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Date de création : 10.03.2011
Dernière mise à jour :
30.09.2025
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L’Antarctique manque d’une quantité de glace de mer de la taille de l’Argentine – et les scientifiques se démènent pour comprendre pourquoi
[Antarctica is missing an Argentina-sized amount of sea ice – and scientists are scrambling to figure out why]
Par Sophie Tanno
CNN - 30 jul 2023
https://edition.cnn.com/2023/07/30/world/antarctic-sea-ice-winter-record-low-climate-intl/index.html
(...) Chaque année, la banquise antarctique se réduit à son niveau le plus bas vers la fin du mois de février, pendant l’été du continent. La glace de mer s’accumule ensuite au cours de l’hiver. Mais cette année, les scientifiques ont observé quelque chose de différent. La glace de mer n’est pas revenue aux niveaux prévus. En fait, il est à son plus bas niveau pour cette période de l’année depuis le début des relevés il y a 45 ans. La glace est d’environ 1,6 million de km² en dessous du précédent record hivernal établi en 2022, selon les données du National Snow and Ice Data Center (NSIDC). À la mi-juillet, la glace de mer de l’Antarctique était inférieure de 2,6 millions de km² à la moyenne de 1981 à 2010. C’est une zone presque aussi grande que l’Argentine ou les régions combinées du Texas, de la Californie, du Nouveau-Mexique, de l’Arizona, du Nevada, de l’Utah et du Colorado.
Le phénomène a été décrit par certains scientifiques comme exceptionnel – quelque chose de si rare qu’il ne se produit qu’une fois tous les millions d’années. Mais Ted Scambos, glaciologue à l’Université du Colorado à Boulder, a déclaré que parler en ces termes pourrait ne pas être très utile. « Le jeu a changé », a-t-il déclaré à CNN. « Il n’y a aucun sens à parler des chances que cela se produise comme le système était, cela nous dit clairement que le système a changé ». Les scientifiques se démènent maintenant pour comprendre pourquoi.
L’Antarctique est un continent éloigné et complexe. Contrairement à l’Arctique, où la glace de mer a constamment suivi une trajectoire descendante à mesure que la crise climatique s’accélère, la glace de mer en Antarctique est passée de niveaux record à des creux records au cours des dernières décennies, ce qui rend plus difficile pour les scientifiques de comprendre comment elle réagit au réchauffement climatique.
Mais depuis 2016, les scientifiques ont commencé à observer une forte tendance à la baisse. Bien que la variabilité naturelle du climat affecte la glace de mer, de nombreux scientifiques affirment que le changement climatique peut être un facteur majeur de la disparition de la glace. « Le système antarctique a toujours été très variable », a déclaré Scambos. « Ce niveau [actuel] de variation, cependant, est si extrême que quelque chose de radical a changé au cours des deux dernières années, mais surtout cette année, par rapport à toutes les années précédentes remontant à au moins 45 ans ».
Plusieurs facteurs contribuent à la perte de glace de mer, a déclaré Scambos, y compris la force des vents d’ouest autour de l’Antarctique, qui ont été liés à l’augmentation de la pollution qui réchauffe la planète. « Des températures océaniques plus chaudes au nord de la frontière de l’océan Antarctique se mélangeant à l’eau qui est généralement quelque peu isolée du reste des océans du monde fait également partie de cette idée quant à la façon d’expliquer cela », a déclaré Scambos.
À la fin de février de cette année, la banquise antarctique a atteint son étendue la plus basse depuis le début des enregistrements. L’événement sans précédent de cet hiver pourrait indiquer un changement à long terme pour le continent isolé, a déclaré Scambos. « Il est plus probable qu’improbable que nous ne verrons pas le système antarctique se rétablir comme il l’a fait, disons, il y a 15 ans, pendant une très longue période dans le futur, et peut-être » jamais ». D’autres sont plus prudents. « C’est un grand écart par rapport à la moyenne, mais nous savons que la glace de mer de l’Antarctique présente une grande variabilité d’une année à l’autre », a déclaré Julienne Stroeve, scientifique principale au National Snow and Ice Data Center, ajoutant « il est trop tôt pour dire si c’est la nouvelle norme ou non ».
La glace de mer joue un rôle essentiel. Bien qu’il n’affecte pas directement l’élévation du niveau de la mer, car il flotte déjà dans l’océan, il a des effets indirects. Sa disparition laisse les calottes glaciaires côtières et les glaciers exposés aux vagues et aux eaux chaudes de l’océan, ce qui les rend plus vulnérables à la fonte et à la rupture. Un manque de glace de mer pourrait également avoir des répercussions importantes sur sa faune, y compris le krill dont se nourrissent de nombreuses baleines de la région, et les manchots et les phoques qui dépendent de la glace de mer pour se nourrir et se reposer.
Plus largement, la glace de mer de l’Antarctique contribue à la régulation de la température de la planète, ce qui signifie que sa disparition pourrait avoir des effets en cascade bien au-delà du continent. La glace de mer réfléchit l’énergie solaire entrante vers l’espace, lorsqu’elle fond, elle expose les eaux océaniques plus sombres sous lesquelles absorbent l’énergie du soleil. Certaines parties de l’Antarctique connaissent des changements alarmants depuis un certain temps. La péninsule antarctique, une chaîne filiforme de montagnes glacées qui dépasse du côté ouest du continent, est l’un des endroits où le réchauffement est le plus rapide de l’hémisphère sud.
L’année dernière, des scientifiques ont déclaré que le vaste glacier Thwaites de l’Antarctique occidental – également connu sous le nom de "glacier Doomsday" – « s’accrochait par les ongles » à mesure que la planète se réchauffait. Les scientifiques ont estimé que l’élévation mondiale du niveau de la mer pourrait augmenter d’environ 10 pieds [3mètres] si Thwaites s’effondrait complètement, dévastant les communautés côtières du monde entier. Scambos a déclaré que le niveau record de glace de mer de cet hiver est un signal très alarmant. « En 2016, [la banquise antarctique] a connu le premier grand ralentissement. Depuis 2016, il est resté bas, et maintenant le fond est tombé. Quelque chose de majeur dans une grande partie de la planète se comporte soudainement différemment de ce que nous avons vu au cours des 45 dernières années.
La glace de l'Antarctique n'a jamais autant fondu qu'en février
RTS - 08 mar 2023
https://www.rts.ch/info/sciences-tech/environnement/13844925-la-glace-de-lantarctique-na-jamais-autant-fondu-quen-fevrier.html
L'étendue de la banquise en Antarctique a atteint en février, en plein été austral, un record de fonte, a confirmé mercredi l'observatoire européen du climat Copernicus après des données américaines similaires. Une intensification de la fonte se dessine sur la dernière décennie. La glace de mer, qui fond en été et se reconstitue en hiver, a atteint le 16 février "son étendue la plus faible depuis 45 ans que les données satellitaires sont enregistrées", a déclaré Samantha Burgess, cheffe adjointe de l'observatoire du changement climatique Copernicus (C3S) de l'Union européenne. "Le minimum de l'étendue quotidienne de la glace de mer en Antarctique a été atteint le 16 février 2023 avec une étendue totale de 2,06 millions de km²", a précisé le C3S.
Ces observations confirment celles de l'observatoire américain de référence, le National Snow and Ice Data Center (NSIDC), qui a aussi annoncé avoir mesuré une étendue minimum record de la banquise d'Antarctique en février. Le NSIDC, qui produit ses propres données satellites avec une autre méthode, a annoncé de son côté une étendue minimum de "1,79 million de km²" atteinte le 21 février, précisant qu'il s'agissait d'un chiffre "préliminaire" à confirmer, d'ores et déjà nettement inférieur au record de février 2022.
La fonte de la banquise n'a pas d'impact immédiat sur le niveau de la mer, car elle se forme par congélation de l'eau salée déjà présente dans l'océan. Mais sa fonte soumet la calotte glaciaire à l'assaut des vagues. Or cette calotte - épais glacier d'eau douce qui recouvre l'Antarctique - est particulièrement surveillée par les scientifiques car elle contient suffisamment d'eau pour provoquer une montée du niveau des océans catastrophiques si elle venait à fondre. Par ailleurs, la banquise blanche réfléchit davantage les rayons du Soleil que l'océan plus sombre, et sa perte accentue ainsi le réchauffement climatique car les rayons sont moins renvoyés vers l'espace. "Les calottes glaciaires polaires sont un indicateur révélateur de la crise climatique et il est important de suivre de près les changements qui s'y produisent", a commenté Samantha Burgess dans un communiqué.
Pour Copernicus, la banquise antarctique, sur l'ensemble du mois de février 2023, était "34 % en-dessous de la moyenne", battant le record mensuel de février 2017, lui-même proche des niveaux atteints en 2018 et 2022. C'est la 8e année d'affilée que cette banquise fond plus que le minimum moyen du mois de février, selon les données du C3S (3,4 millions de km² sur la période 1991-2020). Cette observation laisse craindre qu'une tendance significative de réduction de la banquise soit en train de se mettre en place pour la première fois au pôle sud, alors qu'elle était relativement stable sur les quatre décennies précédentes malgré de fortes variations annuelles, contrairement au pôle nord où la fonte est très marquée.
26/09/2023 >> Le 10 septembre, "la banquise de l'Antarctique a atteint une étendue maximale annuelle de 16,96 millions de km²", a écrit le National Snow and Ice Data Center (NSIDC). "Il s'agit du plus bas maximum pour la banquise dans les relevés allant de 1979 à 2023, et de loin". L'étendue maximum atteinte cette année est de 1,03 million de km² inférieure au précédent record, soit près de 2 fois la superficie de la France. En février, en plein été austral, la banquise antarctique avait atteint un plus bas, avec une étendue minimum de 1,79 million de km² - un record de fonte - selon le NSIDC. Par la suite, la banquise s'est reformée à un rythme inhabituellement lent, malgré l'arrivée de l'hiver.
Dans l'Arctique, où l'été se termine, la banquise a atteint son étendue la plus basse pour l'année, à 4,23 millions de km², a annoncé le NSIDC. Il s'agit du 6e plus bas en 45 ans de données.
EDIT (24 octobre 2023)
Des scientifiques s'alarment de l'"inévitable" fonte accélérée de la calotte glaciaire de l'Antarctique occidental
AFP, France24 - 23 oct 2023
https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20231023-des-scientifiques-s-alarment-de-l-in%C3%A9vitable-fonte-acc%C3%A9l%C3%A9r%C3%A9e-de-la-calotte-glaciaire-de-l-antarctique-occidental
La fonte des glaces de l'Antarctique occidental devrait s'accélérer considérablement au cours des prochaines décennies et pourrait augmenter le niveau des mers, même si le monde respecte ses engagements pour limiter le réchauffement climatique, selon une étude publiée lundi. Les chercheurs du British Antarctic Survey, à l'origine de cette nouvelle étude, ont averti que l'humanité avait "perdu le contrôle" du sort des plateformes de glace, ces gigantesques structures gelées flottant en marge de l'inlandsis principal et qui jouent un rôle stabilisateur en retenant la dérive et la fonte des glaciers dans l'océan.
L'Antarctique a déjà connu une perte de glace accélérée au cours des dernières décennies et les scientifiques ont déclaré que la calotte glaciaire de l'Antarctique occidental - qui contient suffisamment d'eau pour élever le niveau des océans de plusieurs mètres - pourrait s'approcher d'un "point de bascule" climatique. Les chercheurs ont constaté - à l'aide d'une modélisation informatique - qu'une fonte plus rapide des plateformes glaciaires est déjà inévitable dans les prochaines décennies en raison du réchauffement des océans. Même dans un scénario où les émissions de GES sont réduites et où le réchauffement reste dans les limites de l'objectif le plus ambitieux de l'accord de Paris - à savoir 1,5°C par rapport à l'ère préindustrielle -, leurs résultats sont sensiblement identiques.
L'étude, publiée dans la revue Nature Climate Change, s'est intéressée au processus de fonte par les eaux océaniques du dessous des plateformes glaciaires flottantes de la mer d'Amundsen. Même dans le meilleur des cas, le réchauffement des océans pourrait s'avérer 3 fois plus rapide au XXIe siècle qu'au XXe siècle.
Kaitlin Naughten, auteure principale de l'étude, a affirmé que les chercheurs avaient "toutes les raisons de s'attendre" à ce que la fonte des glaces contribue à l'élévation du niveau de la mer - qui devrait déjà atteindre un mètre d'ici la fin du siècle -, bien qu'ils ne l'aient pas étudiée expressément. "La fonte de la plateforme glaciaire de l'Antarctique occidental est l'un des effets du changement climatique auquel nous devrons probablement nous adapter", estime-t-elle. Des millions de personnes à travers la planète vivent actuellement dans des zones côtières de faible altitude et certaines "communautés côtières devront soit construire aux alentours, soit être abandonnées", ajoute-t-elle.
Selon Alberto Naveira Garabato, professeur d'océanographie physique à l'Université de Southampton, cette étude "donne à réfléchir". "Cela illustre comment nos choix passés ont probablement entraîné une fonte substantielle de l'inlandsis de l'Antarctique occidental et l'élévation du niveau de la mer qui en découle, à laquelle nous devrons inévitablement nous adapter en tant que société au cours des décennies et des siècles à venir", a-t-il déclaré au Science Media Centre. Mais il souligne qu'il s'agit également d'un "signal d'alarme" pour réduire les émissions de GES afin d'éviter d'autres conséquences climatiques graves, notamment la fonte de la calotte glaciaire de l'Antarctique oriental, actuellement considérée comme plus stable.
Les auteurs de l'étude relèvent que si une réduction majeure des émissions ne changerait pas grand-chose à la perte de la calotte glaciaire de l'Antarctique occidental au cours de ce siècle, elle pourrait néanmoins avoir un impact important à plus long terme, puisque la calotte glaciaire mettra probablement des siècles, voire des millénaires, à réagir pleinement au changement climatique.
Jonathan Bamber, professeur à l'école des sciences géographiques de l'Université de Bristol, note que l'étude est quelque peu limitée parce que les chercheurs n'ont utilisé qu'un seul modèle océanique et n'ont pas explicitement étudié l'effet du réchauffement des eaux sur le niveau des mers. "Cette partie de l'Antarctique occidental contient suffisamment de glace pour faire monter le niveau de la mer de plus d'un mètre. Il est donc important de comprendre comment elle évoluera dans l'avenir", a déclaré au Science Media Centre M. Bamber, qui n'a pas participé à la recherche.
EDIT (25 avril 2024)
Les manchots empereurs périssent avec la fonte record de la banquise, selon une étude
AFP, Sciences & Avenir - 25 avr 2024
https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/les-manchots-empereurs-perissent-avec-la-fonte-record-de-la-banquise-selon-une-etude_178088
Plusieurs colonies de manchots empereurs ont encore vu leurs poussins périr en 2023 en raison de la fonte record de leur banquise d'Antarctique, liée au réchauffement climatique, selon une étude publiée jeudi. La baisse record de la banquise en 2023 a contribué à la deuxième pire année de mortalité des poussins depuis le début des observations en 2018, selon le recensement de l'observatoire British Antarctic Survey. Ce nouveau constat suit l'"échec catastrophique de la reproduction" en 2022 et menace de faire baisser la population à long terme, a déclaré à l'AFP Peter Fretwell, auteur de l'étude.
Ces oiseaux, popularisés par le succès du film "La Marche de l'Empereur" en 2005, se reproduisent sur la banquise, formée par congélation de l'eau salée de l'océan, et les poussins éclosent pendant l'hiver austral, entre la fin juillet et la mi-août. Les poussins sont élevés jusqu'à ce qu'ils développent des plumes imperméables, généralement en décembre, avant la fonte estivale. Mais si la glace fond trop tôt sous leur petites pattes, ils risquent de se noyer et de geler.
14 des 66 colonies de manchots, chacune capable de faire naître des centaines voire des milliers de poussins par an, ont été affectées par une fonte précoce en 2023, selon l'étude publiée dans le Journal of Antarctic Science. Il en résulte "des niveaux de mortalité élevés, voire totaux", a déclaré M. Fretwell. Toutefois, l'année 2023 "n'a pas été aussi mauvaise que nous le craignions", a-t-il déclaré. 19 colonies avaient été touchées en 2022, un record. Plusieurs colonies, dont celles qui ont vu leurs portées décimées l'année précédente, se sont déplacées à la recherche d'une meilleure glace. Ce signe encourageant d'adaptation n'est toutefois qu'une "solution temporaire", a prévenu M. Fretwell, car "il n'y a qu'un nombre limité d'endroits où ils peuvent aller". Pour le chercheur, c'est à l'humanité de s'adapter en réduisant les émissions de gaz à effet de serre qui contribuent à la fonte des banquises d'Antarctique, qui semblaient épargnées jusqu'à récemment par les effets du réchauffement climatique.
En 2022 et 2023, la superficie minimale de la banquise, au pic de l'été austral, est tombée en dessous de 2 millions de km², pour la première fois depuis le début des relevés par satellite. Soit une baisse d'environ 30 % par rapport à la moyenne 1981-2010. Les manchots empereurs, alias Aptenodytes forsteri, comptent environ 250.000 couples reproducteurs, tous en Antarctique, selon une étude de 2020. Si les émissions carbone se maintiennent au niveau actuel, leur population devrait diminuer de 99 % d'ici la fin du siècle, prévient l'étude.
EDIT (26 juin 2024)
L'Antarctique se dirige vers une "fonte incontrôlée" de ses calottes glaciaires, alertent les scientifiques
AFP, Geo - 25 jun 2024
Des chercheurs tirent la sonnette d'alarme sur une possible "fonte incontrôlée" des calottes glaciaires de l'Antarctique. Un "point de bascule" pourrait être franchi. Les scientifiques ont découvert qu'un nouveau "point de bascule" pourrait être sur le point d'être franchi, l'Antarctique se dirigeant vers une "fonte incontrôlée" de ses calottes glaciaires, selon une étude publiée mardi. La fonte est causée par l'eau désormais plus chaude de l'océan qui s'infiltre entre la glace et la terre sur laquelle elle repose. Un point de bascule climatique est un seuil critique au-delà duquel un système se réorganise, souvent de manière abrupte et/ou irréversible, entraînant une série de conséquences en cascade.
Les calottes glaciaires de l'Antarctique reposent sur un substrat rocheux et s'étendent au-delà de la côte pour flotter sur la mer. Des études antérieures avaient déjà montré que l'eau de mer, dont la température augmente sous l'effet du réchauffement climatique causé par les activités humaines, pouvait s'infiltrer dans la zone de rencontre entre la terre et la mer et ainsi progresser sous la glace terrestre, toujours plus avant à l'intérieur des terres.
L'étude parue mardi dans la revue Nature Geoscience confirme cette hypothèse et la quantifie par une modélisation : à mesure que l'eau de mer se réchauffe, l'intrusion s'accélère sur de courtes distances de 100 m jusqu'à des dizaines de kilomètres, faisant fondre la glace en la chauffant par le bas, explique l'auteur principal de l'étude, Alexander Bradley. Cela "peut conduire au dépassement d'un point de bascule, au-delà duquel l'eau de l'océan s'introduit de manière illimitée sous la calotte glaciaire, via un processus de fonte incontrôlée", avertit l'étude. Avec à la clé un risque d'élévation du niveau de la mer, lorsque la fonte accélérée dépasse la formation de nouvelle glace sur le continent, menaçant les populations côtières partout dans le monde.
Pourtant, les modèles utilisés par le GIEC des Nations Unies pour projeter l'impact du réchauffement climatique sur l'Antarctique n'ont pas pris en compte ce phénomène. Ils ont également systématiquement sous-estimé la perte de glace observée jusqu'à présent, selon l'étude, qui estime que ces modèles doivent être mis à jour. Mais surtout "cela ne fait que souligner la nécessité d'une action climatique urgente afin d'éviter que ces points de bascule ne soient dépassés", souligne Bradley, chercheur au British Antarctic Survey.
En mai, la température des océans de la planète a encore battu, pour le 14e mois d'affilée, un nouveau record mensuel, atteignant 20,93 °C de moyenne, selon le réseau européen Copernicus. "Chaque dixième de degré (de réchauffement) nous rapproche de ce genre de processus, ces points de bascule sont de plus en plus proches", alerte Bradley.
EDIT (20 août 2025)
Antarctique: Des changements "abrupts" en cours, alertent des chercheurs
AFP, Sciences & Avenir - 20aot 2025
L’Antarctique semble soumisà une série de changements "abrupts" qui se renforcent mutuellement, aux conséquences potentiellement catastrophiques pour le monde entier, alertent des chercheurs dans une étude publiée mercredi dans la revue Nature. Les scientifiques, pour la plupart basés en Australie, soulignent "l'émergence de preuves de changements rapides" dans l'environnement antarctique: recul de la banquise, ralentissement d'un courant océanique, fonte de la calotte glaciaire et menaces pour certaines espèces comme les manchots empereurs. "L’Antarctique montre des signes inquiétants de changement du point de vue de la glace, de l'océan et des écosystèmes. Certains de ces changements abrupts seront difficiles à arrêter et auront des effets pour les générations à venir", résume pour l'AFP Nerilie Abram, chercheuse à l'Université nationale australienne et auteure principale de l'étude.
Les scientifiques alertent depuis des années sur les risques que pose le changement climatique d'origine humaine pour l'Antarctique et sur les conséquences potentiellement catastrophiques pour l'avenir, comme la montée du niveau des océans entraînée par la fonte des glaces. Mais l'étude montre aussi comment ces changements sont "interconnectés" entre eux et peuvent aussi à leur tour aggraver le changement climatique, souligneNerilie Abram.
Le recul de la banquise réduit par exemple sa capacité à réfléchir l'énergie solaire (effet albedo), exacerbant ainsi le réchauffement. L'institut de recherche polaire britannique (BAS) a aussi montré, dans une étude publiée en juin, que les colonies de manchots empereurs déclinent plus vite que prévu en raison du recul de cette banquise. Le ralentissement du courant océanique antarctique et la fonte des calottes glacières se renforcent aussi mutuellement, un cercle vicieux que les scientifiques qualifient de boucle de rétroaction. Ces phénomènes encouragent à leur tour le réchauffement climatique ou la montée du niveau des océans à long terme.
La calotte glaciaire Ouest-Antarctique a déjà été identifiée par les scientifiques comme exposée au risque d'un basculement irréversible en raison de la hausse des températures. Contrairement à la banquise de mer, sa fonte augmente les niveaux des océans, un phénomène susceptible de s'étaler sur des siècles et qui perdurera même si le climat se stabilise. Cette zone de l'Antarctique contient suffisamment d'eau gelée pour faire monter le niveau des océans de la planète d'environ 6 mètres. La moitié de cette masse, équivalent à environ 3 mètres, serait à risque d'un prochain effondrement irréversible.
En conclusion, les auteurs estiment que "la seule façon certaine de réduire le risque de changements abrupts dans l'environnement antarctique est de procéder à des réductions rapides et profondes des émissions de CO2 au cours de cette décennie" et de limiter le réchauffement au plus près de 1,5°C, la limite la plus ambitieuse de l'accord de Paris.