Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
syndicats et toute forme de gestion et de pouvoir.
Rassembler des foules sous un même drapeau
trouve toujours son origine dans une imposture.
Seule une révolution mettra fin à un système
dont l'obsession de l'argent entraine l'humanité
vers la catastrophe.
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Date de création : 10.03.2011
Dernière mise à jour :
19.10.2025
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Jeudi 26 avril
"La préfète va convoquer pour le 14 mai la première réunion du comité qui a vocation à analyser les dossiers déposés par ceux des occupants illégaux qui veulent rentrer dans (...) le droit commun", a déclaré Edouard Philippe sur Europe 1. "Après la réunion du 14 mai, ceux qui ne sont pas engagés dans la démarche permettant l'accueil de nouveaux projets agricoles dans un cadre légal s'exposent à la poursuite des procédures d'expulsion", a précisé Matignon un peu plus tard dans un communiqué. [AFP]
Dimanche 22 avril
La phrase du jour: « Le gouvernement a décidé de lâcher en rase campagne, devant les voyous, les voyous et les casseurs, on ne parle pas de gentils écolos, on parle de voyous et de casseurs » (Christian Jacob, président du groupe LR à l'Assemblée nationale, sur BFMTV).
Vendredi 20 avril
Les zadistes acceptent de déposer des projets nominatifs pour rester sur les lieux [AFP, 20/04/2018]
« Une délégation d'occupants de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes a annoncé vendredi 20 avril, au sortir d'une réunion à la préfecture à Nantes, qu'ils acceptaient de déposer des projets nominatifs comme le demandait le gouvernement. Les opposants ont précisé avoir déposé 40 projets nominatifs, parmi lesquels certains individuels et certains collectifs [La délégation a précisé que ces dossiers nominatifs « représentent des projets collectifs et touchent la quasi totalité des lieux de vie ». Les projets agricoles déposés couvrent environ 280 hectares de surfaces agricoles ainsi que des surfaces boisées et du bâti; ndc]. La préfecture leur avait demandé de remplir d'ici lundi 23 avril soir des formulaires individuels, comportant leur nom et les grandes lignes de leur projet agricole ou para-agricole. (...) »
Communiqué de l’assemblée des usages sur la suite du dialogue et les menaces de nouvelles expulsions:
« La délégation du mouvement est venue remettre aujourd’hui lors d’un rendez-vous avec la préfecture un dossier comprenant un ensemble de fiches nominatives concernant les divers projets concrets existants et en construction sur la zad. Nous décidons aujourd’hui de répondre aux injonctions du gouvernement. Nous voulons stopper l’escalade de la tension sur la zone et obtenir enfin le temps nécessaire au dialogue et à la construction du projet que nous défendons.
Le gouvernement a choisit le 9 avril de rompre brutalement le dialogue initialement amorcé par une opération de destructions de plusieurs dizaines de lieux de vie et d’activité de la zad. Cette opération a fait plusieurs centaines de blessés. Elle a aussi soulevé un formidable élan de solidarité dans le bocage et partout dans le pays, mobilisant des dizaines de milliers de personnes. Des annonces ministérielles laissent entendre la reprise des expulsions dès lundi.
Malgré le refus du gouvernement d’étudier notre proposition d’une convention collective, nous avons souhaité aujourd’hui faire un geste très concret de dialogue pour sortir de ce cycle infernal. Nous attendons aujourd’hui avec cette remise d’un ensemble de dossiers et déclarations d’intentions, que les valeurs que nous portons dans ce bocage soient enfin prises en compte dans la suite du dialogue. Contrairement à ce qui avait pu être déclaré par le gouvernement, il ne s’était pas agit pour nous de refuser de nous nommer et de présenter ces projets, mais de s’assurer du maintien de la dimension coopérative et des liens entre les usages. Nous souhaitons toujours enraciner une vision des communs et d’une paysannerie solidaire, réellement soucieuse du soin du bocage et de l’environnement. Nous voulons toujours un territoire vivant, habité, partagé qui laisse aussi la place à des projets qui ne soient pas qu’agricoles. Nous refuserons ensemble tout nouveau tri et expulsions des lieux de vie et espaces d’activités de la zad. La pression policière et les ultimatums intenables doivent cesser. Il faut enfin engager un vrai dialogue sur l’avenir de la zad et retrouver au plus vite sur le terrain une situation apaisée.
Nous appelons tous les soutiens à être extrêmement attentif à ce qui va se passer en ce début de semaine prochaine. Si malgré nos gestes de dialogue les expulsions devaient reprendre, nous serons prêt à réagir ensemble ».
Point presse de la préfète à la préfecture à Nantes. Elle note qu’il y a eu « un gros travail fait par occupants de la Zad avec 28 projets nominatifs agricoles déposés et des promesses d’inscription à la Mutualité sociale agricole », selon un journaliste présent sur place. Les services de l’Etat vont « examiner et expertiser projets. C’est un signe de bonne volonté », a-t-elle poursuivi. Pour ce qui est de la suite des événements après l’ultimatum du 23 avril, « ce n’est pas moi qui décide. C’est le gouvernement », a-t-elle indiqué. Sans aller jusqu’à parler de sortie de crise, elle a observé « une ouverture » et que les routes départementales étaient dégagées ce vendredi. Mais il reste du travail: sur les 28 projets agricoles déposés, « 7 paraissent sans problème, 18 pas loin de l’aboutissement » tandis que les restants peuvent « poser problème », relève-t-elle.
Au sujet du dossier déposé aujourd’hui en préfecture par la délégation commune du mouvement.
Aujourd’hui la délégation inter-composante du mouvement a déposé en préfecture un dossier rassemblant plus de trente cinq "fiches projets" dont plus des deux tiers concernent des activités agricoles.
Ces fiches, regroupant des projets individuels ou associatifs, sont toutes nominatives.
Contrairement à ce que prétendait le gouvernement et certaines figures passées du mouvement, il ne s’agissait pas pour les occupant.e.s de se cacher dans l’anonymat mais de continuer à défendre un projet collectif, d’empêcher que les dossiers soient instruits individuellement en laissant au pouvoir la possibilité de faire, à nouveau, un tri entre prétendu.e.s bon.ne.s zadistes et mauvais zadistes.
Redisons le une fois, tant les déclarations de presse de ces derniers jours tentent de créer le fantasme des radicaux qui n’auraient rien à faire ici: les occupant.e.s entendent respecter le pacte passé avec l’ensemble du mouvement anti aéroport dans le cadre des discussions sur l’avenir de la zad après l’abandon du projet d’aéoport, résumés dans le texte sur les 6 points: c’est à dire faire en sorte que toutes les personnes ayant participé à la lutte puissent rester sur ce territoire, y construire des projets, agricoles ou non, officiels ou hors cadre.
Pour l’instant, face à la menace d’un Etat qui emploie la force pour contrer toute opposition, cheminots, étudiants, zadistes, le mouvement a fait le choix d’accepter les conditions de la Préfecture. Cela ne s’est pas fait sans questionnements, engueulades, coups de pression. Des occupant.e.s s’inquiètent de la dérive légaliste de la zad tandis que d’autres réaffirment que le principal est d’empêcher une nouvelle vague d’expulsions.
Aujourd’hui, vendredi 20 avril, la délégation inter-composante a donc déposé différents dossiers individuels afin de répondre à la demande de l’Etat. Ces dossiers couvrent la quasi totalité des terres occupées, et traversent la plupart des activités vécues sur zone. Pour autant, seuls les dossiers agricoles seront traités pour l’instant par la DDTM (Direction Départementale des Territoires et de la Mer). De nombreuses activités, artisanales, culturelles, politiques, ne rentrent pas et ne rentrerons sans doute jamais dans les petites cases.
Nous réafirmons que ce qui se vit sur la zad ne peut être découpé, morcelé, que notre projet de vie, à l’inverse de l’individualisme libéral proné par Macron, est collectif. C’est pour ces raisons que nous déposons, en parallèle des "fiches projets" nominatives, une proposition de convention d’occupation précaire au nom de "l’Association pour un avenir commun dans le bocage". Pour laisser voir la complexité des liens et l’interdépendance nous joignons un schéma explicatif des interdépendances entre projets. Il a été présenté à la Préfecture.
Nous attendons maintenant une réponse et demandons à nos soutiens de rester vigilant.e.s, et prêt.e.s à se mobiliser si, malgré ce geste d’apaisement, de quelconques opérations d’expulsion devaient recommencer la semaine prochaine. (nadir)
Rapide synthèse de la repression à Nantes et sur la Zad depuis le 9 avril 2018
Indymédia Nantes - mis à jour le 20 avr 2018
https://nantes.indymedia.org/articles/40998
Interpellations sur la Zad du 09/04/18 au 17/04/18:
60 interpellations parmi lesquelles:
- 9 sont des contrôles signalés pour lesquels on a pas de nouvelles des personnes depuis
- 6 tabassages (dont 4 dont on n'a pas de nouvelles);
- 7 GAV où les personnes sont sorties sans suites;
- 3 personnes convoquées dans les mois à venir;
- 6 comparutions immédiates (déjà passées);
- 14 personnes embarquées dont on a aucune nouvelle.
Interpellations sur Nantes le 14/04/2018:
26 interpellations parmi lesquelles:
- 2 GAV où les personnes sont sorties sans suites;
- 6 personnes convoquées dans les mois à venir;
- 7 comparutions immédiates (les 16 et 17/04); [« Depuis deux jours, des procès ont lieu contre les personnes arrêtées à Nantes et Notre-Dame-des-Landes, lors des manifestations contre les expulsions de la ZAD. Parmi eux, il y a cet homme de 48 ans, arrêté seulement pour avoir lancé quelques insultes à la BAC qui commettait des violences, samedi 14 avril, à Nantes. Le verdict ? 6 mois de prison, dont 2 ferme ! De la prison ferme pour des mots. » (Nantes Révoltées)]
- 2 mineurs passé.e.s devant le juge des enfants le 16/04;
- 8 personnes qui ont été embarquées mais dont on n'a pas de nouvelles.
Récap des procès à venir au 19 avril
- 24 avril: 2 rappels à la loi pour la manif du 3 avril à Nantes;
- 9 mai 14h à Nantes: renvoi de 2 comparutions immédiates (18/04/18: A. et F);
- 17 mai 14h à Nantes: renvoi d'une comparution immédiate (17/04/18: J);
- 18 mai à 14h à Saint Nazaire: renvoi d'une comparution immédiate (17/04/18: J);
- 22 mai à 14h à Nantes: renvoi d'une comparution immédiate (16/04/18: A);
- 23 mai à 14h à Nantes: renvoi d'une comparution immédiate (16/04/18: L);
- 24 mai 14h à Nantes: renvoi de 3 comparutions immédiates (16/04/18: A et Y et A 17/04/18);
- 29 juin à 14h à Saint Nazaire: une personne convoquée;
- 3 juillet à 14h à Saint Nazaire: une personne convoquée pour violence et refus de signalétique (arrêtée le 11 avril sur la Zad);
- 6 juillet à 14h à Nantes (tribunal pour enfants): une personne convoquée pour tentative de vol avec effraction et refus de signalétique et ADN (arrestation à la manif du 14/04 à Nantes);
- 18 septembre à 14h à Nantes: 2 ou 3 personnes convoquées pour la manif du 14/04 à Nantes;
- 24 septembre à 14h à Nantes: 1 personne convoquée pour la manif du 14/04 à Nantes
Soit 2 rappels à la loi, 9 renvois de compa, 5 ou 6 convocations et 1 procès pour mineur.
(...) Petite comptabilité de la répression
Prison
Préventive: 32 jours + 1 mois + 21 jours, soit 83 jours;
Ferme: 8 mois + 6 mois (mandat de dépôt) + 8 mois, soit 22 mois;
Sursis: 4 mois + 8 mois + 8 mois + 8 mois + 6 mois + 5 mois + 5 mois + 6 mois, soit 50 mois;
Donc 4 personnes sont actuellement en prison.
Thunes
Dommages et intérêts: 150 + 150 + 150 + 500 + 700, soit 1.650 €
Article 475-1 (frais de justice de la partie adverse): 500 + 500 + 800 + 600, soit 2.400 €
Autre
Contrôle Judiciaire: 4 personnes sous contrôle judiciaire dans l'attente de leur procès, soit 4 mois.
TIG : 140h soit 140h
Interdiction de territoire: 1 mois + 1 mois + 1 mois + 1 mois + 1 mois + 6 mois + 2 ans + 18 mois + 5 ans + 18 mois + 18 mois 5 ans, soit 17 ans et 5 mois.
Obligation de formation: 1
... et les relaxes: 1 (...)
Jeudi 19 avril
Pas d'affrontements aujourd'hui. Les D281 et D81 sont dégagées.
Manifestation devant la préfecture contre les violences policières. Un tracteur déverse un échantillon des milliers de grenades tirées par les gendarmes (11.000). D'après l'équipe Medic, 272 personnes ont été prises en charge pour des soins, dont 10 graves. La conductrice du tracteur est arrêtée. Elle sera relâchée un peu plus tard.
Communiqué de presse de l’équipe médic de la zad et du collectif de soignant.E.s mobilisé.e.s par rapport aux expulsions sur le site de NDDL:
« A la sortie de la rencontre entre la délégation intercomposante et la préfecture, Nicolas Hulot a déclaré lundi “Je veux témoigner de la retenue des gendarmes dans une intervention difficile". Depuis le début des expulsions sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes le 9 avril dernier, nous (équipe médic et collectif de soignant.e.s mobilisé.e.s) avons comptabilisé 272 personnes blessées dont 10 dans un état grave qu’il a fallu évacuer. Est-ce donc là un signe de retenue ? Ce bilan est non exhaustif et sous-estimé car nombre de personnes blessées ne sont pas soignées par nos équipes. Néanmoins, nous pouvons souligner une augmentation continue du nombre de blessé.e.s avec une augmentation du nombre d’évacuations nécessaires à la prise en charge de blessures graves:
- hématomes à l’abdomen, au thorax et au visage secondaires à des tirs tendus de flashballs
- atteinte des organes génitaux externes à la suite de tirs tendus de flash-balls;
- éclats de grenades au visage, dans les extrémités, au niveau du thorax;
- explosions délabrantes au niveau des membres;
- troubles neurologiques & auditifs secondaires aux effets de blast des explosions;
- infection sévère suite à des éclats de grenades enfoncés profondément dans le corps nécessitant une extraction chirurgicale et une antibiothérapie.
Tout cela sans comptabiliser le nombre colossal de personnes souffrant de stress post-traumatique actuellement ou à venir, compte-tenu de la violence des événements.
Les forces de l’ordre utilisent leurs armements de façon potentiellement létale avec:
- des tirs tendus de flahballs ou de grenades au niveau du tronc ou de la tête
- des grenades de désencerclement lancées par dessus des haies sans visibilité ou bien directement au milieu de la foule. Certaines de ces grenades sont ainsi tombées dans les capuches ou les sacs à dos des personnes présentes. La survie de ces personnes est liée à la présence d’esprit et au courage des témoins qui les ont otées. La gendarmerie affirme utiliser des armes non létales. Néanmoins, 4 gendarmes (dont 2 on été transférés en service de réanimation) ont été hospitalisés suite à l’explosion d’une de leurs propres grenades.
De plus, les postes de secours medic ont du se déplacer à plusieurs reprises. Pour cause: ils etaient soit noyés dans le gaz lacrymogène, soit dans un endroit où l’intervention de la gendarmerie était imminent. Nous soulignons que cette dernière était au courant des emplacements de ces postes médicaux et a ainsi mis en difficulté la prise en charge des personnes bléssées. L’évacuation d’une personne blessée a été entravée par les gardes mobiles, qui, après avoir autorisé le passage de l’ambulance, l’ont a nouveau bloquée avec 2 véhicules blindés. Après avoir trouvé refuge chez des habitant.e.s choqué.e.s par cette situation, il a fallu attendre plus de 30 minutes l’arrivée des pompiers.
L’usage des armes n’est donc pas défensif mais bien offensif: des foules ne présentant aucune menace et/ou étant en train de se disperser on été visées à plusieurs reprises (notamment dimanche). Des pluies de grenades ont été larguées systématiquement sur les chemins de repli, rendant la fuite dangereuse et parfois même irréalisable.
C’est pour toutes ces raisons qu’un collectif a décidé, le mercredi 18 avril 2018, de saisir le défenseur des droits, Mr Jacques Toubon, par rapport aux violences policières sur la Zad.
Aujourd’hui, nous sommes témoins des mutilations et nous aurions d’ores et déjà pu être confrontés à des morts. Cet usage démesuré de la force de l’État n’est rien d’autre que l’instrument de la terreur qu’il tente d’injecter au sein de notre lutte et dans bien d’autres espaces d’organisation. L’État met toute les conditions en place pour qu’un mort soit déploré sur la Zad lors d’une opération d’expulsion ou de maintien de l’ordre, ce qui s’apparenterait à un assassinat commandité. Serait-ce la porte de sortie choisie par l’Etat pour se dépétrer de l’enlisement qu’il a lui-même créé ? A partir du 23 avril, le gouvernement français serait-il prêt à tuer des individus pour combattre une forme d’organisation collective ?
Nous affirmons toute notre solidarité aux victimes des violences policières et de la répression d’Etat. »
Mercredi 18 avril
Informations tirées de Reporterre et Zone A Défendre
Aucune ligne n'a bougé", selon les opposants après une réunion avec Hulot
AFP, Boursorama - 18 avr 2018
https://www.boursorama.com/actualite-economique/actualites/nddl-aucune-ligne-n-a-bouge-selon-les-opposants-apres-une-reunion-avec-hulot-9ab8a7d68a950107ba6d76f860252ef2
"Aucune ligne n'a bougé. C'est clair que les lignes n'ont pas bougé du tout", les "exigences posées" par le gouvernement restant les mêmes, a déclaré à la sortie de la préfecture Marcel Thébault, l'un des quatre agriculteurs historiques de NDDL et un des membres de la délégation. Selon lui, le gouvernement n'a pas proposé de "recul du délai ni quoi que ce soit". Trois mois après l'abandon du projet d'aéroport, cette réunion cruciale visait à permettre de trouver une issue au conflit, au 10e jour d'opérations de gendarmerie sur le site de 1.650 hectares, marquées par des heurts entre opposants et forces de l'ordre. (...)
Ils doivent "donner leurs noms", a souligné la préfète auprès d'une journaliste de l'AFP. "S'ils ne répondent pas a minima à cette demande, le président de la République a été très clair, il y aura de nouveau des expulsions". A l'heure actuelle, "les seuls qui sont en situation régulière sont les quatre agriculteurs historiques qui ont demandé la rétrocession de leurs terres et ceux qui ont une convention d'occupation temporaire qui souvent exploitent les terres sans habiter là", avait détaillé Mme Klein mardi. La déclaration d'intention que doivent remplir les zadistes souhaitant "entrer dans les règles" comporte leurs noms et les grandes lignes de leur projet agricole ou para-agricole. Sans valeur juridique, elle est un préalable à la signature ou non de baux agricoles précaires. La représentante de l'Etat n'avait reçu avant la réunion que quelques "formulaires fantaisistes, de gens venant d'ailleurs", avait-elle indiqué mardi à une journaliste de l'AFP.
Les zadistes, qui déplorent "l'ultimatum du 23", sorte de "couperet" et de "chantage à la terreur", jugent le format de cette déclaration d'intention "trop individuel". L'Etat ne fermera pas la porte à des coopératives ou à des GAEC (groupements agricoles d'exploitation en commun, ndlr), mais "ce ne sera pas le Larzac, ça a été dit", avait précisé à l'AFP Mme Klein. (...)
La délégation intercomposantes (...) compte huit personnes dont trois zadistes, selon un journaliste de Ouest-France. Parmi les associatifs présents s’y trouvent Cyril Bouligand des Copains 44, Jean-Marie Dréan des Naturalistes en lutte et des représentants de l’Acipa et de l’Adeca.
La délégation intercomposantes a donné une brève conférence de presse devant la préfecture de Nantes, à l’issue d’une réunion de plus de deux heures avec la préfète de la région Pays-de-la-Loire Nicole Klein et le ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot. Les lignes n’ont pas bougé et l’ultimatum du lundi 23 avril, pour le rendu des formulaires simplifiés individuels, a été maintenu, a déploré la délégation.
« Malheureusement, on a constaté que rien ne changeait et que depuis le début le gouvernement tenait la même ligne »,a regretté un membre de la délégation.
« On a de nouveau présenté le projet de convention globale qu’on avait présenté vendredi, et on a rencontré un nouveau refus. On a demandé des explications mais on n’en a pas obtenu. Pourtant, c’est quelque chose qui existe juridiquement », a poursuivi un autre.
« Ils prétendent que cela pose un problème d’anonymat. Mais c’est nous-mêmes qui avons déclaré des occupantes et des occupants pour avoir droit à des procès dans le cadre des expulsions, et ça a été refusé, a rappelé le premier. L’anonymat est un faux problème ».(Reporterre)
Le ministre de la Transition écologique et solidaire a déclaré que la date butoir du 23 avril pour le dépôt des formulaires simplifiés était maintenue.
« (...) J’ai rappelé, dans un échange très respectueux, que si je ne me trompe la genèse de ce combat qui dure depuis des années était la préservation des terres agricoles, de la zone humide et de la biodiversité. Sauf à me tromper, je pense que ce combat a été atteint. Le sentiment que j’ai — je le dis en toute prudence — est qu’à un moment il faut cesser un combat qu’on pense avoir gagné. C’est la question que j’ai posée à mes interlocuteurs. En disant que le gouvernement a posé des règles très précises quand il a annoncé sa décision, et a fixé un certain nombre d’obligations, notamment le retour à la légalité, qui devait avoir lieu à la fin de la trêve hivernale. En laissant la possibilité à celles et ceux qui le désiraient de formuler leur projet, mais en aucun cas de manière anonyme.
C’est ce que j’ai réitéré aujourd’hui. Le Premier ministre a rappelé que le 23 avril était une date importante, que le gouvernement avait pris une décision difficile qui lui est encore parfois reprochée, et que c’est désormais à celles et eux qui habitent le lieu de faire le pas en avant demandé. Ils auront tout le temps après. Ils pourront par la suite s’organiser de manière collective et renouer avec le sens de leur projet, mais avec un principe absolu que tout le monde peut comprendre et souhaiter, qui est le respect absolu de la légalité et un traitement à égalité pour tous en respectant la propriété privée. J’ai appelé à la raison parce que se dire que surmonter toutes ces années difficiles, tendues et délicates pour s’échouer dans un tel désordre alors qu’il existe une volonté partagée... Je pense qu’il n’y a aucune difficulté que nous ne pourrions résoudre dès lors que chacun confirmera sa volonté de revenir dans un cadre légal. C’était le message que je souhaitais leur porter : ne ratons pas la dernière étape, ne rentrons pas dans une spirale de postures et de violence, ne confondons pas écologie et anarchie. (...) »
Un communiqué commun de soutien à la Zad signé de nombreuses organisations a été diffusé à l’approche de la réunion avec Nicolas Hulot:
« ZAD de NDDL: Appel pour une vraie sortie de crise !
Avant la reprise du dialogue avec la préfète de Loire-Atlantique, des organisations nationales, associations et collectifs appellent fermement le gouvernement à permettre une sortie de crise à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes.
La tentative d’expulsion des habitant-es de la ZAD engagée la semaine dernière par le gouvernement s’est soldée par un échec cuisant et prévisible. La méthode forte employée, brutale et guerrière a blessé de nombreuses personnes, semé la révolte et relancé un conflit stérile. Nous répétons que la poursuite des expulsions serait dramatique et ferait risquer un nouveau Sivens.
L’afflux de soutien en un temps record sur ce territoire est le révélateur du profond attachement inter-générationnel à ce lieu devenu un symbole d’expérimentation et d’espoir, bien loin des caricatures grossières et hâtives que veulent en donner certains politiques et ministres.
Le gouvernement continue néanmoins de mettre le couteau sous la gorge aux habitants encore non expulsés, menace des espaces d’activités non encore détruits, en enjoignant les habitants à accepter avant le 23 avril 2018 un modèle de régularisation purement individuel, qui opérerait un tri inacceptable entre eux. Alors que sur la Zad, solidarité et dimension collective sont expérimentées chaque jour et sont un des piliers de projets de vie.
Une écoute honnête et réelle quant à cette dimension collective du projet porté pour l’avenir de la Zad est essentielle. Une place doit être laissée à ce titre à des activités qui ont un caractère agricole, mais aussi artisanales, culturelles, sociales, ainsi qu’à l’ensemble des habitats. C’est ce maillage d’activités qui fait la richesse de ce lieu, un espace rural vivant, un lieu expérimental à cultiver, une singularité à préserver.
Alors que le mouvement d’occupation a accepté un nouveau rendez-vous avec la Préfète le 18 avril, nous ne pouvons croire que le gouvernement s’enferme définitivement dans une logique martiale, en méprisant au passage le soutien large dont bénéficie l’expérience de la Zad, comme le week-end du 14-15 avril l’a largement montré, sans laisser une place réelle au dialogue.
Nous réaffirmons donc notre soutien au territoire de la ZAD et demandons au gouvernement d’agir pour une véritable sortie de crise par le haut :
- En sortant de l’ultimatum du 23 avril pour permettre un dialogue de long terme en posant un calendrier aux échéances raisonnables et soutenables,
- En retirant le dispositif militaire pour permettre des discussions apaisées,
- En laissant la porte ouverte aux projets de prise en charge collective des terres de la ZAD par celles et ceux qui l’habitent.
Il s’agit aujourd’hui d’admettre, au niveau gouvernemental, que d’autres modèles de schémas sociétaux sont désirables et possibles, que des projets d’agriculture innovants sont à expérimenter et que la répression aveugle ne peut avoir de place dans une société équilibrée, démocratique et affichant sa volonté d’aller de l’avant. »
Des coûts et des hommes - Nantes Révoltée nous transmet quelques chiffres de ces 8 jours d’occupation militaire de la Zad: les GM auraient tiré 11.000 grenades (8.000 lacrymogènes et 3.000 explosives), ce qui fait une moyenne de 1.400 grenades par jour. Et le coût financier (sans le coût des engins de chantier, sans le maintien de l’ordre en ville) serait de 3,2 millions d’euros. Tout ça ayant pour contre partie, selon l’équipe médic (communiqué et bilan en cours), plus de 200 personnes blessées, dont une dizaine grièvement (avec évacuation). (nadir)
Des gendarmes évoquent un enlisement de l'opération à Notre-Dame-des-Landes et dénoncent un "immobilisme politique"
par Antoine Denéchère
France Bleu Loire Océan et France Bleu - 18 avr 2018
https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/des-gendarmes-evoquent-un-enlisement-de-l-operation-a-notre-dame-des-landes-et-denoncent-l-1523960647
L'association Gendarmes et Citoyens dénonce "un enlisement désastreux" sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Dans une tribune, elle évoque une "grogne" grandissante chez les gendarmes actuellement mobilisés à cause de "l'immobilisme" et de la "fermeté de façade" des donneurs d'ordre politiques.
NOTRE-DAME-des-LANDES (France) - Les gendarmes mobilisés depuis le 9 avril sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes en ont-ils ras-le-bol ? Oui, répond Gendarmes et Citoyens, association professionnelle nationale militaire créée en 2008 pour "défendre les intérêts collectifs et individuels des militaires de la gendarmerie".
Dans une tribune publiée lundi sur son site internet et sa page Facebook, intitulée "Gendarmes mobiles contre immobilisme politique: combien de temps encore ???", l'association dénonce l'enlisement en cours des forces de l'ordre engagées à Notre-Dame-des-Landes (2.500 militaires sont mobilisés, selon le ministère de l'Intérieur) et évoque "l'inquiétude grandissante des gendarmes sur place" face aux violences subies (plusieurs dizaines d'entre eux ont été blessés à ce jour) [75 au dernier pointage; ndc] et face aux ordres reçus qui ne seraient qu'une fermeté "de façade".
"Maintenir l'ordre ou le rétablir, lorsque les objectifs sont clairs, la gendarmerie sait faire. C'est plus compliqué quand les consignes sont manifestement de réaliser de telles opérations sans entrer en contact avec ceux qui n'ont aucun respect pour l'état de droit" est-il écrit dans cette tribune. "On s'interroge sur l'incohérence entre le discours de fermeté tenu par nos politiques dans les médias et la réalité sur le terrain", explique à France Bleu Loire Océan Thierry Guerrero, président de Gendarmes et Citoyens, lui-même sous-officier de gendarmerie: "déblayer le terrain et avancer, ça on sait le faire, il n'y a pas de souci. Le problème c'est que derrière, il faut le tenir le terrain et quand on vous donne l'ordre de reculer et de ne plus tenir le point que vous avez dégagé, ça sert à rien, ça n'a aucun intérêt".
L'association Gendarmes et Citoyens dénonce donc "une démission du politique", un "manque de courage". La "grogne" monte dans les rangs, depuis que la préfète de Loire-Atlantique Nicole Klein a laissé du temps (jusqu'au 23 avril) à ceux qui ont un projet agricole individuel sur la ZAD pour régulariser leur situation. Pour le maréchal des logis chef Thierry Guerrero, cette annonce "a un peu mis le feu aux poudres" et fait craindre un enlisement: "le maintien de l'ordre sur la ZAD est quelque chose de très compliqué et lorsque ça s'inscrit dans la durée, c'est extrêmement usant et fatigant pour les militaires". Le militaire ajoute que s'il communique aujourd'hui, "c'est parce que l'inquiétude des gendarmes sur le terrain à Notre-Dame-des-Landes est massive".
Mardi 17 avril
(Informations tirées de Reporterre et zad-nadir)
D’après Ouest-France, une rencontre est prévue mercredi 18 avril après-midi entre une délégation d’opposants et de zadistes et la préfète de la région Pays de la Loire, Nicole Klein, pour discuter de l’avenir de la Zad. Lors de l’assemblée des usages, les occupants de la Zad ont répondu « favorablement » à la proposition d’une rencontre faite par Nicole Klein le vendredi 13 avril et souhaitent ce rendez-vous « au plus vite ». Ils seront représentés par trois zadistes au sein de la délégation en charge des négociations, d’après le quotidien régional. (Reporterre)
Affrontements au carrefour de la Saulce où des travaux de déblaiement ont repris. Les GM ont sorti les chiens en forêt.
Certains zadistes pensent qu'il faudrait signer les conventions individuelles "pour la façade", pour se donner du temps et s'organiser collectivement après.
Un ressortissant belge a écopé de 8 mois de prison ferme.
Lundi 16 avril
(Informations tirées de Reporterre et zad-nadir)
Ce soir, AG des Usages exceptionnelle à 20h30 au Hangar de Bellevue. Au menu: comment et quoi répondre à l’invitation que la préfecture a faite à la délégation intercomposante. (nadir)
NDDL: Sept jours avant la fin d'un nouveau délai, les zadistes restent inflexibles
AFP, Sciences & Avenir - 16 avr 2018
https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/nddl-sept-jours-avant-la-fin-d-un-nouveau-delai-les-zadistes-restent-inflexibles_123136
"Ce n'est pas une main, c'est un bâton qu'on nous tend": à une semaine de l'expiration du nouveau délai donné aux occupants de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes pour se régulariser, les zadistes restaient inflexibles, privilégiant toujours la voie collective.
La semaine s'annonce pourtant décisive: les occupants illégaux de ce territoire de 1.650 hectares doivent déclarer leurs projets agricoles d'ici lundi prochain et ainsi amorcer un "processus de régularisation". Faute de quoi, "à l'issue de ce délai tout ce qui doit être évacué sera évacué", a asséné dimanche soir le chef de l’État, Emmanuel Macron. "Le temps est compté", a souligné la préfète des Pays de la Loire, Nicole Klein. Elle a indiqué à l'AFP avoir proposé à la délégation des opposants à l'ex-projet d'aéroport de "venir (la) voir" dans la semaine, une invitation restée jusque-là sans réponse.
Une réunion était en cours dans l'après-midi sur la ZAD pour essayer de dégager une position commune à cette demande de rendez-vous, selon plusieurs occupants. "On est en train d'en discuter sur le territoire, mais de toute façon le contexte ne s'y prête pas", explique l'un d'eux, utilisant le prénom générique "Camille". Présentée par les autorités comme une "main tendue", ce délai supplémentaire est perçu sur le site comme "un bâton", alors que les opérations de gendarmerie se poursuivaient pour le huitième jour consécutif. "Avec cet ultimatum posé en présence policière, on n'est toujours pas dans une situation de négociation, mais dans une posture d'injonction", déplore Marcel Thébault, agriculteur "historique", installé depuis 1999 à l'ouest de la ZAD.
"On ne peut pas décemment négocier avec une arme sur la tempe, avec une occupation militaire. Ce n'est pas un cadre de négociations", martèle "Camille". "Je me fais réveiller tous les matins avec des grenades de désencerclement autour de la caravane. On est dans un climat qui n'est absolument pas serein pour trouver une porte de sortie qui conviendrait aux deux parties", renchérit Lucas, installé comme brasseur au lieu-dit "Les Fosses noires", au cœur des affrontements avec les forces de l'ordre depuis une semaine.
Sur la ZAD, le jeune homme fait figure d'exception: il est l'un des rares zadistes à avoir déclaré son activité agricole à la MSA, avant l'abandon du projet d'aéroport. Pour autant, il rejette les demandes de régularisations individuelles. Il ne s'agit pas de déclarer un bail précaire individuel, selon la préfète Nicole Klein, mais de remplir un formulaire simplifié prouvant "la bonne volonté de rentrer dans les règles de droit". Cette déclaration d'intention doit comporter l'identité du porteur de projet, une adresse, un numéro de téléphone, d'éventuels diplômes ou expériences professionnelles, ainsi qu'une présentation succincte du projet et des parcelles concernées, selon une copie parvenue à l'AFP.
"On reste ouvert aux négociations, mais ce que nous propose la préfète, c'est juste un remaquillage de propositions déjà faites. Nous le pas en avant, on l'a fait, en envoyant une proposition de convention collective, mais elle l'a balayée du revers de la main", regrette Lucas. "L'ensemble des activités ici sont interdépendantes. C'est pourquoi on fait la demande d'un projet collectif et si cette demande n'est pas reçue c'est une incompréhension complète de la part de l’État de ce qu'est ce territoire", abonde "Camille".
Pour le Cédpa, collectif d'élus opposés à l'ex-projet d'aéroport, qui s'est "retiré" de la délégation inter-composantes, le délai supplémentaire des autorités est bien "une issue raisonnable" à "l'engrenage de violence mis en place depuis une semaine". "D'ici le 23 avril, certains sont capables de signer un bout de papier en disant je m'appelle Machin. C'est tout simple. Ne pas le faire serait un gâchis", estime Françoise Verchère, coprésidente du Cédpa. L'Acipa, association historique d'opposants à l'aéroport, juge quant à elle ce délai supplémentaire "trop court, dans le climat actuel" et invite à un retour du dialogue entre la préfecture et les occupants.
[AFP, 16/04/2018] Au 8ème jour d'opérations de gendarmerie sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, la situation reste bloquée lundi, les forces de l'ordre dégageant des barricades aussitôt reconstruites par les zadistes et leurs supporteurs.
Les gendarmes ont fait tomber la charpente du Gourbi avec un véhicule blindé puis ont découpé les poutres à la tronçonneuse pour qu'elles ne puissent pas être réutilisées. Finalement la charpente a été retapée et planquée.
Echauffourées entre les Fosses noires et le Lama fâché où ont lieu des opérations de déblaiement.
Bilan medic de la journée de dimanche: Les équipes médic ont recensé 60 personnes prises en charge pour des blessures diverses, ce chiffre ne prenant pas en compte les gens directement soignés sur le terrain. (zad-nadir)
D'après France info, il y aurait actuellement plus de 700 personnes sur la Zad, 3 fois plus que la semaine dernière. Deux condamnations en comparution immédiate à 5 et 6 mois de prison avec sursis.
Dimanche 15 avril
informations recueillies par zad-nadir
Forte présence policière le matin, contrôles routiers, fouilles, photographies des plaques d'immatriculation. Les gendarmes empêchent les gens de se rassembler au chemin de Suez. Il s'en suit des affrontements.
Dans l'après-midi, la reconstruction se prépare. Une charpente de hangar est installée entre la Wardine et l'Ambazada. Une autre est portée à travers champs en direction du Gourbi (centre, sur la route des Fosses), pour faire renaître le dôme de terre et de paille qui a été "déconstruit" par les GM mercredi.
Sur la Zad, on parle de 15.000 personnes présentes au plus fort de la journée (je n'en suis pas convaincu).
Le soir, salves de grenades pour isoler le Gourbi. Les affrontements reprennent.
[AFP, 15/04/2018] (...) Selon une estimation des gendarmes, environ 3.000 à 4.000 personnes étaient présentes sur l'ensemble de la zone, essentiellement à l'ouest de la D81 où se déroulait, dans la boue et la bonne humeur, le rassemblement pacifique. (...) [4.000 personnes pour la préfecture]
NDDL: Sur la Zad, des milliers de manifestants déterminés à "reconstruire" et maintenir "l'utopie"
par Tiphaine Le Liboux et Anne-Sophie Lasserre
AFP, France24 - 15 avr 2018
http://www.france24.com/fr/20180415-nddl-zad-milliers-manifestants-determines-a-reconstruire-maintenir-lutopie-0
NOTRE-DAME-DES-LANDES (France) - "Si on s'acharne à reconstruire, ils ne vont pas passer des mois à détruire": sur la Zad de Notre-Dame-des-Landes, les milliers de personnes réunies dimanche en soutien aux occupants expulsés ont affirmé leur détermination à rebâtir les habitats détruits et surtout à maintenir "l'utopie".
Loin d'être abattus par la mobilisation des forces de l'ordre depuis lundi et la destruction de 29 squats construits par les zadistes, les défenseurs de leur mode de vie se disaient dimanche plus déterminés que jamais à les soutenir et à venir recréer leurs lieux de vie, comme ils l'ont déjà fait en 2012 après l'opération César.
"Il y a une chose incontestable: les gens tiennent absolument à ce qu'on ne fasse pas table rase de l'utopie, du rêve qui s'est créé ici", constate Marcel Thébault, un agriculteur "historique" à Notre-Dame-des-Landes, qui salue la "mobilisation formidable en dépit de tous les blocages". Comme un premier symbole de cette reconstruction, les manifestants ont transporté sur les chemins boueux la charpente du futur "Gourbi", l'un des squats démantelés depuis lundi. Ce "lieu emblématique et collectif" pour les zadistes a déjà détruit 4 fois selon eux.
Jérémy, 37 ans, restaurateur, est là depuis trois jours. Il est venu de Rouen pour participer aux opérations de reconstruction et "défendre la Zad coûte que coûte". "Ils ne vont pas passer des mois et des mois à détruire ce qu'on va reconstruire", dit-il. Comme lui, des milliers de personnes toutes générations confondues, dont des familles, ont convergé sur le site dimanche pour affirmer leur solidarité. Là, ils ont sorti de terre les milliers de bâtons qui avaient été plantés lors d'une précédente mobilisation, en octobre 2016, avec déjà la promesse de venir les rechercher en cas d'expulsions. "Macron n'a rien compris. Nous, on a gagné, tout le monde se retrouve, la convergence des luttes, c'est ici. Il y a une solidarité encore plus forte qui est en train de se créer" sur la Zad, affirme Christine, bottes fleuries aux pieds et masque à gaz autour du cou.
Tout autour de la ferme de Bellevue, des dizaines de familles ou groupes d'amis profitent d'une accalmie pour pique-niquer, sur un tracteur ou sur des rondins de bois, pendant que certains improvisent un morceau de harpe ou de biniou. Jean-Marc, 53 ans, arboriculteur à Saint-Brieuc, est désormais "engagé sur du long terme" aux côtés des zadistes pour "laisser les jeunes rêver. Là, on leur a retiré la possibilité de faire les choses autrement". À l'automne 2012, une précédente manifestation de réoccupation après des expulsions, lors de la dernière grosse tentative d'évacuation de la Zad, baptisée opération César, "les gendarmes n'étaient pas là. Donc on a reconstruit, point", souligne Marcel Thébault. "Aujourd'hui, on atteint un niveau de crispation et de confusion inégalé", poursuit-il.
Certains manifestants notent aussi une "acceptation très large" pour défendre de manière "offensive" toutes les cabanes, contrairement à 2012. "On connaît la vie qui s'est formée ici, on a eu l'occasion de faire des randonnées, des fêtes ici. C'est devenu une partie de la vie locale et, tout à coup, on se retrouve avec une invasion militaire, dans un état de guerre", regrette Sedi, ingénieur de 41 ans, qui habite la région nantaise. "N'en déplaise au gouvernement, on y arrivera. Ils n'en ont pas fini avec la Zad", promet Michel, l'un des occupants expulsés de la bergerie des "100 Noms".
Alors que l'hélicoptère de la gendarmerie continuait en fin d'après-midi à survoler la zone, les manifestants commençaient à mettre sur pied le "nouveau Gourbi", dans un champ, à quelques pas d'un face-à-face tendu entre zadistes et forces de l'ordre.
Notre-Dame-des-Landes: la Zad prépare la reconstruction
par Marion Esnault et Lorène Lavocat
Reporterre - 15 avr 2018
https://reporterre.net/Notre-Dame-des-Landes-la-Zad-prepare-la-reconstruction
(...) A l’arrière de la « ligne de front », le temps est venu de faire le bilan. En commençant par nettoyer les champs des innombrables grenades tombées en une semaine. Les nouveaux arrivés s’attèlent à la tâche avec méthode, ramenant leur butin dans de grands sacs de tri permettant de séparer les différents types d’armes. Chaque grenade coûte 110 € de sa fabrication à son explosion. Assourdissantes ou de désencerclement, lacrymos, fumigènes, Lanceurs de balles de défense. « Les blessures que l’on voit ici sont des blessures de guerre, » observe Laurence, pompière et membre d’une équipe Médics
Après cinq jours de violents heurts, un calme relatif est pourtant revenu sur la Zad. En dépit des altercations fréquentes et d’une pression palpable, la vie continue sur les fermes et les lieux collectifs. Cuisines et fournils fonctionnent à plein régime pour nourrir les centaines de militants qui arrivent peu à peu. Certains sont venus de Bretagne, d’autres ont traversé la France depuis les Pyrénées. Des Basques, des Espagnols, des Allemands et même des Polonais ont fait le déplacement.
Nombre d’entre eux sont arrivés dans la veille ou les jours précédents, choqués, horrifiés « par l’ampleur et l’arbitraire des destructions ». « C’est incompréhensible et inadmissible, ils n’avaient aucun intérêt à tout casser alors qu’un processus de négociation était engagé », regrette une Finistérienne. Devenue le symbole de cette rage démolisseuse, la ferme des Cent noms n’est plus qu’un tas de planches au milieu des prairies.
Pourtant, l’heure n’est ni au défaitisme ni à la vengeance. Une énergie créatrice et un fourmillement collectif dont la Zad a le secret se sont emparés du bocage. De petits groupes de tous âges et de tous horizons se forment sur les parcelles d’anciennes cabanes afin de récupérer le maximum de matériaux dans les décombres. Le mot d’ordre est simple : ils déconstruisent, nous reconstruirons. Ensemble. « L’histoire doit continuer, parce que la Zad est le symbole d’un autre possible, une école de la vie », murmure, émue, une jeune étudiante venue pour la première fois. (...)
Samedi 14 avril
Extrait d'informations recueillies sur Reporterre (https://reporterre.net/) et Zone A Défendre (https://zad.nadir.org/)
La manifestation de soutien à la Zad organisée à Nantes réunit "de 8.000 à 10.000 personnes" d'après Reporterre, 6.700 d'après la police. Les charges de police et les tirs de grenades et de flash balls font refluer la manif et mettent la panique dans le centre ville. De nombreux blessés.
Sur les pancartes et panonceaux, on lit: « La vie n’est pas une start-up », « Soutien à la zad », « Que récolte-t-on à semer des lacrymos », « Zadons-nous les uns les autres »,« César 2 - Zad 3 », « C’est quoi ce fromage », « Tel un Phénix, la Zad renaîtra », « La terre est à celleux qui en prennent soin ». (Reporterre)
Répression: Le CARILA (Comité anti-répressions issue de la lutte contre l’aéroport) nous indiqe que jusqu’à maintenant il y a eu 57 interpellations dans le cadre de l’opération d’expulsion initié par le gourvenement: 27 sur les bords de routes, en tentant d’entrer sur la ZAD, ou sur des barricades. 30 personnes ont été interpellées devant une mairie lors d’une action de soutien mais sans suite.
Sur les suites de ces interpellations il y a maintenant une personne mineure placé en prison pour mineur, une personne toujours en GAV [elle en est sortie], une personne passée en comparution immédiate. Et 3 personnes sont convoqués prochainement dont une avec interdiction du territoire 44 en attendant son passage devant le juge. (nadir)
Des affrontements se produisent encore ponctuellement, avec moins d'intensité que les jours précédents, le long des axes D281 (au niveau de Lama fâché) et D81 (à proximité de la Wardine). Les importuns qui perturbent les opérations de dégagement de barricades et de déblaiement en tentant de récupérer affaires et matériel sont arrosés de lacrymogènes et grenades diverses.
A l’entrée du camping des Cheveux blancs, des personnes ramènent des sacs et cagettes pleines de grenades récupérées dans les champs après explosion. Ils les trient, séparant celles qui sont inertes – n’ont pas explosé – et celles qui sont usagées. Dans de grands sacs de plastique blancs, les armes s’entassent en vue d’être rapportées à la préfecture. Il y a là des grenades de désencerclement, des grenades assourdissantes, des bombes lacrymogènes, des LBD. Les uns sont projetés par des armes d’une portée de 50 m, d’autres de 200 m. (Reporterre)
Quelques photos de la journée: On barricade, ça gaz, on ramasse dans les débris mais aussi on cuisine, on se rencontre, on écrit des textes, les bleus se déplacent, on découvre la zone si on ne la connaissait pas, on reconstruit, on écoute ce qui se passe à la manif de Nantes si on n'a pas pu y aller, on se prépare pour l’AG des usages de ce soir ou pour la pizza party et la projection de "Demain s’entête" qui aura lieu à la Grée, on essaie de ralentir les machines qui viennent récupérer le matériel qui pourrait encore nous servir pour des constructions, on écoute et lit tous les messages de soutien que vous nous envoyez... (nadir)
Le groupe médical de la Zad dresse un bilan:
« Depuis le début de la semaine, au moins 148 personnes ont été prises en charge par le groupe médic’ (ce bilan n’est pas exhaustif). Au cours des dernières 48 heures, le groupe médic soigne et prend en charge en continu des personnes blessées pendant les assauts policiers et nous a livré ce bilan (là encore non exhaustif):
- 23 personnes ont subi des éclats multiples de grenades sur le corps (visage, nuque, torse, jambe, pieds, mains, doigts...) parfois enfoncés de 3 cm dans la chair. Une même personne peut avoir reçu une quinzaine d’éclats. Certaines personnes présentent des signes d’infections suite à ces blessures;
- 8 personnes avec des hématomes des membres avec des phénomènes de compression dangereux liés à l’utilisation des Lanceurs de balles défensives;
- 3 personnes avec des atteintes neurologiques (vertiges, céphalées, confusion...) suite aux explosions de grenades;
- 1 personne atteinte à l’oeil par un éclat de grenade, 3 autres souffrent de baisses d’audition sévères liées à des explosions de grenades..
- Sur les postes de soin et lors des déplacements de l’équipe médic’ sur les lieux de charge, il a été constaté l’utilisation d’armes au potentiel létal:
. tirs tendus de grenades diverses;
. utilisation de grenades avec des charges explosives massives au contact à hauteur d’homme;
. utilisation massive et continue au niveau d’habitations de gaz à haute;
concentration toxique : brûlures, nausées, etc.;
. plusieurs témoignages d’utilisation de gaz incapacitants (deshydratation immédiate, diarrhée, vomissements, confusion, possible abattement...).
◦ Conclusion: La police assassine, cela nous le savons déjà. Des policiers sont hospitalisés suite à l’explosion d’armes qu’ils nous envoient consciemment dessus et en continu depuis plusieurs jours »
Derrière les barricades, un trio de médics scrutent les bois où résonnent les explosions, attentifs. « On ne parle que des gendarmes dit l’un d’entre eux, mais on compte tous nos blessés ici, foulures et entorses comprises, on en a plusieurs centaines. Il y a beaucoup de blessures de guerre. Des chairs et des nerfs atteints par des éclats de grenades, des plaies ouveres, des tympans amochés, des os nécrosés ou fracturés. Et on ne peut pas les envoyer à l’hôpital car les contrôles de gendarmes sont trop fréquents. »