Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
syndicats et toute forme de gestion et de pouvoir.
Rassembler des foules sous un même drapeau
trouve toujours son origine dans une imposture.
Seule une révolution mettra fin à un système
dont l'obsession de l'argent entraine l'humanité
vers la catastrophe.
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Dernière mise à jour :
10.09.2025
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La Nouvelle-Calédonie négocie un nouvel avenir alors que l’Accord de Nouméa expire et que le Parlement français obtient la première voix kanak
par Gabriella Marchant et Melissa Maykin
ABC Australia - 30 sep 2023
https://www.abc.net.au/news/2023-10-01/new-caledonia-negotiates-new-future-after-lapsed-noum%C3%A9a-accord/102890998
La population autochtone kanak de Nouvelle-Calédonie dispose d’un organe représentatif similaire à la voix autochtone proposée par l’Australie au Parlement, mais la façon dont elle a essayé de faire face à son passé colonial pourrait bientôt être modifiée.
Le territoire insulaire français, situé au large des côtes du Queensland, est à la recherche d’un nouveau statut politique pour remplacer l’accord de Nouméa. Non seulement l’accord avec Paris délègue de nombreux pouvoirs aux autorités locales, mais, surtout, il vise également à ce que le gouvernement soit conseillé par des représentants kanak de chacune des 8 zones coutumières de la Nouvelle-Calédonie. L’indépendance est une priorité élevée, avec une majorité de Kanaks souhaitant se séparer de la France malgré trois référendums confirmant que la plupart des Calédoniens voulaient rester dans le pays européen. Mais, la poussée à la sécession vient de recevoir un fort coup de pouce.
Fin septembre, Robert Xowie, le maire de l’île de Lifou, est devenu le premier homme politique kanak indépendantiste à être élu au Sénat français à Paris, mettant pour la première fois une voix kanak au parlement français. M. Xowie a déclaré à Islands Business Magazine: « Il est important que lorsque nous allons parler de révision constitutionnelle, le débat ait lieu avec nous ». Alors que le territoire négocie son avenir, les dirigeants indépendantistes réfléchissent aux progrès réalisés et à la voie à suivre.
Une nouvelle ère
Les gouvernements régionaux et territoriaux ont une représentation kanak à des taux à peu près proportionnels à la population, et le président du pays, Louis Mapou, et le président du Congrès (semblable à un président parlementaire), Roch Wamytan, sont tous deux Kanak. Cela n’a pas toujours été le cas. Ce n’est qu’en 1998 que la France a accepté une délégation massive de pouvoirs sur des questions locales telles que l’utilisation des terres et une plus grande autonomie politique.
Parmi les institutions habilitées par l’Accord de Nouméa figuraient le Congrès néo-calédonien et les gouvernements provinciaux, ainsi qu’un organe kanak appelé Sénat coutumier. Les Kanak composent et élisent le Sénat coutumier, qui conseille tous les niveaux de gouvernement sur les lois qui peuvent les concerner et, comme la voix australienne proposée au Parlement, ses conseils ne sont pas contraignants. Le dernier pilier de l’accord était un processus permettant aux citoyens de voter sur la sécession de la France.
La Nouvelle-Calédonie a voté pour rester dans la France lors de trois référendums, bien que la légitimité du référendum de 2021 – organisé au plus fort de la pandémie de COVID-19 – soit contestée. Bien que 96,5 % des électeurs aient rejeté l’indépendance vis-à-vis de la France, seuls 43,9 % des électeurs admissibles se sont rendus aux urnes. Une grande partie de la population kanak s’est abstenue lors du vote car elle était dans une période de deuil de 12 mois en raison d’une augmentation du nombre de décès dus à la COVID-19. La 3e tentative infructueuse de voter pour l’indépendance a mis fin à l’Accord de Nouméa, et potentiellement aux organes qui avaient contribué à l’expansion de la représentation politique autochtone au cours des deux dernières décennies.
Où aller ensuite
Le célèbre politicien indépendantiste Roch Wamytan, qui participe aux négociations visant à remplacer l’Accord de Nouméa, a déclaré que l’accord expiré était un modèle pour d’autres superpuissances. « L’ambassadeur russe qui était à Paris [lorsque l’Accord de Nouméa a été signé en 1998] a approché le gouvernement français pour lui demander une copie parce qu’il voulait l’utiliser en Tchétchénie », a-t-il déclaré. « En Nouvelle-Calédonie, depuis 40 ans, nous sommes devenus un peu un laboratoire. Et nous aimons être le laboratoire. Même si nous sommes les petites souris du laboratoire, à un moment donné, nous voulons être libérées ».
Il a déclaré que la vie des Néo-Calédoniens serait très différente si l’indépendance était réalisée. « Le problème est que la France nous considère comme une municipalité, mais nous sommes vraiment loin ici », a-t-il déclaré. « Nous sommes différents et nous avons des goûts différents. « Notre peuple sera maître de son destin. Nous ne dépendrons pas des décisions prises par des gens qui vivent à 20.000 km d’ici. Ce n’est plus possible.
Les recherches montrent que le PIB de la Nouvelle-Calédonie a augmenté d’environ 2,3 % entre 1990 et 2010, soit environ 15 fois plus vite que les autres territoires français d’outre-mer. Simon Batterbury, professeur agrégé à l’Université de Melbourne, a déclaré que la croissance était largement alimentée par l’extraction du nickel et que les Kanak en récoltaient désormais davantage d’avantages. Il a déclaré que le territoire avait maintenant « la plus grande et la plus importante exploitation minière contrôlée par les Autochtones » au monde, et que tant que les inégalités économiques persistaient, le peuple kanak avait généralement « un meilleur accès aux soins de santé, à l’éducation et à l’enseignement supérieur ».
M. Wamytan a déclaré que les changements ont révolutionné le territoire et apporté une paix relative. « Le mouvement indépendantiste a fait que tout a changé en Nouvelle-Calédonie au cours des 38 dernières années », a-t-il déclaré. « Nous avons commencé à discuter de notre droit à l’autodétermination avec la France, ce que nous appelons le processus de décolonisation et d’émancipation ».
Colonialisme de peuplement
Comme les premiers peuples d’Australie, la population mélanésienne de Nouvelle-Calédonie a prospéré pendant des milliers d’années avant l’arrivée des colonisateurs européens. Les Français ont établi une colonie pénitentiaire au XIXe siècle avant de coloniser les terres et d’opprimer les premiers peuples, générant de la richesse grâce à l’agriculture et à l’exploitation minière. Introduite dans les réserves du nord de l’île, la population a été décimée par une attaque de virus européens. Bien qu’il y ait eu de nombreuses révoltes, aucune n’a créé de changement durable jusqu’aux années 1980.
Un boom de l’extraction du nickel a alimenté la migration vers le territoire, amplifiant la richesse existante et les disparités foncières. Les Kanaks, qui représentent environ 40 % de la population, ont commencé à exiger leur indépendance d’une manière que la France ne pouvait plus ignorer. En 1988, les escarmouches en cours entre les partis indépendantistes et loyalistes ont atteint leur paroxysme lorsque des militants indépendantistes ont tué quatre policiers français et pris 27 en otage dans une grotte [Ouvéa; ndc]. 19 Kanaks ont été tués après une confrontation de plusieurs jours. Mais l’effusion de sang a marqué un tournant et a conduit à une trêve remarquable qui est restée largement ininterrompue au cours des 40 dernières années.
Le nickel est un élément essentiel de l'industrie de l'acier inoxydable et des batteries électriques.
Les principaux pays producteurs de nickel sont dans l'ordre: l'Indonésie, les Philippines, la Russie, la Nouvelle-Calédonie, le Canada et l'Australie... Avec 8.400.000 tonnes équivalentes à 40 ans de production, la Nouvelle-Calédonie dispose des 3es réserves mondiales derrière le Brésil (2e) et l'Australie (1ère avec le double).
Actuellement, près de 80 % de l'électricité consommée en Nouvelle Calédonie fait fonctionner la filière nickel. Le coût de production exorbitant menace les usines métallurgiques calédoniennes.
Mais l'exploitation du nickel est désastreuse pour l'environnement et les écosystèmes (déforestation, excavation des sols). Quelle industrie extractive ne l'est pas ? L'activité économique du territoire est sacrifiée pour le nickel. La presse n'en parle pas.
Nouvelle-Calédonie: L'avenir du nickel suspendu à la question énergétique
AFP, Connaissance des énergies - 09 sep 2023
https://www.connaissancedesenergies.org/afp/nouvelle-caledonie-lavenir-du-nickel-suspendu-la-question-energetique-230909
L'avenir de l'industrie du nickel en Nouvelle-Calédonie et la survie de ses trois usines métallurgiques en difficulté, dépend surtout de la façon dont sera résolue l'équation énergétique de l'île, selon des participants aux réunions organisées à Paris [début septembre; ndc]. Alors que les prix des matières premières stratégiques comme le nickel flambent sur les marchés mondiaux, les trois usines calédoniennes de raffinage de nickel sont plombées et menacées dans leur survie par leurs coûts de production et leur manque de compétitivité, selon un rapport officiel publié en août.
Tous les acteurs de la filière, élus indépendantistes et loyalistes, industriels et administrations, se sont réunis pour tenter de "fabriquer une vision commune" et un "nouveau modèle" autour du nickel, indique-t-on de source gouvernementale. Dans le but d'éviter un crash industriel. "Le principal enjeu de l'avenir de la filière nickel calédonienne est celui de l'énergie", a indiqué à l'AFP un membre du cabinet de la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, qui a participé aux réunions. Il faut faire baisser la facture énergétique exorbitante des usines. "C'est un enjeu de survie", renchérit une source industrielle.
L'extraction et le raffinage du nickel, principale ressource de l'île, consomment "de 75 à 80 % de l'électricité consommée sur le territoire". Et les dépenses d'énergie des trois usines "peuvent être deux fois supérieures à celles de leurs concurrents indonésiens", précise le rapport du Conseil général de l'économie et de l'Inspection générale des finances. Or le "caillou", surnom de l'archipel, n'a aucune infrastructure lui permettant de produire de l'énergie à bas coût. A l'exception du barrage de Yaté qui représente moins de 10 % de sa consommation totale, l'électricité dépend surtout du charbon ou du pétrole importé.
Une partie des discussions ont porté sur les moyens de développer de nouvelles sources autonomes d'électricité, mais aussi sur le besoin de produire de l'électricité verte permettant à la filière de se décarboner et de s'inscrire dans les clous des objectifs climatiques européens, a-t-on résumé de source gouvernementale. "Les réunions ont fait avancer les choses sur les deux sujets. La décarbonation n'était pas forcément une priorité pour tout le monde il y a encore quelques semaines", relève un participant qui ne souhaite pas être identifié.
A terme, selon le schéma discuté, la Nouvelle-Calédonie pourrait passer à 70 % de production d'énergie renouvelable "en pariant sur son potentiel extraordinaire d'ensoleillement et son potentiel foncier", et garderait 30 % d'énergie issue de centrales thermiques au gaz importé, a-t-il ajouté. Mais pour que les trois usines puissent espérer devenir rentables, un investissement de 4 milliards d'euros serait nécessaire pour créer deux stations de transfert d'énergie par pompage (STEP), selon le gestionnaire calédonien du réseau Enercal.
Ces infrastructures ressemblant à des barrages sont destinées à stocker l'énergie photovoltaïque - intermittente- pour pouvoir l'utiliser lorsqu'on en a besoin. L'une serait construite dans le nord de l'île pour alimenter l'usine KNS Koniambo, détenue à 51 % par un actionnaire public et à 49 % par le groupe de négoce Glencore. La deuxième irait au sud, dans la vallée de la Tontouta, pour alimenter l'usine de la Société Le Nickel (SLN) à Nouméa, dont l'actionnaire majoritaire est le groupe Eramet, et celle de Prony Resources (PRNC), à la pointe sud de l'île, dont le groupe de négoce Trafigura possède 19 % du capital.
Avant de signer un chèque, l'Etat français va faire expertiser dans les mois à venir ce schéma et le montant de la facture par la Commission de régulation de l'Energie (CRE), indique le cabinet de la Transition énergétique. Seule l'usine de Prony Resources produit du nickel de classe 1, adapté pour les batteries. Elle a signé un contrat très médiatisé avec Tesla. Pour que les deux autres, qui produisent du nickel de classe 2 destiné à la fabrication d'inox, puissent entrer sur le marché des batteries, elles ont aussi besoin d'investissements, évalués à 250 millions d'euros pour l'usine du nord et à 20 millions d'euros pour celle de la SLN, selon le cabinet du ministre de l'Industrie Roland Lescure.
En Nouvelle Calédonie, industriels et élus veulent croire à l'avenir de la filière nickel
TT avec AFP, BFMTV - 06 aot 2023
https://www.bfmtv.com/economie/entreprises/industries/en-nouvelle-caledonie-industriels-et-elus-veulent-croire-a-l-avenir-de-la-filiere-nickel_AD-202308060243.html
Alors que le nickel est l'un des métaux stratégiques les plus demandés sur les marchés mondiaux en raison de la transition énergétique, les trois sociétés qui assurent sa production en Nouvelle-Calédonie subissent des pertes depuis 12 ans.
En Nouvelle-Calédonie, industriels et élus veulent croire à un avenir pour la filière du nickel et attendent beaucoup des choix qui seront faits après la remise d'un rapport préoccupant sur le principal pilier de l'économie du "Caillou". Rendu public le 1er août, cet audit de l'Inspection générale des finances (IGF) et du Conseil général de l'économie (CGE) questionne la stratégie concernant ce métal, objet d'intenses débats entre indépendantistes et loyalistes.
"Le rapport montre ce que donne la stratégie nickel actuelle et, tristement, cela donne des entreprises qui ne sont pas rentables", commente Béatrice Pierre, présidente de Prony Resources, usine hydrométallurgique orientée vers les batteries. Alors que le nickel est l'un des métaux stratégiques les plus demandés sur les marchés mondiaux en raison de la transition énergétique, les trois sociétés qui assurent sa production en Nouvelle-Calédonie (la Société le Nickel / SLN, Koniambo Nickel SAS et Prony) subissent des pertes depuis 12 ans, indique le rapport. "Aujourd'hui, nous savons ce que l'on doit faire" pour être rentable, estime la patronne de Prony.
Première recommandation: augmenter la production des usines pour atteindre leur capacité nominale tout en réduisant leurs coûts, élevés au regard de la concurrence internationale. L'audit rappelle en outre que les pays de l'UE pourraient être confrontés à de graves difficultés d'approvisionnement en nickel pour la fabrication des batteries. Or ce marché porteur échappe à la SLN et à KNS, deux usines pyrométallurgiques qui produisent des ferronickels essentiellement utilisés dans les alliages inoxydables. L'IGF leur recommande de développer la production de mattes, un produit plus concentré en nickel utilisable dans les batteries après raffinage. La SLN doit engager une étude et KNS a déjà procédé à des tests au travers de filiales de son actionnaire Glencore pour transformer son ferronickel en "nickel batterie". "10 % de notre production en 2023 pourrait intégrer cette filière", estime Alexandre Rousseau, directeur de la communication de Koniambo Nickel.
Autre enjeu: l'énergie utilisée par les industriels calédoniens, qui est particulièrement carbonée et dont les dépenses "peuvent être deux fois supérieures à celles de leurs concurrents indonésiens", relève le rapport. "C'est la mère des batailles et c'est ce qui nous tire vers le bas", résume Jérôme Fabre, directeur général de la SLN. Les investissements nécessaires sont chiffrés à 4,15 milliards d'euros pour la conversion des deux centrales à charbon existantes en centrales à gaz, un développement de l'énergie photovoltaïque, des stockages via des batteries et des stations de transfert d'énergie par pompage. Ces solutions coûteuses ne pourront être prises en charge que par l'État, a reconnu le président Emmanuel Macron à Nouméa fin juillet. Et elles ne se concrétiseront que dans plusieurs années.
Pour retrouver des marges de manœuvre, les rapporteurs évoquent également une "réforme du contrôle des exportations", notamment pour KNS et Prony dont les ressources sont classées en réserve géographique métallurgique - l'export de minerai leur est donc interdit. "C'est quelque chose qui pourrait nous être bénéfique", confirme Béatrice Pierre, "et c'est très faible, on parle de 300.000 tonnes alors que nous excavons presque 12 millions de tonnes par an".
D'autres orientations relèvent de décisions politiques. C'est le cas des participations des collectivités au capital des usines, que le rapport propose de revoir à la baisse, et d'une réforme de la fiscalité pour un meilleur partage de la valeur ajoutée. "Le nickel a toujours été un socle des accords politiques calédoniens", remarque Christopher Gygès, secrétaire général des Loyalistes (non-indépendantistes). "Nous souhaitons un grand accord depuis le début et la question du nickel doit être au centre de ça".
Sollicité, le camp indépendantiste a souhaité se concerter avant de communiquer. Les recommandations du rapport mettent à mal sa doctrine, qui prévoit de ne pas exporter de minerai brut - sauf à destination des usines offshore détenues par des intérêts calédoniens -, de maîtriser la ressource et de viser une participation majoritaire des collectivités au capital des outils de production. (...)
13/04/2024 >> Deux manifestations distinctes réunissent à Nouméa 40.000 personnes, 20.000 indépendantistes et 20.000 non-indépendantistes, tous mobilisés sur la question de l'élargissement du corps électoral en vue des prochaines élections provinciales.
Le Sénat doit se déterminer sur la réforme constitutionnelle qui vise à remodeler le corps électoral pour ces élections. Les provinces détiennent une grande partie des compétences. Actuellement réservées aux natifs et aux résidents arrivés avant 1998 et à leurs descendants, ces élections seraient ouvertes aux personnes ayant au moins 10 ans de résidence.