Le Monde d'Antigone

Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
syndicats et toute forme de gestion et de pouvoir.
Rassembler des foules sous un même drapeau
trouve toujours son origine dans une imposture.
Seule une révolution mettra fin à un système
dont l'obsession de l'argent entraine l'humanité
vers la catastrophe.

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La réaction des femmes contre le machisme en Amérique latine

Publié le 26/06/2015 à 16:37 par monde-antigone


Les manifestations contre le machisme que l'on observe depuis quelque temps en Amérique latine signifient que les violences ont pris une telle ampleur qu'elles débordent sur le milieu de la bourgeoisie. Les autorités politiques se sentent obligées de prendre des dispositions... législatives.


Contre le harcèlement de rue, le lent réveil de l'Amérique latine
par Leila Macor
AFP, France24 - 26 jun 2015
http://www.france24.com/fr/20150626-contre-le-harcelement-rue-le-lent-reveil-lamerique-latine


MONTEVIDEO - Ces derniers mois, l'Argentine et le Chili ont commencé à débattre de projets de lois sanctionnant le harcèlement de rue, comme l'ont déjà fait le Mexique ou le Costa Rica. Le Pérou s'est montré le plus sévère, approuvant en mars une loi qui inflige jusqu'à 12 ans de prison dans les cas les plus graves. Ils font ainsi écho à un mouvement citoyen de plus en plus présent pour dénoncer ce qui se traduit parfois en enfer au quotidien pour les femmes latino-américaines.

Tous les jours à Bogota, Sara Vélez, étudiante en droit de 26 ans, se rend à pied à l'université, supportant le long du chemin des compliments qui souvent tournent au commentaire obscène: face à ces comportements machistes, l'Amérique latine commence enfin à réagir. "Je ne peux pas marcher en paix, sans que quelqu'un me regarde ou me crie plein de choses", raconte Sara Vélez à l'AFP. "Cela me dégoûte". Des milliers de kilomètres au nord, c'est l'heure de pointe dans les transports publics de Mexico, synonyme de cauchemar pour les passagères. Laura Reyes, serveuse de 26 ans, se faufile dans la foule du métro à la station Pantitlan, avant de s'engouffrer dans un wagon réservé aux femmes et enfants. Pourtant, "je ne me sens pas très en sécurité", confie-t-elle. Car "ici aussi il y a beaucoup de pervers qui arrivent à entrer. Mais si je vais dans les autres wagons, je finis tripotée".

Au Brésil, fin mai, la journaliste Carolina Apple, du site d'informations R7 Noticias, racontait, photo à l'appui, sa propre mésaventure: "Aujourd'hui, j'ai été une victime. Un usager du métro a éjaculé sur mon pantalon". Ce genre de scènes est malheureusement courant en Amérique latine. "Je t'en fais deux de plus", lance-t-on à une femme enceinte. "Tant de viande, et moi je n'ai plus de dents", ose-t-on devant une autre, voluptueuse. Au Chili, 9 femmes sur 10 disent avoir souffert de harcèlement sexuel dans des lieux publics et, pour 70% d'entre elles, l'expérience a été traumatisante, selon une étude réalisée en 2014 par l'Observatoire contre le harcèlement de rue (OCAC).

Résultat similaire dans l'enquête publiée en 2014 par l'organisation argentine Accion respeto ("Action respect"): 94 % des femmes déclarent avoir reçu des commentaires sexuels dans la rue, et près de 90 % d'entre elles ajoutent que cela les dégoûte. Mais elles ont désormais envie de réagir, explique Fabian Sanabria, anthropologue et professeur de sociologie de l'Université nationale de Colombie, ce qui s'explique par l'émergence d'une génération plus connectée au monde, notamment grâce aux réseaux sociaux. "Le compliment (dans la rue) est une forme de coquetterie typiquement machiste et latino-américaine", souligne-t-il, mais "ce machisme prend fin à mesure qu'on se trouve dans un monde plus global, plus virtuel, plus cosmopolite".

Association symbolisant ce réveil des femmes latino-américaines, l'Observatoire contre le harcèlement de rue, né au Chili, a essaimé en Uruguay, au Nicaragua, en Colombie, au Pérou, en Argentine, au Salvador. Pour la présidente de la branche chilienne, Maria Francisca Valenzuela, les réseaux sociaux ont joué un rôle fondamental dans ce sursaut, car on y trouve "principalement des jeunes, celles qui sont les plus vulnérables au harcèlement sexuel de rue". Parallèlement, des campagnes originales sont lancées, comme "Siffle ta mère" au Pérou, initiative de l'ex-championne olympique de volley-ball Natalia Malaga: après avoir identifié des harceleurs en série, elle a contacté leurs mères. Celles-ci, habillées de manière sexy mais avec le visage camouflé, n'ont eu qu'à se promener dans une rue où se trouvait leur fils. "Quel jolie culotte", tente l'un d'eux, avant se rendre compte, horrifié, qu'il s'agit de sa maman.

Au moment où les femmes intègrent de plus en plus le monde du travail en Amérique latine, il leur devient impensable de supporter encore ce genre de pratiques. "La femme d'aujourd'hui sait que, du compliment sexuel le plus grotesque et explicite ou plus rhétorique et romantique, être perçue comme un objet est très réducteur en tant qu'être humain", explique Alejandra Cabrera, professeur de diversité sexuelle à l'Université catholique de Caracas. C'est pourquoi "le débat est relancé sur le lien entre compliment dans la rue et harcèlement, car en fait celui-ci est perçu comme une forme de violence".


« Pas une de moins »: Mobilisation en Argentine contre les crimes machistes
AFP, Yahoo! actualités - 03 jun 2015
http://www.20minutes.fr/monde/1622478-20150603-pas-moins-mobilisation-argentine-contre-crimes-machistes


Une institutrice de maternelle égorgée devant ses élèves, une adolescente enceinte enterrée par son ex-petit ami: les Argentins tirent la sonnette d'alarme et se mobilisent mercredi à Buenos Aires contre les « féminicides ». Ces deux crimes, et celui d'une Argentine criblée de balles par son ex-compagnon éconduit alors qu'elle se trouvait à la terrasse d'un café, paraissent être les détonateurs d'un mouvement. « Pas une de moins »: depuis quelques semaines, ce slogan est devenu viral en Argentine, tagué dans les rues, partagé sur les réseaux sociaux. « Ni una menos » est un cri de protestation contre le féminicide, le meurtre d'une femme en raison de son sexe, par un homme se sentant doté sur elle du pouvoir de vie et de mort.

Les chiffres sont glaçants. Toutes les 31 heures, une victime meurt pour des motifs liés à sa condition de femme: tuée parce qu'elle est tombée enceinte, poignardée par jalousie, assassinée après un divorce. La situation est cependant encore plus préoccupante au Mexique, en Amérique centrale ou au Brésil. S'il n'existe pas de statistiques officielles en Argentine, l'ONG argentine Casa del encuentro, qui se consacre aux droits des femmes, a dénombré 277 féminicides en 2014. Entre 2010 et 2012, 53 femmes sont mortes brûlées vives. (...)

Ces homicides de jeunes filles ou de femmes dont parlent les médias argentins ne représentent qu'une infime portion de tous les féminicides perpétrés dans le pays, « dans une société malade de paradigmes machistes où la femme est encore une "chose à dominer"», a expliqué à l'AFP Fabiana Tuñez, directrice de Casa del Encuentro. (...) « Les féminicides sont des assassinats motivés par la misogynie, car ils impliquent du mépris et de la haine envers les femmes. Ils sont motivés par le sexisme car les hommes qui les assassinent se sentent supérieurs aux femmes et considèrent qu'ils ont le droit de leur ôter la vie », selon l'Observatoire citoyen national des féminicides du Mexique. Les Codes pénaux de 15 autres pays latino-américains, dont le Chili, le Pérou, la Colombie et depuis cette année, le Brésil, reconnaissent le féminicide. (...)


Le Honduras face à une « épidémie » de meurtres de femmes
AFP, Le Monde - 25 jun 2015
http://www.lemonde.fr/international/article/2015/06/25/le-honduras-face-a-une-epidemie-de-meurtres-de-femmes_4661149_3210.html


Une organisation de défense des droits des femmes au Honduras a dénoncé mercredi 24 juin une « épidémie » de meurtres de femmes dans le pays, leur nombre ayant presque quadruplé entre 2005 et 2013. Selon le Centre des droits des femmes, le taux de morts violentes, pour les femmes, a atteint 12 pour 100.000 habitants en 2014, dépassant le seuil de l’épidémie fixé par l'OMS — 8,8 morts pour 100.000 — , « ce qui conduit à considérer ces meurtres comme une épidémie », a expliqué Claudia Herrmannsdorfer, porte-parole de l'ONG.

Ces déclarations surviennent 3 semaines après une mobilisation géante en Argentine pour dénoncer une série de féminicides dans le pays. Une indignation partagée par d'autres pays d'Amérique latine, avec des manifestations également organisées début juin au Chili, en Uruguay et au Mexique. Au Honduras, les cas de meurtres de femmes ont grimpé « de manière alarmante », avec une hausse de 263 % entre 2005 et 2013, selon le Centre des droits des femmes. En 2013, 636 femmes ont été tuées, soit une toutes les 14 heures, un chiffre qui a baissé légèrement en 2014 (526). Entre janvier et mai 2015, déjà 152 féminicides ont été recensés.

Selon Claudia Herrmannsdorfer le gouvernement du Honduras s'est engagé depuis 20 ans à combattre les crimes machistes, mais « il y a un manque de coordination entre les 8 organisations chargées des enquêtes », donc 94 % des meurtres restent impunis. La majorité d'entre eux « sont attribués au fait que les femmes (victimes) étaient impliquées dans des activités du crime organisé et pour cela on n'enquête pas, mais il faudrait le faire ». Le Honduras, qui souffre de la mainmise des bandes criminelles, détient le triste record mondial d'homicides, avec 90 meurtres pour 100.000 habitants en 2012, selon l'ONU.