Le Monde d'Antigone

Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
syndicats et toute forme de gestion et de pouvoir.
Rassembler des foules sous un même drapeau
trouve toujours son origine dans une imposture.
Seule une révolution mettra fin à un système
dont l'obsession de l'argent entraine l'humanité
vers la catastrophe.

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Dernière mise à jour : 16.12.2025
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Ecosystèmes en péril (2013-2014)

Publié le 18/03/2014 à 17:58 par monde-antigone


Compilation de brèves des 9 derniers mois, la plupart déjà postées.


L'apocalypse annoncée, 18/03/2014
Le littoral de la Louisiane disparaît si vite que les cartes ne peuvent pas suivre, 05/03/2014
Planète: Etrangeté globale, 11/01/2014
La Californie décrète l'état d'urgence à cause de la sécheresse, 18/01/2014
Détection d'un nouveau gaz à effet de serre hautement résistant, 10/12/2013
Quatre nouveaux gaz nocifs pour la couche d'ozone détectés dans l'atmosphère, 10/03/2014
Plus un arbre est vieux, plus il absorbe du CO2, 20/01/2014
Peak Water, quand l’urbanisation met l’eau en danger, 29/08/2013
La disparition des grands carnivores menace l'écosystème, 12/01/2014
Des chercheurs identifient 78 sites "irremplaçables" pour les espèces, 16/11/2013
Une Arche de Noé moderne pour sauver les espèces menacées, 28/08/2013
Les loutres de mer au secours d'un estuaire menacé par des algues, 27/08/2013
Le sous-sol des grands fonds marins regorge de vie microscopique, 12/06/2013
Un ver apparu en Europe menace la biodiversité, 05/03/2014


L'apocalypse annoncée
The Independent, rapporté par Courrier international - 18 mar 2014
http://www.courrierinternational.com/article/2014/03/18/l-apocalypse-annoncee


Dans un rapport fuité de l'ONU, les experts du changement climatique annoncent des situations catastrophiques pour l'humanité, rapporte The Independent. "Changement climatique: la prédiction officielle de la damnation", titre The Independent, se référant à une version non-définitive d'un rapport du Giec, le Groupe d'experts international sur l'évolution du climat, dont le quotidien a pris connaissance. Le rapport, qui devrait être publié à la fin du mois de mars, prévoit que d'ici la fin du siècle la montée des eaux générée par le changement climatique obligera "des centaines de millions de personnes à se déplacer suite aux inondations le long des côtes et suite aux pertes de terres".

Le réchauffement de la planète générera également des manques d'aliments. Il réduira les récoltes de 2 % tous les 10 ans tout au long du siècle, tandis que la demande d'aliments enregistrera une forte hausse, de 14 % par décennie jusqu'en 2050. En outre, le rapport nous met en garde contre la multiplication de canicules, d'incendies, et de maladies liées à l'alimentation et à la qualité de l'eau. En termes de sécurité, le changement climatique s'annonce aussi catastrophique.

On peut s'attendre à "un risque accru de conflits violents comme des guerres civiles, des violences entre groupes, et des protestations violentes, étant donné que la pauvreté et les chocs économiques, les facteurs qui traditionnellement alimentent ce type de conflits, seront exacerbés", explique le journal. Pour l'économie, le changement climatique générera des pertes qui se chiffrent en milliards de dollars. Une augmentation de la température moyenne à 2.5 C° au-dessus du niveau pré-industriel pourrait mener à un rétrécissement mondial entre 0,2 et 2 %, selon les avertissements du rapport. 


Le littoral de la Louisiane disparaît si vite que les cartes ne peuvent pas suivre
Par Andréa Fradin
Slate - le 05 mar 2014
http://www.slate.fr/monde/84189/patrimoine-climat-louisiane


Le changement climatique n'est pas simplement une projection futuriste: il imprime désormais les territoires et les différents modes de vie à travers la planète. Le site The Atlantic rapporte par exemple qu'il devient de plus en plus difficile de cartographier la Louisiane, son bayou et ses marécages, qui ne cessent de disparaître et d'évoluer à vitesse grand V.

Le sud de cet Etat américain qui borde le Golfe du Mexique et qui est draîné par le Mississippi, est en effet constellé de zones entre terre et eau. Or, « aujourd'hui, les îles, les criques et les baies qui définissaient dans le passé la côte de Paroisse Plaquemine [presqu'île à l'est de la Louisiane] ont commencé à fusionner », écrit The Atlantic. Et à un rythme infernal, à en croire le directeur local du Projet de restauration du Delta du Mississippi mené par la National Wildlife Federation, David Muth, interrogé par le site américain: « Chaque année, cette partie de la côte perd plus de 41 km2 de terre ».

Une perte particulièrement visible entre 1990 et aujourd'hui, comme le montre parfaitement les cartes de 1990 à de nos jours extraites des analyses de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) et publiée par The Atlantic. Et encore, pas sûr que la carte censée refleter la situation actuelle illustre fidèlement l'érosion de la Louisiane. Tout simplement parce que le phénomène est bien trop rapide, comme le souligne encore David Muth: « Parfois vous naviguez [en Louisiane], l'eau va avoir près d'un mètre de profondeur, et le GPS vous indique que vous êtes sur la terre. Les cartes officielles tentent de suivre la situation, mais la disparition des terres est tellement rapide dans certaines parties de la côte que personne ne peut suivre. Il y a certains bouts de territoires là-bas qui reculent de 6, 9, 12 mètres par an ». (...)


Planète: Etrangeté globale
par Stéphane Foucart
Le Monde - 11 jan 2014
http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/01/10/etrangete-globale_4346214_3244.html


Chronique Il fait froid. Il fait très froid. L'Amérique est pétrifiée par une descente inédite d'air polaire qui congèle à peu près tout sur son passage. Dans l'autre hémisphère, c'est une joyeuse bande de touristes, de journalistes et de climatologues, partie sur un navire russe constater la fonte des glaces, qui se retrouve prisonnière de la banquise antarctique. Franchement… N'est-il pas grand temps de reconnaître que cette histoire de réchauffement n'est qu'une vaste blague ?

Pour comprendre pourquoi nous nous posons la question, il faut faire un saut dans le passé et revenir au milieu des années 1970.
Le 8 août 1975, dans Science, Wallace Broecker publie un article décisif. Si décisif qu'il forge encore la manière dont nous percevons les changements que nous affrontons aujourd'hui. Ce n'est pas rien. Et, fait notable, cela ne tient pas à une découverte : cela tient à deux mots. Deux mots réunis en une expression nouvelle, introduite dans le titre de l'article signé par le grand géochimiste de l'université Columbia. Voici ce titre : « Sommes-nous à la veille d'un réchauffement global prononcé ? » « Réchauffement global », on l'aura deviné, est l'expression nouvelle.

Elle a tant fait florès qu'elle nous semble aller de soi. Mais les choses ne sont pas si simples. Stricto sensu, ce qui se produit est un déséquilibre radiatif provoqué par les émissions humaines de gaz à effet de serre. Wallace Broecker aurait pu traduire cela par « perturbation », « dérèglement », « crise » ou – pourquoi pas ? – par « ensauvagement » climatique…

S'il a choisi « réchauffement », c'est en référence à l'augmentation de la quantité de chaleur introduite dans le système climatique. Pour le physicien, c'est l'évidence, mais pour le béotien ? « Cela sous-entend quelque chose de graduel, d'uniforme et de bénin, expliquait John Holdren, professeur de sciences de l'environnement à Harvard, dans une conférence donnée voilà quelques années. Ce que nous vivons n'est rien de cela. » Pour en donner la mesure, certains ont même proposé « cancer atmosphérique »…

L'expression « réchauffement global » n'est pas seulement un puissant anesthésique. Elle trompe notre perception du changement en réduisant celui-ci à une manifestation unique, la probabilité accrue de températures élevées. Et elle ne dit rien des effets majeurs du phénomène qu'elle prétend définir : montée et acidification des océans, bouleversement de la circulation atmosphérique et des précipitations, renforcement des régimes d'incendies, augmentation de la fréquence des cyclones les plus puissants…

Le climat ne va pas devenir uniformément plus chaud, partout, toujours et en toute saison. Il deviendra de plus en plus étrange. Des cyclones Sandy et Haiyan aux inondations bretonnes, en passant par le coup de froid américain et les caprices de la banquise antarctique, cette « étrangeté globale », si elle échappe à toute métrique, se confirme à peu près chaque semaine.


La Californie décrète l'état d'urgence à cause de la sécheresse
ATS, Romandie news - 18 jan 2014
http://www.romandie.com/news/n/La_Californie_decrete_l_etat_d_urgence_a_cause_de_la_secheresse80180120140517.asp


Le gouverneur de Californie a décrété vendredi l'état d'urgence en raison de la sécheresse qui frappe l'Etat américain, qui pourrait être la plus grave depuis un siècle. L'Etat américain souffre de son 3e hiver sec consécutif et le niveau de ses réservoirs d'eau est à un plus bas. L'instauration de l'état d'urgence permet à la Californie de bénéficier de l'aide du gouvernement fédéral pour combattre cette sécheresse, qui a transformé des hectares de forêts en petit bois prêt à s'embraser. Jeudi déjà, un incendie a ravagé une zone forestière en lisière de Los Angeles, entraînant l'évacuation de près de 900 maisons.

Le gouverneur de Californie Jerry Brown a appelé vendredi les habitants de l'Etat à diminuer leur consommation d'eau d'au moins 20 %: "L'on ne peut pas faire en sorte qu'il pleuve, mais nous pouvons être bien mieux préparés pour faire face aux terribles conséquences que la sécheresse en Californie peut entraîner, dont une diminution drastique de l'eau disponible pour nos fermiers et nos communautés, et un risque accru d'incendies dans les zones rurales et urbaines".

A San Francisco, le gouverneur a évoqué la possibilité que cette sécheresse soit "la pire enregistrée depuis environ 100 ans que les données sont conservées". "Les saisons des pluies 2012 et 2013 avaient été particulièrement sèches dans tout l'Etat", pointe le département des ressources en eau californien dans son dernier relevé sur la sécheresse. "La saison 2014 , qui a débuté le 1er octobre, part sur les mêmes bases. Les précipitations dans certaines zones de l'Etat s'approchent de l'année la plus sèche jamais enregistrée", ajoute-t-il. La moitié des précipitations de Californie tombe en général en décembre, janvier et février.


Détection d'un nouveau gaz à effet de serre hautement résistant
AFP, Le Monde - 10 dec 2013
http://www.lemonde.fr/planete/article/2013/12/10/un-nouveau-gaz-a-effet-de-serre-hautement-resistant_3528186_3244.html


Un nouveau gaz à effet de serre hautement résistant a été détecté dans l'atmosphère par des chercheurs de l'université de Toronto qui l'ont annoncé lundi 9 décembre. Le perfluorotributylamine (PFTBA) est un gaz artificiel, utilisé notamment dans la fabrication d'équipements électriques et électroniques. Selon les analyses des chercheurs des universitaires, le PFTBA a l'effet radiatif le plus puissant de tous les gaz que l'on retrouve dans l'atmosphère.

Le PFTBA n'a pas été répertorié jusqu'à présent dans la famille des gaz à effet de serre persistants, dont fait notamment partie le dioxyde de carbone (CO2), mais en comparaison, sur une période de 100 ans, son impact sur le réchauffement climatique est de loin supérieur au CO2, avancent ces chercheurs. Une seule molécule de PFTBA dans l'atmosphère a le même effet que 7.100 molécules de CO2, remarque notamment Cora Young, une chimiste de l'université de Toronto. De plus, ce gaz a une très longue durée de vie dans la basse atmosphère avant de se dissiper dans les couches les plus élevées et on ne connaît aucun agent capable de l'éliminer, affirment les cinq scientifiques responsables de cette étude. D'après cette étude publiée dans la revue Geophysical Research Letters, le PFTBA s'inscrirait dans une nouvelle classe de gaz effet de serre persistants. Ils préconisent une étude plus approfondie pour établir leur impact réel sur le climat.


Quatre nouveaux gaz nocifs pour la couche d'ozone détectés dans l'atmosphère
par Pierre Le Hir
Le Monde - 10 mar 2014
http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/03/10/quatre-nouveaux-gaz-nocifs-pour-la-couche-d-ozone-detectes-dans-l-atmosphere_4379482_3244.html


On les croyait bannis. Mais certains passent entre les mailles du filet. Quatre nouveaux gaz de la famille des composés chlorés, destructeurs de la couche d'ozone, viennent d'être détectés, pour la première fois, dans l'atmosphère. C'est ce que rapporte une étude internationale (Royaume-Uni, Allemagne, Australie, France, Pays-Bas et Suisse) publiée en ligne, dimanche 9 mars, par la revue Nature Geoscience. Ses auteurs, qui concluent à l'origine humaine de ces émissions, suspectent la production de pesticides et de solvants.
Ces résultats sont le fruit d'une minutieuse enquête menée dans les deux hémisphères. Les chercheurs ont analysé des échantillons d'air collectés depuis le milieu des années 1970 au cap Grim, à la pointe nord-ouest de la Tasmanie (Australie), une région exempte de source de pollution proche. Ils ont fait de même avec des échantillons d'air emprisonné dans la neige compactée de la calotte polaire du Groenland, à partir de carottages effectués dans le cadre du forage international North Greenland Eemian Ice Drilling (NEEM), associant 14 pays dont la France.

Au sud comme au nord, a été découverte la présence, dans les archives glaciaires et aériennes, de trois chlorofluorocarbures (CFC) et d'un hydrochlorofluorocarbure (HCFC) qui n'avaient jusqu'ici jamais été repérés. De plus, les modèles de transport des gaz dans la neige mis au point par deux laboratoires grenoblois (LGGE et GIPSA-lab, CNRS-Université Joseph-Fourier) montrent que ces composés étaient absents de l'atmosphère avant les années 1960. Ce qui « suggère qu'ils sont produits par les activités humaines », commente le premier auteur de l'étude, le Britannique Johannes Laube (Université d'East Anglia).

Les CFC, longtemps utilisés comme fluides réfrigérants, comme solvants ou dans les aérosols, ont été proscrits en raison de leur effet délétère sur l'ozone stratosphérique, qui protège la Terre des rayonnements ultraviolets: sans lui, la vie sur la planète serait impossible. Le protocole de Montréal, entré en vigueur en 1989 et ratifié par 196 pays, a progressivement réduit leur usage, totalement proscrit depuis 2010 à l'exception d'applications de niche, notamment médicales. Ces substances ont été remplacées par les HCFC, moins stables et donc moins destructeurs pour la couche d'ozone – mais à puissant effet de serre –, eux-mêmes en cours d'élimination au profit d'une nouvelle classe de produits, les hydrofluorocarbures (HFC), qui ne contiennent pas de chlore.

Comment, alors, les quatre gaz, tous visés par l'accord de Montréal, se retrouvent-ils dans l'atmosphère ? Pourquoi les concentrations de deux d'entre eux, loin de diminuer, n'ont-elles cessé d'augmenter depuis 1960, celle du HCFC nouvellement détecté bondissant de 45 % au cours des dernières années ?

Les auteurs notent que certains des gaz incriminés sont employés comme intermédiaires dans la production d'insecticides ainsi que dans celle des nouveaux HFC, ou encore qu'ils servent de solvants pour le nettoyage de composants électroniques. Les données publiques sur ces composés étant « extrêmement rares ou inexistantes », ajoutent-ils, « il ne peut pas être conclu » que leur présence dans l'atmosphère est imputable à ces fabrications chimiques, qui en sont néanmoins « des sources possibles ».

Pour en avoir le cœur net, les chercheurs préconisent donc de poursuivre les investigations et de « reconsidérer » la façon dont les industriels déclarent les gaz chlorés, dont les isomères (molécules de même formule brute mais d'agencement atomique différent) échappent au filtre du protocole de Montréal. Au total, calculent Johannes Laube et ses collègues, 74.000 tonnes de ces quatre gaz ont été émis au cours du demi-siècle écoulé. C'est peu, en comparaison du million de tonnes de CFC annuellement relâché dans les années 1980. Mais, souligne Patricia Martinerie, chercheuse au LGGE et cosignataire de l'étude, « ces composés sont détruits très lentement dans l'atmosphère, si bien que même si leurs émissions étaient stoppées immédiatement, ils resteront présents pendant plusieurs décennies ».


Plus un arbre est vieux, plus il absorbe du CO2
AFP, Sciences & Avenir - 20 jan 2014
http://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/20140116.AFP7764/plus-un-arbre-est-vieux-plus-il-absorbe-du-co2.html


Plus un arbre est vieux, plus il capture du dioxyde de carbone dans l'atmosphère pour continuer à croître, selon une étude publiée mercredi et portant sur l'impact des forêts sur le réchauffement climatique. Les résultats des travaux, publiés dans Nature, indiquent que sur plus de 400 types d'arbres étudiés, ce sont les spécimens les plus vieux et donc les plus grands de chaque espèce qui grandissent le plus vite et qui absorbent ainsi le plus de CO2.

Ces recherches contredisent le postulat selon lequel les vieux arbres contribueraient moins à la lutte contre le réchauffement climatique. "C'est comme si pour des humains, la croissance s'accélérait après l'adolescence au lieu de ralentir", a résumé à l'AFP Nathan Stephenson, l'un des auteurs. Les arbres absorbent le CO2 de l'atmosphère, le principal gaz à effet de serre, et le stockent dans leurs troncs, leurs branches et leurs feuilles. Les forêts jouent ainsi un rôle de puits de carbone, mais jusqu'à quel point elles ralentissent le réchauffement fait débat. "Nous savions déjà que les forêts anciennes stockaient plus de carbone que des forêts plus jeunes", explique Nathan Stephenson. Mais, poursuit-il, "les forêts anciennes ont des arbres de toutes tailles et il n'était pas clair lesquels grandissaient le plus vite, capturant ainsi le plus de dioxyde de carbone".

Cette étude apporte une réponse claire à cette question: "pour réduire le dioxyde de carbone présent dans l'atmosphère, c'est mieux d'avoir davantage de gros (et donc vieux, Ndlr) arbres", résume le chercheur. "Cette connaissance va nous permettre d'améliorer nos modèles pour prévoir comment les changements climatiques et les forêts interagissent", a souligné Nathan Stephenson. Près de 40 chercheurs ont participé à cette étude, qui a analysé des données remontant jusqu'à 80 ans en arrière et portant sur 670.000 arbres de 403 espèces différentes existant sur tous les continents.


Peak Water, quand l’urbanisation met l’eau en danger
par Cécile Chevré
La Chronique Agora - 29 aot 2013
http://la-chronique-agora.com/peak-water-urbanisation-eau-danger/


En 2030, la demande mondiale en eau douce sera supérieure de 40 % aux réserves fiables et accessibles. Les besoins en eau de la planète explosent du fait de l’augmentation de la population mondiale, de nos habitudes alimentaires, de nos modes de vie ou encore de l’intensification de nos activités économiques… et en même temps, l’approvisionnement et les ressources en eau douce et potable se font de plus en plus rares. A tel point que certains annoncent franchement le Peak Water, semblable au Peak Oil.

Alors que personne n’envisage un instant se passer d’eau, Etats, collectivités locales, chercheurs et entreprises travaillent à des solutions pour résoudre ce problème d’approvisionnement en eau douce. D’ici à 2025, les municipalités vont ainsi investir 480 milliards de dollars dans leur réseau de distribution d’eau. Encore une fois, les solutions aux grands enjeux mondiaux sont, pour nous, synonymes d’opportunités… mais j’y reviendrai très prochainement.

En attendant, voici quelques données sur ce problème de plus en plus crucial pour nos sociétés.
L’eau, une ressource très demandée. Les besoins en eau sont généralement analysés à la lumière des trois principaux utilisateurs:
L’agriculture: 70 % de la consommation mondiale d’eau douce.
L’industrie: 20 %.
Les ménages: 10 %.

En 1950, la consommation annuelle et mondiale d’eau douce atteignait 1 500 km3. Actuellement, elle est de 4 500 km3 et, d’ici 2050, elle dépassera les 6 300 km3. Plusieurs raisons à cela:
- Nous sommes de plus en plus nombreux (la population mondiale, je vous le rappelle, devrait passer de 6 à 9 milliards d’individus d’ici à 2050).
– Nous consommons de plus en plus d’eau, aussi bien individuellement “qu’à cause” du développement écono­mique — notamment dans les pays émergents.

Malgré l’apparente abondance d’eau sur Terre — l’eau douce et encore plus l’eau potable — sont des denrées rares. Un petit rappel de chiffres pour commencer: 97 % de l’eau de la planète est salée. Sur les 3 % qui sont potables, 2 % sont “inaccessibles” ou presque puisque sous forme de glace (banquises, glaciers…). Seul 1 % de l’eau de la planète est douce et liquide. Douce, ce qui ne veut pas dire potable car sous l’effet de la pollution, une partie de cette eau devient chaque année non-potable.

Ces dernières années se sont donc multipliées les craintes d’épuisement des ressources d’eau potable. 1,6 milliard d’individus, soit près d’un quart de la population mondiale, vivent déjà dans des pays en pénurie d’eau, c’est-à-dire dans lesquels la demande est supérieure aux réserves. La situation ne devrait pas s’améliorer puisqu’en 2030, c’est presque la moitié de l’humanité qui vivra dans des zones en pénurie d’eau.

Première conséquence de cette pénurie, la baisse inquiétante de la production dans les pays en situation de stress hydrique. L’exemple du Moyen-Orient est particulièrement parlant à ce sujet. Entre 2003 et 2009, sur une zone qui recouvre les bassins versants du Tigre et de l’Euphrate (une partie de la Turquie, de la Syrie, de l’Irak, l’Iran et l’Azerbaïdjan), la disparition d’eau a atteint 143,6 km3, le volume d’eau contenu dans la Mer Morte. Une perte qui est due à l’assèchement des sols et à l’évaporation des lacs, étangs et autres réservoirs — et surtout à la surexploitation des nappes phréatiques. Alors que la demande va augmenter, d’ici 2030, à 6 900 milliards de m3 par an, ces besoins seront supérieurs de 40 % aux ressources en eau prouvées et facilement accessibles.

L’urbanisation galopante joue aussi un rôle important dans cet accroissement de la demande en or bleu et en outre concentre toutes les grandes tendances qui contribuent à l’accroissement de la consommation mondiale en eau. Aujourd’hui, plus de la moitié des habitants de la planète (3,5 milliards d’individus) vivent en milieu urbain, un pourcentage qui bondira à 70 % d’ici 2050. Or qui dit ville dit utilisation importante d’eau puisque l’urbanisation (et encore plus l’accession à la classe moyenne) signifie souvent un meilleur confort et une meilleure hygiène qui passent par l’eau courante, l’installation de sanitaires, etc. A la consommation des particuliers s’ajoute celle des infrastructures publiques et des différents services offerts par les villes (hôpitaux, administrations, restaurants et commerce), et l’entretien et la mise en place de loisirs gourmands en eau (parcs, fontaines, piscines et bassins, etc.).

Les urbains consomment plus de tout: d’énergie (via les moyens de transports individuels ou collectifs, le chauffage ou la climatisation, les appareils électriques, etc.), de nourriture, de produits manufacturés, d’eau… Ainsi aux Etats-Unis, la consommation moyenne est de 400 litres par jour et par personne; elle est entre 100 et 200 litres en Europe et que de 20 à 60 litres dans les pays dans lesquels l’accès à l’eau courante est anecdotique. Vous l’aurez compris, l’équation est simple: la demande en eau explose, les ressources sont limitées et tendent même à se réduire. Il faut donc trouver des solutions… et vite.


La disparition des grands carnivores menace l'écosystème
AFP, Sciences & Avenir - 11 jan 2014
http://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/20140110.AFP7219/planete-la-disparition-des-grands-carnivores-menace-l-ecosysteme.html


WASHINGTON - La disparition progressive des grands carnivores comme les lions, les loups ou les pumas menace les écosystèmes de la planète, prévient une équipe internationale de scientifiques à l'origine d'un appel lancé jeudi pour protéger ces prédateurs. Plus de 75 % des 31 espèces de ces animaux voient leur population se réduire et 17 d'entre elles sont désormais cantonnées à moins de la moitié du territoire qu'elles occupaient initialement, indique une étude publiée dans la revue américaine Science datée du 10 janvier.

Les grands carnivores ont déjà été largement exterminés dans un grand nombre de pays développés, en Europe occidentale et dans l'est des Etats-Unis notamment. Et cette chasse est menée partout dans le monde, déplorent les scientifiques. Pourtant, font-ils valoir, tout indique qu'ils jouent un rôle crucial pour maintenir le délicat équilibre des écosystèmes. "A l'échelle planétaire nous perdons nos grands carnivores", souligne William Ripple, professeur au département des écosystèmes forestiers de l'Université de l'Etat d'Oregon et principal auteur de cette recherche (...), jugeant "paradoxal que ces espèces disparaissent au moment où nous prenons conscience de leur importance dans le maintien de l'équilibre écologique."

Ces scientifiques américains, européens et australiens estiment qu'il est temps de lancer une initiative mondiale pour réintroduire ces animaux dans la nature et reconstituer leurs populations à l'instar de la "Large Carnivore Initiative" en Europe. Celle-ci vise à réintroduire les loups, les lynx et les ours bruns dans leur habitat naturel. Pour leurs travaux, M. Ripple et ses collègues se sont concentrés sur 7 espèces dont l'impact sur l'écosystème a fait l'objet de nombreuses études. Il s'agit du lion africain, du lynx européen, du léopard, du loup gris, du puma, de la loutre de mer et du dingo en Australie.

Ces différentes recherches montrent qu'une diminution des populations de pumas et des loups dans le parc de Yellowstone a entraîné un accroissement du nombre d'animaux se nourrissant des feuilles d'arbres et d'arbustes, comme les cervidés. Ce phénomène perturbe la croissance de la végétation et affecte les oiseaux et les petits mammifères, expliquent les auteurs. En Europe, la disparition des lynx a été liée à une surpopulation de chevreuils et de lièvres, tandis que la disparition d'un grand nombre de lions et de léopards en Afrique a provoqué une explosion du nombre de babouins olive qui s'attaquent aux récoltes et aux troupeaux. Enfin, la diminution des populations de loutres en Alaska a entraîné un fort accroissement des oursins et une réduction des algues brunes dont ils se nourrissent.

"La nature est interdépendante comme l'indiquent ces études à Yellowstone et ailleurs dans le monde. Elles révèlent comment une espèce affecte d'autres espèces de différentes manières" et l'ensemble de l'écosystème, relève M. Ripple. Ainsi, éviter une surpopulation des herbivores permet à la flore forestière de se développer davantage et de stocker plus de dioxyde de carbone, le principal gaz à effet de serre, ce qui permet de lutter davantage contre le réchauffement climatique.

Mais, reconnaissent les auteurs de cette étude, il sera très difficile de faire accepter aux populations une réintroduction à large échelle de ces prédateurs. Ces animaux inspirent la peur aux humains qui leur ont déclaré la guerre depuis longtemps pour protéger leurs bétails et leur communauté, notent-ils. Les groupes américains de défense de la faune et la flore ne sont ainsi pas parvenus à s'opposer à la levée de la protection fédérale des loups dans le Montana et l'Idaho en 2011, suivis en 2012 par le Wyoming sous la pression des éleveurs.


Des chercheurs identifient 78 sites "irremplaçables" pour les espèces
AFP, France24 - 16 nov 2013
http://www.france24.com/fr/20131115-chercheurs-identifient-78-sites-irremplacables-especes


78 sites, comprenant 137 aires protégées dans 34 pays, ont été identifiés comme "irremplaçables" pour la conservation des espèces, selon une étude scientifique, a annoncé vendredi le Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive (CEFE) à Montpellier. Ensemble, ces sites irremplaçables hébergent la majorité des populations de plus de 600 espèces d'oiseaux, amphibiens et mammifères, dont la moitié est menacée dans le monde, a précisé la même source.

Dans la plupart des cas, ces aires protègent des espèces qui ne peuvent être trouvées nulle part ailleurs, comme le Canard de Laysan (Anas laysanensis), une espèce en danger critique d'extinction endémique du Refuge Nationale de la Faune et de la Flore des îles Hawaïennes (Hawaiian Islands National Wildlife Refuge) aux États-Unis, ou les 13 espèces d'amphibiens uniquement présentes dans le Parc National de Canaima au Venezuela. Deux aires protégées se situent sur le territoire français: le Parc naturel régional de la Martinique et le Parc national de la Guadeloupe, particulièrement importants pour la conservation des oiseaux, indique l'étude.

Plusieurs de ces aires sont déjà reconnues comme « Valeurs universelles exceptionnelles » selon la Convention du Patrimoine Mondial de l'Unesco: notamment les Iles Galapagos en Equateur, le Park National de Manú au Pérou et les Ghats Occidentaux en Inde. Mais la moitié de la surface recouverte par ces aires protégées "n'est pas reconnue" au Patrimoine mondial de l'Unesco, déplore l'étude, prenant l'exemple du Parc National des Montagnes Udzungwa en Tanzanie, des Zones humides d'importance internationale de la Péninsule de Zapata à Cuba ou du Parc Naturel National de la Sierra Nevada de Santa Marta en Colombie, le site "le plus irremplaçable du monde pour les espèces menacées". « Ces lieux exceptionnels seraient tous de bons candidats pour être classés au Patrimoine Mondial de l'Unesco », estime Soizic Le Saout, premier auteur de l'étude. « Une telle reconnaissance pourrait assurer une protection plus efficace de l'exceptionnelle biodiversité de ces aires du fait des normes exigées pour les sites inscrits comme Patrimoine Mondial », selon elle.

Issue d'une collaboration internationale, cette analyse fournit des conseils pratiques pour améliorer l'efficacité des aires protégées dans la conservation de la biodiversité mondiale, a indiqué la même source. L'étude, publiée vendredi dans la revue internationale Science et pilotée par le CEFE (CNRS, Université de Montpellier 1, 2 et 3, SupAgro, Cirad, Ird, Inra, Ephe), est le fruit de la collaboration avec plusieurs organisations internationales. Elle calcule l'"irremplaçabilité" de chaque aire protégée à partir d'une base de données comprenant 173.000 aires protégées terrestres et 21.500 espèces évaluées par la liste rouge des espèces menacées de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature.


Une Arche de Noé moderne pour sauver les espèces menacées
AFP, France24 - 28 aot 2013
http://www.france24.com/fr/20130828-une-arche-noe-moderne-sauver-especes-menacees


Sperme congelé de panda, banques de données génétiques ou échographie de rhinocéros: les zoos de la planète utilisent les techniques les plus élaborées pour bâtir une Arche de Noé moderne et assurer la survie des espèces menacées. Face aux ravages du braconnage et de la disparition de leur habitat de nombreuses espèces sont rayés de la carte. Aussi les experts tentent d'assurer, à prix d'or, leur survie grâce à des programmes de reproduction en captivité.

Mais l'entreprise est compliquée. Dans les années 1970 les zoologistes se sont rendus compte que les bébés girafes et gazelles conçus en captivité avaient moins de chance de survivre car souffrant de consanguinité. "Cela a provoqué un bouleversement dans les zoos qui ont réalisé qu'ils devaient mieux gérer leurs populations d'animaux en captivité", raconte David Wildt, qui dirige le Centre de la survie des espèces au Smithsonian National Zoo de Washington. Aujourd'hui, plus de 500 espèces font l'objet de programmes spéciaux de survie, comme les guépards, les éléphants d'Asie, les putois d'Amérique et les oryx à cornes en forme de cimeterre (Oryx dammah), une antilope africaine.

Les données génétiques des animaux en captivité sont enregistrées dans des programmes informatiques, permettant aux scientifiques de choisir le meilleur partenaire lors d'un accouplement et de minimiser la consanguinité. Dans certains cas, cette agence matrimoniale en ligne pour animaux en captivité a donné des résultats. L'élégante antilope Oryx dammah avait été déclarée éteinte dans la nature en 2000, pour avoir été massivement chassée et avoir vu son habitat disparaître. Or plusieurs milliers de ces animaux ont été conçus en captivité pour être réintroduits dans la nature, en Tunisie notamment, se réjouit le Fonds de Conservation du Sahara.

Le panda géant est un autre exemple de "succès extraordinaire" des efforts de reproduction en captivité, souligne David Wildt. La Chine parvient à maintenir sa propre population de pandas en captivité, et en loue un certain nombre aux zoos de par le monde. Les biologistes s'efforcent de les faire s'accoupler avant de devoir les rendre à leur pays natal. Et là, étant donné la faible libido et fécondité de l'animal, il faut donner un bon coup de pouce à la nature pour avoir un descendant. "Il n'y a qu'une chance de succès par an", relève Pierre Comizzoli, expert de la reproduction des pandas au zoo de Washington. Les employés du zoo soumettent l'animal à un programme de préparation physique pour qu'il soit au mieux de sa forme pour le grand jour. Mais, explique ce spécialiste, ces animaux de plus d'une centaine de kilos parviennent rarement à être dans la position précise indispensable pour concevoir naturellement. Reste alors à recourir à l'insémination artificielle.

"Nous devons anesthésier le mâle et le stimuler pendant qu'il dort pour obtenir son sperme", explique M. Comizzoli. Suit une longue période d'attente patiente. Les experts ne savent pas avant la fin des 3 à 5 mois de gestation si la femelle attend un petit. En 2005, le National Zoo de Washington avait pu fêter la naissance d'un bébé panda. Et cette année les vétérinaires de ce zoo ont pris la précaution d'utiliser du sperme de deux mâles, dont l'un du zoo de San Diego. Et avec succès, car le 23 août dernier est né un petit panda géant en bonne santé, un second est mort né un jour plus tard. Cependant pour connaître le père il faudra attendre le résultat des tests ADN. "Nous n'avons pas encore percé tous les secrets de la reproduction du panda", reconnaît M. Comizzoli.

Pour les rhinocéros de Sumatra, en danger extrême d'extinction, la reproduction consanguine est la seule option. Dans la nature, il n'en reste qu'une centaine en liberté en Indonésie et en Malaisie. La femelle ovule rarement et seulement en présence d'un mâle. Et en l'absence de gestation régulière, elle développe des kystes qui la rendent stérile. Une équipe du zoo de Cincinatti (Ohio) a lancé un programme de reproduction dans les années 1990 qui a permis la naissance en 2001 d'un petit rhinocéros de Sumatra, le premier à voir le jour en captivité dans le monde en 112 ans.

Désormais, leur seule femelle captive capable de se reproduire, Suci, n'a le choix qu'entre deux mâles en captivité: ses deux frères. Une tentative d'accouplement est prévue bientôt au zoo de Cincinnati où se trouve son plus jeune frère, Harapan. Le second est dans un zoo en Indonésie. "A moins que l'Indonésie ne capture un autre rhinocéros dans la nature, il n'y aura pas la diversité génétique dont nous avons besoin", déplore Terri Roth, vice-présidente du Zoo de Cincinatti. Il reste un autre mâle en Malaisie où l'on tente difficilement de le faire procréer avec une femelle quasi stérile. Mais entretenir un couple de rhinocéros au zoo de Cincinatti a coûté 263.000 dollars en 2011, explique Mme Roth.

"Il y a beaucoup de discussions actuellement dans la communauté scientifique mondiale quant à l'efficacité des programmes de gestion génétique mis en place depuis 30 ans", indique David Wildt. Même si l'on parvient à recréer de la diversité génétique, "on compte peu d'exemples de réintroductions réussies de ces espèces menacées dans la nature", juge-t-il. Selon lui, "il va donc falloir trouver d'autres moyens pour protéger ces espèces à l'état sauvage si on veut être sûr de les garder encore longtemps".


Les loutres de mer au secours d'un estuaire menacé par des algues
ATS, Romandie news - 27 aot 2013
http://www.romandie.com/news/n/Les_loutres_de_mer_au_secours_d_un_estuaire_menace_par_des_algues48270820131010.asp?


Le retour des loutres de mer a permis de restaurer, dans un des plus vastes estuaires de Californie, des herbiers marins qui jouent un rôle essentiel dans la protection de l'écosystème côtier, ont révélé des biologistes. Ces chercheurs, qui étudiaient depuis plusieurs décennies le déclin et le rétablissement de ces herbiers dans l'estuaire de Eikhorn Slough, ont constaté que le repeuplement par des loutres de mer était un facteur-clé dans leur restauration, expliquent-ils dans leur étude parue lundi dans les comptes-rendus de l'Académie américaine des sciences (PNAS).

Les herbiers marins battent en retraite partout dans le monde en raison de quantités excessives d'engrais et d'autres nutriments provenant des exploitations agricoles et des zones urbaines qui se déversent dans les eaux côtières, dopant la croissance des algues. Celles-ci empêchent les herbiers de recevoir la lumière du soleil. Mais depuis ces dernières décennies, les herbiers d'Elkhorn Slough ont recommencé à s'étendre, expliquent ces biologistes dont Brent Hughes, de l'Université de Californie à Santa Cruz, un des principaux auteurs de ces travaux.

Ces scientifiques ont étudié cette réaction en chaîne qui a commencé dans cet estuaire avec le retour des loutres de mer en 1984. Ces animaux n'ont pas d'impact direct sur les herbiers mais en mangeant des quantités énormes de crabes, ils en réduisent fortement la population. Avec moins de crabes pour manger les invertébrés comme les limaces de mer, celles-ci prolifèrent en se nourrissant des algues qui étouffent les herbiers. Outre les limaces marines, de petits crustacés appelés "idotea" sont également des consommateurs importants de ces algues et leur nombre augmente quand les loutres contrôlent les populations de crabes.

"Cette étude fournit un autre exemple des puissantes interactions exercées par les loutres de mer sur les populations de crabes et les effets en cascade sur l'écosystème avec les bouleversements de la chaîne alimentaire", commente Tim Tinker, un biologiste de l'Institut américain de géophysique (USGS), un des co-auteurs de l'étude. "Cette recherche nous rappelle aussi que les animaux sans prédateur, qui disparaissent en grand nombre sur la planète, jouent un rôle important pour l'équilibre de nombreux écosystèmes", ajoute-t-il.


Le sous-sol des grands fonds marins regorge de vie microscopique
AFP, France24 - 12 jun 2013
http://www.france24.com/fr/20130612-le-sous-sol-grands-fonds-marins-regorge-vie-microscopique


Bactéries en tous genres, organismes unicellulaires appelés archaea et même champignons, les sédiments situés sous le plancher des océans regorgent d'une vie microscopique qui se nourrit, se reproduit et même se déplace, révèle une étude publiée mercredi. "Les cellules sont très abondantes là-dessous, mais elles n'ont pas un niveau d'activité très élevé", précise dans un communiqué Virginia Edgcomb, de la Woods Hole Oceanographic Institution."Mais c'est une biosphère énorme, et si vous faites le calcul, vous vous rendez compte qu'il s'agit d'une contribution importante (...) aux cycles du carbone et de l'azote", souligne-t-elle.

Pour leur étude, les chercheurs ont analysé des échantillons de sédiments prélevés au large des côtes du Pérou entre 5 mètres et 159 mètres sous le niveau du fond de l'océan. Ils ont notamment cherché des traces d'ARN messager, une portion d'ADN utilisée par les cellules dans la synthèse des protéines. Autrement dit, la présence d'ARN messager témoigne non seulement de l'existence d'une forme de vie, mais son analyse renseigne également sur le type de mécanismes biologiques qu'un organisme met en oeuvre. Les biologistes ont ainsi apporté pour la première fois la preuve que les micro-organismes vivant sous le plancher océanique sont capables de se reproduire par division cellulaire, y compris des champignons. Ces cellules de la "biosphère profonde" sont en outre capables de consommer des acides aminés, constituants élémentaires des protéines qui ne peuvent provenir que d'organismes vivants ou morts récemment.

Grosse surprise de cette étude, nombre des cellules sont douées de mouvement, comme en témoignent les protéines qu'elles utilisent pour se fabriquer des flagelles - à l'instar des spermatozoïdes - ou l'ARN messager associé à la faculté de se contracter comme les méduses. Toute cette activité microbienne est particulièrement importante car elle "influence directement le fait de savoir si des éléments comme le carbone sont séquestrés durant des millions d'années dans les sédiments sous-marins ou s'ils sont renvoyés dans l'océan, affectant ainsi les chaînes alimentaires et le climat", écrivent les chercheurs. "Nos données suggèrent que c'est le second cas de figure qui se joue" à travers une myriade de formes de vie dans le sous-sol océanique, conclut l'étude, publiée dans la revue britannique Nature.


Un ver apparu en Europe menace la biodiversité
AFP, Sciences & Avenir - 05 mar 2014
http://www.sciencesetavenir.fr/sciences/20140304.AFP1451/environnement-un-ver-apparu-en-europe-menace-la-biodiversite.html


CAEN (France) - Un ver plat, d'une espèce inconnue jusqu'ici en Europe, a été identifié à Caen (ouest de la France) constituant une menace pour la biodiversité car s'il se répandait dans la nature, cet animal exotique pourrait s'attaquer aux escargots. "On sait de manière certaine que partout où Platydemus manokwari s'est installé, il a détruit toute la faune d'escargots autour de lui", met en garde Jean-Lou Justine (Muséum national d'Histoire naturelle, Paris). "Mais c'est pire que ça, parce qu'il va manger d'abord les escargots, puis après tout ce qui se trouve sur le sol et qui est mou, comme les vers de terre", poursuit ce spécialiste des Plathelminthes (vers plats) terrestres, dans un entretien avec l'AFP.

Son équipe a formellement identifié pour la première fois sur le continent européen une nouvelle espèce originaire de Nouvelle-Guinée. Les huit spécimens étudiés ont été trouvés dans une serre du Jardin des Plantes de Caen. Très plat, ce ver mesure 5 cm de long et 5 mm de large, son dos est couleur olive noire, avec une bande centrale claire. Son ventre est plus clair. Pour les scientifiques, qui publient leur découverte mardi dans la revue de biologie PeerJ, il y a urgence à prévenir la prolifération de cette espèce en Europe, en raison de la menace qu'elle représente pour la biodiversité.

Il y a déjà un précédent d'envahissement du nord des Iles britanniques par une autre espèce de ver plat, Arthurdendyus triangulatus, venu de Nouvelle-Zélande. Il est responsable selon les chercheurs "d'importantes diminutions des populations de vers de terre", avec pour conséquence possible une baisse de la fertilité des sols. Mais A. triangulatus ne supporte pas d'avoir trop chaud et voit ainsi son potentiel d'envahissement limité.

P. manokwari, en revanche, qui était jusqu'à présent confiné à la région Indo-Pacifique, semble "être une espèce de montagne qui vit naturellement dans les zones alpines jusqu'à subalpines, les zones tempérées fraîches et chaudes et jusqu'aux climats tropicaux". "Ça lui permet d'envahir pratiquement toute la moitié sud de l'Europe sans aucun problème", relève le Pr Justine. P. manokwari est en outre "classé dans la liste des 100 espèces exotiques les plus envahissantes au monde", ajoute-t-il.

Dans la région Pacifique, l'animal que l'on sait particulièrement friand d'escargots, a été introduit volontairement, en tant qu'agent biologique, pour contrôler des foyers d'un escargot ravageur. Il serait capable de suivre des "pistes" d'escargots, de monter aux arbres pour dénicher ses proies et même d'attaques grégaires "en bande organisée". "Il a manifestement eu un impact grave sur la biodiversité des populations d'escargots indigènes dans la région du Pacifique", estiment les scientifiques.

L'animal a un point faible: il est très lent. "Mais il suffit de déplacer un pot de fleurs qui en contient pour le répartir très, très rapidement", souligne le Pr Justine. "La vraie cause des invasions biologiques, c'est la mondialisation, c'est-à-dire le transport effréné de marchandises, avec des contrôles insuffisants, d'un bout à l'autre de la planète", indique-t-il. Des vers plats terrestres non-indigènes, principalement des espèces de l'hémisphère sud, ont été signalés dans 13 pays européens. Le Royaume-Uni, qui a des liens historiques avec l'Australie et la Nouvelle-Zélande, en compte au moins une douzaine.

En France, le Pr Justine répertorie sur son site internet (http://bit.ly/Plathelminthe) 6 espèces invasives, en plus du P. manokwari. La plus répandue, désignée comme "marron-plate", mange des vers de terre "très activement". "Elle est présente dans plus de 20 départements. On ne l'arrêtera plus. Elle risque d'être un problème majeur". Les espèces européennes indigènes sont beaucoup plus petites que les espèces importées: 1 à 2 cm de long pour 1 mm de diamètre. "Très discrètes", elles sont considérées comme nécrophages.