Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
syndicats et toute forme de gestion et de pouvoir.
Rassembler des foules sous un même drapeau
trouve toujours son origine dans une imposture.
Seule une révolution mettra fin à un système
dont l'obsession de l'argent entraine l'humanité
vers la catastrophe.
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Date de création : 10.03.2011
Dernière mise à jour :
19.10.2025
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Pour les médias, tout individu encagoulé et vêtu de noir est un black bloc "de la mouvance ultra gauche", "anticapitaliste anarchiste"...
Certes, mardi, ces "black blocs" insurrectionnalistes et antifas ont détruit du mobilier urbain, mis à sac quelques symboles capitalistes (un MacDo, une concession Renault) comme ils font d'habitude. On a reconnu aussi leur goût pour les aphorismes, en l'occurrence ici celui de René Char (« agir en primitif, prévoir en stratège »). Mais à regarder de plus près les slogans écrits sur les banderoles, les graphes sur les murs et les drapeaux rouges, il me paraît évident que les "black blocs" de ce 1er mai ne ressemblaient pas tout à fait ceux des dernières années.
Déjà, les black blocs d'avant ne parlaient pas de faire changer une loi, fut-elle Travail, précarité, Parcours-sup, SNCF... Cette fois, leur idéologie paraît être influencée par le maoïsme, plus précisément celui des naxalites du PC d'Inde, en plus d'une sorte de populisme anti-Macron ("1er mai 2018: Ripostons à Macron sur tous les fronts !") et d'un radicalisme fourre-tout. Sur les murs, le "A" cerclé de l'anarchie cotoyait la faucille et le marteau du PCM (Parti communiste maoïste) dont les références anti-impérialistes revendiquées rappellent celles de la RAF du début des années 70.
Mais ce qui a le plus changé par rapport à la période 100 % anar, c'est que "cette fois" ils se sont "organisés"; ils ont confectionné des banderoles (dont une avec la tête de Marx !); ils sont venus en nombre (plus d'un millier) et, faisant démonstration de leur force, ils se sont placés en tête de cortège au lieu de trainer en queue de manif ou aux abords. Autant de détails qui prennent place dans une stratégie prédéfinie et que les anars auraient négligés.
Sur leurs banderoles, les mots des black blocs [Catherine Cochard, 24heures - 02/05/2018] - « Marx Attack », « A bas la hess [ndlr: la misère, en arabe] », « Premiers de cordée, premiers guillotinés », « La piraterie féministe n’est jamais finie ». A Paris le 1er mai, les black blocs ont une fois de plus affronté avec violence les forces de l'ordre pour faire entendre - et illustrer - leur idéologie anticapitaliste. Une idéologie d'extrême gauche qu'ils affichent jusque sur leurs banderoles, où leurs expressions font référence aussi bien aux cultures populaire et urbaine, qu'aux figures politiques historiques.
"Ca se radicalise": 1er Mai musclé à Paris
par Alexandre Hiélard
AFP, TV5 Monde - 02 mai 2018
https://information.tv5monde.com/info/ca-se-radicalise-1er-mai-muscle-paris-234694
Des militants d'ultra-gauche avaient promis "une journée en enfer". Dégradations, voitures brûlées, jets de projectiles, manifestants contraints de faire demi-tour: le défilé parisien du 1er mai a rapidement tourné mardi à l'affrontement violent entre "black blocs" et forces de l'ordre.
Place de la Bastille, il est 15h30 et le cortège syndical piétine. Plus loin, sur le pont d'Austerlitz, 14.500 activistes, dont 1.200 "black blocs" selon la préfecture de police, prennent la tête de la manifestation. Encagoulés et vêtus de noir, certains casqués et masqués, les plus radicaux progressent par à-coups derrière des banderoles "Sous les Kway la plage", "Cette fois on s'est organisé", "Premiers de cordée, premiers guillotinés", et scandent, poings levés, "Tout le monde déteste la police" ou "Paris, debout, soulève toi". Un collectif "antifasciste et anticapitaliste", proche de l'extrême gauche, (le "Mili", pour mouvement inter-luttes indépendant) avait lancé un appel général sur Facebook à "faire vivre une journée en enfer" à Emmanuel "Macron et son monde".
Une fois la Seine traversée, ce cortège trouve sa première cible, un restaurant McDonald's, dont les vitres ont été cassées à coups de pierres et marteaux. Plusieurs engins incendiaires sont jetés à l'intérieur et les pompiers interviennent pour empêcher un départ de feu. A l'arrière, le cortège traditionnel, qui compte 20.000 personnes selon les autorités, emprunte alors un itinéraire bis dans une grande confusion, à la demande des autorités. Ils parviendront à rejoindre la Place d'Italie, leur objectif final, qui a été dispersée peu après 19h.
Abribus saccagés, panneaux publicitaires et vitres de restaurants brisées: les militants, munis de marteaux, poursuivent leur progression aux cris de "Nous sommes tous antifascistes", non sans quelques frictions après des désaccords sur les cibles à attaquer. Certains font sauter les trottoirs à coups de pioches et font le plein de pierres en vue d'affrontements avec les CRS. Ces derniers se trouvent alors à une centaine de mètres et font front à distance. "Quand les exactions ont commencé, il y avait au moins un millier de personnes entre eux (les black blocs, ndlr) et les forces de l'ordre. On ne pouvait pas intervenir", a justifié le préfet de police Michel Delpuech. (...)
Ce sont finalement les forces de l'ordre qui, avec leurs canons à eau, interviennent pour éteindre rapidement l'incendie avant de diriger leurs puissants jets sur les manifestants venus au front pour les faire reculer. Les affrontements directs commencent. Du mobilier urbain est arraché et des barrières de chantiers sont déplacées pour dresser des barricades en travers du boulevard de l'Hôpital afin de ralentir la progression des CRS et de leurs fourgons. Rapidement, à grands renforts de grenades lacrymogènes, les militants vêtus de noir sont repoussés jusqu'au pont d'Austerlitz. "Avancez ! Avancez !", crient les uns, les yeux rougis par les gaz. "Ne poussez pas !", hurlent d'autres, comprimés contre les murs par le mouvement de foule. Celle-ci finira par rebrousser chemin jusqu'à la place de la Bastille, sauf 200 "black blocs" interpellés dans une rue adjacente, selon la préfecture de police.
"Ils nous ont repoussés jusqu'au point de départ. On a voulu monter le niveau aujourd'hui mais c'est un échec, on n'était pas assez organisé", regrette un membre du cortège de tête, le visage dissimulé derrière un masque de chantier. "Et le mouvement arrive trop tard, ça va être dur de faire retirer ne serait-ce qu'une loi !", ajoute-t-il, évoquant les réformes de la SNCF et de l'accès à l'université. "Le cortège de tête grossit, ça se radicalise, les gens en ont marre, car les syndicats démissionnent et Macron s'en fout, affirme un autre. On en a marre de ce système capitaliste qui détruit tout, de la répression policière brutale contre ceux qui s'y opposent. On veut un changement radical, qu'on écoute la société".
Le maoïsme a connu récemment une recomposition entre activistes (PCM) et propagandistes (Futur rouge). Le PCM, lui-même, résulte d'un processus d'unification qui s'est opéré en 2016. Son discours social est plus radical, plus véhément que celui des syndicats, de La France insoumise et de Lutte ouvrière. En voici un extrait:
« Il y a un an, Macron accédait à la présidence française. Sa première année au pouvoir a été marquée par une offensive permanente contre la classe ouvrière et l’ensemble des travailleuses et travailleurs. Sa politique anti-populaire au service de la bourgeoisie n’a épargné personne: il a commencé en s’attaquant aux APL, puis en s’en prenant au service public, aux travailleuses et travailleurs du rail, aux personnes âgées avec la hausse de la CSG… Il a affiché son plus grand mépris pour le personnel hospitalier en lutte, en particulier dans les EHPAD. Il s’en prend au système éducatif qu’il veut rendre encore plus fermé aux classes populaires: parcoursup, loi ORE, réforme du bac… Mais partout où Macron et ses chiens tentent leur coup de force, il y a résistance: les cheminots et cheminotes font grève et manifestent, les étudiants et étudiantes bloquent et occupent les universités, les travailleuses et travailleurs de la santé se mobilisent. Tout juste élu, Macron n’a bénéficié d’aucun état de grâce et il a tout de suite fait face à une résistance farouche dans chaque secteur qu’il a commencé à attaquer. Cette mobilisation rapide donne beaucoup d’espoir concernant la suite de la lutte contre ce gouvernement réactionnaire ».
Soit, des "colères" de proximité plus mobilisatrices que la dénonciation abstraite du monde marchand. Il semble qu'ils aient fait le choix de ratisser large. D'après le ministre de l'Intérieur, ils étaient 1.400... c'est un record. Parmi eux, pas mal d'étudiants investis dans le mouvement de bloocage des facs.
EDIT (4 mai 2018)
Défilé du 1er-Mai: Renvoi des premiers procès de suspects arrêtés après les violences
AFP, France24 - 04 mai 2018
http://www.france24.com/fr/20180503-defile-1er-mai-renvoi-premiers-proces-suspects-arretes-apres-violences
Les procès de 6 personnes, 5 hommes et une femme qui devaient être jugés jeudi à Paris pour des violences lors de la manifestation du 1er-Mai, ont été renvoyés à plus tard, pour la plupart au 30 mai. 34 individus, dont un interpellé mercredi après une manifestation de soutien devant un commissariat, devaient par ailleurs être déférés jeudi soir "en vue d'une présentation au parquet" vendredi matin, selon le parquet de Paris. (...)
Tous sont soupçonnés de "participation à un groupement formé en vue de commettre des violences ou des dégradations". Accusés d'avoir lancé des projectiles, dont une bouteille en verre, en direction des forces de l'ordre, deux sont également poursuivis pour violences contre personnes dépositaires de l'autorité publique.
Les deux premiers à comparaître ont été placés sous contrôle judiciaire en attendant leur procès le 30 mai: ces hommes de 22 et 26 ans au casier judiciaire vierge ont l'interdiction de se rendre à Paris. Le plus jeune est étudiant en première année d'anthropologie à l'université du Mirail à Toulouse, tandis que l'autre, qui vit dans une ferme près de Lyon avec dix autres personnes, perçoit le RSA.
Deux autres prévenus, une femme de 26 ans et un homme de 24 ans, casiers judiciaires également vierges, ont été maintenus en détention, le tribunal n'ayant "aucune garantie" de représentation les concernant, selon la présidente. Ils ont reconnu avoir donné de faux noms et de fausses informations lors de leur interpellation, "sous le coup de la panique".
La jeune femme, titulaire d'un master de droit international et directrice de production dans le cinéma, sera jugée en juin à Bordeaux dans une autre affaire, accusée de s'être interposée lors d'interpellations par des policiers. "Courage ! Une de touchée, tous concernés !", ont lancé des soutiens dans la salle alors qu'elle repartait les larmes aux yeux. L'homme avait été interpellé en possession de ciseaux et de massettes, masque de ski sur le visage. Ce titulaire d'une licence de sociologie, fils de chercheur au CNRS, vit du RSA et revendique "un mode de vie alternatif". Il a expliqué vouloir monter un spectacle d'art de rue.
Un cinquième prévenu, âgé de 30 ans, a affirmé qu'il se trouvait dans le cortège pour prendre des photos. Il s'agissait, selon son avocat, de la première manifestation pour ce diplômé de l'école d'ingénieur Centrale de Lyon. Il a été laissé libre dans l'attente du procès
Le dernier prévenu, 24 ans et souffrant d'importants troubles psychologiques, a reconnu avoir jeté une pierre sur un CRS. Il a été placé sous contrôle judiciaire avant son procès qui se tiendra, à la différence de ses coprévenus, le 12 juin, avec obligation de suivre des soins et interdiction de se rendre à Paris. Le tribunal a ordonné une expertise psychiatrique. (...)
Au total, 283 personnes avaient été arrêtées à l'issue de la manifestation du 1er-Mai, dont 102 placées en garde à vue mardi soir. Mercredi, une cinquantaine avaient été relâchées et mises hors de cause, 7 autres remises en liberté pour poursuivre l'enquête.
[AFP, 05/05/2018] Violences du 1er mai à Paris: 7 suspects mis en examen - 7 personnes soupçonnées d'avoir commis des dégradations en marge de la manifestation du 1er Mai à Paris ont été mises en examen et placées sous contrôle judiciaire. Ces suspects ont été mis en examen dans la nuit de vendredi à samedi par un juge d'instruction pour "dégradations en réunion" et "participation à un groupement formé en vue de commettre des violences aux personnes ou des atteintes aux biens". Le parquet de Paris va faire appel de leur remise en liberté sous contrôle judiciaire.
Les personnes qui avaient été arrêtées ne semblent pas être des professionnels de la casse. On trouvait parmi eux 5 mineurs et un tiers de femmes. À part un homme fiché S pour son appartenance à la mouvance d'extrême gauche, les autres étaient quasiment tous inconnus des services de police. Il s'agissait plutôt de très jeunes gens, d'extrême gauche et parisiens. Ils ressemblent à ceux qui bloquaient les facs ces dernières semaines comme à Tolbiac, et qui ont profité de l'occasion pour venir en ordre plutôt dispersé semer la pagaille.