Le Monde d'Antigone

Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
syndicats et toute forme de gestion et de pouvoir.
Rassembler des foules sous un même drapeau
trouve toujours son origine dans une imposture.
Seule une révolution mettra fin à un système
dont l'obsession de l'argent entraine l'humanité
vers la catastrophe.

Rubriques

>> Toutes les rubriques <<
· 37 - Lointains échos dictatures africain (392)
· 00 - Archivage des brèves (770)
· .[Ec1] Le capitalisme en soins intensifs (548)
· 40 - Planète / Sciences (379)
· 10 - M-O. Monde arabe (382)
· . Histoires et théories du passé (218)
· 20 - Japon, Fukushima (237)
· .[Ec2] Métaux, énergies, commerce (251)
· 24 - USA (299)
· 19 - Chine [+ Hong Kong, Taïwan] (316)

Statistiques

Date de création : 10.03.2011
Dernière mise à jour : 27.09.2025
8580 articles


Rechercher

Nous n’avons pas oublié Fukushima

Publié le 12/03/2018 à 04:23 par monde-antigone

 
Nous n’avons pas oublié Fukushima
8ème témoignage de Fonzy
Le blog de Fukushima - 06 mar 2018
http://www.fukushima-blog.com/2018/03/nous-n-avons-pas-oublie-fukushima.html


Bientôt arrive le 7e anniversaire de l’accident de Fukushima. Ici, tout fonctionne comme avant. Il y a beaucoup moins de manifestations antinucléaires, beaucoup moins de personnes qui continuent à mesurer régulièrement le taux de la radiation avec leur compteur Geiger ou le taux de césium avec leur détecteur Nal. Moi non plus d’ailleurs, cela fait déjà 4 ou 5 ans que mon compteur Geiger se trouve intact dans un tiroir. La radioactivité n’est plus un sujet de la conversation quotidienne. Pourtant, nous n’avons pas oublié Fukushima. Au contraire, Fukushima est omniprésent sur des affiches publicitaires à la gare, dans des émissions à la télé ou dans les supermarchés avec ses tomates, ses pêches ou ses brocolis, mais on ne montre guère le Fukushima qui est couvert de ses milliers de sacs noirs fourrés de terre contaminée, ni le Fukushima dont la terre et les forêts restent contaminées même après des séances de décontamination, ni les réfugiés souffrants qui désirent rester hors de leur pays natal même après la levée de l’interdiction. Bref, parler de Fukushima n’est pas un tabou, mais c’est toujours centré sur le genre « notre Fukushima, le très beau pays ».

Par ailleurs, il y a une autre « détabouisation » qui est en cours: la banalisation du cancer. Surtout, la banalisation du cancer de la thyroïde chez les enfants est courante: il y a des médecins qui disent que c’est une maladie tellement courante que l’on en découvre souvent, même des petites tumeurs avec lesquelles on peut vivre, etc… On remarque aussi depuis quelque temps des publicités lancées par le Ministre de la Santé qui encourage les « cancers survivors » de continuer à travailler, et également des téléfilms dont les protagonistes sont atteints d’un cancer grave… Enfin le cancer, qui était un tabou, ne l’est plus, car un Japonais sur deux « l’attrape » selon les spécialistes, du coup c’est une maladie banale.

Malgré tout, tous les Japonais ne pensent pas que les misères de Fukushima sont finies. Nous ne sommes pas dupes. Il y a souvent des pétitions contre les décisions de l’Etat qui force à retourner les anciens habitants dans les terres contaminées ou qui vise l’arrêt total du contrôle du césium des produits récoltés à Fukushima, et aussi sont en cours des procès pour les indemnisations des réfugiés ou des employeurs de Daiichi. Il y en a, comme moi, qui ne mangent toujours pas les produits du Nord-Est du Japon, et qui font toujours attention à ce qui se passe dans la centrale. De surcroit, nous nous préparons à des accidents nucléaires éventuels. J’ai récemment été à une assemblée qui distribuait des pastilles d’iode, organisée par une petite association bénévole très locale. Pourtant, à ma surprise, il y avait 350 personnes qui étaient venues à la distribution ! J’ai vu de jeunes mamans avec leurs bébés, des tontons sympas, des dames peu militantes, bref des personnes tout à fait « ordinaires » qui venaient pour chercher leurs pastilles d’iode pour se protéger contre la radioactivité. Cela montre que les Japonais savent maintenant que le nucléaire est équivalent au danger mortel, et qu’il faut se protéger contre un autre accident nucléaire futur, vu la grande probabilité d’un séisme important dans les 30 prochaines années dans la région de Kanto selon des sismologues.

Nous, les Japonais, nous nous mobilisons avec calme, pas de révolution comme chez vous. Même si à vos yeux nous ne faisons rien, nous continuons à combattre. Nous agissons en sourdine, petit à petit, un peu comme le césium dans le corps…


Commentaire de Pierre Fetet [le webmaster]
Effectivement les informations de Fonzy sont hallucinantes pour qui découvrirait la situation, elles le sont moins pour ceux qui suivent dans le détail la catastrophe depuis 7 ans. La décontamination radioactive est impossible, comme on l’a toujours dit ici. On déplace la radioactivité pour nettoyer un endroit, puis le vent se charge de tout recontaminer petit à petit. Il suffit de voir cette vidéo (https://youtu.be/D2qjgKgfFjo) pour comprendre comment les radioéléments se déplacent, en particulier depuis la forêt qu’il est impossible de nettoyer.

Les campagnes de propagande pour les produits de Fukushima ont toujours existé, malgré le risque que l’on prend de manger des produits contaminés. Le mensonge de l’innocuité des faibles doses est constant au Japon, comme il perdure dans les pays autour de Tchernobyl, grâce aux bons conseils de Français peu recommandables comme Jacques Lochard et son programme d’adaptation des populations à vivre en territoire contaminé. A ce propos, il faut voir le film produit par Enfants de Tchernobyl Belarus qui vient de sortir: « TCHERNOBYL, le monde d’après » (Voir sa bande-annonce à http://tinyurl.com/au4388u )

A propos des pastilles d’iode, ces actions de distribution servent surtout à alerter la population qui est maintenue dans un état d’ignorance au sujet des dangers du nucléaire (tout comme en France d’ailleurs où la radioprotection est un domaine réservé aux spécialistes). On sait bien que les pastilles d’iode ne protègeront personne du strontium, du césium, du plutonium et autres poisons qui sont diffusés dans l’atmosphère quand un accident se produit.


Cancer de la thyroïde chez les jeunes de Fukushima: 160 cas confirmés
ACRO - 09 mar 2018
http://fukushima.eu.org/cancer-de-thyroide-chez-jeunes-de-fukushima-160-cas-confirmes/ 


Avant de présenter les nouveaux résultats, revenons sur la dernière publication du 25 décembre 2017. Nous avions annoncé 4 nouveaux cas de cancer de la thyroïde confirmés par la chirurgie chez les jeunes de Fukushima, qui avaient moins de 18 ans au moment de la catastrophe. Ils concernaient tous les 4 des enfants dont le cancer a été détecté lors de la 3e campagne de dépistage par échographie. En fait, il y avait aussi un 5e cas confirmé par la chirurgie chez un enfant dont le cancer avait été détecté lors de la 2e campagne de dépistage. Étonnamment, ce 5e cas avait aussi échappé à Fukushima Voices qui fait aussi un suivi. (...)

Le bilan au 30 septembre 2017 est donc de 193 cas de cancer de la thyroïde suspectés (115 lors de la 1ère campagne, 71 lors de la 2e et 7 lors de la 3e), dont 159 confirmés après une intervention chirurgicale (101 lors de la 1ère campagne,  51 lors de la 2e et 7 lors de la 3e). Les autres enfants sont en observation. Il y a toujours un cas supplémentaire qui s’est révélé être bénin après chirurgie. Le 5 mars 2018, l’université médicale de Fukushima a présenté un nouveau bilan à la date du 31 décembre 2017. Il n’est disponible qu’en japonais pour le moment, mais Fukushima Voices traduira les principaux résultats en anglais.

Un bilan détaillé de la 3e campagne de dépistage est présenté:
91.669 jeunes ont subi une échographie de la thyroïde, soit 48,1% des 336.654 habitants de Fukushima qui avaient moins de 18 au moment de la catastrophe, soit 56,9 %.
Parmi eux, 179.038 ont reçu les résultats de l’examen.
1.199 jeunes ont dû ou doivent subir des examens complémentaires.
31 examens complémentaires ont conduit à une cytoponction.
Il y a 10 cas de cancers de la thyroïde suspectés à l’issue de ces examens, soit 3 de plus que la dernière fois (6 garçons et 4 filles).
Il y a 7 patients qui ont subi une intervention chirurgicale qui a confirmé le diagnostic, comme la dernière fois. Ce sont tous des cancers papillaires.

(...) On arrive donc à un total de 197 cas de cancer suspectés, dont un cas s’est révélé bénin après l’intervention chirurgicale et 160 cas de cancer avéré. Le nouveau cas confirmé par chirurgie depuis la dernière publication a été dépisté lors de la 2e campagne. Quant aux 3 nouveaux cas suspectés, ils ont été détecté lors de la 3e campagne de dépistage par échographie. Ces données ne concernent que la province de Fukushima. Les retombées radioactives ont dépassé les frontière de cette province, mais il n’y a ni dépistage ni suivi ailleurs.

A noter, que selon un fond de soutien, un cas de cancer de la thyroïde a échappé aux statistiques officielles (source). Selon ce même fond qui a effectué un suivi de 84 enfants ayant déclaré un cancer de la thyroïde, 8 d’entre eux ont dû subir une deuxième intervention chirurgicale après une rechute. Ils avaient entre 6 et 15 ans au moment de l’accident. Il réclame des statistiques officielles sur le nombre de rechutes.


Le Japon pousse les évacués de Fukushima au retour. Ils n’y tiennent pas vraiment.
par Evelyne Genoulaz
Le blog de Fukushima - 27 fev 2018
http://www.fukushima-blog.com/2018/02/le-japon-pousse-les-evacues-de-fukushima-au-retour.ils-n-y-tiennent-pas-vraiment.html


La levée des ordres d’évacuation dans les zones contaminées par la radioactivité suite à la catastrophe nucléaire à la centrale de Fukushima Daiichi, qui a commencé le 31 mars dernier, est l’une des décisions gouvernementales qui ont marqué l’année fiscale 2017 au Japon, et mobilisé les protestations des victimes, car à bientôt un an, il faut noter que cette “politique du retour” a concerné des zones se rapprochant de plus en plus de la centrale, présentant un niveau de dose de radioactivité allant jusqu’à 50 mSv/an ! en outre, le débit de dose jusqu’à 20 mSv/an a été déclaré “sans risque sanitaire”! Rappelons que c’est le maximum autorisé en France pour les travailleurs du nucléaire.
A l’approche de la date des Olympiades, les autorités veulent maintenant supprimer les aides au logement pour certains évacués, qui n’auront d’autre alternative que de rentrer vivre en zone contaminée...
Mais la résistance s’organise, comme à Yonezawa.


Sept ans après le catastrophe: un panorama chiffré de la reconstruction
Nippon.com - 11 mar 2018
https://www.nippon.com/fr/features/h00169/


Sept années se sont écoulées depuis le séisme et le tsunami du nord-est du Japon et la catastrophe nucléaire de Fukushima. Nous faisons le point sur la situation actuelle des zones sinistrées et le processus de reconstruction.


Selon un recensement de l’Agence de la reconstruction dévoilé en janvier 2018, la population déplacée s’élève à près de 75.000 personnes. Bien que ceci représente une baisse de plus de 103.000 personnes en deux ans, quelque 20.000 personnes vivent encore dans des logements temporaires.

Depuis la fin du mois de mars 2017, la préfecture de Fukushima a cessé la mise à disposition gratuite de logements temporaires envers les personnes qui ont quitté volontairement leur domicile situé en dehors des zones d’évacuation. Par conséquent, la plupart d’entre elles ne sont plus comptabilisées comme des « réfugiés » à proprement parler par les municipalités les ayant accueillis. Le nombre officiel de réfugiés a de fait baissé de façon significative.

Les « décès liés au séisme », causés par une hygiène détériorée et également les suicides, ont augmenté de plus de 200 personnes au cours des deux dernières années.
Décès liés au séisme (1): 2016: 3.407 / 2018: 3.647
Personnes réfugiées (2): 2016: environ 178.000 / 2018: environ 75.000
Logements temporaires en utilisation (3): 2016: 65.704 / 2018: environ 20.000
Sources: Agence de la reconstruction, (1) fin septembre 2017 / (2) janvier 2018 / (3) décembre 2017

80 % des travaux d’aménagement de terrains résidentiels terminés - Selon l’Agence de la reconstruction, à l’heure actuelle, ont été achevés 90 % des travaux concernant les « logements sociaux pour la reconstruction », l’un des grands projets de relocalisation des réfugiés. Quant à l’aménagement de terrains résidentiels qui permettra aux personnes déplacées de rebâtir leurs maisons, il est achevé à environ 80 %. Ces opérations avancent régulièrement et seront en majeure partie terminées au cours de l’année 2018.

Logement et urbanisme
Logements sociaux pour la reconstruction achevés: 2014: 9 % / 2016: 58 % / 2018: 27 573 logements achevés sur les 30 405 prévus (soit 92 %)
Maisons reconstruites: 2014: environ 111.000 / 2016: environ 127.000 / 2018: environ 139.000
Terrains résidentiels achevés pour la reconstruction individuelle de logements: 2014: 5 % / 2016: 45 % / 2018: 14.636 travaux achevés sur les 18.000 prévus (soit 81 %)
Sources: Agence de la reconstruction (janvier 2018)

La situation des industries - Les montants des produits industriels livrés des trois préfectures sinistrées (Iwate, Miyagi, Fukushima) sont revenus au niveau d’avant la catastrophe. Les terres agricoles détruites sont redevenues cultivables pour 84 % d’entre elles, et 93 % des usines de transformations des produits de la mer ont repris leurs activités (sources: Agence de la reconstruction).

Infrastructures économiques
Zones arables....................... 2014: 63 % / 2015: 70 % / 2016: 74 % / 2018: 84 %
Installations d’aquaculture... 2014: 80 % / 2015: 83 % / 2016: 87 % / 2018: 93 %
Sources: Agence de la reconstruction (janvier 2018)

Concernant la reprise des affaires, parmi les sociétés bénéficiant de subventions destinées aux régions sinistrées, les 45 % ont retrouvé leurs chiffres d’affaires d’avant le séisme. Cette enquête montre des résultats bien différents en fonction des secteurs. Ainsi, 80 % des entreprises du bâtiment disent avoir retrouvé un bon niveau d’activité, contre 30 % seulement pour les industries de l’agroalimentaire et de la pêche maritime.

Notons également que la méfiance envers les produits venus de Fukushima ne s’estompe pas. Par exemple, le prix de gros de la pêche ou du bœuf est de 10 à 20 % moins cher que les produits des autres régions de l’Archipel. Et il y a 10 % de moins de touristes visitant la préfecture par rapport à la période précédant la catastrophe.

La situation à Fukushima - Selon la préfecture de Fukushima, en octobre 2017, il y avait près de 55.000 personnes contraintes de vivre en tant que réfugiés, dont plus quelque 35.000 en dehors de la préfecture.

Les consignes d’évacuation n’ont pas été encore levées pour 3 des 11 municipalités des environs de la centrale de Fukushima Daiichi: Futaba, Ôkuma et Namie. D’après les sondages effectués par le ministère de la Reconstruction, la préfecture de Fukushima et les municipalités évacuées, plus de la moitié des évacués issus de ces trois municipalités disent ne pas souhaiter rentrer chez eux même après la levée des consignes d’évacuation.

Afin de suivre l’évolution du taux de rayonnement radioactif dans l’air, l’État et la préfecture de Fukushima ont installé 624 postes de surveillance et ont doté des écoles, des parcs et des crèches de plus de 3.000 dosimètres fonctionnant en temps réel. Les résultats des mesures sont disponibles sur le site internet Fukushima Prefecture radioactivity mesurement map.

Pour réduire la dose de rayonnement dans l’air, des opérations de décontamination ont été réalisées, consistant en la tonte systématique de l’herbe, un nettoyage des toits de maison à eau sous haute pression et la suppression de la couche de surface du sol. Ces opérations ont été presque achevées et le taux de radioactivité serait en baisse. Dans la ville de Fukushima en novembre 2017, il était de 0,15 µSv, se rapprochant graduellement du niveau d’avant le séisme (0,04 µSv).

Le démantèlement de la centrale perdurera encore très longtemps
À l’intérieur de la centrale de Fukushima Daiichi, à l’origine de la plus grande catastrophe nucléaire de l’histoire, les opérations d’élimination des débris radioactifs se poursuivent. Tout au long de l’année 2017, les robots envoyés dans les enceintes de confinement des réacteurs 1, 2 et 3 ont inspecté les débris de combustible fondu qui se sont échappés de la cuve à pression lors de l’accident, afin de chercher un moyen concret pour les récupérer. Mais les résultats de cette opération se sont révélés insuffisants.

En septembre 2017, pour la première fois depuis deux ans, le gouvernement et la compagnie d’électricité Tepco ont renouvelé leur programme de démantèlement de la centrale:
– Milieu de l’année 2019: choix de la méthode de récupération des débris nucléaires ainsi que du premier réacteur dans lequel sera lancée cette opération (prévu à l’origine durant l’année 2018).
– Courant 2023: lancement des opérations de récupération du combustible usé stocké dans les piscines d’entreposage des réacteurs 1 et 2 (prévu à l’origine en 2020).
– Entre 2030 et 2040: Mis hors service total de la centrale (comme prévu à l’origine).


L'invasion du Japon par les sangliers semble impossible à endiguer
Slate - 09 mar 2018
http://www.slate.fr/story/158734/japon-invasion-de-sangliers


Elles ont en moyenne 4,5 enfants par an et sont en mesure de procréer dès leurs deux ans: les laies, et leurs congénères sangliers, sont devenus en quelques années un second fléau démographique pour le Japon, le premier étant le vieillissement de la population. À mesure que la population japonaise diminue (25 % des habitants de l'archipel ont plus de 65 ans, et on s'attend à ce qu'ils soient près de 40 % d'ici 2060), celle de sangliers, elle, gagne du terrain: « À cause de la dépopulation, il y a de plus en plus de champs et de rizières abandonnées. Ce sont des endroits parfaits pour les sangliers sauvages pour se cacher et se nourrir », explique Koichi Kaji, professeur de gestion de la faune à l'université de l'agriculture et de la technologie de Tokyo.

Les journaux regorgent de dépêches signalant la présence de sangliers dans des gares, des parkings, des dortoirs scolaires et jusque dans la mer, nageant entre les îles, rapporte le Washington Post. Le sud du Japon était jusque-là le plus concerné par cette invasion de sangliers errants, mais ceux-ci commencent à remonter au nord, une région jusque-là préservée par un climat plus froid, territoire trop neigeux pour les sangliers. À Hiraizumi, les agriculteurs meurent, et personne n'est là pour reprendre leurs terres: « Maintenant nous avons ces animaux et pas assez de gens pour les effrayer et les faire partir », raconte Hideo Numata, agriculteur dans ce bourg de 7.803 habitants.
Dans l'île de Shikoku, une femme de 70 ans a été chargée par une bête de 80 kg en ouvrant sa porte d'entrée ce mois-ci. En octobre, cinq employés d'un centre commercial ont été mordus par un sanglier en furie dans les rayons. À Kyoto, au moins 10 sangliers ont été repérés en ville l'année dernière, dont deux dans une école secondaire.

Déclin des populations humaines et changement climatique sont les deux facteurs clefs de cette propagation inquiétante. Alors que les hivers sont de plus en plus chauds au nord, la région se remet mal de la catastrophe de Fukushima en 2011. Les villes côtières ont été anéanties et les populations déplacées, cependant que la région reste inhospitalière pour les humains. Pour les sangliers en revanche, elle semble être « parfaite », écrit le Washington Post: « Avec des rapports concernant des sangliers saccageant tout à travers les villes-fantômes autour de l'usine, certaines personnes s'inquiètent de la possibilité que les animaux deviennent maintenant radioactifs ».

À Hiraizumi, le coût des dommages causés par les sangliers a été multiplié par 6 entre 2015 et 2016. La maîtrise de ces sangliers sauvages devient d'autant plus préoccupante dans les campagnes que les moyens mis en oeuvre à cet effet sont maigres ou inefficaces. Si les autorités locales ont offert des subventions aux agriculteurs pour installer des clôtures électriques, elles ont surtout encouragé les habitants à obtenir les permis nécessaires pour piéger et tuer les animaux.

« C'est là que la population vieillissante du Japon et son amour de la paperasse entrent en collision », écrit le Washington Post: cela nécessite deux licences, une pour le port d'armes, une pour poser des pièges. Afin de les obtenir, il faut passer un test écrit (l'université locale a dû mettre en place des cours pour les agriculteurs) et un examen pratique impliquant plusieurs types de pièges. Or dans le bourg, il n'y a qu'une dizaine de personnes en possession de ces deux licences; juste assez pour attraper un ou deux sangliers par mois, entre novembre et mars: le reste du temps, ils ont besoin d'un autre permis. En 2011, seulement deux sangliers ont été capturés dans toute la préfecture d'Iwate. Progrès: l'année dernière, 94 bêtes ont été neutralisées. C'est mieux, mais loin d'être suffisant.