Le Monde d'Antigone

Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
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Que se passe-t-il en Macédoine ?

Publié le 07/06/2015 à 07:27 par monde-antigone


La mafia au pouvoir (VMRO-DPMNE et son allié albanais du DUI) s'est mise d'accord mardi avec celle de l'opposition composée aussi deux formations macédonienne et albanaise pour organiser des élections législatives anticipées avant la fin avril 2016, soit 2 ans avant l'échéance normale. Cet accord a été conclu sous la pression internationale car le climat politique ne fait que se détériorer depuis les dernières élections de 2014. Le commissaire à l'élargissement de l'UE (car la Macédoine est candidate !) a donc convoqué à Strasbourg l'ensemble des partis après le règlement de comptes meurtrier de Kumanovo des 9 et 10 mai qui avait fait craindre un embrasement régional. L'UE espère, en avançant la date des élections, désamorcer la bombe qui menace d'exploser à tout moment. Pas sûr que cela suffise à calmer les esprits car le pays va passer sans transition d'une crise politique où deux camps s'accusent mutuellement de "dérive autocratique" ou d'"espionnage" à une campagne électorale avec son lot habituel de violences, d'intimidation et de surenchère nationaliste.

J'ignore si les tentes installées au soir du 17 mai devant le siège du gouvernement y sont encore ou si tout le monde est rentré chez soi. Les dépêches de l'AFP ne le précisent pas. Les commentateurs étaient frappés de voir des drapeaux macédoniens y cotoyer des drapeaux albanais et tziganes. On constatait le rejet d'un nationalisme exclusif au nom de nationalismes inclusifs mais toujours autant identitaires. Les tensions sociales liées à la corruption du personnel politique, à la quasi banqueroute du pays et à une position enclavée entre l'influence de l'UE et celle de la Russie sont autant d'éléments qui rappelaient Maidan, mais un Maidan dont la mobilisation a mis plus de temps à s'installer, un Maidan, aussi, parce que la protestation est restée localisée. Elle ne s'est pas étendue aux autres petits Etats de la région, contrairement à ce qui se passe actuellement en Amérique centrale.

La Macédoine apparaît comme un maillon faible, peut-être le plus faible de l'ensemble balkanique. J'avais parlé dans un précédent article d'un "baril de poudre entouré de bâtons de dynamite"... J'ai toujours en mémoire la guerre civile en Yougoslavie et je garde un oeil sur cette mosaïque d'Etats brinquebalants parce que tout pourrait se dégrader très vite sous l'effet d'une hystérie nationaliste. Mais il est devenu plus difficile d'obtenir des informations depuis que l'accès à tous les articles du Courrier des Balkans est devenu payant. Pour l'instant, ce n'est pas très génant. Il ne se passe rien de particulièrement passionnant...


Que se passe-t-il en Macédoine ?
Article extrait de Communisme-Ouvrier n°55 , bulletin de l’Initiative Communiste-Ouvrière
Solidarité ouvrière - 05 jun 2015
https://communismeouvrier.wordpress.com/2015/06/05/que-se-passe-t-il-en-macedoine/


Les idéologies identitaires, les barbes, croix et croissants, les grands et petits impérialismes régionaux, l’irrédentisme, les kalachnikovs, tout arrosé de quelques grenades. Qu’est-ce qui se trame encore en Macédoine ?

Cela fera près de 15 ans que l’on n’avait plus à faire à des assassinats massifs, des viols collectifs, des camps de concentration, des flux de réfugiés au nom de telle ou telle "grande" nation ou religion dans les Balkans. Cependant ce 9 mai 2015, les habitants de la ville de Kumanovo, majoritairement albanophone, au nord de Macédoine et dans la région frontalière avec Kosovo, se sont réveillés dans une ambiance qui avait un air étrange des événements meurtriers des années 90 en ex-Yougoslavie et dont aucun d’eux n’était nostalgique. Ce matin là, la police macédonienne a envahi la ville en nombre et en force à la recherche d’un « groupe terroriste ». La confrontation a duré la journée entière. Et de nouveau comme avant, une colonne de réfugiés s’est formée fuyant la ville vers Kosovo et la Serbie.

En fin de journée, la ministre des affaires intérieures a fièrement annoncé que l’action policière a été achevée avec succès: plusieurs quartiers de la ville ont été détruits, près de 2.000 personnes ont quitté leur foyer, 14 membres du « groupe armé » ont été tués et 30 ont été arrêtés, 8 policiers sont tués et plus de 40 personnes ont été grièvement blessées. Le communiqué stipulait que les « terroristes » appartenaient à « l’UCK » (l’armée de libération du Kosovo) et qu’une partie de ces personnes venait justement de l’autre coté de la frontière.

Il s’agirait du même groupe armé qui avait attaqué une station de police à la frontière entre Macédoine et Kosovo une vingtaine de jours auparavant. Leur comportement, extrêmement clément envers les policiers sur place, et leur enregistrement vidéo avec un discours incohérent et sans réelle revendication, si ce n’est juste pour faire connaître leur existence à la population macédonienne, laissaient déjà perplexe une bonne partie des médias "indépendants". Ce groupe a été apparemment si actif dans cette région où « tout se sait » que la population des villages à proximité immédiate a appris son existence dans les médias le lendemain.

Ce qui interrogeait surtout, c’est le contexte dans lequel « l’UCK » a repris ses activités dans la région. Pourquoi ce 9 mai ? Le jour où devaient avoir lieu les grandes manifestations anti-gouvernementales, annoncées depuis trois semaines… seulement deux jours avant l’attaque de la station policière par un groupe n’existant plus et dont la plupart d’ex-leaders font partie de ce même gouvernement macédonien depuis des années. C’était suffisant pour que la plupart des analystes se demandent si la Macédoine ne glisserait pas vers une nouvelle guerre ethnique.

Ce n’est pas la première fois que le sang coule dans cette région qui a connu son conflit armé entre les populations albanophones et makédophones déjà en 2001. Cette guerre civile s’est soldée par une médiation internationale et la signature des accords d’Ohrid, censé octroyer plus de droits et de liberté à la minorité albanaise et garantir son égalité avec la majorité macédonienne. Mais qui au final ne fait que faire vivre les nationalismes et préparer le pays à des nouveaux conflits. Il est vrai que, depuis, les Albanais ne sont plus les citoyens de seconde zone mais ces accords mettent tellement l’accent sur l’appartenance ethnique et son représentativité que c’en est devenu presque la seule donne légitime pour l’exercice de la « démocratie ».

La particularité de la multiethnicité macédonienne, renforcée par les accords d’Ohrid, est également son système politique et d’élection. Pendant que les Macédoniens ethniques choisissent la majorité parlementaire (avec un choix entre la coalition des nationalistes de droite, et la coalition des nationalistes de gauche), les Albanais sont invités à choisir l’organisation qui les représentera et entrera en coalition avec la majorité macédonienne afin de former le gouvernement. Un gouvernement où une minorité est représentée autant que la majorité, c’est une bonne chose, dira-t-on ! Oui sauf lorsque, sans chercher à améliorer les conditions et les libertés de la population, on octroie à des imbéciles corrompus plus de place sous prétexte qui ceux d’en face en ont un peu trop !

Et la Macédoine en est un très bon exemple. Gouvernée depuis 2008 par une coalition composée de VMRO-DPMNE, en apparence juste démo-chrétien mais ultranationaliste orthodoxe, et de DUI, le parti ultranationaliste albanais dont le leader Ali Ahmeti dirigeait également l’UCK-M, la soi-disant « armée de libération nationale », la Macédoine ne s’en sort plus des surenchères identitaires de la classe politique.

Le VMRO, dont le discours nationaliste est surtout orienté contre la Grèce et son quasi-protectorat sur la Macédoine et contre la minorité albanaise, s’est lancée dès l’arrivée au pouvoir dans un vaste projet identitaire censé redécorer le pays aux couleurs de l’ancien Empire d’Alexandre le Grand, dont le VMRO se veut héritière selon l’interprétation erronée d’une histoire falsifiée.

Oui, on devine déjà la déception et le désarroi des courants identitaires français en découvrant que la Macédoine aussi, comme la France, a son armée d’historiens semi-illettrés prêts à n’importe quel moment de falsifier un passé ne leur convenant pas suffisamment, sa batterie des « philosophes dissidents » et des « libres-penseurs » toujours prêts à interpréter et analyser le présent comme ça leur chante et surtout en leur avantage et sans jamais remettre en cause le système socio-économique, son tsunami des nationalistes, de droite comme de gauche, des identitaires, des Le Pen, Dieudonné et autre Soral prêts à nous pourrir l’avenir. Le sommet de cette politique est le projet « Skopje 2014 », d’un coût de près de 300 millions d’euros, qui devra habiller la capitale en Skopje antique avec des dizaines de nouvelles constructions, des palais, des ponts, des places…et au final une statue d’Alexandre le Grand de plus de 30 m de haut. Tout censé célébrer le passé glorieux des Macédoniens qui en seraient des descendants directs et héritiers d’Alexandre le Grand.

Et que font les représentants albanais face à cette vague identitaire macédonienne véhiculée par leurs « collègues » de gouvernement ? Ont-ils émis au moins une remarque et critique concrète, au moins de principe ? Comme par exemple que le coût de la statue d’Alexandre le Grand représente le budget total du système éducatif, soit 10 millions d’euros ! Voyons ! Eux, ces nobles cadres de la grande nation albanaise pour qui l’avenir des petits albanais, l’élite de la future « Grande Albanie » qu’ils défendent tant, est d’importance cruciale et primordiale, ils devraient normalement veiller à ce que leur éducation soit garantie !

C’en est rien. Tout ce que les représentants de la minorité albanaise ont répondu à tout ça c’est qu’eux aussi ils veulent des statues ! Trois en tout, évoquant le passé glorieux, cette fois le passé albanais, mais aussi inventé et falsifié que le passé de leurs rivaux. Et qu’importent l’avenir et l’éducation des gosses, macédoniens et albanais.

Ils se sont donc découvert un intérêt commun, diviser davantage et isoler les Albanais et les Macédoniens ethniques dans les faits et jusqu’à leur mémoire collective. Il n’était donc pas étonnant qu’en 2011 et 2012 lors que la jeunesse, ailleurs, menait les révolutions et occupait les places un peu partout dans le monde, en Macédoine, elle a été surtout préoccupée par le passé bien plus que l’avenir et se confrontait à coup de matraques et de lames, sous l’applaudissement et soutien de VMRO-DPMNE, DUI, l’église orthodoxe et l’organisation de la communauté islamique en Macédoine, partageant la même tribune, avec le champagne et le caviar à volonté.

Cependant, dès 2012, les études démontraient que 2/3 de la population macédonienne n’étaient pas favorable au projet de « Skopje 2014 », la politique du gouvernement (mis en place suite à une élection où l’abstention était de 46 %) et plaçaient l’emploi et les salaires au sommet de leurs préoccupations. Les grèves se multiplient touchant tous les secteurs d’activité poussant le gouvernement, constamment à la recherche des intérêts communs entre les nationalistes macédoniens et albanais, à mettre en place une série de lois anti-ouvrières avec l’objectif de restreindre le droit de grève et limiter les possibilités d’organisation, bien entendu les possibilités de toute organisation sur les affinités autres que « nationales et religieuses ».

La plus grande attaque gouvernementale contre le monde du travail était la loi limitant le droit de grève qui est arrivée courant 2014 juste après un mouvement social né d’un rassemblement en soutien à la révolte prolétarienne en Bosnie qui a pris de l’ampleur et s’est transformé en manifestations massives des travailleuses et travailleurs, suivies par la mobilisation des chômeuses et chômeurs, et l’annonce d’une grève générale des employé-es de l’éducation nationale dès septembre 2014. Fin 2014, début 2015 ont été surtout marqués par une forte et longue mobilisation des étudiant-es contre la réforme de l’Université qui au mois de février 2015 a réuni plus de 10 000 personnes dans les rues de Skopje mais aussi dans d’autres villes de Macédoine, y compris dans les régions albanophones. Ce mouvement étudiant a d’ailleurs noué les liens avec les manifestants des universités d’Albanie, notamment Tirana. Nous sommes donc bien loin des divisions nationales, ethniques et religieuses, ce qui provoque une certaine panique et hystérie de la part du gouvernement qui dénonce « la manipulation grecque de la jeunesse macédonienne ». De toute évidence, les nationalistes albanais et macédoniens préfèrent lorsque les jeunes se battent entre eux et pas ensemble contre le gouvernement.

Le mouvement étudiant sort victorieux de sa lutte faisant plier le gouvernement. Mais les manifestations ne s’arrêtent pas là. Depuis février 2015, le NSDP (parti social-démocrate) premier parti de l’opposition publie régulièrement des enregistrements audio des hommes politiques, des ministres et des hauts fonctionnaires. Il y aurait près de 10.000 d’enregistrements audio, de SMS, de mails, etc. fait par l’ancien dirigeant des services de renseignements généraux, qui compromettent le gouvernement, prouvant la corruption, les pots-de-vin, les malversations financières, les tractations illégales entre les partis nationalistes, mais aussi une tentative de maquiller le meurtre d’un jeune manifestant tué par la police en 2012. C’est ce dernier enregistrement qui provoque des plus grandes manifestations que ce pays a jamais connu le 6 mai 2015 soldées par une confrontation avec la police devant les bâtiments gouvernementaux et 40 blessés parmi les manifestants.

Une autre manifestation est programmée pour le 9 mai mais les événements de la ville de Kumanovo l’ont empêchée. Certains médias indépendants ont rebaptisé l’UCK en « armée de libération de Gruevski » (le premier ministre et leader de VMRO-DPMNE) et il est vrai que le gouvernement comptait sur ce nouveau regain de tension interethnique pour détourner le regard des problèmes sociaux.

La nouvelle manifestation anti-gouvernementale complètement réussie du 17 mai dans toutes les villes de Macédoine et le camp, avec un drapeau macédonien et un drapeau albanais côte à côte, installé le jour même devant le parlement, nous ferait tout de même penser que les gens, indépendamment de leur origine et religion, ne souhaitent plus regarder en arrière ni reculer.
[On ne va pas de l'avant en se rangeant derrière des drapeaux. Ils sont la représentation d'une domination de classes que tout relie au passé; ndc]


Plus de 20.000 manifestants protestent contre le gouvernement à Skopje
ATS, Romandie news - 17 mai 2015
http://www.romandie.com/news/Plus-de-20000-manifestants-protestent-contre-le-gouvernement-a-Skopje/594141.rom


Plus de 20.000 personnes ont réclamé la démission du Premier ministre Nikola Gruevski, dimanche à Skopje. Son gouvernement conservateur est accusé de corruption et d'écoutes illégales à grande échelle. Sous un soleil de plomb, brandissant des drapeaux macédoniens mais aussi albanais, et criant "Victoire, Victoire", les protestataires étaient regroupés sur un boulevard longeant le bâtiment du gouvernement. Un dirigeant de l'opposition a affirmé que des manifestants resteront sur place jusqu'à obtenir la démission du gouvernement.  Des manifestations antigouvernementales de moindre ampleur sont organisées depuis des semaines à Skopje. L'opposition dénonce régulièrement des affaires de corruption et de pots-de-vin impliquant le gouvernement. (...)

Cette ex-république yougoslave de 2,1 millions d'habitants à majorité slave est en proie depuis le début de l'année à une grave crise politique qui oppose les principales formations slaves. Le pouvoir accuse l'opposition d'"espionnage" et de "volonté de déstabiliser le pays". M. Gruevski, chef du gouvernement depuis 2006, et son parti ont été reconduits au pouvoir pour un mandat de 4 ans lors des législatives anticipées d'avril 2014. Depuis, l'opposition refuse de participer aux travaux du Parlement et dénonce des "fraudes" commises durant le scrutin.


Macédoine: Manifestation pro-pouvoir alors que l'opposition campe dans la rue
par Jasmina Mironski et Jovan Matic
AFP, Yahoo! actualités – 18 mai 2015
https://fr.news.yahoo.com/macédoine-lopposition-réclame-toujours-démission-premier-ministre-074744077.html.


L'opposition macédonienne poursuivait lundi ses manifestations réclamant la démission du Premier ministre accusé de corruption, mais les partisans du pouvoir s'apprêtaient à descendre dans la rue lundi pour soutenir Nikola Gruevski qui dirige cette ex-république yougoslave depuis 9 ans.

Sur le boulevard longeant le Parlement macédonien, dans le centre de Skopje, une grande scène était édifiée sur les lieux où M. Gruevski, qui cherche à obtenir un soutien populaire après la manifestation de l'opposition dimanche réunissant plus de 20.000 personnes, s'adressera dans la soirée à ses supporteurs attendus par milliers. Au grand dam des habitants de la capitale, la circulation des véhicules était particulièrement difficile, deux boulevards du centre-ville étant bloqués en raison des manifestations du pouvoir et de l'opposition.

Pour l'analyste politique Alajdin Demiri, M. Gruevski entend avec son rassemblement "renforcer sa position au pouvoir. Si la manifestation est un succès, il continuera à gouverner de dépit de la réalité et des nouvelles circonstances". "Pour Gruevski, la notion de démission n'existe pas", estime l'expert, ajoutant que le Premier ministre est "un nationaliste qui dirige d'une main de fer tout en ayant parrainé une corruption inimaginable".

2 km plus loin, devant le bâtiment du gouvernement, une centaine de protestataires de l'opposition de gauche, répondant à l'appel de leur chef Zoran Zaev, poursuivaient dans une atmosphère bon enfant leur mouvement de contestation entamé dimanche soir. Depuis, ils campent sur une pelouse au milieu des quatre voies du grand boulevard faisant face au bâtiment gouvernemental, afin de maintenir la pression sur M. Gruevski, accusé de corruption et d'écoutes illégales. "Tout se déroule comme prévu: nous poursuivons notre mouvement jusqu'à la démission du gouvernement", a déclaré à l'AFP Petar Atanasov, un des organisateurs.

Dimanche, la manifestation de l'opposition a réuni Macédoniens mais aussi Albanais, les deux principales communautés du pays, qui réclament, hormis la démission de M. Gruevski, la mise en place d'un gouvernement de transition avec pour objectif d'organiser des élections législatives anticipées. Mais M. Gruevski, qui a été reconduit au pouvoir pour un mandat de 4 ans lors des législatives anticipées d'avril 2014, a affirmé qu'il n'entendait aucunement démissionner et ajouté, sans avancer de preuves, que derrière l'opposition se cachaient des services secrets étrangers. Il a néanmoins sacrifié trois proches collaborateurs mis en cause par l'opposition qui ont présenté leur démission.

Le pouvoir accuse l'opposition d'"espionnage" et de vouloir "déstabiliser le pays". Lundi, les dirigeants des 4 principaux partis en Macédoine, pouvoir et opposition confondus, se sont réunis pour la 2ème fois depuis jeudi dernier pour tenter de résoudre la crise politique. M. Gruevski - leader du parti au pouvoir (VMRO-DPNE) , son allié au gouvernement Ali Ahmeti - chef du principal parti des Albanais de Macédoine (DUI) -, le chef du principal parti d'opposition de gauche macédonien (SDSM) Zoran Zaev et Menduh Thaçi - chef du principal parti d'opposition albanais (DPA) -, se sont entretenus en présence de l'ambassadeur des États-Unis en Macédoine et du chef de la mission de l'Union européenne. "Nous nous rencontrerons demain à Strasbourg au Parlement européen. Si de nouvelles idées se présentent nous aurons un progrès", a déclaré M. Zaev à l'issue de l'entretien. "Nous croyons au dialogue et demandons des garanties de la communauté internationale quant à la mise en ?uvre de ce qui aura été convenu", a-t-il ajouté.

Une première réunion regroupant les principaux acteurs de la crise politique avait organisée sous pression internationale juste après les violences meurtrières les 9 et 10 mai entre forces de l'ordre macédoniennes et un commando d'origine albanaise à Kumanovo (nord) ayant fait 18 morts (dont 8 policiers).


La Macédoine poussée à la "révolution de couleur" ?
Sputnik - 18 mai 2015
http://fr.sputniknews.com/presse/20150518/1016121374.html


La Macédoine pourrait bientôt traverser le plus grand conflit qu'elle a connu depuis les troubles interethniques du début des années 2000. Des manifestations de l'opposition se sont déroulées hier dans la capitale de Skopje, qu'on a déjà baptisées "Maïdan macédonien". Les autorités préparent leur propre rassemblement aujourd'hui. Comme en Ukraine, l'Occident et la Russie s'impliquent de plus en plus activement dans la crise macédonienne et ce pays pourrait être leur nouvelle arène de confrontation.

L'opposition voit dans les protestations de Skopje une "lutte pour l'avenir du pays". Zoran Zaev, leader de l'Union sociale-démocrate, principale force d'opposition du pays, a promis que les manifestations seraient pacifiques et non violentes, mais que les manifestants ne partiraient pas tant que le gouvernement n'aura pas démissionné. L'opposition accuse le gouvernement de corruption et d'espionnage de 20.000 opposants, s'appuyant sur la diffusion des enregistrements de police. Les adversaires du Premier ministre Nikola Gruevski exigent sa démission et la formation d'un cabinet de coalition.

Le Premier ministre dément toutes ces accusations et n'a pas l'intention de démissionner. Plus encore, les autorités préparent un contre-rassemblement lundi à Skopje. Elles accusent les opposants d'essayer de rejouer dans le pays la version ukrainienne d'une révolution de couleur. "Zaev est une marionnette qui joue le scénario des autres", a déclaré hier Nikola Gruevski. (...) La semaine dernière, la ministre de l'Intérieur Gordana Jankulovska et le chef de la police secrète Saso Mijalkov ont donné leur démission. Le Premier ministre a expliqué leur départ par la volonté d'apaiser la crise — ils figuraient plus souvent que les autres dans les écoutes rendues publiques par l'opposition. Cependant, selon la presse macédonienne, ils ont quitté leur poste après la présentation dans une ambassade occidentale de Skopje des preuves de leurs négociations cachées avec les terroristes albanais qui avaient attaqué Kumanovo.

L'Occident semble être préoccupé par les événements en Macédoine. Six ambassadeurs occidentaux de Skopje se sont entretenus à huis clos avec Gruevski la semaine dernière, avant de critiquer les autorités. Le Premier ministre macédonien et le leader de l'opposition sont attendus mardi au Parlement européen à Strasbourg. Moscou suit également de plus en plus près la situation. Durant sa visite à Belgrade vendredi dernier, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a presque directement accusé l'Occident de préparer une révolution de couleur en Macédoine, qui n'a pas rejoint les sanctions contre la Russie et a soutenu le projet de gazoduc Turkish Stream. Et samedi dernier le ministère russe des Affaires étrangères a annoncé avoir des "preuves tangibles de tentatives extérieures de pousser le pays dans le gouffre d'une révolution de couleur".