Le Monde d'Antigone

Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
syndicats et toute forme de gestion et de pouvoir.
Rassembler des foules sous un même drapeau
trouve toujours son origine dans une imposture.
Seule une révolution mettra fin à un système
dont l'obsession de l'argent entraine l'humanité
vers la catastrophe.

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Date de création : 10.03.2011
Dernière mise à jour : 29.10.2025
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Villes nouvelles: De nouvelles cités dortoirs en Afrique

Publié le 10/09/2018 à 00:26 par monde-antigone

 
Le bilan en demi-teinte des villes nouvelles africaines
Villes nouvelles: un bilan mitigé
par Nelly Fualdes
Jeune Afrique - 22 mar 2018
http://www.jeuneafrique.com/mag/540974/economie/villes-nouvelles-un-bilan-mitige/


Après une première vague amorcée dans les années 1960, les villes nouvelles ont connu, depuis le début des années 2000, un nouvel élan sur le continent?: Kilamba en Angola en 2008, Vision City au Rwanda en 2011, Hope City au Ghana en 2013, Diamniadio au Sénégal en 2014… Rien qu’en 2017 ont notamment fleuri les projets Sèmè City au Bénin ou Yennenga au Burkina Faso. C’est du Maghreb, en 2004, qu’est parti ce mouvement.

Tout d’abord au Maroc, avec de vastes programmes couvrant une dizaine de villes. « En 2001, le royaume était confronté à un vrai problème de logement. Et ce n’était pas quelques lopins par-ci par-là qui allaient régler la question », rappelle Ahmed Taoufiq Hejira, ministre chargé du Logement entre 2002 et 2012. L’Algérie a suivi en créant les villes de Bouinan, Boughezoul et Sidi Abdellah.

Si la vague semble avoir gagné l’ensemble du continent, à l’exception notable de la Tunisie et de la RD Congo, le résultat est-il à la hauteur des ambitions de départ ? Rien n’est moins sûr: si, contrairement à Kilamba, restée vide pendant des années, les logements à prix attractif de Sidi Abdellah ont trouvé preneurs, l’enthousiasme n’est plus de mise. Plus qu’à des villes à part entière, c’est à des cités-dortoirs que ressemblent ces grands ensembles, souvent implantés à 30 ou 40 km des métropoles et où l’activité économique et les services publics tardent à s’installer.

Résultat, ces villes désertées par les classes moyennes et aisées connaissent des taux de chômage record, enregistrent des embouteillages en direction des métropoles voisines et subissent une détérioration rapide de leurs infrastructures. « Certes, l’habitat insalubre a été fortement résorbé. Mais, pour que ces villes marchent, il aurait fallu envisager simultanément du logement, de l’emploi mixte et des transports », estime Pierre Signoles, spécialiste du Maghreb et professeur honoraire de géographie à l’université de Tours, dans l’ouest de la France. (...)

Néanmoins, tous les acteurs l’admettent: « On oublie qu’une ville met des années à se sédimenter pour devenir quelque chose », rappelle le chercheur Jérôme Chenal, enseignant à l’École polytechnique fédérale de Lausanne, qui donne rendez-vous « dans 50 ans ou dans un siècle » pour faire le bilan des villes nouvelles africaines. Nouakchott, par exemple, créée de toutes pièces en 1957 sur le terrain d’un campement nomade, est une ville moderne et dynamique [Mais elle n'a pas été construite en périphérie d'une capitale; ndc].

Le Cameroun tente aussi l’expérience - 3e acteur italien du bâtiment, Pizzarotti ambitionne, à la demande du gouvernement camerounais, de créer une ville nouvelle en 2026 à Mbankomo, à une vingtaine de kilomètres à l’est de Yaoundé. D’un coût global de 359 milliards de F CFA (environ 547 millions €), le projet vise à construire 10.000 logements sur 200 ha. La première phase, financée à hauteur de 115 milliards de F CFA par la banque trans­alpine Intesa Sanpaolo, consistera à implanter une base industrielle de production de matériaux, dont des préfabriqués, et à édifier 1.000 logements sur 3 ans.


Le Monde s’intéresse au chaos urbanistique de la ville de Sidi Abdellah
par Fatiha Mez
Algérie patriotique - 27 dec 2017
https://www.algeriepatriotique.com/2017/12/27/chaos-urbanistique-nouvelle-ville-de-sidi-abdellah/


Sous le titre évocateur "La ville nouvelle de Sidi Abdellah, concentré des maux algériens", un reportage du journal français Le Monde décrit cette ville nouvelle censée être futuriste et qui n’est au final qu’une gigantesque cité-dortoir. Une cité-dortoir comme il y en a partout à travers le pays.
[ https://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/12/26/la-ville-nouvelle-de-sidi-abdellah-concentre-des-maux-algeriens_5234397_3212.html ]

Réalisé par son envoyée spéciale Charlotte Bozonnet, le reportage du journal Le Monde fait état d’un terrible massacre urbanistique dans lequel les concepteurs de projets excellent depuis de longues années. « D’Alger, il faut prendre la route vers l’ouest pour quelque 25 km. Quitter la ville, sa densité qui fait place peu à peu à la campagne, aux champs et à quelques serres. Au bout de 40 minutes, elle apparaît avec son arche d’entrée monumentale: Sidi Abdellah, ville nouvelle. A perte de vue, des immeubles, comme une forêt de béton, séparés non pas par des rues, mais par des boulevards. L’ensemble a des allures de gigantesque cité-dortoir dans laquelle les habitants semblent des fourmis. Bienvenue à Sidi Abdellah, présentée par les autorités comme la ville de demain, capable de répondre (intelligemment) au défi démographique de l’Algérie. (...) », écrit la reporter du Monde, visiblement surprise par l’ampleur du gâchis.

Le reportage revient sur les objectifs définis de cette ville, initialement dédiée aux nouvelles technologies. « Le projet de Sidi Abdellah est né il y a plus de quinze ans. A l’époque, il a été confié à l’éminent architecte suisse Jean-Jacques Deluz, installé à Alger depuis les années 1950 (et décédé en 2009). Celui-ci imagine une ville mixte, à taille réduite. Mais au cours des années 2000, le dossier est confié à un bureau d’études sud-coréen qui remporte plusieurs gros contrats de villes nouvelles », souligne Le Monde, qui se réfère à l’architecte algérien Larbi Merhoum. Selon ce dernier, le projet de Jean-Jacques Deluz, ses dimensions délicates, son idée de réaliser un gros bourg, entre la ville et le village, a disparu. Les Coréens dessinent une grande ville à l’américaine. Et même le dessin a été très mal concrétisé sur le terrain.

« La vocation de Sidi Abdellah évolue également: il s’agit d’en faire un pôle scientifique, destiné à la classe moyenne supérieure, aux cols blancs. Mais après plusieurs années de tiraillements entre les ministères de l’Urbanisme et de l’Habitat, nouveau changement de cap: Abdelmadjid Tebboune, alors ministre de l’Habitat, finit par obtenir l’autorité sur les villes nouvelles. Il a alors décidé d’en faire un grand chantier de logements», ajoute cet architecte. Au fil des ans, l’ambition succombe à la nonchalance des chargés de la concrétisation de ce projet.

Le but initial était de construire une smart city. Un objectif duquel les autorités se sont complètement éloignées. « Les bâtiments, qui n’ont que quelques mois, paraissent déjà décrépis; les trottoirs sont déformés, la peinture s’écaille. En rez-de-chaussée, de nombreux locaux commerciaux sont toujours vides, rideaux métalliques baissés », ajoute le journal Le Monde, qui précise que la réalisation de Sidi Abdellah a été confiée à des sociétés chinoises et turques, qui elles-mêmes font travailler des migrants subsahariens – jeunes hommes ivoiriens, camrounais, guinéens – en situation irrégulière. Aujourd’hui, Sidi Abdellah n’a rien à envier à la nouvelle ville Ali Mendjeli de Constantine. Un autre chaos urbain que nous subissons comme une malédiction.


Villes nouvelles au Maroc: Dix ans après, des objectifs non atteints
par Rémy Darras
Jeune Afrique - 22 mar 2018
http://www.jeuneafrique.com/mag/540954/economie/villes-nouvelles-au-maroc-dix-ans-apres-des-objectifs-non-atteints/


Les quatre villes nouvelles construites au Maroc au début du millénaire par la société publique Al Omrane se sont soldées par des échecs. La population n'est soit pas au rendez-vous, soit pas satisfaite.

C’est au début des années 2000 que le Maroc a mis en place son Schéma national de l’aménagement du territoire (Snat). Une feuille de route comprenant notamment l’édification de villes nouvelles. À l’époque, l’objectif assigné était de trouver une solution à la forte demande en logements dans certaines régions et de décongestionner les grandes agglomérations.

La société Al Omrane, en tant qu’acteur public, s’est ainsi vu confier la gestion de quatre villes nouvelles: Tamansourt, près de Marrakech; Tamesna, à côté de Rabat; Chrafate, aux portes de Tanger; et Lakhyata, au sud-ouest de Casablanca. D’autres projets similaires étaient pour leur part réalisés par la Caisse de dépôt et de gestion (CDG), bras financier de l’État, et par OCP. « L’État a mis à notre service une part importante du foncier public pour la réalisation de cette politique », rappelle le management d’Al Omrane.

D’une superficie globale de plus de 4.300 ha, dont 600 consacrés à des pôles d’activités économiques, ces quatre villes nouvelles s’étaient fixé pour objectif d’abriter à terme plus de 1 million d’habitants. L’investissement global a dépassé les 100 milliards de dirhams (8,8 milliards d’euros), comme le rappelle la direction de l’entreprise publique.

Les débuts de Tamansourt et de Tamesna, entre 2007 et 2009, s’annonçaient prometteurs, mais l’engouement s’est estompé avec le temps. « L’expérience de ces nouveaux ensembles urbains commencés en 2004 n’a pas été sans embûches. Depuis leur lancement, les quatre villes avancent, mais pas toujours au rythme souhaité », confesse le management d’Al Omrane.

En effet, les populations qui y vivent ne sont pas satisfaites de l’offre et se sentent « piégées », d’après ce que nous ont confié des habitants de Tamesna. Le déploiement des infrastructures et des équipements publics a tardé, avant qu’Al Omrane n’en fasse une priorité en 2013. « À Tamesna, il n’y a presque pas de vie. Rien de tout ce qu’ils nous ont promis n’est en place, et nous attendons de voir si les dernières promesses seront tenues. Il est donc impossible de revendre un logement », déplore un habitant.

En dépit des plans de relance imaginés entre le bâtisseur public et le ministère de l’Habitat et de la Politique de la ville, ils ne sont pour le moment que 150.000 habitants, répartis sur les quatre villes. La plus grande population réside à Tamansourt, qui accueille plus de 55.000 riverains. Les travaux se poursuivent dans quelques villes, et l’offre grandit au fur et à mesure. Pour le management d’Al Omrane, il est difficile d’apprécier la réussite de ces pôles urbains 10 ans seulement après leur lancement.


Voici comment on vend la future Yennenga sur le prostectus. De le même façon que l'on a vendu les autres, plus haut. Une ville de rêve...

Yennenga, projet de ville nouvelle à 15 km de Ouagadougou
par Michel Lachkar
GeopolisAfrique, Franceinfo: - 14 jul 2018
http://geopolis.francetvinfo.fr/yennenga-projet-de-ville-nouvelle-a-15-kilometres-de-ouagadougou-197111


(...) Ouagadougou, comme d'autres capitales africaines, connaît une croissance anarchique, liée notamment à l'exode rural. Depuis les années 70, la ville n’a cessé de s’étendre, à raison d’une croissance de la population de 7 % par an. A ce rythme, 4,7 millions d’habitants sont attendus pour 2025. Sans espaces verts, ni transports adéquats, le marché immobilier de la capitale burkinabè est aujourd’hui saturé. La ville a largement perdu les charmes de « gros village africain » qui la caractisait dans les années 50.

Pour désengorger la capitale, une ville nouvelle verra le jour, d’ici à 2030, à une quinzaine de kilomètres seulement de Ouagadougou. [Située au sud de la capitale, Yennenga est prévue pour compter 80.000 habitants et s’étendre sur 678 hectares; ndc] Le projet Yennenga proposera tous types d’habitats: logements sociaux, logements économiques ou hauts de gammes. La ville accueillera des complexes hôteliers, un centre de conférence, des immeubles de bureau avec l’ambition de développer un pôle d’attractivité régional autour de la capitale. Une coulée verte traversera la ville d’Ouest en Est, mettant en valeur les collines et les arbres existants.

Lauréate du concours international lancé au printemps 2017, l’agence Architecture-Studio en partenariat avec quatre autres cabinets d’architectures (Arcade, Beckam N’Thépé, Coldefy&Associés, Hardel et le Bihan) a conçu son centre-ville dans « une démarche écologique, responsable et inclusive ».
La ville comportera un parc de 28 hectares, des axes Nord-Sud connecteront les différents quartiers, définissant des îlots urbains. La ville nouvelle est directement reliée à la capitale par la route nationale 5. Au Nord, les édifices bloqueront l’arrivée des vents chauds chargés de poussière de l’harmattan; au Sud, ils permettront au contraire au vent doux et humide de la mousson de rafraîchir la ville.
La place de l’eau a également fortement orienté la réflexion. Les eaux de pluies de la saison humide seront récupérées depuis les toitures pentues des bâtiments. L’eau sera stockée par un système enterré de réservoirs permettant d’assurer une bonne partie des arrosages.
Le projet de centre-ville sera construit autour d’une coulée verte et d’une place centrale permettant de « conjuguer ville et campagne ». La place de la voiture sera relativisée (...) au profit des circulations douces: transports en commun, vélos, chevaux et piétons.

L’architecture se veut résolument contemporaine, mais ancrée dans la culture burkinabè, avec les matériaux (bois et verre) et des couleurs (rouge orangé de l’argile ou jaune de la paille). Des îlots bâtis de hauteur moyenne (4 étages) dessineront la majeure partie du tissu urbain, avec quelques bâtiments plus monumentaux. Une conception bio-climatique des bâtiments, basée sur une ventilation naturelle sera la norme. La forme inclinée et relevée des toitures offrira une ombre rafraîchissante aux balcons et saillies. Une centrale solaire prévue à l’extérieur de la ville alimentera la ville. Des lampadaires urbains photovoltaïques et des panneaux solaires seront intégrés aux bâtiments.

La culture n’est pas oubliée, avec un centre des beaux-arts, un musée et des lieux de culte. Le nom de la ville rend hommage à la princesse Yennenga, figure historique et fondatrice des peuples mossis. Martin Robain, architecte associé au sein d’Architecture-Studio, résume ainsi l’ambition centrale du projet: «Le projet de Yennenga engage une véritable réflexion sur la ville africaine de demain, sachant qu’il n’existe que très peu d’exemples de villes achevées sur ce modèle. Nous voulons prouver qu’une ville durable, à la fois moteur économique au niveau régional et respectueuse de l’environnement, constitue la réponse au défi de l’urbanisation en Afrique. Un dernier défi a consisté à ancrer la ville dans son patrimoine culturel et à lui conférer une identité propre.»

La croissance des villes en Afrique représente un enjeu sans précédent. On estime que chaque année près de 24 millions d’habitants supplémentaires peupleront les villes africaines d’ici à 2045. Pour l’heure, le taux de pauvreté en ville avoisine les 70 % et les inégalités ont tendance à se creuser, si bien qu’il est fondamental de revoir le modèle d’urbanisation africain.


Début des travaux de Yennenga, ville nouvelle et durable aux portes de Ouagadougou
Agence Ecofin - 05 jul 2018
https://www.agenceecofin.com/investissements-publics/0507-58350-burkina-faso-debut-des-travaux-de-yennenga-ville-nouvelle-et-durable-aux-portes-de-ouagadougou


(...) La capitale Ouagadougou connaît une pression démographique et migratoire importante depuis les années 1960. Actuellement, son marché immobilier est saturé et ses habitants peuvent difficilement bénéficier d’un cadre de qualité. La ville nouvelle de Yennenga proposera donc différents types d’habitats adaptés à tous les moyens: des logements sociaux, des logements économiques, ainsi que des appartements haut de gamme. Elle accueillera par ailleurs des commerces, une tour de bureaux, un parc d’attraction de 28 hectares et un complexe hôtelier avec l’ambition de développer un pôle d’attractivité régional autour de la capitale.

La croissance des villes en Afrique représente un enjeu de développement sans précédent. En effet, on estime que chaque année près de 24 millions d’habitants supplémentaires peupleront les villes africaines d’ici à 2045. Pour l’heure, le taux de pauvreté en ville avoisine les 70 % et les inégalités ont tendance à se creuser, si bien qu’il est fondamental de revoir le modèle d’urbanisation africain. Plus respectueux de l’humain, il doit être à même de favoriser la création de richesse partagée et d’emplois. Pour répondre au défi de l’émigration rurale et du développement économique, Yennenga entend notamment faire le pont entre les campagnes et les villes.

Avec la volonté d’initier un modèle de ville durable sur le continent, le projet reste également attentif aux problématiques écologiques et environnementales. Dotée d’une centrale solaire afin de couvrir les besoins en électricité à hauteur de 270 MVa, Yennenga sera autonome sur le plan énergétique et s’alimentera notamment grâce à un système de récupération d’eau. Yennenga symbolisera également un trait d’union entre cette ambition de modernité et les traditions burkinabè. S’inspirant de la richesse du patrimoine culturel national, la ville vue d’en haut symbolise l’œil de la princesse guerrière Yennenga, héroïne populaire dont elle tire son nom. Un hommage qui se reflètera également dans la construction d’un centre artistique ainsi que de plusieurs lieux de culte. (...)