Le Monde d'Antigone

Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
syndicats et toute forme de gestion et de pouvoir.
Rassembler des foules sous un même drapeau
trouve toujours son origine dans une imposture.
Seule une révolution mettra fin à un système
dont l'obsession de l'argent entraine l'humanité
vers la catastrophe.

Rubriques

>> Toutes les rubriques <<
· 37 - Lointains échos dictatures africain (392)
· 00 - Archivage des brèves (766)
· .[Ec1] Le capitalisme en soins intensifs (548)
· 40 - Planète / Sciences (378)
· 10 - M-O. Monde arabe (381)
· . Histoires et théories du passé (217)
· 20 - Japon, Fukushima (236)
· .[Ec2] Métaux, énergies, commerce (251)
· 24 - USA (297)
· 19 - Chine [+ Hong Kong, Taïwan] (314)

Statistiques

Date de création : 10.03.2011
Dernière mise à jour : 07.09.2025
8557 articles


Rechercher

Réchauffement climatique, 4e trimestre 2023

Publié le 22/12/2023 à 00:03 par monde-antigone

 
A voir ou à revoir (sauf le dernier plan) "Le jour où la Terre prit feu" de Val Guest (1961), film d'anticipation actuellement en VOD sur Ciné+ ... 

 
Au Zimbabwe, une sécheresse tueuse d'éléphants exténués
AFP, Sciences & Avenir - 21 dec 2023
https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/au-zimbabwe-une-secheresse-tueuse-d-elephants-extenues_175869 


Des nuages porteurs d'orage s'accumulent enfin au-dessus du parc national de Hwange, mais il est trop tard pour plus d'une centaine d'éléphants qui ont succombé à une sécheresse prolongée en ce début d'été austral. Simba Marozva et d'autres gardes de la réserve zimbabwéenne n'ont plus qu'à couper les défenses des cadavres en décomposition pour éviter que des braconniers ne les trouvent. Le parc de 14.600 km² abrite plus de 45.000 éléphants de savane, si nombreux qu'ils sont considérés comme une menace pour l'environnement.

La scène est un crève-cœur: des cadavres noircis marquent un paysage où les pluies ont pris plus de 6 semaines de retard et où les températures atteignent régulièrement 40°C. Certains sont tombés dans des trous d'eau asséchés, d'autres ont passé leurs dernières heures à l'ombre d'un arbre. Beaucoup sont des éléphanteaux: il ne reste que leur peau ratatinée sur l'ossature, dégageant une odeur tenace. La défense intacte est le signe d'une mort naturelle. Ces dernières semaines, Simba Marozva et ses collègues patrouillent quotidiennement à la recherche des cadavres.

En moyenne, un éléphant boit plus de 200 litres d'eau et mange 140 kg de nourriture par jour. Plus de 200 pachydermes étaient morts de la sécheresse en 2019. Les rangers jugent la situation actuelle encore plus critique. La quête d'eau fait prendre des risques aux éléphants, qui s'approchent dangereusement de zones habitées à la périphérie du parc. Assoiffées, ils puisent dans les piscines de maisons ou d'hôtels, ou s'abreuvent à des points d'eau contaminés par des cadavres d'animaux.

Le parc de Hwange s'inscrit dans un vaste espace transfrontalier de conservation, englobant le delta de l'Okavango et le majestueux fleuve Zambèze. Un recensement aérien en 2022 estimait à plus de 225.000 le nombre d'éléphants dans cette zone. Alors que des dizaines de milliers ont été abattus dans toute l'Afrique par des braconniers et chasseurs depuis les années 1970, cette zone de conservation est considérée comme une réussite, avec un nombre d'éléphants en progression. Presque trop, la pression sur les ressources du parc devenant intenable. Et le changement climatique, risque supplémentaire, a fait son apparition.

Selon les défenseurs de l'environnement, les parcs naturels zimbabwéens comptent deux fois plus d'éléphants que ne le permet leur capacité. Pour Tinashe Farawo, porte-parole des parcs zimbabwéens, la mort d'éléphants à Hwange est devenue un "gros problème" mais n'a rien de surprenant vu l'importance de cette population. "On s'y attend parce qu'il fait chaud et qu'il a pour l'instant très peu plu", dit-il à l'AFP. "Ils subissent ce stress et meurent". Entre septembre et fin novembre, "nous avons perdu 112 éléphants", précise-t-il, surtout "les vieux, les jeunes et les malades". "Ils meurent à 50 ou 60 mètres d'une source d'eau, parce qu'ils ne peuvent pas supporter la distance qu'ils parcourent pour trouver à boire et à manger", ajoute-t-il, soulagé des "quelques pluies" tombées ces derniers jours.

Le réchauffement, qui fait grimper les températures et augmente la menace de sécheresses plus longues, touche bien sûr les autres animaux. Mais "on fait plus attention aux éléphants, vu la taille de leurs carcasses", relève le porte-parole. Le parc de Hwange, recouvert d'herbes sèches, d'arbres sans feuilles et de zones ouvertes semi-désertiques, dispose de 104 forages d'eau alimentés par l'énergie solaire pour atteindre des nappes phréatiques dont le niveau d'eau baisse régulièrement. Cette année, la sécheresse a été aggravée par le phénomène El Nino. Les points d'eau asséchés obligent les éléphants et d'autres animaux sauvages à parcourir de longues distances pour boire. Certains ont traversé le Botswana et d'autres pays voisins, où de nombreux décès ont été signalés.


16/10/2023 >> La Chine émet une alerte aux températures glaciales. Le mercure pourrait chuter à des niveaux historiquement bas dans certaines régions, jusqu'à - 53°C dans le nord-est. Ce froid glacial succède aux premières chutes de neige de l'hiver à Pékin, où le système de transports publics a subi des retards, des vols ont été annulés et des rails glissants ont provoqué jeudi 14 une collision dans le métro qui a blessé plus d'une centaine de personnes. Déjà en janvier dernier, des records de froid avait été enregistrés en Chine, en Mongolie et en Sibérie orientale.


Pérou: L'industrie de la pêche dans la tourmente du réchauffement des océans
AFP, Sciences & Avenir - 12 dec 2023
https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/perou-l-industrie-de-la-peche-dans-la-tourmente-du-rechauffement-des-oceans_175539 


Le "Tiburon 7", chalutier de 50 m de long, reprend la mer après des mois d'immobilisation dans le port de Callao, dans le centre du Pérou. Son équipage est inquiet. L'année a été marquée par des pertes pour l'industrie péruvienne de la pêche qui lutte pour éviter de chavirer dans les eaux de plus en plus chaudes du Pacifique. Le phénomène climatique El Niño qui fait monter la température des océans de manière cyclique, provoquant sécheresses et inondations, fait des ravages au Pérou, 1er producteur mondial d'huile et de farine de poisson à base d'anchois Engraulis ringens, une variété qui vit dans les eaux modérément froides au large des côtes péruviennes et chiliennes. Les experts consultés par l'AFP s'accordent à dire que le réchauffement climatique a rendu El Niño plus intense et fréquent.

À la tête d'un équipage de 20 hommes en bottes et salopette orange, le capitaine Luis Celis largue les amarres avec l'espoir d'amortir les pertes: "Nous n'avons pas pêché pendant la première saison de l'année, qui a été suspendue en raison des températures élevées", dit-il. Le secteur concentre ainsi ses attentes sur la deuxième période qui a débuté le 26 octobre et se prolongera jusqu'à la mi-décembre. Pouvant transporter jusqu'à 420 tonnes de marchandises, l'imposant chalutier s'approche à moins de 5 milles nautiques (environ 9 km) des côtes pour larguer ses filets géants bordés de bouées jaunes. Une armée de mouettes s'abat sur le piège aux mailles épaisses plongé dans une mer sombre et agitée. Des dizaines de lions de mer leur disputent la nourriture, avant que l'équipage ne remonte les filets. En deux jours, le "Tiburon 7" a pêché 100 tonnes d'anchois destinés à être transformés dans une usine de Chancay, à 70 km au nord de Lima. Au vu de ce résultat, le capitaine Celis pointe l'impact du réchauffement du Pacifique.

"La température de la mer est supérieure de 4 ou 5°C (aux températures normales) et cela nous affecte beaucoup (...) Le secteur de la pêche n'est pas préparé à affronter un phénomène El Niño pendant un ou deux ans. Ce serait catastrophique", assure-t-il. Selon les prévisions, El Niño, qui a officiellement débuté en milieu d'année, pourrait se prolonger jusqu'en mai 2024. Le pays a en outre été confronté en début d'année à un phénomène similaire, connu sous le nom d'El Niño côtier, qui affecte principalement le littoral péruvien et équatorien. La pêche est "confrontée à la pire crise des 25 dernières années (...) Comme il n'y a pas eu de première saison, nous avons perdu plus ou moins un milliard de dollars d'exportations", souligne Eduardo Ferreyros, président de la Société nationale de la pêche. Entre janvier et septembre, le chiffre d'affaires du secteur s'est contracté de 26,3% par rapport à la même période en 2022, selon l'Institut national de la statistique et de l'informatique (INEI).

En raison de l'augmentation de la température des océans, les anchois ne trouvent plus assez de plancton pour se nourrir et leur population diminue, selon l'institut. "Avec le réchauffement de ces dernières années, il n'y a plus de nourriture dans la mer et les poissons ne se développent pas bien", confirme Roberto Larrain, directeur de l'entreprise de pêche Luciana, basée à Chancay. Selon lui, avant 2020, on trouvait des anchois de 14 cm en moyenne, alors qu'aujourd'hui ils n'atteignent que 11,5 cms. L'industrie de la pêche représente environ 1,4 % du PIB du Pérou. La crise qu'elle traverse menace d'affecter durement un secteur qui génère quelque 250.000 emplois.


Glaciers, coraux... La planète face à la menace des "points de bascule" climatiques
par Cyrielle Cabot
France24 - 06 dec 2023
https://www.france24.com/fr/plan%C3%A8te/20231206-glaciers-coraux-la-plan%C3%A8te-face-%C3%A0-la-menace-des-points-de-bascule-climatiques 


Effondrement de la banquise et des glaciers, dépérissement des coraux et de l’Amazonie... Dans une étude publiée mercredi, des chercheurs identifient et analysent 26 "points de bascule" climatiques. Des phénomènes qui, s'ils se produisaient, pourraient entraîner un effet d'emballement désastreux pour le climat et la vie humaine. Alors que les dirigeants du monde sont réunis à l'occasion de la COP28, les auteurs du texte alertent: cinq points de rupture pourraient être atteints.

"C'est une menace d'une ampleur jamais égalée pour l'humanité", résume Tim Lenton, de l'Institut des systèmes mondiaux de l'université d'Exeter, au Royaume-Uni. Les points de bascule – "tipping points", en anglais – font partie des concepts les plus anxiogènes dans le vocabulaire du dérèglement climatique. "Il s'agit de ces seuils critiques du réchauffement au-delà desquels les systèmes impliqués dans la régulation du climat de la Terre ne pourraient plus jouer leur rôle, avec des conséquences irréversibles pour les écosystèmes, et donc les sociétés humaines", explique le spécialiste.

Or, selon une étude menée par plus de 200 chercheurs internationaux et coordonnée par l'université d'Exeter, cinq points de bascule, sur un total de 26 identifiés et analysés, sont susceptibles de se produire au niveau actuel du réchauffement climatique, soit + 1,1°C par rapport à l'ère préindustrielle. "Il s'agit de la disparition de la calotte glaciaire du Groenland et de celle de l’Antarctique de l’Ouest, du dégel abrupt du pergélisol – les sols gelés en permanence – dans les régions boréales, de la disparition des coraux et de la perturbation de la circulation océanique dans l’Atlantique Nord", énumère Tim Lenton, l'un des auteurs de cette étude publiée mercredi 6 décembre.

Chacun de ces changements aurait un impact considérable, et certainement irréversible, selon le spécialiste. "La mort des coraux, par exemple, signifierait la destruction de l'habitat de nombreux poissons. Cela aurait de graves conséquences économiques et alimentaires pour des centaines de millions de personnes", détaille Tim Lenton. "De son côté, la fonte des calottes glaciaires participerait, sur des centaines d'années, à l'élévation du niveau de la mer qui menace déjà de nombreux territoires", indique-t-il. "L'effondrement du pergélisol", poursuit l'expert, "entraînerait un réchauffement supplémentaire situé entre + 0,2 °C et + 0,4 °C, en relâchant le CO2 et le méthane qu'il piège normalement."

Enfin, la perturbation de la circulation océanique dans l'Atlantique Nord viendrait perturber la météo de nombreux pays, notamment européens : elle entraînerait encore davantage de phénomènes extrêmes comme des tempêtes ou des sécheresses, avance l'étude. "En résumé, franchir ces points de bascule pourrait entraîner un effet domino dévastateur en conduisant à la perte d'écosystèmes entiers tels que nous les connaissons, privant des populations de nourritures et de moyens de subsistance", alerte le spécialiste.

Plus préoccupant encore, certains points de bascule pourraient en déclencher d'autres, dans une sorte de réaction en chaîne. "Sur la Terre, tous les systèmes se répondent directement ou indirectement. Un changement peut en entraîner un autre, même à l'autre bout du monde", insiste Tim Lenton. "À chaque degré de réchauffement supplémentaire, le nombre de points de bascule susceptibles de se produire augmente", continue le spécialiste. Au total, l'étude a identifié 26 points de rupture potentiels qui pourraient survenir si le réchauffement climatique poursuivait sa hausse. Avec un réchauffement global de + 2 °C, la forêt amazonienne deviendrait savane et assécherait toute l’Amérique du Sud, et les glaciers de montagne pourraient disparaître, notent-ils. Des prédictions d'autant plus inquiétantes que, malgré l'accord de Paris de 2015 visant à limiter le réchauffement à + 1,5 °C, les politiques climatiques actuelles des États mènent à un réchauffement de + 2,6 °C d'ici à 2100, selon l'ONU.

Enclencher des "points de bascule" positifs
Cette étude renforce une préoccupation grandissante de la communauté scientifique, qui avait mené une première évaluation globale en 2008. En 2021, lorsque le GIEC abordait cette notion pour la première fois, il estimait que ces points de bascule risquaient de se déclencher à un réchauffement de + 2°C minimum. Cette nouvelle synthèse des connaissances, évaluation désormais la plus actualisée, se révèle plus alarmante encore. "Ces données sont préoccupantes, mais il faut garder en tête que ces changements interviendraient sur le temps long", affirme Tim Lenton. "Mais cela doit nous faire réagir. Maintenir un réchauffement de + 1,1°C sera toujours préférable à + 1,2°C ou + 1,3°C." En d'autres termes, chaque dixième de degré évité permet de limiter le risque d'atteindre ces points de bascule.

Alors que les dirigeants du monde entier sont réunis à Dubaï à l'occasion de la COP28, les auteurs de l'étude insistent sur l'urgence d'agir. "Ces données prouvent que nous ne pouvons plus faire comme si de rien n'était alors que des changements rapides de nos écosystèmes sont déjà en cours et que d'autres sont certainement à venir", insiste Tim Lenton. Le scientifique appelle ainsi à "inverser la tendance" pour enclencher "des points de bascule positifs". "Tout ce qui permet une dynamique de sortie des énergies fossiles, premières responsables du dérèglement climatique, pourrait vraiment changer la donne et aider à amorcer les changements de mode de vie dont nous avons besoin". "Certaines mesures sont déjà en marche à l'échelle régionale – le développement des énergies renouvelables au Royaume-Uni, la généralisation des voitures électriques en Norvège, les incitations à adopter des régimes moins carnés… ", salue-t-il. "Désormais, il faut espérer que celles-ci infusent et se généralisent à l'échelle mondiale pour accélérer la transition. Cela doit être l'objectif de la COP28 car une bonne gouvernance mondiale peut y parvenir".


Le trou dans la couche d'ozone s'agrandit au printemps austral
AFP, Sciences & Avenir - 21 nov 2023
https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/le-trou-dans-la-couche-d-ozone-s-agrandit-au-printemps-austral_175147 


Le trou dans la couche d'ozone au-dessus de l'Antarctique s'agrandit chaque printemps austral depuis une vingtaine d'années, malgré l'interdiction des substances chimiques qui détruisent le bouclier protégeant la Terre des dangereuses radiations solaires, selon une étude publiée mardi. La couche d'ozone stratosphérique, située entre 11 et 40 km au-dessus de la surface terrestre, filtre les rayons ultraviolets du Soleil qui peuvent provoquer des cancers, altérer le système immunitaire et même endommager l'ADN des êtres vivants.

Au milieu des années 1970, les chlorofluorocarbones (CFC), autrefois largement utilisés dans les aérosols et les réfrigérateurs, ont été identifiés comme principaux responsables de l'amincissement de la couche d'ozone, créant chaque année des "trous", dont un particulièrement large au-dessus de l'Antarctique. Le protocole de Montréal de 1987, qui a interdit les CFC afin de résorber ces trous, est considéré comme une réussite de la coopération mondiale en matière d'environnement.

En janvier dernier, des experts mandatés par l'ONU ont jugé l'accord efficace: selon leurs prévisions, la couche d'ozone devrait se rétablir d'ici environ 2066 au-dessus de l'Antarctique, 2045 au-dessus de l'Arctique et 2040 dans le reste du monde. Mais en dépit de la diminution des CFC, le trou au-dessus de l'Antarctique n'a pas encore été réduit de manière significative, selon les auteurs d'une étude publiée dans Nature Communications.

"Six des neuf dernières années ont été marquées par des niveaux d'ozone très faibles et des trous d'ozone extrêmement larges", a dit à l'AFP Annika Seppala, du département de physique de l'Université néo-zélandaise d'Otago, co-auteure de l'étude. "Il se pourrait que quelque chose d'autre se produise dans l'atmosphère - peut-être à cause du changement climatique - et masque une partie de la récupération", a-t-elle ajouté.

Le trou dans la couche d'ozone au-dessus de l'Antarctique s'ouvre généralement en septembre et dure jusqu'en novembre, au moment du printemps austral, avant de se combler progressivement. Selon les chercheurs, le trou s'est ouvert plus tardivement en septembre, signe d'un rétablissement sans doute attribuable à la réduction des CFC. Mais en octobre, période où le trou atteint sa taille maximale, le niveau d'ozone dans la couche stratosphérique moyenne a baissé de 26 % entre 2004 et 2022, selon leurs travaux qui s'appuient sur des données satellitaires.

La diminution des CFC dans l'atmosphère décidée par le protocole de Montréal reste néanmoins "en bonne voie", souligne Hannah Kessenich, l'auteure principale. Mais "nos conclusions révèlent que ces larges trous, formés récemment, ne seraient pas uniquement provoqués" par ces substances. Pour Susan Solomon, éminente spécialiste de l'ozone qui n'a pas participé à ces recherches, il faut lire les résultats de cette étude en tenant compte du fait que "ces dernières années ont été assez inhabituelles", a-t-elle dit à l'AFP. La chimiste avait précédemment montré qu'en 2020, le trou dans la couche d'ozone s'était élargi de 10% sous l'effet des immenses feux de brousse en Australie.

La gigantesque éruption du volcan sous-marin Hunga-Tonga-Hunga-Ha'apai dans le Pacifique, en janvier 2022, a également réduit les niveaux d'ozone dans la stratosphère, révèle une étude récente publiée dans la revue PNAS.

 
17/11/2023 >> CORNE DE L'AFRIQUE - Des inondations causées ces dernières semaines par des pluies diluviennes frappent la Corne de l'Afrique. El Nino amplifie les précipitations de la saison des pluies dans la région, touchant la Somalie, l'Ethiopie et le Kenya. La Corne de l'Afrique est l'une des régions les plus vulnérables au changement climatique et les phénomènes météorologiques extrêmes qui se produisent avec une fréquence et une intensité accrues. Fin 2020, cette région avait été frappée par la pire sécheresse que la région ait connue en 40 ans.


Presque 60 °C ressenti à Rio, au Brésil
Reporterre - 15 nov 2023
https://reporterre.net/Presque-60-oC-ressenti-a-Rio-au-Bresil 


On suffoque au Brésil alors que l’été n’a pas encore commencé. Un nouveau record de chaleur a été battu à Rio de Janeiro le mardi 14 novembre avec 58,5 °C de température ressentie — pour une température réelle de 39 °C. Le système Alerta Rio a également noté que c’était « la sensation thermique la plus élevée depuis le début des relevés » en 2014. (...)

Pour faire face à cette canicule, les systèmes de climatisation des habitants de Rio de Janeiro tournent à plein régime, entraînant deux nouveaux records de consommation d’électricité. Après avoir dépassé pour la première fois la barre des 100 GW lundi, un nouveau pic de 101,4 GW a été atteint mardi, selon l’opérateur national du système électrique. (...)

L’institut national de météorologie (Inmet) a placé 15 États ainsi que la capitale Brasilia en alerte maximale. La cause de cette chaleur insoutenable pourrait se trouver dans le phénomène climatique El Niño, qui entraîne un réchauffement planétaire ainsi que l’augmentation de certains évènements extrêmes. En effet, le Brésil est partagé depuis plusieurs mois entre une sécheresse historique et des fortes pluies accompagnées de cyclones dans le sud du pays.


14/11/2023 >> FRANCE - Cultures agricoles inondées, écoles fermées, habitations évacuées... le nord de la France est sinistré par des épisodes de pluies à répétition. Pour de 200 communes du Pas-de-Calais et une trentaine du département du Nord sont classées en état de catastrophe naturelle. D'après Météo-France, sur les 4 dernières semaines, jamais de telles quantités de pluies n'avaient été mesurées: "C'est la première fois que le pays enregistre un tel cumul sur 26 jours consécutifs toutes saisons confondues".


L’étang d’un refuge faunique à Hawaï devient mystérieusement rose vif. La sécheresse peut être à blâmer
[Wildlife refuge pond in Hawaii mysteriously turns bright pink. Drought may be to blame]
par Audrey McAvoy
Associated Press - 10 nov 2023
https://apnews.com/article/hawaii-maui-pink-pond-drought-6004cf6ab89d2d72cb54a631e8f7b768 


HONOLULU - Un étang d’Hawaï est devenu si rose bonbon qu’il pourrait provenir du tournage de "Barbie", mais ce phénomène bizarre n’est pas une raison pour une soirée dansante. La sécheresse peut être à blâmer pour cette teinte étrange, disent les scientifiques, et ils mettent en garde contre le fait d’entrer dans l’eau ou de la boire. Le personnel du Kealia Pond National Wildlife Refuge à Maui surveille l’eau rose depuis le 30 octobre. « Je viens de recevoir un rapport de quelqu’un qui marchait sur la plage, et ils m’ont appelé pour me dire : « Il se passe quelque chose de bizarre ici » », a déclaré Bret Wolfe, le directeur du refuge.

Wolfe craignait que le rose vif ne soit le signe d’une prolifération d’algues, mais des tests en laboratoire ont révélé que les algues toxiques n’étaient pas à l’origine de la couleur. Au lieu de cela, un organisme appelé halobactéries pourrait être le coupable. Les halobactéries sont un type d’archées ou d’organismes unicellulaires qui prospèrent dans les plans d’eau riches en sel. La salinité à l’intérieur de la zone de sortie de l’étang Kealia est actuellement supérieure à 70 parties par millier, soit 2 fois la salinité de l’eau de mer. Wolfe a déclaré que le laboratoire devra effectuer une analyse de l’ADN pour identifier définitivement l’organisme.

La sécheresse de Maui contribue probablement à la situation. Normalement, le ruisseau Waikapu alimente l’étang Kealia et y fait monter le niveau de l’eau, mais Wolfe a déclaré que cela ne s’était pas produit depuis longtemps. Lorsqu’il pleut, le ruisseau se déverse dans l’étang principal de Kealia, puis dans la zone de sortie qui est maintenant rose. Cela réduira la salinité et changera potentiellement la couleur de l’eau. « C’est peut-être ce qui le fait disparaître », a déclaré Wolfe.

Personne au refuge n’a vu l’étang de cette couleur auparavant, pas même les bénévoles qui l’entourent depuis 70 ans. L’étang a déjà connu des périodes de sécheresse et de salinité élevée, et Wolfe ne sait pas pourquoi la couleur a changé maintenant. Les visiteurs curieux ont afflué dans le parc après que des photos de l’étang rose soient apparues sur les médias sociaux. « Nous préférons qu’ils viennent entendre parler de notre mission de conservation des oiseaux aquatiques indigènes et menacés et de la restauration de nos milieux humides. Mais non, ils sont là pour voir l’eau rose », a plaisanté Wolfe. Il comprend la fascination de chacun. « Si c’est ce qui les amène là, ce n’est pas grave », a-t-il déclaré. « C’est chouette ».

Le refuge faunique est une zone humide qui fournit un habitat de nidification, d’alimentation et de repos à l’échasse hawaïenne en voie de disparition, connue sous le nom d’aeo, et à la foulque macroule hawaïenne ou alae keokeo. Il accueille également des oiseaux migrateurs pendant l’hiver. L’eau ne semble pas nuire aux oiseaux, a déclaré Wolfe. En tant que refuge faunique, les gens ne sont pas censés patauger dans l’étang ou laisser leurs animaux de compagnie dans l’eau, quelle que soit sa couleur. Mais les autorités prennent une précaution supplémentaire pour avertir les gens de ne pas entrer dans l’eau ou de ne pas manger de poissons pêchés là-bas, car la source de la couleur n’a pas encore été identifiée.


En 2023, le monde a connu le mois d'octobre le plus chaud jamais enregistré
AFP, France24 - 08 nov 2023
https://www.france24.com/fr/plan%C3%A8te/20231108-en-2023-le-mois-d-octobre-a-%C3%A9t%C3%A9-le-plus-chaud-jamais-enregistr%C3%A9-dans-le-monde 


L'année 2023 continue sa course aux sommets du thermomètre: le mois d'octobre a été le plus chaud jamais enregistré dans le monde, poursuivant une succession de records mensuels entamée en juin, a annoncé mercredi 8 novembre l'observatoire européen Copernicus, pour qui 2023 dépassera avec une "quasi-certitude" le record annuel de 2016.

Ces nouvelles mesures, qui se traduisent par des sécheresses synonymes de famines, des incendies dévastateurs ou des ouragans renforcés, alimentent les avertissements des scientifiques, qui seront l'arrière-plan de la 28e conférence climatique des Nations unies à Dubaï (30 novembre-12 décembre). "Nous pouvons affirmer avec une quasi-certitude que 2023 sera l'année la plus chaude dans les annales" et "le sentiment de devoir prendre d'urgence des mesures climatiques ambitieuses à l'approche de la COP28 n'a jamais été aussi fort", a déclaré Samantha Burgess, cheffe adjointe du service changement climatique (C3S) de Copernicus, dans un communiqué.

Le mois écoulé, avec une moyenne de 15,38 °C à la surface du globe, dépasse le record précédent d'octobre 2019 de 0,4 °C, selon Copernicus. L'anomalie est "exceptionnelle" pour les températures mondiales. Octobre 2023 est "1,7 °C plus chaud que la moyenne d'un mois d'octobre sur la période 1850-1900", avant l'effet des émissions de GES de l'humanité, ajoute l'observatoire. Depuis janvier, la température moyenne est la plus chaude jamais mesurée sur les 10 premiers mois de l'année: 1,43°C au-dessus du climat des années 1850-1900, selon l'observatoire européen.

Plus que jamais, 2023 s'approche sur une année entière de la limite emblématique (+ 1,5 °C) de l'accord de Paris, dont la COP28 doit établir le premier bilan officiel et, si possible, le premier correctif. L'OMMe a estimé au printemps que cette barre serait franchie pour la première fois sur 12 mois au cours des 5 prochaines années. Il faudra toutefois mesurer le 1,5 °C en moyenne sur plusieurs années pour considérer le seuil atteint du point de vue climatique. Le GIEC prévoit qu'il le sera avec 50 % de chances dès les années 2030-2035, compte tenu du rythme des émissions de GES, essentiellement issus des énergies fossiles.

Le climat actuel est considéré comme réchauffé d'environ 1,2 °C par rapport à 1850-1900. Les mesures de Copernicus remontent jusqu'en 1940, mais peuvent être comparées aux climats des millénaires passés, établis grâce aux cernes des arbres ou aux carottes de glaces. Ces données suggèrent que les températures actuelles sont probablement les plus chaudes depuis plus de 100.000 ans. "La vie sur la planète Terre est en état de siège", a averti fin octobre un groupe d'éminents scientifiques dans un rapport alarmant, constatant les "progrès minimes" des humains pour réduire leurs rejets de CO2.

Comme en 2016, actuel record annuel de chaleur, El Nino s'ajoute en 2023 aux effets du changement climatique pour faire grimper le thermomètre. Ce phénomène cyclique au-dessus du Pacifique culmine en général autour de la période de Noël. Il continue de se développer "bien que les anomalies restent inférieures à celles atteintes à cette période de l'année" en 1997 et 2015, quand El Nino avait été historiquement fort, estime Copernicus. Sur les différents continents, en octobre, la sécheresse a frappé des régions des États-Unis et du Mexique. Tandis que de vastes étendues de la planète ont connu des conditions plus humides que la normale, souvent liées à des tempêtes et à des cyclones.

La surchauffe des océans joue un rôle majeur dans ces records. Les températures de surface des mers ont battu des records chaque mois depuis avril, dont octobre avec 20,79 °C en moyenne. Cette hausse a pour effet d'augmenter l'intensité des tempêtes, chargées de plus d'eau évaporée. Et d'accélérer la fonte des plateformes de glaces flottantes du Groenland et d'Antarctique, cruciales pour retenir l'eau douce des glaciers et empêcher l'élévation massive du niveau de la mer. La banquise de l'Antarctique se maintient pour le sixième mois d'affilée à un niveau bas record pour la saison, 11 % en dessous de la moyenne, selon le C3S. Dans l'Arctique, au nord, octobre est le 7e minimum mensuel, 12 % en dessous des moyennes.


Ciaran: Les tempêtes sont-elles plus fréquentes et plus intenses qu'auparavant en France ?
par Noémie Lair
France inter - 01 nov 2023
https://www.radiofrance.fr/franceinter/ciaran-les-tempetes-sont-elles-plus-frequentes-et-plus-intenses-qu-auparavant-en-france-8043471 


(...) Depuis le début des relevés, en 1980, 365 tempêtes ont frappé la France métropolitaine. Certaines années sont plus tempétueuses que d'autres, mais il n'y a pas de hausse significative du nombre de tempêtes sur le territoire métropolitain ces 40 dernières années, rappelle Météo-France. Il n'y a pas de consensus scientifique sur un éventuel impact du changement climatique sur la fréquence des tempêtes ni concernant l'intensité des vents.

La fréquence des tempêtes n'augmente pas. Depuis 1980, le nombre de tempêtes ayant frappé la France métropolitaine est très variable d'une année sur l'autre. Certaines années - comme 1985, 2000, 2001, 2005 et 2021 - en comptent moins de 5. À l'inverse, dans les années 1980-90 et depuis 2010, il est fréquent d'enregistrer plus de 10 tempêtes par an. Le record revient aux années 1988 et 2019, lors desquelles 18 phénomènes ont été dénombrés. Mais "sur l’ensemble de la période, on n’observe pas de tendance significative du nombre de tempêtes affectant le territoire métropolitain", indique Météo-France sur son site Internet.

Les différences observées sont le fruit "des évolutions naturelles du climat", explique Serge Zaka, docteur en agroclimatologie. "Il y a certaines périodes où il y a plus de vents, notamment dans les années 1990 et autour des années 2010, mais ce n'est pas un phénomène d'évolution de fond, c'est vraiment dû à la variabilité de notre climat naturel".
Le changement climatique n'est donc pas reconnu comme responsable. "Contrairement à l’évolution des vagues de chaleur, il n’existe pas de consensus scientifique clair sur l’effet du changement climatique sur l’évolution de la fréquence ou de l’intensité des tempêtes en France", abonde Météo-France. Dans le futur, "les projections ne s’accordent sur une aggravation du risque de tempêtes que sur le nord de l’Europe en seconde moitié du XXIe siècle", relève l'établissement public.
Le changement climatique n'apporte pas non plus "une hausse de l'intensité des vents", poursuit Serge Zaka. En revanche "d'autres paramètres associés peuvent évoluer", comme la hausse des précipitations et la hauteur des marées. "Au fil du siècle, la mer va s'élever donc lorsqu'il y a des tempêtes, les vagues pourront rentrer beaucoup plus dans les terres", souligne l'agroclimatologue. Les dégâts pourront donc être plus importants.

Pour classer les tempêtes, les spécialistes observent l'intensité des vents et la surface du territoire français concernée. Ce sont les tempêtes de 1987 et de 1999 qui sont ainsi les plus violentes. En 1987, il y a eu "des valeurs de vent qui dépassaient les 216 km/h et encore, les anémomètres de l'époque ne pouvaient pas monter au-dessus dans les mesures donc ils se bloquaient", indique Serge Zaka. Les tempêtes de 1999 étaient, elles, exceptionnelles en termes de surface parcourue : "On avait des vents à peu près similaires à ce qu'on va observer cette nuit, mais par contre, cela avait concerné toutes les régions françaises", poursuit le spécialiste.
En ce sens, Ciaran ne sera pas "la tempête du siècle", selon les prévisions, mais "ce n'est pas parce qu'on a eu 1987 et 1999 que toutes les autres tempêtes sont inoffensives", "il ne faut pas prendre Ciaran à la légère", souligne Serge Zaka. "Si on est dans la fourchette haute des valeurs de vent attendues, elle risque d'entrer dans le top 10 des tempêtes les plus violentes en France". 02/11/2023 >> Dans la nuit du 1er au 2 novembre, la tempête Ciaran a balayé le quart nord-ouest de la France, avec des vents supérieurs à 170 km/h. Le Finistère, les Côtes-d'Armor et la Manche avaient été placés en vigilance rouge.


Artère de l'Amérique, le Mississippi manque désespérément d'eau
par Louisa Abrit
AFP, Sciences & Avenir - 24 oct 2023
https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/artere-de-l-amerique-le-mississippi-manque-desesperement-d-eau_174623 


Au milieu d'un fleuve amaigri, une mâchoire métallique grignote le fond, mètre par mètre. L'équipage du dragueur Hurley se relaie 24 heures sur 24, depuis des mois, pour creuser le lit du Mississippi et permettre aux bateaux de continuer à naviguer malgré la sécheresse.

Pour la seconde année consécutive, le plus grand fleuve d'Amérique du Nord bat son record du niveau d'eau le plus bas à Memphis, dans le Tennessee. "On n'a jamais vu ça", répètent à l'envi les habitants. Des Grands Lacs au nord à la Louisiane au sud, le majestueux Mississippi n'est plus que l'ombre de lui-même. Le cours d'eau est constellé de bancs sableux. Les plantes prennent possession des rives d'habitude englouties. L'eau salée remonte de l'embouchure. Et la mécanique d'une partie de cette Amérique rurale et agricole, dépendante de cette voie de navigation, est grippée.

Inquiètes de voir le fleuve devenir impraticable, les autorités se mobilisent. "Cette année, nous avons travaillé presque sans arrêt depuis l'automne dernier, partout, de la Nouvelle-Orléans à Saint-Louis", explique le capitaine, Adrian Pirani sur la passerelle du Hurley. Le bateau, qui appartient au génie de l'armée américaine chargé de l'entretien des voies navigables, creuse pour la 3e fois le même endroit près de Memphis. Une sorte d'aspirateur géant rejette les boues sur le côté, près des rives. drian Pirani enchaîne les longues journées "pour que le commerce ne s'arrête pas" - et un peu plus que ça. "Je viens d'une famille d'agriculteurs, juste là, de l'autre côté du fleuve", confie le marin. "Ça me touche, personnellement".

Le Mississippi est indispensable aux exportations internationales des produits agricoles du Midwest. Avec moins d'eau, le fleuve est plus étroit et moins profond, ce qui limite la largeur et la profondeur des embarcations. Un goulot d'étranglement qui arrive au pire moment: en ce début d'automne, les récoltes de soja et de maïs sont à plein régime, mais une partie de ce qui partait tout de suite sur la rivière reste bloqué à terre, forçant les agriculteurs à la débrouille pour ne pas se retrouver avec d'immenses stocks sur les bras.

Côté Arkansas, à Osceola, Jeff Worsham gère un port agricole. Mais deux quais sur trois sont inutilisables par manque d'eau. Une barge accoste sur la seule structure encore accessible, un bec verseur se met à cracher du soja dans les cuves. Elles peuvent contenir l'équivalent de quelque 80 camions mais ne seront remplies qu'à 50, peut-être 60 %, afin de ne pas racler le fond. Pourtant, c'était encore pire l'an passé, le secteur n'était pas préparé, raconte M. Worsham. Pour l'année prochaine, il prévoit de faire venir un dragueur pour assurer l'accès à ses docks.

La crainte, c'est cette répétition: en 2022, le record de 1988 est battu. Il est explosé à nouveau en septembre 2023, puis en octobre. De l'Illinois à Arkansas, l'eau n'a jamais été aussi basse. Une sécheresse débutée l'an passé dans le vaste bassin versant du Mississippi (40 % du territoire américain) "s'est prolongée sur cette année et s'est empirée cet été", explique à l'AFP Anna Wolverton, spécialiste du fleuve au sein des services météo américains. "Ce n'est pas normal de voir cela deux années de suite". Le débit est tellement faible qu'en Louisiane, le Mississippi n'est pas assez puissant pour repousser l'eau salée qui remonte son embouchure, infiltrant les réseaux d'eau potable des villages au plus près de l'océan. Des habitants sont forcés d'acheter de l'eau en bouteille.

Autour de Memphis, Sarah Girdner, une hydrologue au sein du génie, multiplie les interventions pour abaisser des capteurs qui n'avaient jamais été destinés à détecter des niveaux si faibles. "Sur les 10 ou 15 dernières années" sur le Mississippi, "nous avons vu davantage de crues historiques et davantage de sécheresses historiques", résume l'experte, chaussures de sécurité aux pieds à bord du Hurley. Sans lien de causalité établi, "nous n'utilisons pas forcément le terme de changement climatique," dit Sarah Girdner, prudente. "Mais nous savons que les cycles météorologiques changent".

Il les a sentis, ces changements, Pete Ciaramitaro. En 50 ans de navigation sur le Mississippi, le capitaine, désormais cadre pour la compagnie de barges Southern Devall, a tout vu – sauf deux automnes de suite avec aussi peu d'eau. "Ces sécheresses qui arrivaient normalement tous les 25 ans sont désormais annuelles," constate-t-il sur le port industriel de Memphis. "Ca fait peur". Sur la dizaine de professionnels interrogés par l'AFP sur place, M. Ciaramitaro est le seul à revendiquer ce mot au poids politique si lourd aux Etats-Unis. "Si quelqu'un a une meilleure explication, j'aimerais bien l'entendre. La seule qui me vient, c'est que c'est le changement climatique".


Les fleuves amazoniens tombent à leur plus bas niveau en 121 ans en raison d’une grave sécheresse
Reuters, CNN - 17 oct 2023
https://edition.cnn.com/2023/10/17/americas/amazon-river-lowest-levels-drought-climate-intl/index.html 


Les rivières au cœur de la forêt amazonienne au Brésil sont tombées à leur niveau le plus bas depuis plus d’un siècle lundi, alors qu’une sécheresse record bouleverse la vie de centaines de milliers de personnes et endommage l’écosystème de la jungle. Le port de Manaus, la ville la plus peuplée de la région, au confluent du Rio Negro et du fleuve Amazone, a enregistré 13,59 m d’eau lundi, contre 44,6 il y a un an, selon son site internet. Il s’agit du niveau le plus bas depuis le début des relevés il y a 17 ans, en 60, dépassant le précédent record historique établi en 121. L’assèchement rapide des affluents de la puissante Amazone a laissé les bateaux bloqués, coupant l’approvisionnement en nourriture et en eau des villages isolés, tandis que les températures élevées de l’eau sont soupçonnées de tuer plus de 100 dauphins de rivière en voie de disparition.

Après des mois sans pluie, Pedro Mendonca, un villageois de la forêt tropicale, a été soulagé lorsqu’une ONG brésilienne a livré des fournitures à sa communauté riveraine près de Manaus à la fin de la semaine dernière. « Nous avons passé trois mois sans pluie ici dans notre communauté », a déclaré Mendonca, qui vit à Santa Helena do Ingles, à l’ouest de Manaus, la capitale de l’État d’Amazonas. « Il fait beaucoup plus chaud que les sécheresses précédentes ». Certaines régions de l’Amazonie ont connu le moins de pluies de juillet à septembre depuis 1980, selon le centre d’alerte aux catastrophes du gouvernement brésilien, Cemaden.

Le ministère brésilien des Sciences attribue la sécheresse à l’apparition du phénomène climatique El Niño cette année, qui entraîne des conditions météorologiques extrêmes dans le monde entier. Dans un communiqué publié plus tôt ce mois-ci, le ministère a déclaré qu’il s’attendait à ce que la sécheresse dure au moins jusqu’en décembre, date à laquelle les effets d’El Niño devraient atteindre leur apogée. La tendance à long terme du réchauffement climatique, qui entraîne des phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents et plus intenses, comme la sécheresse et la chaleur, est sous-jacente à El Niño. La sécheresse a touché 481.000 personnes à la date de lundi, selon l’agence de défense civile de l’État d’Amazonas, où se trouve Manaus.

À la fin de la semaine dernière, des travailleurs de l’ONG brésilienne Fundação Amazônia Sustentável se sont déployés dans la région desséchée près de Manaus pour livrer de la nourriture et des fournitures aux villages vulnérables. La sécheresse a menacé leur accès à la nourriture, à l’eau potable et aux médicaments, qui sont généralement transportés par voie fluviale. Nelson Mendonca, un leader communautaire de Santa Helena do Ingles, a déclaré que certaines zones sont encore accessibles en canoë, mais que de nombreux bateaux n’ont pas été en mesure d’apporter des fournitures le long de la rivière, de sorte que la plupart des marchandises arrivent par tracteurs ou à pied. (...)


13/10/2023 >> Après un mois de septembre aux températures record, l'année 2023 sera vraisemblablement la plus chaude jamais enregistrée dans le monde, selon un rapport publié par l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA). La NOAA fonde ses calculs sur les données enregistrées dans l'année 2023 jusqu'en septembre et sur des simulations de scénarios possibles basés sur les relevés existants de 1975 à nos jours. L'observatoire européen Copernicus avait également estimé début septembre que 2023 serait probablement l'année la plus chaude de l'Histoire.

Septembre 2023 a été le mois de septembre le plus chaud en 174 ans de relevés mondiaux, a par ailleurs confirmé la NOAA. "Le mois de septembre 2023 était le 4e mois d'affilée de températures record", a déclaré dans un communiqué Sarah Kapnick, scientifique en cheffe à la NOAA. "C'était non seulement le plus chaud mois de septembre enregistré, mais c'était de loin le mois le plus anormalement chaud" dans tous les relevés de l'agence, a-t-elle souligné. "Pour le dire autrement, septembre 2023 était plus chaud que le mois de juillet moyen de 2001 à 2010", a-t-elle ajouté. En septembre, la température mondiale était 1,44°C au-dessus de la moyenne du XXe siècle, selon l'agence américaine. Elle était de 0,46°C au-dessus du précédent record pour un mois de septembre, celui de 2020.

L'Afrique, l'Europe, l'Amérique du Nord et l'Amérique du Sud ont vécu leur mois de septembre le plus chaud jamais enregistré, l'Asie son 2e plus chaud et l'Océanie son 3e, selon les données de la NOAA. Aux pôles, l'Antarctique a eu son mois de septembre le plus chaud, l’Arctique son 2e plus chaud. Ils perdent en glace: en septembre, la banquise de l'Antarctique était à un niveau bas record pour la saison. Et les océans affichent des records mensuels de températures de leurs eaux au plan mondial pour le 6e mois consécutif.

Le monde est confronté ces dernières années à des événements météorologiques extrêmes dont l'intensité et la fréquence sont accrues par le dérèglement climatique, causé par les émissions de GES d'origine humaine. Le Canada a ainsi connu cette année une saison de feux de forêt qui a battu tous les records, avec 14 millions d'hectares brûlés, soit environ la superficie de la Grèce. Et les canicules qui ont touché cet été des parties des Etats-Unis et de l'Europe auraient été "quasiment impossibles" sans le changement climatique, expliquait en juillet le réseau World Weather Attribution.