomatique organisé dans la capitale chinoise depuis la pandémie de Covid-19. La sécurité a été renforcée à Pékin avant le sommet, avec notamment des routes temporairement barrées pour permettre le passage des délégations. Des banderoles ont été accrochées dans la ville et proclament que la Chine et le continent africain "s'unissent pour un avenir meilleur".
La Chine a envoyé ces deux dernières décennies des centaines de milliers d'ouvriers et d'ingénieurs en Afrique pour construire ces grands projets, et gagné un accès privilégié aux vastes ressources naturelles africaines, notamment le cuivre, l'or et le lithium. Les prêts des banques publiques chinoises ont permis de financer de nombreuses infrastructures destinées à doper la croissance africaine (voies ferrées, ports, routes...) mais aussi soulevé des interrogations car ils ont également creusé l'endettement de certains pays. La Chine, 2e économie mondiale, est le 1er partenaire commercial de l'Afrique. Le commerce bilatéral a atteint 167,8 Mds $ au 1er semestre 2024, selon les médias officiels chinois. (...)
Les prêts accordés par la Chine aux pays africains l'an passé ont atteint leur niveau le plus élevé depuis 5 ans, selon une base de données réalisée par l'université de Boston. Les principaux pays emprunteurs étaient l'Angola, l'Ethiopie, l'Egypte, le Nigeria et le Kenya. Mais le montant des prêts - 4,61 Mds $ - est en net recul par rapport aux sommets atteints en 2016, où ils s'élevaient à près de 30 Mds $. Selon des analystes, le ralentissement économique actuel en Chine pousse Pékin à réduire ses investissements en Afrique. Le sommet de cette semaine intervient sur fond de concurrence croissante entre les Etats-Unis et la Chine en Afrique, en matière d'influence politique et d'accès aux ressources naturelles. (...)
L'un des objectifs pourrait aussi être de réduire le déséquilibre commercial croissant entre la Chine et l'Afrique, notamment en augmentant les importations par le géant asiatique de produits agricoles et de minéraux transformés africains, estime Mme Zainab Usman, directrice du programme Afrique à la Fondation Carnegie pour la paix internationale. "Répondre à ces demandes africaines est dans l'intérêt géopolitique de la Chine, afin de garder (les pays africains) à ses côtés dans le bras de fer qui l'oppose aux Etats-Unis", assure-t-elle.
Forum sino-africain: L'Afrique espère rééquilibrer sa coopération avec la Chine
par Clea Broadhurst
RFI - 04 sep 2024
Le Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC) évoquera de nouveaux partenariats économiques, le développement des infrastructures et la coopération bilatérale. Le ministre des Affaires étrangères chinois Wang Yi a déclaré mardi que l'accélération des changements fait entrer le monde dans une nouvelle période de turbulences et de transformations. L'essor collectif du "Sud global", représenté par la Chine et l'Afrique, a un impact profond sur le développement humain.
Les attentes sont nombreuses, des deux côtés. Pékin voit le Forum comme une opportunité d’approfondir ses partenariats stratégiques avec l’Afrique, surtout dans un contexte post-Covid. L'une des principales priorités, c'est de moderniser les infrastructures africaines. Les pays africains attendent de la Chine qu'elle continue à soutenir des secteurs clés tels que l'industrie manufacturière, les transports, l'énergie et les technologies numériques, tout en contribuant à combler les lacunes importantes de l'Afrique en matière d'infrastructures. On pense aussi à la phrase de Xi Jinping « small but beautiful projects » ("de petits mais beaux projets") qui revient très souvent et qui sous-entend une volonté de s’engager dans des projets mieux adaptés aux besoins spécifiques des communautés locales.
L'endettement croissant de nombreuses nations africaines, à cause des prêts chinois, est un problème persistant. Si la Chine a joué un rôle déterminant dans le financement de projets d'infrastructure, la viabilité à long terme de ces dettes suscite de plus en plus d'inquiétudes, en particulier dans les petits États africains économiquement fragiles. Les pays africains sont de plus en plus conscients de la nécessité d'une coopération réellement bénéfique pour les deux parties. Dans certains cas, les investissements chinois n'ont pas été alignés sur les priorités de développement locales, ce qui a donné lieu à des critiques selon lesquelles certains projets profitent davantage à la Chine qu'aux pays bénéficiaires. Les pays africains espèrent négocier de meilleures conditions commerciales avec la Chine. Nombre d'entre eux espèrent une réduction des déséquilibres commerciaux et un meilleur accès aux marchés chinois pour les produits agricoles et manufacturés africains.
Programme des journées FOCAC
Jeudi matin, le président chinois Xi Jinping prononcera un discours dans lequel il devrait annoncer de nouvelles initiatives et exposer la vision de Pékin pour l'avenir des relations sino-africaines. Ce discours donnera le ton à la poursuite de la coopération sur des questions telles que le développement économique, la sécurité et le progrès technologique. Il y aura quatre réunions principales de haut niveau couvrant des domaines tels que la gouvernance, l'industrialisation, la modernisation de l'agriculture, la paix et la sécurité, et la coopération autour des "nouvelles routes de la soie". Une grande conférence qui réunit les entrepreneurs chinois et africains aura également lieu, elle vise à favoriser les partenariats avec le secteur privé et à étendre la collaboration économique. Le Forum devrait adopter deux documents majeurs: la Déclaration et le Plan d'action, qui présenteront des accords clés et une feuille de route pour la coopération sino-africaine au cours des trois prochaines années.
Quel est le volume d'affaires de la Chine en Afrique ?
par Jeremy Howell
BBC World - 04 sep 2024
https://www.bbc.com/afrique/articles/cy9erqqyxd9o
Au cours des deux dernières décennies, la Chine a massivement intensifié ses échanges avec l'Afrique et investi des milliards de dollars dans la construction de routes, de chemins de fer et de ports sur le continent. Cela s'est fait dans le cadre du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC), une conférence qui se tient tous les trois ans pour décider de la meilleure façon dont les pays africains et la Chine peuvent travailler ensemble. La réunion de cette année débute mercredi à Pékin et se poursuit jusqu'à vendredi, date à laquelle le Premier ministre chinois, Xi Jinping, s'adressera à la conférence. Récemment, la Chine a changé de stratégie et propose à l'Afrique davantage de produits de haute technologie et d'"économie verte".
Au cours des 20 dernières années, la Chine est devenue le premier partenaire commercial de l'Afrique, le premier investisseur dans les pays africains et leur premier créancier. Elle a réalisé plus de 250 Mds $ d'échanges avec les pays africains en 2022 (dernière année complète pour laquelle on dispose de données). Elle a importé principalement des matières premières telles que le pétrole et les minerais, et exporté essentiellement des produits manufacturés.
En 2022, la Chine a investi 5 Mds $ dans les économies africaines, principalement pour construire de nouvelles liaisons de transport et des installations énergétiques, et pour exploiter des mines. Les entreprises chinoises ont gagné près de 40 Mds $ en 2022 grâce à ces projets. Selon le Forum économique mondial (WEF), il existe aujourd'hui 3.000 entreprises chinoises en Afrique. La Chine a également 134 Mds $ de prêts en cours avec les pays africains, provenant de l'argent qu'elle leur a prêté pour le développement. Elle détient environ 20 % de la totalité de la dette des pays africains envers le reste du monde.
Toutefois, les prêts accordés par la Chine aux pays africains et ses investissements en Afrique ont récemment connu un ralentissement. Cela s'explique par le fait que de nombreux États africains ont eu des difficultés à rembourser leurs prêts pour les infrastructures construites par la Chine dans leurs pays, explique le professeur Steve Tsang, de la SOAS (Université de Londres). « La Chine était heureuse de prêter de l'argent pour des projets en Afrique, tels que des chemins de fer, que les pays occidentaux et la Banque mondiale n'auraient pas financés, parce qu'ils n'avaient pas de sens commercial », explique-t-il. « Aujourd'hui, de nombreux pays africains ont constaté que ces projets ne leur rapportaient pas suffisamment pour rembourser les prêts ». « Aujourd'hui, les prêteurs chinois en Afrique font preuve de plus de discernement », déclare Alex Vines de Chatham House, un groupe de réflexion sur les affaires étrangères basé à Londres. « Ils recherchent des projets plus susceptibles d'être financés ».
La Chine ne se contente plus de proposer aux pays africains de grands projets d'infrastructure tels que des routes, des chemins de fer et des ports, mais leur fournit des produits de haute technologie tels que des réseaux de télécommunications 4G et 5G, des satellites spatiaux, des panneaux solaires et des véhicules électriques (VE). « La Chine a été accusée de vendre à bas prix des véhicules électriques sur le marché africain », explique M. Vines. « C'est un moyen pour la Chine d'exporter ses nouvelles technologies vertes de pointe ».
Le commerce avec la Chine a-t-il aidé ou nui à l'Afrique ?
La Chine a commencé à nouer des liens commerciaux importants avec les pays africains à partir de 1999, lorsque le Parti communiste chinois a lancé sa stratégie "Going Out". Le FOCAC a tenu sa première réunion en 2003 et constitue désormais une plateforme de partenariat entre la Chine et 53 États africains.
Selon M. Vines, l'objectif initial de la Chine était d'importer autant de matières premières que possible d'Afrique, afin de pouvoir produire des biens destinés à l'exportation dans le monde entier. « La Chine a prêté d'importantes sommes d'argent à l'Angola pour construire des infrastructures, afin d'obtenir en retour des livraisons de pétrole », explique-t-il. « Ces projets ont également fourni des emplois aux Chinois. À un moment donné, il y avait plus de 170.000 travailleurs chinois en Angola ». La Chine qualifie ses investissements en Afrique de "gagnant-gagnant".
Toutefois, les projets de construction réalisés par la Chine en Afrique n'ont apporté que très peu d'avantages à la population locale, affirme le professeur Tsang, ce qui a suscité du ressentiment. « Les entreprises chinoises font surtout venir leurs propres travailleurs et n'offrent pas beaucoup d'emplois locaux », explique-t-il. « On a également l'impression qu'elles emploient des travailleurs locaux dans des conditions de travail pénibles ». Les prêts aux pays africains ont grimpé en flèche dans les années qui ont suivi 2013, lorsque la Chine a lancé son initiative "One Belt, One Road" [ou OBOR, autre nom des Nouvelles routes de la soie; ndc] pour améliorer les réseaux d'échanges commerciaux à travers l'Afrique et l'Asie. Ils ont culminé à plus de 28 milliards de dollars en 2016.
La Chine a été accusée de prêter à l'Afrique de manière prédatrice, en persuadant les gouvernements d'emprunter d'énormes sommes d'argent, puis en exigeant des concessions lorsqu'ils commencent à avoir des problèmes de remboursement. L'Angola a accumulé des dettes de 18 Mds $ envers la Chine, la Zambie de plus de 10 Mds $ et le Kenya de 6 Mds $, selon les chiffres de Chatham House. Tous ces pays ont eu beaucoup de mal à rembourser ces sommes. La Chine a souvent prêté de l'argent aux États africains en liant les remboursements à leurs recettes d'exportation de matières premières. Ces accords ont permis à la Chine de prendre le contrôle de plusieurs mines de minerais dans des pays comme le Congo [RDC].
Le directeur de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina, a déclaré à l'agence Associated Press que les gouvernements devraient éviter ce type de prêts. « Ils sont tout simplement mauvais, d'abord et avant tout, parce qu'il n'est pas possible d'évaluer correctement le prix des actifs », a-t-il déclaré. « Si vous avez des minerais ou du pétrole dans le sous-sol, comment trouver un prix pour un contrat à long terme ? C'est un véritable défi ». Cependant, selon le Dr Vines: La "diplomatie du piège de la dette" chinoise n'existe pas vraiment. « La Chine agit parfois comme un prédateur lorsqu'elle traite avec un État faible, mais des gouvernements plus forts peuvent faire des affaires avec elle sans s'endetter lourdement ».
Quels sont les projets de la Chine pour l'Afrique à l'avenir ?
Le FOCAC, qui débute mercredi à Pékin, est la plateforme de partenariat la plus complète et la mieux établie entre les nations africaines et une puissance mondiale, selon le Dr Shirley Ze Yu de la London School of Economics. Tous les trois ans, elle définit de nouveaux objectifs et de nouvelles priorités. « Il s'agit essentiellement d'une stratégie visant à engager au mieux la Chine en tant que partenaire extérieur de l'Afrique », explique-t-elle. « À la fin du siècle, 40 % de la population mondiale résidera en Afrique. « Il est évident que l'Afrique détient l'avenir économique mondial ».
Cependant, les intérêts de la Chine en Afrique ne sont pas seulement commerciaux, mais aussi politiques, selon M. Vines. « Il y a plus de 50 nations africaines à l'ONU », dit-il. « La Chine a persuadé la quasi-totalité d'entre elles de ne plus reconnaître Taïwan en tant qu'État ». « Nous voyons maintenant plus clairement ce que la Chine attend de l'Afrique », déclare le professeur Tsang. « Elle veut devenir le champion du Sud et utiliser cette position pour accroître son influence au sein des Nations unies et d'autres organisations internationales. La Chine veut que les nations africaines soient ses "soutiens". Selon lui, le FOCAC n'est pas une réunion d'égaux. « Il y a une grande disparité de pouvoir. Si vous êtes d'accord avec la Chine, vous êtes le bienvenu. Personne ne dira qu'il n'est pas d'accord avec ce qu'elle a l'intention de faire ».
EDIT (6 septembre 2024)
Des prêts plus ciblés, nouvelle stratégie de la Chine en Afrique
par Matthew Walsh
AFP, TV5 Monde - 06 sep 2024
PEKIN – Vers la fin des grands et coûteux projets d'infrastructures de la Chine en Afrique ? Aux prises avec une économie au ralenti, Pékin voit désormais plus petit pour éviter les partenaires potentiellement insolvables, selon des analystes. Pendant des années, le géant asiatique a accordé des milliards de prêts pour la construction de trains, routes et ponts. Utiles au développement, ils ont aussi contribué à creuser la dette de pays qui parfois peinent à rembourser.
Une des solutions adoptées par Pékin: des crédits moins importants pour financer des projets plus modestes, d'après des experts. "La Chine a ajusté sa stratégie de prêt en Afrique pour tenir compte de ses propres difficultés économiques et des problèmes d'endettement de l'Afrique", déclare Lucas Engel, analyste de données à l'université de Boston qui étudie le financement par la Chine du développement sur le continent africain. "Cette prudence, nouvelle, et cette aversion au risque chez les prêteurs chinois visent à assurer que la Chine puisse continuer sa coopération avec l'Afrique d'une manière plus solide et durable", indique-t-il à l'AFP. "Les grands prêts d'infrastructure sont devenus plus rares". (...)
Mais si Pékin vante ses largesses à l'égard de l'Afrique, les données montrent que le financement chinois a chuté ces dernières années. Selon l'université de Boston, les prêteurs chinois ont fourni l'année dernière un total de 4,6 Mds $ à huit pays africains et deux institutions financières régionales. Le principal changement concerne les bénéficiaires: plus de la moitié du montant total est allé à des banques multilatérales ou nationales - contre seulement 5 % entre 2000 et 2022. (...) "La réorientation des prêts vers des emprunteurs multilatéraux africains permet aux prêteurs chinois d'être liés avec des entités qui bénéficient d'une bonne cote de crédit" auprès des agences de notation et non avec des emprunteurs étatiques "en difficulté", note M. Engel. Nombre d'articles de presse ont critiqué les grands projets chinois en Afrique, assurant que leur financement était opaque et les bénéfices pour la population locale limités.
Mais la Chine a changé sa stratégie ces dernières années, notent des analystes. Selon l'université de Boston, Pékin dirige désormais davantage l'argent vers des chantiers plus modestes, d'une petite ferme solaire au Burkina Faso à un projet hydroélectrique à Madagascar. Cela ne signifie pas que Pékin "réduit de manière permanente ses investissements et son financement du développement" en Afrique, déclare Zainab Usman, directrice du programme Afrique à la fondation américaine Carnegie Endowment for International Peace. "Les flux de financement du développement, en particulier les prêts, commencent à augmenter à nouveau", souligne-t-elle. Les dirigeants africains présents à Pékin cette semaine ont ainsi conclu des accords avec la Chine dans plusieurs domaines comme les infrastructures, l'agriculture, ou l'énergie. (...)