Le Monde d'Antigone

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Dernière mise à jour : 14.12.2025
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La limitation des exportations de riz indien et ses effets

Publié le 22/12/2022 à 00:24 par monde-antigone

 
Hier sur le marché de Chicago, le boisseau de riz de 25 kg se négociait à 17,82 $, en hausse de 21 % depuis le début d'année.
Le prix du riz a flambé dans les premiers mois pour passer de 14,6 $ à 17 $ à la mi-mai. Il se maintient depuis entre 16 et 18 $ à cause des tensions provoquées par la guerre en Ukraine.
Déjà en mai 2020, au début de la pandémie, on avait craint un dérapage quand il avait atteint 17 $.

On estime aujourd'hui que la ligne rouge est à 18 $. Mais la contraction de l'offre mondiale à partir de 2022 du fait de la politique protectionniste de l'Inde risque de porter le prix du riz au-delà du supportable dans les pays où les économies sont les plus fragiles.
Son record absolu culmine à plus de 21 $ en avril 2008, année des émeutes de la faim. Son prix avait alors doublé en l'espace de 6 mois.


L'Afrique bataille pour briser sa dépendance au riz indien sous restrictions
AFP, France24 - 20 dec 2022
https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20221220-l-afrique-bataille-pour-briser-sa-d%C3%A9pendance-au-riz-indien-sous-restrictions 


Dak (Sénégal) – Autour du village de Dak, au centre du Sénégal, des femmes coupent les tiges de riz avec des faucilles et des couteaux, en chantant et dansant. Dans ce pays ouest-africain grand consommateur de la céréale, la récolte en cours ne couvrira pas tous les besoins. "Cette production est destinée à l'autoconsommation. Nous ne voulons plus acheter le riz importé qui coûte très cher", affirme au milieu des rizières Diétéo Diouf, responsable d'une association de femmes. La crise alimentaire mondiale et l'inflation causées à la suite de la guerre en Ukraine et de la hausse des cours des céréales et de l'énergie a rendu d'une actualité pressante la recherche de l'autosuffisance alimentaire en Afrique.

Le géant asiatique [l'Inde] a interdit l’exportation des brisures de riz (du riz à moindre prix et aux grains fracturés accidentellement ou non) et instauré une taxe de 20 % sur les exportations de riz de qualité supérieure pour améliorer l’approvisionnement domestique après une sécheresse importante dans les principales régions productrices. Pour lutter contre la spéculation, le Sénégal a récemment fixé à 325 F CFA le prix du kilo (environ 0,5 €) du riz brisé indien, l'un des moins coûteux et le plus consommé, et quasiment le seul à être importé dans le pays, selon le coordonnateur du programme national d'autosuffisance en riz, Waly Diouf. Le riz est essentiel pour la préparation du ceebu jën, riz au poisson et plat le plus populaire au Sénégal.

L'Afrique représente 32 % des importations mondiales de riz pour 13 % de la population mondiale, selon Africa Rice, un centre de recherche à Abidjan, formé de 28 pays membres. "Le production locale de riz ne couvre qu'environ 60 % de la demande actuelle en Afrique subsaharienne", souligne le centre. Ainsi, la décision indienne de limiter ses exportations a créé la panique dans plusieurs pays africains où le riz est une denrée essentielle. Aux Comores, un archipel de 890.000 habitants où plus d'1/4 de la population vit avec moins de 2 € par jour, la flambée du cours du riz a provoqué des heurts fin septembre. Au Liberia, des queues se sont formées devant les grossistes sur fond de rumeurs de pénurie. Les prix ont atteint l'équivalent de 23 € le sac de 25 kg, contre environ 13 € habituellement.

"La menace (de pénurie) est réelle au Sénégal" quand l'Inde dit qu'elle ne va plus en exporter, dit M. Diouf. Le pays a connu en 2008 des "émeutes de la faim" dues à une forte augmentation des prix des aliments de base. Ces deux dernières années, "le Sénégal a chaque fois produit quelque 840.000 tonnes de riz, soit 9 mois de consommation, une quantité en augmentation", assure M. Diouf. Le pays "importe en moyenne chaque année 900.000 tonnes de riz. Cela dépasse les besoins mais l'importation permet (de garantir) la disponibilité du produit et d'éviter la spéculation", explique-t-il.

L'objectif est de réduire cette dépendance. "En 2030, la consommation au Sénégal devrait atteindre 1,5 million de tonnes de riz par an. Nous avons travaillé sur une stratégie pour aller vers l'autosuffisance", dit Waly Diouf. Il estime à 1.371 milliards de francs CFA (environ 2 milliards d'euros) l'effort financier nécessaire pour parvenir à l'autosuffisance. "Nous avons besoin de plus de périmètres rizicoles, de crédits, de moissonneuses-batteuses, de refaire notre système d'irrigation", souligne Mouhamadou Moustapha Diack, président d'une union de producteurs à Boundoum. Là, les digues et canaux d'irrigation entre les rizières sont usagés, parsemés d'eucalyptus et de nénuphars. Au-delà de la quantité, la supposée moins bonne qualité du riz produit au Sénégal a longtemps détourné les consommateurs. "Cela a changé", affirme à l'AFP Birame Diouf, responsable d'une rizerie à Ross Béthio, une usine qui élimine les impuretés comme les petits graviers. Les grains sont engloutis dans d'immenses cuves, où ils sont décortiqués, nettoyés et transformés en riz entier ou brisé.

Le Sénégal espère suivre l'exemple ivoirien où "les quantités importées d'Inde ont connu une régression de 24 % de 2021 à 2022. Il y a eu une substitution vers le riz ivoirien en nette progression et secondairement vers d'autres origines", a déclaré à l'AFP Régina Adea, chargée de communication de l'Agence pour le développement de la filière riz en Côte d'Ivoire (Aderiz). Autre stratégie, celle du Nigeria, où le riz importé est ultra-taxé à l'arrivée dans les ports et interdit d'entrer par la route.


Riz: Les exportations de l’Inde pourraient chuter de 25 % en 2022/2023 en raison des restrictions commerciales
par Espoir Olodo
Agence Ecofin - 15 sep 2022
https://www.agenceecofin.com/analyse/1509-101203-riz-les-exportations-de-l-inde-pourraient-chuter-de-25-en-2022/2023-en-raison-des-restrictions-commerciales 


Le riz est la céréale majeure dont les échanges mondiaux sont les plus faibles. Cette situation, qui tient au fait que les principaux producteurs de la denrée en sont aussi les plus gros consommateurs, rend le marché très sensible aux politiques commerciales en Asie, le foyer de l’offre.

En 2022, l’Inde enverra moins de riz sur le marché global. Selon B.V. Krishna Rao, président de la Rice Exporters Association (TREA), les exportations de la céréale sont attendues en baisse de près de 5 millions de tonnes d’ici la fin de l’année fiscale 2022/2023 en mars prochain en raison des restrictions imposées par New Delhi. Le pays asiatique, 2e producteur mondial de la graminée a en effet interdit depuis le 9 septembre dernier, les expéditions de riz brisé 100 % et imposé un droit de 20 % sur les ventes de différentes qualités du produit (riz non-basmati, riz paddy, riz complet, riz non étuvé).

Il s’agit de la première mesure de limitation du commerce extérieur du riz de l’Inde depuis la fin en 2011, de l’interdiction portant sur l’exportation du riz non basmati ayant duré 3 ans. Cette démarche s’explique par la volonté des autorités d’améliorer l’approvisionnement domestique après des pluies de mousson inférieures à la moyenne enregistrées dans les principaux Etats producteurs tels que le Bengale-Occidental, le Bihar et l’Uttar Pradesh.

Il faut aussi noter que la mesure est l’une des conséquences de la forte demande du riz brisé de la part de la Chine. Le pays qui avait été déjà en 2021, le premier acheteur mondial de riz brisé avec 1,1 million de tonnes en 2021 a accru ses importations depuis quelques mois pour satisfaire les besoins de l’alimentation du bétail sur fond de sécheresse. Globalement, à la faveur du recul anticipé, les exportations de riz de l’Inde devraient atteindre au total 16,2 millions de tonnes durant l’actuel exercice contre le record de 21,5 millions de tonnes écoulées durant l’année fiscale 2021/2022.

Cette décision de l’Inde qui compte pour plus de 40 % des expéditions mondiales de riz est un coup de pouce formidable pour le duo Thaïlande-Vietnam qui travaille depuis peu à faire augmenter les prix de vente de la céréale sur le marché. Avec les droits de douane qui effritent la compétitivité du riz indien, les deux pays qui pèsent pour le quart du commerce mondial de la céréale peuvent désormais profiter d’une hausse de prix qui découlera à la rareté de l’offre indienne. Ceux-ci pourraient même grappiller quelques parts de marché en proposant la céréale à un prix plus avantageux aux clients traditionnels de l’Inde. La Thaïlande est particulièrement bien positionnée d’autant plus que le pays anticipe une hausse de 500.000 tonnes de ses exportations de riz à 7,5 millions de tonnes avec la faiblesse de sa monnaie locale (baht) et une bonne récolte.

Sur le continent africain, où 40 % du riz consommé provient des importations, la décision de l’Inde fait naître des inquiétudes dans la mesure où le pays asiatique est le premier fournisseur de ce marché. Dans la zone, les importations de riz dépassent les 14 millions de tonnes par an depuis 2018 pour plus de 7 milliards $.

Pour l’essentiel, les effets de la mesure à l’échelle de chaque pays dépendront du niveau des stocks, de l’état de dépendance vis-à-vis de l’approvisionnement indien ou de la durée de la restriction. Déjà, plusieurs observateurs soulignent que le Sénégal sera l’un des pays où la prohibition à l’export pour le riz 100 % brisé sera la plus scrutée. En effet, dans la seconde économie de l’UEMOA, 98 % du riz importé est du riz brisé pas cher qui entre dans la composition du plat national "Thiéboudiène". Cette variété est préférée par les consommateurs parfois au détriment du riz blanc entier produit localement qui est écoulé en partie vers la Guinée-Bissau, le Mali, la Gambie et la Mauritanie.

En 2021/2022, l’Inde a fourni 55 % des importations sénégalaises de riz devant la Thaïlande (22 %), le Brésil (12 %) et la Chine (4 %), selon les données de Trade Data Monitor (TDM). En dehors du Sénégal, la Côte d’Ivoire est aussi une destination clé pour le riz indien en Afrique de l’Ouest. La nation éburnéenne a importé en 2020, plus de 550.000 tonnes de riz en provenance du pays asiatique, soit 45 % du total de ses achats de la céréale. Dans la sous-région, principale zone importation de la céréale, le Ghana est l’un des rares pays où le Vietnam domine l’approvisionnement extérieur comptant en 2021 pour 63 % des achats totaux.