Le Monde d'Antigone

Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
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Dernière mise à jour : 16.09.2025
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La faune sauvage sous la menace des incendies

Publié le 18/08/2021 à 01:58 par monde-antigone

 
Plusieurs pays du pourtour méditerranéen connaissent leurs pires incendies depuis des décennies.
Les plus grosses concentrations de points rouges se trouvent:
- dans la province d'Olténie, dans le sud de la Roumanie, sur la rive gauche du Danube;
- en Grèce, sur l'île d'Eubée;
- sur la côte Adriatique, notamment le sud: Montenegro et Albanie;
- tout le sud de l'Italie, en particulier la Sicile;
- la Kabylie, partie orientale de l'Algérie;
- et en Israël.
Il y a des concentrations ponctuelles en Turquie, à l'est d'Antalya et autour de Mugla; en Sardaigne pas loin d'Alghero; et en France dans le Var.


La faune sauvage sous la menace des incendies
par Laure Fillon
AFP, TV5 Monde - 17 aot 2021
https://information.tv5monde.com/info/la-faune-sauvage-sous-la-menace-des-incendies-420836


Lynx du désert, cerf corso-sarde, oiseaux, rongeurs et reptiles... Le WWF [Fonds mondial pour la nature] s'inquiète des conséquences des incendies qui ravagent le bassin méditerranéen et la Russie pour une partie de la faune sauvage, dont elle a commencé à dresser la liste. "Au niveau mondial, les incendies d'origine humaine compromettent la survie de la faune sauvage, tuée ou blessée par le contact direct avec les fumées et les flammes ou qui souffre d'une destruction importante de son habitat", explique à l'AFP Margaret Kinnaird, responsable faune au WWF.

Difficile toutefois de savoir quel sera l'impact exact sur chaque espèce, en particulier celles déjà menacées, complète Craig Hilton-Taylor, responsable de la Liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de nature (UICN). Cette liste répertorie les espèces animales et végétales en fonction de leur risque d'extinction. "Il y a tellement de feux qu'il est impossible de savoir ceux qui sont sérieux et auront un impact", qui dépend également de la capacité des espèces à fuir ou à résister aux flammes, "certaines pouvant même prospérer après un incendie". Bref état des lieux:

- Turquie -
Selon les premières observations du WWF, "les forêts et les montagnes des provinces de Mugla et d'Antalya, où résident les espèces iconiques du caracal (ou lynx du désert, un félin) et de la chèvre sauvage égagre, ont subi des dégâts importants". Ces territoires abritent aussi une espèce endémique de rongeur, le lérotin laineux, poursuit WWF. "Les populations locales de 121 espèces en danger pour Antalya et 87 espèces menacées pour Mugla pourraient avoir été touchées, dont cinq espèces de hibous, cinq de pics, 21 de reptiles et d'amphibiens", précise l'ONG.

- Grèce -
WWF parle de "catastrophes majeures", "les feux de forêt récents ayant frappé des écosystèmes vitaux et d'innombrables animaux sauvages et domestiques". "Le nord de l'Attique est la seule zone dans le sud de la Grèce où vit toujours le cerf élaphe, en danger critique d'extinction" dans le pays. Le plus grand cervidé des forêts d'Europe a souffert du braconnage et de la destruction de son habitat. Cette zone abrite aussi deux meutes de loups gris, espèce protégée au niveau européen et est une zone importante pour les animaux vivant dans les forêts de conifères (renards, écureuils, bécasses), explique WWF.

- Italie -
Le parc national de l'Aspromonte, qui s'étend sur une majeure partie de la région de la Calabre, a connu plusieurs incendies. Il abrite, entre autres, un petit rongeur rare endémique de la zone, semblable à un loir (Dryomys nitedula aspromontis) et des arbres centenaires. "En Sardaigne, une des régions les plus riches en biodiversité de la Méditerranée, les flammes menacent aussi la survie de plusieurs espèces endémiques", s'inquiète WWF, dont le cerf sardo-corse, sauvé de l'extinction dans les années 1980, la perdrix gambra et le lièvre sarde. Les feux ont aussi tué un nombre important de reptiles, dont des tortues bordées, déplore l'ONG. "Toute destruction d'habitats forestiers dans le centre et le Sud de l'Italie, comme ceux détruits par les flammes dans les Abruzzes, en Sardaigne, dans les Pouilles et en Sicile, a un fort impact sur la vie sauvage et des écosystèmes importants déjà menacés par la fragmentation, la transformation des terres, la chasse, le braconnage et l'exploitation forestière illégale", insiste WWF.

- France -
Un violent incendie dans le sud a ravagé pour partie la réserve naturelle de la plaine des Maures, l'un des "derniers spots à abriter la tortue d'Hermann, dernière tortue terrestre d'Europe" indique à l’AFP Concha Agero, directrice-adjointe de l'Office français de la biodiversité (OFB). La tortue d'Hermann ne vit en France que dans le Var et en Corse. Sa population est estimée à 15.000 dans le Var, dont 10.000 sur la seule réserve. "On espère que comme lors de précédents feu, elle s'est enfouie sous terre et que certaines ne sont que partiellement brûlées", ajoute-t-elle. [En 2019, les dernières statistiques disponibles indiquaient que quelque 15.000 hectares de forêt avaient brûlé en France, soit l'équivalent de 21.000 terrains de football. En 2017, jusqu'à 23.000 hectares avaient brûlé. Depuis 2006, les moyens de lutte et de prévention se sont améliorés, mais les territoires touchés sont plus étendus et remontent progressivement vers le nord. Les effets du changement climatique (baisse de la pluviométrie, sécheresses plus fréquentes, canicules à répétition... ) font craindre le pire.; ndc]

- Russie -
En Russie, les vastes forêts de la république sibérienne de Iakoutie sont en proie aux flammes "qui menacent de nombreux grands animaux vivants dans les aires protégées de la région", des espèces communes dans cette zone comme le wapiti, le renne sauvage, le chevreuil, l'ours brun, le glouton, le lynx et l'écureuil volant et des espèces plus rares comme le cerf porte-musc (reconnaissable à ses deux canines supérieures en forme de longs crocs effilés), le mouflon des neiges, une espèce de marmotte, la grue blanche, la grue noire, le faucon gerfaut, le faucon pèlerin, le pygargue à queue blanche et l'aigle royal, énumère le WWF.


Des espèces entières d'animaux sauvages menacées par la multiplication des incendies
par Lou Roméo
RFI - 19 aot 2021
https://www.rfi.fr/fr/environnement/20210819-des-esp%C3%A8ces-enti%C3%A8res-d-animaux-sauvages-menac%C3%A9es-par-la-multiplication-des-incendies


Tortues d’Hermann, lynx du désert, oiseaux, amphibiens et reptiles… Les incendies massifs qui ont ravagé la planète cet été mettent en danger la faune sauvage à court comme à long terme. Les associations écologistes s’inquiètent de la fréquence de ces catastrophes, imputables à l’activité humaine.

L’été 2021 a été rythmé par le départ d’incendies hors norme, autour du bassin méditerranéen mais aussi au Canada, aux États-Unis et en Russie. Le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat (GIEC), sorti le 9 août dernier, impute leur fréquence et leur intensité au réchauffement climatique et aux vagues de sécheresse, deux phénomènes directement causés par l’activité humaine. En plus de mettre en danger les infrastructures et la vie des populations, ces feux géants fragilisent durablement les écosystèmes, et les populations d’animaux sauvages en particulier.

« Certains feux peuvent être bénéfiques à l’environnement, amorce Céline Sissler-Bienvenu, chargée par le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW) du secours d’urgence aux animaux lors de catastrophes en Europe. Autour de la Méditerranée, des espèces végétales ont même besoin de leur capacité à régénérer les sols. Mais leur fréquence devient trop importante, et ils impactent à long terme la capacité des écosystèmes à se restaurer ».

Et qui dit environnement touché, dit animaux en danger. Dans le Var, un département du Sud de la France, un important incendie a dévasté en trois jours la moitié de la réserve naturelle de la Plaine des Maures, soit près de 5 000 hectares. « Je marche sur un épais tapis de cendre, le paysage est décharné à perte de vue, décrit Hélène Camoin, du Conservatoire d’espaces naturels de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, dépêchée sur place. C’est dramatique pour les 300 espèces animales et végétales qui y vivent. En particulier pour les populations de tortues d’Hermann ».

Cette espèce protégée de tortue terrestre, la dernière d’Europe, ne réside en France que dans le Var et en Corse. L’incendie risque de lui faire payer un lourd tribut : en 2017, un premier feu avait déjà tué 80 % des 10 000 tortues de la réserve. « On s’attend à un taux de mortalité similaire cette année, redoute Hélène Camoin. La fréquence des feux devient vraiment problématique. Si les incendies sont récurrents, c’est sans espoir pour les populations animales déjà fragilisées ».

Alors que les feux australiens ont tué en 2019-2020 près de trois milliards d'animaux, le Fonds mondial pour la nature (WWF) a commencé à lister les espèces les plus touchées par les incendies en Europe cet été. En Grèce, où 55.000 hectares ont brûlé, contre 1.700 en moyenne, on redoute l’affaiblissement du cerf-élaphe, le plus grand cervidé des forêts européennes, en danger critique d’extinction.

En Turquie, ce sont les espèces du lynx du désert et de la chèvre sauvage égagre qui ont été les plus fragilisées par les récents incendies des provinces de Mugla et d’Antalya, à l’ouest et au sud du pays. En Russie, on s’inquiète pour le wapiti, un renne sauvage, l’ours brun, le chevreuil, le glouton, le lynx ou encore l’écureuil volant des forêts sibériennes, dont 15 millions d’hectares sont partis en fumée. Et la liste est longue… 

« Les incendies font peser un lourd danger sur la faune sauvage, déplore Céline Sissler Bienvenu. Les animaux peuvent être brûlés ou intoxiqués par les fumées. » Si la majorité des espèces parvient généralement à s’enfuir, alertée par l’odeur du feu, les animaux les moins rapides sont particulièrement en danger. « À court terme, les reptiles et les amphibiens font partie des plus touchés par les feux, puisqu’ils sont trop lents pour s’enfuir, explique Céline Sissler-Bienvenu. Ils cherchent à se protéger en s’enterrant, ou en se cachant sous des troncs et des rochers, à condition qu’il y en ait à proximité ».

Dans la zone inspectée par Hélène Camoin et son équipe, les 26 tortues d’Hermann retrouvées vivantes s’étaient ainsi réfugiées sous des rocs pour se préserver de la chaleur et de la fumée. Mais ce repli n’est pas toujours possible, et la fuite des animaux peut également être empêchée par des obstacles naturels ou parce qu’ils sont désorientés par la fumée.

Avec l’IFAW, Céline Sissler-Bienvenu milite pour le développement d’un protocole de sauvetage des animaux sauvages blessés lors des incendies et la mise en place d’escouades spécialisées. « Je comprends que la priorité soit donnée à l’humain lors des catastrophes, affirme-t-elle, mais il serait bien que le secours immédiat donné aux animaux se développe davantage. Lorsqu’on voit l’effondrement la biodiversité, il est important de limiter les risques pour les animaux sauvages et de tout faire pour en sauver le plus possible ».

D’autant que les animaux sauvages blessés pâtissent souvent de la bonne volonté des humains qu’ils croisent sur leur chemin: des gestes de soin mal exécutés aggravent les blessures et en provoquent de nouvelles. D’où l’importance pour l’IFAW de mettre en place des équipes de soigneurs formés au secours animalier. « Si vous êtes confronté à un animal blessé, martèle Céline Sissler-Bienvenu, il vaut mieux appeler les autorités plutôt que d’essayer de l’aider et risquer de lui faire du mal ».

Mais au-delà de ces conséquences immédiates, les incendies bouleversent les milieux naturels sur le long terme. Une fois éteinte, la zone dévastée ne redevient pas en effet forcément habitable pour les espèces qui la peuplaient. « Après un feu, les plans d’eau sont contaminés par de la suie et sont impropres à la consommation, expose Cécile Sissler-Bienvenu. La végétation est détruite. Sans ressources alimentaires, les animaux sont vulnérables et ils doivent se déplacer vers un territoire préservé, ce qui leur fait courir des risques, comme traverser une route par exemple. »

Privés d’un habitat adéquat, certains animaux, notamment des oiseaux, des amphibiens et des reptiles, suspendent même leurs cycles reproductifs, un danger supplémentaire pour la survie des espèces. « La tortue d’Hermann met dix ans à atteindre sa maturité sexuelle, soupire Hélène Camoin. Si les individus rescapés suspendent leur reproduction, faute de bonnes conditions, ou si le ratio entre les sexes des survivants n’est pas équilibré, les populations ne se reproduiront plus et on perdra en viabilité ». 

Les associations essaient donc de restaurer les écosystèmes brûlés en plantant de la végétation et en surveillant les zones préservées. « Certains sites ont été épargnés par le feu, cela nous laisse donc un espoir, conclut Hélène Camoin. Mais à l’avenir, il faudra qu’on soit très vigilants, car ils représentent le dernier espoir pour l’espèce. La fréquence des futurs incendies sera déterminante ».