Le Monde d'Antigone

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Dernière mise à jour : 10.09.2025
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Nouvelle-Calédonie: La tentation du développement séparé

Publié le 23/07/2024 à 00:06 par monde-antigone

 

Nouvelle Calédonie: Pas de retour à la "normale" après les émeutes !

Courant Alternatif (OCL) - 15 jul 2024

https://oclibertaire.lautre.net/spip.php?article4216

 

Malgré les accords de Matignon et de Nouméa, la Nouvelle-Calédonie continue d’évoquer fortement une colonie, par ses énormes écarts de richesses entre "Européens" et Kanak, sa dépendance financière envers l’État français, le faible pouvoir et l’inefficacité de ses institutions… ou encore l’impunité dont jouissent les milices loyalistes. Il s’agit donc de réformer en profondeur la société calédonienne, et non de revenir au statu quo ante.

Dans les discours qui ont circulé sur la place publique française, depuis que l’archipel s’est embrasé à la mi-mai, on trouve souvent une incompréhension des actes commis par les émeutiers. Ou une tentative de dissocier les militants indépendantistes qui bloquent les routes des incendiaires de bâtiments publics et autres pilleurs de magasins. Ou encore l’idée que des barbares auraient soudain fait plonger dans le chaos une harmonieuse société multiculturelle calédonienne. En vérité, la situation sociale était de plus en plus explosive sur le territoire, et en voulant enterrer la revendication d’une indépendance par le "dégel" de son corps électoral spécial le gouvernement a mis le feu aux poudres.

Une crise économique d'ampleur

Jusqu’en 2010, l’archipel se démarquait d’une métropole toujours au bord de la récession par son taux de croissance, compris depuis deux décennies entre 3 et 4 % . Ses bons chiffres étaient dus à l’industrie du nickel (qui constitue la principale source de revenus pour le territoire et emploie 20 à 25 % de ses habitant-e-s), à la loi sur la défiscalisation des investissements outre-mer, à la faiblesse de son imposition sur le revenu et à la manne apportée par l’État français: subventions aux provinces, financement des institutions locales ou de sociétés d’économie mixte, salaires indexés à 1,7 des fonctionnaires venant de l’Hexagone… De nombreuses infrastructures sont ainsi apparues (routes, réseaux électriques, aéroport, hôpital, etc.); mais l’aide étatique s’est tarie, avec comme résultat un énorme endettement du territoire et la quasi-faillite de ses régimes sociaux. De plus, la surproduction mondiale de nickel, la chute de ses cours, le coût exorbitant de l’énergie, les défauts d’investissement et la concurrence des mines indonésiennes ont plongé dans de grandes difficultés ses trois usines métallurgiques.

Sur ce territoire où la vie est déjà très chère, l’augmentation de l’énergie a bien sûr aggravé aussi le quotidien des classes populaires, dans lesquelles on peut ranger la plupart des Kanak (comme des Wallisiens et des Futuniens qui travaillent dans le bâtiment, les mines ou les travaux publics); à l’opposé, on trouve les "Européens", ces caldoches et "métros" (nouveaux arrivants) qui travaillent surtout dans l’import-export, l’administration ou le nickel.

La question des transferts financiers assurés par l’État vers les institutions calédoniennes est devenue d’une brûlante actualité après les référendums: s’ils venaient à disparaître, il faudrait – sauf à réduire le niveau de vie sur l’archipel – taxer les très hauts revenus bien davantage qu’ils ne le sont présentement. Mais, quoique dirigé par les indépendantistes, le gouvernement n’y est guère disposé. Quand Louis Mapou (un leader du Palika) en est devenu le chef en 2021, il a certes promis des "assises sur les inégalités" pour parler école, emploi, jeunesse, lutte contre les violences intrafamiliales et… fiscalité, en annonçant une "réforme de fond", mais il a ajouté: « Nous veillerons cependant à ce que la modification des prélèvements obligatoires impacte raisonnablement la pression fiscale, qui est de l’ordre de 35 % du PIB chez nous, contre 45 % en France ».

La modération de ce Président indépendantiste ne suffit évidemment pas aux anti-indépendantistes, aussi leur opposition à sa politique est allée crescendo ces derniers mois. Le 21 mars, leurs élu-e-s ont quitté le Congrès en soutien aux patrons routiers qui bloquaient son accès et celui de deux dépôts de carburant , parce que le gouvernement proposait, pour combler le déficit du système électrique calédonien, de dégager des recettes supplémentaires par la taxation des carburants. Il s’agissait d’ajouter à la part fixe de la taxe sur la transition énergétique (TTE) une part additionnelle variant selon le coût du carburant. Le blocage des camionneurs s’est poursuivi jusqu’au 26 mars, où le gouvernement a retiré son projet. Le 28, jour où le "pacte nickel" concocté par le gouvernement devait être signé à Paris, les anti-indépendantistes, hostiles à ce projet, ont appelé à une marche sur le Congrès calédonien. D’autres manifestations ont suivi, organisées par un camp ou l’autre, avec pour thème le "dégel" du corps électoral que recherchait le gouvernement. La plus grosse journée a été le 13 avril, où 30.000 indépendantistes et 20.000 loyalistes ont défilé à Nouméa, selon les chiffres du Monde. Puis il y a eu les émeutes…

L'impact du capitalisme sur la communauté kanak

Selon "L’Enquête socio-économique des ménages de Nouvelle-Calédonie" réalisée en 1981 par l’Insee, 70 % des Kanak vivaient alors dans les réserves (où leurs logements valaient 5 fois moins que la moyenne nationale et étaient à 60 % sans eau ni électricité). A présent, ces réserves se paupérisent en même temps qu’elles sont délaissées: non seulement l’économie agricole ne constitue plus l’activité principale des Kanak – la plupart d’entre eux travaillent ou cherchent un emploi dans l’industrie du nickel, l’administration ou les services –, mais nombre de jeunes partent vers la ville, pour faire des études ou trouver un travail, ou par désir d’échapper aux contraintes collectives de la vie en tribu, voire à l’autorité des "anciens". Actuellement, la population calédonienne n’augmente que dans la province Sud, et plus de 2 Calédoniens sur 3 vivent dans l’une des quatre communes du Grand Nouméa … dont la moitié des habitant·e·s est kanak.

Cette réalité rend partiellement fausse la comparaison entre les récentes émeutes et les "événements" des années 1980, car les "événements" se sont déroulés en dehors de la capitale, surnommée "Nouméa la Blanche", alors que les émeutes ont essentiellement eu lieu dans le Grand Nouméa. Hormis quelques zones de "mixité sociale", cette agglomération est coupée en deux, avec dans le nord les quartiers les plus populaires – et kanak – et, dans le sud, les plus huppés – habités par des caldoches et des "métros". Ainsi, à la mi-mai, tandis que divers établissements brûlaient d’un côté, une vie paisible se poursuivait de l’autre dans les bars, plages et centres commerciaux .

Dans un bilan de l’accord de Nouméa réalisé par des sociétés privées en 2011, et actualisé en 2018, on pouvait déjà lire que si l’identité kanake a été « valorisée par des actions de préservation du patrimoine culturel, de sauvegarde et d’enseignement des langues, et par la poursuite de la réforme foncière (…), la transmission de l’héritage kanak se fragilise sous l’effet conjugué de la polarisation urbaine, de l’individualisation de la société et du renouvellement des générations ». On y lisait aussi que le niveau d’éducation s’était amélioré dans les provinces Nord et des Iles – mais la plupart des Kanak sont toujours au bas de l’échelle sociale. Les fonctionnaires de l’éducation, de la santé ou de l’administration qui vivent plutôt à l’aise en bénéficiant comme leurs collègues "métros" d’un salaire indexé ne sont qu’une minorité.

Au recensement de 2019, les Kanak représentaient 41,5 % de la population dans l’archipel – et 57 % des non-diplômés, 75 % des ouvriers, 70 % des chômeurs, 90 % des détenus et 6 % des diplômés de l’enseignement supérieur. Et, dans cet archipel, les 10 % les plus riches gagnent environ 8 fois ce que gagnent les 10 % les plus modestes (le ratio est de 4,4 en métropole); près d’1/5 de sa population vit sous le seuil de pauvreté, et ce sont pour l’essentiel des jeunes sans qualification… à 71 % kanak.

Ces jeunes qui squattent souvent dans les bidonvilles du Grand Nouméa ont été élevés avec le rêve d’une Kanaky indépendante, mais voient cette perspective s’éloigner. Alors, rien d’étonnant si leur contestation de l’ordre établi s’accompagne d’une critique des leaders indépendantistes (y compris de leur train de vie ou de leur indifférence envers le "petit peuple") et d’un désir de les mettre au pied du mur. De même, rien d’étonnant si ces jeunes se sont attaqués en priorité aux infrastructures de leurs quartiers (écoles, commerces, bâtiments administratifs et hospitaliers…) . Pillages et destructions ont traduit leur conviction qu’il n’y a pas d’ascension sociale à attendre des diplômes; et puis il était plus facile d’agir là, en terrain connu – alors que les quartiers résidentiels sont protégés par des milices d’extrême droite en armes.

Le 21 mai, le fils d’Alphonse Dianou (un des indépendantistes morts à Ouvéa en 1988) déclarait à Mediapart: « Il y a une fracture, sinon on n’en serait pas arrivé là, les jeunes auraient levé le pied après le premier communiqué des vieux appelant au calme. (…) On dit que la jeunesse est désintéressée par la politique, mais c’est faux : elle est consciente des enjeux. Le problème, c’est que nos politiques parlent d’accord global alors que pour nos générations, le seul accord global, c’est la pleine souveraineté (…) maintenant. »

La fraction la plus radicale des indépendantistes a compris le message. Ainsi l’Union syndicale des travailleurs kanak et des exploités (USTKE) déclarait le 27 mai dans un communiqué: « Il est hors de question que la question de l’accession à l’indépendance soit à nouveau sacrifiée sur l’autel d’un énième statu quo et d’intérêts politiciens à courte vue. (…) Cela fait 36 ans que nous sommes empêtrés dans cette “décolonisation sans indépendance” si chère à Rocard, et il est hors de question de cautionner à nouveau un remake de ces accords rétrogrades qui n’ont fait que perpétuer le système colonial et dont on mesure les funestes résultats aujourd’hui à travers la révolte de la jeunesse kanak ».

La classe politique de la Nouvelle-Calédonie vante facilement une coutume consistant à "parler ensemble" pour pouvoir cohabiter et faire fonctionner les institutions; mais en fait celles-ci connaissent de multiples dysfonctionnements qui conduisent à leur fréquente paralysie. Comme aucune formation calédonienne n’a les moyens de mener seule sa politique au Congrès, des jeux politiciens incessants rendent les institutions assez instables. De 2011 à 2014 par exemple, ce sont les loyalistes qui les ont bloquées . En 2014-2015 et en 2017, l’exécutif calédonien a fonctionné sans Président en l’absence d’un consensus, et donc géré seulement les affaires courantes. Ce scénario s’est reproduit, mais cette fois à cause des indépendantistes: ils sont parvenus en 2019 à être majoritaires au Congrès en concluant une alliance avec l’Éveil océanien. Roch Wamitan, de l’UC, dirige depuis ce Congrès, qui a désigné le 17 février 2021 les membres du 17e gouvernement – mais Louis Mapou n’en a pris la direction que le 8 juillet parce que l’UC et le Palika se disputaient le poste. Cette guéguerre a déplu jusque dans les rangs indépendantistes: à la convention tenue par le FLNKS à Kouaoua le 1er mai, des jeunes et des coutumiers kanak de la région ont brièvement verrouillé le portail du centre administratif où elle se déroulait notamment pour obliger ses responsables à s’entendre sur un nom.

Les divisions actuelles du mouvement indépendantiste

Comme espéré par l’État français, les accords de Matignon et de Nouméa ont créé dans les deux camps, indépendantiste et anti-indépendantiste, des clivages très forts entre leurs partisans et leurs adversaires; ils ont provoqué de fréquentes scissions dans les deux, et incité des formations ou des personnalités à conclure des alliances ponctuelles et souvent improbables pour accéder au pouvoir local.

Aujourd’hui, le FLNKS conserve l’essentiel de l’électorat kanak, mais sa composition a fluctué selon les époques et ses composantes sont loin de fonctionner d’un commun accord. Les deux principales ont de plus muté: l’UC était à l’origine « socialisante » tandis que le Palika s’affichait à l’extrême gauche; le Palika est à présent bien plus modéré que l’UC, et encore moins désireux qu’elle de rompre avec l’Etat français. Quand, en novembre 2023, la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT) a été lancée pour lutter contre la réforme du corps électoral, le Palika n’y a pas participé – l’initiative venait entre autres de l’UC et de l’USTKE. Au 42e congrès du FLNKS (23-24 mars 2024), une volonté d’unité a néanmoins été affichée étant donné l’importance des enjeux (définir une stratégie commune quant au "dégel" du corps électoral voulu par l’État); toutes ses composantes étaient là, ainsi que l’USTKE et le Parti travailliste.

Lors des émeutes, les habituelles dissensions au sein du FLNKS et le désir de négocier avec l’Etat français sont cependant très vite réapparus. Dès le 15 mai, les appels "au discernement et à l’apaisement" se sont multipliés:

« La frustration, la colère ne doivent pas nous engager dans une dynamique de rupture, a dit Louis Mapou sur NC La 1re . (…) On ne peut pas se mettre tout d’un coup à détruire ce qu’on a construit difficilement depuis 1988 dans des conditions de paix qu’il a fallu aller chercher. » Daniel Goa a estimé dans un communiqué: « Les pillages sont notre déshonneur (…), le moment est venu de montrer la maturité de notre peuple ». Le FLNKS, dans son communiqué, « regrette et tient à dénoncer » les exactions commises et demande la "levée des barrages"…

La CCAT a heureusement souligné dans le sien le contenu social des émeutes: « Les “exactions” commises sur les commerces, les sociétés, les bâtiments et les équipements publics n’étaient pas nécessaires mais ils sont l’expression des invisibles de la société qui subissent les inégalités de plein fouet et qui sont marginalisés au quotidien (…) ».

La réponse du pouvoir ne s’est pas fait attendre: dès le 17 mai, le parquet de Nouméa a annoncé l’ouverture d’une enquête pour trouver les "commanditaires" des émeutes, et visé les responsables de la CCAT en raison « de leurs déclarations publiques et de leurs mots d’ordre ». Il a pointé de nombreux délits: association de malfaiteurs, vols, dégradations par incendie en bande organisée, groupement en vue de commettre des violences ou des dégradations, ou encore complicité de meurtre. 29 personnes ont été assignées à résidence, et parmi elles 25 membres de la CCAT, et les 33 perquisitions administratives menées ont concerné quasi exclusivement ses militant-e-s. (...)

 

Nouvelle-Calédonie: La tentation du développement séparé

par Eric Descheemaeker

Conflits - 16 jul 2024

https://www.revueconflits.com/nouvelle-caledonie-la-tentation-developpement-separe/

 

Dans son allocution du 14 juillet, Sonia Backès, présidente de l’Assemblée de la province Sud de la Nouvelle-Calédonie, a évoqué l’autonomisation des provinces et un nouveau contrat social. Une intervention qui a fait réagir dans l’archipel et à Paris tant cela pose la question de l’unité de l’île et de ses habitants. 

L’heure est grave en Nouvelle-Calédonie. Les "événements" ayant commencé le 13 mai 2024 ont certes largement perdu en intensité, et les caméras de télévision sont retournées en métropole. Pourtant, comme souvent, c’est après que les choses les plus sérieuses commencent: les événements les plus spectaculaires sont rarement les plus significatifs. Pour les observateurs de la situation locale, ce qui est en train de se passer est en réalité beaucoup plus grave que les blocus, les pillages et même les morts (une dizaine) depuis deux mois. Il est possible – en tout cas c’est une hypothèse à prendre avec le plus grand sérieux – que le rideau de l’Accord de Nouméa, déjà bien abîmé il est vrai, se soit déchiré sur l’île: autrement dit, que la conscience se soit faite que le "vivre-ensemble" entre indépendantistes et non-indépendantistes [1] était en réalité une vue de l’esprit.

Vivre-ensemble il n’y aura pas; au mieux un côte à côte dont on pourrait s’efforcer qu’il ne devienne pas un face-à-face. 

Des tensions toujours aussi vives 

En parallèle pourrait se dérouler un événement politique aussi majeur qu’invisible: le départ progressif des Calédoniens d’origine européenne, à commencer par ceux, extrêmement nombreux, dont les racines sur l’île sont récentes (les "z’oreilles", par opposition aux Caldoches, de bien plus vieille souche, qui ont souvent des ascendances mêlées et dont le rapport à la France est beaucoup plus complexe qu’on ne l’imagine en métropole). Un tel exode donnerait aux indépendantistes ce que les trois référendums leur avaient dénié: une majorité, à moyen terme, dans les urnes. 

C’est à cette aune qu’il faut comprendre le récent et important discours de Sonia Backès, présidente de la province Sud – la province la plus riche, structurellement anti-indépendantistes, et où les Européens d’origine dominent – à l’occasion de la fête nationale. Avec la liberté de ton pour laquelle elle est connue, mais en ayant nous semble-t-il franchi un cap depuis le début des événements à la fois dans la forme et le fond de ses propos, la chef de file des anti-indépendantistes a pris acte de cette cassure entre deux camps antagonistes (deux "sensibilités politiques" et à vrai dire deux "civilisations"), ainsi que de ce possible exode, suggérant de la manière la plus claire que l’esprit de Nouméa était mort. Il n’y a pas de "destin commun" possible, quoiqu’ait pu en penser la gauche romantique d’alors (MM. Jospin et Christnacht). Tout au plus pourrait-il y avoir une cohabitation pacifique sur une même terre, une forme de développement séparé qui est celui que les Accords de Matignon-Oudinot (1988, dix ans avant celui de Nouméa) avaient tenté de matérialiser, à la suite du compromis historique entre Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou. 

Un "développement séparé" ? 

Le mot de "développement séparé" est employé par nous, non par elle. Le but est de mettre aussi directement que possible les pieds dans le plat: car développement séparé, bien sûr, est la traduction française habituelle de l’afrikaans "apartheid"; et c’est bien de cela dont elle sera accusée. Mais il ne faut jamais céder au terrorisme des mots. Si la cohabitation joyeuse et "créolisée" des individus et des peuples est impossible, alors il nous faut renoncer au romantisme. Or, le moins que l’on puisse dire est que la situation insurrectionnelle de l’île et, surtout, les déploiements de haine à l’égard de l’autre des deux côtés tendraient à suggérer que ce que soit le cas. Les êtres humains, les collectivités politiques et les peuples sont infiniment plus complexes que la doxa pseudo-humaniste qui a dominé depuis plus d’un demi-siècle ne le suggère.

La question soulevée par Mme Backès est infiniment sérieuse et ne saurait être rejetée par simple moralisme. À ceux qui voudraient la neutraliser à l’aide de références historiques infâmantes, on ne pourrait que demander ce qu’ils proposent en retour. Un Accord de Nouméa-II signé sur les ruines fumantes de Nouméa (la ville) et de Nouméa-I (l’accord) ? Revenir à la case départ d’un processus qui a démontrablement échoué ? Une question sérieuse doit faire l’objet d’une réponse sérieuse, et celle-ci l’est infiniment. L’heure est grave.

Les problèmes de Nouméa sont aussi ceux de Paris 

Il ne s’agit pas en ces quelques lignes de proposer une solution: ce ne serait pas non plus sérieux. On se contentera de remarquer que les questions qui se posent là-bas sont très exactement les mêmes qui se posent déjà en métropole, et vont se poser avec une acuité de plus en plus grande dans les années et décennies à venir: comment faire tenir ensemble une société constituée de personnes pour qui les affiliations ethniques et religieuses ("ethnoculturelles" dans un sens large) sont diverses, divergentes, voire potentiellement hostiles; mais qui comptent pour les personnes en question peut-être d’autant plus que la doxa républicaine leur répète incessamment qu’elles ne devraient pas (puisque nous sommes tous égaux sans distinction etc., etc.) ? Cette question est peut-être la plus importante à se poser à nous, d’abord à Nouméa puis à Paris. Le jacobinisme ayant montré l’étendue de son échec, on pourrait attendre de ses partisans une certaine retenue, et qu’ils laissent une chance à des visions beaucoup plus communautaires ("communautariennes", puisque le mot "communautaristes" semble être devenu un gros mot, sans qu’on ait bien compris pourquoi). Dans une certaine mesure, d’ailleurs, la Nouvelle-Calédonie s’était engagée sur cette voie, mais sans doute de manière très maladroite et inadaptée: il n’est pas certain, pour le dire simplement, que ce dont les Kanaks aient besoin soit d’un droit distinct des contrats ou de la responsabilité civile, comme la République le leur a concédé. Nous avons, quoi qu’il en soit, besoin d’une réflexion profonde sur ce qu’on pourrait appeler la France post-jacobine: cette réflexion commence à Nouméa, mais ne s’y arrêtera certainement pas. 

En revanche, il y a un aspect du discours de Mme Backès auquel il convient de marquer une opposition claire: c’est celle de la provincialisation de l’île. Derrière le terme technique d’"autonomisation des provinces" se cache une réalité relativement simple: couper très largement entre elles – politiquement, financièrement, économiquement, socialement, et donc inéluctablement culturellement et humainement – les trois provinces de l’archipel: la province Sud, riche et européenne; la province Nord, pauvre et kanake; et les îles Loyauté (celles où eurent lieu en 1988 la prise d’otages d’Ouvéa), également pauvres et autochtones.

Le danger des ingérences étrangères

La tentation d’une telle proposition, nous la comprenons intimement. La province Sud, aux mains des Européens, est fonctionnelle. Elle paye pour les deux autres qui, aux mains des Kanaks, sont dysfonctionnelles et, non contentes d’être financées par "Nouméa la Blanche" et d’être considérablement surreprésentées au Congrès de Nouvelle-Calédonie, mordent constamment la main qui les nourrit, accusée d’être colonialiste. Pour comprendre l’étendue du problème, il suffit d’emprunter l’une des routes qui coupent l’île dans le sens de la largeur, du Sud vers le Nord. Au moment où on change de province, au milieu des montagnes, la route à l’occidentale de la province Sud devient une voie digne du tiers-monde au Nord.

La tentation, après des décennies d’efforts, d’envoyer ces gens se faire voir est à la fois humaine et compréhensible [2]. Elle n’en demeure pas moins profondément erronée. Les raisons n’en sont pas difficiles à percevoir, même si elles sont plus faciles à admettre quand on n’est pas directement confronté, sur place, aux "événements" qui s’y déroulent (et dont on ne voit pas d’issue facile, au-delà d’un apaisement bien superficiel quand la fatigue gagnera les combattants).

Un vrai enjeu politique 

La raison la plus évidente est d’ordre politique. La province Nord et les îles Loyauté – entités administratives au demeurant parfaitement artificielles, notamment la ligne de partage entre le nord et le sud de la Grande-Terre) – font tout autant partie de la France que la province Sud. On n’abandonne pas des territoires, pas plus là-bas qu’à Mayotte ou en Seine-Saint-Denis, parce qu’ils sont principalement source d’ennuis (ce qu’en un sens ils sont, mais pas que évidemment). C’est une question de principe à laquelle aucune statistique ne pourrait être opposée.

La seconde raison est d’ordre géopolitique. Certes, personne ne parle à ce stade d’indépendance des deux provinces majoritairement autochtones, mais il est parfaitement évident que plus on les coupera du Sud, de Nouméa, de la France, des richesses, de l’administration, etc., plus on les abandonnera à elles-mêmes (c’est l’objectif à peine déguisé); et plus on les abandonnera à elles-mêmes, plus on les livrera à des puissances étrangères qui ne nous veulent aucun bien [3].

Comment croire que la Chine, qui lorgne déjà sans se cacher sur notre joyau d’outre-mer; mais tout aussi bien l’Azerbaïdjan, dont on sait désormais le rôle qu’il joue dans la déstabilisation de la région, peut-être au profit de la Russie; ou d’ailleurs l’Australie, dont la jalousie demeure tenace même si elle s’exprime moins ouvertement que par le passé, ne s’engouffreraient pas immédiatement dans la brèche ? Le déficit de la province Nord sera réglé par Pékin, qui en retour hypothéquera ses immenses ressources (minières, halieutiques, etc.): le scénario est tellement bien rôdé dans la région qu’on se sent gêné de devoir même le rappeler. Inutile de dire que les biens hypothéqués ne sont jamais revus.

Non seulement une Nouvelle-Calédonie réduite, de facto, à sa province Sud, ne serait plus la Nouvelle-Calédonie, et n’aurait plus pour la France qu’une fraction de son intérêt géostratégique existant [4], mais on voit mal comment elle demeurerait viable à plus long terme. Vu la difficulté qu’a la République à maîtriser ce territoire aujourd’hui, on ne place guère d’espoir dans ses chances une fois que d’autres seront sur place. 

Une territorialisation sans logique 

La troisième raison est qu’il n’y a pas de logique intrinsèque à cette territorialisation. Mme Backès parle de laisser les deux "sensibilités politiques", et derrière elles les deux "civilisations", faire l’expérience de leur développement (séparément, donc). Certes, la province Sud est largement européenne et anti-indépendantiste, là où la province Nord et les îles Loyauté sont essentiellement autochtones et indépendantistes. Mais, d’une part, laisser la province Sud faire la démonstration de son évidente supériorité ne réglera rien à long terme; surtout, l’équivalence implicitement dressée entre provinces et considérations ethno-politiques est extrêmement simpliste. Il y a un quart des habitants de la province Nord qui ne sont pas recensés comme Kanaks (ce qui statistiquement correspond à la proportion de non-indépendantistes): il est moralement inacceptable de les abandonner à des gouvernants incompétents, au motif que ce serait là le modèle de développement qu’ils auraient choisi. Quant au Sud, les Européens n’y sont qu’en très relative majorité; les personnes recensées comme kanakes forment un gros quart de la population, et celles venues de partout ailleurs – les éternelles oubliées, originaires de Wallis-et-Futuna, des autres îles du Pacifique, de Java, du Japon, d’Indochine, de Kabylie, des Antilles même – un gros tiers. 

La province Sud n’est pas la Nouvelle-Calédonie européenne: c’est, pour le dire brutalement, la Nouvelle-Calédonie beaucoup plus fonctionnelle parce que les Kanaks n’y ont pas le pouvoir.

Ce n’est pas du tout la même chose. Ce qu’il faudrait espérer, ce n’est pas une sécession de ceux qui se portent encore relativement bien; c’est de trouver le moyen d’étendre ce modèle de développement au reste de l’archipel. Cela impliquerait sans doute de revenir sur beaucoup des idées romantiques de l’Accord de Nouméa, qui pensait que beaucoup d’amour et de générosité financière à sens unique pouvait être la solution à tout, et notamment sur la surreprésentation (dans une mesure proprement scandaleuse) des provinces majoritairement kanakes et indépendantistes, et une péréquation parfaitement déresponsabilisante à leur égard. Pour le dire là encore très brutalement, l’erreur a été de "donner" les deux petites provinces de l’archipel aux Kanaks, dans l’espoir de satisfaire leur désir de pouvoir. C’est là-dessus qu’il faudrait revenir. [Les kanaks ne portent le capitalisme dans leur ADN. La France leur a imposé un mode de développement qui ne leur convient pas. Le nickel les a rendus plus pauvres. Ils aspirent à vivre tranquillement, dans leur environnement, en autosuffisance (alimentation, éducation, santé), et pas à exploiter des mines de nickel. Le problème, c'est que le nickel intéresse la Chine, et ils pourraient être poussés à le brader au prix de leur liberté. Une solution serait de fermer les mines en expropriant les exploitants, mais ce serait la guerre civile...; ndc]

Les problèmes soulevés par Mme Backès et les loyalistes sont donc aussi réels que profonds. Ils méritent qu’on s’y intéresse en vérité, loin des slogans permettant de se donner bonne conscience à peu de frais, que nous voyons partir en fumée devant nos yeux.

La manière de faire coexister des populations ethnoculturellement diverses, voire dans certains cas hostiles, est la question fondamentale qui va se poser à la France, et se pose déjà avec une acuité particulière en Nouvelle-Calédonie. Mais la réduire à une dimension territoriale n’est pas juste; elle est même dangereuse.

Elle est d’ailleurs une manière de contourner la question qui est plus importante et plus difficile, celle de la cohabitation de ces groupes sur un même territoire [ou plutôt de leurs intérêts; ndc]. C’est à celle-ci qu’il convient de réfléchir. La chose est complexe et délicate, mais elle est désormais urgente: il en va de la survie, à moyen terme, tant de la Nouvelle-Calédonie que de la France tout entière [La France a fait le malheur de la Nouvelle Calédonie comme de tous les territoires qu'elle a colonisés en pillant ses richesses. Au lieu de s'abriter derrière l'alibi "démocratique" des référendums, la France ferait mieux de se soumettre au chapitre XI de la Charte des Nations Unies qui considére la Nouvelle Calédonie comme un "territoire non autonome à décoloniser" - point barre -, donc, en laissant les kanaks libres de faire de leur territoire ce qu'ils veulent; ndc].

 

[1]  Cette ligne de démarcation recoupe très largement des lignes ethniques. Quasiment tous les Kanaks – environ 40 % de la population, même si les chiffres sont difficiles à établir avec précision, surtout vu l’existence de nombreuses union mixtes – sont indépendantistes (ou en tout cas disent l’être). Quasiment tous les autres – Européens, mais aussi très nombreuses autres communautés (wallisienne, futunienne, tahitienne, indonésienne, vietnamienne, ni-Vanuatu, etc.) – sont anti-indépendantistes.

[2]  Elle n’est d’ailleurs pas nouvelle. Sans remonter plus loin dans le temps, c’est à peu près ce qu’avait déjà suggéré le sénateur Pierre Frogier, qui avait parlé en 2019 de "différentiation provinciale" et en 2021 de "provincialisation renforcée".

[3]  Elles ne veulent d’ailleurs aucun bien non plus aux populations autochtones, mais celles-ci – leurs représentants politiques en tout cas – n’ont pas l’air de vouloir ouvrir les yeux sur cette réalité. Leur capacité à s’illusionner sur certains rapports de force semble être sans limite.

[4]  C’est une évidence qu’on a oubliée à Djibouti comme ailleurs: un atout stratégique l’est d’autant plus qu’on ne le partage pas avec d’autres puissances. L’intérêt de la France, ce n’est pas seulement d’avoir des bases militaires en Nouvelle-Calédonie; c’est que personne d’autre n’en ait [Ça, c'est bien "l'intérêt de la France"; ndc].

 

Un coup d'oeil sur l'actualité en Nouvelle-Calédonie présentée par la chaîne publique australienne ABC.

 

La réunion du PALM entre les dirigeants du Pacifique et le Japon se termine sur les difficultés en Nouvelle-Calédonie

[PALM meeting between Pacific leaders and Japan wraps up with focus on troubled New Caledonia]

par Stephen Dziedzic et James Oaten, correspondant en Asie du Nord

ABC Australia - 18 jul 2024

https://www.abc.net.au/news/2024-07-18/pacific-island-leaders-meeting-wraps-new-caledonia/104116312

 

Les dirigeants du Pacifique intensifient la pression sur la France en raison des tensions en Nouvelle-Calédonie, pressant Paris d’autoriser une délégation de "haut niveau" du Pacifique à se rendre dans le territoire en proie aux troubles avant une réunion régionale cruciale le mois prochain. Des politiciens indépendantistes de Nouvelle-Calédonie et des diplomates français ont rencontré les dirigeants du Pacifique pour défendre leur cause en marge de la réunion des dirigeants de l’Alliance du Pacifique (PALM - Pacific Area Leaders Meeting) avec le Premier ministre japonais Fumio Kishida à Tokyo.

Au cours des deux derniers mois, la Nouvelle-Calédonie a été secouée par de violentes émeutes et des troubles généralisés qui ont fait 10 morts. La situation s’est progressivement calmée ces dernières semaines, mais certains dirigeants du Pacifique tiennent la France pour responsable du chaos, l’accusant de revenir sur ses engagements de décolonisation en Nouvelle-Calédonie – des accusations que Paris nie avec force.

Le président en exercice du Forum des îles du Pacifique (FIP), le Premier ministre des Îles Cook, Mark Brown, a déclaré aux journalistes que le FIP avait demandé à la France de laisser entrer une délégation de "haut niveau" dans "quelques semaines". (...) Plusieurs pays du Pacifique souhaitent que la délégation vienne avant la réunion des dirigeants du FIP, qui doit se tenir dans la capitale des Tonga, Nuku’alofa, à la fin du mois d’août. Une source du gouvernement du Pacifique a déclaré à ABC que la France semblait ouverte à la visite de la délégation, mais qu’elle faisait pression pour qu’elle vienne plus tard cette année, après la réunion des dirigeants du PIF – peut-être en septembre ou octobre. (...)

La Nouvelle-Calédonie est en proie à des troubles depuis mai, lorsque des émeutes, des pillages et des incendies criminels ont éclaté. Le chaos a été initialement déclenché par l’indignation suscitée par la décision du gouvernement français d’élargir l’éligibilité aux élections locales, ce qui, selon les forces indépendantistes, était une tentative de diluer leur pouvoir politique.

Des centaines d’entreprises et de maisons ont été endommagées ou détruites, les autorités françaises déployant des véhicules blindés et près de 3.000 policiers supplémentaires pour rétablir l’ordre. Une partie du chaos a été alimentée par la colère des Kanaks autochtones, qui pensent que la France a délibérément contrecarré leur poussée vers une autonomie complète, plutôt que d’agir comme un arbitre neutre entre les loyalistes français et les partis indépendantistes.

La France a organisé trois référendums sur l’avenir politique de la Nouvelle-Calédonie, et les deux premiers votes ont été non controversés et universellement considérés comme libres et équitables. Dans les deux cas, les électeurs ont décidé de justesse de rester dans le giron de la France plutôt que de rompre complètement avec l’indépendance.

Mais les dirigeants du Pacifique et les dirigeants indépendantistes contestent vivement la légitimité du 3e et dernier référendum en 2021. Le référendum a eu lieu à la suite d’une importante épidémie de COVID-19 qui a fait payer un lourd tribut à la communauté kanak, et de nombreux électeurs kanak et partis indépendantistes ont boycotté le vote, affirmant qu’ils ne pouvaient pas interrompre le deuil habituel pour faire campagne.

Plus tôt cette semaine, les dirigeants océaniens du Groupe mélanésien fer de lance ont vivement critiqué le 3e référendum et ont appelé à un « nouveau référendum d’autodétermination équitable à mener avec une supervision technique préparatoire par des experts de l’ONU et des missions d’observation ». Le président du Forum du FIP, Mark Brown, a soutenu ces critiques jeudi, affirmant que les organisations avaient des « préoccupations similaires » à celles du Groupe multipartite. « Le fait que le troisième référendum ait été boycotté par la population kanak en raison des impacts du COVID et du respect de la période de deuil que les gens ont eue ... cela a rendu les résultats de ce référendum particulier, je suppose, pas vraiment valides », a-t-il déclaré.

Les autorités françaises ont rejeté ces critiques dans le passé, affirmant que les trois votes restaient ouverts à tous les Néo-Calédoniens et qu’elles avaient l’obligation de respecter les souhaits de tous les habitants du territoire – et pas seulement ceux qui sont d’ardents partisans de l’indépendance totale. Il a également accusé des éléments criminels et des extrémistes politiques en Nouvelle-Calédonie d’attiser de manière opportuniste et délibérée la violence et les troubles.

La ministre australienne des Affaires étrangères, Penny Wong, n’a pas abordé la controverse, y compris les questions sur la possibilité qu’elle cherche à se joindre à la délégation, déclarant aux journalistes à Tokyo que les pays du Pacifique continueraient à « discuter » de la question. « Je pense qu’il y a un point de vue partagé dans les nations insulaires du Pacifique sur l’importance de la paix et de la stabilité [en Nouvelle-Calédonie]. De toute évidence, nous avons tous été préoccupés par le conflit et la violence que nous avons vus », a-t-elle déclaré. « Nous sommes heureux que les choses soient plus stables maintenant. Je m’attends à ce que le PIF prenne une décision sur ce que sera son engagement avec la Nouvelle-Calédonie et l’État français ».

[Une vingtaine de partis et mouvements indépendantistes français de Nouvelle-Calédonie, Corse, Polynésie, Martinique, Guadeloupe, ont annoncé à Bakou le 19 juillet la création d'un "front de libération" commun car il se considèrent comme "des colonies" de l'Etat français; ndc]

 

26/07/2024 >> La direction de KNS, l'une des trois usines de nickel implantées en Nouvelle-Calédonie, annonce le licenciement de ses 1.200 salariés à la fin du mois d'août. L'entreprise était en grande difficulté avec une dette de 13,5 milliards d'euros. Elle avait été lâchée par le groupe Glencore, actionnaire principal.

 

30/08/2024 >> Le président du Congrès de la Nouvelle-Calédonie, Roch Wamytan, membre important du FLNKS, est mis en minorité et est remplacé par Veylma Falaeo du petit parti Ocean Awakening, favorable à une "voie médiane". Cette candidate a bénéficié du soutien de partis loyalistes qui désapprouvent l'accord de coopération entre le Congrès et l’Azerbaïdjan.

 01/09/2024 >> Le leader kanak Christian Tein est désigné président du FLNKS. Le porte-parole de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), est à l'isolement en métropole, à la prison de Mulhouse-Lutterbach depuis le 23 juin, soupçonné d'être "le" responsable des troubles du printemps dernier qui ont fait 11 morts. Il est mis en examen notamment pour "complicité de tentative de meurtre et association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un crime". Sa désignation par le FLNKS en fait officiellement un "prisonnier politique"Plusieurs composantes modérées du front, dont le Parti de libération kanak (Palika) et l'Union progressiste mélanésienne (UPM), qui ont refusé de participer au congrès, ont averti qu'elles ne reconnaitraient pas les décisions qui seraient prises.

24/12/2024 >> Le gouvernement local, le premier présidé par une indépendantiste, chute après le retrait du parti Calédonie ensemble, de centre-droit affilié au groupe Reniew. Déjà du travail pour Valls.

08/01/2025 >> Le kanak Alcide Ponga, issu du mouvement 'Le Rassemblement-Les Républicains" de la droite loyaliste, est élu président du nouveau gouvernement par 6 voix sur 11. Samuel Hnepeune a obtenu 3 des 5 voix indépendantistes, l'Union nationale pour l'indépendance, qui dispose de deux sièges, s'est abstenue. 

 

12/07/2025 >> Indépendantistes et non indépendantistes, réunis à Bougival depuis le 2 juillet, signent un accord qualifié d'"historique". La collectivité de Nouvelle-Calédonie deviendrait un "Etat intégré dans l'ensemble national". Les élections provinciales sont reportées. Plus aucun référendum ne sera organisé, si ce n'est celui pour valider cet accord. Selon l'AFP, l'accord acte un "Etat de la Nouvelle-Calédonie" inscrit dans la Constitution de la République française. Une nationalité calédonienne sera créée et cet Etat pourra être reconnu par la communauté internationale.

31/07/2025 >> L'Union calédonienne, principale composante du FLNKS, rejette l'accord de Bougival. Selon elle, ce document "ne respecte pas les fondamentaux de la décolonisation, à savoir le droit à l'autodétermination et la reconnaissance en tant que peuple dans la Constitution française".