Le Monde d'Antigone

Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
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trouve toujours son origine dans une imposture.
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dont l'obsession de l'argent entraine l'humanité
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Dernière mise à jour : 25.09.2025
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El Niño contribuera cette année à des records de température

Publié le 06/03/2024 à 00:06 par monde-antigone

 
- L’hiver météorologique dans l’hémisphère nord (décembre à février) aura été le plus chaud enregistré dans le monde, succédant aux trois mois d’automne et d’été les plus chauds.
- Février s’inscrit dans une série de 9 records mensuels consécutifs, sous l’effet de la poursuite des émissions de GES et du phénomène El Niño.
- Avec une température de l’air de 13,54°C en moyenne, février s’est inscrit 1,77°C au-dessus d’un février moyen sur la période 1850-1900. C’est aussi 0,12°C de plus que le record précédent pour un mois de février, qui remontait à 2016.
- Sur les 12 derniers mois, le monde a connu une température 1,56°C plus élevée que le climat moyen du XIXe siècle, un nouveau record.
- Depuis le début du siècle, on a observé 6 événements El Niño: en 2002-2003, 2004-2005, 2006-2007, 2009-2010, 2014–2016 et 2023-2024; l'anomalie se produisant à intervalles irréguliers (tous les 2 à 7 ans). A la fin du XXe siècle, les plus intenses ont été constatés en 1982-1983 et 1997-1998.


El Niño devrait contribuer à des températures supérieures à la normale entre mars et mai
AFP, France24 - 05 mar 2024
https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20240305-el-ni%C3%B1o-devrait-contribuer-%C3%A0-des-temp%C3%A9ratures-sup%C3%A9rieures-%C3%A0-la-normale-entre-mars-et-mai 


GENEVE – Le phénomène météorologique El Niño a atteint son pic en décembre et il est l'un des cinq plus puissants jamais enregistrés, a indiqué mardi l'OMM (Organisation météorologique mondiale), qui prédit des températures au-dessus de la normale entre mars et mai sur la terre ferme. "Des températures supérieures à la normale sont prévues sur presque toutes les zones terrestres entre mars et mai", souligne t-elle. El Niño "s'affaiblit progressivement mais continuera d’avoir un impact sur le climat mondial dans les mois à venir, alimentant la chaleur emprisonnée par les gaz à effet de serre issus des activités humaines", précise l'organisation.

El Niño est un phénomène météorologique naturel, qui correspond à un réchauffement d'une grande partie du Pacifique tropical et se produit tous les 2 à 7 ans pour durer entre 9 et 12 mois. Il modifie la circulation de l'atmosphère à l'échelle de la planète et réchauffe des zones lointaines et, souligne l'OMM, il se produit dans le contexte d'un climat modifié par les activités humaines.

"Il y a environ 60 % de chances qu'El Niño persiste entre mars et mai et 80 % de chances que des conditions neutres (ni El Niño ou La Niña) soient observées d'avril à juin", a indiqué l'OMM. "Chaque mois depuis juin 2023 a établi un nouveau record mensuel de température – et 2023 a été de loin l’année la plus chaude jamais enregistrée", rappelle Celeste Saulo, la nouvelle Secrétaire générale de l'OMM. "El Niño a contribué à ces températures records, mais les gaz à effet de serre qui emprisonnent la chaleur en sont sans équivoque le principal responsable", a-t-elle affirmé.

"Les températures à la surface des océans dans le Pacifique équatorial reflètent clairement El Niño. Mais les températures à la surface de la mer dans d'autres parties du globe ont été persistantes et inhabituellement élevées au cours des 10 derniers mois", rappelle la météorologue argentine, qui est à la tête de l'organisation depuis janvier. "La température de la surface de la mer en janvier 2024 était de loin la plus élevée jamais enregistrée pour janvier. C’est inquiétant et ne peut pas être expliqué uniquement par El Niño", met-elle en garde.

L'actuel épisode El Niño, qui s’est développé en juin 2023, a atteint son apogée entre novembre et janvier. Il a affiché une valeur maximale d’environ 2,0 °C au-dessus de la température moyenne de surface de la mer sur la période 1991 à 2020 pour l’océan Pacifique tropical oriental et central. L'OMM indique qu'il y a des chances que La Niña - qui a l'inverse d'El Niño fait baisser les températures - se développe "plus tard cette année" après des conditions neutres (ni l'un ni l'autre) entre avril et juin. Mais l'OMM juge que les probabilités sont trop incertaines pour le moment.


+ 21,3°C, un record dramatique de température à la surface des mers: Comment expliquer ce chiffre ?
par Xavier Ponard, Francis Tilmont et Antoine Binamé
RTBF - 01 mar 2024
https://www.rtbf.be/article/213c-un-record-dramatique-de-temperature-a-la-surface-des-mers-comment-expliquer-ce-chiffre-11337597 


La NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration), l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique chargée de surveiller nos océans et notre atmosphère évalue régulièrement l’impact du réchauffement climatique global sur nos océans et les dernières mesures interpellent: la température moyenne à la surface de nos océans n’a jamais été aussi élevée. Le 27 février, cette température atteignait… 21,3°C !
De nombreux facteurs entrent évidemment en jeu et, sans entrer dans des détails trop techniques, nous allons essayer d’expliquer les choses simplement.

–– El Niño / La Niña
L’une des causes de ce déséquilibre et surtout de cette anomalie des températures à la surface des océans est entre autres imputable au phénomène El Niño. Soyons clairs: il s’agit d’un phénomène tout à fait naturel qui provoque une anomalie des températures dans l’eau de mer du Pacifique équatorial. Lui et sa "jumelle climatique", la Niña, sont bien connus des météorologues et constituent les deux faces d’une même pièce. Pour résumer:
El Niño a tendance à provoquer une augmentation des températures sur le versant américain du Pacifique, en complément les hautes pressions du Pacifique Sud diminuent, les Alizées faiblissent (ou s’inversent complètent) et les eaux chaudes refluent vers l’est… d’où des cyclones plus présents sur le centre du Pacifique, des pluies fortes jusqu’aux côtes péruviennes (et un temps plus sec pour l’Asie du sud-est, l’Australie, l’Afrique ou encore l’Inde)
La Niña a tendance à provoquer une baisse des températures côté américain tandis que la chaleur frappe l’Australie. Les moussons, autant africaines qu’indiennes, sont plus importantes, la sécheresse touche le sud-est de notre planète… tandis que les pluies sont actives sur l’Amazonie.
Premier élément de réponse: cette année est une année "El Niño"… et la température des eaux a donc, mécaniquement, tendance à augmenter.

–– Un affaiblissement du gulf stream
Ce terme, vous l’avez sûrement déjà entendu: "Le gulf stream s’affaisse". Mais c’est quoi ce fameux gulf stream ? Pour schématiser et simplifier, l’idée est la suivante: le gulf stream est un courant marin océanique qui, en surface, débute son trajet dans l’hémisphère sud, passe par les tropiques puis arrive chez nous. Vous nous suivez jusqu’ici ? On continue !

L’eau qu’embarque ce fameux Gulf stream est plutôt chaude et salée à nos latitudes (notamment grâce au passage par les tropiques)
Une fois arrivée du côté du Groenland ou de l’Arctique, cette eau se refroidit et glisse (elle est plus salée et donc plus dense que les eaux du pôle) sous la masse d’eau présente jusqu’au fond des océans… retourne vers l’hémisphère sud, remonte, se réchauffe et recommence son voyage.
C’est de l’arrêt "net" de ce fameux gulf stream dont il est question dans le film catastroph (ist) e "Le Jour d’Après".
Le mécanisme (pour briller en société: la convection profonde) se grippe et les catastrophes surviennent. Aucune chance dans la réalité que "tout s’arrête" mais des modifications se produisent: cette convection est intimement liée à la calotte du Groenland, calotte dont on sait qu’elle a tendance à fondre. En ralentissant, le gulf stream va transporter moins d’eau chaude de l’équateur et des Caraïbes (où la chaleur va s’accumuler) vers nos régions ce qui bouscule donc la mécanique globale et la répartition de la température moyenne des océans.
Même si le sujet fait débat depuis de longues années entre les scientifiques, l’une des dernières études publiées sur le sujet dans Geophysical Research Letters confirme un net ralentissement de ce phénomène du gulf stream.
On notera, pour être complet, que les auteurs de l’étude ne s’aventurent pas à déterminer l’origine de cette modification. Ceci étant, qu’il s’agisse d’un phénomène naturel ou d’une conséquence du changement climatique global n’impacte pas le fait que nous tenons notre second élément de réponse : une modification du gulf stream impacte la température moyenne des océans.
Dernière précision: cette modification du gulf stream impacte particulièrement l’océan Atlantique. On remarque une accumulation d’eaux chaudes plus présentes du côté des Caraïbes puisqu’elles sont moins transportées vers nos régions européennes.

–– Une histoire de photosynthèse
L’océan recouvre plus de 70 % de la surface de notre planète. Cette gigantesque masse d’eau joue un rôle central dans la régulation du climat. Elle capture une grande quantité des gaz à effet de serre (le dioxyde de carbone / CO2) par photosynthèse. En somme: les océans jouent un véritable rôle de puits à carbone !
Ce sont des processus de nature biologique qui sont à l’origine de la majorité de l’activité de cette pompe à carbone, qui reposent sur le métabolisme d’une vaste diversité de micro-organismes marins. Parmi ceux-ci, il y a le phytoplancton. Le phytoplancton est ainsi capable, en utilisant l’énergie lumineuse du soleil et les sels nutritifs dissous dans l’eau de mer, de fixer de grandes quantités de dioxyde de carbone. On estime que ces micro-organismes sont responsables d’environ la moitié de la fixation de carbone sur Terre.
Malheureusement ces micro-organismes sont extrêmement sensibles à l’augmentation de la température des océans. Des températures (des eaux) supérieures à 25°C ne peuvent être supportées par ces micro-organismes marins. Ceci engendrerait une diminution drastique du processus de photosynthèse généré par les océans..
En résumé, le serpent se mord la queue et ceci constitue notre troisième élément de réponse est le suivant: une hausse de la température des océans implique moins de photosynthèse… ce qui induit une hausse de la température des océans, etc, etc.

–– Le paradoxe de la pollution
Il est des paradoxes plus amusants que d’autres et celui-ci ne prête pas à sourire: en dépolluant ses océans, l’être humain… n’a fait qu’aggraver le problème. L’idée est extrêmement schématique ici, mais n’est pas très loin de la réalité.
Suite à une nouvelle mesure dédiée par l’Organisation maritime internationale (OMI) en 2020, le taux de soufre présent dans les carburants des navires est drastiquement diminué (on parle d’une réduction de 70 % des émissions totales d’oxydes de soufre en ce qui concerne les transports maritimes). Les nuages de pollution (de véritables catastrophes ambulantes, évidemment, puisque la vapeur d’eau contenue dans l’air vient se masser autour de composants polluants…) sont donc moins présents qu’avant au-dessus de nos océans et c’est, tout à fait paradoxalement, un danger pour nos eaux à cause de l’effet dit "parasol".
Jusqu’ici tous ces nuages (on parle d’aérosols) formaient une sorte de bouclier entre nos eaux et le soleil: ils empêchaient une partie des rayons solaires d’atteindre la surface du globe et les renvoyaient vers l’atmosphère. Sans cette couche "protectrice", et il faut le dire vite, nos océans ont donc tendance à se réchauffer d’autant plus vite.
Nous tenons notre quatrième élément de réponse: une dépollution des aérosols est plus que vitale pour notre qualité de vie mais entraîne, dans le même temps, un emballement du réchauffement climatique global.

–– Moins de vent, plus de chaleur
Autre point soulevé par Xavier Fettweis, professeur en climatologie à l’ULiège: l’importance des vents. Petit rappel scientifique: l’eau chaude étant moins dense que l’eau froide, elle a tendance à rester en surface de l’océan. Si les vents sont importants, ces eaux sont brassées et l’eau froide a tendance à mieux se mélanger avec l’eau chaude et donc à refroidir cette dernière. Jusqu’ici, tout va bien dans le meilleur des mondes.
Xavier Fettweis: "Tel un courant d’air entre l’intérieur et l’extérieur d’une maison, le vent sur terre est globalement le résultat du contraste thermique entre les pôles et l’équateur. Plus ce contraste est fort, plus le courant d’air sera important. Comme les pôles se réchauffent actuellement quatre fois plus vite que l’équateur, ce contraste diminue et de facto les vents globaux qui balayent notre terre ont tendance aussi à diminuer."
Moins de vents implique un moins grand brassage de l’eau… Avec les conséquences que l’on imagine… et ensuite ?


En résumé voici nos cinq éléments de réponse:
- El Niño / La Niña: un phénomène naturel qui impacte la température des eaux
- Le ralentissement du gulf stream qui implique une répartition différente des eaux chaudes/froides
- L'impact du réchauffement sur les phytoplanctons
- Le paradoxe de la pollution et des aérosols
- La diminution des vents globaux
Ceci n’est bien sûr qu’une partie des facteurs qui entraînent l’augmentation de la température globale de nos océans mais l’idée est la suivante: le changement climatique impacte nos océans qui, dans le même temps, impacteront encore plus franchement le réchauffement global à l’avenir que leur force d’inertie est immense. On observe le réchauffement de l’atmosphère depuis une quarantaine d’années tandis que les vagues de chaleur au sein des océans commencent seulement à être observées.

Si arrêter "net", du jour au lendemain, un tel emballement est impossible, il ne fait plus aucun doute aujourd’hui que l’Homme doit tout faire pour limiter au maximum son impact sur les océans (entre autres) et tenter de ralentir cette course frénétique vers les prévisions climatiques du GIEC. (...)