Le Monde d'Antigone

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Le hirak à l'épreuve des rapports de force avec le pouvoir

Publié le 15/10/2019 à 00:58 par monde-antigone

 
Algérie: Le hirak à l'épreuve des rapports de force avec le pouvoir
par Hadjer Guenanfa
Le Point - 12 oct 2019
https://www.lepoint.fr/afrique/algerie-le-hirak-a-l-epreuve-des-rapports-de-force-avec-le-pouvoir-12-10-2019-2340880_3826.php


ALGER - Mardi 8 octobre, la 33e marche des étudiants a été réprimée par les forces de la police antiémeute dans la capitale et d'autres villes à travers le pays. Des cordons de sécurité ont été mis en place pour empêcher les manifestants d'avancer. Plusieurs personnes, dont des étudiants, ont été arrêtées et conduites vers des commissariats de police. En fin de journée, la majorité a été relâchée tandis qu'un groupe a été présenté devant un tribunal de la capitale puis placé sous contrôle judiciaire. Une première depuis le début du mouvement populaire en février dernier.

Jusque-là, les manifestations organisées les mardis par les étudiants, rejoints par des citoyens, et celles des vendredis ont été épargnées par les tentatives d'empêchement qui frappent désormais les actions de protestation à travers le pays. En effet, quelques jours plus tôt, soit le samedi 5 octobre, c'est un rassemblement de commémoration des événements du 5 octobre 1988 qui s'est terminé par l'interpellation de plusieurs dizaines de personnes. Même les journalistes présents sur place n'ont pas été épargnés, bien qu'ils aient été les premiers à être relâchés.

Les arrestations de manifestants et de militants ne datent pas d'aujourd'hui. Après les premières marches du mois de février, les interpellations étaient rarissimes jusqu'au mois de juin. Cela a commencé par l'interdiction du port de l'emblème amazigh lors des manifestations. Les manifestants et militants arrêtés ont été, dans leur majorité, placés sous mandat de dépôt et poursuivis notamment pour « atteinte à l'unité nationale ». La vague des arrestations pour le port du drapeau incriminé s'est estompée au fil des vendredis.

Près de 90 détenus d'opinion
Les manifestations hebdomadaires se sont poursuivies sans drapeau amazigh dans la capitale. Les arrestations ont touché, quelques semaines plus tard, d'autres figures politiques, dont Karim Tabbou, responsable du parti non agréé, l'Union démocratique et sociale (UDS), Samir Benlarbi et Fodil Boumala, des activistes politiques. Le premier a été remis en liberté provisoire et interdit de toute activité politique avant d'être placé en détention une nouvelle fois le lendemain. Selon le collectif de défense, cet opposant est placé en isolement.

Au cours de cette dernière semaine, ce sont des militants, notamment des membres d'une association très active sur le terrain, le Rassemblement action-jeunesse (RAJ), qui ont été arrêtés. Parallèlement, des journalistes ont été interpellés. Fin septembre, Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé l'arrestation et mise sous mandat de dépôt d'un journaliste, Sofiane Merrakchi. Correspondant de la chaîne libanaise Al Mayadeen, producteur pour plusieurs chaînes de télévision, dont France 24, il est « soupçonné d'avoir fourni des images de manifestation à des médias étrangers, dont la chaîne Al Jazeera ».

La société civile commence à s'organiser. Un réseau de lutte contre la répression et le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) se constituent. Le CNLD donne régulièrement le bilan des interpellations, des arrestations et des mises sous mandat de dépôt. Le dernier remonte au 7 octobre. Les détenus d'opinion seraient près de 90. Des avocats militants des droits de l'homme se mobilisent pour défendre les personnes poursuivies. Lors d'une conférence de presse organisée le 7 octobre, ils évoquent la réalité des poursuites contre les militants et les manifestants.

« Quand on arrête quelqu'un pour un commentaire sur Facebook. Le juge d'instruction va enquêter sur quoi ? » se demande Me Abdelghani Badi, qui défend de nombreux militants. Ces derniers arrêtés pour le port du drapeau amazigh ou pour des déclarations sont placés sous mandat de dépôt en vue d'une instruction alors qu'ils pourraient être présentés selon la procédure du flagrant délit et jugés immédiatement, selon les juristes. « La détention provisoire est maintenant faite pour maintenir les gens en prison », s'indigne-t-il. « Les chefs d'inculpation se rapprochent et se ressemblent », poursuit l'avocat.

Il s'agit notamment de « l'atteinte à l'unité nationale » et de « l'atteinte au moral des troupes ». L'avocat et ancien président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) revient sur la forme adoptée pour les arrestations des militants politiques. « Des personnes étaient dans les cafés. Des éléments de la police judiciaire en civil arrivent et les arrêtent (…). Observez avec moi que les membres de la bande qui ont pillé le pays et cassé une nation (…). On leur envoie une convocation et ils arrivent avec le chauffeur au tribunal avec respect », remarque-t-il.

Des familles sont restées sans nouvelles de leurs enfants durant 24 heures, selon Me Mostefa Bouchachi qui dénonce un dépassement du Code de procédure pénale. L'avocat rappelle que certains détenus sont poursuivis pour des publications qui remontent aux mois d'avril et mai et dénonce une atteinte grave à la loi, à l'article 1 du Code pénal, qui stipule qu'il « n'y a pas d'infraction, ni de peine ou mesures de sûreté sans loi ». Me Noureddine Benissad, actuel président de la LADDH rappelle, quant à lui, le caractère pacifique des manifestations. « Dans tous les dossiers traités, il n'y a pas un acte de violence », insiste-t-il.

À la veille de la 34e marche du vendredi, la directrice d'Amnesty International Algérie, Hassina Oussedik, se dit « profondément préoccupée par un climat de répression qui s'instaure ces dernières semaines ». Elle cite la « recrudescence du nombre d'arrestations arbitraires de militants, de journalistes, d'avocats, d'étudiants, ou simples citoyens, en violation flagrante des droits garantis par la Constitution ». « Les autorités algériennes ne doivent pas briser le rêve et l'espoir des Algériennes et des Algériens qui revendiquent pacifiquement et fraternellement un État de droit et des droits humains », écrit l'ONG.

Pour le pouvoir, la majorité des revendications ont été satisfaites
À près de trois mois de l'élection présidentielle prévue le 12 décembre prochain, ces arrestations et incarcérations qui se multiplient semblent s'inscrire dans une nouvelle stratégie adoptée par les autorités. Pour elles, la majorité des revendications du hirak ont été satisfaites: le 5e mandat d'Abdelaziz Bouteflika qui était quasi acquis pour le clan présidentiel a été annulé. Le président déchu a même dû démissionner avant la fin de son mandat. Mieux, de hauts responsables et de nombreux hommes d'affaires faisant partie du cercle rapproché de la famille de l'ex-président ont été mis en détention.

Deux lois organiques relatives à l'Autorité nationale indépendante en charge des élections et au régime électoral ont été promulguées. Une Autorité nationale indépendante des élections (Anie) a été installée à l'issue des consultations menées par le panel chargé du dialogue et de la médiation. Elle récupère en la matière toutes les prérogatives de l'administration. « L'ère de la fabrication des présidents et des diktats est révolue. Ce n'est pas dans l'intérêt de l'Algérie que l'expérience de l'autorité échoue », a assuré Mohamed Chorfi, président de cette instance.

Des acteurs politiques qui se sont abstenus de se présenter pour les deux précédents scrutins programmés le 19 avril puis le 4 juillet tentent l'expérience, à l'image d'Ali Benflis. Pour le pouvoir qui exclut totalement l'idée d'une période de transition exigée par une partie de l'opposition, toutes les conditions sont désormais réunies pour aller vers l'organisation du scrutin. Pas question donc d'un 3e report. Selon lui, la contestation d'une élection le 12 décembre viendrait d'une minorité de perturbateurs et le scrutin constitue une solution adéquate vu la situation du pays.

Dans l'éditorial de son dernier numéro de sa revue mensuelle El Djeïch, l'armée a assuré que les prochaines « élections présidentielles se dérouleront dans des conditions complètement différentes de celles qui avaient prévalu lors des précédents rendez-vous électoraux, en ce qu'elles seront organisées à la lumière de données positives sans précédent, caractérisées par un contexte national en pleine mutation, que l'Algérie n'a pas connu depuis l'indépendance ». Elle a également rappelé avoir « pris toutes les dispositions à même de garantir le déroulement des élections dans un climat de sécurité, de calme, de sérénité et de quiétude ».

Mais… Une partie de l'opposition notamment celle regroupée dans les forces de l'alternative démocratique, de la société civile et de la rue n'entend pas les choses de la même oreille. Pour elles, les conditions nécessaires pour la tenue d'une élection transparente ne sont pas encore réunies. « Les conditions d'une élection régulière et transparente n'étaient pas réunies, elles le sont encore moins aujourd'hui. À mon sens, nous ne sommes pas dans un climat de nature à garantir le passage d'un système autoritaire à un système démocratique réclamé par des millions de citoyens et de citoyennes », estimait Abdelaziz Rahabi, ancien ministre dans un entretien à TSA.

Dans ce face-à-face, le sociologue Nacer Djabi relève un problème de mauvaise compréhension de part et d'autre qui installe le pays dans une « impasse totale et certaine » semblable à celle des années 1900. La « mauvaise compréhension génère du malentendu et immanquablement des crispations dans les rapports et même de la rupture politique, accentuée par le facteur générationnel entre les Algériens et leurs gouvernants », écrit-il dans sa chronique hebdomadaire dans Al Quds Arabi. Selon lui, « on peut l'observer ce malentendu dans la stratégie sécuritaire dominante mise en œuvre comme réponse au hirak ». « Elle se résume à l'idée qu'il suffirait d'incarcérer certaines figures pour mettre fin à cette mobilisation populaire nationale. Une lecture qui ne prend pas garde à la différence qualitative de ce hirak avec les mouvements de protestations connus par l'Algérie dans le passé », souligne-t-il.

Hier vendredi 11 octobre, des milliers d'Algériens sont sortis manifester pour exiger pour la 34e fois le départ du système. Plus nombreux que lors du précédent vendredi, ils n'ont été finalement dissuadés ni par l'arrestation des militants ni par la réaction des services de sécurité face à la manifestation des étudiants mardi dernier.


Algérie: Manifestations contre la nouvelle loi sur les hydrocarbures
RFI - 14 oct 2019
http://www.rfi.fr/afrique/20191014-algerie-manifestations-contre-nouvelle-loi-hydrocarbures


Des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes algériennes pour dénoncer un texte de loi qui vend l’Algérie aux étrangers [sans guillemets dans le texte; ndc] suite au vote par le Conseil des ministres de la loi de finances 2020 et de la loi sur les hydrocarbures. Dans la capitale, malgré un dispositif policier très important, plus d’un millier de personnes sont parvenues à manifester pendant plusieurs heures.

Sur les pancartes, les messages sont écrits en arabe, en français ou en anglais: « L’Algérie n’est pas à vendre ». Farid, la quarantaine, considère que la loi sur les hydrocarbures votée par le Conseil des ministres ce dimanche 13 octobre va permettre aux étrangers d’exploiter le pétrole algérien, et il s’y oppose. « Il n’y a pas de président. On ne peut pas laisser ces mafieux vendre notre pays parce que c’est une loi très importante, c’est l’avenir de l’Algérie », explique-t-il. [Au début du mois, l'agence officielle APS avait évoqué des "discussions" entre le ministre de l'Energie, Mohamed Arkab, et de "grandes compagnies". Voir l'article de Maghreb émergent ci-dessous; ndc]

Les manifestants scandent « Ils ont vendu le pays », et « Le peuple veut la chute du Parlement ». La vente d’hydrocarbures permet à l’Algérie de gagner l’équivalent de 60 % du budget de l’État chaque année [Mais les gisements se tarissent et l'Algérie n'aurait plus que 20 ans de pétrole devant elle; ndc]. Amira, chef d’une PME, manifeste habituellement le vendredi. Mais elle considère que le texte met l’Algérie en danger. « Cette loi donne des avantages aux étrangers pour venir s’installer en Algérie, pour venir exploiter le gaz de schiste, pour venir exploiter le pétrole, lance la jeune femme. On est contre, on ne veut pas que les Français ou les Américains viennent en Algérie exploiter le gaz de schiste, c’est dangereux ».

À la fin de la journée plusieurs manifestants ont été interpellés par les forces de l’ordre. Le Conseil des ministres, lui, a adopté le texte, qui devra être présenté au Parlement.


« Des compagnies étrangères ont participé à l’élaboration de la loi sur les hydrocarbures » (Arkab)
par Nabil Mansouri
Maghreb émergent - 08 oct 2019
https://maghrebemergent.info/des-compagnies-etrangeres-ont-participe-dans-lelaboration-de-la-loi-sur-les-hydrocarbures-arkab-des-compagnies-etrangeres-ont-participe-a-lelaboration-de-la-loi-sur-les-hydrocarbures/


Le ministre de l’Énergie, Mohamed Arkab, a déclaré ce lundi [7 octobre] que de grandes compagnies classées parmi les meilleures dans le monde avaient été consultées pour l’élaboration de la nouvelle loi sur les hydrocarbures. En effet, le ministre a révélé, en marge des travaux de Conférence nationale sur les enjeux de l’adhésion de l’Algérie à la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), que des discussions ont été menées avec ces partenaires étrangers sur deux aspects de cette loi.

Il s’agit du cadre réglementaire et du système fiscal, a ajouté le ministre en soulignant que « pour développer ce domaine, nous avons besoin de l’accompagnement de partenaires étrangers pour poursuivre, voire promouvoir notre production ». « L’activité des hydrocarbures connait une importante évolution de par le monde, et l’Algérie ne saurait demeurer en reste », poursuit le ministre.

Par ailleurs, Arkab a indiqué que parmi les raisons qui ont poussé le gouvernement à réviser cette loi, le faible taux d’exploration enregistré ces dernières années par rapport à l’objectif assigné. Il a fait savoir que sur les 67 régions du Sud ayant fait l’objet d’un appel d’offres, seules 19 propositions ont été soumises depuis 2005, et 13 contrats signés à cette année.

En ce qui concerne le contenu du projet de loi sur les hydrocarbures, approuvé récemment par le gouvernement, le ministre a expliqué que les amendements proposés, prévoyaient trois types de contrats pétroliers et la simplification du système fiscal. Il s’agit, selon lui, du « contrat de concession », du « contrat de services à risques » et du « contrat de partage de production » en vigueur dans les grandes compagnies pétrolières et gazières.

Arkab a précisé que les amendements prévus dans le projet de loi sur les hydrocarbures concernaient également le système fiscal qui « n’est pas clair dans la loi en vigueur ». Aussi et pour préserver les recettes de l’Etat et simplifier le système fiscal, quatre types d’impôts ont ainsi été retenus, l’objectif final étant d’éviter qu’il y ait des changements chaque année au grand dam des investisseurs, a fait savoir le ministre de l’Energie.