Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
syndicats et toute forme de gestion et de pouvoir.
Rassembler des foules sous un même drapeau
trouve toujours son origine dans une imposture.
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dont l'obsession de l'argent entraine l'humanité
vers la catastrophe.
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Date de création : 10.03.2011
Dernière mise à jour :
10.10.2025
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La résistance s’organise sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes
par Rémi Barroux
Le Monde - 27 jan 2016
http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/01/27/la-resistance-s-organise-sur-la-zad-de-notre-dame-des-landes_4854878_3244.html#xtor=AL-32280515
La riposte n’a pas tardé après la décision du tribunal de grande instance de Nantes, lundi 25 janvier, de valider les expulsions des habitants et opposants historiques au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Mercredi 27 janvier au matin, les occupants de la ZAD (...) ont annoncé la relance des actions en vue de développer les infrastructures installées dans le bocage, à une vingtaine de kilomètres au nord de Nantes. Une petite dizaine de zadistes, coiffés pour certains d’un casque de chantier, équipés de tronçonneuses et de divers outils de construction, ont indiqué avoir lancé des « appels d’offre » pour divers chantiers devant débuter samedi 30 et dimanche 31 janvier.
« Puisqu’il n’y aura pas d’aéroport ici, ont déclaré les représentants du Comité de pilotage d’un avenir sans aéroport, cet appel d’offres annule et remplace celui de la préfecture en octobre 2015 » – il concernait les travaux de défrichage notamment, préalables au début du chantier de construction de la future plateforme aéroportuaire.
Selon ces militants venus de plusieurs points d’occupation dans la ZAD, « plus d’une trentaine de chantiers devraient s’ouvrir ce week-end et de nombreux collectifs de soutien à la lutte de Notre-Dame-des-Landes devraient être présents ». Plusieurs centaines de personnes, venant de Paris, Marseille, Bordeaux, Strasbourg, Dijon… et des agglomérations voisines de Nantes et de Rennes, devraient ainsi s’atteler au nettoyage de nombreux chemins envahis par la végétation luxuriante dans cette zone humide, à l’aménagement d’une salle de réunion à la ferme de Bellevue ou encore à la réfection de bâtiments afin de les transformer en bergerie au Limimbout.
Une serre, un mur d’escalade à la ferme de la Grée, un espace de stockage et de séchage pour des plantes médicinales, une pépinière de châtaigniers vont être également construits. « Il y a une volonté très forte de rester ici, alors on continue d’aménager », ont expliqué Paul, Lisa, Juliette, Michel ou encore « Camille », le prénom générique que les zadistes aiment à se donner. « Nous avons des appels venant de partout en France pour nous demander ce qu’il faut faire pour nous aider, il y a un vrai élan national », ont-ils ajouté.
Mardi soir, lors d’une assemblée générale du mouvement à la Vacherie, une grange servant de quartier général au cœur de la ZAD, en présence de quelque 300 personnes, zadistes, associations contre l’aéroport, comités de soutien, ont décidé d’un calendrier de mobilisation. Le week-end des 30 et 31 janvier, en dehors des chantiers sur la ZAD, des naturalistes proposeront des promenades au cœur de la zone humide. D’autres actions se dérouleront dans le pays, à l’instar de l’occupation temporaire de la piste de l’aérodrome de Valence (Drôme), lundi 1er février, par une cinquantaine de militants de la Confédération paysanne.
Les militants ont aussi longuement discuté de la manifestation nationale qui doit être organisée le 27 février. Des divergences se sont exprimées sur le lieu, certains proposant le centre-ville de Nantes, d’autres, prudents après l’expérience difficile de la manifestation du 22 février 2014 qui avait dégénéré, préférant l’extérieur de l’agglomération, ou Notre-Dame-des-Landes. Quelques instants seulement après la conférence de presse des zadistes, au hameau du Limimbout, une soixantaine de tracteurs ont convergé sur la ferme de Sylvie et Marcel Thébault, deux agriculteurs concernés par l’avis d’expulsion, encerclant les bâtiments afin de les protéger d’une éventuelle intervention policière.
Une répétition générale en sorte, destinée à tester le système d’alerte et de protection des exploitations agricoles susceptibles d’être évacuées par les forces de l’ordre. « Nous sommes là pour faire la démonstration que nous nous opposerons fermement à toute expulsion des occupants de la ZAD et à toute tentative de démarrage des travaux quels qu’ils soient, a lancé Vincent Delabouglise, l’un des porte-parole du Collectif des organisations professionnelles agricoles indignées par le projet d’aéroport (Copain). A la moindre tentative de passage en force, nous serons des centaines avec nos tracteurs vigilants sur la ZAD et sur tout le territoire français pour tout bloquer, avec les dizaines de milliers d’opposants qui sont dès à présents prêts à agir ».
Quant aux déclarations du premier ministre, la veille à l’Assemblée nationale, soutenant qu’ « il y aura d’ailleurs un rendez-vous [à Notre-Dame-Des-Landes] à l’automne parce que c’est là où toutes les mesures devront être prises pour donner une avancée décisive », elles n’ont guère semblé remettre en cause la détermination de la centaine d’agriculteurs présents autour de la ferme. « Ce qu’ils font, c’est indigne d’un gouvernement de gauche, prendre en otage des familles d’agriculteurs, s’est exclamé Bruno Gris, responsable du Groupement des agriculteurs biologiques (GAB), membre de Copain. Si les gendarmes mettent les pieds ici, on sera plus nombreux, plus déterminés ».
« On peut interpréter les propos de Valls comme une reculade, lui qui parlait de démarrer les travaux au début de cette année, mais si c’est une reculade, il faut qu’il continue à reculer, jusqu’à l’abandon du projet », a commenté, pour sa part, Marcel Thébault, devant des agriculteurs très remontés. Sur la zone destinée à accueillir les deux pistes et l’aérogare d’Aéroport du Grand Ouest (AGO), filiale de Vinci, il a reçu mardi 26 janvier et mercredi 27, à deux reprises, comme d’autres agriculteurs, la visite de l’huissier lui signifiant commandement de quitter les lieux. Protégé par deux agents de sécurité, Didier Chagneau a justifié sa mission: « Je leur fais commandement de quitter les lieux à l’exception de la maison pour laquelle ils ont un délai de deux mois. Moi, je fais mon boulot. Après, ils défendent leur conviction, ils prendront leur responsabilité ».
11/02/2016 >> Hollande annonce un référendum local avant octobre sur NDDL. Cela ne donnera pas le temps aux personnes non inscrites sur les listes électorales (et plutôt hostiles à l'aeéroport) de s'inscrire pour voter "non".
21/06/2016 >> « Si le "non" l'emporte, le projet sera abandonné. Si le "oui" l'emporte dimanche, le projet sera engagé. Et je veux également rappeler que quel que soit le résultat, les personnes qui occupent illégalement des propriétés devront partir » (Manuel Valls, Premier ministre lors de la séance des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale.
26/06/2016 >> Le "oui" au projet de construction de l’aéroport l'emporte en Loire-Atlantique à 55,17 %. Le taux de participation est de 51 %. Le "non" gagne dans les communes directement concernées, à la périphérie du site de NDDL: Héric, Fay, Grandchamps, Casson, Sucé-s/Erdre, La Chapelle-s/Erdre, Treillières, Vigneux, Le Temple, Malville, St-Etienne-de-Montluc. En revanche, le "oui" est très nettement devant dans le nord du département, la partie la moins concernée par le projet (73 % à Chateaubriant). Les scores du "oui" auraient été encore plus importants si Le Mans, Limoges ou Strasbourg avaient voté !... À Nantes, le "oui" gagne de peu, avec 100 voix d’avance (50,06 %). Ce "référendum" (consultatif) était pipé. Le vote "pour" était présenté comme un vote "contre les champs de haschich" et la zone de "non droit"...
EDIT (9 octobre 2016)
Dans la bonne humeur, la Zad de Notre-Dame-des-Landes se prépare... à toute éventualité
par Marine Vlahovic
Reporterre - 07 oct 2016
https://reporterre.net/Dans-la-bonne-humeur-la-Zad-de-Notre-Dame-des-Landes-se-prepare-a-toute
NOTRE-DAME-DES-LANDES - Calmement, les habitants de la Zad de Notre-Dame-des-Landes et ceux des villages avoisinants se préparent à une éventuelle intervention des forces de l’ordre. En organisant des formations « défense » et des tours de garde, mais aussi en continuant leurs activités quotidiennes. Ce week-end, un grand rassemblement de soutien est prévu sur place.
Les voitures filent à toute vitesse aux abords de la Zad alors que le soleil commence à poindre sur le bocage de Notre-Dame-des-Landes. La veille, un agriculteur a dit que les forces de l’ordre pourraient se rendre aux Ardillères, un carrefour stratégique situé à l’entrée de la zone à défendre (Zad) de 1.650 hectares. Pourtant, ce matin-là, au lieu-dit, point de fourgon ni de voiture de gendarmerie. Seul le vrombissement des véhicules des riverains rompt le calme de cette matinée brumeuse. « Rien à signaler », constate « Camille », un zadiste, avant de remonter en voiture. Cette fausse alerte n’a pas bousculé les habitudes prises par les zadistes ces derniers temps. Chaque jour, avant l’aube, des habitants prennent leur tour de garde. Pendant une poignée d’heures, ils parcourent les routes et contrôlent les points d’accès de la Zad à l’affût de tout mouvement suspect.
Attisées par la presse locale, les rumeurs d’une évacuation imminente par la force n’ont cessé d’enfler ces dernières semaines, malgré le flou juridique qui entoure la situation des habitants. Manuel Valls, qui avait annoncé une intervention à l’automne, la lancera-t-il ? La question reste en suspens. « Ce qui est sûr, c’est que, depuis 2012, la menace n’a jamais été aussi précise et crédible », dit un autre « Camille ». Les zadistes n’ont pas attendu l’arrivée de la saison des feuilles mortes pour prendre les devants face à cette éventuelle expulsion. Depuis un mois, des week-ends de « défense de la Zad », ouverts à tous, sont organisés sur le site.
Intitulées « Prêt-e-s pour défendre la zad ? », ces formations express ont déjà rassemblé 400 à 500 personnes venues de tous les horizons. Bruno Retailleau, le président de la région Pays de la Loire et fervent défenseur du projet d’aéroport, n’a pas manqué de les dénoncer auprès de Manuel Valls. Début septembre, l’élu régional (LR) a demandé au Premier ministre d’interdire ces week-ends, estimant inacceptable « qu’en France, des spécialistes de la guérilla organisent de véritables camps d’entraînement antiflic ». Cette référence paramilitaire fait sourire l’un des organisateurs des formations: « Il s’agit avant tout de donner confiance aux gens, de leur apprendre à s’organiser en petits groupes au moyen de jeux », explique-t-il. Reporterre a suivi une de ces formations.
Que faire en cas d’arrestation ? Comment apprendre à se déplacer sans bruit ? Comment communiquer sans se faire repérer ? Comment se protéger des flashballs et des grenades lacrymogènes ? Tout autant de questions auxquelles répond un briefing théorique. Et pour la mise en pratique, les zadistes ont imaginé une course d’orientation géante. L’objectif ? Attraper le maximum de balises réparties aux quatre coins de la Zad. Bien loin des camps antiflic dénoncés par Bruno Retailleau.
« Attention à vos ennemis », prévient l’un des organisateurs, avant de lancer le top départ de l’une de ces courses d’orientation. « Les ennemis, c’est qui ? Les flics ? » demande l’un des participants qui, pour toute réponse, reçoit des éclats de rire. Dans une ambiance bon enfant, les équipes se mettent en marche. Pendant quatre heures, elles devront parcourir le bocage tout en évitant des policiers cagoulés en patrouille. Le rôle est endossé par des zadistes, qui se prennent vite au jeu en pourchassant les participants à travers champs. Ces derniers n’ont qu’un seul moyen pour se défendre: courir le plus vite possible. Et pour cause: tout contact est interdit. Il suffit d’être touché du bout des doigts pour être emmené dans un commissariat improvisé, où des pseudo-officiers de police judiciaire posent quelques questions avant de relâcher les participants. Lesquels repartent, talkie-walkie dans la poche et carte d’orientation en main, pour trouver les balises.
« On ne veut pas faire de vous des guerriers du bocage, mais vous apprendre à communiquer les uns avec les autres et surtout à vous faire confiance », explique un zadiste au terme de ce jeu de poursuite géant qui aura duré plus de quatre heures. Une formation accélérée sera mise en place au cours du week-end de soutien du 8 et 9 octobre, qui doit rassembler des milliers d’opposants au projet d’aéroport sur la Zad. « Le but, c’est que chacun reparte chez soi avec une connaissance de ses limites physiques et mentales en cas d’attaque de la Zad. Mais c’est aussi de faire tomber cette peur que le gouvernement utilise actuellement », explique l’un des organisateurs.
« Ce qu’il est intéressant d’observer, ce que différentes composantes se préparent à défendre la Zad. Et ces différentes façons d’agir sont compatibles et complémentaires », observe « Camille ». Dans un lieu reculé de la zone à défendre, on érige des barricades sous le regard vigilant de Germaine. Avachi sur un siège et muni d’un casque de moto, l’épouvantail ressemble à s’y méprendre à une sentinelle postée là pour défendre l’accès de la maison occupée.
À l’autre bout de la Zad, à La Rolandière, on s’attelle à l’aménagement d’un point d’information et d’un lieu d’accueil en terre-paille, à proximité d’une banderole flashy qui proclame: « Nous sommes la nature qui se défend. » « Ces menaces d’expulsion ont insufflé une vraie énergie », constate un habitant du lieu. Constructions, réparations, mais aussi élevage d’animaux: pour certains, défendre la Zad, c’est avant tout continuer ses activités quotidiennes. Seule la visite quotidienne d’un hélicoptère de la gendarmerie perturbe cette routine.
« Ça fait quinze jours que cet hélicoptère parcourt les environs en rase-motte », souligne Julien Fritel. L’habitant de La Paquelais, un village limitrophe de la Zad, en est certain: « Il se trame quelque chose. » Il a décidé de s’organiser avec des habitants d’une dizaine de communes environnantes pour soutenir la Zad en cas d’expulsion. « Toute intervention des forces de l’ordre ne sera pas la bienvenue dans les communes environnantes et elles ne devront pas s’attendre à notre collaboration », déclarent-ils dans un communiqué. « Il est hors de question de revivre une opération d’évacuation comme en 2012, que ce soit pour nos enfants, nous ou les habitants de la Zad », prévient Julien Fritel. « Aussi, si l’on remarque tout mouvement suspect, on le signalera aussitôt. Et on offrira un soutien logistique aux zadistes par la suite », insiste-t-il, bien décidé à tenir son rôle de vigie.
07/11/2016 >> Le rapporteur public, dont l'avis est généralement suivi, propose à la cour administrative d'appel de Nantes d'annuler des arrêtés préfectoraux liés aux aménagements hydrauliques et aux destructions d'espèces protégées, autorisant les travaux de la plateforme aéroportuaire et sa desserte routière...
15/11/2016 >> Mais la cour administrative d'appel de Nantes valide les arrêtés préfectoraux qui autorisent les travaux de l'aéroport. Les opposants ont 2 mois pour déposer un recours devant le Conseil d'Etat. Manuel Valls souhaite que les travaux préparatoires débutent à l'automne prochain.
09/12/2016 >> L'évacuation de la ZAD de NDDL n'est plus à l'ordre du jour. A l'approche des élections, le nouveau Premier ministre Cazeneuve juge trop risquée la perspective d'une intervention des forces de l'ordre pour chasser les zadistes et les exploitants agricoles. Officiellement le gouvernement avance le prétexte d'un vague contentieux avec la Commission européenne concernant une étude environnementale qui n'aurait pas été rédigée... En réalité une telle opération de police aurait nécessité la présence de milliers de gendarmes mobiles pendant au moins plusieurs semaines alors que l'état d'urgence sera sans doute prolongé jusqu'à la fin du 1er semestre 2017.
29/04/2017 >> La Commission européenne classe sans suite la procédure contre la France pour non-conformité aux règles environnementales et donne son feu vert pour la construction de l'aéroport.
01/06/2017 >> Le gouvernement nomme un trio pour assurer la médiation de 6 mois concernant le projet d'aéroport de NDDL. Les médiateurs sont Michel Badré, membre du CESE, ancien président de l'Autorité environnementale; Anne Boquet, préfète et inspectrice générale des finances; Gérard Feldzer, président honoraire de l'Aéro-club de France.
EDIT (13 décembre 2017) Le rapport prévoit l'évacuation de la ZAD, avec ou sans aéroport.
Les principaux points du rapport de la médiation sur Notre-Dame-des-Landes
Sciences & Avenir - 13 dec 2017
https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/les-principaux-points-du-rapport-de-la-mediation-sur-notre-dame-des-landes_119135
Le rapport très attendu des médiateurs chargés d'aider l'exécutif à trancher entre le réaménagement de l'actuel aéroport de Nantes ou son transfert à Notre-Dame-des-Landes, ne privilégie aucune option, toutes deux "raisonnablement envisageables". En voici les principaux points.
- Pas de solution parfaite -
Les trois médiateurs, qui ont étudié les deux options à la lumière de l'activité économique et de l'emploi, de l'aménagement du territoire et de l'urbanisme, des nuisances sonores, des impacts sur l'environnement, et de la dépense publique, pointent "l'absence de solution parfaite". Avec au moins "un handicap significatif" pour chacune: les nuisances sonores "significatives" en cas de réaménagement de Nantes-Atlantique, l'accroissement incontestable de "l'artificialisation des espaces agricoles et naturels ainsi que (de) l'étalement urbain" en cas de poursuite du projet de Notre-Dame-des-Landes.
- Comparaison des coûts -
La comparaison des coûts, pour l'Etat et les collectivités, fait apparaître un écart de l'ordre de 250 à 350 millions d'euros en faveur de l'option de Nantes-Atlantique, desserte en transports en commun comprise, mais sans prise en compte d'une éventuelle indemnisation versée au concessionnaire, une filiale de Vinci, en cas d'abandon du transfert.
Selon les médiateurs, le réaménagement de l'actuel aéroport coûterait au total entre 365 et 460 millions d'euros, un montant comprenant la fermeture de l'aéroport "pour environ 9 semaines de travaux". Ce montant est nettement inférieur à celui réalisé par la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) en 2013 (825 millions), mais supérieur à celui avancé par les opposants au déménagement (175 millions d'euros). Le coût du transfert à Notre-Dame-des-Landes est lui évalué à 730 millions d'euros, comprenant les aménagements transitoires à Nantes-Atlantique, avant la mise en service de la future infrastructure, qui "pourrait intervenir entre 2023 ou 2025".
- Impact sur l'économie -
Chaque option devrait avoir un impact "équivalent" sur les activités économiques et l'emploi, l'offre aérienne étant elle-même similaire. Mais un déménagement à Notre-Dame-des-Landes, favoriserait les entreprises du nord de la Loire, mais aurait l'inconvénient de l'éloignement pour Airbus et les autres entreprises de la "manufacturing valley", situées à proximité de Nantes-Atlantique, pointe le rapport.
- Impact sur l'environnement -
Là encore, l'écart entre les deux options serait "peu significatif" en terme d'émissions de gaz à effet de serre. Mais si les nuisances atmosphériques en zone urbaine en cas de maintien de Nantes-Atlantique sont un point négatif, le transfert à Notre-Dame-des-Landes pourrait accentuer la pression foncière près du lac de Grand-Lieu, une réserve naturelle classée, bien plus dommageable pour l'environnement que le survol des avions.
Les médiateurs s'interrogent aussi sur "la faisabilité du dispositif de compensation" prévu pour compenser la destruction des zones humides et des espèces protégées à Notre-Dame-des-Landes.
- Bruit et nuisances sonores -
Un aéroport à Notre-Dame-des-Landes, dans une zone très peu urbanisée, n'aurait qu'un "très faible impact" sur les populations, contrairement au maintien de l'actuelle infrastructure, où les nuisances sonores sont "significatives pour environ 3.500 à 6.000 riverains", un chiffre stable par rapport à 2004, contre 200 dans le bocage nantais.
Pour les médiateurs, dans l'hypothèse d'un réaménagement de Nantes-Atlantique, "seul un programme exemplaire d'actions dédiées à la réduction de ces nuisances permettrait d'améliorer la situation", dont "une limitation substantielle des vols de nuit". Les experts recommandent surtout, "quelle que soit l'option retenue", la révision "impérative" et "urgente" des plans de gêne sonore (PGS) et d'exposition au bruit (PEB), datant de 2004 et "obsolètes", qui conditionnent les possibilités de développement urbanistique.
- Et après ? -
Une fois son choix retenu, le gouvernement aura encore fort à faire "pour assurer le succès de l'opération, susciter l'adhésion la plus large possible et offrir des perspectives constructives aux acteurs du territoire", notent les médiateurs.
Dans l'hypothèse de Notre-Dame-des-Landes, outre l'évacuation de la ZAD, l'Etat devra en premier lieu proroger la déclaration d'utilité publique (DUP) du tranfert, qui arrive à échéance le 8 février 2018.
Si le gouvernement décide le réaménagement de Nantes-Atlantique, de nombreuses procédures sont à prévoir: la modification de documents d'urbanisme, de nouvelles concertations, une DUP, une étude d'impact globale portant sur l'ensemble des travaux d'aménagement, et enfin un nouveau contrat de concession. Les médiateurs, qui proposent une enquête publique pour toutes les procédures, évoquent un délai de 2 à 3 ans avant la réalisation des premiers travaux d'importance.
EDIT (23 décembre 2017)
Notre-Dame-des-Landes: Autorités et zadistes se préparent à l'évacuation
par Anne-Sophie Lasserre et Katell Prigent
AFP, France24 - 23 dec 2017
http://www.france24.com/fr/20171223-notre-dame-landes-autorites-zadistes-preparent-a-levacuation
A quelques semaines de la décision sur le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, les différents scénarii s'échafaudent pour l'évacuation de la ZAD, présentée comme un "bocage" alternatif par ses occupants, comme un "camp retranché" par les autorités. Après la remise du rapport d'experts le 13 décembre, l'exécutif a assuré qu'une décision de maintenir ou d'abandonner le projet serait prise "d'ici la fin du mois de janvier". Cette décision doit "permettre (...) de garantir un retour à la normale, notamment s'agissant des questions relatives à l'ordre public", selon le Premier ministre Edouard Philippe. Dès lors la fréquence des réunions interministérielles envisageant les différentes hypothèses d'intervention s'est accélérée place Beauvau. Selon que le projet d'aéroport soit maintenu ou non, la mobilisation sur place ne sera pas la même. En 2012, une tentative d'évacuation a mobilisé plus de 2.000 CRS et gendarmes.
A 25 km au nord-ouest de Nantes, la ZAD - "zone d'aménagement différé" pour les autorités, "zone à défendre" pour ses occupants - de Notre-Dame-des-Landes s'étend sur 1.650 hectares. Pour les "zadistes", c'est un "bocage" où ils construisent "pas à pas depuis des années des formes de vie, d'habitat et d'activités fondées sur le partage, la rencontre". Pour les autorités, la ZAD ressemble plutôt à un "camp retranché" qui compte dans ses rangs des "militants extrémistes" prêts à en découdre violemment avec les forces de l'ordre.
Actuellement environ 150 personnes y vivent en permanence et 200 personnes la fréquentent régulièrement, selon une source policière. Les autorités ont dressé trois profils de "zadistes": les "institutionnels" (riverains et exploitants), les "militants" et les "extrémistes". Ce sont ces derniers qui inquiètent le plus les autorités. Si la décision était prise de créer un aéroport, on pourrait passer en quelques heures à 800 personnes, souligne une source des renseignements.
"Miradors", "tranchées", "engins incendiaires" font craindre le pire aux forces de l'ordre qui gardent en mémoire la mort de Rémi Fraisse militant écologiste tué par une grenade tirée par un gendarme sur le chantier du barrage de Sivens en 2014. "Pour préparer l'opinion à une éventuelle évacuation de la ZAD, il faut, de nouveau, créer l'image la plus étrangère et la plus anxiogène possible des personnes que l'on s'apprête à réprimer", dénoncent ses habitants dans un communiqué.
"On présente les pièges, les tunnels, les boules de pétanque avec les lames de rasoir. On pourrait en rire mais ça a des objectifs politiques. (?) Ces campagnes visent à stigmatiser, diviser, isoler", a réagi un zadiste auprès de l'AFP. Présenter les occupants de la ZAD comme "150 fous furieux qui attendraient tapis dans le bocage avec les couteaux entre les dents, cela vise à faire peur aux gens pour justifier une opération de répression brutale", selon lui. "Il y a toujours une tentative de diviser les gentils historiques, les néo-ruraux et les méchants ultra-violents.(?) Si l'intention est de diviser, ça ne fonctionnera pas", explique une zadiste.
En cas d'abandon du projet de l'aéroport, riverains et agriculteurs pourraient se désolidariser notamment concernant la route D281, dite aussi "route des chicanes". Malgré une tentative de nettoyage au printemps des associations "institutionnelles", elle est toujours entravée de pneus, barricades et mirador. Pour les associations et les paysans "historiques", en cas d'abandon du projet, la "libération" de ce "symbole" et le retour à une circulation normale pourraient constituer des signes de "bonne volonté" et un début de "régularisation, normalisation de la ZAD", suffisants selon eux pour éviter une intervention des forces de l'ordre. Mais en cas de maintien du projet, la résistance s'organise depuis des mois: tracteurs protégeant les fermes, barricades, formations à l'auto-défense et à l'escalade dans les arbres, etc...
Une fréquence radio rebaptisée "Radio klaxon" est réactivée à chaque fois que c'est nécessaire, une vigie sur la départementale signale tout véhicule approchant et un "phare" de 19 m de haut avec des sirènes alerte la moindre approche des forces de l'ordre.
17/01/2018 >> Le Premier ministre Edouard Philippe annonce l'abandon du projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes. L'aéroport existant à Nantes sera réaménagé et celui de Rennes agrandi. Les agriculteurs expropriés pourront revenir. Les squats devront évacuer d'ici le printemps, dégager les barrages sur les routes et inscrire leurs activités dans le "droit". Les forces de police ont pris position autour de la ZAD.