Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
syndicats et toute forme de gestion et de pouvoir.
Rassembler des foules sous un même drapeau
trouve toujours son origine dans une imposture.
Seule une révolution mettra fin à un système
dont l'obsession de l'argent entraine l'humanité
vers la catastrophe.
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Dernière mise à jour :
30.09.2025
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Parallèlement aux viols toujours aussi nombreux en Inde, les agressions contre les ressortissants africains se multiplient. France 24 y a consacré un reportage dernièrement. On observe le même phénomène en Chine.
En Inde, les attaques racistes contre des Africains continuent
par Claire Arsenault
RFI - 29 mai 2016
http://www.rfi.fr/afrique/20160529-inde-attaques-racistes-contre-africains-continuent
En Inde, la ministre des Affaires étrangères s’engage à assurer la sécurité des ressortissants africains et à punir les auteurs de ces violences. Une déclaration qui survient une semaine après le meurtre par lapidation d’un jeune enseignant congolais. Une attaque mortelle qui a été suivie par d’autres agressions ces derniers jours. Les mots semblent avoir perdu leur emballage diplomatique. « Les ressortissants africains vivent dans un climat omniprésent de peur et d’insécurité », ont déclaré des ambassadeurs africains en poste en Inde après le meurtre par lapidation d’un jeune Congolais, le 20 mai 2016. Face à l’indignation soulevée par cette affaire, la ministre indienne des Affaires étrangères s’est engagée, ce dimanche 29 mai, à assurer la sécurité de la communauté africaine résidant en Inde et à poursuivre les agresseurs. Le gouvernement indien a également décidé de prendre en charge le rapatriement de la dépouille de la victime, Olivier Masunda Kitada.
Le Congolais, qui était âgé de 29 ans, enseignait le français à New Delhi après avoir obtenu en Inde un diplôme en informatique. Les circonstances dans lesquelles il a été tué sont particulièrement choquantes. Accompagné d’un ami, Olivier Masunda Kitada a été pris à partie par trois hommes, suite à un différend sur une course en rickshaw. L’enseignant congolais a été frappé à coup de pierres et de briques. Hospitalisé, il n’a pas survécu à ses blessures. Deux des trois agresseurs ont été interpellés par la police, mais le caractère raciste de l’attaque n’a pas été mis en avant par les forces de l’ordre. Dans sa déclaration mise en ligne sur Twitter, la ministre des Affaires étrangères Sushma Swaraj n’évoque pas davantage le racisme.
Les attaques dont sont victimes des Africains en Inde n’ont pas cessé pour autant. Jeudi 26 mai, 6 d’entre eux ont encore été agressés, en trois points différents de la capitale. La police a arrêté 5 personnes soupçonnées d’être impliquées dans ces accrochages qui, selon elle, n’étaient pas planifiés. Le témoignage de victimes comme ce Nigérian, Kenneth Igbinosa un pasteur qui rentrait chez lui avec sa femme et leur bébé de 4 mois, frappé avec une batte de cricket par un groupe d’hommes, pourrait pourtant laisser penser le contraire. Un autre Nigérian de 32 ans a rapporté avoir été attaqué alors qu’il était à bord d’un rickshaw en route vers l’église. Des hommes l’ont frappé à coup de battes et de pierres.
Très inquiets de ces agressions répétées, l’Association des étudiants africains en Inde a décidé d’organiser une marche de protestation contre le racisme le mardi 31 mai, à Delhi. La ministre Sushma Swaraj a demandé au ministre d’Etat VK Singh et au directeur des Affaires économiques au ministère des Affaires étrangères, Amar Sinha, de rencontrer une délégation des étudiants. Le dialogue sera peut-être compliqué entre les étudiants et les hauts responsables indiens quand on sait que le ministre d’Etat VK Singh, soutient que les plus récentes agressions ne contiennent « aucun élément de racisme ». D’ailleurs, il s’agace quelque peu de voir les médias donner une telle ampleur à une « simple bagarre »…
Cela dit, en impulsant cette rencontre, Sushma Swaraj veut affirmer la bonne volonté de l’Inde envers cette population étudiante africaine qui approcherait les 30.000 individus en Inde; ils seraient environ 4.000 dans la capitale. L’Inde a en effet résolument intensifié ses relations avec l’Afrique parallèlement à sa montée en puissance économique dans les années 1990. Son importante production d’aluminium, d’acier et de cuivre nécessite des matières premières dont elle ne dispose pas, mais dont l’Afrique est richement dotée. L’Inde a donc investi dans les secteurs du pétrole au Nigeria, en Angola… Son intérêt s’est aussi porté sur les mines en Afrique du Sud, au Maroc, au Sénégal et en Mauritanie.
Cette implantation s’accompagne logiquement pour l’Inde d’un programme de bourses à destination des étudiants africains surtout ceux en provenance du Congo, du Kenya, du Nigeria et de l’Île Maurice. Elle participe également activement à des programmes d’enseignement à distance à destination de plusieurs dizaines de pays africains. Les jeunes Africains sont souvent séduits par la perspective d’études dans les universités indiennes à cause de la qualité reconnue de l’enseignement et de son coût abordable. Mais le racisme qu’ils rencontrent au quotidien peut vite transformer leur séjour en cauchemar. Devant la multiplication des agressions violentes, le gouvernement a décidé de lancer des campagnes de sensibilisation et d’information à destination des Indiens. Il en faudra sûrement beaucoup plus pour faire reculer les préjugés qui veulent que les Africains soient des trafiquants de drogue et les Africaines des prostituées.
Inde: Des étudiants africains témoignent du racisme dont ils sont victimes
par Natacha Gorwitz
Jeune Afrique - 06 jun 2016
http://www.jeuneafrique.com/330139/societe/inde-etudiants-africains-temoignent-racisme-dont-victimes/
Ils sont congolais ou encore gabonais, ont la vingtaine et vivent en Inde. Après la mort brutale d'un Congolais de 23 ans le 21 mai dernier à New Delhi, Levys, Milka et Van ont accepté de témoigner du racisme dont ils sont victimes.
Le 21 mai dernier, Olivier Masonga Kitada, 23 ans, originaire de la RD Congo, décède des suites de ses blessures dans un hôpital de Delhi. La veille, après une querelle au sujet d’une course de rickshaw, l’étudiant congolais a été pourchassé par trois agresseurs, puis lapidé, dans le quartier huppé de Vasant Kunj, dans le sud de la capitale. Contactés par Jeune Afrique, Levys, Milka et Van, ont accepté de témoigner. Tous trois sont étudiants, ils ont débarqué en Inde en même temps, en 2011, attirés par des frais de scolarité relativement bas pour une formation de qualité. Aujourd’hui, aucun ne compte y rester.
Levys, Congolais de 24 ans, vit à New Delhi
« C’est ici que l’on prend conscience que l’on est noir. Dans la rue, les gens me disent "Kalu ! Kalu !" (littéralement "noir" en hindi), parfois, en me montrant du doigt ! Un ami polonais vient de m’appeler pour aller boire une bière, il est à peine 20h passé mais je ne peux pas sortir à cette heure là, c’est trop tard pour moi.
Un mois après mon arrivée, j’ai été attaqué. Il était autour de 22 ou 23h. Je rentrais chez moi, dans le quartier de Sant Nagar (sud de Delhi) où je partageais un appartement avec trois autres Congolais. Quand je suis tombé sur quatre Indiens, qui me criaient "Kalu ! Kalu !". Je me suis approché et leur ai demandé: "pourquoi vous m’appelez comme ça ?" Ils étaient soûls et armés d’une batte de baseball. L’un deux m’a lancé une pierre que j’ai évité de justesse. Un deuxième en a saisi une autre qui m’a blessé à la cuisse. J’ai couru pour rejoindre la rue principale, à l’opposé de la maison, pensant qu’il y aurait plus de monde. Ils m’ont poursuivi jusque là et ont continué à crier. J’ai fait un détour et une fois arrivé, j’ai parlé une heure au téléphone avec mon père. C’est lui qui m’a convaincu de rester en Inde pour compléter ma formation. À la rentrée, j’ai emménagé sur le campus de l’université, pour des raisons de sécurité. Mais, dès le 1er semestre, mon colocataire indien – à l’époque, je ne savais pas que c’était lui – m’a accusé de cacher de la drogue dans la chambre. La police est venue fouiller et n’a rien trouvé. Le doyen de l’université a fini par s’excuser. Je pensais que l’Inde serait un eldorado, un pays calme, aimable, celui du Mahatma Gandhi. Les études sont abordables mais j’ai peur malgré mon mètre 82 ».
Milka, Congolaise de 24 ans, vit à Hyderabad
« Rester en Inde ? Non, c’est impossible ! », s’exclame Milka en rigolant. Après sa licence en droit économique à l’université d’Hyderabad (centre), la jeune femme de 24 ans, originaire de Kinshasa, compte poursuivre ses études au Canada. « Ces regards bizarres…Malgré la chaleur – 45 voire 50°C parfois – je ne peux pas m’habiller en short », ajoute la jeune femme qui se plaint surtout de la misogynie ambiante même si selon elle, elle vise particulièrement les Africaines.
Milka préside une association de Congolais en Inde. « Dire que nous sommes victimes de racisme au quotidien, c’est trop dire. Les actes de violence n’arrivent pas tous les jours. Mais récemment, à l’entrée d’un club, mes amis blancs sont entrés sans aucun problème alors que lorsque notre tour est venu, on nous a dit que le club était fermé. C’est le genre de chose qui se répète systématiquement. Au moment où je cherchais un appartement, j’ai eu plusieurs rendez-vous au téléphone. À mon anglais, les propriétaires reconnaissaient un accent étranger et acceptaient de me rencontrer. Mais, une fois sur place, ils me disaient que ce n’était pas possible. Quand j’ai enfin trouvé, 4 mois après avoir emménagé, des policiers ont fouillé mon appartement, prétextant un vol au 5e étage (j’étais au 3e). Le lendemain, le bailleur nous a demandé de quitter les lieux car des voisins s’étaient plaint de notre présence. Les Africains sont vus comme des voleurs, comme ceux qui font du mal. Ici, je ne me sens pas en sécurité, surtout la nuit. Je m’en tiens à ma routine – les cours, l’Église, le shopping et la maison – comme ça, je me sens à l’abri ».
Van, Gabonais de 29 ans, vit à Pune
À Pune, à 150 km au sud de Bombay, la capitale économique, Van, 29 ans, n’a pas rencontré de difficulté particulière pour se loger ou à l’université où bon nombre d’étudiants sont étrangers. Pour autant, « c’est la première fois qu’on me traite de nègre dans la rue ! », rétorque le Gabonais, originaire de Libreville. « Ici, on nous prend pour des singes ! Ils pensent que l’Afrique c’est la jungle », ajoute-t-il excédé. « L’autre jour, une femme a voulu prendre ma place dans le train. Elle disait: "Je n’aime pas ces gens". Lorsque ça m’arrive, je tâche de ne pas m’énerver. Ici, ça peut partir au quart de tour. Si une dispute éclate, tu ne te bats pas contre une personne, mais contre tout le quartier. Et la police n’est jamais de ton côté. Il faut s’attendre à se faire tabasser. Une fois, une dispute avec un chauffeur de rickshaw a failli mal tourner. Il demandait le double du prix de la course convenu au départ. J’ai refusé. Plus tard, ma propriétaire est venue me prévenir que le chauffeur m’attendait avec ses amis armés de barres de fer en bas de chez moi. Je suis descendu avec un ami ivoirien et finalement, en discutant avec un des membres du groupe, nous avons réussi à trouver un compromis. Je ne me sens pas en insécurité, mais il faut savoir garder son sang-froid ».
Agressions racistes en Inde: Gandhi, réveille-toi, ils sont devenus fous !
par Caroline Chauvet
Afrique news - 22 jun 2016
https://afriquenewsinfo.net/2016/06/22/agressions-racistes-en-inde-gandhi-reveille-toi-ils-sont-devenus-fous/
(...) Des préjugés à la peau dure - Khirki Village, dans le sud de la capitale, abrite une importante communauté africaine. Et ça ne se passe pas très bien avec les autochtones. Nakul, 19 ans, ne décolère pas: les « négros » ont gâché le quartier, parce que, estime-t-il, « ils trafiquent de la drogue ». « Oui, il y a des Africains qui se comportent mal, reconnaît Sophia (il s’agit d’un pseudonyme), mais ce n’est pas le cas de tous. » Cette Ougandaise de 38 ans est venue en Inde il y a deux ans pour travailler dans l’export de vêtements et de cheveux postiches. Enfermée à double tour dans son appartement, musique africaine à fond, elle se sent en sécurité. À l’extérieur, ce n’est pas la même chanson. « On me crache dessus depuis les balcons, on me montre des bananes… L’autre jour, dans le métro, une dame à côté de laquelle je voulais m’asseoir s’est levée et est partie ».
Sophia a grandi en Ouganda entourée d’« amis indiens ». Et elle ne comprend pas ce qui arrive au pays de Gandhi. Stéphane a un début de réponse. À l’en croire, le racisme serait dû au manque d’éducation et d’ouverture sur le monde de certains Indiens. Bien entendu, d’autres explications sont possibles. Celle-ci, par exemple: dans cette société indienne très hiérarchisée, stratifiée, la peau noire est traditionnellement associée aux basses castes… (...)
Inde: Une étudiante tanzanienne frappée et à demi dénudée par la foule
AFP, 20minutes - 04 fev 2016
http://www.20minutes.fr/monde/1779911-20160204-inde-etudiante-tanzanienne-frappee-demi-denudee-foule
La police indienne a arrêté jeudi 5 hommes dans l'enquête sur des violences subies par une étudiante tanzanienne frappée par une foule en furie à Bangalore qui lui a arraché son tee-shirt. La ministre des Affaires étrangères, Sushma Swaraj, a qualifié cette agression de « honteuse » et demandé à la justice d'agir rapidement pour punir les coupables. « Nous sommes profondément peinés par cet incident honteux dont a été victime une jeune Tanzanienne à Bangalore », ville accueillant un grand nombre d'étudiants étrangers, a-t-elle dit sur Twitter tard mercredi soir. « J'ai demandé au chef de l'exécutif [de l'Etat du Karnataka] d'assurer la sécurité et la tranquillité de tous les étudiants étrangers, et une peine sévère pour les coupables ».
La foule a attaqué l'étudiante de 21 ans et ses amis dimanche soir, semble-t-il en représailles à un accident de la route impliquant une véhicule conduit par un conducteur soudanais ayant tué une habitante de la ville. L'étudiante a indiqué dans sa plainte déposée mercredi que la foule déchainée avait attaqué sa voiture qui approchait du lieu de l'accident, survenu moins d'une heure plus tôt. « Notre voiture a été incendiée. Ils ont tiré sur mon tee-shirt et l'ont arraché, me laissant sans rien. Ils ont continué à nous agresser et nous avons fui pour sauver nos vies », selon sa plainte citée par le Times of India. « Mes amis et moi avons sauté dans un bus. Le conducteur n'a pas bougé et les autres passagers nous ont chassés. Un passant m'a donné son tee-shirt, il a également été frappé ». Un responsable de la police de Bangalore N S Megharikh a indiqué que 5 personnes avaient été arrêtées dans cet « incident de la route » qui, selon lui, n'a pas de connotation raciste.
L'ambassadeur de Tanzanie en Inde John W. H. Kijazi a estimé que l'Inde et les pays africains devaient travailler ensemble pour faire cesser ce genre d'incidents qui « surviennent régulièrement ». « Ce n'est pas la première fois que survient un tel acte, cela arrive plus fois par an », a-t-il dit sur la chaine NDTV. La police est accusée de ne pas avoir empêché cette agression après que la jeune femme eut demandé son aide en soulignant qu'elle était tanzanienne et n'avait aucun lien avec l'accident.