Le Monde d'Antigone

Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
syndicats et toute forme de gestion et de pouvoir.
Rassembler des foules sous un même drapeau
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dont l'obsession de l'argent entraine l'humanité
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Date de création : 10.03.2011
Dernière mise à jour : 08.09.2025
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Le flux des migrants en Méditerranée ne cesse de croître

Publié le 04/05/2014 à 07:56 par monde-antigone


Des migrants, il en arrive des centaines par jour sur les côtes de Sicile, 10 fois plus que l'année dernière à la même époque, plus de 22.000 pour les 4 permiers mois de l'année, d'après les autorités italiennes. Il y en aurait encore des centaines de milliers sur les routes ou attendant que l'occasion se présente d'embarquer sur un rafiot plein à ras bord.
Ils sont originaires du Moyen-Orient (Syrie, Irak, Afghanistan), de la Corne de l'Afrique (Somalie, Erythrée, Ethiopie) ou d'Afrique (Libye, Nigéria, RDC, Mali, Sénégal...). Leur exode désespéré témoigne de la déliquescence du monde et de la barbarie capitaliste. Ils fuient la misère, la guerre, les massacres. Ils risquent leur vie pour aller vers ce qu'ils croient être l'eldorado européen. Finalement, au terme parfois d'un périple long et périlleux, on les parquera dans des camps, avant de les renvoyer là d'où ils sont venus.
La forteresse européenne relèvent ses grillages à Melilla, construit un mur à la frontière bulgare, mobilise sa marine au large de la Sicile, mais rien ne les dissuade de chercher à passer. Les frontières de l'Empire romain, elles-mêmes, n'ont pas tenu éternellement... Les frontières sont dérisoires.

[J'empile les brèves au rythme de l'arrivée des bateaux qui s'est nettement accéléré depuis la fin du mois de mars. Ce topic est une compilation des dernières semaines. J'éditerai la suite au fur et à mesure. Il y a un autre topic pour Melilla et Ceuta.].


Italie: Plus d’un millier de clandestins secourus et transférés vers des ports du sud en 24h
MAP, Menara - 02 mai 2014
http://www.menara.ma/fr/2014/05/02/1147951-italie-plus-d%E2%80%99un-millier-de-clandestins-secourus-et-transf%C3%A9r%C3%A9s-vers-des-ports-du-sud-en-24-h-presse.html


ROME - Un navire transportant 358 migrants secourus au large de la Sicile est arrivé vendredi au port de Palerme, chef-lieu de cette région, ce qui porte à plus d’un millier le nombre des clandestins transférés en 24 heures vers des ports du sud de la péninsule, rapporte la presse italienne. Parmi les migrants transbordés sur le navire de la marine militaire italienne "Libra" et transportés vers le port de Palerme figurent 291 hommes, 43 femmes et 24 mineurs non accompagnés, précise-t-on de même source. Deux autres navires transportant près de 700 clandestins, dont plusieurs mineurs et femmes enceintes, étaient arrivés jeudi à Messine et à Trapani (Sicile), a-t-on ajouté, précisant que les migrants secourus sont originaires principalement de l'Erythrée, l'Ethiopie, le Mali, le Nigeria, la Syrie et la Tunisie. (...)


Soudan: 300 migrants abandonnés dans le désert
AFP, La Presse - 30 avr 2014
http://www.lapresse.ca/international/afrique/201404/30/01-4762370-soudan-300-migrants-abandonnes-dans-le-desert.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B13b_afrique_289_section_POS3


Plus de 300 migrants clandestins ont été abandonnés par leurs passeurs en plein désert entre le Soudan et la Libye, où 10 d'entre eux ont trouvé la mort, a annoncé mercredi l'armée soudanaise. « Ils étaient en route pour la Libye en tant que migrants clandestins », a expliqué à l'AFP Sawarmi Khaled Saad, un porte-parole de l'armée. « Les passeurs les ont laissés dans le désert » à la frontière. Les 10 morts sont 6 Soudanais, 2 Éthiopiens, un Érythréen, et une personne dont la nationalité est inconnue, a indiqué Abdelaziz Hassan Salih, un responsable du ministère soudanais des Affaires étrangères cité par l'agence officielle SUNA. Les survivants « ont faim et soif », a-t-il souligné. Un gang se livrant au trafic d'êtres humains « leur a ordonné de descendre de leurs véhicules », a ajouté M. Salih. Les passeurs abandonnent souvent les migrants après avoir reçu l'argent demandé.

Sur le site internet du ministère de la Défense, M. Saad a fait état d'un total de 319 migrants retrouvés lors d'une opération menée conjointement par des soldats soudanais et libyens. Les survivants sont notamment des Éthiopiens, des Érythréens, des Pakistanais et des Bangladais, a-t-il précisé. Les survivants « sont en mauvaise santé. Ils reçoivent actuellement des soins et sont en cours de transfert vers Dongola », à 500 km au nord-ouest de Khartoum, a-t-il expliqué sur le site. (...)

La région désertique s'étendant de l'est du Soudan à travers l'Egypte jusqu'à la péninsule du Sinaï est un des axes principaux de trafic de réfugiés et migrants africains en quête d'un avenir meilleur. Des milliers d'Érythréens fuient chaque année en direction d'Israël, tandis que d'autres cherchent à gagner l'Europe en traversant la Méditerranée. Selon les chiffres officiels soudanais, quelque 600 Érythréens par mois parviennent à gagner le Soudan. « La majorité d'entre eux veulent poursuivre la route », selon une source proche du dossier.

En février, l'organisation Human Rights Watch a dénoncé une connivence entre des officiers des services soudanais de sécurité et des trafiquants accusés de torturer des migrants érythréens et de les détenir pour obtenir une rançon. (...) Pour les migrants qui sont à la merci de ces trafiquants, le voyage à travers le désert et parfois plusieurs mers est périlleux. Mais les candidats au départ sont toujours plus nombreux. Selon le Conseil italien des réfugiés (CIR), 22.000 migrants ont débarqué sur les côtes italiennes depuis le début de l'année, soit 10 fois plus que sur la même période de 2013.


Polémique sur le coût de l'opération Mare Nostrum
ATS, 20minutes - 23 avr 2014
http://www.20min.ch/ro/news/monde/story/13115009


(...) Au cours des 48 dernières heures, 1.149 migrants ont été débarqués dans les ports siciliens par la marine italienne, en coopération avec les gardes-côte locaux et des navires marchands. Depuis le début de l'année, près de 22.000 migrants et réfugiés sont arrivés par bateau sur les côtes italiennes, soit 10 fois plus que sur la même période de 2013, d'après les autorités.

Selon les médias italiens, le gouvernement a déjà dépensé 60 millions d'euros pour "Mare Nostrum", dont le coût est estimé à 9 millions par mois. L'opération avait été lancée par le gouvernement d'Enrico Letta à l'automne dernier, après deux naufrages dans lesquels avaient péri au moins 400 migrants et réfugiés. En moyenne, 5 navires militaires avec leurs hélicoptères et plus de 900 marins et officiers participent quotidiennement à l'opération. Des partis politiques ont réclamé son arrêt en raison de son coût énorme pour l'Italie.(...)

Maurizio Gaspari, de l'aile droite du parti Forza Italia, considère qu'il s'agit d'une opération "démentielle et coûteuse, à suspendre vu que nous en sommes arrivés à une vraie farce avec les passeurs qui annoncent le départ des bateaux pour déclencher l'intervention des secours". Au début d'avril, le ministre de l'Intérieur Angelino Alfano avait lancé un appel à l'Union européenne pour qu'elle aide davantage l'Italie face à l'afflux de migrants. Il avait évalué entre 300.000 et 600.000 le nombre de candidats à l'émigration, prêts à embarquer depuis les côtes libyennes à destination de l'Europe.


La Libye confrontée à une vague d'immigrants clandestins
par Essam Mohamed
Magharebia – 15 avr 2014
http://magharebia.com/fr/articles/awi/features/2014/04/15/feature-02


TRIPOLI - Les forces navales libyennes ont, la semaine dernière, intercepté des centaines de migrants africains clandestins qui se trouvaient à bord de bateaux en partance pour l'Europe. 47 harragas originaires du Niger, du Ghana et du Sénégal, parmi lesquels 5 femmes, ont été secourus jeudi dernier, le 10 avril, par un remorqueur du champ pétrolier offshore d'al-Bouri, à quelque 100 miles nautiques de la côte, a indiqué Mohamed al-Bati, vice-président des opérations maritimes du port de Tripoli. L'une de ces femmes était enceinte.

Al-Bati a souligné que les autorités disposaient d'informations préalables concernant trois bateaux qui tentaient de partir pour l'Europe depuis la Libye, plus précisément depuis Qarbuli, un faubourg situé à l'est de Tripoli. "Nous les avons recherchés, mais ne les avons pas trouvés", a-t-il expliqué, soulignant que le gang de trafiquants qui les avait pris en charge avait navigué vers le champ pétrolier offshore d'al-Bouri pour tenter de faire croire à ces migrants qu'ils avaient atteint les rives de Malte ou d'une autre ville lorsqu'ils avaient aperçu les lumières de la plateforme. Il a ajouté qu'ils manquaient des moyens nécessaires et qu'ils effectuaient généralement ces passages en utilisant des bateaux de pêche. "Par suite des meilleures conditions en mer, nous pourrions nous retrouver face à une recrudescence des Zodiacs utilisés pour le trafic d'êtres humains", estime-t-il.

A Tajoura, à Tripoli, les garde-côte ont intercepté jeudi 108 migrants clandestins originaires de différents pays africains, embarqués sur l'une de ces embarcations en caoutchouc, notamment 12 femmes, a précisé le porte-parole de la Marine libyenne, le colonel Ayub Gacem. Mercredi matin, la Marine a appréhendé deux Zodiacs chargés de quelque 218 clandestins africains, dont 35 femmes pour la plupart enceintes, et 3 enfants. L'un de ces bateaux intercepté par le bâtiment Ibn Ouaf au nord de Qarbuli transportait à son bord 118 clandestins. Ils ont été emmenés à la base navale de Tripoli en attendant leur transfert vers un abri réservé aux migrants avant d'être renvoyés vers leurs pays d'origine, a indiqué une source militaire de la base.

"Il est tout simplement incroyable de voir autant de femmes, pour la plupart enceintes et avec des enfants, arriver ici en l'espace de deux jours", a indiqué le militant social Abdallah Busaifi, 37 ans. "Nous devons faire appel à des cadres techniques pour gérer de telles situations, et j'espère que l'Union européenne nous apportera son concours pour traiter cette situation humanitaire". Pour sa part, Youssef Bin Mahmoud, négociant en matériaux de construction, explique que de nombreux travailleurs viennent en Libye pour y passer un certain temps, notamment en hiver. "L'été venu, ils embarquent sur des bateaux pour partir vers l'Europe après avoir fait quelques économies, parce que les salaires sont élevés en Libye par suite de la situation du pays", explique-t-il.

Pour le journaliste Miftah Belaid, il n'existe aucune opération de sécurité ni de renseignement dans le pays destinée à stopper ces vagues de migrants africains qui choisissent la Libye par suite de la porosité de ses frontières. "Ils perçoivent des salaires élevés, bien qu'ils ne soient pas nombreux", souligne-t-il. "Je pense que nous devrions passer des accords avec l'Europe pour développer et réhabiliter la Marine libyenne et l'équiper de bâtiments et de bateaux pour surveiller les déplacements de ces migrants clandestins".

Ibrahim Bin Amer, ingénieur dans le secteur pétrolier, appelle quant à lui à conclure des accords frontaliers avec les pays voisins pour mettre un coup d'arrêt aux prochaines vagues de migrants africains. Il exprime également sa crainte face à des flux de migrants pouvant souffrir de maladies et face à des criminels potentiels impliqués dans les réseaux de trafic et de stupéfiants qui pourraient se trouver parmi eux. Laila al-Tarhouni, vendeuse, explique que les migrants parviennent à entrer en Libye grâce à la coopération entre les gangs agissant à l'intérieur et à l'extérieur du pays. "Je pense que tout cela est planifié à l'avance", explique-t-elle. "Il est facile pour eux de venir, et il y a également des mains et de l'argent cachés qui facilitent ces mouvements; c'est un marché noir destructeur pour la Libye".


Des milliers de migrants secourus en 48 heures
AFP, 20minutes - 09 avr 2014
http://www.20min.ch/ro/news/monde/story/Des-milliers-de-migrants-secourus-en-48-heures-24479105


ROME - Quelque 4.000 migrants ont été secourus en 48 heures par l'Italie et plus de 15.000 depuis le début de l'année, a affirmé mercredi le ministre italien de l'Intérieur Angelino Alfano. Les débarquements ne s'arrêtent pas et l'urgence est de plus en plus criante: deux navires marchands sont en train de secourir deux bateaux avec à bord 300 et 361 personnes. Il semble qu'il y ait au moins un cadavre à bord, a ajouté le ministre au GR1, le journal de la radio publique Rai Uno. L'Italie est sous une pression migratoire très forte qui arrive de Libye, a-t-il poursuivi.

Selon lui, entre 300 et 600.000 migrants seraient prêts à embarquer depuis la Libye pour atteindre l'Europe. C'est une estimation par défaut, qui a été confirmée par le commissaire (européen aux Affaires intérieures) Cecilia Malmström, a-t-il assuré. "L'Europe doit prendre en main la situation. Elle ne peut pas dire que, en ayant donné 80 millions d'euros à Frontex (NDLR: l'agence de surveillance des frontières européennes), elle a résolu le problème", a-t-il argué. "Nous, depuis octobre nous avons sauvé des milliers de vies. Il y a des marchands de mort qui gagnent de l'argent sur ces trafics et lancent des alertes de secours seulement 30 ou 40 miles après avoir quitté les côtes libyennes, a-t-il poursuivi.

Le gouvernement italien a lancé à l'automne dernier l'opération Mare Nostrum, qui lui permet de porter secours aux réfugiés en détresse alors qu'ils tentent de regagner l'Europe par la mer. L'opération avait été lancée après deux naufrages dramatiques qui avaient fait plus de 400 morts début octobre près de la petite île sicilienne de Lampedusa et Malte.


90 migrants secourus près de Malte, près de 4.500 arrivés en trois jours en Sicile
AFP, Romandie news - 21 mar 2014
http://www.romandie.com/news/n/_90_migrants_secourus_pres_de_Malte_pres_de_4500_arrives_en_trois_jours_en_Sicile75210320141318.asp


LA VALETTE - 90 migrants en route vers la Sicile ont été secourus jeudi par la marine maltaise, alors que selon l'OIM, les arrivées s'accélèrent avec près de 4.500 immigrés et demandeurs d'asile ayant débarqué ces trois derniers jours en Sicile. Le groupe d'immigrés avait lancé un appel de détresse, alors que l'embarcation se trouvait au large de l'île de Gozo dans la zone de surveillance qui relève de Malte, ont indiqué les forces armées maltaises. Ils ont pu être transbordés sur des bateaux qui les ont amenés à Malte. Cinq femmes à bord avaient besoin d'assistance médicale. Selon un porte-parole du ministère de l'Intérieur maltais, la majorité des migrants provenaient de Somalie. Un bon nombre sont des adolescents.

Les navires de la marine italienne ont secouru ces derniers jours au sud de la Sicile plus de 3.000 migrants en provenance des côtes nord-africaines, dans le cadre de l'opération Mare Nostrum, lancée à l'automne dernier. Selon l'Organisation internationale des migrations (OIM), en 3 jours, ce sont au total 4.457 migrants et réfugiés qui ont débarqué en Sicile. Et une dizaine d'autres bateaux ont été détectés dans le Canal de Sicile, a indiqué l'OIM dans un communiqué.

Les embarcations arrivent de Libye. L'OIM a des équipes sur place avec le HCR, Save the children positionnés à Augusta, Pozzallo et Porto Empedocle pour assister et conseiller juridiquement les migrants, a indiqué José Angel Oropeza, directeur du bureau de coordination de l'OIM à Rome. Il a précisé que les milliers de migrants arrivés ces derniers jours provenaient de divers pays dont l'Erythrée, le Nigeria, la Syrie, le Mali, la Gambie, la Guinée Bissau et le Sénégal. Il s'agit souvent de familles.

En raison d'une météo clémente et de la situation anarchique régnant en Libye, les départs depuis les côtes de ce pays se sont multipliés ces dernières semaines. Depuis le début de l'année, 10.000 migrants ont débarqué sur les côtes italiennes: plus de 10 fois plus que sur la même période de 2013 (900), selon le Conseil italien des réfugiés (CIR). M. Oropeza a dit craindre que l'instabilité en Libye puisse se traduire par un nombre croissant d'arrivées de migrants et demandeurs d'asile dans les prochaines semaines.


J'ajoute deux articles que j'avais mis de côté il y a 6 mois:


La Libye redevient la plaque tournante du trafic de migrants africains
par Thierry Portes
Le Figaro - 04 oct 2013
http://www.lefigaro.fr/international/2013/10/04/01003-20131004ARTFIG00564-la-libye-redevient-la-plaque-tournante-du-trafic-de-migrants-africains.php


Ancien guide touristique dans le désert du Sud libyen, Ahmed ne voit plus aujourd'hui passer que des migrants venus d'Afrique noire dans sa ville de Sebah. « Il y en a énormément et ils sont de plus en plus nombreux », affirmait-il vendredi au téléphone. « Ils rentrent comme ils veulent », ajoutait Ahmed. « Qui peut les arrêter ? Le gouvernement de Tripoli ne fait rien pour le Sud libyen. Ici, il n'y a pas de force de sécurité pour garder la frontière, et il n'y a pas de travail, rien à faire… »

Dans cette Libye sans État où les milices armées font la loi, le trafic des clandestins, parmi ceux des armes et de la drogue, est en pleine expansion. Ce pays est devenu l'ultime point de passage sur le continent africain pour des milliers de pauvres hères rêvant de gagner l'Europe. N'ayant plus d'argent pour payer les passeurs, ou ayant été rançonnés par ces derniers, certains demeurent coincés à Tripoli ou Benghazi. Les centres pour immigrés clandestins étant saturés, la capitale libyenne a même réquisitionné son zoo, vidé de ses animaux et fermé depuis la révolution ! On peut y croiser les migrants qui n'ont pu embarquer sur des navigations de fortune à destination des côtes italiennes de l'île de Lampedusa, des Pouilles ou de la Calabre.

La route migratoire qui partait de l'Afrique vers l'île portugaise des Açores et celle qui traversait le Maroc ou l'Algérie à destination de l'Espagne sont aujourd'hui beaucoup moins fréquentées, les contrôles ayant été renforcés. C'est donc vers la Libye que converge maintenant l'essentiel de l'émigration clandestine africaine. Se retrouvent dans ce pays les Subsahariens venus de l'ouest de l'Afrique et ceux qui fuient la Corne de l'Afrique. C'est cette dernière filière, « la route de la Méditerranée centrale », comme l'appellent les spécialistes, qui aujourd'hui convoie le plus d'immigrés clandestins vers l'Europe. Entre janvier et septembre 2013, l'agence veillant sur les frontières extérieures de l'Europe (Frontex) a enregistré pas moins de 31.500 migrants clandestins sur les côtes italiennes. Ils étaient environ 10.000 en 2012.

Izabella Cooper, qui travaille pour Frontex, a retracé le chemin de ces migrants qui, fuyant la dictature d'Érythrée et la misère de Somalie, passent par le Soudan, puis soit par l'Égypte, soit par le Tchad, pour gagner la Libye. Pendant des années, affirme Izabella Cooper, la route de la Méditerranée centrale a été une importante porte d'entrée en Europe. En 2008, 4.000 migrants ont été enregistrés, pour la plupart sur les îles de Malte et de Lampedusa. En 2009, un accord entre l'Italie et la Libye a fait baisser la pression migratoire. Mais celle-ci est repartie de plus belle lors du printemps arabe de 2011. Cette année-là, 60.000 migrants environ ont fui la Tunisie et la Libye.

Avec la chute du régime de Kadhafi et la chasse aux Africains noirs de peau (les rebelles libyens les accusaient fallacieusement d'avoir soutenu la dictature), l'immigration clandestine a baissé, pour atteindre moins de 10.000 personnes en 2012. « Mais aujourd'hui, constate Izabella Cooper, la pression migratoire des derniers mois est comparable à celle de 2011 ».


Les routes de la mort de l'immigration clandestine
par Christophe Chiclet  et Benjamin Leclercq
MyEurop - 11 oct 2013
http://fr.myeurop.info/2013/10/11/les-routes-de-la-mort-de-l-immigration-clandestine-12371


Dictatures, révolutions sanglantes, misère, autant de raisons pour des centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants de tenter par tous les moyens de rejoindre l'Europe au péril de leur vie. Enquête sur ces routes de la mort.


Le trafic d’êtres humains rapporte chaque année 5 milliards d’euros aux mafias selon Interpol, soit leur troisième revenu après ceux liés à la drogue et aux armes. Ces nouveaux négriers sans foi ni loi ne reculent devant rien pour s’enrichir sur le sang des plus pauvres. Entre janvier 1993 et mars 2012, les polices, les douaniers, les marines et autres, ont comptabilisé 16.264 morts aux frontières de l’Europe. Mais c’est sans compter sur un nombre très important de disparus dont la mer n’a jamais rendu les cadavres.

Le nombre de victimes augmente chaque année. En 1995, le cap des 200 morts est franchi, 400 en 1998, 600 en 2.000, 800 en 2002, 1.300 en 2003, 2.000 en 2006 et 2011. Une accalmie dans ce tragique et macabre décompte: 200 morts comptabilisés "seulement" en 2010. Depuis 2012, les chiffres sont à nouveau à la hausse après les révoltes et violences en Tunisie, Libye, Egypte et Syrie et l’augmentation des départs de citoyens de ces pays. Mais avec plus de 300 morts (le chiffre n'est pas définitif) lors de la dernière tragédie de Lampedusa, 2013 devrait être une année noire.

Chaque année, ils sont des centaines à mourir noyés au large des côtes africaines (Atlantique et Méditerranée) et turques, sans compter ceux qui sont asphyxiés dans les camions des passeurs entre Calais et Douvres, au nord de la Grèce, au sud de l’Espagne et de l’Italie. Sans oublier également ceux qui meurent de faim et de froid, qui sautent sur des mines, qui se suicident dans les centres de rétention à la veille de leurs renvois, et les manques de soins, les homicides entre différents groupes ethniques…

Mais ces chiffres ne reflètent que partiellement l'ampleur de l'hécatombe. Ils proviennent de Frontex - la police des frontières de l'UE -, des ministères de l’intérieur des pays de l’UE et des ONG. Les plus fiables sont celles de l’UNHCR - Agence des Nations Unies pour les réfugiés. Ils ne prennent évidemment pas en compte les corps des morts disparus, ni ceux des vivants qui sont passés entre les mailles des filets des services des douanes, des gardes-côtes, de la police et de la gendarmerie. Cette augmentation du nombre de morts est aussi attribuable au durcissement des politiques migratoires des pays de l’UE et au recul du droit d’asile. Ainsi, les migrants prennent de plus en plus de risques pour passer les frontières.

Pourtant la majorité des clandestins arrivent finalement en Europe, preuve de l’inefficacité des dispositifs - très coûteux - du contrôle des frontières. Ainsi Frontex a dépensé des millions d’euros pour installer des systèmes de surveillance aux frontières gréco-turco-bulgare, tout comme l’Espagne qui a construit un triple barrage de grillage barbelé autour des ses deux enclaves au Maroc, Ceuta et Melilla.

Les itinéraires vers l'Europe les plus meurtriers sont:
La Méditerranée centrale, des côtes de la Tunisie et de la Libye à destination de Lampedusa, de Malte, de la Sardaigne, de la Sicile et de la Calabre. Cette route de migration est la plus meurtrière avec 6000 morts de 1993 à 2012.
Les côtes atlantiques du Maroc et de la Mauritanie en direction des îles Canaries espagnoles avec 2425 morts recensés en 2012.
Le terrible détroit de Gibraltar arrive en troisième position, entre les côtes marocaines et ses deux enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, à destination du sud de l’Espagne avec 2425 morts de 1993 à 2012.
A quasi-égalité, les passages du détroit d’Otrante entre les côtes occidentales de la Grèce et de l’Albanie vers les Pouilles italiennes avec plus de 850 morts de 1993 à 2012.
La mer Egée entre les côtes turques et les îles grecques avec 200 morts, toujours de 1993 à 2012.

Il existe des zones peu connues mais également dangereuses: au large de Chypre et au passage du fleuve Evros entre la Turquie d’Europe et la Thrace occidentale grecque. En effet, cette frontière a toujours été militarisée et les deux rives du fleuve minées. Autres points délicats: le passage des rivières entre la Bosnie et la Croatie, entre la Serbie et la Croatie et entre la Pologne et l’Allemagne sur l’Oder-Neisse. Enfin, la frontière entre la Turquie et l’Irak. Quant aux suicides dans les camps de rétention, ils sont les plus nombreux en Allemagne, en Grande Bretagne et aux Pays-Bas.


Les routes africano-maghrebines - De l’Afrique de l’Ouest à l’Afrique de l’Est, du Sénégal à l’Ethiopie, de la Guinée à la Somalie, en passant par le Ghana, le Nigéria, les Congo, etc, il s’agit là de rejoindre l’UE par tous les moyens. Du Sénégal au Bénin, nombre de clandestins rejoignent la Mauritanie et le sud du Maroc pour tenter de passer dans les îles Canaries. Les autres préfèrent traverser le Sahel, passer par le Burkina, le Mali, le Niger, puis le Sahara algérien, tunisien, libyen ou remonter vers le nord Maroc.

Auparavant les passeurs étaient des Touaregs qui historiquement n’appréciaient guère les Africains noirs. Mais depuis une dizaine d’années ce sont les djihadistes chassés d’Algérie et autres islamistes membres de la nébuleuse d’Al Qaïda (comme Aqmi, Al-Qaida au Maghreb islamique) qui organisent les passages. Ils abandonnent les clandestins dans les ports marocains, tunisiens ou libyens sans aucune ressource. Ils attendent alors un hypothétique passage de l’autre côté de la Méditerranée pendant des mois, voire des années, faisant des petits boulots pour survivre. Quant aux Erythréens, Ethiopiens, Somaliens, ils rejoignent la Libye via le Soudan, le Tchad et le sud de l’Egypte.


Les routes du Moyen-Orient - Du Pakistan, d’Afghanistan, d’Iran, des Kurdistan, d’Irak, de Turquie et désormais de Syrie, nombre de personnes fuient la pauvreté et les guerres civiles. Pour rejoindre l’UE, ils prennent la voie orientale: Chypre, Turquie, Grèce, Bulgarie, puis la route des Balkans. Arrivés sur les côtes égéennes de la Turquie, les migrants ont trois possibilités: passer par îles grecques, traverser le fleuve Evros ou rejoindre la Bulgarie par les villages au sud du grand poste frontière de Kapitan Andréevo.

Le principal point de passage se situe dans l’archipel du Dodécanèse. Presque chaque jour quelques dizaines d’émigrés posent leurs pieds dans les îles de Symi, Tilos, Nissiros, Kos, Kalimnos, Leros, Patmos, voire plus au nord, à Samos, Hios ou Lesbos. Dans le Dodécanèse, tous les clandestins, de nationalités multiples, viennent de Turquie. Ils passent sur différents types de bateaux, allant du petit bateau gonflable de plage pour deux-trois personnes maximum, aux gros caïques de 30 à 40 mètres de long. Les gros navires naviguent sous pavillon de complaisance, les petits sans rien ou avec un drapeau turc.

Pour les arrêter, les gardes-côtes grecs ont de puissants radars et travaillent étroitement avec leur marine nationale. Ils sont aussi aidés par les pêcheurs grecs locaux. Ces derniers sont aussi équipés de radars et leurs filets sont régulièrement déchirés par les bateaux des passeurs. Ils se font donc un malin plaisir de les renseigner.

Les migrants sont essentiellement des Afghans, des Iraniens, des Irakiens, des Kurdes et des Turcs. Les gros bateaux accostent au large du Pirée (principal port d'Athènes) ou directement dans les îles de Heptanèse, face à l’Italie. Certains passeurs utilisent des cigarettes-boat (vedette ultra rapide, capable de semer les gardes côtes). Dans ce cas, le passeur utilise les migrants pour transporter de la drogue dans leurs maigres bagages.

Les autorités grecques arrêtent en moyenne une centaine de passeurs par an et 3 à 5.000 clandestins. Cela ne représenterait qu’au maximum 30 % des passages. En revanche, la justice grecque à la main lourde pour les passeurs: de 5 à 15 ans de prison. Les filières de passage de clandestins rapportent beaucoup d’argent, entre 1.500 et 4.000 $ par personne suivant l’origine et le lieu de destination. A l'arrivée en Grèce, trois routes sont possible: rejoindre le port de Patras dans l’ouest du Péloponnèse pour s’embarquer en direction de l’Italie en traversant le détroit d’Otrante, ou rejoindre le port d’Igoumenitsa en face de Corfou et rejoindre les Pouilles. Autre possibilité: aller à Salonique et traverser l’ex-Yougoslavie.

Les passeurs turcs, roumains et libanais achètent de vieux rafiots au Liban, en Turquie, à Chypre et au Libéria. Ils prennent un pavillon de complaisance et changent le nom du navire. Ils peuvent embarquer de 500 à 1000 clandestins. Ils passent alors au large de la Crète pour rejoindre l’Adriatique ou la Méditerranée occidentale.


Les routes de l'Asie et de l'Eurasie - Les Chinois, les Indiens et les Pakistanais traversent la Russie pour rejoindre ensuite les Balkans ou la Pologne. Ceux qui veulent rejoindre les pays scandinaves s’orientent vers les pays Baltes. Le prix du passage des Chinois se négocie en années de travail sans solde. Ces nouveaux esclaves vont ainsi travailler gratuitement dans des ateliers clandestins à Paris ou ailleurs pendant un an, voir plus, pour payer les passeurs.

Les Caucasiens (Arméniens, Géorgiens) passent par la Grèce ou par la Russie. Les Azéris préfèrent la voie turque. Les peuples du nord Caucase (Tchétchènes, Ingouches…) traversent la Russie. Quant aux Moldaves, ils ont résolu leur problème. En effet, une loi roumaine donne la nationalité aux Moldaves qui ont un ancêtre roumain. En Moldavie, en dehors des Gagaouzes (Turcs chrétiens) et des Slaves de Transnistrie, tous les Moldaves roumanophones peuvent se targuer de racines roumaines. Ils sont donc de facto des citoyens de l’UE, tout comme les Roms de Bulgarie, Roumanie, Slovaquie, Croatie. Mais pour tous les migrants clandestins qui ne sont pas morts aux portes de l'Europe, le bout de ces routes de l'enfer est toujours le même, vivre dans des pays qui les rejettent dans des conditions misérables.


EDIT (5 mai 2014) 


22 migrants morts noyés au large de la Grèce
Le Monde, avec AFP et AP - 05 mai 2014
http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/05/05/vingt-deux-migrants-morts-noyes-au-large-de-la-grece_4411771_3224.html


Au moins 22 migrants sont morts noyés dans le naufrage de deux bateaux en mer Egée, selon les gardes-côtes grecs. Les corps de 18 victimes — 4 enfants, 12 femmes et 6 hommes — ont été découverts en milieu de journée. Plus tôt, 4 autres corps avaient été retrouvés en mer lors des recherches. 36 survivants ont pu être secourus. Les deux embarcations, un yacht de 10 mètres et un canot de 2 mètres, à bord desquelles 60 à 75 migrants de nationalités inconnues avaient embarqué en Turquie pour tenter de gagner la Grèce ont coulé près de l'île grecque de Samos pour des raisons encore indéterminées.

Les drames liés à la migration clandestine sont fréquents au large de la Grèce. A la mi-novembre 2013, 12 migrants, dont 4 enfants, avaient trouvé la mort dans des circonstances similaires en mer Egée. A la fin de janvier, les gardes-côtes avaient refoulé un navire de migrants, dont 11 des passagers ont péri en mer. Selon un récent rapport d'Amnesty International, 188 personnes, adultes et enfants, se sont noyées ou ont disparu en mer Egée entre août 2012 et mars 2014.

La Grèce est l'un des principaux points d'entrée dans l'Union européenne pour les migrants qui fuient la guerre et la misère dans des pays d'Afrique, du Moyen-Orient ou du sous-continent indien. Les îles de la mer Egée sont empruntées par les passeurs pour échapper aux contrôles renforcés le long des frontières de l'Europe avec la Turquie.

11/05/2014 >> Nouveau naufrage au large de la Libye. Au moins 78 morts ou disparus originaires d'Afrique. D'après le porte-parole de la Marine libyenne, la coque de l'embarcation s'est brisée sous le poids des passagers, peu de temps après avoir quitté la plage d'embarquement de Garabulli.
 
12/05/2014 >> Encore un naufrage ! Un bateau transportant environ 400 migrants a coulé ce matin dans les eaux internationales à 160 km au sud de l'île de Lampedusa. Les bâtiments de la force navale qui ont été dépêchés vers le lieu du naufrage n'ont pu sauver que 206 personnes.


EDIT (31 mai 2014)


La marine italienne secourt 3.000 migrants en 24 heures
AFP, Romandie news - 31 mai 2014
http://www.romandie.com/news/La-marine-italienne-secourt-3000-migrants-en-24-heures/483335.rom


La marine italienne a annoncé samedi avoir secouru en 24 heures près de 3.000 migrants qui tentaient la dangereuse traversée de la Méditerranée en bateau. Environ 1.300 ont été secourus samedi dans le cadre d'une opération importante destinée à sauver les vies de milliers d'immigrants qui sont à bord d'embarcations de fortune surchargées. Et vendredi, des bateaux de la Marine se sont portés au secours de 1.443 personnes, et de 200 migrants dont 264 mineurs et 56 femmes près de l'Île de Lampedusa. (...)

Selon l'agence européenne spécialisée Frontex, il y a eu une hausse significative du nombre de migrants passant d'Afrique du Nord en Italie au cours des derniers mois. Le nombre de Libyens augmente en raison des bonnes conditions météo et de l'aggravation des problèmes de sécurité dans le pays. Des centaines de migrants arrivent en Italie quasi quotidiennement, dont des demandeurs d'asile d'Erythrée, Somalie et Syrie. Ils sont pour la plupart interceptés par la Marine italienne.

Près de 40.000 migrants ont débarqué sur les côtes italiennes pendant les 5 premiers mois de 2014, avait annoncé mercredi le ministre italien de l'Intérieur, Angelino Alfano. L'année 2013 avait vu l'arrivée de 43.000 migrants en Italie. Ce chiffre devrait donc être dépassé dès le 1er semestre 2014.

05/06/2014 >> La Marine italienne annonce avoir secouru en 24 heures quelque 2.500 migrants, la plupart originaires d'Erythrée et de Syrie, à bord de 17 bateaux qui tentaient de traverser la Méditerranée. Le nombre de tentatives augmente avec le beau temps.

07/06/2014 >> Plus d'un millier de migrants (1177) répartis dans 4 bateaux reçoivent le secours des garde-côtes italiens et la Marine maltaise au large de Lampedusa et de Malte.


EDIT (9 juin 2014)


Vaste opération en Méditerranée à l'approche de 25 embarcations de Libye
AFP, 20 minutes - 08 jun 2014
http://www.20minutes.fr/monde/libye/1396209-20140608-immigration-vaste-operation-mediterranee-a-approche-25-embarcations-libye


Une vaste opération était en cours dimanche par des navires maltais, italiens et américains pour surveiller l'approche de 25 embarcations chargées d'immigrés [2.000, la plupart sont syriens, afghans, somaliens, erythéens, soudanais, libyens, ndc], parties des côtes libyennes, et qui a permis de sauver dans la nuit 130 immigrés. Selon un communiqué publié à La Valette qui l'annonce, « les Forces armées maltaises (AFM) contribuent activement à l'une des opérations de recherche et de secours les plus importantes qui aient été organisées en Méditerranée au cours des dernières années ». Elle implique des bâtiments de la Marine militaire et des garde-côtes italiens, des navires de guerre américains, tous les navires marchands croisant dans la zone, ainsi que trois patrouilleurs et un avion maltais. 25 embarcations chargées d'immigrés ont été repérées et sont surveillées en continu. Cette flottille de barques est aussi surveillée par les radars des garde-côtes italiens à partir de la Sicile.

Des milliers de personnes, dont beaucoup de femmes et d'enfants, ont été secourues ou escortées ces derniers jours et nuits dans le canal de Sicile jusqu'aux côtes. Samedi, Malte avait indiqué que le navire américain USS Bataan avait participé aux secours. Selon des données des services de secours italiens, le nombre d'immigrés ayant débarqué en Italie depuis le début de l'année a dépassé les 50.000.


EDIT (20 juin 2014)


9.000 mineurs ont débarqué par mer en Italie
AFP, Le Devoir - 20 jun 2014
http://www.ledevoir.com/international/actualites-internationales/411601/depuis-debut-2014-9000-mineurs-ont-debarque-par-mer-en-italie


3.160 mineurs voyageant sans famille sont arrivés en Italie, principalement sur les côtes de Calabre et de Sicile, entre le 1er janvier et le 17 juin, selon l’ONG. Au total, 9.000 enfants et adolescents de moins de 18 ans ont débarqué de bateaux de fortune que les passeurs sans scrupule proposent pour la traversée, souvent à partir des côtes libyennes. Save The Children a révélé qu’une majorité des enfants accompagnés sur ces bateaux, la plupart d’âge très jeune — en moyenne 5 ans —, étaient syriens. Certains arrivent en Italie après de longues odyssées, avec des étapes en Libye, où ils ont été exposés aux « persécutions, vols, menaces et violences ». L’ONG cite le cas d’un bateau arrivé récemment, où, sur 488 migrants à bord, 171 étaient des mineurs, dont 141 étaient des petites filles et des petits garçons syriens voyageant avec un de leurs parents.

La plupart des familles syriennes qui débarquent en Italie « sont de la classe moyenne, des hommes d’affaires, des commerçants, des agriculteurs » qui ont quitté la Syrie il y a un an ou deux, transitant souvent par le Liban et l’Égypte au prix d’un voyage très onéreux « dans des conditions précaires ». « En Libye, nous avons été maltraités, ils nous ont dit de partir [...] Nous avons décidé de nous en aller et de mourir en mer plutôt que de continuer à vivre l’enfer », a témoigné Nadia, 15 ans, originaires de Homs.

Le sort des mineurs non accompagnés inquiète particulièrement les organisations humanitaires, notamment catholiques. La crainte de ces ONG est qu’ils tombent dans les griffes des mafias et soient victimes de trafics, notamment celui d’organes. Début juin, l’ONG avait estimé qu’un tiers des mineurs enregistrés à leur arrivée en Italie disparaissaient dans la nature. Le commissaire italien pour les disparus, Vittorio Piscitelli, avait affirmé en avril que les mineurs manquant à l’appel « pouvaient tomber entre les mains de trafiquants, ou de groupes pédophiles. Et nous ne devons pas occulter la pratique abominable du trafic d’organes ». Raffaele Milano, directeur de programme de Save the Children Italy, a estimé qu’« une solution devait être trouvée pour éviter que d’autres enfants non accompagnés quittent les centres d’accueil, devenant invisibles et s’exposant au risque de l’exploitation et de la violence ».


30/06/2014 >> Les garde-côtes et la marine italienne rapportent qu'une trentaine de cadavres ont été trouvés sur un bateau de migrants la nuit dernière dans le Canal de Sicile. La marine a annoncé avoir secouru 1.654 migrants et réfugiés répartis sur 7 embarcations, bateaux de pêche et canots de fortune pendant le weekend. Des "experts" font remarquer que les navires militaires italiens opèrent de plus en plus loin au large se rapprochant des côtes libyennes, ce qui alimente le flux des départs. Selon les autorités, plus de 60.000 migrants et réfugiés ont débarqué dans le sud de l'Italie depuis le début de l'année.

21/08/2014 >> Quelque 170 Africains ont disparu en mer à une soixantaine de kilomètres au large de Tripoli. Il semble que les victimes soient originaires de Somalie ou d'Erythrée. Jeudi 20, 74 migrants originaires du Bangladesh, du Ghana, du Nigeria, du Togo et du Libéria, partis de Libye, ont été secourus par des pêcheurs tunisiens après avoir erré 5 jours en mer. Les passeurs profitent du relâchement de la surveillance des côtes libyennes pour proposer aux migrants de traverser la Méditerranée. Des centaines de migrants sont interceptés quotidiennement par les autorités italiennes. Près de 80.000 auraient déjà accosté en Italie cette année.


EDIT (15 septembre 2014)


Méditerranée: Jusqu'à 500 migrants disparus dans un naufrage
AFP, 20minutes - 15 sep 2014
http://www.20min.ch/ro/news/monde/story/Jusqu-a-500-migrants-disparus-dans-un-naufrage-28045782


ROME - Jusqu'à 500 migrants sont portés disparus après que leur embarcation de fortune eut coulé la semaine dernière en Méditerranée, a annoncé lundi l'Organisation internationale des migrations (OIM). Deux Palestiniens repêchés jeudi près de Malte par un porte-conteneurs panaméen (bien: panaméen) ont rapporté qu'il y avait environ 500 personnes à bord et que les passeurs avaient volontairement provoqué le naufrage, a expliqué l'OIM. Les autorités italiennes ont ouvert une enquête, mais si ces informations sont confirmées, il s'agirait du naufrage le plus grave de ces dernières années, d'autant plus qu'il ne s'agirait pas d'un accident mais d'un homicide de masse, a dénoncé l'organisation.

Déposés samedi par le porte-conteneurs à Pozzallo, dans le sud de la Sicile, les deux jeunes hommes, interrogés séparément, ont raconté être partis de Damietta, en Egypte, avec environ 500 autres personnes - Syriens, Palestiniens, Egyptiens et Soudanais. Selon le récit de ces deux Palestiniens de Gaza, les passeurs ont plusieurs fois obligé les clandestins à changer d'embarcation et mercredi, ils leur ont demandé de sauter sur un bateau plus petit et apparemment plus précaire. Quand les passagers se sont rebellés, les passeurs, qui se trouvaient sur un autre bateau, ont embouti la poupe de l'embarcation des migrants, qui a coulé. Les deux Palestiniens ont été repêchés un jour et demi plus tard. Neuf autres survivants ont été secourus par des navires grecs ou maltais, mais il semble que tous les autres aient péri, a déclaré à l'AFP Flavio Di Giacomo, porte-parole de l'OIM en Italie.