Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
syndicats et toute forme de gestion et de pouvoir.
Rassembler des foules sous un même drapeau
trouve toujours son origine dans une imposture.
Seule une révolution mettra fin à un système
dont l'obsession de l'argent entraine l'humanité
vers la catastrophe.
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31 décembre 2016 - C'est l'heure des bilans. Wall Street a réalisé sa meilleure année depuis 2013: + 13,4 % pour le Dow Jones dont 8 % sont dûs aux promesses faites par Donald Trump concernant les baisses d'impôts, les dépenses d'infrastructures et les déréglementations dans les secteurs de la finance et de l'énergie. Hausse également pour le S&P500 (+ 9,5 %) et le Nasdaq (+ 7,5 %). Je pensais que Wall Street aurait mis un point d'honneur à s'offrir les 20.000 points pour le dernier jour de l'année, comme pour symboliser la toute puissance américaine. Il n'en a rien été. Les dernières séances ont été marquées par des prises de bénéfices et des ajustements de portefeuilles. Le Dow Jones finit malgré tout l'année tout proche de ses niveaux records du 20 décembre, à 19.762, tout comme le Nasdaq à 5.383 et le S&P500 à 2.238. Les langues de belle-mère et les bouteilles de champagne sont restées rangées, mais elles serviront sans doute une prochaine fois.
Les taux d’intérêt remontent peu à peu, portés par l'illusion d'un retour de l’inflation et la perspective d'un resserrement de la politique monétaire de la Fed, mais pas seulement. La force du dollar affaiblit toutes les autres monnaies. La fuite des capitaux et l'accélération des investissements à l'étranger ne manquent pas d'inquiéter les autorités des pays aux devises faibles. Ainsi, pour tenter de freiner l'effritement du yuan qui a perdu 13 % depuis 2014, la banque centrale chinoise (PBoC) vend des dollars. Les réserves de change de Pékin sont ainsi tombées à leur plus bas niveaux depuis 2011 (3.120 Mds $ en octobre contre 4.000 Mds $ en 2014). Mais la Chine se défait aussi de ses titres d’emprunts US avant ceux-ci perdent trop de valeur (elle détenait 1.115 Mds $ en octobre contre ~ 1.250 Mds $ en juin). Il en résulte une hausse automatique des taux d’intérêt américains à long terme. Ceci pourrait d'ailleurs constituer une arme stratégique dans le cas d'une guerre commerciale ouverte entre la Chine et les USA une fois que Trump sera entré en fonction. Ce sera sans doute un point de friction particulièrement surveillé en 2017... mais ce ne sera pas le seul. Il y aura aussi l'UE, le Japon...
24 décembre 2016 - Peu de changement par rapport à la semaine dernière. Le rally de fin d'année s'essouffle. Le Dow Jones a marqué le pas au bord des 20.000 points (19.933). Le dollar s'est renforcé un peu plus tandis que les taux obligataires se sont légèrement relâchés. Wall Street temporise en attendant d'en savoir plus sur les premières mesures que prendra Trump dans quelques jours.
Le plan de sauvetage de 20 milliards d'euros destiné à faire passer l'année à la Monte dei Paschi n'a troublé personne. Mais existe-t-il quelque chose aujourd'hui, un cataclysme quelconque, qui soit de nature à déprimer les marchés boursiers quand tout est dirigé depuis les banques centrales à grands coups d'injections de liquidités ? Ils ont mis 3 jours pour digérer le Brexit, 3 heures pour avaler Trump, 3 minutes pour oublier l'Italie. Quant aux attentats, ils ne s'en soucient plus depuis un moment. L'année 2017 pourrait-elle leur réserver un peu d'inattendu ?
La semaine prochaine, on s'attend à de très faibles volumes d'échanges. Les robots assureront le service minimum pendant que les gérants de fonds seront aux sports d'hiver. Les affaires sérieuses reprendront dès le 2 janvier. Il y a un an, c'était parti très fort en Chine...
18 décembre 2016 - Sans surprise, la Fed a relevé mercredi son principal taux directeur d'1/4 de point de 0,50 et 0,75 %. Elle prévoit de répéter l'opération à 3 reprises tous les ans, en 2017, 2018 et 2019, ce qui ferait remonter ses taux à 3 %... Mais oui, 3 % ! Elle de doute de rien ! Lors de la conférence de presse, Yellen a répété sa confiance dans la "solidité" de l'économie américaine à quelques jours de la prise de fonction de Trump. Le constat dressé par la présidente de la Fed est en décalage complet avec celui qui a permis à Trump de se faire élire, mais cela n'inquiète apparemment personne.
Wall Street a marqué une pause. Le Dow Jones a tout de même signé sa 6e semaine consécutive de hausse, à 157 pts de la barre historique des 20.000 points. Près de 2.000 points de gagné (+ 8 %) depuis le 14 novembre ! Malgré cela, Yellen s'est refusée à parler de "bulle", estimant même que les indices boursiers se trouvaient "dans une fourchette normale". C'est effectivement "normal" que le relèvement des taux attire les capitaux comme un aimant et pousse les multinationales à venir recycler leurs bénéfices.
Sur le front des monnaies, le dollar a atteint jeudi son plus haut en 14 ans face à l'euro. La monnaie européenne a réagi à la Fed en plongeant de 2 % en 48 heures. On s'approche petit à petit de la parité 1 € = 1 $. Les taux d'emprunt américains (à 2,60 %) poursuivent leur ascension sur le même rythme que le dollar. Ils flambent parce qu'ils anticipent les effets supposés de la politique dite "inflationniste" annoncée par Trump, et c'est là qu'il pourrait y avoir un gros problème dans quelque temps car le crédit plus cher n'encourage pas l'investissement.
Les cours du pétrole à 55 $, aussi, sont entrainés dans le même jeu de dupes: + 20 % depuis le 14 novembre. On pourrait y voir une trajectoire "normale", pour reprendre le terme utilisé par Yellen, si tout cela reposait sur une croissance réelle et était le résultat d'un relèvement de l'offre. Or c'est loin, très loin d'être le cas. "L'alignement des planètes" est oublié. Le pétrole se renchérit, les taux grimpent et l'euro dégringole. Dans combien de temps le retour de l'élastique ?
11 décembre 2016 - Les indices de Wall Street ont enchaîné les séances de hausse tout au long de la semaine. Le Dow Jones a encore gagné 3 % à 19.756 points et pourrait profiter du traditionnel "rally de fin d'année" pour toucher sur sa lancée les 20.000 points avant les fêtes de fin d'année. Le Nasdaq à 5.444 points et le S&P500 à 2.259 points sont aussi à des niveaux jamais atteints. Le Brexit, puis l'élection de Trump, et enfin le rejet du référendum italien, qui étaient annoncés comme de probables catastrophes, auront finalement propulsé les marchés vers les sommets de manière totalement inattendue. Les bourses se moquent de la politique. En réalité, c'est la hausse des taux et du dollar qui fait monter irrésistiblement le marché actions. Dans ses projections pour l'année 2017, la très sérieuse agence financière Bloomberg, qui avait tout prévu pour 2016, envisage à présent une victoire de Le Pen en France et une sécession de la Californie. De quoi faire grimper les économistes aux rideaux !
Jeudi, c'était la visite du Dr Draghi: allait-il renouveler le traitement ? Eh bien la BCE a annoncé qu'elle allait réduire son QE à partir d'avril. Le montant consacré aux rachats d'actifs sera ramené à 60 milliards d'euros par mois au lieu de 80 milliards actuellement, mais, mais, mais !... il sera aussi prolongé d'au moins 9 mois, jusqu'à fin 2017. Une majorité d'investisseurs s'attendait à ce que la BCE maintienne la dose de 80 milliards par mois mois, mais en la limitant à 6 mois seulement. La BCE se dit toutefois prête à accroître son programme en volume et/ou en durée en cas de besoin, prête également à étendre ses rachats aux actifs d'une maturité minimale d'1 an, au lieu de 2 ans, ainsi qu'à ceux dont le rendement est inférieur au taux de dépôt.
Pour résumer: un peu moins d'un côté, mais pour un peu plus longtemps de l'autre. Cette façon de satisfaire un peu tout le monde semble résulter d'un compromis entre "faucons" et "colombes" au sein du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale. Les injections massives d'argent vont se poursuivre pour au moins un an de plus. Depuis mars 2015, la BCE a déjà consacré plus de 1.400 milliards d'euros aux achats d'obligations sur les marchés. Certaines mauvaises langues estiment qu'il y a de moins en moins à de dettes disponibles et que la BCE aurait été de toute façon obligée de réduire son programme... Oui et non, puisque Draghi lui-même a reconnu ne plus se fixer de limite pour racheter n'importe quoi, même de la dette d'entreprises, et apparaître comme le principal intervenant sur les places financières européennes.
A noter enfin que la dette française est devenue une cible de la spéculation. Les taux d’intérêt à long terme sont passés en France en l'espace de 3 mois de 0,20 à 0,80 %, une quinzaine de points de base au dessus de là où ils devraient être. Un phénomène amplifié par les positions à la vente prises par plusieurs hedge funds, des fonds de gestion qui misent ouvertement sur une chute des cours des titres d'emprunt d’Etat français.
4 décembre 2016 - Les pays de l'OPEP se sont entendus mercredi pour réduire leur production à 32,5 millions de barils par jour (mbj) au lieu de 33,64 mbj en octobre. Accord "historique", dit-on, puisque c'est la première fois depuis 2008 que les 14 Etats membres du cartel s'accordent pour limiter leur production. 14 ? Pas tout à fait, car l'Iran a obtenu d'être exempté, et que la Libye et le Nigeria ont bénéficié de dérogations en raison de conflits intérieurs et de la dégradation de leurs finances. La Russie s'est associée au mouvement en prenant à son compte la moitié de la part demandée aux pays non-OPEP.
Les commentateurs s'enflamment. Ils estiment que cet accord permettra de résorber le surplus de stocks qui plombent les cours depuis 2 ans. Ils se trompent. Trop de pays ont besoin de produire, les hausses de prix escomptées seront insuffisantes et les parts de marché abandonnées seront vite récupérées. L'accord ne sera effectif qu'à partir du 1er janvier 2017, mais déjà les cours ont grimpé de 7 $. Les commentateurs espèrent que cette hausse produira un électrochoc qui fera remonter les anticipations d'inflation. Effet pervers car le rendement des taux d'emprunt s'est mis à remonter dangereusement. Les taux américains ont dépassé brièvement les 2,5 %. 100 points de base de plus qu'il y a 2 mois, c'est énorme ! D'après BFM Business (02/12/2016), la perte serait de 1.700 milliards de dollars sur le seul mois de novembre.
Un frémissement d'effroi a saisi furtivement Wall Street qui depuis fait montre de prudence, attendant le résultat du référendum italien. Du coup, on en a complètement oublié la décision que prendra la Fed dans les prochains jours...
27 novembre 2016 - L'effet Trump souffle et s'amplifie sur les marchés. Wall Street n'en finit plus de battre ses records. Le Dow Jones a dépassé cette semaine les 19.000 points. Le S&P500, à plus de 2200 pts, et le Nasdaq, au bord des 5400 pts, ont atteint eux aussi des niveaux sans précédent. La perspective du plan de relance d'infrastructures voulu par Trump a fait monter les valeurs industrielles et l'ensemble des secteurs cycliques. Elle a stimulé la demande de métaux, comme le zinc qui est à son niveau le plus élevé depuis 2008, mais aussi la spéculation puisqu'en quelques jours presque 2 millions de tonnes de cuivre ont été achetés sous forme de produits dérivés. Même si la hausse des commandes de biens domestiques enregistrée en Chine depuis le mois d'août a aussi contribué à ce mouvement d'ensemble, l'euphorie des marchés parait sans commune mesure avec ce que l'état de l'économie américaine est capable d'absorber. Cependant l'envol fulgurant des cours qui avait suivi l'élection du 8 novembre est allé en s'atténuant juste avant Thanksgiving et le Black Friday, et les investisseurs s'attendent à présent à une consolidation. Mais ne soyons pas idiots, cette bulle s'est reformée grâce à des rachats massifs d'actions et à un surcroit d'endettement.
La dette: voilà le problème. Les taux remontent sans traduire une amélioration de l'économie. La croissance ne décolle pas. Emprunter à 0 % quand la croissance réelle annuelle n'excède par 1 % est soutenable. Ça ne l'est plus quand les taux remontent au dessus de 2 %, comme en Italie, avec une croissance qui demeure quasi nulle. Mais c'est surtout le taux du 10 ans américain qui retient l'attention aujourd'hui. Il est à 2,3 % alors qu'on a des doutes sur les chiffres de la croissance réelle aux Etats-Unis: 2,5 % officiellement, mais plus proche de 1 ou 1,5 % sans le soutien des dépenses et de l'endettement publics. Avec un dollar qui n'a pas été aussi fort depuis les années 80, les analystes estiment que si les taux du T-Bond dépassaient la ligne symbolique des 2,5 %, on entrerait en zone rouge.
20 novembre 2016 - L'élection de Trump n'a pas spécialement ébranlé la présidente de la Fed. Yellen a répété jeudi devant une commission du Congrès qu'une hausse des taux pourrait intervenir "relativement rapidement"... tout en rappelant la "marge d'amélioration" qui manquerait encore à l'économie américaine. Le ton est toujours prudent, mais on voit mal comment la Fed pourrait se dérober plus longtemps à cette hausse qu'elle annonce depuis le printemps à moins de perdre le peu de crédibilité qui lui reste. L'heure de vérité viendra comme en 2016 en toute fin d'année, les 13 et 14 décembre, lors de la prochaine réunion du comité politique monétaire. Même avec un relèvement minimum de 0,25 %, ce sera suffisant pour apporter des turbulences, surtout si l'on prend en compte l'accélération des flux de capitaux qui ont quitté ces derniers jours les pays émergents en direction des Etats-Unis où les taux sont de plus en plus intéressants, et si l'on y ajoute la situation politique dans laquelle pourrait se retrouver l'Italie au lendemain de son référendum sur la réforme constitutionnelle.
Il reste encore un peu de temps avant la secousse. En attendant, les marchés ont retrouvé cette semaine une relative stabilité. Mais le relèvement des taux obligataires a juste marqué une pause car il faudra bien compenser le risque lié à la hausse des prix. Les investisseurs anticipent en effet une remontée de l'inflation et un dépassement des déficits consécutifs aux annonces de Trump. Ceci profite pleinement au dollar qui écrase tout. L'or a plongé, réagissant mécaniquement en sens inverse à celui du dollar. L'euro aussi, qui a enregistré sa plus longue série de baisses depuis sa création, a aussi atteint son plus bas niveau en 20 mois. La perspective d'une parité 1 € = 1 $ revient sur le tapis. Pour l'heure, la correction se limite à 4 % en 10 jours, mais c'est moins l'amplitude que la brusquerie du mouvement qui inquiète.
13 novembre 2016 - La candidate de Wall Street est battue et Wall Street exulte et pète tous ses records... Allez comprendre quelque chose à ça !
Lorsque la victoire de Donald Trump est passée de possible à probable, la chute du péso mexicain s'est accélérée à 10 puis à 13 %. Les bourses asiatiques ont clôturé en recul de 5 %. Les indicateurs avancés de Wall Street ont chuté brutalement. Si brutalement que la cotation du Nasdaq a été suspendue. On se rappelait que Trump avait plusieurs fois menacé les entreprises de la Silicon Valley de sanctions s'il était élu. « J'obligerai Apple à produire ses iPhone et ordinateurs sur notre territoire, pas en Chine ! » avait-il dit, sans comprendre que la valeur de ces produits provient davantage de la R&D que des usines de fabrication. Trump avait également menacé de fermer « certaines parties d'Internet ». Il était logique que les valeurs technologiques, grandes bénéficiaires de la mondialisation des années 2000, accusent le coup.
Devant les incertitudes que représentait une arrivée de Trump à la Maison-Blanche, tout le monde s'attendait à un emballement qui n'irait peut-être pas jusqu'au krach, mais au moins à un "effet Brexit", à une dégringolade d'au moins 10 % à l'ouverture des marchés... et c'est l'inverse qui s'est produit. Très vite, dans la matinée, les investisseurs ont pris en compte certains aspects dits "favorables" des propositions de Trump: sa volonté d'investir dans les infrastructures, de relancer l'exploitation du pétrole de schiste, de réduire les impôts des entreprises, de revenir sur la régulation bancaire, etc. Comme d'habitude, les marchés n'ont voulu retenir que le court terme. Le soir de la victoire de Trump, toutes les places financières, non seulement n'avaient rien perdu, mais étaient même passées dans le vert, en hausse de 1 % ou un peu plus. Le résultat d'une séance presque banale. La tendance n'a fait que se confirmer par la suite. Le Dow Jones a clôturé vendredi à 18.847,66 pts, un niveau jamais vu. Certains se mettent à imaginer les 19.000 avant la fin de l'année. Seul le Nasdaq est resté en retrait.
Pourquoi de tels records ? En réalité, Les investisseurs ont repris place sur le marché des matières premières. Ainsi les cours du cuivre qui ont bondi de 30 %. L'indice du fret maritime pour les capesize (cargos XXL) a progressé de près de 40 % ! Mais Wall Street a surtout profité de la chute du marché obligataire. La remontée des taux amorcée pendant la 2e quinzaine de septembre a trouvé un nouvel élan. Le rendement des bons du Trésor américains à 10 ans ont dépassé 2 %, atteignant 2,13 % vendredi, et celui des bons à 30 ans presque 3 %. Les taux de l'Allemagne ont encore pris 20 points de base cette semaine, ceux de la France 30.
Les ennuis se profilent à l'horizon, d'autant que Trump a promis de faire une relance budgétaire massive, une bonne vieille recette keynésienne, de 1.000 milliards sur 10 ans. La dette n'a donc pas fini de monter et avec la hausse des taux d'emprunt que l'on observe depuis quelque temps, c'est clair que le système court à la catastrophe. Face à ce nouveau cas de figure, les analystes doutent à présent d'une remontée des taux de la Fed qui, avant même l'entrée en fonction de Trump, dans un climat général pas vraiment stable, viendrait amplifier encore davantage ce phénomène. De 75 %, les probabilités sont tombées à 50.
6 novembre 2016 - Tout semblait plié la semaine dernière, et voilà que... badaboum ! le chef du FBI, James Comey, décide la réouverture de l'enquête qu'il avait annoncée "terminée" le 7 juillet dernier sur l'utilisation par Hillary Clinton d’un serveur privé pour ses courriels. Et ce à 11 jours d'une élection capitale. Il le fait sur la base de courriels jugés "pertinents" trouvés par hasard sur l'ordinateur que la conseillère de Clinton partageait avec son mari, ancien membre de la Chambre des représentants. En réalité c'était celui-ci qui était visé pour des messages à caractère sexuel envoyés à une mineure. Mais dans la mesure où le FBI ignore ce que contiennent ces courriels additionnels, on se demande pourquoi Comey a choisi, sans attendre le 8 novembre, d'en faire une question publique alors qu'en théorie il est interdit à l'agence de faire des annonces politiquement sensibles à moins de 60 jours d'une élection. Aussi, on peut voir dans cette décision une forme de défiance adressée à la future administration Clinton, un avertissement concernant par exemple les activités douteuses de la Fondation Clinton, ou encore l'expression d'un conflit ouvert entre le Département de la Justice, les services de renseignement et le FBI au sujet de leurs prérogatives. En tout état de cause, cela indique la profondeur des tensions qui agitent actuellement l'appareil d'Etat aux Etats-Unis.
Conséquence immédiate: l'écart s'est nettement resserré entre les deux candidats à Maison-Blanche, notamment dans plusieurs "swing states" stratégiques. Un sondage a même placé pour la première fois Trump en tête. Le résultat que l'on donnait acquis est devenu incertain. Consternation à Wall Street ! Même le discours de Janet Yellen indiquant que les tendances (une hausse de l'inflation) pour un prochain relèvement des taux étaient "renforcées" est presque passé inaperçu... D'ailleurs ce jour-là, les cours des matières premières dégringolaient ! Peu importe. Plus aucun analyste ne prête attention aux statistiques et autres publications. Les commentaires sont prudents. L'anxiété se lit sur les visages. Tous ont le regard fixé sur le décompte des jours avant le scrutin qui décidera de tout.
L'or a profité de cette brutale aversion au risque en franchissant la barre des 1300 $ l'once. Par contre le marché obligataire s'est figé. On aurait pu penser que les taux auraient reculé, mais non... Le dollar en patit, tout comme le pétrole libellé en dollar qui a perdu 10 % en une semaine. D'une certaine façon, on peut voir se dessiner un clivage assez net dans le monde de la finance entre les défenseurs d'un dollar fort, nombreux dans le milieu des affaires et de la banque, qui soutiennent Clinton, et les partisans d'un dollar faible, les représentants des multinationales exportatrices liées aux secteurs de l'énergie qui se rangent dans le camp de Trump. Dans tous les cas, le 9 novembre à l'ouverture de la bourse, on s'attend à ce que les marchés surréagissent aux résultats de la nuit. Par la suite ça devrait se stabiliser peu à peu, avec une remontée du dollar, dans le cas d'une victoire de Clinton. En revanche, cela pourrait prendre l'allure d'un "effet Brexit" démultiplié à l'échelle mondiale dans le cas d'une victoire de Trump.
30 octobre 2016 - Est ce le changement de saison... mais quelque chose est en train de bouger sur le marché obligataire. Le vent tourne, le marché recule et les taux progressent. Depuis la fin septembre, les taux à 10 ans des principaux Etats européens ont gagné 25 à 30 point de base, une quinzaine pour cette seule dernière semaine. L'Italie et le Royaume-Uni ont enregistré les poussées les plus spectaculaires, passant respectivement de 1,20 à 1,66 % et de 0,75 à 1,25 %. C'est beaucoup en peu de temps. Même la Suisse a ressenti la secousse.
Quelle en est la cause ? Le dollar... Sa solidité se confirme alors que les autres monnaies de référence (euro, yen, livre sterling) sont soumises à des forces dépréciatrices, et cela provoque un effet d'entrainement. En conséquence, les marchés ont nettement anticipé une remontée des taux directeurs américains avant la fin de l'année. Certes, le mouvement se remarque encore assez peu puisque les taux partent de très bas... mais le coup d'accélérateur est visible. Quelle en sera l'ampleur ? Il faudra observer de près comment tout ça évoluera dans les prochains jours.
23 octobre 2016 - Le dollar monte, monte, monte... porté par l'éventualité d'un relèvement des taux par la Fed en décembre. Porté par les derniers sondages qui donnent à Hillary Clinton de grandes chances de gagner la présidentielle américaine. Porté aussi par les déclarations de Mario Draghi qui ne prévoit pas de réduire son programme de rachats d'actifs en tous genres. L'euro s'enfonce, donc à ses niveaux du printemps, à 1,08 $. Ce n'est rien à coté de la livre sterling qui a perdu 25 % de sa valeur depuis le vote pour le Brexit... Dans l'ensemble, les bourses européennes affichent une bonne santé, leurs indices étant constitués par de grandes sociétés exportatrices qui profitent de la faiblesse de la monnaie. On commence à percevoir cependant des tendances divergentes sur les marchés obligataires européens entre l'Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique d'un côté et la France, l'Espagne et l'Italie de l'autre.
Le pétrole, lui, parce qu'il est libellé en dollar, n'est pas remonté comme prévu. La semaine qui vient sera marquée par les résultats des valeurs technologiques, industrielles et pétrolières, ainsi que par une première estimation du PIB américain au 3e trimestre. On n'en attend pas grand chose. Ce serait étonnant qu'une tempête se déclenche avant le 8 novembre...
16 octobre 2016 - La Fed nous a refait cette semaine son grand numéro du relèvement imminent de ses taux d'intérêts. D'après sa présidente, Janet Yellen, cette hausse devrait intervenir "assez vite". Reuters rapporte cette phrase volontairement incompréhensible: « La Fed devra peut-être mener une politique adaptée à une économie "à haute pression" pour réparer les dégâts que la crise lui a causés et juguler des risques prenant un caractère permanent ». Même pour son vice-président, Stanley Fischer, retarder ce moment encore une fois serait devenu une décision "difficile à prendre". Cela affecterait le peu de "crédibilité" qui lui reste encore auprès des acteurs financiers. Bref, il ne doit plus rester beaucoup de "colombes " au sein du Comité monétaire (le FOMC). La Fed tenant sa prochaine réunion les 1er et 2 novembre, soit seulement 5 jours avant les élections, les 2/3 des traders pronostiquent la grande nouvelle pour la réunion suivante des 13 et 14 décembre.
Les investisseurs s'inquiètent pour leur traditionnel rally de fin d'année... Les marchés, eux, ont déjà anticipé. Le dollar est reparti de l'avant, faisant baisser l'or à 1250 $, l'euro à moins de 1,10 $, faisant relever les taux d'emprunt de quelques points (le T-Bond se retrouve ainsi à 1,80 %), et enfin faisant remettre à plus tard l'arrangement que disaient avoir trouvé l'OPEP et la Russie pour réduire le débit du pétrole. Avec un dollar plus fort, les cours de l'or noir ne montent pas. Le roi dollar dicte sa loi... C'est peut-être ce résultat que visent les membres de la Fed.
9 octobre 2016 - Tempête à Londres. La Première ministre, Theresa May, a plongé, mardi, les milieux d'affaires britanniques dans la consternation après s'être fermement déclarée favorable à un "Brexit dur", sans compromis avec Bruxelles, ce qui fermerait l'accès au marché unique européen. La livre sterling, à 1,27 $, a plongé à un plus bas de 31 ans avec le dollar. Un bug algorithmique l'a même furtivement fait descendre sous 1,20 $. Les grandes entreprises exportatrices en ont tiré profit en progressant à la bourse de Londres avec un indice FTSE à plus de 7.000 points. Mais cette configuration (monnaie faible, valorisation élevée), devenue classique au Japon avec les résultats que l'on connaît, a de quoi inquiéter outre-Manche.
Par ailleurs, le FMI a revu nettement à la baisse sa prévision de croissance pour les Etats-Unis, l'estimant même plus faible que celle de la zone euro cette année, à 1,6 % contre 1,7 %. C'est la conséquence d'un dollar fort et de la baisse des investissements des entreprises dépendantes du pétrole. Mais le FMI a surtout exprimé sa préoccupation sur l'état de santé des banques européennes, particulièrement allemandes et italiennes. Lundi, par exemple, ING Group, 1er groupe néerlandais de services financiers, a annoncé son intention de supprimer 7.000 emplois et d'investir dans les plates-formes numériques. La faute à une réglementation plus sévère, à un coût du crédit plus faible et à des créances douteuses dont le poids s'alourdit qui minent leur rentabilité dans un contexte de très faible croissance et de taux proches de zéro. Leur capitalisation boursière a fondu cette année de plusieurs centaines de milliards (- 23 % sur l'ensemble du secteur bancaire européen depuis le début de l'année). On comprend que leur stabilité soit atteinte. Tout le système menace de s'effondrer, d'autant que le gouvernement allemand a rejeté toute idée de "plan de sauvetage" public pour renflouer Deutsche Bank. Ce que recommande le FMI, à savoir scinder les établissements bancaires en 2 ou plusieurs morceaux et améliorer la gestion de leurs fonds en réduisant le coûts des dépôts, n'est qu'un rafistolage de bric et de broc qui ne résistera pas au prochain coup de tabac.
2 octobre 2016 - Ça sent de plus en plus mauvais pour Deutsche Bank (DB). Une dizaine de fonds d'investissements (ou hedge funds) ont commencé vendredi à réduire leur exposition à la première banque allemande, entraînant un nouveau plongeon des valeurs bancaires dans les bourses européennes. Les investisseurs craignent pour la solidité du système financier mondial. Et ils ont de bonnes raisons de chier dans leur froc parce que DB, avec les dizaines de milliers de milliards de produits dérivés qu'elle détient dans ses coffres, est une banque "systémique". Les dépôts de garantie qui transitent par sa chambre de compensation servent à recevoir les actifs correspondant aux transactions effectuées en toute opacité sur les marchés de produits dérivés précisément. On redoute à présent une accélération de ce mouvement de retrait de capitaux dès le début de la semaine, auquel cas ce serait le sauve qui peut.
A ceci s'ajoute une amende de 14 milliards de dollars (qui pourraient être ramenés à 5,6) réclamée à la banque allemande par la Justice américaine pour solder un litige immobilier lié aux subprimes. Cette forte amende ébranle un peu plus les positions de DB dont l'action a perdu plus de la moitié de sa valeur depuis le début de l'année. Elle attaque sa rentabilité et menace dangereusement ses fonds propres. La peur d'un effet domino et d'une faillite du même type que Lehman Brothers en 2008 est dans tous les esprits.
Rien de changé sur le marché des changes. L'or n'a pas non plus été gagné par le réflexe de repli sur les valeurs refuge. Les taux obligataires se sont cependant enfoncés encore plus profondément en territoire négatif puisque l'Allemagne et la France empruntent désormais à 3 mois à respectivement - 0,78 et - 0,72 %...
La tourmente autour de DB et du secteur bancaire allemand en général a éclipsé cette semaine l'accord de principe trouvé à Alger entre les pays membres de l'OPEP pour réduire leur production de 700.000 barils/ jour. Les cours du pétrole ont bondi de 5 $ pour atteindre la barre des 50 $. Mais cette envolée pourrait être battue en brèche par les mauvaises perspectives d'activité dans les pays développés. L’AIE s'attend à une baisse de la croissance de la demande mondiale de pétrole pour 2016. La dynamique des échanges au niveau mondial, aussi, reste faible. Le dernier rapport de l'OMC indique que la croissance du commerce en 2016 sera la plus lente depuis la crise financière. L'indice Baltic des frets maritimes n'aura que très exceptionnellement dépassé les 900 points.