Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
syndicats et toute forme de gestion et de pouvoir.
Rassembler des foules sous un même drapeau
trouve toujours son origine dans une imposture.
Seule une révolution mettra fin à un système
dont l'obsession de l'argent entraine l'humanité
vers la catastrophe.
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Date de création : 10.03.2011
Dernière mise à jour :
26.10.2025
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Jeune noir abattu: Nouvelle nuit de tensions à Ferguson
par Jim Suhr & Jim Salter
Associated Press, La Presse - 14 aot 2014
http://www.lapresse.ca/international/etats-unis/201408/13/01-4791618-jeune-noir-abattu-nouvelle-nuit-de-tensions-a-ferguson.php
FERGUSON (USA) - La ville de Ferguson (Missouri) a connu une nouvelle nuit de tensions au cours de laquelle la police a dû faire usage de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants qui dénoncent la mort d'un jeune Noir tué par un policier samedi. Hier soir, certains manifestants marchaient avec les mains en l'air lorsqu'ils se sont confrontés aux policiers. D'autres tenaient des pancartes demandant des réponses à la mort de Michael Brown. Le slogan le plus populaire scandé par les protestataires était: « Hands up ! Don't Shoot ! » (« Les mains en l'air ! Ne tirez pas ! »). Selon les chaînes de télévision américaines, la police anti-émeutes est intervenue sur le site d'une station essence incendiée où les manifestants s'étaient rassemblés dans cette ville de la banlieue de Saint-Louis. Alors qu'un jeune homme avait été grièvement blessé la nuit précédente, aucun blessé n'a été rapporté cette fois-ci.
La ville a connu sa 5e nuit de tensions consécutive et les images montraient d'épais nuages de fumée à travers lesquels couraient les manifestants. Les forces de l'ordre ont également fait usage de grenades assourdissantes, selon le journal St. Louis Post-Dispatch. « Nous ne sommes pas des chiens, pourquoi donc avez-vous ces bâtons ? », a lancé un manifestant aux policiers, selon le journal. En marge de ces événements la police avait arrêté mercredi deux journalistes, Wesley Lowery, reporter au service politique du Washington Post, et Ryan Reilly, du Huffington Post, alors qu'ils se trouvaient dans un restaurant McDonalds de la ville. Ils ont ensuite été relâchés sans avoir été inculpés, a raconté M. Lowery sur son compte Twitter.
Très tôt mercredi matin, un jeune homme armé avait été grièvement blessé non loin du site des manifestations qui ont suivi la mort, samedi, de Michael Brown, 18 ans, tué par un policier alors qu'il était désarmé. Selon la police du comté de Saint-Louis citée par les médias locaux, le jeune homme blessé mercredi, âgé de 19 ans, faisait partie d'un groupe d'une trentaine de personnes qui se sont dispersées à l'arrivée de la police, alertée par un coup de téléphone. Il a brandi une arme et l'a pointée en direction d'un policier, qui a tiré à plusieurs reprises.
La tension n'est pas retombée depuis les émeutes et pillages qui ont suivi la mort de Michael Brown samedi dans des circonstances controversées. Les versions du drame demeurent contradictoires. La police a affirmé que l'incident est survenu après qu'un agent eut rencontré Michael Brown et un autre homme dans la rue. Selon les autorités, un des deux hommes aurait poussé le policier dans un véhicule, l'aurait agressé et tenter de lui voler son arme. Au moins, un coup de feu a été tiré à l'intérieur de l'automobile. La bagarre s'est poursuivie dans la rue où Brown a été atteint par plusieurs balles. Au cours de conférence de presse initiale, la police n'a pas précisé si Brown était la personne impliquée dans l'escarmouche et a refusé de clarifier sa version des événements. Mercredi, M. Jackson a affirmé que le policier souffrait de plusieurs blessures au visage. Dorian Johnson, qui dit être celui qui accompagnait Michael Brown au moment du drame, et un autre témoin ont tous dit que M. Brown avait les mains en l'air quand le policier l'a abattu.
USA : Violents affrontements à Ferguson
Secours rouge - 14 aot 2014
http://www.secoursrouge.org/USA-Violents-affrontements-a
La petite ville de Ferguson dans le Missouri est occupée par des milliers de policiers militarisés suite au meurtre raciste d’un jeune adolescent noir par un policier. Les autorités américaines ont réagi très violemment et très rapidement en déployant un arsenal anti-émeute inouï: police anti-émeute du comté de Saint-Louis, police anti-émeute de la réserve fédérale, équipes de SWAT fédéraux et leurs renforts. Gaz lacrymogènes, fusils à balles en caoutchouc et LRAD sont utilisés massivement par la police anti-émeute et les équipes du SWAT.
Au moins deux manifestants ont été blessées par des balles réelles, une équipe d’Al-Jazeera a dû abandonner sa voiture et son matériel noyés sous les gaz lacrymogènes, le KKK local récolte des fonds pour soutenir le policier qui a assassiné Mike Brown, la police du compté de Saint-Louis a tiré à l’aide de riot-guns automatiques sur des manifestants qui avaient les mains en l’air, plusieurs photos en provenance des manifestations montrent différentes esquades de police pointé des mitraillettes sur des manifestants désarmés...
Le procureur a refusé de donner le moindre détail sur le policier meurtrier alors que le moindre détail concernant un émeutier est immédiatement diffusé dans les journaux. Une opération Anonymous a publié sur le net les noms et adresses de tous les officiers de police de Ferguson.
Michael Brown serait-il mort s’il n’avait pas été Noir ?
par Yanik Dumont Baron
Radio Canada - 12 aot 2014
http://blogues.radio-canada.ca/correspondants/2014/08/12/ne-me-tirez-pas-dessus/
Michael Brown est devenu un symbole. Rapidement. Un symbole de ce gros non-dit américain, de ce racisme qui s’infiltre un peu partout. Le nom du jeune Noir de 18 ans est déjà passé à l’histoire. Pas pour ce qu’il a fait, mais à cause de ce qu’un autre lui a fait. Un mort dans la controverse, l’indignation, la colère.
Peu de faits sont connus. La victime est noire, sans arme. Le policier est probablement blanc (il appartient à un corps policier où seulement 3 des 53 policiers sont afro-américains). Il a tiré plusieurs balles. Pour le reste, ce ne sont que des suppositions. Mais pour bien des Américains, ces quelques faits suffisent. Michael Brown est devenu un autre symbole de cette tension que les États-Unis cherchent trop souvent à masquer. Une tension qui refait surface périodiquement. Le mot-clic #MikeBrown est devenu une cause. Il permet de dénoncer le profilage racial, l’abus policier. La ferveur alimente des émeutes et des discussions. Les médias sont aussi pris à partie. Prenez le troublant #IfTheyGunnedMeDown, qui dénonce les images stéréotypées des jeunes Noirs, véhiculées par les médias.
La colère est telle que les autorités refusent toujours d’identifier le policier qui a tué Michael Brown. Des menaces de mort ont été faites, explique le chef de la police de Ferguson, Tom Jackson. « Si on dit qu’il s’agit de cet agent, il devient immédiatement une cible. Nous prenons ces menaces de mort au sérieux ». « Savez-vous comme c’est difficile d’envoyer un jeune Noir à l’université ? » C’est la mère de Michael Brown qui pose cette question. Elle la crie plutôt de douleur. Et dans cette question, il y a d’autres griefs: les inégalités économiques, les difficultés des Noirs à gagner autant que les Blancs aux États-Unis. Même le choix de l’avocat retenu par les proches de Michael Brown signale quelque chose. Benjamin Crump a représenté la famille d’un autre jeune Noir assassiné, Trayvon Martin. Un nom aussi associé au profilage, aux idées reçues contre les tenues vestimentaires des Noirs. En parlant de ses nouveaux clients, Me Crump est allé droit au but: « Je ne veux pas raconter d’histoires. Leur bébé a été exécuté en plein jour. »
Les mots de l’avocat font référence à la conclusion que bien des Américains ont tirée. Michael Brown ne serait pas mort s’il n’avait pas été Noir. Au moins un témoin soutient qu’il avait les bras en l’air lorsque le policier a fait feu. Un geste universel qui signale qu’on se rend. Un geste qui est devenu le symbole d’une mort encore inexpliquée. « Ne me tirez pas dessus », scandent les manifestants au Missouri. Ceux qui réclament des réponses, comme ceux qui croient déjà les avoir trouvées. À votre avis, quelles questions méritent d’être éclaircies ?
Ferguson: Comment la police américaine s'est militarisée
par Jamelle Bouie
Traduit par Grégoire Fleurot
Slate - 14 aot 2014
http://www.slate.fr/story/90999/ferguson-police-americaine-militarisee
Pourquoi les images qui nous parviennent de Ferguson, dans le Missouri, ressemblent à des photos prises sur un champ de bataille. Les photos les plus frappantes de Ferguson, dans le Missouri, ne sont pas celles des manifestations de samedi ou des émeutes de dimanche soir; ce sont celles de la police. Les images montrent des policiers en gilet pare-balles avec des casques et habillés en tenue de camouflage, armés de pistolets, de fusils à pompes, de fusils automatiques et de gaz lacrymogène. Sur l'une des photos, des manifestants sont nez-à-nez avec des policiers anti-émeute qui brandissent leurs bâtons et sur une autre, un homme non-armé fait face à plusieurs policiers qui le tiennent tous en joue avec leurs fusils.
La police de Ferguson a même utilisé des véhicules blindés pour montrer ses muscles et contrôler les foules. Sur une des photos, des policiers anti-émeute se tiennent devant un véhicule blindé anti-mines, aboyant des ordres et lançant des gaz lacrymogènes sur un groupe de manifestants et de journalistes. Ces images seraient moins étonnantes si Ferguson était une zone de guerre ou si les manifestants étaient violents, même s'il est difficile d'imaginer une situation où la police américaine aurait besoin d'utiliser un véhicule blindé protégé contre les mines. Mais à part un épisode de pillage, la police de Ferguson n'est pas particulièrement menacée. Pourtant, elle traite les manifestants, et de manière générale les habitants de Ferguson, comme une population sous occupation et non comme des citoyens à protéger.
Dans son livre The Rise of the Warrior Cop (« l'avènement du policier-guerrier »), le journaliste Radley Balko souligne que depuis les années 1960, « les agences de maintien de l'ordre à travers les Etats-Unis et à tous les niveaux de gouvernement ont brouillé les frontières entre policier et soldat. Sous l'impulsion de la rhétorique martiale et de la disponibilité d'équipements de style militaire, des baïonnettes aux fusils M-16 en passant par des véhicules de transport blindés, les forces de police américaines ont souvent opté pour un état d'esprit jusqu'ici réservé au champ de bataille ».
Ce processus s'est accéléré avec la « guerre contre la drogue » des années 1980 et 1990, quand le gouvernement fédéral a fourni aux polices locales et d'Etat des armes militaires pour lutter contre le trafic de drogue et d'autres crimes. Et il s'est encore accéléré après les attentats du 11-Septembre et les guerres en Irak et en Afghanistan, quand le gouvernement fédéral avait à disposition des milliards de dollars d'équipement en surplus, et les a envoyés aux gouvernements locaux et aux Etats américains.
Selon le New York Times, les départements de police ont acquis depuis 2006 435 véhicules blindés, 533 avions, 93.763 mitrailleuses et 432 véhicules blindés avec protection contre les mines. En tout, depuis que le Congrès a établi son programme pour transférer le matériel militaire, les sections de police locales et d'Etat ont reçu 4,3 milliards de dollars d'équipement. Résultat, la valeur des équipements militaires utilisés par les agences de police est passé d'un million de dollars en 1990 à 324 millions de dollars en 1995 (peu après la mise en place du programme) et à près de 450 millions de dollars en 2013.
Alors que les crimes sont tombés à leur niveau le plus bas depuis des décennies, les départements de police acquièrent toujours plus de matériel et trouvent toujours plus de raisons d'utiliser les unités SWAT [NDT l'équivalent du Raid ou du GIPN en France] et d'autres techniques musclées sans tenir compte de la situation. Selon un rapport de l'Union américaine des libertés civiles (ACLU) publié l'été dernier, 79 % des déploiements de SWAT entre 2011 et 2012 étaient pour des mandats de perquisition, une réaction incroyablement excessive qui a eu des conséquences désastreuses en termes de blessés et de morts. C'est ce qui s'est passé pour Aiyana Stanley-Jones, qui a été tuée pendant un raid d'une unité SWAT de la police de Detroit. Munis d'un mandat de perquisition pour un des occupants de la maison, la police de Detroit a chargé avec des grenades à effet de choc et des boucliers pare-balles. Quand un des résidents a essayé d'attraper l'arme d'un des policiers, une balle est partie, tuant Aiyana. Elle avait 7 ans.
Si vous connaissez un tout petit peu les inégalités raciales du système de justice criminelle, vous ne serez pas surpris d'apprendre que les déploiements de SWAT sont utilisés de manière disproportionnée dans les quartiers noirs et hispaniques. Selon ACLU, 50 % de ceux qui ont été concernés par les déploiements de SWAT étaient des noirs ou des hispaniques. Parmi ces déploiements, 68 % concernaient des fouilles de drogue. Et une part importante des fouilles de drogue (60 %) ont impliqué des techniques violentes pour forcer l'entrée, ce qui a entraîné de manière logique des blessures et des morts absurdes et évitables.
Le fait que la police soit si impatiente d'utiliser ses nouvelles armes et ses nouveaux véhicules n'est pas une surprise. Comme le souligne le New York Times: « L'omniprésence des équipes SWAT a changé non seulement l'apparence de leurs membres, mais aussi la manière dont les départements se voient eux-mêmes. Les vidéos de recrutement montrent des policiers prendre d'assaut des maisons avec des grenades fumigènes et en faisant feu avec des armes automatiques ». Pour faire simple, quand vous donnez des jouets à quelqu'un, il faut vous attendre à ce qu'il joue avec.
Voilà comment on en arrive à des images comme celles de Ferguson, où les policiers brandissent des armes lourdes et agissent comme une force d'occupation. On devrait s'y attendre quand on donne à la police des armes militaires. Il y a déjà une vieille culture d'agressivité et de politique punitive en ce qui concerne les quartiers à dominante noire ou hispanique. Rajoutez-y des armes d'assaut et des véhicules blindés, et vous avez la recette parfaite pour obtenir les réactions violentes et répressives que l'on voit à Ferguson, et qui sont sans doute inévitables dans d'innombrables autres quartiers pauvres des Etats-Unis.
EDIT (15 août 2014)
Retour au calme à Ferguson, la police se joint aux manifestants
AFP, France24 - 15 aot 2014
http://www.france24.com/fr/20140815-usa-ferguson-emeutes-calme-police-manifestants-racisme-brown-johnson-newyork/
Le calme est revenu, jeudi 14 août, à Ferguson, où des centaines de personnes ont défilé pacifiquement dans la soirée. Désigné par le gouverneur du Missouri pour remettre de l’ordre dans cette localité de la banlieue de Saint-Louis, le chef de la police de la route a pris la relève de la police locale aux méthodes controversées, puis s’est mêlé aux manifestants. (...) Le nouveau responsable des forces de l'ordre, le capitaine Ron Johnson, un Noir originaire de Ferguson, a rejoint les premiers rangs de la manifestation et donné l'ordre aux policiers de ne pas porter de masques à gaz. "Nous sommes tous là, ensemble [...] Nous ne sommes pas là pour avoir peur, pour intimider", a déclaré Ron Johnson au "Washington Post". Sur CNN, l’officier a ensuite expliqué sa présence dans le défilé en soulignant qu'il "était avant tout un être humain [...] Et un jeune homme a perdu la vie. Donc je partage le chagrin de cette famille."
Dans l'après-midi, le gouverneur du Missouri, Jay Nixon, s’était, pour la première fois depuis le début des manifestations, rendu à Ferguson, ville de 21.000 habitants majoritairement afro-américaine mais dont la police est surtout blanche. "Maintenant, ça ressemble à une zone de guerre et ce n'est pas acceptable. Nous allons devoir nous serrer les coudes pour rebâtir la confiance et aider cette communauté à retrouver son équilibre", avait-il déclaré en mandatant Ron Johnson, le chef de la police de la route du Missouri, police qui, aux États-Unis, dépend de chaque État fédéré. Il est venu prendre la relève d'une police locale dont les interventions avaient été très critiquées, déployant des moyens que l'on associe plus à une zone de guerre qu'à une opération de maintien de l'ordre dans une bourgade américaine.
Les policiers du comté étaient pour partie vêtus de treillis militaires camouflés, casques lourds sur la tête, engoncés dans de lourds gilets pare balles et armés de fusil d'assaut. L'image d'un tireur d'élite en treillis militaire qui vise la foule avec son fusil à lunette, juché sur un véhicule blindé, a fait le tour des réseaux sociaux, très mobilisés en faveur des manifestants, pour dénoncer cette démonstration de force. En milieu de journée, le président Barack Obama avait lancé un appel au calme et demandé à la police locale de faire preuve de retenue, la mettant en garde contre "un usage excessif de la force lors de manifestations pacifiques". (...)
À New York, plusieurs centaines de personnes ont également défilé jeudi contre la brutalité policière. Les manifestants, pour la plupart jeunes et noirs, protestaient contre la mort de Michael Brown mais aussi contre celle, à New York le mois dernier, d'un père de famille noir violemment plaqué à terre par des policiers, et décédé d'une crise cardiaque. Plusieurs des manifestants new-yorkais, dont certains étaient déjà venus manifester après la mort de Trayvon Martin, jeune Noir tué en 2012 par un voisin en Floride, ont réclamé la démission du chef de la police de New York, William Bratton, et la condamnation des policiers impliqués.
EDIT (16 août 2014) Des magasins ont été pillés après que la police ait révélé les accusations de vol (une boîte de cigarillos valant 48,99 $)
Confusion autour du décès d'un adolescent noir dans le Missouri
par Ellen Wulfhorst et Nick Carey
Reuters - 16 aot 2014
http://fr.reuters.com/article/topNews/idFRKBN0GF1IM20140816
FERGUSON (Missouri) - Les indications données par la police vendredi autour de la mort de Michael Brown, cet adolescent noir abattu samedi dernier par un policier à Ferguson dans le Missouri alors qu'il n'était pas armé, ont suscité plus de questions que de réponses. Lors d'une première conférence de presse, la police de Ferguson, dans le Missouri, a identifié Darren Wilson, 28 ans, comme étant le policier qui a tiré. Elle a aussi indiqué que l'adolescent Michael Brown, 18 ans, était soupçonné d'un vol de cigares dans un magasin. Puis, la relation entre la mort de l'adolescent et ce vol de cigares est devenue moins claire quand, plus de cinq heures après les premières informations données, la police a déclaré que le policer Darren Wilson ne savait pas que Michael Brown était soupçonné de vol. Il voulait simplement que l'adolescent, qui marchait au milieu de la rue et bloquait la circulation, monte sur le trottoir, a déclaré le chef de la police de Ferguson, Tom Jackson. Visiblement nerveux, il bégayait en fourrageant dans ses notes.
La décision de la police, de publier l'information sur le vol tout en gardant le secret sur les circonstances précises de la mort du jeune homme n'a fait qu'ajouter à la confusion. Malgré tout, la tension a semblé moindre vendredi soir à Ferguson lors des manifestations de protestation qui avaient lieu pour la sixième soirée de suite. Alors que deux jours auparavant, la police tirait encore avec des balles de caoutchouc sur les manifestants, le mouvement de vendredi a pris parfois des allures de pique-nique.
Antony Gray, un des avocats de la famille Brown, a estimé que l'histoire du vol était une manière pour la police de faire diversion et que la véritable question était de savoir pourquoi le policier Darren Wilson avait tiré sur un jeune homme non armé qui levait les mains en l'air pour montrer qu'il se rendait, selon le récit de deux témoins. (...) Selon la version de la police, celle-ci a reçu un appel à propos du vol et d'une altercation qui a suivi avec un employé à 11h51 le 9 août. Une description du suspect a été diffusée aux policiers de service par radio. Le policier Darren Wilson a abandonné un précédent appel auquel il avait répondu et c'est alors qu'il est tombé sur Michael Brown à 12h01. Trois minutes plus tard, Darren Wilson blessait mortellement Michael Brown.
Dans un récit précédent, la police avait indiqué que Michael Brown était parvenu jusqu'à la voiture de patrouille et s'était battu avec le policier Darren Wilson avant que l'officier ne sorte son arme de service et ne tire sur l'adolescent à de multiples reprises. Darren Wilson avait été blessé au visage et avait reçu des soins à l'hôpital. Mais Dorian Johnson, l'ami de l'adolescent, qui se trouvait avec lui ce jour-là, ainsi qu'un autre témoin, ont dit que le jeune homme tentait de s'éloigner du policier qui avait tenté de l'attraper après lui avoir dit de sortir de la rue et de monter sur le trottoir. Michael Brown a alors levé les mains mais s'est fait néanmoins tirer dessus, ont-ils raconté. La police a reconnu que le corps de Michael Brown était à une dizaine de mètres de la voiture de police quand il est mort et que de nombreuses douilles avaient été retrouvées sur les lieux.
EDIT (21 août 2014)
Jeune Noir tué dans le Missouri: Une vidéo fait douter de la légitimité de l'action policière
Le Monde - 21 aot 2014
http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2014/08/21/jeune-noir-tue-dans-le-missouri-une-video-fait-douter-de-la-legitimite-de-l-action-policiere_4474746_3222.html#xtor=AL-32280515
Un jeune homme s'agite en criant « Tirez-moi dessus, tirez-moi dessus », deux policiers sortent de leur voiture et lui tirent dessus. Il tombe sur le trottoir, les agents continuent à faire feu, une dizaine de fois. La scène s'est produite mardi matin 19 août à Saint-Louis, dans le Missouri. Elle intervient quelques jours après la mort de Michael Brown, abattu le 9 août par un policier dans la ville voisine de Ferguson, qui a provoqué 10 jours d'émeutes et l'intervention de la garde nationale, sur fond de tensions raciales.
Mais, alors que la version de la police avait été vivement contestée dans l'affaire Michael Brown – dont l'autopsie montre qu'il a été abattu sans s'être défendu –, le département de la police métropolitaine de Saint-Louis a cette fois joué rapidement la transparence pour éviter de déclencher de nouvelles émeutes, en diffusant les vidéos et les enregistrements des circonstances du décès de Kajieme Powell. Des images violentes que l'on peut voir sur YouTube.
Peu avant le drame, le jeune homme, âgé de 25 ans, vole des canettes de boisson et un donut dans une supérette, comme le montrent des images de vidéosurveillance diffusées sur le site Mashable. Le gérant appelle la police, en indiquant que le suspect est armé d'un couteau. Dionne Flores, gérante d'un salon de beauté et alderman (équivalent d'un conseiller municipal) du quartier, remarque aussi le comportement erratique du jeune homme et fait un signalement, selon Saint Louis Public Radio. D'autres témoins cités par Riverfront Times affirment que Kajieme Powell souffrait de troubles mentaux.
Dans une vidéo prise par un témoin avec un téléphone portable, on voit le jeune homme poser ses deux canettes vides par terre et attendre l'arrivée des policiers, la main droite dissimulée dans son sweat-shirt. A leur arrivée, ils lui demandent de jeter son couteau. Le jeune homme refuse de s'exécuter, s'avance vers les policiers, crie « Tirez-moi dessus », fait quelques pas pour s'éloigner et se retourne. C'est à ce moment que les policiers, situés à 3 ou 4 mètres de lui, ouvrent le feu en rafale. La scène est rapide: seule une vingtaine de secondes sépare l'arrivée des policiers de la mort du jeune homme. Après l'avoir abattu, les officiers attendent plusieurs secondes avant de lui porter secours.
« C'était excessif. S'il avait un couteau, ils auraient pu lui tirer dans le pied, ou lui asséner un coup de Taser. Ils n'avaient pas besoin de le tuer », a réagi Doris Davis, une femme qui a assisté à la scène, citée par The Guardian. La police a expliqué que le sweat-shirt du jeune homme empêchait l'usage du Taser, mais les images montrent que son vêtement était largement ouvert sur la poitrine. La publication par les forces de l'ordre de ces vidéos, censée signifier l'effort de transparence de la police de Saint-Louis, pourrait au contraire renforcer les interrogations sur la brutalité de cette actio : beaucoup de commentateurs, comme le journaliste Ezra Klein, sur Vox, semblent en effet douter, au visionnage de la vidéo, que le jeune homme représentait une menace pour les policiers au moment où il a été tué.
L'annonce de la mort de Kajieme Powell a été prétexte à des manifestations mardi soir à l'endroit où le jeune homme a été tué. A Ferguson, la nuit de mercredi à jeudi a été plus calme, après la visite sur place du ministre de la justice, Eric Holder.