Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
syndicats et toute forme de gestion et de pouvoir.
Rassembler des foules sous un même drapeau
trouve toujours son origine dans une imposture.
Seule une révolution mettra fin à un système
dont l'obsession de l'argent entraine l'humanité
vers la catastrophe.
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Date de création : 10.03.2011
Dernière mise à jour :
07.09.2025
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Nous vivons dans une société où, pour subsister, manger à sa faim, avoir un toit, se distraire, se cultiver, il faut avoir un revenu, de l'argent. Tout tourne autour de l'argent. Pas d'emploi, pas d'argent. Sans argent, on n'existe pas. Pour des emplois, on rase des forêts, on prolonge des centrales nucléaires. Tout est sacrifié pour 'l'emploi", la condition de la croissance. C'est la seule règle de fonctionnement, et le capitalisme nous l'impose par la contrainte, par la force, en nous faisant comprendre qu'il n'y a pas d'alternative.
Or, cette règle, au lieu de fédérer quand tout va bien, exclut aujourd'hui massivement. Or cette société crée de moins en moins de chances d'obtenir précisément de quoi "vivre décemment" parce qu'à l'avenir, elle créera de moins en moins d'emplois correctement rémunérés. Cette évolution n'épargne qu'une petite minorité de privilégiés et d'hyper qualifiés qui concentre entre ses mains l'essentiel des décisions et qui profite de la richesse produite.
Chaque fois, les périodes de récession gonflent une masse grandisante de chômeurs, de travailleurs précaires surexploités que les périodes de reprise de plus en plus molles sont incapables d'absorber et rend incompressible. Les subventions accordées à l'emploi et les politiques de dépense sociale consenties pour tenter de protéger les salariés, endiguer le développement des inégalités et tenter de calmer un ressenti de frustration et de colère sont inefficaces et impuissantes. Pire, elle ne font qu'alimenter des déficits et une dette devenue monstrueuse.
Les solutions qu'avancent les syndicats conduiraient à davantage de répartition et d'intégration, mais elles ne peuvent plus se réaliser dans les conditions actuelles quand la concurrence fait rage et que les marges se réduisent. L'époque des "30 glorieuses" (1945-1973) est révolue. Face à cette impasse, ils nous poussent à la guerre: défendre l'entreprise (une entreprise qu'on n'a pas choisie) et la production nationale contre toutes les autres. Les uns parlent de "patriotisme économique", les autres de "protectionnisme solidaire", mais cela revient au même.
Cela explique sur le fond pourquoi les mobilisations déclinent, pourquoi sur la forme elles ne sont plus adaptées. Aujourd'hui, c'est la question du fonctionnement de la société autour de la dépendance à l'économie qui est posée.
Mais au fond, qu’est-ce qu’on fout là ?
par l'assemblée autonome, Caen
Non Fides - 24 oct 2017
http://www.non-fides.fr/?Mais-au-fond-qu-est-ce-qu-on-fout-la
« Nous voulons un boulot de merde, payé des miettes ! »
Les chômeurs heureux.
DE MANIFS EN MANIFS, DE « NUIT DEBOUT » EN « FRONT SOCIAL », il y a comme un fantôme qui agonise: la gauche politique et syndicale. Au milieu de ces cortèges funéraires, souvent nous nous sentons étrangers. Et comme partout ailleurs, au quotidien, le fond de l’air est xénophobe et réactionnaire, on a sacrément du mal à prendre notre souffle.
Nous sommes précaires, chômeur-se-s, retraité-e-s, étudiant-e-s. Des CDI, des salaires décents, nous n’en avons jamais connus, et n’en connaîtrons sans doute jamais. D’ailleurs, ça ne nous a jamais fait rêver. Pour certain-e-s, nous étions de ceux et celles qui gueulaient en 2006, « CPE, ni CDI, tout ce qu’on veut c’est rester au lit »… Nous n’avons pas oublié à qui le travail et son code profitent. Le code du travail ne nous a que trop rarement « protégés ». Et pour cause c’est le fruit d’un compromis entre le capital et le travail. Ce genre de compromis on en a tous fait, faut bien becter, mais c’est loin d’être notre utopie.
Parce que si nous sommes tout cela, nous sommes surtout bien davantage. Nous portons en nous une détestation de ce monde, et partageons le rêve commun du vieux mouvement révolutionnaire de le détruire.
Et quand on se retrouve sur un blocage, on ne s’étonne même plus de découvrir des actions négociées avec la préfecture. Et encore moins des bureaucrates syndicaux qui se dissocient de la moindre action directe. Nous nous sentons souvent bien seul-e-s pour défendre les compagnon-ne-s engeolé-e-s lors du mouvement dit « la loi travail » du printemps 2016.
Si nous nous sentons étrangers et étrangères aux manifs c’est que ce ne sont jamais nos conditions de vies qui sont évoquées, ni des aspirations avec lesquelles nous pourrions avoir une complicité qui sont mises en avant, ni nos manières de lutter qui s’expriment.
« Mélenchon, piège à cons ! ».
Le temps de la redistribution est fini. Le capital se gave. Aujourd’hui avec Macron, les faux semblants, c’est également fini. Le président vient de chez Rotschild, le Premier ministre d’Areva. La complicité entre Etat et capital n’est même plus masquée. Le recours à la société civile, c’est le recours au MEDEF. La suppression de l’ISF et la baisse des APL en sont emblématiques. Mais rien d’étonnant là-dedans. Le capitalisme pour exister a toujours eu besoin de l’Etat.
Les attaques successives, de la loi travail à l’assurance chômage, en passant par les régimes de retraites, montre que le capital entend encore davantage accentuer nos conditions d’exploitation et de domination. Le recours à l’intérim, la sous-traitance, l’auto-entreprenariat, l’enchainement des CDD à vie se généralisent. Chacun de nos gestes, chaque objet de notre quotidien, sont susceptibles de devenir encore davantage des marchandises. L’emprise de l’économie sur nos vies continue de s’étendre. Et le capital ne lâche plus rien.
C’est d’ailleurs parce qu’il ne lâche rien qu’il s’appuie sur l’Etat d’urgence, dont il généralise les prérogatives. Nous en avons déjà sentis les effets lors du mouvement du printemps 2016, où des compagnon-ne-s se sont vus interdire de manifester. Comme les assignations à résidences pleuvent, les violences policières se généralisent au moindre blocage ou à la moindre occupation, les espaces de luttes sont vidés. Le moindre soupçon de « mauvaises intentions » sont tuées dans l’œuf.
Pour que tout continue, il faut que chacun et chacune demeure isolé, vive seul les attaques qu’il ou elle subit. Les menaces de la crise, du terrorisme, des catastrophes écologiques deviennent des rappels à l’ordre.
Mais paradoxalement, c’est lorsque l’Etat comme le capital nous assène qu’il n’ont plus rien à nous offrir, que l’hypothèse réformiste bégaye ses vieilles illusions idéologiques. Et même, s’il n’y a plus beaucoup de miettes à négocier, que l’époque des acquis sociaux et de l’Etat providence est révolue, que le réformisme est plus que jamais une impasse, bureaucraties syndicales et Partis politiques de gauche continuent de vouloir négocier la taille de nos chaines. Mélenchon et les « insoumis » entendent même se faire passer pour les représentant-e-s du mouvement social. En l’occurrence, ces « insoumis » ne visent rien d’autre qu’accéder au pouvoir. Ceux et celles qui croient sincèrement au mirage politicien « Mélenchon », vivront les mêmes désillusions que les générations successives qui ont cru en la solution électorale. Il n’y a rien à attendre de la représentation politique comme les échecs de Syriza en Grèce ou de Podemos en Espagne sont venus nous le rappeler.
Surtout qu’aujourd’hui cette gauche-là, renouant avec les relents patriotiques et coloniaux de la vieille gauche, applaudit les flics, condamne les « casseurs », chante la Marseillaise.
Nous n’aurons que ce que nous prendrons.
Que ce soit pour résister aux attaques que nous subissons ou pour porter des coups à ce système qui nous exploite chaque jour un peu plus, nous n’avons d’autre choix que de nous organiser à la base. Depuis 2016, les directions syndicales et politiques ont une nouvelle fois démontré que leurs intérêts n’étaient pas les nôtres. De journées de grève éparpillées, en blocages fantoches, rien ne permet de peser sur la situation. Or c’est en portant des coups à l’économie toute puissante que nous serons en mesure de renverser un tant soit peu la situation.
Certain-e-s nous vendent la nécessité d’un Front social ou d’une convergence des luttes, en s’en remettant à une composition avec des bureaucraties syndicales et politiques. C’est-à-dire ceux et celles là mêmes qui n’ont eu de cesse de désarmer les mouvements successifs. La tentative de blocage organisée par les routiers en est une parfaite illustration. Lorsque certains et certaines d’entre nous nous sommes retrouvés à La Maison du peuple pour organiser un blocage routier, la préfecture était tenue au courant de nos faits et gestes. Un de ses représentants était accueilli avec tous les égards que les syndicalistes d’accompagnement leur portent. Pourtant, quelques heures plus tard, la section d’intervention montrait que ces égards n’avaient rien de réciproques et que dorénavant syndicalistes « bloqueurs » comme « anarcho-autonomes » ou « jeunes de cités » sont tous et toutes des terroristes potentiels.
Aux assemblées de lutte autonomes de 2016, certes déjà minoritaires mais qui ont été capables d’organiser quelques blocages et occupations, ont succédé les assemblées de secteur et les inter-organisations. Quelques dizaines de personnes par dynamique sans espace commun pour s’associer réellement. Plus rien ne se discute, tout est appelé à se connecter. A l’éparpillement administré par les directions syndicales a répondu l’éparpillement administré par le Front social ou les espaces de convergence.
Nous avons tenté de maintenir des assemblées de luttes ouvertes à tous et toutes, syndiqué-e-s et non syndiqué-e-s, autonomes des Partis et des syndicats. Force est de constater que dans la situation actuelle, contrairement à d’autres villes ces assemblées n’ont pas pris. Du fait de nos propres faiblesses, de la résignation générale qui a succédé à 2016, et de la volonté de nombreux-ses protagonistes des assemblées de luttes de leur substituer des inter-organisations ou des assemblées de secteurs. Nous continuons de penser que ces assemblées bien qu’imparfaites demeurent nécessaires. Notamment pour organiser des actions efficaces, attaquer l’emprise de l’économie sur nos vies. Ce n’est pas juste par des défilés sporadiques et des déambulations mornes que nous pourrons affronter les attaques que l’on subit. On entre pas dans un monde meilleur sans effraction.
L’assemblée autonome.
Les assemblées de lutte momentanément devenues minoritaires, nous avons décidé de reprendre nos activités communes au sein de l’Assemblée autonome. Ce qui ne nous dissuadera pas d’appeler ou de participer dans les prochains mois à de nouvelles assemblées de lutte.
L’Assemblée autonome est née à la fin de la lutte du printemps 2016 dite « la loi travail », à partir d’un constat simple. En quelques mois des liens, des complicités s’étaient tissées. La « lutte contre la loi travail et son monde », les occupations d’amphi, les assemblées de lutte, ont fini par nous déterminer à ouvrir une assemblée autour de quelques constats et perspectives. Les bureaucraties syndicales accompagnaient le mouvement en jetant les secteurs les plus combatifs en grève au compte-goutte, en condamnant les prétendus « casseurs » et « casseuses », en organisant des service d’ordre contre une partie des manifestant-e-s. Ces bureaucraties agissaient déjà contre la partie de leur base la plus combative.
Face à ce constat, l’assemblée est née simultanément du désir de reprendre et de lier diverses individu-e-s, initiatives d’auto-organisation qui s’étaient exprimées en dehors des institutions, Partis, syndicats et pouvoirs publics. De le faire contre des tendances qui visaient à composer avec ces derniers. Et de le construire sur la durée.
L’Assemblée autonome se veut à la fois un espace d’échanges et de discussions, où peuvent se proposer des réflexions, des infos et se coordonner des activités entre différentes personnes participant parfois à d’autres collectifs et initiatives, tout autant qu’un espace de lutte, où se préparent interventions publiques et actions collectives. Elle se veut ainsi une force sociale et politique autonome contre l’ordre existant. Une force anticapitaliste et anti-autoritaire.
Nous avons ensuite poursuivi notre activité en nous opposant à la mascarade électorale dont il ne pouvait rien sortir de plus que l’avènement d’un Macron ou de l’un de ses clones.
Notre lutte n’est pas prête de s’arrêter. Les attaques se succèdent. Cette ambition de poursuivre l’aventure d’une assemblée autonome est non seulement importante pour la suite de ce mouvement, pour notre implication collective en son sein, mais également pour les mois et années qui viennent.
L’assemblée autonome,
Caen, octobre 2017
assembleeautonome.caen@riseup.net.
Nous sommes contre le travail
[Tract distribué à Paris (repris d’Indy Nantes) lors de la manifestation du 5 avril.]
Non Fides - 07 avr 2016
http://www.non-fides.fr/?Nous-sommes-contre-le-travail
Parce que nous sommes contre un système qui repose sur l’exploitation de tout et de tou-te-s.
Parce que les administrateurs de ce monde transforment l’ensemble du vivant en marchandises sur toute de la planète.
Parce que cette société n’a d’autre choix à nous proposer que la mise au travail, quelques miettes pour survivre ou l’enfermement pour les indésirables et les récalcitrant-e-s.
Parce que le travail c’est vendre son temps, ses énergies, son corps et son esprit à des patrons, à des chefs, à des machines.
Parce que le capitalisme et l’Etat prétendent avoir la main mise sur tous les aspects de notre vie et nous dépossèdent de plus en plus de toute autonomie et même de nos rêves de quelque chose de profondément autre.
Parce que ce système de production effréné ne laisse pas d’en-dehors où chacun-e pourrait décider librement de ses activités.
Parce que Papa Etat ne garantit des droits qu’au prix de notre liberté; c’est le même qui lâche ses chiens de garde dans la rue, crée et militarise les frontières et fait la guerre aux quatre coins du monde.
Parce que les restructurations (qu’ils appellent « crises ») signifient le durcissement de la misère, du cannibalisme social, des techniques et des technologies de contrôle.
Pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, nous sommes non seulement contre le travail mais surtout contre le monde qui en fait un pilier et un horizon indépassable.
Si nous ne voulons pas aménager la longueur de nos chaines mais bel et bien les détruire, il n’y a ni négociation ni dialogue possible avec le pouvoir quel qu’il soit.
Il s’agit donc de mener cette lutte au-delà des limites qu’essaient de nous imposer tous ceux qui ont intérêt à ce qu’elle étouffe dans les cadres existants (dont font partie les politiciens et les co-gestionnaires de tous ordres).
Au lieu de toujours suivre des agendas posés par d’autres, la question est d’étendre la révolte en décidant nous-mêmes de ce contre quoi nous voulons l’exprimer, en imaginant mille et une manières pour bouleverser ce monde, en nous associant et en nous auto-organisant sans chefs ni hiérarchie, en prenant l’initiative, individuellement et collectivement et par l’action directe. Ainsi il devient possible d’affronter les puissants qui prétendent nous dicter leur loi, pour en finir avec la guerre permanente qu’ils nous livrent à coup d’autorité, de fric et de flics.
Les grands événements citoyens et médiatiques sont conçus pour réduire la révolte à une simple indignation démocratique et pour la faire rentrer dans les rangs de la politique et de la représentation. A l’inverse, s’attaquer directement à ce qui permet à ce système de fonctionner et de nous faire fonctionner ouvre à des possibilités d’arracher l’espace indispensable pour développer d’autres rapports.
Les blocages et les sabotages ne sont pas de simples mots d’ordre, mais des pratiques bien réelles ouvrant des chemins pour sortir de la routine de l’exploitation et de la logique de consommation, y compris du spectacle de la contestation.
Car, tant que les métros transportent le bétail humain, tant que le courant électrique alimente les usines de mort et les laboratoires du contrôle, tant que l’argent continue à circuler, tant que les écrans continuent de diffuser la propagande, tant que les fibres et les antennes assurent notre dépendance, tant que les artères de la ville impriment leur rythme à nos corps et nos esprits, tant que …
… alors brisons le train-train quotidien !