Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
syndicats et toute forme de gestion et de pouvoir.
Rassembler des foules sous un même drapeau
trouve toujours son origine dans une imposture.
Seule une révolution mettra fin à un système
dont l'obsession de l'argent entraine l'humanité
vers la catastrophe.
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Dernière mise à jour :
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Suite de Le Venezuela entre chaos et précipice (2017-2018)
Le taux d'emprunt très théorique du Venezuela, à 10 ans, vient d'atteindre 100.000 %. Le Venezuela, qui n'a que 8,4 milliards de réserve de change, devra payer quelque 18 milliards de dollars de dette en 2019. Son PIB a chuté de 44 % en 5 ans. Le Venezuela est en train de s'effondrer financièrement, économiquement, socialement, politiquement...
11 mars 2019 - A la demande de Juan Guaido, le parlement décrète "l'état d'urgence" pour permettre l'entrée de l'aide humanitaire dans le pays. Mais c'est théorique. Quels sont ses moyens ? Dans le pays plongé dans le noir, où plus rien ne fonctionne, c'est partout le chaos.
7 au 13 mars 2019 - Une gigantesque panne d'électricité paralyse le Venezuela.
Pourquoi l'armée hésite à lâcher Maduro
par Claire Meynial
Le Point - 07 mar 2019
https://www.lepoint.fr/monde/venezuela-pourquoi-l-armee-hesite-a-lacher-maduro-07-03-2019-2299013_24.php
« En tant que commandant en chef des Forces armées nationales, étant donné les circonstances exceptionnelles que vit la République, j'annule la qualification de traîtres à la patrie pour les militaires qui traversent la frontière. » Ce tweet de Guaido du 23 février aura servi de signal aux militaires qui ont décidé de se soustraire à l'autorité de Nicolas Maduro, le président en place. Depuis, des centaines de militaires ont quitté leur caserne et ont traversé la frontière avec la Colombie.
Comment les nommer ? Pour celui qui s'est proclamé président, ils ne sont ni des traîtres ni des déserteurs, bien au contraire. Ils se sont simplement mis au service de leur nouveau « commandant en chef ». En Colombie, ils ont demandé l'asile, indiquant fuir la crise humanitaire et des menaces réelles. Selon Rocío San Miguel, spécialiste des forces de sécurité au Venezuela et directrice de l'ONG Control Ciudadano, le droit international doit leur reconnaître le statut de « réfugiés militaires ».
La plupart sont des militaires du rang, les hauts gradés étant très surveillés par le pouvoir. Rocío San Miguel dénombre plus de 10.000 démissionnaires depuis 2016, auxquels il faut ajouter plus de 4.000 membres de la garde nationale qui ne sont pas rentrés après Noël. Quant à ceux qui sont restés, malgré le fait qu'une large majorité de la troupe semble opposée à Maduro (90 % selon San Miguel), la peur des représailles a sans doute joué un rôle dans leur décision. Non seulement la répression des déserteurs est implacable, mais le sort réservé à leur famille l'est tout autant. En outre, ceux qui hésitent ont besoin d'être rassurés sur ce qui les attend en cas de victoire de l'opposition. Quel rôle pour eux dans la réorganisation d'une armée déjà infiltrée par les Cubains et dont les structures ont été doublonnées ?
Ceux qui ont traversé la frontière ont souvent profité du fait qu'ils étaient en poste près de la frontière (c'est le cas de la garde nationale). D'autres pourraient désormais tenter de se réfugier dans des ambassades, selon San Miguel. En effet, si le nombre de soldats passés en Colombie n'est pas négligeable (d'autant que le flux ne semble pas se tarir), il est faible au regard des quelque 140.000 hommes que compte l'ensemble des forces armées.
Il faut également tenir compte des forces irrégulières, comme l'ELN, armée de libération nationale colombienne présente au Venezuela, et des civils armés par le gouvernement, dont les colectivos (milices urbaines), la FAES (force d'action spéciale, dont certains seraient des criminels employés pour exécuter les nouveaux opposants dans les quartiers populaires) et les milices bolivariennes (créées en 2007 par Hugo Chavez et que Maduro a récemment intégrées à l'armée). Celles-ci auraient sans doute beaucoup à perdre d'un changement de gouvernement. Mais difficile d'avoir une idée du nombre de combattants intégrés dans ces milices. Maduro avait promis qu'elles atteindraient les 2 millions mais ils ne seraient pas plus de 10.000, selon San Miguel.
4 mars - Guaido rentre à Caracas (en passant par la douane) après avoir été reçu comme un chef d'Etat au Brésil, au Paraguay, en Argentine, en Equateur et en Colombie.
23 février - Entrée par la frontière brésilienne d'un premier camion d'aide humanitaire malgré l'ordre de Maduro de la laisser fermée. A la frontière colombienne, l'armée fait incendier deux camions d'aide. Les soldats du rang sont plus nombreux à déserter, cependant les milices crées par Chavez demeurent fidèles au pouvoir. Maduro a fait appel à 30.000 miliciens afin de renforcer la Garde nationale bolivarienne poussée à la désertion par les pénuries.
- Le Venezuela rompt ses relations diplomatiques avec la Colombie. Caracas a ordonné la fermeture de la frontière dans tout l'Etat de Tachira, voisin de Cucuta, ville dans laquelle s'accumule de l'aide humanitaire américaine.
10 février - Selon Reuters, la société pétrolière publique du Venezuela PDVSA aurait annoncé à ses clients que ses coentreprises déposeraient le produit des ventes de pétrole sur un compte récemment ouvert dans une banque russe, la Gazprombank AO. Démenti immédiat de la banque indiquant que PDVSA possèdait depuis plusieurs années des comptes ouverts dans de nombreuses banques internationales, et qu'aucun compte nouveau n'a été ouvert à cette banque.
5 février - Des militaires vénézuéliens bloquent le pont de Tienditas, à la frontière avec la Colombie, pour empêcher l'entrée d'un convoi d'aide humanitaire pour faire face à la pénurie de vivres et de médicaments au Venezuela. Guaido somme l'armée de ne pas faire obstacle à l'aide qu'il a réclamée, tandis que Maduro déclare: "S'ils veulent aider, qu'ils mettent fin au blocus et aux sanctions".
4 février - 19 pays de l'UE reconnaissent maintenant Guaido. Ils sont une quarantaine dans le monde. Outre la Russie, la Chine, l'Iran et la Turquie, Maduro dispose encore du soutien de plusieurs pays: Cuba, Nicaragua, Mexique, Suriname, Bolivie, Uruguay, Afrique du sud, Grèce et un certain nombre de dictatures africaines alignées sur la Chine et d'Asie centrale alignées sur la Russie.
2 février - Il n'y aura pas besoin d'une intervention. Le régime de Maduro va s'effondrer tout seul.
Un général de division de l'armée de l'air, Francisco Estéban Yanez Rodríguez, membre du haut commandement des forces armées , fait allégeance à Guaido.
30 janvier - Maduro se dit prêt à des législatives anticipées, mais sans remise en jeu de son mandat présidentiel. « Ce serait très bien d'organiser des élections législatives plus tôt, cela constituerait une très bonne forme de discussion politique », a-t-il déclaré, sans rire, à l'agence RIA Novosti. Maduro serait prêt, également, à s'asseoir à la table des négociations avec l'opposition, « pour parler pour le bien du Venezuela ».
Manifestation à Caracas, à l'appel de Guaido, pour « exiger des forces armées qu'elles se rangent du côté du peuple ».
29 janvier - Le procureur général, Tarek William Saab, ouvre une enquête à l'encontre du président autoproclamé. Il demande au Tribunal suprême de justice d'interdire à Juan Guaido de quitter le pays et de geler ses comptes bancaires.
A la télévision d'Etat, Maduro s'affiche entouré de son état-major militaire, marchant à la tête de ses troupes, donnant l'image d'un régime qui fait bloc.
L'or du Venezuela: le nouveau bras-de-fer entre Maduro et Guaido
France Soir - 29 jan 2019
http://www.francesoir.fr/politique-monde/or-du-venezuela-le-nouveau-bras-de-fer-entre-maduro-et-guaido
La lutte de pouvoir entre Nicolas Maduro (...) et Juan Guaino (...), ne se déroule pas seulement dans les rues de Caracas ou les salons feutrés des ambassades. En effet, une partie l'avenir de la révolution bolivarienne se joue dans un coffre-fort de la prestigieuse Bank of England à la City de Londres. Et pour cause, l'établissement bancaire détient quelques 31 tonnes d'or qui appartiennent à l'Etat vénézuélien. Soit la somme rondelette de plus d'1 milliard d'euros sur laquelle le régime de Caracas, à court d'argent, lorgne depuis plusieurs mois. Il faut dire que l'hyperinflation (...) et les dévaluations régulières de la monnaie nationale, le bolivar, ont laissé l'économie vénézuélienne exsangue.
Devant le risque de voir cette réserve stratégique tombée dans les mains de son rival, Juan Guaido a écrit à Theresa May et au gouverneur de la Banque d'Angleterre, Mark Carney, pour les exhorter d'empêcher Nicolas Maduro de faire main basse sur ces 31 tonnes de métal précieux comme le rapporte le Financial Times. "Si l'argent est transféré, il sera utilisé par le régime Maduro à réprimer le peuple", explique notamment le président de l'Assemblée nationale vénézuélienne. La Bank of England a donc visiblement tranché en faveur de l'opposant puisque les envoyés officiels de Nicolas Maduro à Londres se sont vus opposés des fins de non-recevoir à leur demande de récupération des stocks d'or. La décision a été justifié par le fait que ce transfert "était rendu impossible par les sanctions économiques qui pèsent sur le régime de Caracas.
Le Venezuela avait autrefois environ 200 tonnes de lingots en réserve dans les banques européennes, mais le prédécesseur de Nicolas Maduro, Hugo Chávez, en a ordonné le rapatriement. Suite à l'effondrement de l'économie et de la production de pétrole, la principale richesse de son pays, ses réserves de change sont passées de plus de 40 à 8,4 milliards de dollars. Nouveau coup dur pour Nicolas Maduro, les Etats-Unis reconnaissent donc Juan Guaido comme président et donc également comme détenteur légal des droits sur les biens détenus par l'Etat vénézuélien dans des banques américaines. (...)
28 janvier - Juan Guaido annonce qu'il a pris le contrôle des actifs du Venezuela à l'étranger, pour éviter que Maduro ne les dilapide au cas où il quitterait le présidence.
Le secrétaire américain au Trésor dit avoir pris des sanctions contre la compagnie pétrolière PDVSA lui interdisant de faire du commerce avec des entités américaines et gèlant ses avoirs à l'étranger. Les raffineries de Citgo, filiale de PDVSA aux Etats-Unis, pourront toutefois continuer à fonctionner, les transactions financières passant par un compte bloqué.
Venezuela: En une semaine, les manifestations ont fait 35 morts et 850 arrestations
AFP, 20minutes - 28 jan 2019
https://www.20minutes.fr/monde/2438167-20190128-video-venezuela-semaine-manifestations-fait-35-morts-850-arrestations
Après une semaine de manifestations au Venezuela contre le président Nicolas Maduro, le bilan est dramatique. Près de 35 personnes auraient trouvé la mort et 850 auraient été arrêtées, selon les chiffres donnés, ce lundi, par plusieurs ONG. « Nous avons le chiffre vérifié, avec le prénom, le nom, l’endroit et les responsables présumés, de 35 personnes assassinées dans le cadre des manifestations », a déclaré Rafael Uzcategui, le directeur de l’ONG Provea au cours d’une conférence de presse à Caracas.
Rafael Uzcategui a également dénoncé 8 « exécutions illégales » après ces manifestations, pendant des opérations policières dans des quartiers populaires. Il a accusé des agents des FAES (Forces policières d’actions spéciales) d’en être responsables. Pour sa part, le directeur de l’ONG Foro Penal, Alfredo Romero, a fait état devant les journalistes de 850 arrestations, dont 77 concernant des mineurs. Selon lui, les autorités ont réalisé des perquisitions dans « des maisons de familles pauvres, sans aucun mandat judiciaire », et procédé à des arrestations. Avec ces dernières détentions, Foro Penal évalue à 976 le nombre des prisonniers politiques au Venezuela.
26 janvier - La France, l'Allemagne, l'Espagne, le Royaume-Uni, le Portugal et les Pays-Bas donnent une semaine à Maduro pour convoquer des élections, sans quoi ils reconnaitraient Guaido. Maduro rejette l'ultimatum.
- D'après Reuters, des agents de sécurité privée russe seraient arrivés au Venezuela pour renforcer la sécurité de Maduro. La présence de 400 "Wagner" (nom désignant des mercenaires russes) a été confirmée au Monde par Evgueni Chabaïev, lui-même ex-mercenaire et dirigeant d’un groupe de cosaques. L’ambassadeur russe à Caracas dément cette information, la qualifiant de "canular".
- Elliott Abrams est nommé envoyé spécial pour les USA au Venezuela. Au cours des années 80, en tant que secrétaire d’État adjoint chargé des "droits de l’homme" et des affaires inter-américaines, il a couvert quantité de massacres commis par les escadrons de la mort en Amérique centrale.
La crise au Venezuela affecte le pétrolier russe Rosneft
AFP, Planète énergies - 24 jan 2019
https://www.planete-energies.com/fr/depeches-afp/la-crise-au-venezuela-affecte-le-petrolier-russe-rosneft
Les actions du russe Rosneft ont subi jeudi le contrecoup de la crise politique à Caracas, le groupe pétrolier étant particulièrement exposé au Venezuela, qui rembourse une partie de sa dette envers Moscou sous forme d'or noir. (...) La Russie - 2e créancier de Caracas après la Chine - est un important soutien politique et financier du Venezuela, pays asphyxié par une profonde crise économique.
En décembre, le président vénézuélien Nicolas Maduro avait ainsi annoncé lors d'une visite à Moscou 6 milliards de dollars d'investissements russes dans les secteurs pétrolier et minier au Venezuela. Une partie de la dette vénézuélienne - à hauteur de plusieurs milliards de dollars - envers Moscou est remboursée en hydrocarbures par des accords entre le fleuron pétrolier de Caracas PDVSA et Rosneft. Officiellement, il s'agit d'avances pour des contrats de livraison de pétrole et carburant mais de nombreux experts y ont vu un soutien financier déguisé à Caracas. Rosneft et PDVSA ont signé un rééchelonnement de cette dette en avril 2018, prévoyant des livraisons accrues de pétrole vénézuélien pour rattraper des retards de remboursement. Rosneft investit par ailleurs dans 5 projets d'exploration et de production pétrolière au Venezuela en partenariat avec PDVSA. "Le marché (pétrolier) est très compliqué et il est difficile de prévoir comment il va réagir" à la crise au Venezuela, a déclaré le ministre de l'Énergie russe Alexandre Novak, cité par l'agence Interfax, affirmant "qu'aucune proposition" de réunion d'urgence du comité de suivi de l'OPEP et de ses pays alliés - dont la Russie - "n'a été faite pour le moment".
La Russie a dénoncé "l'ingérence étrangère" au Venezuela qu'elle considère comme une "voie vers l'arbitraire et le bain de sang", dénonçant le soutien international reçu par le principal dirigeant de l'opposition et "président" par intérim autoproclamé.
Juan Guaido autoproclamé président, "c'est bien un putsch, mais sans uniforme"
par Vincent Hervouet
Europe1 - 24 jan 2019
https://www.europe1.fr/emissions/vincent-hervouet-vous-parle-international/venezuela-juan-guaido-autoproclame-president-cest-bien-un-putsch-mais-sans-uniforme-3844541
Retenez son nom, Juan Guaido. Il a 35 ans, c’est un grand brun à l’air déterminé, député d’un quartier populaire. Un parfait inconnu, il y a deux semaines. Et puis, il a surgi à la tête de l’opposition, élu Président du Parlement. C’est un aller simple pour la prison. Juan Guaido a d’ailleurs été arrêté illico sur l’autoroute, une scène de film américain, l’intimidation en direct. La police l’a relâché au bout d’une heure. Elle a eu tort: il n’est pas intimidé.
Au contraire, il met pied au plancher. Il dénonce l’imposture de Nicolas Maduro, il appelle à des élections libres et il organise une grande manifestation, comme on n’en voyait plus à Caracas. Hier, au milieu de la foule, il a passé la cinquième. Il s’est proclamé "Président par intérim". Aussitôt reconnu comme président légitime par les pays voisins qui n’en peuvent plus du chaos vénézuélien et par les Américains. Tout cela en quinze jours, c’est une opération commando, une mise en orbite. Cela ressemble à un putsch.
Dans les coulisses, un petit malin joue à l’arroseur arrosé. Il y a 4 ans, l’opposition avait obtenu un raz de marée aux législatives. Le tyrannosaure de Caracas n’est pas du genre à cohabiter. Alors il a contourné le Parlement, en mettant sur pied une Assemblée constituante et en lui transférant le pouvoir législatif. Les opposants se sont égosillés, en vain. Il leur a dénié toute autorité. Ensuite, il s’est fait réélire, en empêchant ses adversaires de se présenter.
Juan Guaido lui fait à peu près la même chose. Il est président de l’Assemblée nationale. Il décrète donc qu’il est le représentant légitime du peuple, il contourne Maduro. Il lui dénie tout pouvoir. C’est bien un putsch, mais sans uniforme.
On dit que l’armée est la seule institution encore debout au Venezuela. Et encore, il y a une mutinerie tous les six mois, la dernière c’était lundi. Les purges sont permanentes, Nicolas Maduro s’en méfie. Juan Guaido a promis l’amnistie aux militaires, ce qui est une façon de leur dire qu’ils auront des comptes à rendre s’ils continuent à soutenir le régime. Les casernes sont un radeau au milieu du naufrage.
L’inflation devrait atteindre 10.000.000 % en 2019. Il y a pénurie de tout, pas seulement de libertés. 4 hôpitaux sur 5 n’ont plus l’eau courante. 5 millions de Vénézuéliens se préparent à prendre les routes de l’exil, 2,5 millions de leurs compatriotes les ont précédés, faisant tanguer les pays voisins. Un désastre humanitaire jamais vu en Amérique latine. Tout cela dans un émirat pétrolier. C’est Ubu au pays de l’or noir. Ubu ce matin, dos au mur.
23 janvier 2019 - Manifestation de dizaines de milliers d'opposants de Maduro à Caracas tandis que le rassemblement des partisans du régime se réduit à quelques milliers de cadres et militants du PCV.
Le président du parlement, Juan Guaido, s'autoproclame "président par intérim du Venezuela". Il est aussitôt reconnu par l'OEA et par Trump. Celui-ci a annoncé que « toutes les options » étaient sur la table si Maduro avait recours à la force pour se maintenir au pouvoir.
Ça sent la fin pour Maduro. L'impasse économique est devenue insupportable aux pays limitrophes. Une intervention militaire semble se préparer. Pour le moment, l'armée reste loyale, mais pour combien de temps encore ? Maduro a toujours le soutien de la Russie et de la Chine.
Venezuela: Le président du Parlement s’autoproclame « président en exercice »
AFP, Le Monde - 23 jan 2019
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/01/23/venezuela-plusieurs-morts-dans-des-emeutes-precedant-les-manifestations-pro-et-antigouvernementales_5413427_3210.html
Juan Guaido, le président du Parlement vénézuélien, contrôlé par l’opposition, s’est autoproclamé mercredi 23 janvier « président en exercice » du pays devant des dizaines de milliers de partisans, réunis à Caracas pour protester contre le président Nicolas Maduro. « Je jure d’assumer formellement les compétences de l’exécutif national comme président en exercice du Venezuela pour parvenir (…) à un gouvernement de transition et obtenir des élections libres », a lancé l’opposant de 35 ans depuis une tribune. Totalement inconnu il y a encore quelques mois, ce jeune ingénieur, membre du parti Volonté populaire (VP), s’est imposé comme le principal adversaire du chef de l’Etat vénézuélien. Il a réussi à remobiliser les adversaires du président, divisés et affaiblis ces derniers temps.
Donald Trump a aussitôt reconnu Juan Guaido comme président par intérim. « Aujourd’hui, je reconnais officiellement le président de l’Assemblée nationale vénézuélienne, Juan Guaido, comme président par intérim du Venezuela », a-t-il indiqué dans un communiqué. Jugeant que l’Assemblée nationale était « la seule branche légitime du gouvernement », M. Trump rappelle que cette dernière a déclaré le président Nicolas Maduro « illégitime ». « Le peuple du Venezuela a courageusement parlé contre Maduro et son régime et exigé la liberté et l’Etat de droit, écrit le président américain. Je continuerai à utiliser toute la puissance économique et diplomatique des Etats-Unis pour faire pression en faveur du rétablissement de la démocratie vénézuélienne ».
Le Canada, le Brésil et la Colombie [suivis par les autres pays du Groupe de Lima, sauf le Mexique; ndc] ont aussi reconnu officiellement Juan Guaido. Le secrétaire général de l’Organisation des Etats américains (OEA), Luis Almagro, a également félicité M. Guaido. « Il a toute notre reconnaissance pour impulser le retour de la démocratie dans ce pays », a-t-il écrit sur Twitter. Au même moment, la Cour suprême vénézuélienne, plus haute juridiction du pays, composée de fidèles au régime, a ordonné une enquête pénale contre les membres du Parlement, en les accusant d’usurper les prérogatives du président Maduro.
Opposants et partisans du président Nicolas Maduro sont descendus en masse dans les rues mercredi dans tout le pays, dans un climat de haute tension. Ces manifestations ont été précédées de violences qui ont fait cinq morts, dont un mineur de 16 ans tué par balle dans l’ouest de Caracas. Quatre autres personnes ont été tuées lors de pillages dans l’Etat de Bolivar (Sud) où une statue de l’ex-président Hugo Chavez (1999-2013) a été brûlée.
Les opposants, nombreux à s’être vêtus de blanc, se sont réunis dans plusieurs quartiers de la capitale et d’autres régions du pays pour exiger un « gouvernement de transition » et de nouvelles élections. « Nous avons un rendez-vous historique avec notre pays, avec l’avenir de nos enfants », a lancé mardi, en pleine session parlementaire, le président du Parlement, unique institution contrôlée par l’opposition. Juan Guaido avait appelé le 11 janvier, au lendemain de l’investiture de Nicolas Maduro pour un deuxième mandat contesté, à une « grande mobilisation dans tous les coins du Venezuela ».
De leur côté, les partisans du gouvernement, habillés de rouge pour la plupart, se sont retrouvés dans d’autres points de la capitale pour apporter leur soutien au chef de l’Etat et rejeter les revendications de l’opposition, qu’ils considèrent comme une tentative de coup d’Etat orchestrée par Washington. « L’unique transition au Venezuela est celle vers le socialisme », a déclaré mardi Diosdado Cabello, le président de la puissante Assemblée constituante, fidèle à Maduro, qui a également appelé les partisans du gouvernement à manifester en nombre dans différentes régions du pays.
En cette date historique, qui célèbre les 61 ans de la chute de la dictature de Marcos Perez Jimenez, le 23 janvier 1958, les opposants et partisans du président socialiste souhaitaient compter leurs forces. Le président vénézuélien a été investi le 10 janvier pour un 2e mandat, contesté par l’opposition et non reconnu par les Etats-Unis, l’Union européenne et de nombreux pays d’Amérique latine. Les commerces, écoles et institutions sont restés fermés mercredi, tandis que de rares véhicules étaient visibles dans les rues. Les violentes manifestations de 2017 qui ont fait 125 morts sont encore dans toutes les mémoires.
Ces mobilisations sont organisées dans un climat explosif, deux jours après le bref soulèvement d’un groupe de 27 militaires qui se sont retranchés quelques heures dans une caserne du nord de Caracas, en lançant des appels à l’insurrection. Dans sa première allusion à cet événement, plus de 24 heures après l’arrestation des militaires rebelles, Nicolas Maduro a déclaré mardi que l’armée « avait donné d’innombrables preuves de discipline, de cohésion, de préparation pour affronter n’importe quelle menace des ennemis de la patrie ».
21 janvier - Une mutinerie d'un groupe de militaires dans une caserne de Macarao (sud de la capitale) tourne court. Les militaires sont arrêtés dans la caserne de Cotiza (centre de Caracas) où ils s'étaient retranchés. Les riverains ont soutenu le soulèvement par un concert de casseroles. C'est la manifestation d'un malaise grandissant au sein de l'armée vénézuélienne.
14 janvier - Maduro quadruple le salaire minimum qui passe de 4.500 à 18.000 bolivars par mois, soit un peu plus de 20 $ au taux officiel. Ces 20 $ permettent à peine d'acheter 2 kg de viande. Il s'agit du premier réajustement économique de l'année après 6 réévaluations du salaire minimum en 2018. Selon le FMI, l'inflation devrait atteindre 10.000.000 % cette année.
4 janvier - Les pays du Groupe de Lima (à l'exception du Mexique qui invoque "un principe de non-intervention") signent une déclaration qui indique qu'ils ne reconnaissent pas la légitimité du 2e mandat de Maduro qui débute le 10 janvier. Les Etats-Unis, qui ne sont pas membres du Groupe, ont participé pour la première fois à la réunion. Créé en 2017, ce Groupe comprend: Argentine, Brésil, Canada, Chili, Colombie, Costa Rica, Guatemala, Honduras, Mexique, Panama, Paraguay, Pérou, Guyana et Sainte-Lucie.
2018
Caracas au bord de la pénurie d'essence
RFI - 21 dec 2018
http://www.rfi.fr/ameriques/20181221-venezuela-caracas-penurie-essence-stations-service
La capitale du Venezuela n’a presque plus d’essence. Depuis mercredi, les files d’attente s’allongent devant les dernières stations-service encore fournies en carburants. Il y a une semaine, un incendie a éclaté dans la principale usine de remplissage à proximité de la capitale. Depuis, les stations-services doivent s’approvisionner plus loin, tandis que la demande d’essence s’intensifie à l’approche des fêtes.
Après plusieurs heures dans sa voiture à la recherche d’une station encore en service, Sandra, la quarantaine, peut enfin faire le plein. « Ça a été très difficile, nous dit-elle, parce que les rares stations qui ont de l’essence autour de Caracas et dans la ville sont prises d’assaut. J’ai déjà fait une première fois la queue dans une station qui s’est vidée avant que j’atteigne la pompe, et ici j’ai attendu 45 minutes ». Derrière elle, la file s’allonge. « Les rumeurs disent que la pénurie va être très intense. Donc, les gens sont nerveux et, comme moi, ils gâchent de l’essence à chercher une station pour faire le plein », poursuit-elle. Une nervosité aggravée par l’approche de Noël. Certains essaient de remplir leur réservoir coûte que coûte pour rejoindre leur famille en province, où la pénurie semble s’étendre. D’autres, comme Jo, ont jeté l’éponge, disent-ils: « Ma famille est partie dans l'ouest, à Barquisimeto. Mais je ne peux pas prendre le risque de les rejoindre et de tomber en panne en route, c’est trop dangereux. Je reste à Caracas ».
Faute d’investissements, l'état des structures pétrolières se dégrade de plus en plus rapidement, et les pénuries se multiplient. Ces derniers mois, la production d’essence s’est réduite de moitié au Venezuela, un pays dont le pétrole représente 96 % des exportations.
9 octobre - Un conseiller municipal d'opposition, Fernando Alban, est retrouvé mort après une chute du 10e étage du siège des services de renseignement. Il était suspecté d'avoir participé à "l'attaque aux drones" contre Maduro.
8 octobre - Selon le parlement, l'inflation dépasse 340.000 % en rythme annuel.
Venezuela: L’inéluctable échec des mesures contre l’hyperinflation
par Gabriel A. Giménez Roche, enseignant-chercheur en économie à la Neoma Business School
The Conversation - 18 sep 2018
https://theconversation.com/venezuela-lineluctable-echec-des-mesures-contre-lhyperinflation-103154
À Caracas, la lutte contre l’hyperinflation est la grande priorité. Il y a quelques semaines, le président vénézuélien, Nicolas Maduro, a annoncé une nouvelle série de mesures économiques visant à stabiliser une situation hors de contrôle: une poussée de 1.000.000 % d’ici la fin de l’année est anticipée. Or, ces mesures s’avéreront probablement inutiles… comme toutes les mesures précédentes du gouvernement Maduro en la matière.
La première mesure emblématique du gouvernement a été d’enlever cinq zéros des billets du "bolívar fuerte" qui, pour l’occasion, a changé de nom pour devenir le "bolívar soberano". Objectif: simplifier la vie quotidienne des Vénézuéliens, qui utiliseront des liasses moins épaisses pour payer leurs courses. Mais cette mesure n’est qu’un palliatif. Rappelons que le bolívar fuerte était déjà une version de la monnaie précédente dont les billets avaient été allégés de trois zéros, en 2008… Si la hausse folle des prix se poursuit, les Vénézuéliens seront donc bientôt à nouveau obligés de faire leurs courses munis de liasses de billets conséquentes.
Dans les années 1990, l’Argentine et le Brésil avaient eux réussi à stabiliser l’hyperinflation. Contrairement au Venezuela, ils avaient réuni toutes les conditions nécessaires à cet objectif. D’abord, ils ont porté la création monétaire à des niveaux extrêmement bas. Or, il y a fort à parier que le gouvernement Maduro continuera à recourir à la planche à billets, ne serait-ce que pour financer un déficit budgétaire qui atteint depuis longtemps près de 20 % du PIB par an. Le gouvernement n’a en effet plus accès au crédit car il a perdu toute crédibilité sur les marchés financiers internationaux – nous y reviendrons. Même la Russie et la Chine, ses alliés de longue date, l’ont lâché…En outre, ces déficits risquent d’augmenter, car l’autre mesure phare du gouvernement est la hausse de 3.300 % du salaire minimum, en bolívares soberanos bien sûr. Cette hausse ne fera que nourrir l’inertie hyperinflationniste, puisqu’elle sera subventionnée en activant, une nouvelle fois, la planche à billets.
Les plans brésilien et argentin doivent leur succès dans les années 90 à une autre condition que l’on ne retrouve pas au Venezuela: ils avaient indexé leur monnaie nationale, le real brésilien et le peso argentin, à une valeur stable et forte, le dollar américain, pour rétablir la confiance. Autrement dit, les banques centrales argentines et brésiliennes soutenaient un taux de change fixe entre le dollar et leurs monnaies. Pour ce faire, les deux pays avaient accumulé suffisamment des réserves de dollars pour soutenir la convertibilité. Ce que n’a absolument pas fait le Venezuela dans un contexte de relations glaciales avec Washington.
Aujourd’hui, les réserves accumulées en dollars atteignent à peine 9 milliards de dollars à Caracas. C’est très peu pour un pays dont la dette excède 150 milliards de dollars et qui multiplie les défauts de paiement. En outre, le gouvernement a préféré au dollar le petro, la cryptomonnaie officielle de l’État, comme référence d’indexation. Or, le cours du petro est lui-même indexé sur le pétrole. Un soutien bien fragile… cela fait en effet plusieurs années que la capacité de production et raffinement de pétrole au Venezuela a baissé de presque 50 %, à cause notamment de l’utilisation politique de l’entreprise pétrolière d’État, PDVSA. N’oublions pas non plus que le petro n’a pratiquement aucun volume de transaction connu dans les marchés. Il faut dire qu’il est peu pratique pour un citoyen lambda de négocier du pétrole tout seul…
En 1992 pour l’Argentine, et en 1994 pour le Brésil, la situation d’hyperinflation, qui se situait entre 800 et 1 000 % annuels, a pris fin en quelques semaines. Depuis, les deux pays enregistrent des taux d’inflation à 2 chiffres tout au plus. Si ces deux pays n’ont pas réussi à maintenir leur stabilité monétaire ces dernières années, c’est justement par manque de respect des conditions préalablement citées.
À l’époque, l’Argentine et le Brésil devaient impérativement rétablir la confiance des marchés financiers internationaux pour éviter les attaques spéculatives contre leur nouvelle monnaie. Ils l’ont fait grâce à des accords passés avec le FMI et leurs principaux créanciers, des banques américaines et européennes. Ces acteurs ont même fourni une partie des réserves nécessaires aux plans de stabilisation de ces deux pays. Sans oublier de mettre de l’ordre dans les finances publiques, réduisant à pratiquement rien le déficit budgétaire pour ainsi éviter toute tentation de surendettement et un nouveau recours à la planche à billets. Aujourd’hui, le Venezuela fait exactement le choix inverse.
Sans diminution de la création monétaire ni responsabilité budgétaire, sans crédibilité sur les marchés, et sans réserves en dollars, le plan contre l’hyperinflation semble économiquement voué à l’échec. Et les dernières mesures en date risquent bien de venir s’ajouter à la longue série de fanfaronnades si chères aux pouvoirs publics vénézuéliens depuis Hugo Chavez. D’ailleurs, depuis l’annonce des mesures, fin août, le dollar est passé de 60 bolívares soberanos à plus de 100 ! Une dépréciation de 37,5 % en quelques jours seulement…
18 septembre - De retour de Pékin, Maduro annonce que le Venezuela va porter ses exportations de pétrole vers la Chine à un million de barils par jour d'ici août 2019. Pour atteindre cet objectif, les investissements sont évalués à 5 Mds $.
>> Des vidéos présentant Maduro dégustant des morceaux de viande dans un restaurant chic d'Istanbul font scandale au Venezuela. Les prix des plats proposés, entre 70 et 250 $, correspondent à entre 2 et 8 mois de salaire minimum au Venezuela. Selon une étude universitaire, 60 % des habitants ont perdu en moyenne 11 kg depuis le début de la crise à cause des carences en protéines.
Venezuela: Le secrétaire général de l'OEA n'exclut pas une "intervention militaire"
AFP, France24 - 15 sep 2018
https://www.france24.com/fr/20180915-venezuela-le-secretaire-general-loea-nexclut-pas-une-intervention-militaire
CUCUTA (Colombie) - Le secrétaire général de l'Organisation des Etats d'Amérique (OEA), Luis Almagro, a déclaré vendredi qu'il ne fallait pas exclure "une intervention militaire" au Venezuela pour "renverser" le gouvernement de Nicolas Maduro, responsable de la grave crise économique, humanitaire et migratoire que traverse le pays. "En ce qui concerne une intervention militaire visant à renverser le régime de Nicolas Maduro, je pense que nous ne devons exclure aucune option", a déclaré M. Almagro lors d'une conférence de presse dans la ville colombienne de Cucuta, principal point d'entrée des Vénézuéliens en Colombie, près de la frontière avec le Venezuela.
Le dirigeant de l'OEA, que le président Maduro accuse d'"ingérence", a soutenu sa déclaration en faisant état de "violations des droits de l'homme" et de "crimes contre l'humanité" commis selon lui par le gouvernement vénézuélien contre son peuple. "Devant la souffrance des gens, devant l'exode (de la population) qu'il (le gouvernement vénézuélien), a provoqué, des actions diplomatiques doivent tout d'abord être menées, mais nous ne devons exclure aucune (autre) action", a-t-il déclaré.
M. Almagro, qui achève vendredi une visite de 3 jours en Colombie pour s'informer de la vague migratoire des Vénézuéliens, a remis en cause la "dictature" de Nicolas Maduro pour avoir refusé de recevoir une aide humanitaire face à la grave crise économique qui frappe le pays. Il a affirmé que le pouvoir vénézuélien utilisait "la misère, la faim, le manque de médicaments et des instruments répressifs pour imposer sa volonté politique au peuple". "C'est inadmissible", a-t-il dit. (...) Il a salué l'accueil réservé aux migrants vénézuéliens en Colombie, qui a reçu plus d'un million de personnes, dont plus de 820.000 ont été régularisées.
Selon l'ONU, sur les 2,3 millions de Vénézuéliens vivant à l'étranger, plus de 1,6 million ont fui depuis 2015. (...) 11 pays d'Amérique latine, réunis pour la première fois la semaine dernière sur la crise des migrants vénézuéliens, ont appelé Caracas à accepter l'aide humanitaire pour endiguer cet afflux qui déstabilise les capacités d'accueil de la région.
14 septembre - En visite à Pékin, Maduro signe plusieurs accords économiques avec la Chine, notamment dans les secteurs énérgétique (gaz), minier (or) et pour l'approvisionnement en médicaments. Pékin a déjà prêté une cinquantaine de milliards de dollars au Venezuela ces 10 dernières années en échange de pétrole et de concessions minières. Maduro pourrait avoir obtenu un nouveau délai pour le remboursement des crédits en cours.
27 août - Maduro signe des accords avec des "investisseurs pétroliers internationaux" dans le but d'augmenter la production de brut de plus 600.000 à 1 million de b/j. L'OPEP indique que la production est tombée à 1,34 million de b/j en juin, un niveau inférieur à celui de mars 1950. Selon la Confédération vénézuélienne des industries (Conindustria), l'industrie du pays ne fonctionnerait qu'à un tiers de ses capacités, grâce principalement au secteur privé. Les files d'attente s'étirent toujours devant les banques pour tenter de retirer de l'argent, les nouveaux billets étant insuffisants.
20 août - Le Venezuela procède à la dévaluation de 96 % de sa monnaie et à l'entrée en vigueur d'un nouveau bolivar adossé au pétro, la monnaie numérique pétrolière du pays.
17 août - Maduro annonce la multiplication par 34 du salaire minimum. Ce sera encore insuffisant pour acheter 1 kg de viande. Cet ajustement de 3.464 % sera le 5e de l'année.
16 août - Une manifestation à Caracas contre les coupures d'électricité est violemment dispersée par la Garde nationale.
13 août - Maduro annonce que l'essence ne restera subventionnée que pour les possesseurs d'un "carnet de la patrie", une carte électronique qui donne accès aux aides de l'Etat. Les autres devront payer l'essence au prix du marché, ce qui reviendra à la rendre inaccessible à l'immense majorité des gens. L'essence est pratiquement gratuite puisqu'avec un dollar, on peut acheter jusqu'à 5 millions de litres. Maduro affirme que le faible coût de l'essence encourage le marché noir avec la Colombie et constituerait une perte sèche de 18 Mds $ par an.
San Juan de los Morros, la ville vénézuélienne où rien ne marche
AFP, L'Express - 31 jul 2018
https://lexpansion.lexpress.fr/actualites/1/actualite-economique/san-juan-de-los-morros-la-ville-venezuelienne-ou-rien-ne-marche_2028584.html
SAN JUAN de los MORROS (Venezuela) - Coupures d'électricité quotidiennes, l'eau courante une fois par mois, des distributeurs sans billets et des bus qui mettent des heures à arriver: à San Juan de los Morros, au Venezuela, plus rien ne marche normalement. Pourtant, cette ville de 160.000 habitants n'est pas isolée. La capitale de l'Etat de Guarico ne se trouve qu'à 150 km de Caracas.
Généralement plus sévère en province, la crise politico-économique qui frappe le Venezuela depuis des mois est palpable ici à chaque coin de rue. "On a de l'eau qu'une fois par mois, le reste du temps on doit en acheter (à l'extérieur) (...) il nous est arrivé de passer 24 heures sans lumière", se plaint Florimar Nieves, une maîtresse de 39 ans. Elle vit avec ses deux filles et sa petite-fille dans une banlieue pauvre de San Juan, comme on surnomme la ville, où les maisons sont petites et inachevées, les rues en terre et les chiens ont la peau sur les os. Un quart de son salaire part dans l'eau qu'elle achète à des camions-citerne. Dans ce pays pétrolier autrefois très riche, la pénurie frappe les aliments, les médicaments ou les biens de consommation courante.
Apparemment résignés, les habitants collectent l'eau de pluie et, lors des coupures, prient pour que leur électroménager ne rende pas l'âme. Maigres et portant des vêtement fatigués, adultes et enfants marchent sous le soleil durant de longues heures pour se rendre au travail ou à l'école, lassés d'attendre des bus qui ne viennent pas. Environ 90 % de la flotte des transports publics au Venezuela est paralysée, devant l'impossibilité de faire face au coût des pièces de remplacement, selon les responsables de ce secteur qui sont accusés de "sabotage" par le gouvernement.
Ceux qui ne peuvent pas acheter de l'eau aux camions citernes s'approvisionnent grâce à des robinets reliés à un puits dans le centre-ville. "On vient deux ou trois fois par semaine. Voilà 12 jours qu'on n'a plus d'eau" à la maison, raconte Arelis Oliveros après avoir rempli plusieurs bidons. Alejandro, 17 ans, vit chez son grand-père et se douche avec de l'eau de pluie. "Parfois, j'en ai marre de me laver de cette façon, car je sens mauvais. Alors, je me paye le luxe de dépenser 10.000 bolivars dans le bus pour aller me doucher chez ma mère", explique-t-il. Un luxe, car ici comme dans le reste du pays, l'argent liquide est une denrée rare. L'inflation dans le pays pourrait atteindre 1.000.000 % à la fin 2018, selon le FMI.
Pas un distributeur ne fonctionne et pour retirer de l'argent au guichet, il faut s'armer de patience. Les retraits sont de toute façon limités à 100.000 bolivars, de quoi payer seulement le bus ou l'essence, alors qu'un oeuf coûte 200.000 bolivars. Pour José Viana, ex-président d'Hidrocapital, compagnie des eaux qui dessert Caracas, les services publics ne fonctionnent pas car ces entreprises ont été confiées à des proches du gouvernement non qualifiés pour les gérer.
Carolina Azuaje, étudiante de 17 ans, n'a plus d'argent liquide et passe plusieurs heures à attendre les navettes gratuites de l'université. Alors qu'elle commence les cours à 9h, elle part "à 6h du matin pour trouver un moyen de transport. (Les navettes) mettent longtemps et tu dois monter en poussant et en donnant des coups de pieds. La semaine dernière, on m'a cassé un doigt", raconte-t-elle. Et Carolina n'exagère pas. Quand le bus finit par arriver, elle et une centaine de camarades se ruent vers les portes du véhicule. Beaucoup ne parviennent pas à monter, pourtant ils gardent le sourire.
Une part importante de la population a intégré la crise car "elle n'a pas connu autre chose" après deux décennies de gouvernements chavistes (du nom du défunt Hugo Chavez, président de 1999 à 2013), analyse le sociologue Francisco Coello. La stratégie du gouvernement est de "laisser la population dans le plus grand dénuement et face à deux options: quitter le pays ou dépendre des aides du gouvernement. Une population mal alimentée et peu éduquée est la garantie pour cette caste de se maintenir au pouvoir", fait valoir M. Coello. "Vivre au Venezuela c'est un combat, une source d'angoisse et de grande détresse", explique en pleurant Florimar, qui songe à fuir, comme des centaines de milliers de ses compatriotes.