Le Monde d'Antigone

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La Zad à l'heure de la "normalisation"

Publié le 12/05/2018 à 00:12 par monde-antigone

 
Notre-Dame-des-Landes: La Zad face au dilemme de la normalisation
par Lorène Lavocat (à Paris), Émilie Massemin (à la Zad), Nicolas de la Casinière (à la préfecture de Loire-Atlantique)
Reporterre - 25 avr 2018
https://reporterre.net/REP-Notre-Dame-des-Landes-formulaires


NOTRE-DAME-des-LANDES - Sous le soleil radieux, c’est toute une palette de verts qui explose dans les haies, les champs et les sous-bois de la Zad de Notre-Dame-des-Landes. Mais malgré le ciel bleu, un sentiment diffus d’attente plane sur la zone ce mardi 24 avril. À 9h du matin, l’éventualité d’une nouvelle opération militaire était sur toutes les lèvres. « La nuit a été calme », assure-t-on au point accueil. « Tu penses que ce serait pour mercredi ? Ce serait bizarre, le jour d’une nouvelle réunion sur les formulaires… » dit un jeune homme attablé devant une tasse de café fumant. « Aucune idée. Moi je pensais que ce serait pour ce matin », lui répond une jeune femme au visage criblé de taches de rousseur. [La préfète est allée rendre son rapport au Premier ministre. C'est de lui que viendra l'éventuel ordre d'évacuation. Il a repoussé la date de la 2e vague d'expulsions au 14 mai; ndc] Les gens s’attardent près de Farbot, dont le récepteur fixé à la bretelle du sac à dos crachote du Radio Klaxon. Des extraits du programme de la journée donnent une idée de l’ambiance sur la Zad: « 10h, formation à l’utilisation du talkie; 14h, rendez-vous pour organiser un parloir sauvage en soutien aux personnes incarcéré.e.s; 20h30, assemblée des usages à Bellevue où sera suivie et débattue une fois de plus la démarche de légalisation de la Zad suite au dépôt des formulaires individuels ».

Car au lendemain de l’échéance fixée par la préfecture aux zadistes pour le dépôt des formulaires, soutiens et habitants semblent toujours partagés sur la stratégie à suivre. Pourtant, la décision de déposer des fiches individuelles mais interdépendantes permet de couvrir la majorité des activités (agricoles ou non) vécues sur la Zad et de « protéger » ainsi la plupart des lieux d’une éventuelle destruction. C’est en tout cas ce qu’a laissé entendre le gouvernement: le formulaire est un préalable indispensable à la régularisation. Mais la communication déployée par les autorités ce mardi donne plutôt l’impression que les pouvoirs publics entretiennent le flou quant au nombre de lieux encore expulsables. Depuis le lancement de l’intervention militaire du 9 avril, 29 sites ont été détruits par les gendarmes; il en resterait une soixantaine. Des fermes, des cabanes en plein champs, des espaces culturels ou des lieux de vie collectifs.

Par la voix de son porte-parole, Benjamin Griveaux, le gouvernement a d’abord voulu réaffirmer sa « fermeté »: « La ligne, elle est constante, ceux qui ont un projet agricole, qui ont respecté l’État républicain, qui se sont intégrés dans le cadre que l’État a proposé (...), ceux-là ont leur place, les autres n’ont pas leur place et ils seront évacués », a-t-il précisé mardi matin à Cnews. Si l’on en croit le porte-parole, seuls les 28 projets agricoles ayant déposé une fiche de déclaration pourraient être régularisés. Sachant que la préfecture de Loire-Atlantique a ensuite précisé dans un communiqué « que ces déclarations ne créent pas de droit et que le processus de régularisation ne fait que commencer ». Autrement dit, ces projets vont désormais être examinés par la DDTM (direction départementale des territoires et de la mer), par le comité professionnel agricole le 29 mai et par le comité de pilotage sur l’avenir des terres agricoles de la Zad le 6 juin. Quelles seront les conditions pour que ces projets deviennent légaux ? Interrogée par Reporterre, la préfecture n’a pas encore répondu à nos questions.

Pour le moment donc, le flou demeure, même si la préfecture dresse en creux une série de critères, puisqu’elle estime dans son communiqué que sur les 28 fiches reçues, « une quinzaine de projets structurants sont plus aboutis. Ils concernent notamment des activités d’élevage, de maraîchage et des cultures céréalières avec transformation sur place. Les porteurs de projet ont, pour la plupart des diplômes et/ou une expérience agricoles ». Certains des 28 projets agricoles pourraient donc être retoqués… et expulsés.

Quant aux 13 autres projets déposés — « para-agricoles », artisanaux, culturels — seront-ils tous évacués ? La préfecture s’est montrée plus conciliante que M. Griveaux. Dans son communiqué, intitulé « Une nouvelle avancée vers le retour à l’État de droit », elle a ainsi indiqué que ces projets méritent également d’être approfondis, « afin de voir dans quelle mesure ils pourraient être combinés avec les projets les plus aboutis et/ou regroupés pour atteindre une taille critique et présenter une viabilité suffisante dans la durée ». Lors de la conférence de presse donnée dans la commune de Notre-dame-des-Landes ce mardi, la préfète Nicole Klein a indiqué que « la majorité des projets ne posent pas de problème et tiennent parfaitement la route. Nous n’avons vu aucun projet farfelu. » Elle s’est même réjoui de l’existence d’une bibliothèque rurale, le Taslu, « ce qui peut être intéressant ». Le gouvernement enfoncera-t-il cette porte ouverte par la préfète ? Une réunion est prévue à Matignon ce mercredi avec la préfecture et l’État major pour décider de la suite de l’opération.

Que reste-t-il encore ? Quelques lieux que les habitants, les « sans fiches », n’ont pas souhaité déclarer à travers un formulaire individuel. Plusieurs rumeurs circulent sur la Zad à propos du nombre d’endroits ainsi concernés, entre 3 et 7 d’après les retours que nous avons recueillis. Mais surtout, les fiches remises à la préfecture concernent des projets, et non pas des habitats. Certains projets regroupent ainsi plusieurs lieux et plusieurs activités. La préfète l’a d’ailleurs réaffirmé lors de sa conférence de presse: « On n’a pas travaillé sur les habitats mais sur les projets. » Un projet retoqué pourrait ainsi signifier plusieurs lieux expulsés.

Cette incertitude et cette confusion n’allègent pas l’ambiance sur la Zad. La démarche de déposer des fiches projets à la préfecture à Nantes n’a pas fait consensus chez les habitants. Au Maquis, Rafik [prénom changé] résume la situation en déposant sur la table de jardin deux casseroles fumantes — poêlée de pommes de terre et de potiron dans l’une et semoule à la tomate dans l’autre. « Ce n’est pas comme s’il y avait deux camps, il y a plein de positions intermédiaires, précise-t-il d’emblée. Ceux qui ont appelé à remplir les formulaires plaident pour négocier un cessez-le-feu, éviter que l’ouest de la zone soit détruit et que la répression fasse de nouveaux blessés. C’est également une pensée stratégique : on répond aux demandes de la préfecture, mais pour mieux maintenir des projets hors-normes et des discussions ensuite ».

À l’autre extrémité de la large palette des opinions présentes sur la Zad, ceux qui rejettent toute discussion avec l’État. « Ils estiment que cela fait deux mois qu’on fait des concessions, alors que pour nombre d’entre eux l’État est un ennemi. Ils se sont tenus à carreau pendant deux mois d’occupation militaire, sans caillassage ni sabotage — ce qui est un exploit alors qu’une des devises de la Zad est “résistance et sabotage” —, alors que leurs cabanes se sont fait défoncer, qu’il y a eu plus de 260 blessés et une soixantaine de personnes interpellées. Pour eux, retourner voir la préfète après une répression militaire ultrabrutale, alors qu’elle s’était essuyé les pieds sur le projet de convention collective, a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Ils ont décrété que le “courbage” d’échine avait été trop loin et qu’il ne servirait peut-être à rien à long terme. En effet, le risque existe que certains projets soient acceptés mais pas les cabanes, et que l’État demande à leurs habitants de les démonter. Et qu’on n’arrive pas à sauver grand-chose de la Zad ».

Un autre danger qu’identifie Rafik est la fragilisation des individus face aux pressions de l’État. « Même en cas de projet collectif avec une liste de noms, ceux qui donneront leur identité auront plus de responsabilités et ils pourraient craindre que le collectif fasse des choses “en leur nom” ». Dernière menace, l’assèchement de tout un imaginaire façonné à la Zad. « En perdant la dimension collective de la Zad, on perd un combat et une contre-proposition forte à tout l’imaginaire de la création d’alternatives au sein du capitalisme: écocitoyennisme, consomm’action, le fait de pouvoir changer le monde individuellement grâce à son portefeuille, etc. »

Dans la journée, des personnes « sans fiches » ont d’ailleurs publié une tribune pour expliquer ce refus du formulaire. « Nous refusons de nous inscrire dans l’État de droit, collectivement et individuellement, y lit-on. Nous comprenons ou imaginons bien que certain-es tentent des “petites histoires” légalistes, pour soit gagner du temps, ou re-re-regagner la solidarité d’autres composantes. Mais ici, au vu et déroulé de ces dernières semaines et mois, tout ceci est devenu futile sinon nuisible à nos yeux. On ne se reconnaît pas/plus dans cette stratégie molle. Même dans le Meilleur Des Mondes, ces projets acceptés mèneraient à la longue très certainement vers le pire: une normalisation qui légitimera untel ou une-telle plus que d’autres à vivre ici ».

Malgré tout, Max [prénom changé], qui partage son temps entre fabrication de pain, maraîchage et travail du cuir, s’est livré à l’exercice de la paperasse. Le projet qu’il a contribué à décrire englobe deux bâtiments dont la maison du Haut-Fay, hors du périmètre de la Zad mais quand même menacée d’expulsion. « Les fiches individuelles renferment la plupart du temps des projets collectifs, précise-t-il. Les gens les ont remplies pour eux et leurs copains, pour que tous les lieux de vie soient couverts à la fin ». La décision a quand même été douloureuse. « On devait se débrouiller avec deux injonctions contradictoires. D’un côté, on a des étoiles dans les yeux parce que la Zad est le seul endroit qui dit fondamentalement “merde” à l’État et qui ne lâche rien. Elle incarne l’espoir de protéger des choses qui ne peuvent pas exister si l’on reste dans les clous. Il y a des gens qui disent que si l’on renonce à ça, ils auront du mal à soutenir la Zad. De l’autre, on se dit qu’on a déjà acquis ici beaucoup de choses, qui peuvent être une base arrière pour nourrir de nombreuses luttes et réflexions. On craint que si l’on refuse tout, l’État va tout raser et installer la FNSEA à la place. Ne rien lâcher, c’est prendre le risque d’aller au martyr pour le principe ».

Pourquoi s’être décidé à participer à cette démarche ? « J’ai senti qu’on n’avait pas la force de se défendre par le seul rapport de force, explique Max. Mais je vois ça comme un geste temporaire, à un moment où la pression est maximale. Cela ne préjuge pas de la suite. » Car son attachement à la Zad telle qu’elle s’est construite n’a pas changé: « Je veux que perdurent ici du cadre et du hors-cadre. Ce que nous avons de plus précieux, c’est la diversité des modes de vie et des points de vue sur la Zad. Au quotidien, c’est prise de tête. Mais pouvoir réunir ici des gens qui, s’ils n’étaient pas, là feraient partie de l’élite, et d’autres qui, s’ils n’étaient pas, là seraient à la rue, en hôpital psychiatrique ou en prison, et faire des choses ensemble en se respectant, c’est unique ». Cette dimension collective est pour lui indispensable: « Mon but n’est pas d’être un petit entrepreneur isolé, même alternatif, mais de vivre dans ce lieu de collectivisation et d’autogestion. Si je déposais un projet strictement individuel, je me retrouverais seul face à la machine étatique et administrative, face à des normes et à des exigences de rentabilité. Cela me boufferait, je n’aurais plus de temps pour la vie collective et politique, et pour soutenir les autres camarades. J’aime mes activités — faire du pain et du maraîchage — mais parce que je les fais dans cette zone libre et de partage ».

Sur le chemin de la Rolandière, Benji presse le pas. « J’ai une heure pour faire le tour des cabanes dans les champs et vérifier qu’elles ont prévu une défense en cas d’offensive des gendarmes », explique-t-il. Sur la Zad depuis 4 ans, il est coprésident de l’association Pour un avenir en commun dans le bocage et a inscrit son nom sur le projet de l’Ambazada, un lieu de rencontre et de formation aux savoir-faire et aux luttes. « On a passé tout le week-end à peaufiner les fiches, pour montrer à quel point tous les projets sont liés et indissociables les uns des autres », assure-t-il. Autrement dit, chaque fiche projet — par exemple celle du « groupe céréales », qui prévoit la création d’une filière allant de l’épi au pain sortant du four — peut englober plusieurs lieux. Et chaque lieu — y compris les cabanes si menacées — peut accueillir plusieurs projets. « Par exemple, je vis à la Baraka, un lieu qui apparaît dans les projets du groupe moutons, de groupe vergers et d’Abracadabois, illustre Benji. L’idée est de montrer que tout ce qui est fait ici est indémêlable. Par exemple, les cabanes ne sont pas seulement des endroits où l’on mange et on dort, mais aussi des lieux de réunion et de stockage du matériel. On y a souvent collé un potager, ou alors les bêtes pâturent tout autour d’elles. D’ailleurs, si ces activités existent, c’est parce que nous habitons ici et qu’il a bien fallu manger, dormir, réparer. Tout est interdépendant: la conserverie de la Noé verte de la production de fruits et légumes, les étiquettes fabriquées par l’atelier de sérigraphie, on a besoin d’Abracadabois pour réparer les outils utiles au maraîchage. L’équilibre se fait même entre activités rentables et non rentables: souvent, certaines rapportent de l’argent grâce aux services rendues gratuitement par les autres ».

L’argumentaire pour la préfète est bien rodé; mais il est déroulé à contre-cœur. « Une des choses qui me paraissait la plus riche ici, c’est l’absence de flics, d’huissiers, de normes qui a laissé place à une imagination absolue, se souvient Benji. Quand on n’a pas ces faux garde-fous créés pour réserver le pouvoir à certains et réduire les autres à de simples exécutants, on peut créer tellement de choses ! Mais avec ces fiches, on a mis le doigt dans l’engrenage de l’administratif et on va perdre de l’amplitude de mouvement. Si on ne les avait pas remplies, on aurait fini par perdre nos soutiens et peut-être même par tout perdre; mais on l’a fait faute de mieux ».


Notre-Dame des Landes: Signe ton formulaire et ferme ta gueule !
Critique du processus de légalisation en cours sur la ZAD
Non Fides - 30 avr 2018
http://www.non-fides.fr/?Notre-Dame-des-Landes-Signe-ton-formulaire-et-ferme-ta-gueule


Hola Compa ! Nous t’écrivons pour te tenir au courant de ce qui se passe sur la Zad de Notre Dame des Landes, une zone qui depuis des années veut se libérer de l’emprise de l’Etat sur les décisions des individu.e.s et des collectifs et cherche comment vivre et s’organiser. S’il y a eu une infinité d’expériences comme gérer le quotidien et les conflits sans autorités et règles étatiques, et qu’une cohabitation de logiques très diverses était possible grâce à la taille géographique de la zone qui promettait, dans une certaine mesure, de s’organiser à sa manière sans s’imposer aux autres; la dégradation de la situation s’accélère rapidement !

Après que l’Etat ait abandonné le projet d’aéroport qui réunissait des citoyen.ne.s et des subversi.f.ve.s dans une lutte face à un ennemi commun, il cherche maintenant toutes les raisons pour détruire cette zone qui échappe à son emprise. Comment croire qu’un Etat pourrait tolérer sur « son territoire » des endroits qui nient, par leur existence, la légitimité des lois qu’il impose ?
Plus de 90 lieux coexistaient avec des conflits entre eux et tendaient à trouver des solutions. Aujourd’hui, certains choix et décisions prises ne peuvent plus cohabiter. La zone en tant que totalité a perdu sa négation du pouvoir de l’Etat.

L’Etat français a donné un ultimatum aux occupant.e.s de la zone pour remplir des fiches individuelles de légalisation de projet agricole jusqu’au 23 avril 2018. Avec à la clef une menace d’expulsion si ces fiches comprenant les terres de la zone n’étaient pas remplies et rendues. Il a souligné cette menace en commençant à détruire une trentaine de lieux dans la partie Est de la zone (principalement dans celle non-motorisée).

Beaucoup de gen.te.s utilisent l’argument de l’urgence pour sombrer elleux-même dans une logique de diplomatie et de paternalisme. Ielles se permettent de renforcer à l’intérieur de la zone des mécanismes autoritaires au travers d’attitudes manipulatrices pour faire ce qui leur paraît juste tout en prétendant agir pour le « bien commun » sur la zone. Le phénomène va aussi loin que certain.e.s occupant.e.s ont décidé de signer des fiches qui incluent les terres et lieux d’habitation des gen.te.s qui elleux refusent de faire légaliser « leur » lieu de vie, leur projet, leur quotidien ! Ces fiches ayant parfois été signées dans leur dos, sans aucune consultation.

Il suffit de quelques personnes ou collectifs prêt.e.s à marchander avec l’état pour que celui-ci, avec ses mécanismes d’intoxication médiatique, puisse faire un tri, entre ses citoyen.ne.s qu’il prétend protéger et les « criminel.le.s » qu’il se devrait de réprimer au nom de la sécurité et du bien-être de sa population. N’est ce pas une hypocrisie totale de prétendre sauver une zone du joug de l’état en imposant la légalisation à toutes celles et ceux qui considèrent les lois et l’autorité comme deux facteurs majeurs de leurs oppressions ?!!

Pire que cela: prétendre agir en tant que collectif incluant toute la zone alors que les occupan.te.s / habitant.e.s des lieux déjà détruits ne sont même plus ni pris.es en compte, ni concerté.e.s après l’expulsion et la destruction de « leur » lieu. Et que le refus de négocier et de signer des groupes et des individu.e.s est piétiné et ignoré !

Prétendre protéger la lutte contre l’aéroport ET son monde en devenant propriétaire ou responsable légal est absurde ! La croyance en une victoire bureaucratique est sidérante. On a toujours vu des organisations institutionnelles tenter de récupérer des combats, ce mécanisme est désormais interne à la ZAD. Croire pouvoir signer des contrats et faire ce qu’on veut derrière est illusoire. Comment pouvoir croire gagner un jeu dont les règles sont écrites et constamment modifiées par nos adversaires ?

Contrairement à certain.e.s légalistes, nous n’allons pas imposer nos choix aux autres. Mais il serait bien que tou.te.s celleux qui croient pouvoir gagner de la liberté en se soumettant aux conditions de leurs oppresseurs soient conscient.e.s du fait qu’ielles légitiment encore plus la répression contre celleux qui refusent de négocier avec les autorités. Même parmi les signataires, les idées, les raisons sont nombreuses et diverses. Certain.e.s espèrent que ce soit une sortie de secours pour ne pas perdre les lieux de la zad et continuer à créer et expérimenter des modes de vie. D’autres, de récupérer des terres de manière délibérée. D’autres encore, culpabilisent des personnes dubitatives en invoquant un processus de signature collectif qui serait entravé par d’éventuels refus de signature.

En effet, les cabanes et jardins peuvent être détruites parce que l’état détient la puissance militaire pour anéantir des structures physiques et matérielles et pour tuer. Donc une grosse partie des problèmes est là: sauver des idées au risque de perdre des espaces ou sauver des lieux en perdant ses idées.

Compa ! Ce ne sont pas les lieux qui nous font vivre mais nous qui faisons vivre les lieux. Donc même si les autorités internes ou étatiques rongent les espaces, il reste de l’espoir: les luttes contre TOUTE forme d’autorité sont toujours présentes ici à travers de nombreux groupes et individu.e.s. Les ami.e.s du pouvoir peuvent bien essayer de faire croire le contraire. Nous ne sommes pas dupes, à nous de les contrer !

Solidarité aux 4 copa.in.e.s incarcéré.e.s, aux autres et aux personnes coffrées.
Contre tous les placards !
D’innombrables occupant.e.s intemporelles et déterminé.e.s.


Notre-Dame-des-Landes: l’appel de la pioche du 13-12
Squat net - 06 mai 2018
https://fr.squat.net/2018/05/06/notre-dame-des-landes-lappel-de-la-pioche-du-13-12/


Le 14 mai 2018 est la date prévue pour la 2e vague de DESTRUCTION de la ZAD, des lieux et des personnes qui y vivent.
Les voix de l’est vont se faire entendre pendant le week end de reconstruction; par leurs musiques et des prises de parole.

Au chantier collectif de Lama fâché, la Grée, le champ du premier mai (en face des Planchettes). L’EST sont les décroissants de la ZAD qui supportent toutes les destructions actuelles contre l’aéroport et surtout contre son monde. Pas d’aéroport, pas de route, reconnaissance d’un statut de décroissant. Toute aide volontaire et matérielle est la bienvenue.

Appel à venir à partir du 11 mai et à tout jamais:
Réoccuper le terrain; Actions pour faire face à l’occupation militaire, aux prises de pouvoir, à l’autoritarisme dans nos luttes; Pour que la ZAD reste un lieu d’accueil hors normes, d’expérimentation, d’organisation horizontale et de résistance à l’oppression.
Ramène ta pelle, ta pioche et des matériaux.


En cas de nouvelles expulsions sur la zad, appel à mobilisation et à reconstruction
lundi 14 mai 2018
Zone A Défendre - 10 mai 2018
https://zad.nadir.org/spip.php?article5697


Le 17 janvier, nous remportions une bataille décisive en arrachant l’abandon du projet d’aéroport. Nous avons fait plier l’État, lui a voulu se venger: occupation policière du territoire (toujours en cours), refus buté de toute forme de gestion collective, destruction d’un tiers des cabanes, 270 blessés au moins, 60 interpellations, champs inondés de gaz, 11.000 grenades tirées en une semaine...

Malgré ce déferlement de violence, une partie du mouvement a posé un geste d’apaisement en déposant des fiches nominatives en préfecture. Pourtant, le gouvernement n’a pas renoncé aux expulsions. Tous les habitats restent menacés. Le gouvernement ne vise-t-il dans le fond qu’à éradiquer la zad et l’espoir qu’elle soulève ?

Nous voulons toujours un territoire vivant, habité, partagé, solidaire, qui laisse la place à toutes celles et ceux qui veulent y vivre. Nous refuserons ensemble tout nouveau tri et expulsions des lieux de vie et espaces d’activité de la ZAD. La pression policière et les ultimatums intenables doivent cesser.

Nous appelons donc tous nos soutiens à rester extrêmement vigilants et prêt.e.s à se mobiliser sur le terrain pour ceux et celles qui pourrons nous rejoindre immédiatement. Nous encourageons également la poursuite des actions décentralisées qui sont menées par dizaines depuis le 9 avril. En cas de nouvelles destructions des lieux de vie nous appelons à une convergence massive sur la zad le dimanche qui suivrait. Ensemble, nous reconstruirons des habitats et cultiverons des jardins vivriers pour toutes les personnes expulsées. Ensemble, nous rebâtirons les lieux d’activité et de partage détruits.

En ces temps où le gouvernement essaie partout de briser les solidarités et les collectifs, nous adressons un fort message de soutien aux exilé.e.s, aux camarades étudiant.e.s, aux cheminot.e.s, aux postier.e.s en grève et à toutes celles et ceux qui résistent dans d’autres secteurs.
Des lieux de rdv et infos pratiques arriveront prochainement sur https://zad.nadir.org et https://acipa-ndl.fr/


Précisions mises à jour le 10 mai:
Se mobiliser face à une seconde phase d’expulsion de la zad

Le gouvernement annonce une seconde vague d’expulsion sur la zad de Notre-Dame-des-Landes. L’opération pourrait être lancée dès le 15 mai. Nous n’avons aucune idée de son ampleur et de sa durée. Ce qui est certain, c’est que nous ne pouvons avoir aucune confiance dans les annonces officielles et que nous nous mobiliserons face à tout nouveau tri et expulsion des habitats de la zad. Malgré ceux qui, du côté du gouvernement ou parfois même malheureusement du mouvement, tentent d’ancrer des divisions, catégories et de faire monter la tension, nous maintiendrons une position de défense commune la plus large possible des lieux de vie, réalités et activités qui s’entremêlent sur la zad. C’est cette ligne que nous avons souhaité tenir autant dans le cadre des négociations qu’avec les diverses formes de résistance et mobilisations sur le terrain depuis plusieurs semaines. Nous convions en ce sens à être prêt.e.s à réagir de nouveau sur la zad et partout ailleurs dès le 15 mai.

Concrètement, nous appelons à:
 - A se joindre au pique-nique-rassemblement du lundi 14 mai à 13h place du pont Morand à l’occasion du comité de pilotage;
 - A un rassemblement devant la préfecture à Nantes à 18h suite à une journée d’expulsion;
 - A des rassemblements et occupations sur les places des villes et devant les mairies et préfectures. Les comités de soutien peuvent signaler leurs rendez-vous et actions au site zad.nadir afin qu’ils soient relayés;
 - A une manifestation le samedi après une semaine d’expulsion à Nantes;
 - A une convergence sur la zad le dimanche après une semaine d’expulsion;
— Divers espaces d’accueil seront mis en place, sur la zad, voir infos sur zad.nadir.org

Nous appelons les soutiens qui nous rejoignent pour résister sur place à:
- faire attention à la possibilité d’une diversité de pratiques et de présences sur le terrain;
- faire attention à nos voisins des bourgs alentours, aux travaux paysans et à laisser la circulation libre sur les routes hors des moments de résistance aux expulsions;
Vous pouvez suivre les infos sur zad.nadir.org ou en vous abonnant au compte twitter ZAD_NDDL
Des habitant.e.s de la zad.


Notre-Dame-des-Landes: Bilan de l’équipe médic de la semaine du 23 avril au 29 avril 2018, le maintien de l’ordre fait mal !
Squat net - 03 mai 2018
https://fr.squat.net/2018/05/03/notre-dame-des-landes-bilan-de-l-equipe-medic/ 


Cette semaine, pendant cette période de trêve et de simple «déblaiement des habitats détruits et maintien de l’ordre», nous, équipe médic de la zad & collectif de soignant.e.s mobilisé.e.s sur la zad, déplorons 33 blessé.e.s: 14 personnes touchées par des grenades de désencerclement dont un traumatisme abdominal, une atteinte de la face et une personne évacuée; 12 personnes touchées par des flash balls dont un traumatisme abdominal et une fracture; 2 personnes présentant des traumatismes thoraciques; 1 personne ayant fait une crise d’angoisse suivie d’un état de stress post traumatique lié aux gaz et à une action physique: clé d’étranglement de la part des gendarmes; 2 personnes souffrant d’un trauma auditif par grenade GLI-F4; 1 personne brûlée par la chute d’un palet lacrymogène brûlant; 1 personne intoxiquée par les gaz.

À tout cela s’ajoutent les séquelles à court, moyen et long terme qui font suite aux différentes blessures: difficultés à se déplacer, à conduire, douleurs violentes et persistantes, cicatrices, incapacité à se rendre au travail, syndromes de stress post traumatique nombreux…
Nous rappelons que depuis le 9 avril, début des opérations d’expulsions, nous avons recensé 305 personnes blessées. Ce chiffre est quant à lui toujours sous-estimé car toutes les personnes blessées ne sont pas prises en charge à nos postes médicaux.

Nous voulons témoigner précisément de l’évacuation de cette semaine. Une personne s’est rendue à un poste médical, elle présentait un éclat profond au bas de la cuisse, derrière le genou. Deux jours plus tard, elle manifestait des signes d’infection, nous avons donc choisi de l’évacuer vers les services hospitaliers. Cette personne a du se faire opérer pour retirer l’éclat qui faisait 2 cm. Elle s’en est sortie avec 4 points de suture et une antibiothérapie renforcée.

L’éclat en question est l’une des pièces qui sert au mécanisme d’un type de grenade. C’est le 4e éclat de cette sorte que nous retrouvons dans les chairs depuis le début des expulsions. Un a été extrait d’une cuisse. Pour les trois autres personnes blessées, des extractions chirurgicales en bloc opératoire ont été nécessaires (comme décrit plus haut). La seconde personne ayant été transférée vers des services hospitaliers avait reçu l’éclat dans une dangereuse proximité avec la colonne vertébrale (à 1 ou 2 cm). La troisième personne quant à elle avait reçu l’éclat dans le mollet.

Nous sommes donc aujourd’hui très inquiet.e.s de retrouver des éclats métalliques de 2 cm dans les tissus profonds et aussi proches de parties vitales. Ces éclats, mal placés, pourraient avoir des conséquences dramatiques pour les personnes touchées. Nous alertons à nouveau la préfecture et les forces de gendarmerie: il est impératif, pour la sécurité des personnes, que cela cesse ! Ici, depuis le 9 avril, nous ne cessons de constater l’usage potentiellement létal des armes de la police qui blessent, mutilent, traumatisent, et bientôt tueront si cette brutalité d’intervention perdure.


Grenades explosives, Violence d’Etat non-médiatisées
ZAD, Avril 2018
Paris-Luttes info - 09 mai 2018
 https://paris-luttes.info/grenades-explosives-violence-d-10186


La France est le dernier pays européen à utiliser des grenades explosives pour le "maintien de l’ordre". Face aux 3.000 grenades explosives lancées la première semaine (GLI F4 + désencerclantes), c’est le silence assourdissant des médias. 11.000 grenades si on compte les lacrymos ! Peu d’images à la télé, presse interdite d’entrer sur la ZAD les premiers jours des expulsions, contrainte d’utiliser les images orientées de l’équipe "Communication Gendarmerie". Le type de grenade utilisée (GLI F4) est de la même famille que celle qui a tuée Rémi Fraisse. C’est également une GLI F4 qui a explosée le pied de Robin à Bure pendant une manifestation le 15 août 2017.


EDIT (15 mai 2018) Le Comité de pilotage pour l’avenir des terres de la Zad, réuni sous la houlette du ministre de l’Agriculture, annonce que, sur les 39 demandes de régularisation déposées en préfecture,15 premiers "projets agricoles" (maraîchage, élevage ovin, bovin, brasserie, fromagerie, plantes aromatiques et médicinales, pépinière, apiculture) étaient en passe d'être régularisés, tandis que 14 autres devaient être "approfondis" en vue d'une prochaine réunion prévue en octobre. Tous les projets ne sont pas purement "agricoles" comme le demande le gouvernement, certains étant plutôt à caractère artisanal, social ou culturel.


Zad de Notre-Dame-des-Landes: Une attente inquiète mais déterminée
par Nicolas de La Casinière
Reporterre - 14 mai 2018
https://reporterre.net/Zad-de-Notre-Dame-des-Landes-une-attente-inquiete-mais-determinee


NOTRE-DAME-des-LANDES - Alors que l’Etat a fixé un ultimatum ce soir aux habitants « illégaux » de la Zad, laissant présager une nouvelle intervention militaire, la Zad et ses soutiens se préparent : avec une lassitude rageuse mais une ferme détermination à résister.
La fin de semaine aura été marquée par une attente pesante de reprise imminente des hostilités. Une fois l’ultimatum de lundi soir passé, tout le monde s’attend à une nouvelle offensive. Mardi matin, mercredi ? « On parle d’une quinzaine de cabanes à détruire, ça va être du costaud... Autant dire que ça va durer... Destructions, reconstructions et ainsi de suite, il peut y en avoir pour des mois, voire plus. Imagine, deux ans d’occupation militaire ! », soupire une habitante implantée depuis quelques années, en poussant son vélo au dessus d’un talus pour contourner une série de barricades. L’atmosphère de veillée d’armes a un air de déjà vu.

Samedi matin 12 mai, les premières personnes croisées au coin de route de La Pruche ont des regards hagards. Les gendarmes ont mené leur harcèlement la veille, en fin d’après midi, puis à nouveau la nuit, à deux heures du matin, à quatre heures, gazant au petit matin. « Pour nous empêcher de dormir, sans doute », lâche une zadiste, la mine fatiguée. Le calme enchanteur du printemps frétillant, plein de chants d’oiseaux dans ce bocage préservé, est à nouveau confronté à la violence d’État déployée sans raison apparente.

Au carrefour de La Saulce, une quinzaine de personnes s’entraîne tranquillement sur la route au maniement de frondes, s’interrompant pour laisser passer les rares voitures qui se sont aventurées au cœur de la zone. Dans les voitures, les conducteurs font mine de ne pas être impressionnés. « C’est de l’autodéfense, explique un gars en parka kaki délavé. On est attaqué, faut bien se défendre. »

Aux Fosses Noires, le rendez-vous pour la balade naturaliste traîne, laissant un groupe en attente. Finalement, la découverte de plantes sauvages printanières, « comestibles ou pas, médicinales ou pas, jolies ou pas » n’aura pas lieu, faute de guide. Les bordures de chemins, les fossés, où pointent asphodèles, nombrils de Vénus et digitales attendront une autre opportunité. Chacun part pour sa propre balade, à pied, à vélo. « Au début, avec l’abandon du projet, je trouvais que c’était une issue intéressante, entre adultes, en somme. Et puis quand on démarré les expulsions, c’est devenu n’importe quoi, je ne comprends rien », lâche un de ces naturalistes en herbe. (...)


EDIT (17 mai 2018)


Communiqué sur la seconde phase d’expulsion en cours sur la zad
Zad A Défendre - 17 mai 2018
https://zad.nadir.org/spip.php?article5836


La seconde vague d’expulsion amorcée depuis ce matin est une nouvelle tentative d’éradiquer une partie de la zad. Elle va faire remonter dramatiquement la tension dans le bocage et laisser plus de personnes encore privées de leur logement et de leurs espaces quotidiens d’activités. Les routes et chemins sont une nouvelle fois envahis par un dispositif militaire inédit en terme d’ampleur et de durée dans l’histoire du maintien de l’ordre en France. Cette démonstration de force est sans doute à la hauteur de l’affront qu’a représenté des années durant cet espace de résistance et d’expérimentation. L’acharnement de l’Etat est significatif de sa vivacité persistante de cette aventure collective. Il est annoncé que plusieurs habitats sont cette fois visés dans le secteur de la forêt de Rohanne.

En s’attaquant aujourd’hui à la Chat-teigne, l’Etat cherche à raser un symbole de l’histoire de la lutte. La chat-teigne c’est ce chantier collectif de 40.000 personnes, ce hameau magique sorti de terre qui a signé la défaite de l’opération César. La construction de la chat-teigne a marqué la montée en puissance d’un mouvement populaire qui allait finir des années plus tard par arracher l’abandon du projet d’aéroport. Après avoir été un espace de convergence vibrant des mois durant pour et par les comités de soutien, les cabanes de la chateigne s’étaient transformées en habitat plus permanent.

Au-delà de la chat-teigne, la zad est emblématique, entre autre, comme espace de réinvention d’une architecture créative et d’une réappropriation des techniques de construction. C’est à cette dimension d’habitat alternatif et collectif que l’Etat continue aujourd’hui à s’attaquer à travers la destruction des autres lieux de vie officiellement visés aujourd’hui: pui-plu, la datchacha, la vosgerie...

Par ailleurs, cette nouvelle offensive se situe en plein coeur de la zone humide et de la forêt qui vont être encore largement dégradées par le passage des blindés et tractopelles, et par les pluies de grenades et de lacrymogènes. La précédente vague d’expulsion avait déjà ravagé nombre de champs et chemins de la zad en plus d’empoisonner les foins, par la contamination des gaz dans l’herbe et les palets dans les roundballers. Nous avons défendu ce bocage pendant des décennies, nous ne pouvons le laisser aujourd’hui continuer à se faire écraser par la gendarmerie.

Comme c’est déjà le cas depuis des semaines, les travaux nécessaires aux projets agricoles que le gouvernement dit paradoxalement accepter de pérenniser vont continuer à être entravés par l’occupation policière prolongée du territoire et ce au coeur de la saison agricole. D’après les estimations, le coût de cette opération absurde aura bientôt atteint les 5 millions d’euros. C’est la somme que le conseil général avait fait payer à L’Etat pour lui vendre l’ensemble des terres et bâtiments qu’il avait acquis sur la zad en vue du projet d’aéroport.

Le gouvernement tente de neutraliser la résistance en cherchant à ancrer l’idée que des personnes qui n’auraient pas pu ou voulu participer au dépôt collectif de projets seraient moins légitimes à rester vivre ici. Il faut bien peu de coeur pour imaginer que quiconque laisse ses voisin.e.s se faire raser leurs maisons sans réagir. Par ailleurs, les diverses interventions des forces de l’ordre depuis l’abandon de l’aéroport visent à affaiblir et mettre la pression sur tout le mouvement. Faute de pouvoir matériellement et politiquement expulser tout le monde, ces opérations cherchent à imposer des conditions drastiques pour le maintien des projets sur la zone et pour en fragiliser la dimension collective. Nous appelons pour notre part à se mobiliser largement sur le terrain et au-delà pour la défense des divers lieux de vie, réalités et activités qui s’entremêlent sur la zad.

Concrètement, nous appelons à:
- Converger immédiatement sur palce pour ceux et celles qui le peuvent
- A un rassemblement devant la préfecture à Nantes à 18h suite à une journée d’expulsion
- A des rassemblements et occupations sur les places des villes et devant les mairies et préfectures. Les comités de soutien peuvent signaler leurs rendez-vous et actions au site zad.nadir afin qu’ils soient relayés
- A une manifestation le samedi après une semaine d’expulsion à Nantes
- A une convergence sur la zad le dimanche après une semaine d’expulsion.


EDIT (19 mai 2018)


Notre-dame-des-Landes: Gaz lacrymogènes et bulldozers de retour dans le bocage
par Nolwenn Weiler
Basta! - 18 mai 2018
https://www.bastamag.net/Gaz-lacrymogenes-et-bulldozers-de-retour-dans-le-bocage


(.../...) Réprimer les « sans-fiches »
Les lieux visés par cette seconde phase d’expulsion sont habités par des personnes qui ont refusé de se plier à l’injonction préfectorale des fameuses fiches. Celles-ci exigeaient le dépôt de projets individuels et nominatifs. Pour une partie des ces « sans-fiches », la négociation avec l’État n’a jamais été une option. D’autres, plutôt optimistes au départ, ont progressivement perdu toute confiance ces dernières semaines. « Ce nouveau lâchage de lest a été présenté de telle sorte qu’il fallait que le « consentement », que le consensus des signatures individuelles soit total. Si un lieu refusait cela bloquait tout. Nous avons rejeté et cet ultimatum et ce paradoxe de consentement forcé », ont expliqué les « sans-fiches ».

Malgré ces dissensions autour de la stratégie à adopter, « les gens se soutiennent », disent des habitants ayant participé au mouvement collectif de dépôts de projets individuels. « Il faut bien peu de cœur pour imaginer que quiconque laisse ses voisin.e.s se faire raser leurs maisons sans réagir », signalent les habitants de la Zad. Chacun, participant ou non à la reconnaissance institutionnelle des projets alternatifs, pâtit de la présence policière. Certains agriculteurs déplorent ainsi la destruction de pâtures de printemps, où les vaches s’apprêtaient à venir brouter. « Ils sont partout, ils bloquent les routes et les chemins, ils nous empêchent de travailler », remarque un agriculteur en cours d’installation sur la Zad. Pour ceux qui ont déposé des projets individuels, la tâche est loin d’être terminée. Certaines terres défendues et cultivées par le mouvement de lutte contre l’aéroport sont aujourd’hui réclamées par les paysans qui les ont vendues...

Intervention, « déconstruction », tas d’ordures
L’intervention policière suscite par ailleurs la colère des naturalistes en lutte - collectif qui étudie, cartographie et défend la biodiversité de la Zad. Des ornières très profondes (mesurant parfois plus d’un mètre) ont été creusées, des haies et talus ont été détruits, des arbres arrachés, s’indignent les naturalistes. Ils déplorent que des cabanes à faible impact écologique aient été transformées en tas d’ordures par la « déconstruction » à coup de pelleteuse lourde et de bulldozer. « Ces destructions en pleine période de nidification des oiseaux et de reproduction pour la plupart des espèces sauvages du site s’accompagnent bien entendu d’un nuage de gaz lacrymogène et d’un grand nombre de grenades explosives. Nous connaissons les conséquences de ces batailles lourdement équipées en terme de pollution chimique et sonore, fatale à un certain nombre d’animaux et gâchant le travail agricole pour longtemps ».

Des inquiétudes pointent aussi du côté des soignants, qui prennent en charge les blessés lors des affrontements avec les forces de l’ordre. Un collectif de infirmiers, médecins, aides-soignants, kinés et psychologues, qui soutient l’équipe « médic » de la Zad, rappelle qu’il y a eu plus de 300 blessés depuis le 9 avril, principalement à cause des flashballs, des grenades assourdissantes et de dés-encerclement. Certains blessés ont subi des lésions graves qui ont nécessité des évacuations et des interventions chirurgicales. Les soignants craignent que les forces de l’ordre finissent par commettre l’irréparable.


EDIT (23 mai 2018)


Main arrachée à Notre-Dame-des-Landes: la Zad sous le coup de la stupeur
par Nicolas de La Casinière
Reporterre - 23 mai 2018
https://reporterre.net/Main-arrachee-a-Notre-Dame-des-Landes-la-Zad-sous-le-coup-de-la-stupeur 


NOTRE-DAME-des-LANDES - Un jeune homme a eu la main droite arrachée par l’explosion d’une grenade GLI-F4, mardi sur la Zad de Notre-Dame-des-Landes. Les circonstances de cette blessure restent floues. Sur la Zad, l’émotion est intense.

3 heures après le drame, la Zad est sous le choc, oscillant entre rage et abattement sans trop d’information précise sur les circonstances qui ont laissé ce zadiste mutilé sur le carreau. On l’a su très vite, il a eu une main arrachée par une grenade GLI-F4. Son nom ? Personne ne le sait encore. Depuis, des zadistes découvrent qu’il est originaire de Marseille, retrouvent un de ses amis proches, pour qui cette idée de ramasser une grenade pour la relancer ne cadre pas du tout avec le comportement de son pote. La famille est prévenue. En prenant soin de demander à la victime ce qu’elle veut faire savoir des circonstances et de ses intentions.

Sur l’affrontement qui a valu à ce zadiste de perdre la main droite, voici les premiers éléments d’information.
Quand la grenade a explosé, la victime était auprès d’un passage en creux entre deux champs, cernée de haies, face à la forêt de Rohanne, entre Bellevue et La Chateigne. Les gendarmes encerclaient la forêt pour permettre aux camions de déblaiement de retirer les matériaux des décombres. C’était dans un moment de relative accalmie, après un affrontement plus intense. Quelques cailloux, pas plus, vers les gendarmes mobiles qui décident de dégager le groupe d’une trentaine d’opposants. Le ministère de l’Intérieur en a vu cinquante, selon son communiqué: « Une cinquantaine d’opposants radicaux cagoulés se sont attaqués aux forces de l’ordre en leur jetant notamment des cocktails Molotov et des projectiles ».

Le lieutenant-colonel Philippe Marestin, officier presse de la gendarmerie nationale, a apporté quelques précisions par téléphone à Reporterre: « (...) Donc, les gendarmes mobiles ont tiré du gaz lacrymogène — grenades lacrymogènes instantanées de classe F4 (GLI-F4), qui combinent à la fois un effet sonore, un effet de souffle et un effet lacrymogène — pour pouvoir dégager cette zone. L’un des opposants a ramassé une grenade au sol, et lorsqu’il a ramassé la grenade au sol, la grenade lui a explosé au niveau de la main. Donc, il a été secouru rapidement, médicalisé, puis évacué par voie routière sur le centre hospitalier de Nantes. Il était aux alentours de midi. Le parquet de Saint-Nazaire a saisi la section de recherche de Nantes pour faire la lumière sur les circonstances de ces blessures ».

Les habitants de la Zad font entendre un autre son de cloche. « Ce qui est sûr, c’est qu’il n’y avait pas de cocktail Molotov, assure à Reporterre un membre de ce groupe. C’est une grenade, ou plusieurs, qui a mis le feu au taillis. Il faut même ajouter que, quand ce bord du bois a cramé, c’est nous qui avons été chercher deux extincteurs à Bellevue. Mais comme les flics tenaient le bout de forêt en feu, il était impossible de passer pour l’éteindre. » Après négociations, les extincteurs ont été fournis aux gendarmes vers 14h, mais cela n’a pas suffi à éteindre les flammes.

À l’accueil de la ferme de Bellevue, à 400 m du lieu où est tombée la victime, un petit cahier avec des surlignages en jaune a enregistré les heures où l’information est arrivée: « 12h23: Une personne blessée traînée hors de zone au nord. 12h34: Une autre personne s’est fait embarquer ». Radio Klaxon, la voix de la Zad sur les ondes, annonce à 11h52 « un blessé grave, demande de soutien urgent Médics entre Bellevue et la Chateigne »; puis à 15h10, « la personne qui a été blessée à la main selon nos sources a voulu ramasser la grenade pour la repousser et laisser passer ses camarades et elle a été plaquée au sol par la gendarmerie, c’est à ce moment exact que la grenade a explosé ».

Que s’est-il passé à l’orée de ce champ ? « Franchement, la version selon laquelle il aurait ramassé la grenade pour la relancer, je peux pas la croire [Il a dit d'ailleurs ne pas l'avoir lancée; ndc]. On le sait tous qu’il faut pas les ramasser, ces engins-là. C’est écrit partout, tout le monde est au courant. Ce qu’on peut relancer, c’est juste les palets lacrymogènes, mais les grenades au sol non éclatées, et qui viennent de tomber, personne ferait un truc pareil », soupire cette zadiste, consternée. Sur place, la procureure de Saint-Nazaire se refuse à toute déclaration. Dans un chemin plus loin, une femme officier de communication de la gendarmerie refuse tout aussi net de répondre aux journalistes. (...)

À 17 h, une conférence de presse de l’équipe médicale de la Zad se tient à La Rolandière, à 50 m des fourgons de gendarmes, pare-choc contre pare-choc. Ambiance sous tension. La représentante de l’équipe Médics explique qu’« il est assez peu probable et pas du tout crédible que la personne ait ramassé la grenade volontairement, étant donné qu’elle était en train de fuir. Quant à nos soignants, ils n’ont pas pu prendre en charge le blessé, qui n’était pas accessible. Nous n’avons pas de nouvelles de cette personne, évacuée par les forces de l’ordre. On ne sait pas si on va réussir à en avoir. Mais nous lui apportons tout notre soutien. On sait les conditions difficiles, d’être interrogé dans sa chambre d’hôpital, avec des pressions pour influer sur le témoignage. » Elle évoque les autres blessés du jour: une personne avec des éclats de grenade dans la fesse, avec des plaies de deux centimètres de large et autant de profondeur. Un autre avec des morceaux d’éclats dans le dos.

Devant les micros, le zadiste qui l’accompagne a la voix étranglée d’émotion: « Depuis le 9 avril [début des expulsions], de nombreuses personnes ont été atteintes à quelques millimètres d’organe vitaux, donc à quelques millimètres de la mort. On est à plus de 300 blessés. On craint vraiment un mort. Si l’on veut éviter le pire, il faut que l’État arrête d’utiliser des armes létales contre nous ».

La GLI-F4 est une "grenade lacrymogène instantanée" bien connue dans ce bocage qui en a vu exploser près de 4.000 depuis le début des opérations militaires à Notre-Dame-des-Landes. Cette grenade cumule puissance sonore, effet de souffle et diffusion lacrymogène. Ces grenades parfois dites "assourdissantes" sont réputées constituer l’arme la plus puissante de l’attirail du maintien de l’ordre avant l’usage des armes à feu, selon le code de sécurité intérieure qui régit la gradation des usages de la force. Sa charge de 25 g de TNT (à quoi s’ajoutent 10 g de gaz lacrymogène CS pur) rend cette grenade cousine de la grenade offensive F1 qui a tué Rémi Fraisse le 26 octobre 2014, grenade aujourd’hui interdite et qui contenait 60 g de TNT. La GLI-F4 est dotée de moitié moins de substance explosive, et pourtant elle a déjà fait des dégâts bien connus, arrachant un pied à un opposant au projet d’enfouissement des déchets nucléaires de Bure, le 15 août dernier.

07/06/2018 >> Le Premier ministre annonce que l’Etat accepte la rétrocession de 895 ha des terres de la zad au conseil départemental.