Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
syndicats et toute forme de gestion et de pouvoir.
Rassembler des foules sous un même drapeau
trouve toujours son origine dans une imposture.
Seule une révolution mettra fin à un système
dont l'obsession de l'argent entraine l'humanité
vers la catastrophe.
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Date de création : 10.03.2011
Dernière mise à jour :
14.11.2025
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Un "dôme de chaleur" au-dessus de l'ouest du Canada provoque des records de température de 10 à 15°C supérieurs à la normale. Des alertes à la chaleur ont été déclenchées dans trois provinces (Colombie britannique, Alberta et une partie de la Saskatchewan) et deux territoires arctiques (Yukon et des Territoires du Nord-Ouest).
La ville de Lytton, au nord de Vancouver, a été évacuée mercredi en raison des incendies. Le thermomètre y a grimpé dimanche jusqu'à 46,6°C. C'est un record de chaleur pour une commune située au-delà du 45° de latitude nord. Le précédent record de 45 °C dans deux villes de la Saskatchewan datait du 5 juillet 1937. Les hautes pressions qui emprisonnent l'air chaud a généré de nouveaux records au cours de la semaine dans cette région.
« Nous n’aurons pas de moyennes à 50 °C sur une journée en France, mais qu’on atteigne un jour en début d’après-midi cette température un peu mythique me paraît de l’ordre du possible » (Françoise Vimeux, climatologue à l’IRD - Institut de recherche pour le développement - répondant à Libération)
L’ouest du Canada suffoque sous une vague de chaleur record
par Alexis Garcon
Reporterre - 29 jun 2021
https://reporterre.net/L-ouest-du-Canada-suffoque-sous-une-vague-de-chaleur-record
MONTREAL - Les écoliers d’une quinzaine de districts scolaires de la Colombie-Britannique sont restés chez eux lundi 28 juin. Il faisait trop chaud pour tenter d’apprendre quoi que ce soit. Assez pour que des magasins et restaurants baissent le rideau et que des rendez-vous de vaccination contre le Covid-19 soient décalés.
Les employés provinciaux qui décrochent lorsqu’on appelle le 911, le numéro d’urgence, eux, n’ont pas chômé. Entre vendredi et lundi matin, le téléphone a sonné plus de 230 fois pour des insolations et des cas d’épuisement liés à la chaleur, d’après le média public CBC. En un mois, c’est une moyenne 20 fois supérieure à l’an dernier. « Les ambulanciers et les répartiteurs sont à bout de souffle », dit sur les ondes de la radio publique canadienne Troy Clifford, président des ambulanciers de la province.
Ces derniers jours, le mercure a grimpé au-delà des 45°C dans plusieurs villes, et avec l’indice humidex, les habitants de la vallée du Fraser, à l’est de Vancouver, pouvaient avoir l’impression qu’il faisait plus de 50°C. L’agence fédérale environnementale parle d’une « vague de chaleur prolongée, dangereuse et historique ».
Le climatologue d’Environnement Canada David Phillips évoque, sur les ondes de CBC, « un dôme thermique de haute pression au-dessus de certaines parties de l’ouest, qui crée un effet comparable à celui d’un couvercle qu’on poserait sur de l’eau bouillante ». Cette masse d’air chaud stagnante n’est pas une invitée surprise au-dessus du 49e parallèle. Comme souvent, elle remonte du Mexique en longeant l’Ouest américain. Mais elle monte plus haut vers le nord que d’habitude et se double ici d’un anticyclone qui encapsule l’air chaud à haute pression. « La température continue de monter, et il n’y a pas de vent non plus pour faire bouger les masses d’air », explique David Phillips.
La météorologue de CBC Johanna Wagstaffe parle d’un effet direct du changement climatique et assure que d’autres vagues du même genre vont se fracasser sur le pays les étés qui viennent. Avant que le mercure ne s’envole ces derniers jours, le dernier record de chaleur au Canada datait de 1937, avec 45 °C, relevés dans les prairies de la Saskatchewan.
La fonte des glaciers et du manteau neigeux de la chaîne côtière Pacifique s’accélère et ce sont les rivières qui trinquent. Des habitants de la vallée de Pemberton, au nord de Vancouver, ont reçu l’ordre d’évacuer leurs logis, car les cours d’eau sortent de leur lit. Les autorités régionales demandent aussi d’éviter de se promener sur les sentiers, à cause des risques en hausse d’inondation. La canicule élève aussi la pollution au niveau du sol. Vancouver alerte sur un haut niveau d’ozone troposphérique, lié à des réactions entre l’oxyde d’azote, un produit de la combustion des énergies fossiles, et des composés organiques volatils, qui augmentent quand l’air chaud stagne.
La vague de chaleur pourrait commencer à se dissiper mercredi 30 juin dans certaines régions du sud de la Colombie-Britannique, mais reste bien ancrée au-dessus de l’Alberta, la Saskatchewan et des Territoires du Nord-Ouest pour les jours à venir. De quoi effrayer les producteurs de bleuets, qui ont peur pour leurs récoltes. Pendant ce temps-là, preuve que le pays est immense et que les extrêmes s’y frôlent, Environnement Canada envoie des avertissements de gel pour Terre-Neuve-et-Labrador, à l’est. Un coup de froid qui pourrait, lui aussi, abîmer les cultures.
Canicule au Canada
Comment Lytton, le village en proie à des températures flirtant avec les 50 °C, a été dévoré par les flammes
par Marie-Adélaïde Scigacz
France Télévisions, Franceinfo: - 02 jul 2021
https://www.francetvinfo.fr/meteo/climat/recit-il-ne-reste-plus-rien-de-notre-ville-comment-lytton-le-village-canadien-en-proie-a-des-temperatures-flirtant-avec-les-50-c-a-ete-devore-par-les-flammes_4685911.html
Depuis fin juin, cette petite commune rurale de l'Ouest canadien vit un enfer. Accablée par une chaleur record, elle a été ravagée par un incendie en l'espace de quelques heures. Franceinfo revient sur la descente aux enfers d'un petite ville sans histoire, victime soudaine du dérèglement climatique.
Que reste-t-il de Lytton ? A son plus grand regret, cette petite commune de Colombie-Britannique, au Canada, fait la une de l'actualité. Son maire, Jan Polderman, l'a confié à la presse locale: il aurait aimé qu'elle fasse les grands titres pour sa qualité de vie. Mais après avoir battu le record de chaleur pour le Canada, ainsi que le record de chaleur pour une commune située au-delà du 45° de latitude nord, en flirtant avec les 50 °C, Lytton a peut-être été, jeudi 1er juillet, rayée de la carte.
Lundi 28 juin: Un record de chaleur en vue
Lytton héberge 249 âmes. Ce petit village de Colombie-Britannique, à environ 260 km au nord-est de Vancouver, fait la une de l'actualité. En ce lundi, elle vient de battre un record de chaleur: 46,6 °C. La température la plus élevée jamais enregistrée au Canada. L'ancien record – 45 °C, relevé dans deux stations de l'Etat de la Saskatchewan, en 1937 – a été pulvérisé. Environnement Canada a émis des alertes pour la Colombie-Britannique, l'Alberta et certaines parties de la Saskatchewan, du Yukon et des Territoires du Nord-Ouest. Mais déjà l'agence prévient que les hautes pressions qui emprisonnent l'air chaud dans la région devraient générer de nouveaux records pendant la semaine.
Lytton est une petite commune rurale, entourée de montagnes, à la confluence de deux rivières. Dans la région, elle est connue des amateurs de rafting, mais aussi en tant que "hot spot", un point chaud, où l'été, il est courant de dépasser ponctuellement les 40 °C. Mais cette fois, un "dôme de chaleur" installé sur le nord-ouest américain fait cuire l'Ouest sauvage. Et, en ce lundi, un nouveau feu de forêt se déclare au nord de la ville de Kamloops, à quelque 200 km à l'Est.
Mardi 29 juin: 49,5°C au thermomètre
Le record de la veille est battu. Pulvérisé même. A la station météorologique de Lytton, le mercure affiche désormais 49,5°C. Dans ces conditions, il a fallu moins de 24 heures pour que le feu de Sparks Lake s'étende sur 2 300 hectares, provoquant l'évacuation de 150 propriétés, écrit la presse locale*. Partout où ils interviennent, les soldats du feu doivent composer avec ces conditions extraordinares. Les moteurs des hélicoptères surchauffent et les engins, soumis à rude épreuve, peinent à transporter autant d'eau que nécessaire. "La fumée est visible depuis Kamloops et les villages alentour", poursuit News 1130. Alors à Lytton, Jan Polderman, le maire du village, invite ses administrés à la prudence: en raison de la sécheresse et de l'extrême châleur, le moindre mégot de cigarette est susceptible d'enflammer la région.
Les quelques incendies en cours dans les environs dégradent déjà considérablement la qualité de l'air. Interrogé par News 1130, le maire assure que la majorité des habitants sont ainsi cloitrés chez eux. Les conditions sont "insupportables", explique-t-il, pour les humains, qui cherchent l'ombre dès qu'ils mettent le nez dehors, comme pour la végétation : "Nous voyons ce que les températures de plus en plus élevées avec le réchauffement climatique font aux arbres et aux buissons, explique-t-il sur News 1130. Les feuilles se recroquevillent, elles sont brûlées par le soleil. En journée, les arbres s'affaissent sous l'effet de la chaleur. Ce n'est pas bon".
Le feu de George Road, à 7 km au sud de Lytton, grandit lui aussi. Déclenché le 16 juin, il a gagné une superficie proche des 350 hectares. Un nouvel incendie, le feu de fôret de Conte Creek, lui aussi attribué à une cause humaine, vient d'apparaître au nord de Lytton. Quand la chaîne en fait mention, il ne fait "que" 1,5 hectare. Dans le village, où l'on suffoque, on espère que les températures baisseront un peu.
Dans quelques heures, un petit vent se lèvera. Il permettra bien de perdre quelques degrés. Mais il mènera aussi Lytton à sa perte.
Mercredi 30 juin: 15 minutes pour quitter la ville
L'ordre d'évacuation est tombé dans la soirée: dans un message à ses administrés, le maire de Lytton, Jan Polderman, leur demande de quitter la ville et de se mettre à l'abri. "C'est très grave. Toute la ville est en feu, déclare-t-il sur CBC News, le média national. Il y a eu 15 minutes entre le premier signe de fumée et, soudainement, des flammes partout." Lui est parti vers le Sud, en direction de la petite ville de Boston Bar. Dans le chaos, d'autres ont rejoint Lillooet, au Nord, ou Merritt, à l'Est. Depuis plusieurs jours, les pompiers affrontent deux feux de forêts, mais c'est un troisième feu, déclaré en fin d'après-midi, qui a pris cette petite communauté de court.
C'est "partout où l'on regarde." Partout, les flammes. A Lytton, les pins qui jonchent la route, les commerces et les voitures garées dans la rue partent en fumée, comme le montre une vidéo relayée par la presse locale et tournée par des habitants en fuite.
Quand le feu s'est déclaré, les autorités de la ville ont demandé à Edith Loring-Kuhanga, directrice d'école, d'y monter un point de rassemblement. Mais la vitesse à laquelle le feu s'est propagé ne lui en laisse pas le temps. Au milieu d'une caravane de véhicules transportant une centaine d'habitants, elle a finalement fui pour Lillooet. "Il ne reste plus rien de notre ville", regrette-t-elle, interrogée par CBC Radio. "Nous sommes tous sous le choc." "Nous n'avons pas eu le temps de réfléchir", abonde Robert Leitch, un élu municipal, cité par Global News. "Juste rassembler des affaires, les mettre dans la voiture, alerter les voisins et partir". Dotti Phillips peut ainsi remercier la bienveillance d'un autre habitant. "S'il n'était pas venu [nous dire de partir], 15-20 minutes plus tard nous aurions été dans la maison quand elle a pris feu", raconte-t-elle.
Jean McKay a elle aussi quitté soudainement sa maison de Kanaka Bar, une communauté des Premières Nations à une quinzaine de kilomètres de Lytton. Pas le temps de faire ses bagages, même si, dans la précipitation, sa fille a sauvé un portrait de son grand-père. "Elle m'a dit: 'Je ne sais même pas pourquoi je prends mes clés.", raconte-t-elle à Global News, convaincue qu'il n'y aura plus de maison à retrouver quand tout cela sera fini. Avec sa mère, ses deux filles et sa petite-fille, Jean s'est réfugiée à Boston Bar, dans l'établissement où elle travaille comme responsable du nettoyage.
A Merritt, l'accueil s'organise. Sur Twitter, la mairie tente d'orienter les évacués de Lytton vers des lieux d'hébergément. Dans ces communautés rurales, il faut aussi préparer l'accueil du bétail, pour venir en aide aux fermiers dont les exploitations ont été rattrapées par les flammes. Les hôtels font de la place pour les voisins de Lytton, en coordination avec la Croix-Rouge, tandis que les particuliers ouvrent leurs portes, comme à Ashcroft, rapporte News 1130. Mais à Merritt, les autorités demandent aux habitants de "garder les habitants de Lytton dans leur prière et leurs pensées" plutôt que d'intervenir, "à ce stade".
Un nouveau feu se déclare à McKay Creek, proche de la ville de Lillooet, au nord de Lytton. Le média local News 1130 explique que la chaleur extrême et la sécheresse sont à l'origine de ce nouveau départ de feu. Rapidement, il est incontrôlable et se répand sur 5 000 hectares, devenant le plus important feu de la région. Mae Webster, cheffe des services de protection de l'environnement, de la santé et de la sécurité à Merritt, la ville voisine, confirme: "L'hôpital, la rue principale et la station d'ambulance de Lytton ont brûlé. Nous avons l'impression que beaucoup d'habitants sont partis vers le Sud, car il est impossible de quitter Lytton par le Nord à ce stade", dit-elle à la radio locale Q101 FM.
Jeudi 1er juillet: Prendre la mesure de la catastrophe
Le jour se lève sur Merritt. Sur place, nul ne sait ce qu'il reste du village de Lytton. "Nous craignons que le petit village de Colombie-Britannique ait été détruit (...). Il y a la crainte que certains ne soient pas parvenus à en sortir", tweete la journaliste Monika Gul sur place. Dans un centre d'accueil, elle interroge les sinistrés. "Beaucoup de gens n'ont même pas pu parler à leur femme ou à leur mari. Ils ne savent pas ce qui leur est arrivé", lui confie un rescapé.
Quatre pompiers et un véhicule ont pris la route de Lytton, pour venir en aide à leurs collègues sur place. Les pompiers de l'Etat de Colombie-Britannique sont mobilisés eux aussi. Mais avec des températures qui se maintiennent souvent au-dessus de la barre des 40 °C et une végétation asséchée, difficile de contenir les flammes.
Impossible de savoir si Lytton a battu, en cette journée tragique, un nouveau record de chaleur. La station météo a arrêté de transmettre ses informations. Elle est vraisemblablement, elle aussi, partie en fumée. [Un incendie de forêt a effectivement brûlé près de 90 % du village de Lytton; ndc]
>> A ce jour, le bilan est de 700 morts et un millier de déplacés.
Vendredi, le nombre d'incendies dans la province de Colombie-Britannique augmentait. Les autorités en recensaient 152, dont 89 au cours des deux derniers jours, la plupart au nord de la ville de Kamloops.