Le Monde d'Antigone

Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
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dont l'obsession de l'argent entraine l'humanité
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Dernière mise à jour : 17.12.2025
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Le Brexit accélérera les décompositions en cours

Publié le 26/06/2016 à 09:53 par monde-antigone


La victoire du Brexit laissera des traces durables au sein même du Royaume-Uni et de l'UE. Pour les prochains mois, on s'attend à une dégradation progressive de la situation économique, à des complications politiques en Ecosse et en Irlande, à une fragmentation des partis de gouvernement, et à des risques de contagion et de dislocation dans d'autres pays européens. A plus long terme, au-delà de la période de 2 ans pendant laquelle le futur statut du Royaume-Uni (appelons le encore comme ça) sera défini, les répercussions du Brexit sont encore difficiles à évaluer.

On peut toujours dire que le Brexit clarifie une situation ambigüe. Depuis son adhésion à l'UE, le Royaume-Uni avait un pied et plusieurs orteils en dehors de l’Union. Les concessions arrachées par Cameron avant la campagne qui devaient lui servir d'arguments pour maintenir son pays dans l’UE étaient exorbitantes et ouvraient la porte à toute sorte de dérogations.
On parlait ironiquement du Royaume-Uni comme du 51e Etat des USA. Vu de Washington, c'était une tête de pont bien utile en Europe. Mais maintenant qu'il s'est placé de lui-même en dehors de l'UE, son intérêt pourrait décliner et sa position dans le monde en être affaiblie.

Un an après sa très nette victoire aux élections générales qui l'avait reconduit au poste de Premier ministre, David Cameron connait un terrible camouflet. L'Histoire retiendra qu'il est l'homme qui aura donné satisfaction aux ultra-nationalistes du UKIP, aura fait sortir son pays de l'UE et créé les conditions d'un éclatement du royaume.
Poussée contre sa volonté en dehors de l'UE, l'Ecosse n'a pas tardé à réclamer un nouveau référendum pour obtenir son indépendance. En Irlande du nord, on redoute maintenant de nouvelles tensions entre les catholiques (pro-UE) et les protestants (pro-UK). Au motif de "trouver leur indépendance", les nationalistes du UKIP ont tué leur royaume d'antan.

Historique: c'est la première fois qu'un pays décide de quitter l'UE (c'est prévu par l'article 50 du traité de Lisbonne de 2007). Mais le Brexit crée un précédent. Les leaders des formations populistes d'extrême droite en pleine ascension dans la plupart des pays européens ont fait savoir qu'ils envisageaient d'utiliser le référendum pour obtenir le même résultat. Les récents sondages indiquent qu'une majorité existe pour quitter l'UE ou la zone euro aux Pays-Bas, en Autriche, en France, en Italie et dans les pays du groupe de Visegrad en Europe centrale.
Ce qui ne devait jamais arriver, sinon dans très longtemps, a fini par arriver. Désormais l'Europe est menacée d'implosion dans les toutes prochaines années.

L'UE et ses commissions sont totalement responsables de cette situation puisque ce sont ses politiques d'austérité suicidaires appliquées par les partis de gouvernement traditionnels ("l'establishment") qui les ont faites haïr des classes moyennes. Ce sentiment anti-UE a poussé les électorats dont les conditions de vie n'ont fait que se dégrader depuis 2009 à se détourner de la politique ou à essayer "autre chose".

Il y a encore une trentaine d'années, l'Europe ne soulevait pas l'enthousiasme. Les élections au parlement de Strasbourg étaient traditionnellement boudées, cependant l'appartenance à la Communauté économique européenne (CEE) faisait consensus entre toutes les fractions de la bourgeoisie. Ceux qui s'en prenaient à l'Europe étaient très marginaux. Mais l'Europe technocratique tolérée quand les déficits budgétaires permettaient de répondre à la demande sociale, ne l'est plus aujourd'hui dès lors que la croissance du chômage rend les inégalités de plus en plus insupportables.

Le Brexit va donner l'occasion d'une expérience isolationniste grandeur nature. Le Royaume-Uni va devenir un sujet de laboratoire. On va pouvoir observer les effets dévastateurs du Brexit et des recettes populistes en général, plus seulement au niveau municipal mais à l'échelle d'un pays. Expérience douloureuse mais peut-être nécessaire...
Déjà, certains ont pu vérifier que les promesses les plus démagogiques et malhonnêtes ont été employées pour manipuler l'opinion. Ainsi vendredi matin, Nigel Farage, le chef du UKIP, a reconnu que le camp de "Leave" avait fait une « erreur » en promettant que les 350 millions de livres de contributions britanniques à l’UE seraient dépensés sur le Service national de santé en cas d’un vote favorable au Brexit. En quelques heures près de 2 millions de personnes, se considérant abusées, trahies, grugées, ont signé une pétition demandant l'organisaton d'un second référendum.

L'économie est en crise. La société est en crise. La bourgeoisie est en crise. Le Brexit accélérera les décompositions en cours


Ecosse, Irlande du Nord: Le Brexit menace le Royaume de désunion
par Rémi Banet
AFP, France24 - 25 jun 2016
http://www.france24.com/fr/20160624-ecosse-irlande-nord-le-brexit-menace-le-royaume-desunion


ÉDIMBOURG - Sitôt voté le Brexit, le Royaume-Uni se retrouve face aux aspirations à l'indépendance de l'Ecosse, mais aussi de l'Irlande du Nord, nations europhiles sur le point d'être détachées contre leur gré de l'Union européenne.

L'Ecosse a massivement voté, à 62 %, pour rester dans l'UE, contre 48,1 % pour l'ensemble des Britanniques, et le Premier ministre écossais, Nicola Sturgeon, a immédiatement évoqué la possibilité d'un deuxième référendum sur l'indépendance, après celui perdu en 2014. "La possibilité d'un second référendum doit être sur la table et elle est sur la table", a déclaré Mme Sturgeon, chef du parti indépendantiste SNP, depuis sa résidence officielle à Edimbourg, où près de trois quarts des électeurs ont glissé un bulletin "remain" dans l'urne. Quelques heures plus tôt, elle avait déjà prévenu que l'Ecosse voyait "son avenir au sein de l'UE", entr'ouvrant ainsi la porte à une nouvelle consultation.

Mme Sturgeon répète depuis des mois qu'un Brexit peut être le déclencheur d'un nouveau référendum. "Près des 2/3 des Écossais ont voté pour rester dans l'UE, et aucune circonscription écossaise n'a voté pour le Brexit. Le résultat est très frustrant pour les Écossais", dit à l'AFP Luis Moreno, chercheur en sciences politiques. Sur Twitter, dès l'annonce des premiers résultats, le hashtag #indyref2 ("référendum d'indépendance 2") s'est répandu comme une traînée de poudre.

Et dans le train Glasgow-Edimbourg de 05H47, la plupart des passagers y étaient favorables. "Il y aura un nouveau référendum", croit Tom, 59 ans, "surpris et déçu" par l'issue du scrutin. Quelques rangées plus loin, Hugh Brown, 64 ans, se félicite lui du Brexit. Mais il se réjouit plus encore d'une éventuelle nouvelle consultation sur l'indépendance de l'Ecosse. "Si Westminster veut retenir l'Ecosse, ils devront nous donner plus de pouvoirs", sourit-il. Comme de nombreux Ecossais, il craint que le parlement britannique, émancipé de Bruxelles, n'ait encore pus de cartes en main.

Quand un nouveau référendum pourrait-il intervenir ? Les dirigeants indépendantistes écossais "n'organiseront rien tant qu'ils ne seront pas certains de l'emporter", juge Michael Keating, qui occupe la chaire de politique écossaise à l'université d'Aberdeen, sans s'avancer sur un calendrier. Il faudra aussi attendre de "savoir si le (prochain) Premier ministre cède à la demande" des Ecossais -qui pourrait déboucher sur l'éclatement du Royaume-Uni-, complète Malcolm Harvey, professeur de sciences politiques dans la même université d'Aberdeen.

Toutefois, soulignent les analystes, un nouveau référendum d'autodétermination ne déboucherait pas nécessairement sur une victoire des indépendantistes. "Si une Ecosse indépendante rejoignait l'UE alors que l'Angleterre en sort, il y aurait une frontière entre les deux nations, avec les implications que ça peut avoir en termes de libre circulation", analyse Malcolm Harvey, pour qui cela pourrait dissuader les électeurs de voter pour l'indépendance. De récentes enquêtes d'opinion ont quant à elles prédit une nouvelles défaite aux indépendantistes en cas de nouvelle consultation, pointe pour sa part Michael Keating.

En Irlande du Nord, qui comme l'Ecosse, a voté pour un maintien au sein de l'UE (à 55,7 %), c'est le parti républicain d'Irlande du Nord, le Sinn Fein, pro-Europe, qui réclame un référendum portant sur l'unification de l'Irlande. "Nous sommes entraînés dans le sillage d'un vote en Angleterre... Le Sinn Fein va maintenant faire pression pour un référendum sur la frontière", a dit le président du parti Declan Kearney.

Les partisans du maintien dans l'UE ont dit craindre le rétablissement des contrôles aux frontières avec la République d'Irlande voisine, ce qui serait synonyme notamment de tracasseries administratives pour les entreprises et les familles. Sa reprise économique fragile après des décennies de conflit armé, soutenue par les milliards d'euros injectés par Bruxelles pour soutenir les accords de paix de 1998, risque aussi d'en pâtir. Le Premier ministre irlandais Enda Kenny, conscient de la possible répercussion sur ces accords, a assuré que le sujet "sera une priorité particulière" de son gouvernement. "Le gouvernement irlandais va faire de son mieux au cours des discussions à venir pour maintenir la zone de voyage commune" instaurée dans les années 1920 entre l'Irlande et le Royaume-Uni, a-t-il ajouté. Cet accord permet peu ou pas de contrôles à leurs frontières communes.


L'économie britannique risque une récession post-Brexit
Reuters, Boursorama - 24 jun 2016
http://www.boursorama.com/actualites/l-economie-britannique-risque-une-recession-post-brexit-1fc657f72b84eafccff480e07d3e2277


LONDRES - Le vote des électeurs britanniques en faveur d'une sortie de leur pays de l'Union européenne risque de plonger le Royaume-Uni dans la récession et de forcer la Banque d'Angleterre (BoE) à assouplir encore sa politique monétaire, montre vendredi une enquête de Reuters.

Selon 70 économistes et responsables de stratégies d'investissements interrogés après le résultat du référendum, la dépréciation de la livre sterling risque de se poursuivre et la médiane de leurs estimations de la probabilité d'une récession en Grande-Bretagne est de 53 %. Ces spécialistes estiment que le PIB de la Grande-Bretagne devrait stagner au 2e semestre de cette année alors qu'ils tablaient avant le scrutin sur une croissance de 0,5 % aux 3e et 4e trimestres. "Le vote pour une sortie de l'UE a clairement affaibli les perspectives à court terme de l'économie britannique", estime Jonathan Loynes, de Capital Economics.

Le gouverneur de la Banque d'Angleterre, Mark Carney, a déclaré que l'institution évaluerait dans les semaines à venir l'opportunité de nouvelles initiatives de politique monétaire, mais ses marges de manoeuvre sont limitées.Alors que le taux directeur de la BoE est fixé depuis plus de 7 ans à 0,5 %, son plus bas niveau historique, les observateurs interrogés avant le scrutin estimaient que sa prochaine modification serait une hausse.

Mais la donne a changé et vendredi, 19 des économistes interrogés ont estimé que le Comité de politique monétaire (MPC) s'orientait désormais vers une baisse du taux de base, 5 d'entre eux que la banque centrale allait augmenter son programme d'assouplissement quantitatif (QE), qui atteint pour l'instant 375 milliards de livres, et 21 ont dit tabler sur une combinaison entre baisse de taux et hausse du QE. Aucun d'eux n'a déclaré anticiper un resserrement de la politique monétaire. "Au vu du niveau actuel très faible de l'inflation et des anticipations d'inflation limitées, nous nous attendons à ce que la BoE abaisse le taux d'intérêt à zéro (mais pas en dessous de zéro) assez rapidement pour soutenir l'activité économique", a expliqué Daniel Vernazza, d'UniCredit. "Le MPC pourrait aussi reprendre ses achats d'actifs si la situation financière au Royaume-Uni se dégrade fortement."

Les économistes et investisseurs interrogés estiment en outre que la livre sterling, déjà en forte baisse, devrait encore se déprécier. Le consensus voit la devise britannique tomber au plus bas à 1,28 $ au cours des 3 prochains mois, soit près de 7 % en dessous de son niveau de vendredi à la mi-journée (1,37 $). La faiblesse de la livre faisant mécaniquement monter le prix des importations, l'inflation britannique pourrait atteindre 3 % d'ici 2 ans, un niveau supérieur à l'objectif de 2 % que s'est fixé la BoE, précise l'enquête, ce qui risquerait de compliquer la politique monétaire. Pour les économistes de Barclays, "le MPC de la Banque d'Angleterre choisira d'ignorer le dépassement de l'objectif d'inflation (...) Il va au contraire recourir à un nouvel assouplissement de la politique monétaire face à l'augmentation de l'incertitude et de la volatilité des marchés financiers".


Immobilier: Le Brexit, aubaine pour les investisseurs étrangers
par Aaron Tam
AFP, France24 - 26 jun 2016
http://www.france24.com/fr/20160626-immobilier-le-brexit-aubaine-investisseurs-etrangers


HONG KONG - Beaucoup ont voté le Brexit afin de protéger l'économie des prédateurs non-britanniques. Cependant, la chute de la livre ouvre désormais aux investisseurs étrangers de bien belles opportunités au Royaume-Uni, en particulier dans l'immobilier. (...)

Les places boursières se sont effondrées et la livre sterling a touché des plus bas de 31 ans. Vendredi, vers 21H00 GMT, la monnaie britannique avait perdu 8,8 % face au dollar par rapport à sa valeur de la veille. Et les experts du marché des changes prévoient davantage encore de turbulences. De nombreux analystes tablent sur un recul des prix de l'immobilier, de nombreux acheteurs potentiels ajournant des transactions du fait de l'incertitude générale. Mais si certains choisissent d'attendre, d'autres investisseurs étrangers sont sur les dents, convaincus qu'il y a de bonnes affaires à faire. "Plusieurs de mes investisseurs opportunistes disent qu'il faut y penser sérieusement, avec l'idée de profiter de cette fenêtre", confie Nicholas Brooke, président de Professional Property Services, cabinet de conseil en investissements immobiliers basé à Hong Kong.

Ancien président de la Royal Institution of Chartered Surveyors, un organisme britannique chargé de promouvoir la profession immobilière, M. Brooke observe que certains de ses clients à Hong Kong et en Chine, dotés de capacités financières "conséquentes", l'ont d'ores et déjà sondé. Pour l'agent immobilier international Knight Franck, la prudence est de mise quand il s'agit d'évaluer les retombées du référendum britannique, mais la chute de la livre entraîne nécessairement une "augmentation importante" du pouvoir d'achat des investisseurs étrangers. L'intérêt va être marqué en Chine, à Hong Kong ou Singapour, des territoires qui ont d'ores et déjà une solide expérience des investissements immobiliers en Grande-Bretagne, et notamment à Londres, observe Nicholas Holt, spécialiste de la région Asie-Pacifique chez Knight Franck. Juwai.com, site chinois de recherches immobilières, table déjà sur une hausse de 30 % des requêtes en juin par rapport à mai.

Les prix de l'immobilier à Londres sont parmi les plus élevés au monde. Mais avec le référendum, le résidentiel pourrait reculer de 5 % sur l'ensemble du Royaume-Uni, et plus encore à Londres, selon le groupe de conseil KPMG. Le groupe de conseil immobilier Jones Lang LaSalle (JLL) avance que l'ajustement de la valeur du capital, sur deux ans, pourrait être de 10%. De son côté, le FMI a envisagé dans ses évaluations des conséquences du Brexit un scénario défavorable où l'économie britannique sombrerait en récession l'an prochain, entraînant une remontée du chômage de 5 % actuellement à 6,5 % d'ici 2 ans.

Les partisans de la sortie de l'UE, pour leur part, mettent en avant les capacités d'adaptation de l'économie britannique, qui serait dopée par l'arrivée de nouveaux partenaires et d'une immigration choisie. "La décision du Royaume-Uni de quitter l'UE est un événement historique que nous devons embrasser sans réserve", a déclaré Robin Paterson, coprésident de Sotheby's International Realty au Royaume-Uni. Pour lui, la sortie de l'UE va favoriser l'émergence sur le marché britannique de nouveaux investisseurs provenant des Etats-Unis et d'Asie. Jones Lang LaSalle (JLL) prédit de son côté une nette hausse de l'intérêt des investisseurs originaires d'Inde, sachant que de nombreuses fortunes de l'ex-colonie de la Couronne sont déjà présentes sur le marché britannique. "Il est fort probable que beaucoup plus d'Indiens vont chercher à investir au Royaume-Uni", avance Anuj Puri, président de JLL en Inde.


Brexit: Le gros bobard des anti-UE avant le référendum
6Médias, Le Point - 25 jun 2016
https://fr.news.yahoo.com/brexit-gros-bobard-anti-ue-avant-referendum-135600710.html


Rétropédalage. Tout au long de la campagne précédant le référendum, le camp favorable à la sortie de l'Union européenne a martelé que si le Royaume-Uni quittait l'UE, le pays économiserait quelque 350 millions de livres sterling chaque semaine. Un petit pactole que les pro-Brexit comptaient réinvestir dans le NHS, le système de santé public britannique. Une bien belle promesse qui est en réalité totalement bidon. Nigel Farage l'a reconnu au lendemain du référendum.

Interviewé par la présentatrice de l'émission "Good Morning Britain" vendredi matin, le président du Parti de l'indépendance du Royaume-Uni (UKIP) a reconnu que cet argument était une erreur. "Pouvez-vous garantir que les 350 millions de livres envoyés à l'Union européenne iront à la NHS ? [en cas de Brexit]", lui a lancé la présentatrice. "Non, je ne le peux pas et je ne l'ai jamais prétendu. C'était une erreur faite par le camp du Leave", a prétexté Nigel Farage, lui-même chef de file de ce camp.

Placardé sur les bus, imprimé sur les tracts, et rabâché pendant les meetings: l'argument des 350 millions de livres sterling servant chaque semaine à financer le budget de l'Union était en lui-même une ineptie. Comme le rappellent Les Décodeurs du journal Le Monde, cette somme représente ce que le pays est censé verser à l'UE de façon hebdomadaire, soit 18 milliards £ par an. Mais, depuis trente ans, ce budget a considérablement baissé compte tenu du rabais négocié par Margaret Thatcher lors de son mandat de Premier ministre en 1984.

En réalité, le Royaume-Uni envoie à Bruxelles 163 millions £ par semaine (8,5 milliards £ par an), soit moitié moins que la somme avancée par les europhobes. Et encore, c'est sans compter les économies supplémentaires rendues possibles par la levée des taxes douanières sur les biens et les services dont bénéficie le pays grâce à son appartenance à l'Union. Bref, non seulement le Brexit ne permettra pas de faire rentrer chaque semaine dans les caisses les 350 millions £ promis par les populistes, mais on ignore ce qu'il va coûter à la Grande-Bretagne.

Brexit: Les trois scénarios de l'avenir britannique
par Nicolas Prissette
JDD - 26 jun 2016
http://www.lejdd.fr/International/Europe/Brexit-les-trois-scenarios-de-l-avenir-britannique-792765


Le départ est acté, il faut désormais passé aux négociations. Et cette étape s'annonce compliquée. Quels scénarios sont désormais envisageables pour le Royaume-Uni ? Le JDD fait le point sur les 3 options possibles. 

Tout est remis en cause mais rien n'est fait. Si le gouvernement britannique engage la sortie de son pays de l'Union européenne, il va devoir à la fois accepter les conditions du divorce et négocier de nouvelles règles de vie avec les 27. Les discussions à venir sont cruciales. Les nouvelles relations du Royaume-Uni avec l'UE vont déterminer dans quelle mesure ses entreprises pourront faire du commerce, dans quelles conditions ses banques pourront utiliser l'euro et vendre des produits financiers, comment ses citoyens pourront se déplacer, etc. Et réciproquement. Il n'y a pas de modalité automatique, les traités n'ont pas prévu le destin des sortants. Londres se trouve face à une page blanche. Et en position de faiblesse dans cette négociation : son PIB est cinq fois et demie inférieur à celui des 27, les citoyens britanniques sont 65 millions face à 443 millions d'habitants de l'UE. Surtout, aucun des statuts potentiels n'est aussi avantageux que celui de l'appartenance à l'UE. Revue des options possibles.

 - Option 1: Devenir membre de l'Espace économique européen (EEE)
L'Espace économique européen (EEE) est une association entre les pays membres de l'UE et quelques proches: la Norvège, l'Islande et le Liechtenstein. Ce statut est standardisé, il peut s'appliquer rapidement, à condition que les États membres de l'EEE valident à l'unanimité la candidature du Royaume-Uni. Les avantages sont majeurs: tous acceptent la libre circulation des biens, des services, des personnes et des capitaux. Les droits de douane n'existent quasiment pas, mais les formalités, elles, sont obligatoires.

Dans le cadre de l'EEE, les banques de la City continueraient de bénéficier du fameux "passeport financier européen", qui leur permet de travailler sans restriction dans tous les États membres. La place de Londres serait donc préservée. Cet enjeu est fondamental: la finance, l'assurance et les activités induites pèsent pour 2,2 millions d'emplois outre-Manche et 11,8 % du PIB britannique, selon la fédération TheCityUK. La City est un élément clé pour l'image et l'attractivité de Londres.

Mais les inconvénients politiques rendent cette hypothèse peu probable: la Grande-Bretagne devrait tolérer la liberté de franchir ses frontières, alors que les partisans du Brexit ont réclamé davantage de contrôles; elle devrait continuer d'accepter les règles européennes (commerce, environnement, social…), sans que son Premier ministre ne siège au Conseil européen à Bruxelles, sans avoir de commissaire anglais et sans aucun élu au Parlement… En outre, une contribution financière annuelle est obligatoire pour profiter de ce statut. Selon une évaluation du Centre for European Reform, le chèque britannique serait néanmoins inférieur de 9 % à son montant net actuel (environ 8,5 milliards d'euros).

 - Option 2: Négocier un accord bilatéral
C'est l'hypothèse la plus communément admise. À l'instar de la Suisse, du Canada ou de la Turquie (s'agissant du contrôle douanier), le Royaume-Uni pourrait s'engager dans la voie d'un texte spécifique régissant ses rapports à l'UE. Il s'agit de négocier point par point, dans tous les domaines. Les 27 se prononcent in fine à la majorité qualifiée sur le projet d'accord. Le chantier est immense: règles douanières branche par branche, normes sectorielles et contrôle de leur respect, politique de visas, etc.

Il y a une exception: aucun accord bilatéral n'octroie le "passeport financier". Le Brexit menace donc le maintien en Grande-Bretagne de milliers d'emplois très qualifiés et hautement rémunérés. "Je ne vois pas en quoi le Brexit serait un encouragement à accroître des activités à Londres, a lancé Michel Sapin, ministre des Finances. Ils avaient déroulé le tapis rouge aux investisseurs, le même tapis peut être utilisé dans les deux sens", a-t-il ajouté sur le ton de la plaisanterie, se gardant toutefois d'avoir des paroles hostiles vis-à-vis de la Grande-Bretagne, "qui va rencontrer suffisamment de difficultés". L'association Paris Europlace a, d'ores et déjà, adressé un message de "broad welcome" aux entreprises qui s'interrogeraient sur leur implantation en Angleterre. Les discussions promettent d'être longues. À titre d'exemples, l'accord économique avec la Suisse a pris 10 ans avant d'être scellé, couvrant plus d'une centaine de branches, celui avec le Canada a demandé 5 ans, celui de la Corée du Sud, 4 ans.

Dans le détail, les enjeux sont très différents suivant les secteurs. L'UE a intérêt à garder les règles actuelles pour l'industrie agroalimentaire, car elle y enregistre un excédent (plus de 20 milliards d'euros en 2015). En revanche, elle devrait être sans concession sur les services financiers, où la balance est défavorable au Continent pour un montant équivalent. Autre cas de figure, les exportations de la chimie britannique se font pour plus de la moitié vers l'UE: tout accord restrictif menacera des emplois anglais… L'équilibre sera subtil.

S'agissant des frontières, la question du contrôle à Calais est posée. Les accords franco-britanniques dits "du Touquet" placent la frontière - et donc les migrants - de ce côté-ci de la Manche. Xavier Bertrand, le président LR des Hauts-de-France, réclame leur abrogation, comme l'eurodéputée écologiste Karima Delli, tandis que le ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, s'est, lui aussi, interrogé en ce sens. Autre point clé, le sort des immigrés légaux et des touristes: quels visas seront nécessaires ? En tout état de cause, une contribution financière sera requise. Elle pourrait s'élever à environ 4 milliards d'euros, si l'on suit les évaluations du Centre for European Reform. D'un point de vue politique, les diplomates européens soulignent avec force que la Grande-Bretagne y perdra. Même message à Bercy: pas question de laisser croire qu'une sortie de l'UE serait sans dommages, ce qui validerait les arguments de l'extrême droite.

 - Option 3: Appliquer les règles de l'OMC
C'est le scénario a minima. En l'absence d'accord, les règles de l'Organisation mondiale du commerce s'appliqueraient aux échanges entre l'archipel britannique et les 27. Les droits de douane seraient prélevés selon les modalités internationales; les produits vendus seraient tenus de respecter les normes en vigueur à l'intérieur des frontières. Le "passeport financier" n'est pas disponible par ce biais. Aucune des deux parties n'a intérêt à refonder les relations sur une base aussi restreinte.

UK - Vendredi 24 juin, à 5h40, la BBC titre: "UK votes to leave"
Résultats définitifs du référendum « Le Royaume-Uni doit-il rester membre de l’Union européenne ou quitter l’Union européenne ? »:
"Leave" (partir).....: 17.410.742 (51,9 %)
"Remain" (rester).: 16.141.241 (48,1 %)
Abstention: 27,9 % (source BBC)
- Le "leave" gagne en Angleterre (53 %), au Pays de Galles (53 %), ainsi que dans les banlieues et les régions rurales et déshéritées (centre, Midlands).
Le "remain" gagne en Ecosse (62 %), en Irlande du nord (56 %), et arrive en tête dans les centres urbains (Londres: 69 %).
- La livre sterling chute à un plus bas depuis 1985. Elle est passée de 1,50 $ à moins de 1,33 $ (- 11,5 % !). Un mouvement d'une telle ampleur sur une devise majeure, ça n'était jamais arrivé.
- "Black friday" dans les salles de marché. Le cours de l'or remonte de 7 % pendant la nuit. La valorisation de principales banques cotées à Londres comme RBS, Barclays et Lloyds s'effondre de près de 30 % à l'ouverture des marchés.
- Quelques conséquences politiques:
Le Sinn Fein, parti indépendantiste et pro-UE d'Irlande du nord, appelle un référendum sur une Irlande unifiée. Ça risque de rallumer la guerre...
Le SNP, parti indépendantiste écossais, réaffirme sa volonté de rattacher l'Ecosse à l'UE. Démembrement du Royaume en perspective.
David Cameron déclare qu'il démissionnera d'ici octobre. Des négociations vont s'ouvrir pour définir le futur statut du Royaume-Uni et son rapport au marché unique européen.