Le Monde d'Antigone

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La FIFA fait son beurre sur le dos des Sud-Africains

Publié le 17/10/2010 à 00:00 par monde-antigone

 

La FIFA fait son beurre sur le dos des Sud-Africains
par Carole Vann
InfoSud - 11 oct 2010
http://www.infosud.org/spip.php?article9094


Avec 2,8 milliards de francs de pertes,le Mondial a été un gouffre pour l’Afrique du Sud. En revanche,la Fédération internationale de football (FIFA), assise à Zurich, se porte comme un charme.


Source d’immenses espoirs sur le continent africain, le Mondial de foot a fait grimper le tourisme en Afrique du Sud de 25% en juin par rapport à la même période l’année précédente. Parmi les améliorations notables, le pays a été doté d’infrastructures publiques de transport et d’énergie. Et pourtant…
Début septembre, l’œuvre suisse d’entraide ouvrière (OSEO)a publié un rapport accablant sur les conséquences sociales et économiques de cet événement inédit sur sol africain.
Selon l’étude, les coûts pour le gouvernement sud-africain s’élèvent à 5,5 milliards de francs suisses au lieu des 321 millions prévus ! Les projections initiales prévoyaient que le pays, en raison principalement de rentrées fiscales supplémentaires, bénéficie d’un gain de 700 millions. En réalité, le Mondial a entraîné une perte nette de 2,8 milliards.


Les bénéfices de la FIFA

Le rapport assure en revanche que la FIFA a enregistré un gain de plus de 3 milliards de francs, soit une hausse de 50% de ses bénéfices par rapport à la Coupe de 2006 en Allemagne. La somme est confirmée par le département médias de la FIFA, même si la fédération précise dans son mail que ce chiffre recouvre l’ensemble des recettes budgétisées pour la période 2007-2010.
Comparé à la période financière 2003-2006, le revenu réalisé a effectivement doublé. Selon la FIFA, celui-ci est réalisé grâce à la commercialisation de droits TV et marketing. Un domaine dans lequel la FIFA refuse de partager. Détenant les droits sur les marques officielles, elle a ainsi imposé des règles mercantiles draconiennes, à commencer par des zones de restriction d’un kilomètre autour des stades accueillant les matches. Les marchands ambulants sud-africains étant les grands perdants de l’opération.
Il nous a été impossible d’obtenir un interlocuteur nominatif auprès de la FIFA pour répondre à nos questions. Toutefois, le mail reçu explique que les recettes générées ne servent pas seulement à financer les compétitions, mais aussi à soutenir les six confédérations et les 208 membres de l’organisation. « La FIFA est une association à but non lucratif, donc toutes les recettes – sauf quelques réserves nécessaires – sont réinvesties dans le football. Plus de 75 % des revenus sont directement investis dans des projets de développement et d’organisation des compétitions… »
Le rapport de l’OSEO relève également que la FIFA a obtenu du gouvernement sud-africain que ses gains, ainsi que ceux de ses partenaires, soient exemptés d’impôt. Réponse de la FIFA : « Les exonérations d’impôt concernent essentiellement les importations et exportations de matériel, surtout en ce qui concerne la couverture de l’événement auprès de millions de spectateurs dans le monde. Au final, c’est le pays hôte qui en bénéficie en termes d’image, donc de tourisme et d’opportunités commerciales. »


Des stades trop couteux

Seulement, la réalité montre que la FIFA et le gouvernement ne tiennent pas leurs promesses faites sur le long terme à la population, corrige Cédric Wermuth, collaborateur de l’OSEO. « Il y a, en effet, de nouvelles infrastructures, mais elles sont copiées sur les pays riches et les communes n’ont pas les moyens de les entretenir. Par exemple, parmi les dix stades construits ou agrandis en vue du Mondial, on sait qu’au moins trois d’entre eux ne pourront pas être utilisés car trop coûteux. Ces stades ont d’ailleurs été construits suite aux pressions de la FIFA et en dépit des objections de la Fédération sud-africaine de football et des ligues de football et de cricket. »
Autre constat malheureux du rapport : contrairement aux projections officielles, le Mondial n’a pas généré de nouvelles places de travail. Fin juillet, le taux d’occupation a même diminué de 4,9% en un an. Dans le secteur de la construction, 111000 emplois ont disparu entre juin 2009 et juin 2010. La construction d’infrastructures, et en particulier de stades, a abouti, selon des estimations de l’ONU, à ce qu’environ 20000 personnes soient expulsées de leur logement. En revanche, les cinq plus grandes sociétés de construction du pays ont vu leurs bénéfices augmenter de 110 millions en 2004 à 1,4 milliard en 2009. « Beaucoup d’emplois ont été créés au début des constructions en 2006 et 2007. Mais ces places ont disparu dès le Mondial terminé, explique M.Wermuth. Aujourd’hui, les municipalités sont fauchées et doivent opérer des coupes budgétaires. »


Un Mondial profitable à la population

Les 5,5 milliards de francs investis en vue du Mondial auraient pu être affectés à d’autres priorités, déclare l’OSEO, rappelant que 40 % de la population sud-africaine (7,5 millions de personnes) est sans emploi, que 8,4 millions de personnes vivent dans des bidonvilles et que des logements sont nécessaires pour au moins 12 millions de personnes.
« La FIFA exige une exemption totale de tout impôt direct ou indirect lors du prochain Mondial, arguant qu’elle paie déjà des impôts en Suisse, c’est pourtant faux, affirme Cédric Wermuth. La FIFA est considérée comme une "organisation d’utilité publique" donc exemptée de tout impôt fédéral direct. Le parlement a refusé, en juin de cette année, d’abolir ce privilège. »
Le même scénario que celui du dernier Mondial risque de se répéter au Brésil, lors de la prochaine Coupe du monde, en 2014, s’inquiète-t-il. « La FIFA doit user de son influence pour faire en sorte que le Mondial ne profite pas uniquement à elle-même et aux entreprises de la construction, mais aussi aux habitants du pays organisateur. »

Depuis que l’Afrique du Sud a remporté l’enchère pour la tenue de la Coupe du monde de Soccer (FIFA) 2010, le gouvernement de l’ANC nous a gavé de promesses et a créé des attentes par rapport à comment la tenue de cet événement aura des retombées positives pour le pays, pour l’économie et pour les travailleurs-euses et les pauvres. Nous nous sommes fait dire qu’il y aurait des emplois de créés, que le tourisme que ça attirerait génèrerait de grands sommes d’argent qui pourraient être investies dans les services à la population et le développement. En effet, des développements importants comme le Gautrain et le système de bus Rea Vaya sont en préparation pour la Coupe du monde.

Mais qui est-ce qui bénéficie réellement, et qui profite, de la Coupe du monde et des développements qui lui sont associés ? Qui peut se permettre de prendre le Gautrain de l’aéroport à Sandton? Et qui voyagerait de l’aéroport au quartier riche de Sandton de toute façon, des travailleurs-euses ou des gens d’affaires et des touristes ? Pour qui est-ce que le système de bus Rea Vaya a été conçu ? L’amateur-trice de soccer vivant dans une cabane de Protea South , qui doit encore payer pour un taxi jusqu’à Regina Mundi pour prendre le Rea Vaya jusqu’à Ellis Park pour écouter une partie de la Coupe du monde, qu’il n’a pas les moyens de s’offrir ou le ou la touriste qui veut arriver sécuritairement dans Soweto pour voir comment les africains pauvres vivent ?

Maintenant, avec la Coupe du monde juste au coin de la rue, nous avons à nous demander qui profite réellement de la tenue de celle-ci en Afrique du sud. Des millions et des millions de rands sud-africains qui auraient pu être mis dans l’offre de services à la population et le développement ont été dépensés sur des stades de soccer qui ne seront probablement plus jamais remplis après la Coupe du monde. Même ces travailleurs-euses qui ont été assez chanceux-euses de se trouver une job dans la préparation de la Coupe du monde font actuellement face au chômage, maintenant que la construction des stades est presque achevée, et alors même qu’ils et elles travaillaient ils et elles n’avaient eu d’autre choix que de faire la grève contre les bas salaires et les mauvaises conditions; contre l’exploitation. Fifa, l’une des plus riches corporations dans le monde, a interdit les petits vendeurs-euses informel-le-s de vendre de la nourriture et d’autres produits partout autour des stades, et a seulement accordé des licences de commerce aux grandes compagnies comme Nandos et Steers. Si la Coupe du monde est réellement sensée être pour le peuple, et pour alléger la pauvreté et créer des opportunités pour les pauvres en Afrique du sud, alors pourquoi est-ce que le gouvernement n’a pas contesté cette décision? Pourquoi est-ce que le gouvernement ne travaille pas à s’assurer que les gens pauvres des communautés entourant les stades en bénéficient en leur permettant de commercer près des stades ?

Pourquoi est-ce que les parties de soccer sont si chères et que, nous qui avons construit les stades de nos propres mains, ne sommes même pas capables de se payer un billet ?
Pourquoi est-ce que les taxes sud africaines sont utilisées, il a été dit, pour accomoder les représentants officiels de la FIFA dans des hôtels luxueuses, alors que le peuple vit dans des cabanes ?
Pourquoi est-ce que le gouvernement n’a pas travaillé avec et consulté les communautés de classes ouvrières et pauvres pour voir ce qu’on s’attend à gagner de la tenue de la Coupe du monde en Afrique du sud, et comment le gouvernement peut en faire une réalité?
Est-ce que les jobs créées pour réaliser la Coupe du monde 2010, et peut-être les jobs qui viendront par la suite, serons des emplois avec une sécurité et un salaire minimum vital? Ou seront-elles des jobbines à court terme, bas salaire, travail dangeureux et sans avantages comme l’aide médicale ?
Qu’en sera-t-il des travailleurs-euses qui perdront leur emploi après la Coupe ? Et de leurs familles ?
Qu’arrivera t’il une fois que la Coupe du monde sera terminée ? Est-ce que les profits seront réinvestis dans les services à la population et le développement et comment pouvons-nous faire pression sur le gouvernement pour qu’il le fasse et pour faire en sorte que ce soit justifiable ?
Pourquoi est-ce que l’État sud africain a été si enthousiaste à tenir la Coupe du monde 2010 ? Pourquoi a-t-il choisi de dépenser de l’argent dans un événement comme ça, alors qu’il y a tant d’autres problèmes sérieux en Afrique du sud ?
Pourquoi est-ce que le soccer, qui était traditionnellement un jeu de la classe ouvrière, devient l’apanage des riches ?