Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
syndicats et toute forme de gestion et de pouvoir.
Rassembler des foules sous un même drapeau
trouve toujours son origine dans une imposture.
Seule une révolution mettra fin à un système
dont l'obsession de l'argent entraine l'humanité
vers la catastrophe.
>> Toutes les rubriques <<
· 37 - Lointains échos dictatures africain (395)
· 00 - Archivage des brèves (773)
· .[Ec1] Le capitalisme en soins intensifs (550)
· 40 - Planète / Sciences (379)
· 10 - M-O. Monde arabe (382)
· . Histoires et théories du passé (218)
· 20 - Japon, Fukushima (237)
· .[Ec2] Métaux, énergies, commerce (253)
· 24 - USA (301)
· 19 - Chine [+ Hong Kong, Taïwan] (317)
Date de création : 10.03.2011
Dernière mise à jour :
17.10.2025
8604 articles
Ce topic fait suite à Poutine attaque l'Ukraine relatant les 6 premiers jours de l'invasion de l'Ukraine, qui saturait.
Je consigne les informations recueillies ça et là sur France 24, RFI, France info, LCI, BFM, Reuters, CNN, BBC, etc. sur cette guerre qui conjugue deux menaces nucléaires: Hiroshima + Fukushima.
Dimanche 13 mars
–– Des frappes russes visent une base militaire à Yavoriv près de la frontière polonaise. C'est sur cette base qu'arrive une partie de l'aide militaire livrée par les pays occidentaux.
A Kiev, l'encerclement par le nord se poursuit. Seules les routes au sud de la capitale restent dégagées.
MSF juge la situation humanitaire à Marioupol « quasi désespérée », en manque de vivres, d'eau, de gaz, d'électricité et de communications. Un convoi d'aide est bloqué à un barrage russe à Zaporijia.
–– Le maire de Dniprorudné a été enlevé par des soldats russes, 48 heures après celui de Melitopol (sud), parce qu'il « refusait de coopérer ».
–– Le ministre des Affaires étrangères ukrainien accuse la Russie de vouloir organiser à Kherson un « faux référendum » afin d'y créer une « fausse république populaire ».
–– L'agence ukrainienne Energoatom a annoncé que l'alimentation électrique du site de Tchernobyl était rétablie. Les systèmes de refroidissement des assemblages combustibles fonctionnent de nouveau normalement.
–– On assiste depuis quelques jours à des déprogrammations d'événements artistiques... parce qu'ils sont russes. Le ballet du Bolchoï a été banni du Royal Opera de Londres, le festival russe à Marseille est annulé. Demain peut-être, Tchaïkovski, Rachmaninov, Prokofiev, Chostakovitch seront bannis de la culture universelle, les livres de Dostoïevski, Tolstoï, Pouchkine retirés des rayons des librairies ? Tout ce qui est russe est en train de devenir suspect. Le fanatisme "démocratique" montre sa dangerosité. C'est une aberration totale.
Ce sont les mêmes imbéciles qui ont interdit RT, comme si la censure était préférable au débat d'opinions, donnant des arguments aux complotistes qui y voient la preuve qu'il y a des "choses à cacher".
–– Selon le dernier décompte du HRC, 2,7 millions de personnes ont fui l'Ukraine. Depuis quelques jours, le flux des réfugiés ralentit. Mais il pourrait reprendre si les combats gagnaient les régions de l'ouest où des centaines de milliers de personnes ont trouvé abri.
Samedi 12 mars
–– La Russie intensifie son invasion vers l'ouest. Ses forces armées sont positionnées dans les faubourgs de Kiev. D'après l'armée ukrainienne, elles cherchent à éliminer les défenses dans plusieurs localités à l'ouest et au nord de la ville pour la "bloquer". Les sirènes d'avertissement anti-bombardement ne cessent de retentir sur l'ensemble du territoire, notamment à Kiev, Kharkiv, Dnipro, Mykolaïv, Odessa.
–– Poutine se permet d'accuser, dans un communiqué, les forces ukrainiennes de « violations flagrantes » du droit humanitaire, d'« assassinats extrajudiciaires d'opposants », de « prise d'otages de civils » et leur « utilisation comme boucliers humains », ainsi que le « déploiement d'armes lourdes dans des zones résidentielles, à proximité d'hôpitaux, d'écoles et de jardins d'enfants ».
Zelensky, lors d'une conférence de presse, affirme qu'environ 1.300 militaires ukrainiens ont été tués depuis le 24 février.
–– Selon The Times, deux chefs de la section étrangère du FSB ont été arrêtés et assignés à résidence. Ils seraient tenus responsables de l'échec de la "guerre éclair".
–– Roscosmos demande la levée des sanctions contre la Russie, sans quoi le fonctionnement des vaisseaux russes ravitaillant l'ISS sera perturbé, ce qui provoquerait "l'amerrissage ou l'atterrissage" forcé de l'ISS. La NASA a fait savoir il y a quelques jours qu'elle pouvait maintenir la station en orbite sans le concours de la Russie.
–– L'Allemagne envisage de se passer du charbon russe d'ici l'automne et du pétrole russe d'ici la fin de l'année, a annoncé son ministre de l'Economie au Frankfurter Allgemeine Zeitung. En revanche, l'abandon du gaz russe sera plus compliqué, faute de capacités d'importation de GNL. Depuis 2014, la dépendance gazière de l'Allemagne par rapport à la Russie est passée de 36 à 55 %.
–– YouTube étend au monde entier le blocage de RT et Sputnik. Les chaînes allemandes ARD et ZDF reprennent leur couverture depuis la Russie, en traitant de "la situation politique, économique et sociale en Russie", pas la situation militaire.
Vendredi 11 mars
–– Pour la première fois depuis le début de l'invasion, des frappes aériennes ont touché Dnipro, la grande ville du centre (1 million d'habitants), Loutsk, près de la frontière polonaise, Ivano-Frankivsk (sud-ouest). Lviv, la grande ville de l'ouest, est submergée par l'afflux de réfugiés. Pour l'instant épargnée par les frappes, c'est une étape obligée sur la route de l'exil vers la Pologne ou la Slovaquie.
–– Poutine approuve la proposition de Choïgou d'envoyer 16.000 mercenaires syriens combattre en Ukraine. D'après le général Pellistrandi sur BFMTV, il y aurait "20.000 soldats russes morts, blessés, capturés, disparus", indisponibles, à remplacer.
–– Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni "en urgence", à la demande de la Russie, sur la fabrication supposée d'armes biologiques par l'Ukraine. Washington dit craindre que l'armée russe utilise des armes chimiques et déguise ces attaques en actions ukrainiennes. L’OMS « recommande fortement » à l’Ukraine de détruire par précaution les agents pathogènes utilisés dans ses laboratoires.
–– La Russie affirme que Gazprom fournit toujours de grandes quantités de gaz à l'Europe via l'Ukraine. « Nous remplissons toutes nos obligations en matière d'approvisionnement énergétique » avait indiqué Poutine, jeudi. La Russie a trop besoin de devises.
–– En raison de "garanties supplémentaires" réclamées par la Russie, les négociations sur le nucléaire iranien marquent une pause. Il est, à présent, de l'intérêt de Moscou de les faire traîner. Et ça ne satisfait pas les autorités iraniennes.
–– On s'inquiète pour le patrimoine artistique, religieux et naturel de l'Ukraine menacé par la guerre.
7 sites sont inscrits à la liste du patrimoine mondial de l'Unesco: la Cathédrale Sainte-Sophie et la Laure de Petchersk à Kiev (cœur historique, considéré comme le berceau du monde slave); l’ensemble du Centre historique de Lviv; la résidence des métropolites de Bucovine et de Dalmatie à Tchernivtsi; l'Arc géodésique de Struve; les Tserkvas en bois des Carpates; les forêts de hêtres anciennes et primitives des Carpates; la cité antique de Chersonèse taurique et sa Chora sur les bords de la mer Noire;
8 autres sont sur une liste indicative: le centre historique de Tchernigov (IXe -XIIIe siècles); le paysage culturel du canyon de Kamenets-Podilsk; la tombe de Tarass Shevtchenko près de Kaniv; la réserve nationale de biosphère des steppes "Askaniya Nowa" dans l'oblast de Kherson; le parc dendrologique "Sofijivka" à Uman; le site archéologique Kamiana Mohyla dans la vallée de la rivière Molochna; le Palais Bagçesaray des Khans... en Crimée.
Jeudi 10 mars
–– Deux éléments clés sont en passe de changer la donne en Ukraine:
1/ Un accord serait sur le point d'être trouvé avec l'Iran sur le dossier du nucléaire;
2/ Le Venezuela de Maduro est train de changer sa politique vis-à-vis des USA.
Cela pourrait aboutir dans les deux cas à une levée des sanctions américaines. L'Iran pourrait vendre prochainement son pétrole. Pour le Venezuela, la remise en route sera plus longue à cause de la vétusté des installations. Le prix du pétrole qui était monté jusquà 140 $ a déjà commencé à s'infléchir hier vers les 110 $.
La Russie perd sur presque tous les tableaux: économique, commercial, financier, politique, énergétique...
–– Les ministres des Affaires étrangères russe (Lavrov) et ukrainien (Kuleba) se rencontrent pour la première fois depuis le 24 février, à Antalya, station balnéaire du sud de la Turquie, pour discuter d'une cessation des hostilités. >> Aucun résultat. Les pourparlers vont se poursuivre.
–– Bombardement d'un hôpital pédiatrique et d'une maternité à Marioupol (mais ce n'était pas la seule de ce genre dans la journée). L'ambassadeur de Russie en France a affirmé sur BFMTV que ce sont les forces ukrainiennes qui l'auraient bombardé délibérément. L'armée russe la qualifie de « prétendue frappe », une « mise en scène totale à des fins de provocation afin d'entretenir l'agitation antirusse du public occidental » !... Lavrov, lui, a justifié le bombardement: « Cette maternité a été reprise depuis longtemps par le bataillon Azov et d'autres radicaux, et toutes les femmes en couches, toutes les infirmières et tout le personnel de soutien ont été mis à la porte ».
Selon un représentant du CICR, dans la ville de Marioupol assiégée, « les gens ont commencé à se battre pour la nourriture (...). Beaucoup n'ont pas du tout d'eau à boire. Beaucoup de gens disent ne pas avoir de nourriture pour les enfants ».
–– La Russie annonce son départ du Conseil de l’Europe pour éviter d'être expulsée, la plupart des membres de l'organisation s’opposant à la guerre qu'elle mène en Ukraine. Les droits de représentation de la Russie avaient été suspendus au lendemain de l'invasion, à l’issue d’un vote au cours duquel seules la Russie et l’Arménie ont voté contre, tandis que la Serbie et de l’Azerbaïdjan se sont abstenus.
–– Environ 100.000 personnes ont été évacuées de Soumy et de zones du nord et de l'ouest de Kiev au cours des dernières 48 heures. Le maire de Kiev a affirmé à la télévision qu'un habitant sur deux avait quitté la ville. 1,7 million d'habitants s'y trouvent encore.
–– D'après le HCR, le nombre de réfugiés s'élève de 2,3 millions, dont la moitié en Pologne. Hongrie: 190.000; Slovaquie: 140.000; Roumanie et la Moldavie: 80.000 chacune... et 100.000 en Russie ! La France prévoit l'arrivée de 50.000 à 100.000 réfugiés en provenance d'Ukraine au cours des prochaines semaines.
–– D'après le principal conseiller économique de la présidence ukrainienne, l'invasion aurait déjà causé au moins 100 milliards de dollars de dégâts en destructions d'infrastructures et de bâtiments. Le FMI a approuvé une aide d'urgence de 1,4 milliard de dollars en faveur de l'Ukraine. La BERD a annoncé 2 milliards d'euros pour apporter un "soutien ciblé sur les réfugiés, les entreprises et la sécurité énergétique". La banque centrale de Russie est suspendue de la Banque des Règlements Internationaux. La BCE abaisse sa prévision de croissance de la zone euro pour 2022 et relève fortement celle de l'inflation en raison des répercussions économiques attendues de la guerre en Ukraine.
–– Les dirigeants des pays de l'UE réunis à Versailles réfléchissent aux moyens de réduire leur dépendance énergétique envers la Russie. Les candidatures de l'Ukraine, de la Géorgie et de la Moldavie sont examinées mais il n'y aura pas d'adhésion rapide.
Mercredi 9 mars
–– La centrale nucléaire de Tchernobyl "a été complètement déconnectée du réseau électrique en raison des actions militaires de l'occupant russe", a annoncé l'opérateur ukrainien Ukrenergo. Le ministre des Affaires étrangères ukrainien explique sur Twitter que des générateurs de réserve peuvent encore alimenter la centrale pendant 48 heures, mais prévient que « Après cela, les systèmes de refroidissement de l'installation de stockage du combustible nucléaire usé s'arrêteront », craignant des fuites radioactives. L'AIEA affirme que la coupure de l'alimentation ne doit pas avoir "d'impact majeur sur la sécurité", expliquant que « la charge thermique de la piscine d'entreposage du combustible usé et le volume de l'eau de refroidissement sont suffisants pour assurer une évacuation efficace de chaleur sans électricité ». La situation n'est pas si tranquille que ça parce que le site va devoir fonctionner dans les prochains jours avec des générateurs diesel de secours.
Quelques heures plus tôt, l'AIEA avait indiqué avoir perdu le contact avec les systèmes permettant de contrôler à distance les matériaux nucléaires de la centrale de Tchernobyl, et ne plus être en mesure de détecter une éventuelle utilisation abusive de ceux-ci.
Plus de 200 techniciens et gardes travaillent depuis 13 jours sous surveillance russe. L’AIEA a demandé à la Russie de les autoriser à effectuer des rotations, précisant que le repos et les horaires fixes étaient essentiels à la sécurité du site.
Les USA s'inquiètent par ailleurs de la possibilité pour l'armée russe de prendre le contrôle "d'installations de recherche biologique" et utiliser des matériaux pouvant servir à la fabrication d'armes biologiques ou chimiques.
–– Dans un entretien donné à la chaîne ABC, Zelensky affirme ne plus vouloir insister pour obtenir l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN, une des questions qui ont officiellement motivé l'invasion russe. Il se dit également prêt à un "compromis" sur le statut des territoires séparatistes de l'est de l'Ukraine, estimant que la question était "plus complexe que simplement les reconnaître". Du côté de Moscou, il ne serait plus question d'envahir l'Ukraine, de détruire l'Etat, ni de renverser Zelensky. Les commentateurs entrevoient "une porte de sortie"...
–– Le ministère ukrainien de la Défense affirme que le général de division Vitaly Gerasimov a été tué à Kharkiv. Il y a quelques jours, un autre général, Andrei Sukhovetsky, commandant la 7e division, avait été tué par un sniper à Marioupol. La chaîne de commandement aurait subi de lourdes pertes. Kiev affirme que plus de 11.000 militaires russes, y compris des officiers supérieurs, ont été tués. Le Pentagone estime les pertes russes entre 2.000 et 4.000. Dans les médias, on parle de 6.000. Il faut prendre ces chiffres avec des pincettes.
–– Interrogé par France info, Rony Brauman, ancien président de MSF, estime que « l'effort et la noblesse de l'accueil [des réfugiés ukrainiens en Europe] contraste quand même très durement avec la fermeture, l'hostilité, voire la violence avec laquelle ont été repoussés d'autres réfugiés qui étaient dans un malheur analogue ». Il espère que « l'idée qu'on accueille nos frères humains fuyant l'horreur et la guerre [s'applique à tous les réfugiés] et pas seulement à ceux qui semblent nous ressembler plus que des Syriens ou des Afghans ».
–– L'agence de notation Fitch a de nouveau abaissé la note de la dette souveraine de la Russie, estimant que le risque d'un défaut est « imminent ». La Banque centrale de Russie, pour ralentir la chute du rouble, a suspendu la vente des devises étrangères en Russie jusqu'au 9 septembre (soit pendant 6 mois).
Mardi 8 mars
–– Les villes de Tchernihiv, Soumy, Kharkiv, Marioupol sont assiégées, Kiev et Mykolaïv sont encerclées. Aux yeux des spécialistes des questions de défense, le plan initial de "guerre éclair" de l'armée russe n'a pas fonctionné. Les forces ukrainiennes résistent bien mieux que prévu, ce qui change la situation au sol. Le général Pellistrandi, rédacteur en chef de la revue Défense Nationale, livre sur RFI son analyse de la situation militaire:
« Les russes ont surestimé leurs capacités et ont sous-estimé leur adversaire. On voit qu’il y a une forme d’enlisement des combats et on parle désormais de lignes de front. Les défenseurs ukrainiens ont organisé le terrain, s’accrochent sur les villes et les obstacles naturels… C’est un combat qui ne permet plus à l’armée russe de progresser. Ils n’arrivent toujours pas à contrôler la ville de Kharkiv, ni celle de Soumy. La progression s’enlise. Cela veut dire que les Ukrainiens prennent, en quelque sorte, une forme d’ascendant moral et que les Russes doivent réorganiser leur dispositif ».
–– D'après le porte-parole du Pentagone, Poutine a « engagé en Ukraine pratiquement toutes les forces de combat » massées ces derniers mois à la frontière russo-ukrainienne, soit environ 150.000 soldats. Moscou cherche d'ailleurs à "recruter" des combattants étrangers, notamment syriens.
Lors d'une audition au Congrès, le directeur de la CIA, William Burns, a décrit Poutine comme un homme de plus en plus isolé, "frustré" et en "colère". « Il est probable qu'il va (...) essayer d'écraser l'armée ukrainienne sans se soucier des pertes civiles », a-t-il affirmé.
–– « La Russie est rétablie dans son intégralité historique ». Cette phrase est extraite d’un article de l’agence de presse RIA-Novosti qui ne devait paraître qu’une fois la victoire russe acquise en Ukraine. Il a été publié par erreur le 26 février avant d’être retiré au bout de quelques heures.
–– Odessa s'attend à une attaque imminente, terrestre par le contournement de Mykolaïv par le nord, ou par un débarquement amphibie. Odessa est la 3e ville d’Ukraine avec plus d'un million d'habitants. Son port est le dernier débouché maritime de l'Ukraine; il est vital pour l'économie du pays. Odessa est une ville historique. C'est la ville de la "Grande Catherine". Elle fait partie du réseau des villes créatives de l’UNESCO (son célèbre escalier de "Potemkine"). Une partie de ses archives nationales appartiennent au Registre de la Mémoire du Monde. Elle a été relativement épargnée jusqu'ici, mais c'est clairement la prochaine cible de l'armée russe. La population y est sur le pied de guerre: cocktails Molotov, barricades, barbelés, blocs de ciments installés aux carrefours stratégiques pour ralentir l'avancée des colonnes russes...
–– Biden ordonne un embargo sur le pétrole et le gaz russe, principale source de revenus du régime de Poutine. Le Royaume-Uni cessera ses importations de pétrole russe d'ici fin 2022. Les européens sont divisés sur cette question. C'est une option que rejettent l'Allemagne, l'Italie, l'Autriche... très dépendantes des approvisionnements en gaz russe. L'UE veut diversifier ses approvisionnements avec la Norvège, les USA, le Qatar ou l'Algérie, et déjà établir un niveau moyen de stockage d'au moins 90 % d'ici fin septembre. Elle appelle à accélérer la décarbonation des bâtiments et de l'industrie (isolation, photovoltaïque et pompe à chaleur). D'après The Financial Times, l’UE pourrait « décider dès aujourd’hui d’une réduction des deux tiers de ses importations d’énergie russe ».
–– Après Exxon-Mobil, ENI et BP, Shell annonce son intention de se retirer "graduellement" du pétrole et du gaz russes, pour se mettre en phase avec les dernières directives du gouvernement britannique. TotalEnergies s'accroche...
De nombreuses multinationales avaient décidé de partir (Ikea, LVMH, Hermès, Ford, Nike, Apple...). McDonald's, Starbucks, Coca-Cola rejoignent la liste des entreprises fermant boutique en Russie. MacDonald's continuera à payer ses 62.000 salariés.
–– La Bourse de Londres a suspendu les transactions sur le nickel dont le cours a doublé pour dépasser pour la première fois les 100.000 $ la tonne après un mouvement soudain de liquidation de positions courtes.
–– Les forces russes ont bombardé le couloir humanitaire ouvert entre Marioupol et Zaporijia. Les autorités ukrainiennes ont confirmé l'ouverture d'un couloir humanitaire de Soumy vers Poltava (à 150 km s-o). Un convoi est arrivé à destination...
Des milliers de personnes, femmes, enfants, tentent de quitter leurs villes bombardées ou encerclées par les forces russes. A Kiev, au pont de Bilohorodka détruit pour entraver l'avancée des Russes, les passages sur des planches de bois au dessus de la rivière Irpin sont incessants.
–– Le nombre de réfugiés ayant quitté l'Ukraine a dépassé les 2 millions, selon le HCR. L'Allemagne se dit prête à recevoir 400.000 réfugiés.
Lundi 7 mars
–– L'offensive russe se poursuit. L'aéroport de Vinnytsia (centre) a été bombardé et détruit. La ville de Mykolaïv, sur la route d'Odessa, a subi cette nuit ses premières frappes. Les bombardements massifs des grandes villes de Kharkiv ou Tchernihiv, toujours assiégées, font craindre une destruction systématique du pays. Le spectre d’un scénario tchétchène se précise. Selon le Wall Street Journal, citant des sources américaines, la Russie recruterait des mercenaires syriens ayant l'expérience de la guérilla urbaine pour combattre en Ukraine.
–– L'état-major ukrainien affirme que les forces russes concentrent à présent leurs efforts sur les villes de Mykolaïv (sud), Kharkiv, Tchernihiv et Soumy (nord). Le ministère russe de la Défense, "dans un but humanitaire", déclare ce matin un "régime de silence" (cessez-le-feu), et "l'ouverture de couloirs humanitaires", pour l'évacuation des civils à Kiev, Kharkiv, Marioupol et Soumy... mais ils sont à destination du Belarus et de la Russie (en Sibérie ?) ! Kiev les refuse, dénonçant une manipulation de Moscou.
–– Dans un communiqué cité par les agences de presse russes, le ministère russe de la Défense prête au SBU et aux "nationalistes du bataillon Azov" l'intention de faire exploser un réacteur nucléaire utilisé pour des expériences scientifiques à Kharkiv pour provoquer une fuite radioactive et ensuite en accuser Moscou.
Rafael Grossi, DG de l'AIEA, a proposé de se rendre en Ukraine pour établir un cadre garantissant la sécurité des sites nucléaires pendant le conflit: « Cette fois, s'il y a un accident nucléaire, la cause ne sera pas un tsunami apporté par mère nature. Au lieu de cela, ce sera le résultat de l'échec humain à agir alors que nous savions que nous le pouvions et que nous savions que nous le devions ».
–– Le prix du baril de Brent frôle les 140 $ ce matin aux premiers échanges, très près de ses records historiques (147 $ en 2008). L'once d'or a dépassé les 2.000 $ (record). L'aluminium à plus 4.000 $ la tonne et le cuivre à 10.845 $ ont aussi atteint des niveaux historiques.
–– Dans un entretien aux Echos, la DG d'Engie, Catherine MacGregor, explique que le vrai problème de l'approvisionnement en gaz se posera à l'été, en préparation de l'hiver 2022-2023: Il sera « très difficile de trouver les volumes nécessaires » et ce sera « très dur en cas de conflit long en Ukraine ».
–– Les autorités russes ont indiqué que les pays "hostiles à la Russie" (UE, Suisse, USA, Canada, UK, Australie, Corée, Japon) pourront se faire rembourser auprès des particuliers et des entreprises russes... mais en roubles (autant dire en monnaie de singe) ! une monnaie qui a perdu 45 % de sa valeur depuis janvier.
Dimanche 6 mars
–– Quelle est la situation à Kiev ? [RFI, Pierre Olivier et Bertrand Haecker, 06/03/2022]
Dans les faubourgs, les checkpoints tenus par des miliciens en arme, mais aussi par l’armée ukrainienne, sont légion et ralentissent fortement la circulation. Plus on se rapproche du centre, plus les rues sont vides.
L’atmosphère est celle d’une ville fantôme: partout les stores des magasins sont baissés, les rues sont absolument désertes. Beaucoup d’habitants de Kiev ont fui la ville dès les premiers jours de la guerre et ceux qui restent sont barricadés chez eux.
Dans les rues du centre, des chars ukrainiens sont visibles et bloquent certains accès. Un peu partout, des barricades faites de blocs de béton, de pneus empilés, de grillage verrouillent entièrement certains quartiers. Kiev est véritablement en état de siège et la question ici n’est plus de savoir si le siège de la ville aura lieu, mais quand il aura lieu.
Le danger se situe au nord de la ville pour l’instant. Les forces russes sont en approche à une vingtaine de kilomètres. Des combats ont eu lieu dans la nuit, mais la progression des Russes semble freinée par l’armée ukrainienne qui fait preuve de résistance et cède difficilement du terrain aux alentours de la ville.
–– Lors d'un nouvel entretien avec Macron, Poutine affirme qu'il « atteindra ses objectifs » en Ukraine, « soit par la négociation, soit par la guerre ». Il avait averti dans la matinée que l'Ukraine pourrait perdre son "statut d'État" si elle continuait à refuser de céder aux exigences russes.
–– Une manifestation contre la guerre en Ukraine, rassemblant environ 2.000 personnes d'après l'AFP, s'est déroulée à Almaty, au Kazakhstan. Les manifestations sont pourtant généralement interdites ou réprimés dans ce pays traditionnellement allié de la Russie, mais le gouvernement tente de se démarquer de Moscou pour ne pas tomber sous le coup des sanctions occidentales. Le ministère kazakh des Affaires étrangères a insisté ces derniers jours sur la neutralité de son pays dans le conflit en cours en Ukraine.
–– Ambiance glaciale à la Coupe du monde de gymnastique à Doha. Un russe (3e) affichant un "Z" sur son maillot en soutien aux forces militaires d'invasion, un ukrainien (1er) et un kazakh (2e) se sont retrouvés ensemble sur un podium. Le russe et l'ukrainien se sont ignorés. Le kazakh a félicité les deux. Ce dimanche, c'était la dernière fois que la Russie était autorisée à participer à une épreuve sportive internationale.
–– Les mesures de rationnement prises par la grande distribution provoquent en Russie l'essor d'un marché noir alimentaire.
–– Tous les jours, des entreprises occidentales annoncent leur départ de Russie (Ikea, Hermès, LVMH, Cartier, Chanel, Zara...). Les géants des cartes bancaires Visa, Mastercard, American Express et PayPal vont suspendre leurs opérations. Les autorités russes multiplient les mesures pour freiner la fuite des capitaux et empêcher un mouvement de panique si les banques venaient à manquer de liquidités. Des banques russes ont annoncé travailler à l'émission de cartes bancaires du réseau chinois UnionPay.
–– D'après l'ONG OVD-info, au moins 5.000 personnes manifestant contre la guerre en Ukraine ont été interpellées dans 69 villes de Russie. Cela porte à plus de 13.000 le nombre de manifestants arrêtés depuis le 24 février [12.700 d'après le HCDH].
–– D'après le HCR, plus d'1,5 millions de réfugiés ont fui l'Ukraine en 10 jours. Le nombre de personnes arrivées en Pologne a dépassé le million.
Samedi 5 mars
–– La Russie annonce un cessez-le-feu à Marioupol (sous blocus) pour permettre l'évacuation des civils de Marioupol et Volnovakha. >> Mais l'évacuation est annulée à cause des bombardements.
Situation "critique" à Soumy qui résiste toujours depuis le premier jour. Les combats se rapprochent de Kiev, ils continuent à Tcherniguiv. Les forces ukrainiennes auraient lancé une contre-attaque autour de Kharkiv.
RFI rapporte que dans certaines villes du sud qui ont été prises par l'armée russe (Kherson, Melitopol), "la population est descendue dans la rue", en fait des centaines de personnes criant aux soldats russes "Rentrez chez vous !". Les soldats ont tiré en l'air.
–– Après 10 jours de guerre, Kiev fait état d'au moins 350 civils et plus de 11.000 soldats russes tués, sans mentionner ses pertes militaires. La Russie n'a plus donné de bilan depuis le 2 mars. Les bilans sont impossibles à vérifier de manière indépendante.
–– Naftali Bennett, Premier ministre israélien, tente une médiation dans le conflit entre la Russie et l'Ukraine.
–– En France, d'après le ministère de l'Intérieur, 41.600 personnes ont participé à des manifestations de soutien à l'Ukraine, dont 16.000 personnes à Paris,
–– Une manifestation de soutien à la guerre en Ukraine et à Poutine a été organisée par l'extrême droite hier soir à Belgrade. Les drapeaux serbes, russes, des républiques du Donbass et des portraits de Poutine ont été brandis au milieu de pancartes portant la lettre "Z".
–– Le FMI prévient dans un communiqué qu''une escalade du conflit en Ukraine aurait des conséquences économiques « dévastatrices » au niveau mondial. Les sanctions imposées à la Russie « auront aussi un impact substantiel sur l'économie mondiale et les marchés financiers, avec des effets collatéraux pour d'autres pays », ajoute le FMI.
Vendredi 4 mars
–– La ville de Marioupol est encerclée, coupée du monde. Après cette prise, la Russie contrôlerait totalement la mer d'Azov. Il ne restera alors plus qu'un seul débouché maritime à l'Ukraine, celui d'Odessa, sur la mer Noire. Plus loin, ce sera la Transnistrie et la Moldavie...
A l'est, les forces russes ont avancé plus loin que les limites du Donbass.
- Au sud, elles sont montées jusqu'à Zaporijia, sur le Dniepr. Elles ont pris le contrôle de la centrale nucléaire. Des tirs de chars et un bombardement ont provoqué un incendie... qui serait désormais éteint. Aucune fuite n'est détectée (AIEA). Les réacteurs ont été arrêtés, mais ils ne seront pas en sécurité tant qu'ils ne seront pas refroidis. Les combats ont cessé.
- C'est au nord qu'elles rencontrent le plus de résistance. A Kiev, les habitants se préparent à l'offensive annoncée de l'armée russe. Kharkiv, proche de la frontière russe, continue d'essuyer des bombardements, et ce, depuis le début de l'invasion. L'armée russe utilise des armes à sous-munitions dans les zones habitées. D'après l'ambassadeur d’Ukraine à Paris, « il ne reste pratiquement plus rien de certaines parties de Kharkiv ». La ville de Balakliya près de Kharkiv serait tombée selon Reuters, citant Interfax.
–– L'OTAN rejette la demande de zone d'exclusion aérienne. « Nous ne faisons pas partie de ce conflit. Et nous avons la responsabilité de garantir qu'il ne dégénère pas et ne s'étend pas au-delà de l'Ukraine. Parce que cela serait encore plus dévastateur et plusdangereux », explique Stoltenberg. Zelensky dit regretter la décision "délibérée" de l'OTAN de ne pas instaurer de "no fly zone" en Ukraine.
–– Poutine parle comme un forcené qui veut tout faire pêter. Macron a joué hier le rôle du psychologue qui tente de le ramener à la raison et lui demande de rendre son arme.
Poutine a exprimé dans l'après-midi ce qu'il entendait par négociation: « La Russie est ouverte au dialogue avec la partie ukrainienne, ainsi qu'avec tous ceux qui veulent la paix en Ukraine, à condition que toutes les exigences russes soient satisfaites ».
–– Près de 7.000 scientifiques, mathématiciens et universitaires russes ont adressé à Poutine une lettre ouverte de protestation contre la guerre en Ukraine. Ils s'exposent à des peines d'emprisonnement, les autorités russes pouvant poursuivre tout citoyen qui critique le gouvernement ou prononce le mot "guerre". Ce qui fait dire aux opposants que Tolstoï, auteur de "Guerre et paix" serait mis en prison à moins de changer son titre en "Opération spéciale et paix".
Dans les grandes villes, les départs d’entreprises qui se désengagent de Russie se multiplient.
–– Le groupe pétrolier Loukoïl, qui n'est pas une entreprise publique (contrairement à Rosneft et Gazprom) demande un arrêt rapide de la guerre en Ukraine. « Nous prônons un arrêt rapide du conflit armé et soutenons sans réserve son règlement via un processus de négociation et des moyens diplomatiques », indique son conseil d'administration dans un communiqué.
–– Les autorités russes ont restreint l'accès aux sites de quatre médias: BBC, Deutsche Welle, le site indépendant Meduza et Radio Svoboda (antenne russe de RFE/RL financé par le Congrès américain). Le régulateur russe Roskomnadzor a ordonné le blocage de Facebook en Russie. Le réseau social ne fonctionne plus sans VPN. Il a également "restreint" l'accès à Twitter. L'agence Bloomberg et CNN suspendent l'activité de leurs journalistes... puis ARD, ZDF, RAI, TVE, CBS, NBC, F24, etc.
–– Les pays de l'UE se sont mis d'accord pour accorder une "protection temporaire" aux réfugiés fuyant les bombardements en Ukraine. Ils pourront séjourner jusqu'à 3 ans dans l'UE, période pendant laquelle ils pourront y travailler, recevoir des soins médicaux. Les enfants auront accès au système scolaire.
–– Le blé et le maïs ont bondi hier de plus de 20 € sur le marché européen, clôturant respectivement à 381,75 € et 379 €. Sur le marché de Chicago, le blé s'est envolé à plus de 11 $ le boisseau. C'est son niveau le plus élevé depuis 20 ans.
Le gaz naturel européen (TTF) a atteint le record de 213 € le MWh.
Jeudi 3 mars
–– L'armée russe progresse du sud au nord, du nord au sud et commence à prendre possession d'une partie substantielle de l'est de l'Ukraine. Elle passe aussi à une phase plus intensive de son offensive avec des armes plus lourdes, plus de moyens. Elle s'apprête à faire le même travail qu'elle a fait en Syrie: bombardements systématiques de zones résidentielles (habitations, écoles, hôpitaux) par missiles, sans discernement et sans scrupule. Aujourd'hui, au moins 33 morts dans une frappe sur des habitations de la ville de Tcherniguiv (nord de Kiev).
La prise de Kherson par l'armée russe lui ouvre la route d'Odessa, dernier port que contrôle encore Kiev. Prendre Odessa finaliserait "le pont de Novorussie" qui placerait la mer d'Azov sous la domination totale de la Russie.
« Nous allons reconstruire chaque immeuble, chaque rue, chaque ville et nous disons à la Russie: apprenez le mot "réparations". Vous allez nous rembourser pleinement tout ce que vous avait fait contre notre État, contre chaque Ukrainien », déclare Zelensky dans un message vidéo adressé à la Russie.
–– Reprise des pourparlers à Brest, une ville du Belarus dans la région de Belovezhskaya Pucha près de la frontière polonaise. A l'ordre du jour: des couloirs humanitaires.
–– Poutine a livré à la télévision russe un délire paranoïaque. Il a martelé qu'il combattait des "néonazis" pour sauver Russes et Ukrainiens qui ne sont, selon lui, "qu'un seul peuple". Lors d'un entretien téléphonique avec Macron, Poutine a exprimé son intention de poursuivre son offensive en Ukraine "sans compromis". L'Elysée affirme que le but de Poutine est de "prendre le contrôle de toute l'Ukraine". Macron ressort de cet entretien d'une heure 1/2 complètement désabusé: « Le pire est à venir ». Et Zelensky de mettre en garde les pays occidentaux sur le risque encouru pour les pays baltes: « Si nous disparaissons (...), ensuite ce sera la Lettonie, la Lituanie, l'Estonie. Après ce sera la Géorgie, la Pologne jusqu'au mur de Berlin, croyez-moi »,a-t-il déclaré devant la presse dans un bunker.
–– Moscou a informé l’AIEA de la prise de contrôle par ses forces militaires du territoire entourant le site nucléaire de Zaporijia (sud-est). Avec 6 des 15 réacteurs du pays, il s’agit du plus grand site nucléaire d’Ukraine. Le Directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, a cru utile de rappeler que « toute action militaire ou autre qui pourrait menacer la sûreté ou la sécurité des centrales nucléaires ukrainiennes doit être évitée » et que « le personnel d’exploitation doit être en mesure de remplir ses fonctions de sûreté et de sécurité ». D'autres combats ont lieu à Energodar, près de la plus grande centrale nucléaire d'Europe.
–– A leur tour, la Géorgie et la Moldavie déposent officiellement leur candidature pour intégrer l'Union européenne. Les deux pays sont dans la ligne de mire de Moscou.
–– La radio Echo de Moscou a annoncé ce matin 7h son autodissolution après son interdiction d'antenne par les autorités. Son site ne communique plus d'informations [Le rapport en ligne est terminé].
–– Après avoir été autorisés dans un premier temps à participer sous bannière neutre, les athlètes russes et biélorusses sont finalement exclus des Jeux paralympiques de Pékin.
–– Le Brent a atteint la barre de 120 $ le baril, + 20 % sur la semaine.
–– Les agences de notation Fitch et Moody's ont dégradé la note à long terme de la Russie de 6 crans, la faisant passer respectivement de "BBB" à "B" et de "Baa3" à "B3", signifiant la présence de "risques de crédit notables" sur "sa capacité à assurer le service de la dette" (payer les intérêts). Les fournisseurs d’indices FTSE Russell et MSCI ont annoncé hier qu’ils retireront à partir du 7 mars les actions russes de tous leurs indices, qualifiant le marché boursier russe d' « ininvestissable ». La Banque mondiale a arrêté tous ses programmes en Russie et au Belarus.
Le fonds souverain de la Norvège, le plus gros du monde, a estimé ce matin que la valeur de ses actifs en Russie avait été divisée par 10 depuis le début de l'année. « Il se pourrait bien que (ces investissements) soient pour ainsi dire sans valeur », a déclaré le n°2 du fonds, Trond Grande, lors d'une conférence de presse.
Mercredi 2 mars
–– L'armée russe affirme ce matin avoir pris le contrôle de la ville stratégique de Kherson, à l'embouchure du Dniepr, après s'être emparé dans la nuit de la gare et du port. Sur la côte orientale de la mer d'Azov, Marioupol est prise en tenaille.
Un ultimatum a été adressé au maire de la ville de Konotop de 86.000 habitants (oblast de Soumy), lui intimant de se rendre sans quoi la ville serait "rasée" par l'artillerie.
Des troupes aéroportées ont attaqué Kharkiv dans la nuit alors que la ville est soumise à des pilonnages incessants.
Les forces russes concentrent leurs attaques sur la route nord entre Lubin et Kiev parce que c'est un axe par où passe le ravitaillement depuis la Pologne et que c'est par cette route que sont acheminées des armes.
–– Gare centrale de Kiev, des milliers de personnes tentent de prendre les derniers trains vers l’ouest de l’Ukraine. Kiev s'attend à des frappes sur le centre-ville avant un assaut que l'on dit "imminent".
La colonne de blindés observée hier sur la route de Kiev serait à l'arrêt à une trentaine de kilomètres de la capitale. D'après des informations rapportées par le Pentagone, l'armée russe ferait face à un manque de carburant mais aussi à un problème pour ravitailler ses milliers de soldats (ils seraient partis avec seulement 3 jours de ration). Problèmes toujours pas résolus. J'en parlais déjà il y a 48 heures... D'une certaine façon, cette colonne de chars fumants, bruyants, montés sur chenille, avançant lentement, donne l'impression d'une guerre du siècle dernier, un anachronisme mécanisé au milieu d'un monde numérique...
–– L’état-major ukrainien affirme que 5.840 soldats russes sont morts depuis le début des hostilités. Il n’est pas possible de vérifier ces données.
La presse étrangère souligne la mobilisation de la population et une détermination sans faille dans les rangs ukrainiens. En revanche, dans l'armée russe (dans laquelle figure des Ukrainiens), les semaines passées à attendre, les pertes des premiers jours de combat et les questions sur le sens de leur présence dans un "pays frère", doivent commencer à peser. Il y aurait (déjà) des désertions. Et puis, le froid, la neige... >> Les jeunes appelés des premiers jours (classe 2003-2004) ont été remplacés par des "durs" (parachutistes des forces spéciales, garde nationale tchéchène, Wagner..)
En soirée, le ministère russe de la Défense reconnaît pour la première des pertes: « Parmi les militaires russes, 498 ont été tués, 1.597 blessés ». Tout le monde s'accorde à dire que ce bilan est très minimisé. Si l'armée russe donne ce bilan, c'est que l'importance des pertes humaines la pousse à le faire. D'après Jirnov, il y aurait 7.000 morts côté russe, soit 1.000 par jour depuis le début de l'invasion, mais il ne cite pas ses sources. Blinken a déclaré que le bilan humain de l'invasion russe était déjà « ahurissant » et ne va que continuer à s'alourdir.
–– La Russie a bloqué l'accès à la dernière chaîne de tv indépendante, Dojd, et à une radio indépendante, l'Écho de Moscou. Il leur est reproché de ne pas suivre la ligne du Kremlin et de donner des informations sur la guerre. Le site de l'Echo de Moscou https://echo.msk.ru/onlines/2988333-echo/ continue cependant de donner des informations (dont je me sers). Par ailleurs, la police a confisqué les publications du groupe VK-Media après des Unes anti-guerre de plusieurs journaux, et a fait une perquisition dans les locaux de l'imprimerie Partisan Press à Moscou qui venait tout juste d'imprimer une affiche avec l'inscription "Tout le monde a besoin de paix". La Douma examinera vendredi "des amendements" visant à introduire une peine allant jusqu'à 15 ans de prison pour diffusion de "fausse information sur les actions des forces armées russes".
« Si le peuple russe voyait ce que Poutine fait en Ukraine, à quel point les Ukrainiens ont peur et combien de vies humaines il pourrait avoir sur la conscience, alors il renverserait le Kremlin » (Jean Asselborn, ministre des Affaires étrangères du Luxembourg)... D'où l'importance vitale pour le régime russe de verrouiller l'information.
–– ONU - Dans le cadre d’une session extraordinaire, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté par 141 voix une résolution (non contraignante) qui exige que la Russie « retire immédiatement, complètement et sans conditions toutes ses forces militaires" d'Ukraine et "condamne la décision de la Russie d'accentuer la mise en alerte de ses forces nucléaires ».
- 4 autres pays que la Russie ont voté contre, affichant leur soutien: Belarus, Corée du Nord, Erythrée, Syrie. Une belle brochette de dictateurs !
- Il y a eu 35 abstentions parmi lesquelles des pays alliés de la Russie ou sous influence chinoise:
Afrique du Sud, Algérie, Angola, Arménie, Bangladesh, Bolivie, Burundi, Centrafrique, Chine, Congo, Cuba, Guinée équatoriale, Inde, Iran, Irak, Kazakhstan, Kirghizstan, Laos, Madagascar, Mali, Mongolie, Mozambique, Namibie, Nicaragua, Ouganda, Pakistan, Salvador, Sénégal, Soudan, Soudan du Sud, Sri Lanka, Tadjikistan, Tanzanie, Vietnam, Zimbabwe;
- Et 10 absents ou non votants (NPPV): Azerbaïdjan, Burkina Faso, Eswatini, Ethiopie, Guinée, Liban, Maroc, Ouzbékistan, Togo, Turkménistan.
- A noter que les UAE qui s'étaient abstenus lors du vote au Conseil de Sécurité, ont voté la résolution, ainsi que l'ensemble des monarchies du Golfe. A noter aussi les votes condamnant la Russie du Venezuela (!) et du Myanmar.
–– Les USA vont interdire leur espace aérien aux avions russes, mesure déjà appliquée dans l'UE et au Canada. Cela va obliger les avions russes à de longs détours. On se demande comment le secteur aérien russe va pouvoir survivre aux sanctions économiques. Les sanctions privent en effet les avions russes de pièces de rechange et de service de maintenance. De plus, une partie de sa flotte appartient à des loueurs européens. La Russie est très dépendante des liaisons aériennes pour desservir son territoire qui s'étend sur 11 fuseaux horaires.
–– Pour la première fois depuis 2014, le baril de Brent a dépassé les 110 $ sur les marchés asiatiques. Les pays de l'OPEP+, qui se réunissaient par visioconférence pour discuter des moyens de contenir le prix du pétrole et l'empêcher de flamber, ont convenu « d'ajuster à la hausse leur niveau total de production de 400.000 barils par jour pour le mois d'avril 2022 »,... La hausse est tellement faible qu'elle ne se remarquera même pas.
Le prix du gaz en Europe a dépassé 2.000 $ par 1.000 m³ ou plus de 194 € le MWh.
–– L’UE va déconnecter (le 12 mars) 7 banques russes du système de messagerie financière Swift: Novikombank, Otkritie, Promsvyazbank, Rossiya, Sovcombank, Vnesheconombank et VTB. Sberbank (1ère banque du pays) se retire d'elle-même du marché européen. Gazprombank, établissement financier très lié au secteur des hydrocarbures est épargnée. L'UE craignait un effet boomerang, des pays comme l'Italie et l'Autriche étant très dépendants du gaz russe.
–– L'Ukraine était appelé le "grenier à blé" de l'URSS (son drapeau représente le jaune du blé sur un ciel bleu). Le pays est un contributeur indispensable à l'alimentation du grand village qu'est notre planète. Mais depuis une semaine, à cause de la guerre, 6 millions de tonnes de blé et 19 millions de tonnes de maïs sont bloqués, attendant d’être transportées par cargo. Les échanges sont à l'arrêt et les prix s'envolent. A la bourse de Chicago, le prix du blé a dépassé hier la barre psychologique des 10 $ le boisseau, plus haut que le pic de 2012, et celui du maïs, à 7,50 $, s'en approche. Après une baisse du niveau de vie causée par le Covid, les experts redoutent à présent des émeutes de la faim.
–– Répartition des réfugiés ukrainiens en Europe le 28/02/2022:
Pologne 281.300 / Slovaquie 30.000 / Hongrie 93.900 / Roumanie 34.300 / Moldavie 38.350 / Autres pays européens 40.750.
Le total faisait alors plus de 500.000. 48 heures plus tard, le chiffre est passé à 870.000, selon le HCR + 10 millions de personnes (d'après RFI confirmé le lendemain par le HCR) déplacées à l'intérieur du pays du fait de l'intensification des bombardements.
La bataille de Kiev - Kiev est une ville très étendue (plus de 800 km² = 8 fois Paris). La conquérir ne sera pas aisé. La contrôler sera une autre affaire pour les troupes russes soumise depuis le début de leur offensive à une forte résistance.
Une armée puissante peut s'emparer d'une ville en quelques jours. On a vu, en 2003, l'armée américaine déboulonner la statue de Saddam Hussein 19 jours après son entrée en Irak (sans déclaration de guerre). Mais elle n'en est sortie que 8 ans plus tard. L'occupation est vite devenue un bourbier.
L'armée soviétique a pourtant fait l'expérience d'une intervention de 10 ans en Afghanistan (1979-1989) qui s'est révélée désastreuse. Cet échec a eu un effet d'accélérateur sur l'effondrement de l'URSS et la dislocation de l'empire...
Poutine, qui n'a pas retenu la leçon, connaitra le même sort. Sa guerre va vite devenir très impopulaire, avec une monnaie qui s'effondre et une inflation qui explose. Sans argent, comment va-t-il continuer cette guerre, surtout si elle dure ?
Son issue se joue en Russie, dans les grandes villes. Elle est appelée à prendre forme à travers un mécontentement encore embryonnaire, jusque là jugulé par les Omoh, mais qui ira en s'amplifiant. Poutine sera renversé d'une façon ou d'une autre.
C'est une guerre de fin de règne. Poutine est déjà mort.
Moscou rassemble ses troupes, la bataille pour Kiev se profile à l'horizon
par Daphné Rousseau, avec Andrea Palasciano à Moscou
AFP, TV5 Monde - 01 mar 2022
https://information.tv5monde.com/info/moscou-rassemble-ses-troupes-la-bataille-pour-kiev-se-profile-l-horizon-446802
Des photos satellites montrent mardi un convoi russe s'étirant sur des dizaines de kilomètres et progressant lentement vers la capitale ukrainienne. (...)L'état-major de l'armée ukrainienne a affirmé mardi que les forces russes s'étaient regroupées au cours des dernières 24 heures, rassemblant des véhicules blindés et des armes d'artillerie "avant tout pour encercler et prendre le contrôle de Kiev et les autres grandes villes de l'Ukraine". (...)
Les défenseurs de la capitale, sous couvre-feu tout le weekend, ont érigé des barricades de fortune et ont reprogrammé des panneaux électroniques publics pour prévenir les Russes qu'ils seraient accueillis "par des balles".
Si les troupes russes paraissent se mettre en ordre de bataille pour tenter de nouveau de capturer Kiev, elles ne délaissent pas pour autant les autres grandes villes ukrainiennes. (...) Des immeubles résidentiels de plusieurs villes ont été ciblés faisant des blessés, d'après l'agence de presse Interfax-Ukraine [Deux missiles sont tombés hier sur la place centrale de Kharkiv; ndc]. (...)
De son côté, la Russie a émis ses conditions pour terminer cette guerre lors d'un échange lundi avec son homologue français Emmanuel Macron, le président en exercice de l'UE: reconnaissance de la Crimée en tant que territoire russe, démilitarisation et "dénazification" de l'