Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
syndicats et toute forme de gestion et de pouvoir.
Rassembler des foules sous un même drapeau
trouve toujours son origine dans une imposture.
Seule une révolution mettra fin à un système
dont l'obsession de l'argent entraine l'humanité
vers la catastrophe.
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Date de création : 10.03.2011
Dernière mise à jour :
18.11.2025
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Depuis janvier 2018, les autorités du Mali, du Niger et du Burkina Faso ont perdu le contrôle d'une grande partie de leurs territoires respectifs. Si l'essentiel des combats et des embuscades dans lesquelles tombent les armées régulières se concentrent dans une zone à l'intersection des frontières des trois pays, les jihadistes ont progressé par le nord et l'est du Burkina Faso. Ils se sont emparés d'une quantité de villages abandonnés qu'ils ont transformés en bases d'entraînement. Ils menacent aujourd'hui directement le Bénin et le Togo au sud. Bilan: plusieurs milliers de morts et plusieurs centaines de milliers de déplacés. Cette situation pousse les populations à se montrer hostiles aux forces étrangères vues comme des armées d'occupation.
L'envoyé de l'ONU pour l'Afrique de l'Ouest ne cesse de communiquer sur "la détérioration de la situation sécuritaire au Sahel". Devant le manque d'efficacité des troupes supplétives du G5-Sahel, et la fréquence des hommages aux Invalides à chaque retour de cercueils, la France aura deux solutions: soit s'engager et s'exposer davantage, au risque d'accroître les pertes – Macron a affirmé hier qu'il était prêt à réexaminer les modalités d'intervention –, soit battre en retraite, ce qu'elle a déjà commencé à faire sur le terrain (le fameux "repli stratégique"), en franchissant le fleuve Niger en début d'année et en se repliant dans la région du Gourma.
Le syndrôme du "traumatisme national" la guette comme d'autres armées modernes avant elle. D'ici qu'elle soit encerclée, ou qu'elle subisse un assaut sur sa base, comme les talibans ont su le faire en Afghanistan contre des troupes américaines beaucoup plus nombreuses...
La zone des "trois frontières", point brûlant de la guerre au Sahel
par Cyril Bensimon
Le Monde - 27 nov 2019
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/11/27/la-zone-des-trois-frontieres-point-brulant-de-la-guerre-au-sahel_6020752_3212.html
La situation sécuritaire se dégrade dans une région où trois groupes combattent les armées du Mali, du Niger et du Burkina Faso.
Dans la guerre au Sahel, la zone dite des "trois frontières", où se rencontrent sans délimitation physique les territoires du Mali, du Burkina Faso et du Niger, est depuis plusieurs années la région de tous les dangers. « C’est aujourd’hui l’épicentre militaire de la crise », convient une source officielle française. Avant que la France n’y perde 13 soldats, lundi 25 novembre, l’armée malienne y avait subi ces dernières semaines des pertes effroyables.
49 militaires avaient été tués lors de l’assaut du 1er novembre contre la garnison située à Indelimane, au moins 38 autres un mois plus tôt à Boulikessi. Les armées du Burkina Faso et du Niger voient elles aussi leurs rangs régulièrement décimés. Preuve de la dégradation ces derniers mois, la sous-secrétaire générale de l’ONU pour l’Afrique, Bintou Keita, a indiqué, le 20 novembre, devant le Conseil de sécurité, que, « depuis le début de l’année, le Burkina Faso a enregistré 489 incidents contre 150 à la même période en 2018, tandis que le Niger connaissait 118 attaques, contre 69 en 2018 ».
Les attaques sont le fait de trois groupes distincts. Le plus visible reste l’organisation Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) [ou ESGS en anglais], dont le chef historique, Adnane Abou Walid Al-Sahraoui, aurait, selon un observateur averti, été remplacé par un nouvel émir, Abdoul Hakim Al-Sahraoui. D’après le même interlocuteur, les quelques centaines de combattants de l’EIGS se divisent entre deux katibas (unités combattantes), l’une composée principalement d’un clan touareg et l’autre de membres de la communauté peule, cible privilégiée des recruteurs djihadistes. [Ne pas confondre l'Etat islamique au Grand Sahara avec l'Etat islamique en l'Afrique de l'Ouest, ou ISWAP en anglais, une faction de Boko Haram qui opère autour du lac Tchad commandée par Abou Musab al-Barnawi; ndc]
« L’EIGS a des capacités d’action dans les trois pays. C’est un acteur à l’agenda djihadiste pur et dur, qui nie les frontières et a pour projet d’instaurer un califat », détaille la source française précédemment citée. Dans le giron du Groupe pour le soutien de l’islam et des musulmans (GSIM) et affilié à Al-Qaida, un autre groupe, la katiba Serma, est aussi actif dans la partie malienne et se limiterait, selon les directives d’Iyad Ag Ghali – personnalité centrale du djihadisme au Mali –, à un agenda national. Dans le nord du Burkina Faso, en revanche, les attaques sont le fait d’Ansaroul Islam, un groupe apparu à la fin 2016, lui aussi constitué majoritairement de Peuls.
Si une concurrence existe entre ces différents mouvements, notamment pour attirer de nouvelles recrues, « la labellisation des groupes ne correspond pas à la réalité vécue par les acteurs. Les divergences qui existent entre les instances de l’Etat islamique et d’Al-Qaida ne se retrouvent pas forcément sur le terrain où les combattants s’identifient davantage à des personnalités qu’à des groupes », explique le chercheur Baba Dakono de l’Institut d’études de sécurité de Dakar.
Lors des opérations armées, les séparations peuvent être abolies. « Il est très probable que ce sont les mêmes hommes qui ont attaqué Boulikessi et Indelimane mais que l’EIGS et le GSIM se soient après répartis les communiqués de revendication », juge une source diplomatique. D’après elle, « plusieurs messagers ont été interceptés depuis 2017 alors qu’ils faisaient la navette entre des bases de l’EIGS au Niger et des groupes issus de la mouvance Ansaroul Islam au Burkina Faso, alors qu’historiquement, ces derniers sont plus proches du GSIM. »
Ces groupes djihadistes ont pu prospérer sur un terreau favorable fourni par la sécheresse et des rivalités historiques entre agriculteurs et éleveurs. La région est également riche en trafics. « Dans certains cas comme le trafic de drogue, les djihadistes laissent faire en prélevant des taxes. Dans d’autres, comme pour les armes ou les médicaments, ils interviennent directement en prélevant une part de la marchandise », relate Baba Dakono. « La situation dans cette zone des trois frontières a été un facteur accélérateur dans la constitution du G5 Sahel », admet-on à Paris.
Reste que cette force conjointe, qui regroupe également le Tchad et la Mauritanie et dont le principe est de permettre aux armées régionales d’intervenir chez le voisin, n’est toujours pas opérationnelle, 5 ans après l’annonce de sa formation. Pire, la collaboration entre gouvernants se révèle souvent compliquée, comme en témoigne la lettre envoyée le 18 novembre par le ministre de la défense du Burkina à son homologue malien pour se plaindre que, deux jours plus tôt, un détachement de son pays soit intervenu en territoire burkinabé. « Les militaires ont procédé à une répression contre les populations du village d’Abaye, occasionnant ainsi trois morts, des destructions massives d’infrastructures et de matériel… », écrit notamment le ministre.
Pour tenter de ramener la stabilité dans cette zone des trois frontières, Paris a sollicité l’appui du Tchad, qui devrait y envoyer des soldats. La France entend aussi, prévient notre source officielle, « systématiser les actions conjointes avec les armées du Mali et du Burkina Faso qui soutiennent mieux le combat quand elles sont au côté de “Barkhane”. » Et de conclure, « cela signifie plus de risques pour nos soldats et plus d’exigence politique vis-à-vis de nos partenaires ».
Sahel: Macron prêt à revoir les "modalités d'intervention" de la France
A.S. avec AFP, BFMTV - 28 nov 2019
https://www.bfmtv.com/politique/sahel-macron-pret-a-revoir-les-modalites-d-intervention-de-la-france-1814889.html
Emmanuel Macron a annoncé ce jeudi qu'il était prêt à revoir "les modalités d'intervention" de la France au Sahel et a réclamé à ses alliés une "plus grande implication" contre "le terrorisme" dans la région, après avoir reçu le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg.
Au Sahel, "la France est impliquée et agit pour le compte de tous. La mission qui est la nôtre là-bas est importante. Néanmoins le contexte que nous sommes en train de vivre au Sahel nous conduit aujourd'hui à regarder toutes les options stratégiques", a déclaré le président français, trois jours après la mort accidentelle de 13 militaires français lors d'opérations de combat dans le sud du Mali.
"Dans les prochaines semaines un travail en profondeur sera demandé au gouvernement et à nos armées pour regarder les modalités de nos interventions. Toute les options sont ouvertes. Dans ce contexte, une plus grande implication des alliés serait tout à fait bénéfique", a-t-il demandé, une semaine avant un sommet de l'OTAN à Londres. Cet appel s'adresse avant tout aux Européens, a précisé l'Elysée. "Proclamer son attachement à la sécurité collective ne suffit pas. Une véritable alliance, ce sont des actes, pas des mots", a ajouté Emmanuel Macron.
L'opération française Barkhane mobilise depuis août 2014 4.500 militaires dans la bande sahélo-saharienne, une étendue vaste comme l'Europe, en soutien aux armées nationales qui combattent des jihadistes affiliés à Daesh ou à Al-Qaïda. 13 militaires français de la force Barkhane ont péri lundi soir au Mali dans la collision de deux hélicoptères lors d'une opération de combat contre des jihadistes [Quand deux hélicoptères se rentrent dedans, c'est quand même le signe d'un certain désordre. L'explication de l'exécutif concernant la mission de nuit et le vol à basse altitude est tout sauf convaincante. On sait que les hélicoptères sont équipés de la vision nocturne qui permet aux pilotes de voir presque comme en plein jour.
Dans un communiqué, l'EI affirme avoir tendu une embuscade à un convoi de soldats français dans la région de Ménaka. Selon ce communiqué, un hélicoptère transportant des renforts a tenté d'atterrir sur le lieu de l'embuscade, mais il aurait été forcé de se retirer, "entrant en collision avec un autre hélicoptère"; ndc].
30/11/2019 >> Dans une lettre ouverte au général Burkhard, chef d'état-major de l'armée de terre, le patron de Charlie hebdo, Riss, écrit qu'il "ne mésestime nullement le dévouement de ceux qui se battent pour défendre des valeurs au service de tous". Il s'excusait pour des dessins en ligne qui avaient indigné le général, qui associent les décès des soldats français au Mali à une campagne de recrutement lancée récemment par l'armée française.
13/01/2020 >> Macron annonce l'envoi de 220 soldats supplémentaires au Sahel.
03/06/2020 >> Abdelmalek Droukdal, chef d'AQMI, est tué lors d'une opération des forces françaises au Mali. Trois hommes dominent désormais l’échiquier djihadiste au Sahel: Iyad Ag Ghali et Amadou Koufa côté AQMI, et Adnan Abou Walid Sahraoui pour l’Etat islamique.