Le Monde d'Antigone

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Somalie: Des femmes violées par des soldats de l'AMISOM

Publié le 08/09/2014 à 18:59 par monde-antigone


Cela ne devrait surpendre personne. Que cela se passe en Somalie ou ailleurs, ce sont les pratiques habituelles des forces militaires d'occupation.


Somalie: Des femmes violées par des soldats de la Force africaine, selon un rapport
AFP, France24 - 08 sep 2014
http://www.france24.com/fr/20140908-somalie-femmes-violees-soldats-force-africaine-selon-rapport/


Des soldats de la force de l'Union africaine en Somalie (AMISOM pour African Union Mission to Somalia) ont violé et exploité sexuellement des femmes et jeunes filles somaliennes sur leurs bases de Mogadiscio, affirme l'ONG Human Rights Watch (HRW) dans un rapport publié lundi. "Les soldats de l'Union Africaine (UA), se servant d'intermédiaires somaliens, ont utilisé une variété de tactiques, dont l'aide humanitaire, pour contraindre des femmes et des filles vulnérables à des activités sexuelles. Ils ont aussi violé et agressé sexuellement des femmes venues chercher une aide médicale ou de l'eau sur les bases de l'AMISOM", a détaillé HRW. "Les pays contributeurs de troupes, l'UA et les bailleurs qui financent l'AMISOM devraient se pencher urgemment sur ces abus et renforcer les procédures en Somalie pour que justice soit rendue", a estimé l'ONG de défense des droits de l'Homme dans ce rapport de 71 pages.

L'AMISOM a assuré "prendre ces accusations très au sérieux", promettant "une enquête" et "des mesures", "en accord avec la politique de tolérance zéro à l'égard des mauvais comportements", selon un porte-parole, Eloi Yao. M. Yao a dénoncé un rapport "déséquilibré et injuste", car "il est basé sur un petit échantillon et l'utiliser pour condamner l'ensemble de nos 22.000 soldats est extrêmement contre-productif".

L'AMISOM, déployée depuis 2007 à travers la Somalie où elle appuie les fragiles autorités de Mogadiscio dans leur combat contre les islamistes shebab, est financée essentiellement par l'ONU, l'UE [c'est elle qui paie les soldes des militaires, ndc], les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Elle est constituée de contingents ougandais, burundais, kényan, éthiopien, djiboutien et sierra-léonais. L'AMISOM a enregistré depuis deux ans une série ininterrompue de succès militaires qui ont contraint les shebab à abandonner progressivement l'essentiel de leurs bastions du sud et du centre de la Somalie.

Intitulé "Le pouvoir que ces hommes ont sur nous: exploitation et violence sexuelles par les troupes de l'Union africaine en Somalie", le rapport s'appuie sur des recherches menées en Somalie, en Ouganda et au Burundi. Il se base sur les témoignages de 21 Somaliennes, femmes et filles, disant avoir été violées ou exploitées sexuellement depuis 2013 sur deux bases de Mogadiscio par des militaires ougandais ou burundais de l'AMISOM, et sur les dires de plus de 30 témoins, observateurs étrangers, soldats et responsables de pays contributeurs de troupes.

Fin 2013, Qamar R., 15 ans, s'est rendue sur la base du contingent burundais pour chercher des médicaments. Un interprète somalien lui a dit de suivre deux soldats burundais, dont l'un l'a violée et l'autre lui a donné 10 $, a-t-elle raconté. Des soldats ont remis de l'argent ou de la nourriture à des femmes qu'ils venaient de violer afin, semble-t-il, de faire passer l'agression pour une transaction sexuelle ou les décourager de porter plainte, selon HRW. En mai 2013, Kassa D., 19 ans, incapable de s'acheter à manger, a raconté avoir été présentée à un interprète somalien de la base ougandaise de l'AMISOM, qui l'a présentée à un soldat. Celui-ci lui a donné 10 $ après avoir eu des rapports sexuels avec elle. Au début, "je voulais m'enfuir, mais je savais que ce qui m'avait poussée ici m'y ramènerait: la faim", a-t-elle expliqué à HRW, confiant avoir désormais des rapports tarifés avec ce soldat depuis 6 mois.

Selon l'ONG, "l'exploitation sexuelle" est un phénomène connu sur les bases de l'AMISOM à Mogadiscio. La plupart des victimes n'ont pas porté plainte, par peur de représailles, de stigmatisation voire, pour certaines, de perdre leur seul revenu [Donc on peut estimer qu'il y a beaucoup d'autres cas semblables, ndc]. Le rapport se concentre sur des événements survenus à Mogadiscio, où sont déployées des troupes ougandaises et burundaises, mais HRW n'exclut pas que pareils abus se produisent ailleurs en Somalie. Les Somaliennes interrogées font partie des dizaines de milliers de personnes, originaires du Sud et du Centre et déplacées à Mogadiscio par le conflit et la faim. Loin de leur communauté et de sa protection, elle se retrouvent dépendantes de l'aide extérieure pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs enfants et à la merci de l'exploitation et des abus, note HRW.


EDIT (12 juin 2015)


Casques bleus: De fréquents cas d’exploitation sexuelle
AFP, Le Devoir - 12 jun 2015
http://www.ledevoir.com/international/actualites-internationales/442597/casques-bleus-de-frequents-cas-d-exploitation-sexuelle


NEW YORK — Des Casques bleus ont échangé de l’argent ou des fournitures contre des faveurs sexuelles de la part de centaines de femmes en Haïti et au Liberia, indique un rapport interne de l’ONU. L’expérience des missions de paix de l’ONU en Haïti (MINUSTAH) et au Liberia (UNMIL) « démontre que ces échanges à caractère sexuel sont répandus et pas assez dénoncés », souligne le rapport des services de contrôle interne de l’ONU (OIOS). Le document, encore confidentiel et daté du 15 mai, doit être publié sous sa forme définitive la semaine prochaine.

Selon ce rapport, 231 femmes haïtiennes ont indiqué avoir eu des relations sexuelles avec des Casques bleus en échange de services ou de biens matériels (chaussures, vêtements, téléphones, ordinateurs portables, parfums). Pour les femmes en zone rurale, ce sont « la faim, le manque d’abri et la pénurie de produits de première nécessité et de médicaments qui sont fréquemment cités comme facteur déclenchant ». Selon une autre enquête menée à Monrovia auprès d’un échantillon de 489 femmes âgées de 18 à 30 ans, « plus d’un quart […] avaient procédé à des transactions sexuelles avec les Casques bleus, généralement pour de l’argent ». Il s’agit d’une violation flagrante des règles des Nations unies, qui affirment pratiquer une politique de tolérance zéro envers les abus sexuels dans leurs missions et réprouver fermement les relations sexuelles entre les Casque bleus et les populations qu’ils protègent. À Haïti, seulement 7 femmes connaissaient ces règles onusiennes et aucune n’avait connaissance de l’existence d’une ligne téléphonique confidentielle pour dénoncer de tels abus.

Un problème toujours récurrent 10 ans après le lancement par l’ONU d’une stratégie pour lutter contre les abus sexuels dans ses missions, qui regroupent aujourd’hui près de 125.000 Casques bleus dans le monde. Les accusations d’abus ou d’exploitation sexuels — 480 recensées entre 2008 et 2013 — sont en baisse depuis 2009, mais une hausse a été constatée en 2012 et 2013. Sur la période 2008-2013, elles concernent pour un tiers des mineurs. 4 des 16 missions de l’ONU sont particulièrement concernées: Haïti, R.D. du Congo, Liberia, Soudan et Soudan du Sud. Ces accusations visent en premier lieu les militaires, mais les civils qui représentent 17 % du personnel des missions génèrent 33 % des accusations.

Le rapport a estimé que les enquêtes menées sur ces accusations prenaient « beaucoup trop de temps » (16 mois en moyenne), déplorant que l’ONU doive s’en remettre aux pays d’origine des coupables pour les sanctions ce qui entraîne « de grandes différences ». Les civils sont le plus souvent congédiés tandis que soldats et policiers sont renvoyés dans leur pays avec interdiction de participer à une autre mission de l’ONU. Le rapport a également estimé que les commandants de ces contingents étrangers ne sont « pas assez » contrôlés et forcés de rendre des comptes. Ce rapport intervient alors que l’ONU est sous le feu des critiques pour son traitement d’accusations de viols d’enfants en République centrafricaine, notamment par des soldats français.


EDIT (3 juin 2017)


Somalie: Elles fuient la faim, et sont violées dans les camps de déplacés
par Amanda Sperber
AFP, La Voix du nord - 02 jun 2017
http://www.lavoixdunord.fr/171708/article/2017-06-02/somalie-elles-fuient-la-faim-et-sont-violees-dans-les-camps-de-deplaces


BAIDOA (Somalie) - C'était une nuit du mois de mars. Le soldat était mince, mais fort. Son uniforme et ses bottes étaient neufs. Après s'être introduit dans le misérable abri de fortune de Hawo, il a pointé une arme sur la gorge de cette Somalienne et l'a violée. Deux fois. "Dans ma tête, je peux encore le voir", confie cette jeune femme vivant à Dusta, un camp installé dans la ville de Baidoa, dans le sud-ouest de la Somalie, où sont rassemblés des Somaliens déplacés par la faim et la sécheresse. Hawo ne souhaite pas révéler som nom complet. Son nouveau-né pleurait pendant qu'elle subissait ce viol, terrifiée. Ses deux autres enfants, un peu plus âgés, dormaient eux à poings fermés.

Dusta, véritable océan de bicoques faites de bâtons, bâches en plastiques et vieux tissus, s'étend jusqu'à un camp où sont stationnés des soldats de la mission de l'Union africaine en Somalie (Amisom), qui combattent les islamistes shebab affiliés à Al-Qaïda et ayant juré la perte du gouvernement somalien. Pourtant, les résidents de Dusta interrogés par l'AFP assurent être livrés à eux-mêmes. Personne ne les protège, disent-ils, que ce soit l'Amisom, l'armée, les milices locales ou l'ONU. La plupart des habitants de Dusta sont des femmes et enfants issus de régions contrôlées par les shebab et venus dans la capitale régionale à la recherche de nourriture, d'eau et de soins médicaux.

Selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres de deux ONG locales - Isha et le Somali Children Welfare and Rights Watch (SCWRW) -, au moins 54 femmes ont été violées ou agressées sexuellement dans les 168 camps, qui abritent plus de 155.000 personnes et se sont multipliés autour de Baidoa alors que le pays est au bord de la famine. La majorité de ces attaques sont commises par des soldats, explique Muhudin Daud Isack, qui travaille pour Isha. "Quand ils ont l'opportunité de le faire, ils commettent un viol".

Farhiyo Ahmed Mohamed, une policière à la tête d'une unité spéciale chargée de combattre les violences envers les femmes, reconnaît que des hommes en uniforme ont été impliqués dans de telles attaques et évoque une affaire de viol dans la ville de Goof Gaduud, à l'extérieur de Baidoa, pour laquelle un soldat a été condamné et emprisonné. Elle accuse cependant les ONG d'exagérer le nombre de viols dans les camps afin d'obtenir plus de subsides. (...)

Selon l'ONG Isha, 9 femmes du camp de "Buur fuule 2" ont été violées une nuit de janvier par un groupe de civils armés de pistolets et de couteaux. Elles ont été extraites de leurs abris et violées par plusieurs hommes. Cinq de ces femmes ont été interrogées par l'AFP. Deux d'entre elles ont raconté que leurs maris étaient tenus en joue pendant les viols. Une victime de 37 ans a, elle, assuré que si les viols sont monnaie courante dans ces camps, les viols collectifs ne le sont pas.

Les organisations humanitaires reconnaissent l'existence du problème croissant des viols, mais expliquent que la crise somalienne comporte de multiples facettes et que la priorité est accordée à d'autres maux. "Les programmes visant à améliorer la protection des femmes sont souvent sous-financés (...), ce même si les violences faites aux femmes augmentent lors des situations d'urgence", souligne Evelyn Aero, du Conseil norvégien pour les réfugiés.

De retour à Dusta, Hawo explique que malgré son viol par un soldat, elle souhaite davantage de personnes armées dans le camp. Après ce traumatisme, elle a rapproché son abri de la base de l'Amisom et dit se sentir ainsi plus en sécurité. D'autres ne souhaitent pas voir plus d'hommes armés dans le camp et estiment que la solution passe par la construction d'abris solides, en pierre et en tôle. "Au-delà de la survie, l'abri est nécessaire (...) pour s'assurer que chaque personne soit en sécurité, et assurer le droit à la vie privée et la dignité, particulièrement pour les femmes et enfants", estime Gavin Lim, un spécialiste de la protection pour l'UNHCR.

Mais alors que la sécheresse se prolonge et que la menace de la famine se rapproche chaque jour un peu plus, le nombre de déplacés augmente, rendant encore plus épineuse la question de la sécurité des femmes dans les camps. Plus de 377.000 Somaliens ont été déplacés lors des 3 premiers mois de 2017, portant à plus d'un million le nombre total de personnes déplacées par le conflit et la sécheresse en Somalie. Et l'UNHCR table sur 3 millions d'ici la fin de l'année.