Le Monde d'Antigone

Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
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Qui est « Q » ?

Publié le 06/08/2018 à 06:44 par monde-antigone

 
Vendredi dernier, en zappant sur CNN, mon attention a été retenue par un reportage sur les militants "Q" d'un des derniers meetings de Donald Trump...
A bien le regarder, on mesure l'ampleur de la dérive suivie par la droite américaine depuis la création du Tea party; à l'aile droite du Parti républicain, en 2009. A l'époque, c'était à l'initiative d'une blogueuse de Seattle et à la suite du coup de gueule de Rick Santelli, journaliste à CNBC, que le Tea party avait pris corps. Il avait ensuite trouvé une cohérence politico-religieuse (le "bien" et le "mal") et un réel pouvoir d'influence, jusqu'à ce que ses leaders (Michele Bachmann, Rand Paul, Marco Rubio, Ted Cruz) soient taillés en pièces l'un après l'autre par Trump, lors de la primaire de 2015-2016.

On a cru à un moment que l'Alt-Right, d'essence sudiste, allait remplir la fonction qu'avait jouée le Tea party. Mais il s'avère que quelque chose d'autre, plus inquiétant, plus seulement "sudiste", est en train de prendre forme, alimenté et encouragé par le flot continu de mensonges tweetés quotidiennement par Donald Trump. Le Washington Post a dénombré pas moins de 4.229 contre-vérités, affirmations trompeuses ou exagérations en un an et demi de mandat, de sa prise de fonction jusqu'au 31 juillet. Début juillet, Trump se serait même surpassé en postant 79 conneries en 24 heures, son record.

Trump réussit tellement à rendre crédibles les pires énormités et à renvoyer les notions les plus élémentaires au rang de "fake news" que les services de la Maison-Blanche passent leur temps à recadrer, à minimiser les "excès de langage" du président [Voir plus bas l'exemple de la pièce d'identité qu'il faudrait présenter pour acheter de la nourriture], expliquant parfois, par voie de communiqué, que ses propos n'engagent pas la politique américaine ! (trop drôle !)

Lorsqu'il échouera sur le terrain économique (et il fait tout pour ça !), ses soutiens diront que c'est à cause de ceux qui lui ont mis des bâtons dans les roues. Mais, pour l'heure, avec des sondages qui lui attribuent 45 % d'opinions favorables 18 mois après son élection, il est l'un des présidents les plus populaires de l'histoire des Etats-Unis. Il s'est déjà positionné pour se représenter en 2020.

La parole présidentielle est devenue une telle source inépuisable de propos haineux et insultants qu'elle a, du coup, libéré à la marge un courant où l'on ne se soucie plus d'argumenter, de chercher à dire quelque chose de sensé, du moment que cela donne matière à reconsidérer les équilibres mondiaux et que cela sert les intérêts à court terme de l'Amérique. De mensonge en mensonge, c'est une autre histoire de l'Amérique et de l'humanité qui est réécrite et qui cherche à imposer "sa" vérité au monde, dans les manuels scolaires ou dans Wikipédia.

Pour "Q", la fin justifie les moyens, il n'y a plus de limites. Le "politiquement incorrect" de la droite "décomplexée" d'il y a une vingtaine d'années est dépassé. Internet est devenu le terrain idéal pour véhiculer toute sorte d'"idées" négationnistes, suprémacistes, créationnistes, etc.. A travers "Q", il est permis à n'importe quel crétin qui souffre d'être méprisé par les "élites corrompues de Washington" de faire croire n'importe quoi, de soutenir n'importe quelle théorie et de prendre part à un mouvement d'opinion qui se prétend en dehors du "système". C'est ainsi que le buzz finit par avoir force de loi. Il n'est plus nécessaire de sortir d'une grande école pour être pris en considération.

Grâce à "Q", les supporters de Trump se sentent transportés dans une autre dimension, avec de tout autres repères. "Q" est un pur produit Trump et de la télé-réalité. Orwell se voit détourné. La lettre "Q" scandée par les foules ("kiu ! kiu ! kiu !"), et que l'on voit brandie dans les rassemblements, en arrière-plan de Trump quant il parle à la tribune, est plus qu'un symbole, c'est un pouvoir capable de fasciner autant qu'une croix gammée ou que la faucille et le marteau.

L'approche des midterms nous en dira plus sur "Q"..., s'il est appelé à grossir, devenant un phénomène social d'ampleur, favorisé par les prophéties divinatoires de Trump sur Twitter, ou s'il se contentera d'être le point de ralliement d'une minorité active de conspirationnistes viscéralement dévoués à leur gourou.
 

Qui est Qanon, ce groupe pro-Trump adepte de théories du complot ?
par Philippe Berry
20minutes - 03 aot 2018
https://www.20minutes.fr/monde/2316919-20180803-qanon-groupe-pro-trump-adepte-theories-complot


Né sur 4Chan [Forum de partage d'images, tout comme 2Chan et 8Chan; ndc] fin 2017, le mouvement est en train de se faire remarquer lors des meetings du président américain... Au milieu des pancartes classiques « Make America Great Again » et « CNN sucks », on a aperçu quelques inscriptions mystérieuses lors des récents meetings du président américain, notamment celui en Floride, mardi. Les pancartes et les t-shirts « Qanon », « We are Q », ou simplement « Q », ne font pas référence au personnage de James Bond mais à un groupe d’internautes anonymes pro-Trump qui surfent sur des théories du complot farfelues. Descente au tréfonds du Web.

Cette mouvance a émergé sur 4Chan le 29 octobre 2017. Dans la section/pol/, un internaute se présente sous le nom « Q Clearance Patriot », une référence au niveau de sécurité « Q » qui permet à un employé du gouvernement américain d’accéder à des informations top-secret. Il publie une série de messages cryptiques affirmant, pour résumer, que Donald Trump va, avec le soutien des militaires, sauver l’Amérique du « Deep state », ces forces politiques et financières qui, selon lui, contrôleraient l’Amérique depuis des dizaines d’années.

Q prédit notamment l’arrivée d’une grande « tempête ». Il fait référence au fameux « C’est peut-être le calme avant la tempête » lâché par Trump deux semaines plus tôt lors d’une conférence de presse. « Quelle tempête ? », avait demandé un journaliste. « Vous verrez bien » avait répondu le président américain avec un sourire, sans qu’on sache vraiment à quoi il faisait référence.

Cette tempête purgerait Washington des élites corrompues, notamment par l’emprisonnement d’Hillary Clinton et d’un cercle de « pédophiles satanistes » hollywoodiens, – un fantasme qui fait écho à la théorie du complot du « pizzagate » maintes fois démystifiée. L’élément le plus surprenant de l’histoire, c’est que le procureur Robert Mueller est présenté comme un agent qui n’enquêterait pas sur Trump mais sur Clinton et les démocrates. En ligne, la communauté tente de déchiffrer chaque message du fameux Q. Les membres sont notamment persuadés que ce dernier est un proche de Trump, qui se trouvait à bord d’Air Force One avec le président américain lors de son déplacement en Asie.

En un peu moins d’un an, la communauté a grandi, passant de quelques centaines de membres de 4Chan et de 8Chan à plusieurs dizaines de milliers de personnes très actives sur YouTube et surtout sur Reddit. Leurs publications ont attiré la curiosité de quelques stars pro-Trump comme l’actrice Roseanne Barr et l’ancien joueur de baseball Curt Schilling. Et ces dernières semaines, Qanon a fait son apparition dans les meetings de Donald Trump, avec des supporteurs multipliant les références au groupe, notamment avec son slogan « Where we go one, we go all » piqué à Lame de fond, un film de Ridley Scott de 1996, souvent abrégé par Qanon par l’acronyme "WWG1WGA".

Face au buzz, les journalistes américains ont interrogé la porte-parole de la Maison Blanche. Sarah Sanders a esquivé, expliquant que le président américain « condamnait tout groupe incitant à la violence » – Qanon a notamment pris pour cible Michael Avenatti, l’avocat de la pornstar Stormy Daniels, en publiant l’adresse de son bureau californien. Qanon n’a sans doute pas fini de faire parler de lui.


"Trump dit que vous devez présenter votre pièce d'identité pour aller au supermarché. Mais ce n'est pas comme ça"
par Betsy Klein et Eric Bradner de CNN
Nouvelles Du Monde - 02 aot 2018
https://www.nouvelles-du-monde.com/trump-dit-que-vous-devez-presenter-votre-piece-didentite-pour-aller-au-supermarche-mais-ce-nest-pas-comme-ca/


Le président Donald Trump a utilisé un étrange exemple mardi soir pour réclamer des lois électorales plus strictes, affirmant qu'il est nécessaire de présenter une pièce d'identité pour acheter de la nourriture. Mais il n'y a pas une telle exigence.

"Nous pensons que seuls les citoyens américains devraient voter lors des élections américaines, il est donc temps d’identifier les électeurs, comme tout le reste. Identification des électeurs", a déclaré M. Trump à une foule de partisans réunis au Florida State Fairgrounds. "Vous savez, si vous voulez acheter de la nourriture, vous avez besoin d'une photo sur une carte, vous avez besoin d'une pièce d'identité", a poursuivi Trump. "Vous sortez et vous voulez acheter quelque chose, vous avez besoin d'une pièce d'identité et vous devez y avoir votre photo". Il a ajouté que "le seul moment où vous n'en avez pas besoin dans de nombreux cas, c'est quand vous voulez voter pour un président, quand vous voulez voter pour un sénateur, quand vous voulez voter pour un gouverneur ou pour un membre du Congrès".

Une pièce d'identité avec photo est requise lorsque vous achetez de l'alcool ou des cigarettes, et occasionnellement lorsque des achats vérifiés sont effectués avec une carte de crédit. Dans un petit nombre d'États, les cartes d'identité pour les familles à faible revenu contiennent des pièces d'identité avec photo et plusieurs chaînes, telles que Costco, peuvent nécessiter une identification lorsqu'une adhésion est demandée.
Interrogé mercredi après-midi sur la remarque de Trump, la secrétaire de presse de la Maison Blanche, Sarah Sanders, a déclaré que Trump faisait référence à des achats d’alcool. "Si vous allez dans une épicerie et achetez de la bière ou du vin, vous devez montrer votre pièce d'identité", a déclaré Sanders. "Il ne dit pas que cela devrait être fait chaque fois que vous y allez. Il a dit:" quand vous allez à l’épicerie. "Je suis sûr que tous ceux qui ont acheté de la bière ou du vin ici ont probablement dû montrer leur identification. Sinon, il y a probablement un problème avec le magasin".

Trump a critiqué à plusieurs reprises le système "arrangé" qui, selon lui, permet, sans preuves, de voter illégalement. Une commission largement critiquée par Trump pour enquêter sur l'affaire a été dissoute en janvier en raison de ce que la Maison-Blanche a décrit comme "une bataille juridique sans fin aux dépens des contribuables".

07/08/2018 >> Google, Apple, Facebook, YouTube, Spotify, Linkedln, Pinterest, YouPorn excluent le conspirationniste Alex Jones de leur plateforme, invoquant une violation des règles de conduite.


EDIT (9 août 2018)


QAnon: L'inquiétant mouvement complotiste pro-Trump sorti du "Dark Web"
par Alcyone Wemaere
AFP, France24 - 09 aot 2018
http://www.france24.com/fr/20180808-etats-unis-q-qanon-internet-dark-web-meetings-trump-complot-russie


(...) Jusqu’alors confiné au "Dark Web", cette partie "cachée" d'Internet, le mouvement est entré en pleine lumière le 31 juillet dernier, lors d'un meeting de Donald Trump à Tampa, en Floride. Dans la foule venue soutenir le président américain, plusieurs participants portaient en effet des T-shirts avec l’inscription "We are Q" ou brandissaient des pancartes aux couleurs du drapeau américain en forme de Q. Depuis, même si l'ampleur du mouvement reste difficile à évaluer du fait de sa "clandestinité", les États-Unis s’interrogent: "qui est Q ?", l’instigateur supposé du mouvement. (...)

Selon la théorie "Q", les États-Unis sont dirigés depuis des décennies par une organisation criminelle impliquant les Bush, les Clinton, les Obama, les Rothschild mais aussi des vedettes d'Hollywood, le tout avec des relents antisémites. Le but de "Q" ? Préparer les Américains patriotes à "la tempête à venir" et au "Grand Réveil" qui, grâce à Donald Trump, fera tomber cette machination et rendra le pouvoir au peuple.

Si elle fait état de kidnappings d’enfants et de réseaux pédophiles protégés, la thèse centrale de QAnon est politique: selon les adeptes de "Q", la connivence de Donald Trump avec Moscou serait une stratégie d’affichage… simplement destinée à lui permettre de travailler en secret avec le procureur spécial Robert Mueller pour vaincre le grand réseau criminel mondial.

Les adeptes de "Q" voient des signes partout (...). Au meeting de Tampa le 31 juillet, le président américain a déclaré s'être rendu quelque "17 fois" à Washington avant d'être élu. Et il n'a de cesse d'épingler les "17 démocrates en colère" qui enquêtent sur le dossier russe. Q est la 17e lettre de l'alphabet… Dernier exemple en date, le 8 août, au sujet d’élections locales partielles, Donald Trump a tweeté: 5 for 5 ! Un message aussitôt interprété par les QAnon comme un code, 5:5 signifiant qu’un message a été bien compris.

Ce mouvement comporte des dangers bien réels, mettent en garde des experts qui citent l'exemple d'un homme armé arrêté en juin près du grand barrage de Hoover, dans le Nevada, et dont les revendications faisaient référence à QAnon. Le mouvement "contient tous les éléments qui pourraient lancer un soulèvement, inciter à la violence voire pousser à une révolte politique", a commenté un ancien agent du FBI, Clint Watts, sur MSNBC. "Cela me semble être un phénomène vraiment dangereux, surtout quand on voit que certains le lient au président et ses meetings". (...)


EDIT (31 juillet 2020)


Comment QAnon, cette mouvance conspirationniste américaine, s’est infiltrée en France
Franceinfo: - 30 jul 2020
https://www.francetvinfo.fr/monde/usa/presidentielle/donald-trump/comment-qanon-cette-mouvance-conspirationniste-americaine-sest-infiltree-en-france_4058795.html


L'organisation NewsGuard révèle dans un rapport que ce mouvement pro-Trump, qui répand des théories du complot autour d'un supposé "Etat profond", attire "de plus en plus d'adeptes" en Europe et en France.

"Où l'un d'entre nous va, nous y allons tous", proclame leur slogan. Le 22 juillet, le réseau social Twitter a annoncé avoir supprimé 7.000 comptes associés à la mouvance conspirationniste américaine QAnon. (...) Une suspension qui pourrait s'appliquer à près de 150.000 comptes liées à la mouvance à travers le monde, rapporte la chaîne américaine CNN.

Né sur internet en 2017 et soutien sans faille du président Donald Trump, censé combattre un "Etat profond" ("Deep State") qui dirigerait depuis des décennies les Etats-Unis et soutiendrait – entre autres – la pédophilie, le mouvement QAnon (prononcer "Q Anon") a, ces dernières années, posé le pied en Europe. C'est ce que révèle le dernier rapport de NewsGuard, une organisation qui analyse la fiabilité des sources d'information en ligne: QAnon attire "de plus en plus d'adeptes" de ce côté de l'Atlantique, notamment en France, en Italie, en Allemagne et au Royaume-Uni.

Le 28 octobre 2017, un utilisateur anonyme du nom de "Q" a commencé à poster une série de messages cryptiques sur 4chan, un forum de discussions en ligne controversé. Q est présenté comme un fonctionnaire américain ayant accès à des données confidentielles par le ministère de l'Energie et qui aurait pour mission d'informer le public du plan de Donald Trump. Selon Q, le président américain tenterait de stopper un réseau secret de prétendus criminels désigné comme "l'Etat profond". Une organisation articulée autour de la démocrate Hillary Clinton ou des milliardaires Bill Gates et George Soros – parmi d'autres membres influents – et qui contrôlerait le pays dans le but de l'asservir au profit d'une élite mondiale. C'est la théorie du "Grand réveil" ou de la "Tempête".

Un groupe de partisans, les "QAnon", s'est ensuite constitué autour de Q et continue à prendre de l'ampleur aux Etats-Unis, en ligne mais aussi directement sur le terrain, en s'affichant aux meetings de Donald Trump. Si le président américain ne les soutient pas officiellement, les QAnon croient observer de prétendus signes dans ses discours, notamment lorsqu'il prononce le nombre "17" – Q étant la 17e lettre de l'alphabet.

C'est par le partage de théories conspirationnistes que QAnon s'est fait connaître en ligne et notamment au travers du "Pizzagate", une théorie qui préexistait mais que QAnon a amplifiée. Selon cette idée, Hillary Clinton, candidate malheureuse de l'élection présidentielle américaine de 2016, serait impliquée avec d'autres élus démocrates dans un réseau pédophile géré depuis une pizzeria de Washington, la capitale fédérale. Une théorie – maintes fois démentie – parmi d'autres qui visent l'ex-adversaire de Donald Trump dans la course à la Maison Blanche et son entourage.

Outre les partisans anonymes qui soutiennent le président américain, un nombre croissant de personnalités, notamment politiques, a fait écho à ces théories: selon Media Matters for America, une ONG proche des démocrates spécialisée dans la vérification des infos issues de médias conservateurs, 63 candidats républicains au Congrès américain auraient soutenu ou propagé des contenus conspirationnistes comme QAnon. Il y a quelques semaines, le 4 juillet, c'est l'ex-conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, Michael Flynn, qui a d'ailleurs apporté son soutien au mouvement sur Twitter.

QAnon s'infiltre, s'implante et inquiète. Il y a tout juste un an, la mouvance, et les théories conspirationnistes en général, ont été qualifiées de potentielle menace terroriste nationale par le FBI, révélait Yahoo News. Plusieurs actes violents ont en effet été commis par des adeptes de Q, comme dans l'Etat de New York où un chef mafieux aurait été abattu par un individu convaincu d'avoir le soutien de Donald Trump pour lutter contre "l'Etat profond", rapporte le média américain NPR.

Et le mouvement QAnon s'est étendu en dehors des Etats-Unis, et notamment en Europe depuis la fin de l'année dernière. Dans le top 5 des pays les plus touchés au 1er semestre 2020, dominé par les Etats-Unis, figurent le Royaume-Uni et l'Allemagne, respectivement à la 2e et à la 5e places, indique l'Institut pour le dialogue stratégique. Newsguard dénombre près de 450.000 abonnés ou membres à travers l'Europe, rien que pour les comptes ou groupes cités dans son rapport.

L'organisation révèle que des comptes spécifiquement rattachés à QAnon ont vu le jour en Europe dès 2018 en surfant sur la vague du "Pizzagate" américain. Certains sont même fortement suivis, comme la chaîne YouTube allemande "Qlobal-Change", qui compte environ 100.000 abonnés, ou le groupe Facebook britannique sur "le Grand réveil", qui comptabilise près de 20.000 membres. Et pour se propager, ces plateformes adaptent les thèses conspirationnistes américaines aux contextes locaux, toujours sur fond de pédocriminalité et de "nouvel ordre mondial". "Ces théories séduisent parce qu'elles sont simples", avance la rédactrice en chef Europe de NewsGuard, Chine Labbé: ”Ces théories sont fondées sur un schéma simple: des élites mondialisées comploteraient et voudraient mettre en place un nouvel ordre mondial. Il suffit de changer quelques noms pour l'adapter [en Europe]".

En Allemagne, il existerait ainsi un réseau pédophile secret si l'on en croit ces thèses. La chancelière Angela Merkel incarne pour sa part une "marionnette de l'Etat profond", comme son homologue italien Giuseppe Conte. Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, aurait quant à lui été propulsé au pouvoir par le mystérieux Q, à l'instar de Donald Trump. Des théories parfois amplifiées par des célébrités, comme la vedette allemande Xavier Naidoo ou – plus connu en France – le chanteur de pop britannique Robbie Williams, qui a soutenu la théorie du "Pizzagate", rapporte NewsGuard.

QAnon se répand donc sur le Vieux Continent, y compris en France. Parmi les pages les plus suivies, une chaine YouTube intitulée "Les deQodeurs" et son site DisSept.com qui prétendent fournir "de l'information vérifiée et vérifiable pour la guerre digitale que nous vivons". Et si, à l'origine, ces contenus sont restés confidentiels, ils apparaissent désormais sur des sites populaires de mésinformation, écrit NewsGuard, qui cible LumiereSurGaia.com, situé dans le top 400 des sites suscitant le plus d'engagement en ligne dans l'Hexagone. En retour, des comptes QAnon partagent même les thèses d'autres adeptes des théories conspirationnistes,  comme l'essayiste d'extrême droite Alain Soral.

Parmi les supposés complots listés par NewsGuard, Emmanuel Macron serait un "pion" de "l'Etat profond" propulsé au pouvoir après son passage dans la banque d'affaires Rothschild & Cie. "QAnon, c'est le méta-complot", synthétise la journaliste Chine Labbé. "QAnon offre un schéma global qui fait rentrer beaucoup de sous-théories du complot qui existent depuis logtemps mais leur laisse un cadre": ”En France, QAnon n'est pas encore 'mainstream', loin de là, mais le fait que ces théories soient reprises [par des sites de mésinformation connus] est le signe que cela prend en France aussi".

NewsGuard note que "le Canada francophone semble constituer un passage fréquent pour que ces théories traversent l'Atlantique, depuis les Etats-Unis vers la France". Notamment via les vidéos du théoricien du complot Alexis Cossette-Trudel, animateur sur Radio-Québec.

Pour NewsGuard, la pandémie de Covid-19 a servi de catalyseur aux thèses du mouvement QAnon, et notamment en France. La crise sanitaire ne serait rien de moins qu'un plan de "l'Etat profond" imposé par les élites mondiales pour faire vacciner la population, selon des publications identifiées par l'organisation. Une accélération également identifiée par l'Institut pour le dialogue stratégique, particulièrement lors de l'instauration des mesures de confinement dans plusieurs pays, en mars.

Un signe parmi d'autres de cette progression: des groupes en ligne soutenant le désormais célèbre professeur Didier Raoult –  "érigé en héros dans certains cercles conspirationnistes", écrit NewsGuard – ont partagé des publications liées au mouvement QAnon telles qu'une vidéo des "deQodeurs" sur la France et "l'Etat profond". Des contenus également diffusés au sein de groupes pro-"gilets jaunes". Pour NewsGuard, le fait que ces théories du complot fusionnent avec des groupes aux thématiques locales relève de "l'infiltration ultime". (...)

12/08/2020 >> Marjorie Taylor Greene, adepte du mouvement conspirationniste QAnon, remporte une primaire républicaine pour les élections de novembre en Géorgie.

05/11/2020 >> Marjorie Greene est élue en Géorgie. Elle est la première complotiste à passer les portes de la Chambre des représentants.


EDIT (7 janvier 2021)


Qui est l'homme en peau de bête vu lors des violences au Capitole ?
par Noémie Bonnin
Radio France, Franceinfo: - 07 jan 2021
https://www.francetvinfo.fr/monde/usa/presidentielle/donald-trump/etats-unis-qui-est-l-homme-en-peau-de-bete-vu-lors-des-violences-au-capitole_4248063.html


Son accoutrement pourrait faire sourire, mais son engagement est bien réel : avec son bonnet en peau de bête, ses cornes, son maquillage et ses tatouages sur le corps, cet homme est l'une des figures symboliques de l'intrusion de militants pro-Trump dans le Capitole, à Washington, aux États-Unis, mercredi 6 janvier. Ce grand homme torse nu est même apparu derrière le podium du Sénat.

L'individu est loin d'être un inconnu: c'est une personnalité bien connue du mouvement QAnon, le mouvement aux thèses conspirationnistes et qui soutient Donald Trump de manière indéfectible. Il s'appelle Jake Angeli, mais il est mieux connu sous les pseudonymes Q Shaman et Q Guy, des surnoms en référence à ce mouvement QAnon. Quant à son costume, il l'a choisi pour "attirer l'attention", a-t-il expliqué dans une interview donnée au journal The Arizona Republic.

Mais son inspiration est composite: coiffe de type indien, cornes animales, drapeau américain peint sur le visage et surtout tatouages divers et nombreux. L'un, qui se compose de triangles entrelacés, est le symbole viking du "Valknut". C'est une référence au wotanisme : inspirée de la figure du dieu Wotan, principale divinité du panthéon germanique, c'est une idéologie prisée des néo-nazis.

Comme les autres adeptes de cette mouvance QAnon, Jake Angeli croit notamment à un grand complot mené contre Donald Trump, seul homme capable de lutter contre "les pédophiles cannibales" du Parti démocrate. Ils sont persuadés que la victoire de Joe Biden à l'élection présidentielle américaine est une fraude électorale massive, d'où l'envahissement mercredi du Capitole.

Dans une interview donnée à ORF (le média public autrichien) lors d’un rassemblement en Arizona, il explique dénoncer la corruption au plus haut niveau des gouvernements : "Partout dans le monde, les pays sont occupés par les institutions bancaires centrales, qui prêtent au gouvernement, ce qui leur permet de maîtriser tous les rouages socio-économiques et géopolitiques du pays".

Selon Jake Angeli,toujours, "des milliards de dollars sont utilisés pour créer des tonnes de bases souterraines, où ils ont des technologies de pointe top secrètes. Ils voient comment créer de l'énergie infinie, une technologie anti-gravité, de l'inertie propulsée ou encore avancer sur le clonage ou ce genre de choses folles." Il craint la création d'un "nouvel ordre mondial". Le militant affirme avoir trouvé ces découvertes grâce à des recherches sur internet, et fait également référence aux théories des Illuminati.

Avec son look reconnaissable, il est apparu dans de nombreuses manifestations, la plupart du temps avec une pancarte, sur laquelle est écrit "Q sent me" ("Q m'a envoyé"), en référence au personnage anonyme nommé "Q", qui publierait des indices sur le fameux complot, selon le mouvement QAnon.

En février 2020, il participe à un rassemblement pro-Trump à Phoenix, affirmant que le mouvement QAnon est en train de prendre de plus en plus d'ampleur. Il prend part aux manifestations qui contestent les résultats de l'élection présidentielle dans son État, mais aussi aux différents rassemblements qui réclament la réouverture des entreprises, fermées par le gouvernement pour ralentir l'épidémie de Covid-19. Il est vu plusieurs fois devant le Capitole de l’Arizona, dénonçant des conspirations qu’il dit avoir découvertes. Le 12 décembre dernier, il est aussi dans la marche pro-Trump. Il répète que l'élection présidentielle "a été volée".