Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
syndicats et toute forme de gestion et de pouvoir.
Rassembler des foules sous un même drapeau
trouve toujours son origine dans une imposture.
Seule une révolution mettra fin à un système
dont l'obsession de l'argent entraine l'humanité
vers la catastrophe.
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Dernière mise à jour :
22.12.2025
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Sauf énorme surprise, on s'attend à ce que les élections générales confirment le résultat des élections régionales d'il y a deux mois: une poussée de l'extrême droite qui obligera le parti conservateur (PP) à gouverner avec Vox.
Le nouveau leader du PP, Alberto Nunez Feijoo, pressenti pour devenir le prochain Premier ministre, qui essayait depuis son accession à la tête du parti de se donner une image "modérée" de centre droit, risque de devenir l'otage de Vox.
Vox, le parti ultranationaliste de Santiago Abascal, anti-migrants, climatoseptique et homophobe, est devenu la 3e force politique au Cortes, avec une poussée spectaculaire dans de nombreux parlements régionaux.
Déjà vainqueurs des élections locales du 28 mai, la droite et l’extrême droite ont enfoncé le clou aux municipales du 17 juin et scellé une alliance dans 140 villes, dont une vingtaine de plus de 30.000 habitants. Elles espèrent concrétiser leurs succès régionaux et locaux par une victoire nationale ce dimanche. Les spécialistes s'interrogent toutefois sur ce que sera le terrain d'entente entre ces deux formations après le 23 juillet.
La gauche aborde ce scrutin en position de faiblesse après voir perdu 6 régions (Valence, Aragon, Extrémadure, Cantabrie, Rioja, Baléares). Les partis qui avaient été portés par le mouvement des Indignés ont été laminés. Le parti centriste Ciudadanos a disparu, ses électeurs préférant voter pour le PP qui a le même programme. Podemos et Izquierda Unid ont échoué à entrer au conseil municipal de Madrid et ont reculé dans presque tous les parlements régionaux, payant les sempiternelles querelles intestines caractéristiques de l'extrême gauche.
Malgré tout, le PSOE devrait résister, s'appuyant sur un bilan économique pas trop dégradé.
La gauche veut croire en une "remontada", un retournement de tendance aussi incroyable qu'inattendu, profitant de l'effet créé par l'apparition d'une nouvelle marque: "Sumar", coalition hétéroclite rassemblant régionalistes, écologistes et antifas, portée par une transfuge du PCE, Yolanda Diaz.
Elections en Espagne: Les enjeux de société au cœur du débat électoral
par Cécile Thibaud
Les Echos - 11 jul 2023
https://www.lesechos.fr/monde/europe/elections-en-espagne-les-enjeux-de-societe-au-coeur-du-debat-electoral-1961074
MADRID - Le conservateur Alberto Nunez Feijoo creuse l'écart face au socialiste Pedro Sanchez, sans expliquer quel accord il envisage avec l'extrême droite de Vox. Celle-ci remet en question le féminisme, les droits des minorités et la lutte contre le changement climatique. (...) A moins de deux semaines des élections législatives du 23 juillet, le contraste ne pouvait pas être plus saisissant entre les deux hommes. Le leader socialiste pensait que la campagne tournerait autour du bilan de ses 5 années au pouvoir, mais le terrain a glissé sur d'autres sujets. Le grand face-à-face télévisé, lundi soir, a viré à l'avantage de son adversaire qui joue d'une image bon enfant et creuse l'écart.
Pedro Sanchez apparaît comme un homme narcissique et distant, centré sur son prestige international . Son adversaire se présente comme un homme du peuple, à l'écoute des gens simples qui l'appellent "Albertito". Qu'importe si Nunez Feijoo, 61 ans, n'est plus un gamin de village, mais bien un politicien de carrière, qui a gravi les échelons au sein du PP et attend son heure depuis 5 ans pour concourir en tête de liste à ces élections législatives. Pedro Sanchez revendique l'action transformatrice de son gouvernement, mais c'est justement ce qu'on lui reproche. L'opposition de droite défend au contraire une vision classique de l'Espagne et joue avec des références nostalgiques.
La droite dénonce les alliances parlementaires acrobatiques des socialistes avec la gauche indépendantiste basque et catalane . Sur les réseaux sociaux reviennent aussi sans arrêt les critiques sur les questions du féminisme, de l'avortement, ou encore des droits des homosexuels et transsexuels. « Jusque-là, le Parti socialiste jouait les éclaireurs et élargissait les droits sociaux. La droite protestait chaque fois, elle présentait des recours devant le Tribunal constitutionnel puis finissait par accepter les changements, qu'il s'agisse des lois sur le divorce, l'avortement ou le mariage gay », décrit le journaliste Carlos Cué, qui suit la campagne pour le quotidien El Pais. « Cette fois c'est différent, note-t-il, car la pression de Vox à l'extrême droite est en train de tirer les plus modérés vers son terrain ».
Les sondages indiquent que pour former une majorité de gouvernement, le PP aurait besoin d'une alliance avec les ultras. Toute la question est de savoir ce qu'il est prêt à céder, face à Vox qui annonce son intention de supprimer le droit à l'avortement et les lois sur la fin de vie, de reprendre en main l'éducation, de revenir sur les droits des minorités sexuelles et sur la lutte contre les violences faites aux femmes, ou encore d'arrêter de « criminaliser les agriculteurs » et de freiner les initiatives contre le changement climatique.
Jusqu'ici, le candidat du PP a évité de préciser quels seraient les termes d'un éventuel pacte de gouvernement avec Vox. Mais les accords conclus ces derniers jours à l'échelle municipale et régionale entre les deux formations de droite, et l'arrivée de Vox aux postes exécutifs au niveau local, pourraient donner des pistes. Les premières initiatives des nouveaux élus locaux de Vox concernent les subventions pour les femmes victimes de violences, le retrait des drapeaux arc-en-ciel des bâtiments administratifs, ou la révision de programmations culturelles locales, pour annuler par exemple une pièce de Virginia Woolf évoquant l'homosexualité, ou encore un spectacle hommage à un instituteur républicain fusillé au début de la guerre civile.
La question ne préoccupe pas le candidat du PP, Alberto Nunez Feijoo. Les enquêtes indiquent que ses électeurs accueillent sans embarras une entente avec Vox. De son côté, Pedro Sanchez dénonce cette Espagne « en noir et blanc », « qui va en arrière », et espère convaincre les quelque 5 à 9 % de votants socialistes déçus qui sont passés au PP, mais ne sont pas forcément prêts à accepter la tutelle Vox sur les questions sociétales.
Espagne: L’extrême droite pourrait faire son entrée au gouvernement
par Michel-Philippe Robitaille, doctorant et chargé de cours en sociologie, Université du Québec à Montréal (UQAM)
The Conversation - 19 avr 2023
https://theconversation.com/espagne-lextreme-droite-pourrait-faire-son-entree-au-gouvernement-202569
D’ici décembre, les électeurs espagnols seront convoqués aux urnes pour des élections générales. Après un mandat marqué par la pandémie de Covid-19, le socialiste Pedro Sanchez affrontera une droite revigorée et plus compétitive qu’elle ne l’a été au cours des dernières années.
Mais pour prendre le pouvoir, cette droite devra vraisemblablement obtenir l’appui d’un parti d’extrême droite, Vox. Ce serait une première pour ce pays de près de 50 millions d’habitants, 14e économie mondiale: alors que l’extrême droite et le populisme se sont imposés dans de nombreuses autres démocraties occidentales, l’Espagne a longtemps fait figure d’exception. Depuis le début des années 1980, elle n’a en effet connu aucune force politique d’extrême droite d’importance.
Il faut rappeler que l’Espagne a été le symbole du combat antifasciste lorsque des militaires ont tenté un coup d’État, en 1936, et entraîné le pays dans une guerre civile. Des dizaines de milliers de miliciens étrangers s’étaient alors portés, en vain, à la défense de la démocratie espagnole. La guerre s’est soldée par une victoire des insurgés, soutenus par l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste. Le dictateur Francisco Franco a dirigé le pays jusqu’à sa mort, en 1975. La transition démocratique a ouvert la voie à l’adhésion du pays à l’Union européenne en 1986, et l’Espagne est devenue un pilier de l’intégration européenne. (...)
Une crise du bipartisme
Comme le Canada, l’Espagne a longtemps connu un système bipartite, avec le Partido Popular (PP) à droite, et les socialistes à gauche. Ceux-ci ont pris le pouvoir en 2018, lorsque Pedro Sanchez a profité de la crise chez ses adversaires pour faire tomber le gouvernement de Mariano Rajoy, du PP, en plein scandale de corruption.
Mais le système électoral espagnol est bien différent du nôtre. En marge des deux principaux partis, de nombreux partis régionaux sont représentés au parlement. En général, aucun ne dispose à lui seul d’une majorité parlementaire. L’appui de tiers partis est nécessaire pour gouverner, mais les coalitions formelles, incluant des ministres de plus d’un parti, sont un phénomène récent. Avant 2015, le parti au pouvoir disposait de plusieurs partenaires potentiels pour l’appuyer lors des votes en chambre, ce qui laissait peu de chance aux petits partis d’imposer leur agenda au gouvernement. Dans ce système, l’hégémonie du PP à droite laissait peu de place à l’extrême droite dans l’arène électorale. Ce système bipartite s’est érodé au cours de la dernière décennie, avec l’avènement de nouvelles forces politiques.
Nationalisme, islamophobie et antiféminisme: les luttes de Vox
Depuis 2015, le multipartisme s’est en effet consolidé. C’est dans ce contexte qu’un parti d’extrême droite fondé en 2013, Vox, s’est propulsé au-devant de la scène politique.
Revendiquant la mémoire franquiste que le PP avait marginalisé, Vox a fait le plein de votes auprès des mécontents qui exigent plus de fermeté envers les responsables de la déclaration d’indépendance catalane du 27 octobre 2017. Les leaders nationalistes de cette région avaient entamé un processus de sécession considéré illégal en vertu de la constitution espagnole. Le gouvernement conservateur a temporairement suspendu l’autonomie catalane, ce qui n’a pas satisfait les partisans d’un nationalisme espagnol plus affirmé. Vox souhaite l’abandon pur et simple de la structure territoriale actuelle de l’Espagne, décentralisée, au profit d’un État unitaire, sur le modèle français.
Comme les principaux partis d’extrême droite en Europe, Vox diabolise les immigrants musulmans. Pour ce faire, le parti invoque l’esprit médiéval de la Reconquista, une période de guerres menées par les royaumes chrétiens d’Espagne contre les royaumes musulmans implantés sur le territoire espagnol à partir de l’an 711. Le parti revendique par ailleurs l’abolition de la Loi contre la Violence de Genre, adoptée en 2004, qui a instauré des tribunaux spécialisés et une délégation spéciale du gouvernement pour combattre la violence contre les femmes.
Après une percée aux élections régionales andalouses en 2018, le parti est entré au parlement de Madrid, obtenant 10 % des suffrages en avril 2019 avant de culminer à 15 % aux élections de novembre de la même année. Bien que les sondages récents prédisent au parti une récolte un peu plus modeste, la droite ne peut espérer former le gouvernement sans son appui. Il serait surprenant que Vox accepte de lui donner sans détenir de portefeuille ministériel, comme l’a récemment fait le NPD au Canada en échange de modestes concessions.
La droite traditionnelle, de la surenchère à la modération
Face à la concurrence de Vox, le PP a choisi, en 2018, la voie de la surenchère. Le successeur de Rajoy, Pablo Casado, incarnait un retour à une droite plus dure, rappelant José María Aznar, qui a dirigé le parti et le pays de 1996 à 2004. Voyant le parti incapable d’incarner une alternative au gouvernement socialiste de Pedro Sánchez, plusieurs voix au sein du PP ont appelé Casado à prendre ses distances par rapport à Vox. Il a été contraint à quitter son poste en avril 2022. Vox, au contraire, a profité de la pandémie et de la crise au PP pour consolider sa place dans l’espace public, misant notamment sur l’opposition aux mesures sanitaires, comme l’ont fait le parti conservateur d’Éric Duhaime, au Québec, et le parti populaire de Maxime Bernier, sur la scène fédérale.
Après la démission de Casado, le PP s’est tourné vers Alberto Nnnez Feijoo, considéré comme un modéré au sein de son parti. L’image plus conciliante qu’il tente de projeter a laissé le champ libre à Vox, qui s’est fait le porte-parole des électeurs mécontents face à la coalition gouvernante. Cette stratégie de modération du PP pourrait ainsi ouvrir la voie à l’entrée d’un parti d’extrême droite au sein du gouvernement. Les plus récents sondages donnent le PP gagnant, alors que le gouvernement subit l’usure du pouvoir de façon prématurée.
Un facteur important milite contre les socialistes: le multipartisme a plongé le pays dans l’instabilité politique, qui accentue l’inefficacité que les Espagnols ont déjà l’habitude de reprocher au pouvoir et à l’administration publique. Historiquement, cette incapacité à livrer des résultats concrets a souvent bénéficié à la droite, qui souhaite limiter le pouvoir de l’État.
De son côté, s’il veut prendre le pouvoir dans ce système multipartite, le PP devra non seulement convaincre les électeurs, mais aussi se trouver un allié pour soutenir son gouvernement. Il pourrait se tourner vers Vox, comme il l’a fait pour gouverner la région de Castille-et-León, l’an dernier. Si le PP l’emporte, Alberto Núñez Feijóo devra donc choisir s’il souhaite passer à l’histoire comme le premier leader politique à faire entrer l’extrême droite au gouvernement espagnol durant l’ère démocratique.
Elections législatives en Espagne: L'ascension fulgurante de Vox, le parti d'extrême droite qui pourrait redonner le pouvoir aux conservateurs
par Marie-Violette Bernard
Franceinfo: - 21 jul 2023
https://www.francetvinfo.fr/monde/espagne/elections-legislatives-en-espagne-l-ascension-fulgurante-de-vox-le-parti-d-extreme-droite-qui-pourrait-redonner-le-pouvoir-aux-conservateurs_5900033.html
En dix ans d'existence, la formation dirigée par Santiago Abascal est devenue la 3e force politique du pays. Vox rêve de reproduire au Parlement ses succès dans certaines régions, où il gouverne avec le Parti populaire.
"Vox est devenu décisif pour construire l'alternative [à la gauche] dont l'Espagne a besoin." C'est presque un discours de victoire qu'a prononcé Santiago Abascal après les élections régionales et municipales en Espagne, le dimanche 28 mai. Et pour cause: son parti d'extrême droite a désormais des représentants dans toutes les assemblées régionales du pays, relève la chaîne RTVE. Dans plusieurs villes et autonomies, les conservateurs du Parti populaire (PP) ont même été obligés de nouer des accords avec Vox pour gouverner, souligne El Pais.
La formation de Santiago Abascal aborde les législatives anticipées du dimanche 23 juillet en ayant conforté sa position de troisième force politique du pays. Elle l'avait acquise en novembre 2019, en décrochant 52 sièges de députés au Congrès (la chambre basse espagnole), rapporte le quotidien La Vanguardia. Deux ans plus tôt, Vox était pourtant "un parti inexistant qui ne dépassait jamais les 0,6% des suffrages", selon Steven Forti, professeur d'histoire à l'Université autonome de Barcelone. Alors comment expliquer cette ascension éclair ?
Anti-migrants et anti-indépendantistes
Le mouvement d'ultra-droite est né d'une scission du Parti populaire, en décembre 2013. "Ses fondateurs reprochent alors au PP, qui dirige le pays, d'être trop complaisant et faible avec les indépendantistes catalans", raconte Steven Forti. Vox est "avant tout une formation nationaliste", poursuit l'historien. Elle prend son essor à la faveur de la crise catalane de 2017, lorsque la région autonome tente de faire sécession. "Cela entraîne une réaction nationaliste chez une partie de la population, opposée à l'indépendance de la Catalogne. Vox s'est nourri de ce nationalisme pour attirer les électeurs, mais aussi gagner en visibilité dans les médias".
Après l'échec de la sécession catalane, les dirigeants indépendantistes sont arrêtés et poursuivis en justice. Le mouvement de Santiago Abascal se porte partie civile et son secrétaire général de l'époque, l'avocat Javier Ortega Smith, le représente lors des procès de 2019 retransmis en direct, rappelle le site El Diario. "Alors que la majorité des Espagnols ignoraient l'existence de Vox, le parti était soudainement constamment à la télévision", explique Steven Forti.
Au passage, l'Espagne découvre le programme de ces ultraconservateurs. Ils défendent "une vision traditionnelle de la famille, catholique", opposée à l'élargissement des droits des personnes LGBTI+, précise la politologue Maria Elisa Alonso. "Vox est un parti climatosceptique, islamophobe, qui ne reconnaît pas l'existence des violences faites aux femmes", liste l'enseignante-chercheuse à l'Université de Lorraine. "Un autre pilier de son programme est la criminalisation et l'expulsion des migrants, qu'il lie aux questions de sécurité", renchérit Steven Forti.
Le mouvement s'est aussi "emparé du mal-être des agriculteurs", ajoute Maria Elisa Alonso. "Ce secteur économique est délaissé par les principaux partis. Vox a donc décidé de devenir le porte-parole de cette Espagne rurale oubliée, notamment devant l'Union européenne", détaille la spécialiste.
Dans un contexte de "polarisation de la vie politique", le parti "est parvenu à incarner une culture politique d'extrême droite qui existait déjà [durant la dictature] en Espagne", décrypte Benoît Pellistrandi, historien et professeur en classes préparatoires au lycée Condorcet, à Paris. "Après la mort de Franco, ses partisans étaient toujours présents mais ils n'avaient plus de moyens de s'exprimer, abonde Maria Elisa Alonso. Ils attendaient une force politique qui réponde à l'idéologie du franquisme, et c'est Vox".
Officiellement, le mouvement de Santiago Abascal ne revendique pas l'héritage franquiste. Mais il "entretient l'ambiguïté", pointe Steven Forti. "Vox a critiqué ouvertement la décision du gouvernement du socialiste Pedro Sanchez d'exhumer la dépouille de Franco de son mausolée pour l'enterrer dans un cimetière privé", en 2019, illustre l'historien. Il a accusé l'exécutif de rouvrir les blessures de la dictature." Une façon de "s'attirer la sympathie des partisans du franquisme", sans le célébrer ouvertement.
Le parti préfère souligner sa proximité avec le reste de l'extrême droite européenne, dont il partage l'idéologie. "Vox est tourné vers le présent et l'avenir: son modèle, c'est la Hongrie de Viktor Orban", constate Maria Elisa Alonso. Ou encore l'Italie de Giorgia Meloni, dont le mouvement, Fratelli d'Italia, est, lui aussi, passé de marginal à incontournable en seulement 10 ans d'existence. Au point de devenir la première force politique du pays, en octobre 2022, et de faire de la Romaine la nouvelle cheffe du gouvernement italien. "Nous espérons que l'Espagne aussi passe à droite !", avait alors écrit Georgia Meloni sur Twitter.
S'il est possible que l'Espagne "passe à droite" dimanche, Santiago Abascal semble encore loin de prendre la tête du gouvernement. "Le parti qui domine le camp conservateur espagnol, c'est le PP", estime Steven Forti. Avec 32,9 % d'intentions de vote dans les sondages, la formation d'Alberto Nunez Feijoo devance très largement Vox, crédité de 13,5 % selon la dernière enquête d'opinion pour El Pais.
Le mouvement d'extrême droite parviendra-t-il à être, comme en 2019, la 3e force politique du Congrès des députés ? C'est l'objectif de Santiago Abascal. "Ni le PP, ni le PSOE n'obtiendront la majorité absolue. Ils devront impérativement former une alliance pour gouverner, analyse Maria Elisa Alonso. A droite, cela passera par une coalition avec Vox." Pour preuve, la politologue cite les plus de 130 accords conclus entre les deux partis à l'issue des élections municipales et régionales du 28 mai. Ces pactes "révèlent à quel point le PP accepte l'idéologie de l'ultra-droite", selon la radio Cadena Ser, qui évoque des mesures "réduisant au minimum" la lutte contre les violences sexistes ou les émissions de gaz à effet de serre.
"Si ces deux partis comptent, à eux deux, plus de 176 députés au Congrès, le pays sera dirigé par la droite. Mais avec quel programme ? Tout dépendra du rapport de force", résume Benoît Pellistrandi. L'enjeu pour la formation de Santiago Abascal est "d'obtenir un maximum de sièges afin d'entrer au gouvernement, insiste l'historien. Cela permettrait non seulement à Vox d'être une voix déterminante dans ces élections, mais aussi d'infléchir la politique du futur exécutif".
A gauche, Podemos a disparu. Sumar le remplace.
Législatives en Espagne: La coalition Sumar, le nouvel espoir de la gauche
par Armelle Exposito
AFP, France24 - 19 jul 2023
https://www.france24.com/fr/europe/20230719-l%C3%A9gislatives-en-espagne-la-coalition-sumar-le-nouvel-espoir-de-la-gauche
Elle est assise au centre de la petite estrade, dans son tailleur rose poudré. Yolanda Diaz est souriante. La ministre du Travail, également vice-présidente du gouvernement de coalition socialiste de Pedro Sanchez, dégage calme et autorité naturelle. La fondatrice du mouvement Sumar ("additionner", en espagnol) inaugurait le 18 juin le siège de campagne de son parti, en plein cœur de Madrid. D'abord simple association créée en mars 2022, Sumar est devenue une coalition politique le 30 mai dernier, au lendemain de la convocation d'élections générales anticipées. En quelques semaines, Yolanda Diaz a réussi un tour de force: fédérer une quinzaine de partis de gauche radicale pour présenter une liste commune aux élections du 23 juillet prochain. Du jamais-vu depuis la restauration de la démocratie en Espagne, en 1977.
Yolanda Diaz a su tirer profit de la désintégration progressive d'Unidas Podemos. La formation, dont elle faisait encore partie il y a moins d'un an, a été la principale alliée politique du gouvernement Sanchez lors de la dernière législature. La loi "Seul un oui est un oui", mesure star d'Unidas Podemos introduisant l'obligation d'un consentement explicite dans la lutte contre les agressions sexuelles, a précipité sa chute. Avant-gardiste en Europe, le texte permet aux femmes de ne plus avoir à démontrer la présence de violence ou d'intimidation lors d'une agression pour que celle-ci soit reconnue comme un viol. Proposée par la ministre de l'Égalité Irene Montero, la loi devait également apporter une réponse pénale plus sévère aux agresseurs sexuels, par une modification du code pénal. Elle a provoqué l'effet inverse: la réduction des peines de plus de 1.000 agresseurs sexuels et la remise en liberté de 117 d'entre eux.
Un scandale national, sanctionné dans les urnes lors des élections régionales et municipales, le 28 mai 2023. Unidas Podemos est passé de 47 députés régionaux à 13. Après s'être farouchement opposé durant plusieurs semaines à rejoindre Sumar, le mouvement déchu a fini par s'allier à la nouvelle formation. Ultime camouflet pour le parti, la coalition a réussi à évincer des listes Irene Montero, figure de proue de Podemos.
Sumar, l'ovni politique
Sumar a réussi à regrouper la quasi-totalité des partis à gauche du Parti socialiste espagnol (PSOE). "Sumar englobe des partis régionaux, des partis verts, mais aussi tous les partis post-communistes. C'est un amalgame hétérogène (…) qui combine des positions économiques en faveur de la redistribution des richesses et qui soutient les nouveaux droits liés à l'écologisme, au féminisme et à la défense des minorités sexuelles", explique le politologue Pablo Simon, professeur à l'université Carlos III de Madrid. Pour ses sympathisants, Sumar est le mouvement providentiel. Le seul capable de relever les défis climatique et énergétique tout en amorçant de nouvelles politiques économiques, sociales et féministes.
Parmi les mesures phares de son programme électoral figure la mise en place d'un héritage universel. Inspiré de l'économiste Thomas Piketty, ce projet permettrait aux jeunes Espagnols de débloquer la somme de 20.000 € à l'âge de 23 ans afin de "préparer leur insertion professionnelle, développer un projet d'entrepreneuriat ou encore faire une formation", selon le porte-parole de campagne Ernest Urtasun. D'un coût chiffré à 10 milliards d'euros, l'héritage universel serait financé par un nouvel impôt sur les grandes fortunes.
Également dans le programme, la construction de 2 millions de logements d'ici 10 ans, par le biais d'un investissement de 1 % du PIB chaque année – contre 0,25 % actuellement. Un projet qui coûterait à nouveau 10 milliards d'euros et que Sumar se propose de financer par la création d'un nouvel impôt sur les bénéfices des grandes entreprises. En matière de mesures sociales, le mouvement souhaite réduire la journée de travail, mais aussi créer une vice-présidence du féminisme ou encore renforcer le ministère de l'Égalité, une institution que le parti d'extrême droite Vox aimerait supprimer.
Yolanda Diaz, nouvelle égérie de la gauche
Au QG de campagne de Sumar, sur la scène baignée de lumière violette, la couleur du féminisme, les participants expliquent tour à tour pourquoi ils ont rejoint la formation. "C'est plus qu'un parti politique ou qu'un mouvement citoyen", commence Veronica Martínez, tête de liste du mouvement à Pontevedra (Galice). "Sumar, c'est un outil pour transformer notre réalité, dans un moment où nous en avons grandement besoin." Les applaudissements font vibrer la salle.
Aux côtés de Yolanda Diaz, Agustin Santos Maraver, ex-ambassadeur d'Espagne auprès des Nations unies à New York et numéro deux du mouvement, déclame: "L'Espagne a besoin d'un timonier, et de quelqu'un qui nous réunisse tous." Avant de confirmer : "Cette personne, c'est Yolanda." À sa gauche, la politicienne de 52 ans lui sourit, émue. De solides personnalités et experts issus de la gauche radicale ont rejoint Sumar depuis sa création. Tous voient en Yolanda Diaz une personnalité capable de mener de grands changements. Parmi eux, l'économiste de renom Nacho Alvarez, mais aussi Carlos Martín, conseiller économique de la formation au Congrès des députés. "J'ai vécu 52 réformes du marché du travail, témoigne-t-il, mais personne n'avait jusqu'ici réussi à en finir avec le monstre de l'emploi temporaire... jusqu'à l'arrivée de Yolanda Diaz."
Le bilan de la ministre du Travail au sein du gouvernement a été unanimement salué à gauche. En un an, les contrats temporaires dans le secteur privé ont chuté de sept points pour atteindre le chiffre historique de 17,5 %. En 2022, 5,78 millions de contrats à durée indéterminée ont été signés, soit 4,5 millions de plus que l'année précédente. Et le taux de chômage, de 12,7 % en avril 2023, est au plus bas depuis 2008.
De bons résultats économiques qui donnent confiance à une partie croissante de l'électorat de gauche. Selon la dernière enquête du CIS, le Centre de recherches sociologiques espagnol, Yolanda Diaz serait la personnalité politique la plus appréciée des Espagnols, devant le socialiste Pedro Sanchez et le conservateur Alberto Nunez Feijoo. "Je pense que Yolanda Diaz a déjà prouvé son intégrité et sa valeur par des actes, et non seulement par des mots", affirme Xulia Ares Vila, une artiste de 36 ans. L'électrice se prend à rêver: "Si les réformes qu'elle a menées dans le domaine du travail pouvaient être mises en œuvre dans tous les secteurs, notre pays ferait beaucoup de progrès en peu de temps."
La nouveauté et l'hétérogénéité du parti n'effraient pas non plus Myriam, mère de famille: "Yolanda a de l'expérience. Elle a déjà évolué au sein d'une coalition avec le PSOE, et elle a très bien réussi." Pour elle, "l'enjeu est de taille: l'extrême droite pourrait entrer dans les institutions, et ce, de manière démocratique". Une crainte qui pourrait être fondée. Avec 31,8 % des intentions de vote, le parti conservateur PP est pour le moment en tête dans les sondages. Ce score lui accorderait 127 des 350 sièges du Congrès des députés, mais ne lui permettrait pas d'obtenir une majorité absolue. Le PP devrait alors s'allier avec le parti d'extrême droite Vox pour gouverner. Une alliance déjà consacrée au niveau local et régional.
Deuxième force politique, crédité de 29,5 % des intentions de vote, le PSOE n'obtiendrait pas non plus de majorité absolue et devrait donc compter sur les bons résultats de Sumar pour gouverner. Le mouvement recueille 12,6 % des intentions de vote, selon le dernier sondage de l'institut 40dB, publié le 13 juillet. Un chiffre en constante augmentation qui pourrait le placer au coude-à-coude avec Vox, crédité de 14,8 % des intentions de vote. Sumar est devenu "un acteur clé du maintien au pouvoir du PSOE", certifie Pablo Simon. Le spécialiste du système électoral est formel : "Il ne pourra pas y avoir de gouvernement de gauche en Espagne sans Sumar."
Yolanda Díaz, nouvelle figure de la gauche radicale espagnole
par Margaux Ratayzyk
RFI - 13 mai 2023
https://www.rfi.fr/fr/podcasts/europ%C3%A9en-de-la-semaine/20230513-yolanda-d%C3%ADaz-nouvelle-figure-de-la-gauche-radicale-espagnole
Actuelle n°3 du gouvernement espagnol, la ministre du Travail Yolanda Diaz entend devenir la première femme présidente du gouvernement. Mais avant les élections générales de décembre 2023, la très populaire candidate communiste doit relever un défi de taille: unir la gauche espagnole, très divisée. La ministre a entamé le 10 mai 2023 une tournée à travers l’Espagne pour soutenir les forces qui composent sa coalition de gauche radicale Sumar, en vue des élections municipales et régionales du 28 mai 2023.
À 51 ans, Yolanda Diaz est la personnalité politique préférée des Espagnols. Fille de syndicaliste, la ministre originaire de Galice, dans le nord-ouest de la péninsule, a toujours été affiliée à Izquierda Unida, une fédération issue du Parti communiste espagnol. Mais elle a surtout su séduire au-delà de la gauche radicale, ce qui lui vaut aujourd'hui d'être très populaire auprès des Espagnols.
« Sa popularité tient essentiellement au fait qu'elle est non seulement appréciée dans son camp, mais elle séduit aussi la base électorale du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) », remarque Oriol Bartomeus, chercheur à l'Institut des sciences politiques et sociales de l'Université de Barcelone. « Les électeurs du PSOE ont tendance à considérer Yolanda Diaz comme une personnalité proche d'eux. Ils ont une très bonne image d’elle, ce qui n'était pas le cas avec Pablo Iglesias, l'ancien leader de la gauche radicale ».
Pablo Iglesias, le cofondateur du parti de gauche radicale Podemos avait pourtant désigné Yolanda Diaz comme son héritière politique au moment de quitter ses fonctions de n°3 du gouvernement espagnol. Mais leur exercice de la politique est bien différent, comme l'explique Fernando Vallespín, professeur de sciences politiques à l'Université autonome de Madrid: « L’une des caractéristiques de Yolanda Diaz est qu'elle n'est pas radicale. Son discours combine pragmatisme et utopie avec beaucoup d'émotivité. Mais elle ne tient pas un discours combatif et agressif comme celui qu'a pu avoir Pablo Iglesias pendant son mandat ».
La communiste s'est en effet toujours tenue à distance de Podemos, ce qui est perçu par Pablo Iglesias comme une trahison empêchant toute forme d'union entre les deux formations. « Pour Yolanda Diaz, Podemos est un parti très dépendant de la figure dominante de Pablo Iglesias », poursuit Fernando Vallespín. « Ce qu'elle ne veut donc pas, c'est précisément être instrumentalisée par Pablo Iglesias. Elle entend porter son propre projet, et c’est là le cœur du conflit. Tout est question de répartition du pouvoir ».
Yolanda Diaz cherche justement à conquérir le pouvoir à travers sa candidature aux élections générales de décembre 2023. Elle compte ainsi succéder au socialiste Pedro Sanchez à la tête du gouvernement. Mais avant ce scrutin, une autre échéance de taille l'attend: les élections municipales et régionales, le 28 mai 2023. Cette semaine, Yolanda Diaz a entamé une tournée à travers le pays pour afficher son soutien aux partis qu'elle espère intégrer à Sumar.
Il s’agit là d’un moyen d'occuper l'espace politique, selon le chercheur Oriol Bartomeus: « Ces élections sont une sorte de primaire avant les élections générales. Il est donc évident que Yolanda Diaz a un rôle à y jouer, même si Sumar en tant que tel ne se présente pas. En revanche, certaines des forces politiques qui composent Sumar sont candidates. C'est pourquoi leur résultat est important pour Yolanda Díaz et pour son mouvement ».
Mais Yolanda Diaz et Sumar sont encore devancés dans les sondages par les deux poids lourds de la vie politique espagnole, le Parti socialiste et le Parti populaire, à droite de l’échiquier. La nouvelle égérie de la gauche espagnole dispose toutefois d’un atout important : son excellent bilan en tant que ministre du Travail. « Son sujet de prédilection est le travail. En particulier, les questions de négociation collective, les salaires, le chômage », relève Oriol Bartomeus. « Et dans ce domaine, il faut reconnaître qu'elle a obtenu d’importantes avancées au sein du gouvernement, comme la réforme du marché du travail ».
Contre toute attente, Yolanda Diaz a su mettre d'accord syndicats et patronat sur cette réforme destinée à lutter contre la précarité. Elle a même réussi à arracher le vote du Parlement pourtant très polarisé, preuve de l'efficacité de sa méthode, Sumar (« additionner », en français) les forces politiques, pour parvenir à des victoires.
Un parti politique de femmes parvient à faire revivre une petite localité espagnole
Elles voulaient arrêter le dépeuplement du village... et elles ont réussi !
par Romina Navarro
Global voices - 12 jun 2023
https://fr.globalvoices.org/2023/06/12/279840/
Mi-juin, un groupe indépendant exclusivement féminin, Mujeres por el Municipio de Angüés (AMPMA), entamera son 2e mandat dans la mairie de la petite ville aragonaise d’Angüés, au nord de l'Espagne, après avoir obtenu, pour la 2ème fois, la majorité absolue aux élections municipales du 28 mai 2023. Sa législature constitue aujourd'hui le phénomène politique le plus particulier de l'histoire démocratique espagnole. À Angüés, ville de la province de Huesca composée des communes d'Angüés, Bespén et Velillas, le groupe électoral AMPMA a obtenu 148 voix (58,73 %) sur un total de 254 électeurs.
Leur gestion a été un phénomène politique très particulier pour plusieurs raisons: En 2019, elles ont renversé — avec 2/3 des voix — la liste du PSOE, qui avait gouverné sans opposition pendant 16 années consécutives, tout en faisant réduire l'apathie politique croissante reflétée dans l’abstention: cette année-là, la municipalité a enregistré une participation de 76,87 %, dépassée seulement en 2023 avec 80,37 %. Mais, sans aucun doute, sa plus grande victoire a été d'arrêter (et d'inverser) le dépeuplement qui semblait inévitable dans la municipalité.
Le premier triomphe des femmes de l'AMPMA, dirigées par Herminia Ballestín (actuelle maire d'Angüés), a été l'une des grandes surprises électorales de 2019 lorsqu'elles ont battu, également à la majorité absolue, la liste du PSOE qui gouvernait la municipalité sans opposition depuis 2003.
Le groupe n'a de liens avec aucun parti politique, chaque citoyenne qui l'intègre a ses propres idées politiques. De plus, la majorité n'avait aucune expérience dans la gestion d'une législature, à l'exception de la Vétéran Herminia Ballestín, qui avait déjà été conseillère du PSOE. La conseillère María de Marco, qui figurait cette année sur la liste en tant que suppléante, se souvient: « Lorsque nous nous sommes présentées, nous n'avions pas de programme et nous ne savions pratiquement pas ce que pouvait être fait. On pouvait proposer des choses, mais on ne savait pas comment fonctionnait une mairie ».
En effet, de nombreuses personnes se sont alors demandées combien de temps un groupe de femmes allait tenir dans le Conseil communal, et les blagues et commentaires sexistes ne manquaient pas. « Je pensais que c'était un problème qui avait déjà été surmonté, mais la théorie est une chose et la pratique en est une autre, surtout dans un petit village », a déclaré Ballestín à la chaîne de télévision La Sexta.
Quatre ans et une pandémie plus tard, ce groupe de femmes a démontré qu'elles étaient capables de surmonter l'une des pires crises sanitaires mondiales et, en plus, ont réalisé ce qui semblait impossible: stopper le dépeuplement, redonner vie à sa petite commune et décrocher le soutien retentissant de la population.
D'après les données de l’Institut National de Statistiques (INE), en 1900, Angüés comptait 1.022 habitants, mais le village a perdu plus de la moitié de sa population au long du XXe siècle. Cette tendance s'est poursuivie pendant les deux premières décennies du XXIe siècle, non seulement à Angüés, mais dans plusieurs zones rurales espagnoles, ce qu'on connaît aujourd'hui comme l'Espagne vidée, un concept qui fait allusion aux régions du pays qui ont subi l'exode rural vers les villes.
Vers 2019, lorsque l'AMPMA a remporté sa première législature, il ne restait plus que 354 habitants sur l'ensemble de la commune. Heureusement, cette tendance s'est non seulement arrêtée, mais, contre toute attente, elle s'inverse progressivement: Selon les dernières données officielles, le 1er janvier 2022, la population d'Angüés était de 368 habitants, et cette année on estime une population de 387 citoyens, ce qui représenterait une croissance de près de 10 % au cours des 4 dernières années. Concernant la proposition du groupe, Herminia Ballestín a déclaré à Periodico de Aragon: « Je voulais changer un peu les choses, et nous avons pensé qu'il serait très intéressant de former cette option qui démontrerait à quoi ressemble la gestion féminine ».
La première chose qu'elles ont faite en assumant la législature en 2019 a été d’éliminer le salaire du maire et de retirer les téléphones portables, les primes et dîners de Noël des conseillers, payés par le conseil municipal: désormais, les conseillers ne supposent aucune dépense au village, ce qui a permis à la mairie d'économiser environ 12.000 € annuels. De plus, elles ont réduit les coûts énergétiques en installant des panneaux solaires à l'hôtel de ville et en changeant l'éclairage public.
Pour attirer et fixer la population, elles ont créé un programme d'accompagnement à l'émancipation des jeunes et un projet à travers lequel le Conseil communal a acquis et rénové des maisons vacantes pour les proposer en location abordable aux familles qui souhaitaient s'installer dans la commune. Jusqu'à présent, trois maisons ont été habitées, et une quatrième, qui sera louée cette année, est en procès de restauration.
La fermeture de l'école est le signe incontestable de la mort d'une ville, mais à Angüés, la population enfantine a augmenté avec les nouvelles familles qui sont arrivées, ce qui a conduit à l'agrandissement de l'école locale avec l'ouverture d'une nouvelle classe maternelle, en plus de la création d'un programme de soutien scolaire gratuit, l'installation d'une nouvelle aire de jeux à Bespén (l'une des trois communes du village), la réouverture de la bibliothèque municipale et l'organisation d’ateliers de formation au travail et à l'entreprise. De même, elles ont cherché à stimuler la vie sociale et la participation citoyenne avec des activités culturelles et récréatives telles que des concerts, conférences et séminaires, concours de photographie, spectacles pour toute la famille, fêtes traditionnelles et expositions.
Les améliorations ont pris du temps, mais elles ont été constantes et visibles. Le budget est très limité et une grande partie du travail doit être faite par par les conseillères elles-mêmes: « Pour cela, il faut une vocation de service, car vous vous occupez de tout et vous ne voyez pas un seul euro », réfléchit Ballestín, qui évalue sa première gestion comme « gratifiante ».
Avec l'expérience acquise au cours de ces quatre années et de la satisfaction de ce qui a été réalisé, le groupe a demandé sa réélection avec l'idée de poursuivre son travail de revitalisation avec de nouvelles propositions, et certain que désormais les citoyens leur feraient encore plus confiance. Leur effort a été récompensé par le résultat catégorique du vote, qui leur garantit le second mandat. Herminia Ballestín assure: « Les villages sont plus vivants que jamais, et il suffit de le prouver. C'est notre façon de penser et c'est sur cela que nous basons notre travail ».
23/07/2023 >> Elections générales (majorité 176 sièges)
- La droite (PP+Vox) n'obtient pas la majorité absolue, à moins de trouver un appoint régionaliste ? Mais comme l'extrême droite veut liquider les partis régionalistes et indépendantistes, ceux-ci sont hostiles à tout gouvernement qui comprendrait une participation de Vox.
- Une surprise: la déconvenue de Vox qui, loin de progresser, perd 19 sièges.
- Le PSOE résiste mieux que prévu; il gagne même 2 sièges. Avec l'appui des partis basques et catalans, Sanchez pourrait se maintenir au pouvoir avec une majorité relative de 172 sièges.
- Dans les deux camps, les tractations commencent déjà... Avec 300.000 voix d'avance, Feijoo revendique le droit de former un gouvernement.
- Sur le plan des programmes, le PP et le PSOE ont plus de convergences qu'ils n'en ont avec Vox et Sumar. Mais une alliance des centres comme en Allemagne serait difficile à faire accepter à leur électorat. Par conséquent, le PP ne pourra pas compter au parlement sur une abstention du PSOE qui favoriserait l'investiture de Feijoo.
- Dans le cas d'un nouveau blocage, il y aurait de nouvelles élections.
Partido Popular (centre droit, libéral)..... 136 sièges (33,0 %)
Vox (extrême droite)...............................+ 33 sièges (12,4 %) = 169 (+ 28)
PSOE (centre gauche, SD).................... 122 sièges (31,8 %)
Sumar (ex Podemos, gauche étatiste)...+ 31 sièges (12,3 %) = 153 (- 5)
régionalistes............................................ 28 sièges (- 23)
Abstention: 30 % (47 % avant qu'il fasse trop chaud)
Participation en hausse en Andalousie, Estrémadure, Castille, Aragon / en baisse en Catalogne et Pays basque / stable ailleurs
(source RTVE)
28/09/2023 >> Feijoo n'obtient pas la majorité absolue (176 voix sur 350) à 4 voix près. Si Sanchez ne parvient pas non plus à former un gouvernement avant le 27 novembre, il y aura de nouvelles élections le 14 janvier 2024.
Sanchez a besoin du soutien des indépendantistes basques et catalans. Le Junts per Catalunya (JxCat) de Puigdemont exige une loi d’amnistie qui aurait pour conséquence "l'abandon complet et effectif de la voie judiciaire contre le mouvement indépendantiste". Par ailleurs, la gauche républicaine (ERC) demande un référendum sur l’autodétermination des peuples d’Espagne. Ces revendications d'amnistie sont rejetées par plusieurs responsables du PSOE.
24/10/2023 >> Pedro Sanchez (PSOE) et Yolanda Diaz (Sumar) actuelle ministre du Travail d'extrême gauche annoncent avoir trouvé un accord pour la formation d’un "gouvernement progressiste". >> 13/11/2023 >> Sanchez parvient à s’entendre avec les formations indépendantistes et réunit les 179 sièges nécessaires pour son investiture.
18/11/2023 >> La droite espagnole proteste en masse sur la place Cibeles à Madrid (170.000 personnes) contre la loi d'amnistie promise par Sanchez aux indépendantistes catalans. .