Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
syndicats et toute forme de gestion et de pouvoir.
Rassembler des foules sous un même drapeau
trouve toujours son origine dans une imposture.
Seule une révolution mettra fin à un système
dont l'obsession de l'argent entraine l'humanité
vers la catastrophe.
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Date de création : 10.03.2011
Dernière mise à jour :
19.12.2025
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Manifestation pour "l'urgence alimentaire" à Buenos Aires
AFP, La Libre - 12 sep 2019
https://www.france24.com/fr/20190911-argentine-manifestation-pour-l-urgence-alimentaire-%C3%A0-buenos-aires
BUENOS AIRES - Plusieurs milliers de manifestants ont commencé à camper mercredi dans le centre de Buenos Aires pour exiger l'instauration d'un état "d'urgence alimentaire" en Argentine, en proie à une grave crise économique à quelques semaines de l'élection présidentielle. Ces protestataires, parmi lesquels de nombreuses familles avec de jeunes enfants, entendent camper pendant 48 heures sur l'avenue du 9 juillet, en plein centre de la capitale, à l'appel de plusieurs mouvements associatifs et syndicaux. Une autre manifestation sous forme de repas populaire a eu lieu mercredi sur la place de Mai, en face du palais présidentiel.
"L'Argentine est dévastée par le désoeuvrement, la faim et la pauvreté. Nous exigeons des réponses à la hauteur de la situation", a déclaré un des organisateurs des rassemblements, Eduardo Belliboni. "Nous voulons des programmes sociaux. Nous voulons aussi une hausse des dotations pour les programmes existants et une augmentation des rations alimentaires dans les écoles", a-t-il ajouté. Des échauffourées ont opposé la police à certains manifestants qui tentaient de bloquer le réseau de transports publics.
Ces manifestations ont lieu alors que les députés argentins examinent jeudi une proposition de loi sur "l'urgence alimentaire", présentée par l'opposition, destinée à augmenter les aides aux personnes n'arrivant plus à se nourrir correctement à cause de l'inflation galopante [Le parlement a voté cette proposition de loi qui décrète « l'urgence alimentaire » dans le pays, et prévoit notamment d’augmenter les allocations aux personnes les plus vulnérables. Mais l'inflation est trop importante (encore 4 % au mois d'août) pour que cette mesure ait le moindre effet; ndc]. Opposé à cette proposition, le gouvernement du libéral Mauricio Macri a déjà pris d'autres mesures d'urgence, comme l'élimination des taxes sur les produits de base.
L'Argentine, en récession depuis 2018, connaît une des inflations les plus élevées au monde (25,1 % entre janvier et juillet, 54,4 % sur les 12 derniers mois), une baisse de la consommation, des fermetures de commerces et une augmentation de la pauvreté (32 % en 2018) et du chômage (10,1 % cette année). Voir des familles avec des enfants mendier dans la rue est devenu habituel à Buenos Aires.
La crise économique s'est accentuée après les élections primaires en août, au cours desquelles M. Macri a subi une cuisante défaite qui augure mal de sa réélection en octobre. Le gouvernement a alors demandé un rééchelonnement de sa dette et instauré un contrôle des changes.
Avoir quelque chose dans l'assiette, une priorité pour de nombreux Argentins
AFP, Boursorama - 10 sep 2019
https://www.boursorama.com/actualite-economique/actualites/avoir-quelque-chose-dans-l-assiette-une-priorite-pour-de-nombreux-argentins-261b1b1b754702c489987b348fe4da15
Dagna Aiva cuisine de lundi à vendredi chez elle pour donner à manger à 200 personnes à Villa 21-24, un quartier pauvre du sud de Buenos Aires où la crise économique frappe de plein fouet les habitants. Bien loin des soubresauts des cours du dollars qui obsèdent les Argentins de la classe moyenne, la priorité pour beaucoup d'habitants de ce quartier périphérique est de trouver de quoi manger, dans un pays qui produit pourtant de quoi nourrir 440 millions personnes, 10 fois sa population.
Des femmes avec leurs enfants dans les bras, des personnes âgées, des handicapés patientent devant la maison où sont distribués des repas. Personne ne parle de dollars dans les ruelles de ce quartier où vivent 60.000 familles, à la limite sud de la capitale. "Je n'ai pas de dollars, qu'est-ce que ça peut me faire ? Il y a d'autres besoins fondamentaux pour lesquels je dois trouver une solution. Nous devons donner la priorité à d'autres choses, payer au jour le jour, manger tous les jours", se résigne Dagna Aiva.
Cette femme aux yeux clairs coordonne chez elle la "Casa Usina de Sueños", un espace qui dispose également d'une aire de pique-nique où des activités récréatives et un soutien scolaire sont proposés. "Ici, c'est plein de gens qui travaillent énormément, c'est triste de voir qu'ils ne peuvent pas avoir de quoi manger", raconte la militante de 48 ans qui se désole de la dégradation récente de la situation.
Avec le Venezuela et le Guatemala, l'Argentine est un des trois pays latino-américains où la faim a le plus augmenté en 2018. La "canasta basica" (le panier de la ménagère) est estimé à 4.200 pesos, soit 57,3 % de plus qu'en juillet 2018, une hausse bien supérieure à l'augmentation des salaires. L'ancien ministre de la Santé, Daniel Gollan, a récemment dénoncé devant la Commission interaméricaine de droits humains (CIDH), en visite à Buenos Aires, les 5 millions d'enfants et d'adolescents en "situation alimentaire critique".
Le président de centre-droit Mauricio Macri avait promis d'atteindre l'objectif de "pauvreté zéro". Dans les faits, elle a touché 32 % de la population en 2018, selon des chiffres officiels. Et le gouvernement a reconnu que comme le chômage (10,1 %), elle continuera de croître cette année en raison de l'inflation galopante dans une économie en pleine récession.
Les organisations sociales et syndicales, l'Eglise catholique et l'opposition demandent que soit déclaré un état d"urgence alimentaire", qui permettrait d'allouer plus de fonds pour gérer la situation. Le gouvernement de Mauricio Macri s'y refuse. "Il y a des situations de pauvreté, mais cela ne signifie pas qu'il y a de la faim", a déclaré le ministre de la Culture, Pablo Avelluto. Le président argentin a évoqué la "colère" et la "douleur" que suscitent en lui les chiffres sur la pauvreté et assure que "bien sûr", il réduira ce taux s'il est réélu pour un second mandat le 27 octobre.
Les six femmes, dont Dagna Aiva, qui préparent les plats et les distribuent, reçoivent de l'Etat un "salaire complémentaire", équivalent à la moitié du salaire minimum (7.500 pesos, 120 €). Les autorités municipales leur envoient de quoi confectionner 160 repas, elles se débrouillent pour "les allonger" et en faire 200. Si la course aux dollars n'atteint pas Villa 21-24, elle attise la flambée des prix. "Je n'ai pas de dollars (...) mais je m'en préoccupe parce que l'inflation a beaucoup à voir avec le dollar", explique Palomo Gomez, un infirmier de 50 ans.
En 2018, après une première crise monétaire, le gouvernement de Mauricio Macri a sollicité l'aide financière du FMI, qui a accordé à l'Argentine un prêt de 57 milliards de dollars en échange d'un important programme d'ajustement budgétaire. Entre janvier et juillet, l'inflation a atteint 25 % et devrait se hisser à 55 % d'ici la fin de l'année.
En Argentine, la classe moyenne, elle aussi, au bord du "défaut de paiement"
AFP, France24 - 01 sep 2019
https://www.france24.com/fr/20190901-en-argentine-la-classe-moyenne-elle-aussi-au-bord-du-d%C3%A9faut-de-paiement
BUENOS AIRES - Crédits impayés, dettes auprès de l'école des enfants, du médecin ou du psychologue : la classe moyenne argentine est au bord du "défaut de paiement", à l'instar des comptes du pays. "Nous n'arrivons pas à tout payer, nous coulons petit à petit", se lamente Monica qui, honteuse du retard de paiement des frais de scolarité de ses deux enfants, ne veut pas donner son nom et refuse de se laisser photographier.
Comme beaucoup de ses amis, cette avocate de 42 ans et son mari, comptable, maintiennent leur niveau de vie au prix d'impayés, alors que l'inflation en Argentine pourrait atteindre cette année 50 %. "Sans épargne, nous avons commencé il y a trois ans à payer nos dépenses quotidiennes avec des crédits. Autrefois, c'était pour acheter les cadeaux de Noël, aujourd'hui c'est pour payer la lumière, le téléphone, la nourriture, tout !".
A l'image du pays qui vient de demander au FMI un rééchelonnement de sa dette de 57 milliards de dollars, la stratégie mise en oeuvre par la famille au quotidien a conduit à des dettes désormais impossibles à honorer. "Au début, nous remboursions tout le crédit accordé par le biais de notre carte (de crédit) à la fin de chaque mois. Puis nous n'y sommes plus arrivés, et avec le taux d'intérêt (jusqu'à 170 % annuel), nous sommes au bord de la ruine", raconte la quadragénaire, incrédule devant la rapidité du changement.
Afin de ne pas renoncer à l'utilisation de la voiture familiale, Monica l'a convertie au gaz naturel, moitié moins cher que l'essence. Pour économiser sur la coiffure, elle a appris comment se couper les cheveux elle-même. Par chance, le couple est propriétaire de son appartement et a un emploi, dans un pays où le taux de chômage atteint 10 % et la pauvreté touche 32 % de la population. "Nous avons une dette envers le psychologue, nous sommes en retard pour le paiement des charges de copropriété et de la mutuelle, nous n'allons plus au supermarché, mais dans les magasins de gros et nous renonçons aux vacances", énumère-t-elle. Ni elle, ni son mari ne soutient le gouvernement du président de centre droit Mauricio Macri, qui avait fait appel en 2018 au FMI, mais n'a pas pu empêcher l'économie d'entrer en récession et la monnaie de dévisser.
Le président brigue un 2e mandat le 27 octobre, mais son opposant, le péroniste de centre gauche Alberto Fernandez part favori. "Qu'est ce que nous espérons ? Nous savons qu'il nous faudra des années pour nous remettre à flot et nous désendetter, et peut-être que nous n'y arriverons jamais", se désole l'avocate.
Pas plus que Monica, Miguel, 50 ans, ne souhaite donner son nom. Marié, père d'une fille de 17 ans, il fait des ménages dans une entreprise. La spirale de ses dettes l'empêche de dormir. "En trois ans, j'ai contracté quatre emprunts: deux pour payer le crédit de ma carte, que ma banque a fini par me retirer car je ne payais plus, et deux autres pour payer les premiers crédits car les taux d'intérêts étaient partis en sucette", explique-t-il. La moitié de son salaire de 30.000 pesos (460 €) va au remboursement de ses emprunts.
Pour économiser sur les transports, il fait une partie de son trajet quotidien en vélo. "De cette façon, je ne dépense que 300 pesos (4,50 €) par mois, sinon ce serait le double". "Des petits plaisirs ? Même pas le cinéma en famille une fois par mois, seulement payer, payer", répète, accablé, le quinquagénaire qui vit avec sa famille dans la maison de sa mère. Au moins, il n'a pas de loyer à payer à la différence de Claudia, 45 ans. L'entreprise où elle travaillait a mis la clé sous la porte en 2017 et elle a dû déménager dans un studio avec ses deux enfants de 11 et 17 ans. "Je suis passée de la gestion de 40 magasins à faire des ménages à l'heure", explique-t-elle. L'an dernier, elle a retiré sa fille de l'école privée pour la mettre dans un établissement public avec cantine. "Ils la laissent toujours apporter un plateau supplémentaire" à la maison, dit-elle gênée. Parfois, elle-même ne boit qu'un verre d'eau sucrée en guise de souper.
En Argentine, danser dans la rue, nouveau phénomène de la campagne présidentielle
AFP, La Libre - 12 sep 2019
https://www.lalibre.be/dernieres-depeches/afp/en-argentine-danser-dans-la-rue-nouveau-phenomene-de-la-campagne-presidentielle-5d79e29ed8ad5847dc96f558
BUENOS AIRES - Des milliers de personnes se rassemblent spontanément dans les rues de Buenos Aires pour danser au rythme d'une cumbia qui fustige le président Mauricio Macri: ce nouveau mode de mobilisation est devenu viral avant la présidentielle du 27 octobre en Argentine. Ces manifestations qui durent à peine quelques minutes, sur le modèle des "flashmobs", sont organisées à travers les réseaux sociaux, où des tutoriaux sont diffusés pour apprendre la chorégraphie sur le rythme accrocheur de la chanson "Si vos querés" (Si tu veux).
Des milliers d'Argentins se sont ainsi rassemblés en fin de semaine dernière dans plusieurs quartiers de la capitale pour exprimer leur mécontentement contre le gouvernement du président de centre-droit Mauricio Macri, qui brigue un deuxième mandat. "Je n'arrive pas à payer mon loyer/ Je ne sais pas quoi faire, ne sais pas quoi faire/ Travailler et travailler toute la journée/ En plus le bus a augmenté et je me précarise", dit la chanson du groupe de "cumbia dissidente" Sudo Marika, né avec l'objectif de "critiquer" Macri après sa victoire aux élections de 2015.
Les paroles racontent la crise économique argentine - la récession, l'inflation galopante, les 32 % de pauvreté... - et appellent à un changement de gouvernement. "Macri s'en est allé /Macri s'en est allé/ Si tu veux Larreta aussi", dit la chanson en référence aux résultats des primaires du 11 août, sorte de baromètre avant la présidentielle qui a propulsé comme grand favori, Alberto Fernandez, le candidat de centre-gauche, avec 16 points d'avance sur Mauricio Macri. Figure de la majorité présidentielle, le maire de Buenos Aires, Horacio Rodriguez Larreta, pourrait, lui, en revanche être réélu le 27 octobre, journée au cours de laquelle se déroulera également un scrutin municipal.
"Dans chaque lieu choisi, sans avis préalable, une fois la musique lancée, on se met à danser de manière synchronisée. Une fois que la musique s'achève, on se disperse rapidement", expliquent aux potentiels participants les organisateurs anonymes de #SiVosQuerés, qui communiquent via WhatsApp, Twitter, Facebook et Instagram. Le phénomène a débuté fin août, sur la grande avenue Corrientes dans le centre de la capitale. D'abord de manière confidentielle, il s'est diffusé via les réseaux sociaux.
"Cela me paraît vital, parce que les quatre années (de mandat de Macri) ont été horribles. Avec la danse, on peut réveiller d'autres personnes", raconte à l'AFP Berenice, 29 ans, dans le quartier central de Puerto Madero, où s'est déroulé un de ces rassemblements. A travers cette campagne, ses promoteurs veulent attirer "ceux qui pensent que choisir le parti au pouvoir est la meilleure option". "La puissance de cette action est son caractère collectif", assurent-ils à l'AFP sous couvert d'anonymat. Ils nient être associés à un quelconque parti, même si beaucoup les lient à l'opposition de gauche et au kirchnérisme. L'ex-présidente Cristina Kirchner (2007-2015) figure comme candidate à la vice-présidence sur le ticket d'Alberto Fernandez.
Le mot "joie" est souvent répété par les participants, comme un défi à la "révolution de la joie" que préconisait Mauricio Macri lors de sa victoire en 2015 face au mécontentement que suscitaient alors la hausse des prix et les multiples accusations de corruption contre le gouvernement de Cristina Kirchner, elle-même mise en cause par la justice dans plusieurs affaires.
En Argentine, il n'est pas rare de voir les hommes et femmes politiques se livrer à quelques pas de danse pendant les meetings. Mauricio Macri l'a fait, Cristina Kirchner aussi. Et la cumbia, un style musical dansant originaire de Colombie, s'est popularisée depuis longtemps dans toute les couches sociales d'Amérique latine.
En Argentine, le péronisme à nouveau sur le devant de la scène politique
AFP, Boursorama - 13 aot 2019
https://www.boursorama.com/actualite-economique/actualites/en-argentine-le-peronisme-a-nouveau-sur-le-devant-de-la-scene-politique-3b138c04871125bcd73c9d6733901b89
BUENOS AIRES - 45 ans après la mort de Juan Domingo Peron, l'héritage du mythique président domine à nouveau la scène politique argentine à quelques semaines de la présidentielle d'octobre: trois candidats se revendiquant du péronisme se présentent dans trois camps différents. Président de l'Argentine à 3 reprises (1946-52, 1952-55, 1973-74), Peron a été pour les uns le créateur d'un populisme néfaste pour le pays et pour les autres - plus nombreux -, le père de tous les acquis sociaux, celui qui a su rendre aux travailleurs leur dignité.
L'image d'Evita, qui rencontre Juan Domingo Peron en 1944, participe à la construction du mythe du péronisme, lui apportant une touche de glamour. Couverte de bijoux et habillée chez Dior, Maria Eva Duarte, jusqu'alors une actrice célèbre des feuilletons radio, ne connaîtra comme première dame que quelques années de vie politique - avant de décéder en 1952 -, pendant lesquelles elle jouera un rôle actif pour l'obtention du droit de vote des femmes et mènera une vaste action sociale grâce à sa Fondation.
Le retour actuel du péronisme sur le devant de la scène s'explique en partie par la polarisation du pays autour de deux acteurs clés: le chef de l'Etat, le libéral Mauricio Macri, et l'ex-présidente Cristina Kirchner, une péroniste de centre-gauche.
Macri, englué dans une crise économique, pensait avoir une chance d'être réélu s'il affrontait Kirchner, personnalité aussi adulée que détestée en Argentine, où elle est inculpée dans plusieurs affaires de corruption. Mais Kirchner a créé la surprise en se mettant en retrait, laissant le rôle principal du ticket présidentiel à Alberto Fernandez, un modéré capable d'attirer des pans plus large de l'électorat péroniste. Ce coup de poker a obligé Macri à revoir sa stratégie électorale et à faire appel au sénateur péroniste Miguel Angel Pichetto comme colistier.
Le résultat de dimanche, n'était pas celui attendu par le président sortant. Le tandem Fernandez-Kirchner est arrivé loin devant (47 %), suivi du binôme Macri-Pichetto (32 %) et d'un 3e ticket présidentiel péroniste composé de Roberto Lavagna et Juan Urtubey (8 %), lesquels espèrent attirer au centre les déçus du macrisme et du kirchnerisme.
Comment expliquer que tous ces péronistes portent désormais des propositions radicalement différentes ?
Il faut pour cela revenir aux origines du mouvement, qui n'a jamais été unitaire, rappelle l'historien Gustavo Nicolas Contreras. Ses trois principes de base - la souveraineté politique, l'indépendance économique et la justice sociale [Autrement dit nationalisme, protectionnisme et enfumage; ndc] - ont été suffisament fédérateurs pour que des secteurs de la société comme les ouvriers, la bourgeoisie industrielle ou l'armée s'y retrouvent. "Peron pouvait virer de gauche à droite sans perdre de vue son objectif politique qui était d'atteindre, retenir ou récupérer le pouvoir", explique l'analyste politique Rosendo Fraga.
Le péronisme a également montré sa capacité de résilience: il a survécu à des dictatures, à la mort de son fondateur et à des défaites électorales. Il n'a pas non plus implosé, malgré la cohabitation en son sein de courant opposés, comme ceux d'extrême gauche et extrême droite, qui en sont arrivés à s'affronter avec des armes dans les années 1970. "Le péronisme est une opportunité politique, c'est le mouvement qui a le (plus de) poids politique, qui peut permettre d'accéder aux responsabilités, de favoriser ses propres intérêts", explique l'historien Contreras.
La résistance du mouvement "réside dans sa capacité à comprendre, digérer et représenter la complexité, l'ambigüité et la contradiction de la société argentine", résume Rosendo Fraga. C'est ainsi que le gouvernement péroniste de Carlos Menem dans les années 1990 a mené des politiques libérales, dont des privatisations. Le président de l'époque a su interpréter les changements attendus par la société après les échecs des entreprises publiques et l'hyperinflation sous le radical Raul Alfonsin, fait valoir Rosendo Fraga. Le mouvement a fait exactement le contraire au début du XXIe siècle. "Les gens voulaient davantage d'Etat (...) C'est alors que (Nestor) Kirchner a interprété ce tournant et a viré au centre-gauche, appliquant un modèle interventionniste et prenant un tour populiste", conclut l'analyste politique.
28/10/2019 >> Le péroniste de centre gauche Alberto Fernandez, associé à l’ancienne présidente Cristina Kirchner, est élu dès le 1er tour de la présidentielle avec 48 % des voix, dépassant la barre des 45 % nécessaires. Il devance largement le péroniste de centre droit et président sortant Mauricio Macri (40 %). Alberto Fernandez a été Premier ministre (là-bas, on dit chef de cabinet des ministres) des Kirchner de 2003 à 2008. Par la suite, il s'était brouillé avec Cristina...
Aucun changement n'est attendu. L'Argentine s'enfonce dans la faillite (mise sous tutelle par le FMI), la récession (- 3 % cette année) et la pauvreté (35 % de la population vit sous le seuil de pauvreté). Après ce "non" à la politique d'austérité de Macri, le FMI va probablement rappeler au nouveau président à quoi était conditionné les 57 milliards de dollars prêtés l'année dernière... que l'Argentine n'est pas prête de rembourser !
Dès ce matin, le président de la Banque centrale, Guido Sandleris, a décidé de limiter à 200 $ le montant maximum que les particuliers peuvent acheter, pour freiner la chute des réserves monétaires du pays. Ce nouveau régime des changes restera en vigueur jusqu'au 10 décembre, jour de la prise de fonction d'Alberto Fernandez.