Le Monde d'Antigone

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Dernière mise à jour : 05.12.2025
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Ukraine-Russie: La guerre des drones a commencé

Publié le 07/12/2022 à 05:09 par monde-antigone

 
La guerre s'étend peu à peu au territoire russe. La base de Riazan touchée lundi n'est qu'à 200 km de Moscou.

Des drones ukrainiens ont touché des objectifs stratégiques sans avoir été repérés, après avoir parcouru des centaines de kilomètres au-dessus du territoire russe. Cela démontre qu'Ils sont en passe de remplacer les missiles coûteux et les avions furtifs et qu'ils prennent une part prépondérante dans la guerre moderne.

« Le fait que les forces armées ukrainiennes soient capables d’atteindre des cibles militaires aussi profondément dans le territoire de la Fédération de Russie revêt une signification importante et symbolique », a écrivait lundi un analyste militaire sur le site de la chaîne ukrainienne d’info en continu Espreso TV.

« Nous n'encourageons pas et nous n'aidons pas l'Ukraine à lancer des frappes en Russie », a déclaré le chef de la diplomatie américaine. Le chef du Pentagone a ajouté que les Etats-Unis n'empêchaient pas l'Ukraine de développer ses propres missiles à longue portée, laissant Zelensky prendre son indépendance et se démarquer de la position officielle occidentale.

Les armées découvrent le potentiel de cette nouvelle arme comme ils avaient découvert l'utilité de l'aviation après 1916, au cours de la Première Guerre mondiale.


Russie: Deux bases aériennes attaquées aux drones par le régime ukrainien
par Hugo Septier, avec AFP, BFMTV - 05 dec 2022
https://www.bfmtv.com/international/asie/russie/russie-deux-bases-aeriennes-attaquees-aux-drones-par-le-regime-ukrainien_AD-202212050595.html 


(...) Deux bases aériennes russes, situées dans le centre du pays, ont été lundi la cible de drones ukrainiens qui ont fait trois morts, a affirmé le ministère russe de la Défense dans un communiqué. Lundi matin, "le régime de Kiev (...) a tenté d'effectuer des frappes avec des drones de conception soviétique sur la base aérienne de Diaguilevo dans la région de Riazan et celle d'Enguels dans la région de Saratov", indique le communiqué. (...)

Le ministère accuse les forces ukrainiennes de chercher ainsi "à mettre hors service les avions russes de longue portée", utilisés pour les frappes qui ont visé ces dernières semaines de nombreuses infrastructures énergétiques sur le territoire ukrainien. Si ces "drones à réaction" ont été interceptés par les systèmes russes de défense antiaérienne, leurs débris sont tombés sur le territoire des bases aériennes attaquées en y provoquant des explosions et endommageant "légèrement" deux avions, selon le communiqué. (...) Malgré ces attaques, "une frappe massive effectuée avec des armes de haute précision" à environ 12H GMT lundi a visé des sites militaires ukrainiens et des infrastructures énergétiques liées aux forces ukrainiennes, précise le communiqué, en ajoutant que 17 cibles au total ont été touchées.

Plusieurs médias russes ont rapporté dans la journée, citant notamment des responsables locaux, que deux bases aériennes du centre de Russie, dont l'une destinée à l'aviation stratégique est utilisée pour mener des frappes contre l'Ukraine, avaient été secouées lundi par des explosions. Des spéculations sur les réseaux sociaux russes ont aussitôt suggéré que l'Ukraine pourrait être derrière ces explosions, même si les deux sites sont situés à des centaines de kilomètres de la frontière ukrainienne. (...)


Les forces ukrainiennes seraient capables d’effectuer des frappes dans la profondeur, en territoire russe
par Laurent Lagneau
Zone militaire - 06 dec 2022
http://www.opex360.com/2022/12/06/les-forces-ukrainiennes-seraient-capables-deffectuer-des-frappes-dans-la-profondeur-en-territoire-russe/ 


Après avoir coulé le croiseur Moskva, navire amiral de la flotte de la mer Nore, endommagé le pont de Crimée et attaqué la base navale de Sébastopol, les forces ukrainiennes ont très probablement porté un autre coup à l’amour-propre russe en frappant les bases aériennes de Dyagilevo et d’Engels-2, lesquelle abritent des bombardiers stratégiques Tu-95 "Bear", Tu-160 "Blackjack" et Tu-22 Backfire.

La semaine passée, l’imagerie satellitaire avait permis de constater le déploiement de Tu-160 "Blackjack" et d’une vingtaine de Tu-95 "Bear" sur la base aérienne d’Engels, située dans l’oblast de Saratov, à environ 600 km de la frontière avec l’Ukraine. D’où les spéculations sur un possible emploi de ces bombardiers pour frapper à nouveau les installations critiques ukrainiennes… Or, une explosion y est survenue, peu après 6 heures du matin [heure locale], le 5 décembre. Plus tard, des informations ont fait état de deux bombardiers endommagés [des Tu-95 a priori]. Même chose pour la base de Dyagilevo, située à 240 km de Moscou [et à 500 km de l’Ukraine]. Dans un premier temps, l’explosion qui s’y est produite a été attribué à un camion citerne. En tout cas, celle-ci a causé la mort de trois techniciens et endommagé au moins un Tu-22 Backfire [n°RF-34110].

Plus tard, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré que le président russe, Vladimir Poutine, avait été informé de ces explosions survenues sur ces deux bases, sans donner de détails supplémentaires. Il aura fallu attendre un communiqué du ministère russe de la Défense pour en savoir davantage. « Afin de neutraliser les avions russes à long rayon d’action, le régime de Kiev a tenté d’effectuer des frappes avec des drones de conception soviétique contre les bases aériennes de Dyagilevo et d’Engels », a en effet admis l’état-major russe. Et d’ajouter que si ces « drones à réaction » ont été interceptés par les systèmes de défense aérienne, leurs débris ont « provoqué des explosions » en retombant dans le périmètre des deux bases visées. Selon cette source, deux avions auraient été « légèrement endommagés ». En outre, trois militaires ont « été mortellement blessés » et quatre autres ont dû être hospitalisés.

Cela étant, si ces drones de « conception soviétique » ont été détruits à la verticale des bases qu’ils étaient censés attaquer, cela veut dire qu’ils ont parcouru 500 à 600 km en territoire russe sans avoir été inquiétés…

Quoi qu’il en soit, si elle n’a pas permis de détruire des bombardiers russes, cette attaque a montré que les forces ukrainiennes ont désormais la capacité de frapper dans la profondeur… Et que les systèmes de surveillance russe ne sont peut-être pas aussi performants qu’on pourrait le penser. Ou alors que ces drones de « conception soviétique » sont très efficaces… D’ailleurs, l’un d’eux, un Tu-141 "Strizh" avait survolé la Roumanie et la Hongrie avant de s’écraser sur un quartier de Zagreb, en mars dernier. L’enquête n’a toujours pas permis d’en identifier l’origine.

Justement, il est possible que des Tu-141 aient été utilisés pour frapper les bases de Dyagilevo et d’Engels 2. À moins qu’il ne s’agisse de Tu-143 "Reys" modifiés afin d’en accoître la portée, qui n’est à l’orgine que de 200 km. Ou bien encore de drones d’un type nouveau. En effet, fin octobre, le conglomérat Ukroboronprom avait en effet indiqué qu’il était en train de mettre au point une nouvelle arme ayant une portée d’un millier de kilomètres et pouvant emporter 75 kg d’explosifs. A-t-elle été utilisée contre les deux bases russes ?

En attendant, Kiev n’a pas officiellement revendiqué ces attaques. Cependant, dans les pages du New York Times, un haut responsable ukrainien a affirmé que les drones ayant visé les bases de Dyagilevo et d’Engels-2 avaient été lancés depuis l’Ukraine… Et que l’une des deux frappes avait été effectuée avec l’appui de forces spéciales chargées de guider les appareils vers leur cible. Reste à voir si cette déclaration ne vise pas à provoquer une certaine psychose chez les Russes…


La Russie va produire elle-même des drones militaires iraniens
Belga, 7sur7 - 20 nov 2022
https://www.7sur7.be/monde/la-russie-va-produire-elle-meme-des-drones-militaires-iraniens~ab0c5a329/ 


La Russie devrait commencer à produire sur son sol des drones militaires iraniens destinés à la guerre en Ukraine. Selon plusieurs médias américains, Moscou a conclu un accord en ce sens avec l'Iran ce mois-ci.
La production pourrait commencer dans les mois à venir, rapporte le Washington Post, qui s'appuie sur des informations fournies par les services de renseignement. Selon le journal, l'Iran transmet actuellement les plans de conception et les composants clés nécessaires à la production à la Russie.
L'armée russe a déjà déployé des centaines de drones iraniens en Ukraine jusqu'à présent. Elle les utilise notamment pour attaquer les infrastructures énergétiques ukrainiennes. Grâce à sa propre production, la Russie pourrait multiplier ses attaques.


Guerre en Ukraine: Des drones iraniens à la place des russes, selon les renseignements britanniques
RTBF - 23 nov 2022
https://www.rtbf.be/article/guerre-en-ukraine-des-drones-iraniens-a-la-place-des-russes-selon-les-renseignements-britanniques-11110092 


La Russie déploie de plus en plus de drones iraniens dans la guerre contre l’Ukraine pour pallier la pénurie de missiles de croisière, affirme le ministère britannique de la Défense, en citant les services de renseignement.
Depuis septembre, les Russes ont envoyé des centaines de missiles contre l’Ukraine, ainsi que des drones dits kamikazes. Cette approche n’a cependant eu qu’un succès limité. La plupart des drones ont été désactivés par la défense anti-aérienne ukrainienne. Les cibles des drones sont essentiellement du matériel militaire et le réseau électrique ukrainien, selon le ministère. Récemment, des commandants russes auraient également demandé que des drones visent des installations médicales.
Aucune attaque avec de tels drones kamikazes n’a été signalée depuis plusieurs jours, a déclaré Londres. "La Russie a probablement presque épuisé son arsenal mais se réapprovisionnera sans doute". Selon le ministère britannique, il sera plus facile pour Moscou d’obtenir de nouveaux drones de l’étranger que de produire des missiles.


EDIT (4 janvier 2023)


Les progrès des drones en Ukraine pourraient faire naître des robots tueurs
[Drone advances in ukraine could bring dawn of killer robots]
par Frank Bajak et Hanna Arhirova
Associated Press - 03 jan 2023
https://apnews.com/article/russia-ukraine-war-drone-advances-6591dc69a4bf2081dcdd265e1c986203 


KIEV - Les progrès des drones en Ukraine ont accéléré une tendance technologique attendue de longue date qui pourrait bientôt amener les premiers robots de combat entièrement autonomes au monde sur le champ de bataille, inaugurant une nouvelle ère de guerre.

Plus la guerre dure, plus il devient probable que les drones seront utilisés pour identifier, sélectionner et attaquer des cibles sans l’aide d’humains, selon des analystes militaires, des combattants et des chercheurs en intelligence artificielle. Cela marquerait une révolution dans la technologie militaire aussi profonde que l’introduction de la mitrailleuse. L’Ukraine dispose déjà de drones d’attaque semi-autonomes et d’armes de contre-drones dotés d’IA. La Russie prétend également posséder des armes d’IA, bien que ces affirmations ne soient pas prouvées. Mais il n’y a pas d’exemples confirmés d’une nation mettant au combat des robots qui ont tué entièrement par eux-mêmes.

Les experts dis-le ce n’est peut-être qu’une question de temps avant que la Russie ou l’Ukraine, ou les deux, ne les déploient. « De nombreux États développent cette technologie », a déclaré Zachary Kallenborn, analyste de l’innovation en matière d’armes à l’Université George Mason. « Clairement, ce n’est pas si difficile ». Le sentiment d’inévitabilité s’étend aux activistes, qui ont essayé pendant des années d’interdire les drones tueurs, mais croient maintenant qu’ils doivent se contenter d’essayer de restreindre l’utilisation offensive des armes.

Le ministre ukrainien de la Transformation numérique, Mykhailo Fedorov, convient que les drones tueurs entièrement autonomes sont « une prochaine étape logique et inévitable » dans le développement d’armes. Il a déclaré que l’Ukraine avait fait « beaucoup de R&D dans cette direction ». « Je pense que le potentiel pour cela est grand dans les six prochains mois », a déclaré Fedorov à l’Associated Press lors d’une récente entrevue.

Le lieutenant-colonel ukrainien Yaroslav Honchar, cofondateur de l’organisation à but non lucratif Aerorozvidka, a déclaré dans une récente interview près du front que les combattants humains ne peuvent tout simplement pas traiter l’information et prendre des décisions aussi rapidement que les machines. Les dirigeants militaires ukrainiens interdisent actuellement l’utilisation d’armes létales totalement indépendantes, bien que cela puisse changer, a-t-il déclaré. « Nous n’avons pas encore franchi cette ligne – et je dis "encore" parce que je ne sais pas ce qui se passera à l’avenir », a déclaré Honchar, dont le groupe a été le fer de lance de l’innovation en matière de drones en Ukraine, convertissant des drones commerciaux bon marché en armes mortelles.

La Russie pourrait obtenir une IA autonome de l’Iran ou d’ailleurs. Les drones à longue portée Shahed-136 fournis par l’Iran ont paralysé les centrales électriques ukrainiennes et terrorisé les civils, mais ne sont pas particulièrement intelligents. L’Iran a d’autres drones dans son arsenal évolutif qui, selon lui, disposent de l’IA. Sans trop de problèmes, l’Ukraine pourrait rendre ses drones semi-autonomes entièrement indépendants afin de mieux survivre au brouillage du champ de bataille, disent leurs fabricants occidentaux.

Ces drones comprennent le Switchblade 600 fabriqué aux États-Unis et le Polish Warmate, qui nécessitent tous deux actuellement un humain pour choisir des cibles plutôt qu’un flux vidéo en direct. L’IA termine le travail. Les drones, techniquement connus sous le nom de « munitions errantes », peuvent planer pendant quelques minutes au-dessus d’une cible, en attendant un tir propre. « La technologie pour réaliser une mission entièrement autonome avec Switchblade existe à peu près aujourd’hui », a déclaré Wahid Nawabi, PDG d’AeroVironment, son fabricant. Cela nécessitera un changement de politique – pour retirer l’humain de la boucle décisionnelle – qui, selon lui, prendra trois ans.

Les drones peuvent déjà reconnaître des cibles telles que des véhicules blindés à l’aide d’images cataloguées. Mais il y a un désaccord sur la question de savoir si la technologie est suffisamment fiable pour s’assurer que les machines ne se trompent pas et ne prennent pas la vie de non-combattants. L’AP a demandé aux ministères de la Défense de l’Ukraine et de la Russie s’ils avaient utilisé des armes autonomes de manière offensive – et s’ils accepteraient de ne pas les utiliser si l’autre partie était d’accord de la même manière. Ni l’un ni l’autre n’a répondu.

Si l’une ou l’autre des parties devait passer à l’attaque avec une IA complète, ce ne serait peut-être même pas une première. Un rapport non concluant de l’ONU a suggéré que les robots tueurs ont fait leurs débuts dans le conflit fratricide en Libye en 2020, lorsque des drones Kargu-2 de fabrication turque en mode entièrement automatique ont tué un nombre indéterminé de combattants. Un porte-parole de STM, le fabricant, a déclaré que le rapport était basé sur des informations « spéculatives et non vérifiées » et « ne devrait pas être pris au sérieux ». Il a déclaré à l’AP que le Kargu-2 ne pouvait pas attaquer une cible tant que l’opérateur ne lui avait pas dit de le faire.

L’IA entièrement autonome aide déjà à défendre l’Ukraine. Fortem Technologies, basée dans l’Utah, a fourni à l’armée ukrainienne des systèmes de chasse aux drones qui combinent de petits radars et des véhicules aériens sans pilote, tous deux alimentés par l’IA. Les radars sont conçus pour identifier les drones ennemis, que les UAV désactivent ensuite en tirant des filets sur eux, le tout sans assistance humaine.

Le nombre de drones dotés d’IA ne cesse de croître. Israël les exporte depuis des décennies. Son Harpie, qui tue les radars, peut planer au-dessus du radar antiaérien jusqu’à neuf heures en attendant qu’ils s’allument. D’autres exemples incluent l’hélicoptère armé sans pilote Blowfish-3 de Pékin. La Russie travaille sur un drone sous-marin à tête nucléaire appelé Poséidon. Les Néerlandais testent actuellement un robot au sol avec une mitrailleuse de calibre 50. Honchar pense que la Russie, dont les attaques contre les civils ukrainiens ont montré peu de respect pour le droit international, aurait déjà utilisé des drones autonomes tueurs si le Kremlin en avait eu. « Je ne pense pas qu’ils auraient des scrupules », a convenu Adam Bartosiewicz, vice-président de WB Group, qui fabrique le Warmate.

L’IA est une priorité pour la Russie. Le président Vladimir Poutine a déclaré en 2017 que quiconque dominera cette technologie dirigera le monde. Dans un discours prononcé le 21 décembre, il a exprimé sa confiance dans la capacité de l’industrie russe de l’armement à intégrer l’IA dans les machines de guerre, soulignant que « les systèmes d’armes les plus efficaces sont ceux qui fonctionnent rapidement et pratiquement en mode automatique ». Les responsables russes affirment déjà que leur drone Lancet peut fonctionner en toute autonomie. « Il ne sera pas facile de savoir si et quand la Russie franchira cette ligne », a déclaré Gregory C. Allen, ancien directeur de la stratégie et de la politique au Centre conjoint d’intelligence artificielle du Pentagone.

Passer un drone du pilotage à distance à l’autonomie totale pourrait ne pas être perceptible. À ce jour, les drones capables de fonctionner dans les deux modes ont mieux fonctionné lorsqu’ils sont pilotés par un humain, a déclaré Allen. La technologie n’est pas particulièrement compliquée, a déclaré Stuart Russell, professeur à l’Université de Californie-Berkeley, chercheur de haut niveau en IA. Au milieu des années 2010, les collègues interrogés ont convenu que les étudiants diplômés pouvaient, en un seul trimestre, produire un drone autonome « capable de trouver et de tuer un individu, disons, à l’intérieur d’un bâtiment », a-t-il déclaré.

Un effort visant à établir des règles de base internationales pour les drones militaires a jusqu’à présent été infructueux. Neuf années de pourparlers informels des Nations Unies à Genève n’ont guère progressé, les grandes puissances, dont les États-Unis et la Russie, s’opposant à une interdiction. La dernière session, en décembre, s’est terminée sans qu’aucun nouveau cycle ne soit prévu. Les décideurs politiques de Washington disent qu’ils n’accepteront pas une interdiction parce qu’on ne peut pas faire confiance aux rivaux qui développent des drones pour les utiliser de manière éthique.

Toby Walsh, un universitaire australien qui, comme Russell, fait campagne contre les robots tueurs, espère parvenir à un consensus sur certaines limites, notamment l’interdiction des systèmes qui utilisent la reconnaissance faciale et d’autres données pour identifier ou attaquer des individus ou des catégories de personnes. « Si nous ne faisons pas attention, elles vont proliférer beaucoup plus facilement que les armes nucléaires », a déclaré Walsh, auteur de "Machines Behaving Badly". « Si vous pouvez obtenir un robot pour tuer une personne, vous pouvez le faire tuer un millier ».

Les scientifiques s’inquiètent également de la réutilisation des armes d’IA par les terroristes. Dans un scénario redouté, l’armée américaine dépense des centaines de millions pour écrire du code pour alimenter des drones tueurs. Ensuite, il est volé et copié, donnant effectivement aux terroristes la même arme. À ce jour, le Pentagone n’a ni clairement défini « une arme autonome activée par l’IA » ni autorisé une seule arme de ce type pour une utilisation par les troupes américaines, a déclaré Allen, l’ancien responsable du ministère de la Défense. Tout système proposé doit être approuvé par le président des chefs d’état-major interarmées et deux sous-secrétaires.

Cela n’empêche pas les armes d’être développées à travers les États-Unis. Des projets sont en cours à la Defense Advanced Research Projects Agency, dans des laboratoires militaires, dans des établissements universitaires et dans le secteur privé. Le Pentagone a mis l’accent sur l’utilisation de l’IA pour augmenter les guerriers humains. L’armée de l’air étudie les moyens de jumeler des pilotes avec des ailiers de drones. Un partisan de l’idée, l’ancien secrétaire adjoint à la Défense, Robert O. Work, a déclaré dans un rapport le mois dernier qu’il « serait fou de ne pas passer à un système autonome » une fois que les systèmes basés sur l’IA surpassent les humains - un seuil qui, selon lui, a été franchi en 2015, lorsque la vision par ordinateur a éclipsé celle des humains.

Les humains ont déjà été expulsés dans certains systèmes défensifs. Le bouclier antimissile Dôme de fer d’Israël est autorisé à ouvrir le feu automatiquement, bien qu’il soit censé être surveillé par une personne qui peut intervenir si le système s’attaque à la mauvaise cible. Plusieurs pays, et toutes les branches de l’armée américaine, développent des drones capables d’attaquer en essaims synchronisés mortels, selon Kallenborn, chercheur chez George Mason.

Alors, les guerres futures deviendra-t-elles un combat jusqu’au dernier drone ? C’est ce que Poutine a prédit dans une conversation télévisée de 2017 avec des étudiants en ingénierie: « Lorsque les drones d’une partie sont détruits par des drones d’un autre, elle n’aura d’autre choix que de se rendre ».