Le Monde d'Antigone

Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
syndicats et toute forme de gestion et de pouvoir.
Rassembler des foules sous un même drapeau
trouve toujours son origine dans une imposture.
Seule une révolution mettra fin à un système
dont l'obsession de l'argent entraine l'humanité
vers la catastrophe.

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Date de création : 10.03.2011
Dernière mise à jour : 24.12.2025
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Les régions de l'est ukrainien se soulèvent contre Kiev

Publié le 01/03/2014 à 20:29 par monde-antigone


Poutine a obtenu le feu vert du Conseil de la Fédération pour envoyer des troupes en Ukraine. Cela ne veut pas forcément dire que l'armée interviendra. A l'heure actuelle, Poutine n'a pas encore pris de décision. Il s'en sert comme d'une menace dans la partie d'échecs diplomatique engagée avec les puissances occidentales. Il peut se contenter de pousser la partie pro-russe de l'Ukraine à se détacher de l'administration de Kiev sans avoir besoin d'y envoyer ses troupes.

Une intervention militaire en Ukraine et les conséquences qui s'en suivraient seraient en effet irrationnelles d'un point de vue économique. Si l'Ukraine est dépendante de la Russie, la Russie, avec une croissance quasi-nulle et une monnaie en chute libre, est elle aussi dépendante de l'Ukraine (approvisionnement en céréales et sous-traitance de l’industrie d'armement) comme elle l'est pour ses échanges commerciaux avec l'UE et l'Allemagne en particulier. Une intervention militaire aggraverait sa situation intérieure.

Un accord en forme de statut spécifique pourrait être trouvé avec Kiev sur la question de la Crimée qui jouit déjà d'une grande autonomie. C'est beaucoup plus problématique et inquiétant en ce qui concerne les régions de l'est de l'Ukraine. Les images diffusées ce soir par Euronews du Parlement de Kharkov pris d'assaut par des manifestants pro-russes et le presque lynchage des partisans du gouvernement de Kiev qui venaient d'en être expulsés et qu'on a obligé à marcher à quatre pattes, laissent craindre que le point de non-retour a été franchi et qu'une extension du conflit à d'autres villes de l'est est maintenant inévitable. En tout cas, les signaux envoyés par Poutine encouragent les manifestations de haine et les provocations. Mais si l'armée ukrainienne s'en mêlait comme c'est en train d'en prendre peu à peu le chemin, et que les autorités pro-russes de Kharkov et Donetsk appelaient à l'aide, alors là...

>> J'ai énuméré quelques raisons qu'aurait la Russie de ne pas intervenir tout en montrant ses muscles. J'ai oublié de dire que la Russie a aussi de bonnes raisons d'intervenir en Ukraine parce qu'un aveu de faiblesse risquerait d'inspirer d'autres Maïdan dans des républiques signataires d'accords avec l'Union douanière: le Belarus, le Kazakhstan, l'Azerbaïdjan. Le centre de gravité de la Russie tend depuis quelques années à se déplacer vers l'est. Manquer de fermeté avec l'Ukraine pourrait compromettre cette stratégie sur le long terme.


L'Ukraine pro-russe se soulève, Poutine demande l'envoi de troupes russes
ATS, Romandie news - 01 mar 2014
http://www.romandie.com/news/n/_L_Ukraine_pro_russe_se_souleve_Poutine_demande_l_envoi_de_troupes_russes_RP_010320141707-24-451929.asp


MOSCOU - Le président russe Vladimir Poutine a demandé samedi au Parlement d'approuver un recours à l'armée russe en Ukraine alors que la situation se dégradait en Crimée et que d'autres régions pro-russes du pays étaient elles aussi gagnées par des turbulences séparatistes. "En raison de la situation extraordinaire en Ukraine et de la menace pesant sur la vie des citoyens russes, de nos compatriotes des forces armées russes déployées en Ukraine, M. Poutine a demandé au Conseil de la Fédération d'autoriser le recours aux forces armées russes sur le territoire de l'Ukraine, jusqu'à la normalisation de la situation politique dans ce pays", selon un communiqué du service de presse du Kremlin. "Nous devons protéger nos citoyens", avait auparavant estimé la présidente du Sénat russe, Valentina Matvienko. Selon elle, il est possible, en raison de la situation, d'envoyer un contingent limité (de troupes) pour garantir la sécurité de la flotte de la mer Noire et des citoyens russes qui vivent en Crimée.

Plus tôt dans la journée, le nouveau Premier ministre de Crimée, Sergiï Axionov, que Kiev considère comme illégitime, avait sollicité l'aide de Vladimir Poutine pour restaurer la paix et le calme dans la péninsule ukrainienne. La Russie dispose d'une force armée non négligeable en Crimée, dans le sud de l'Ukraine: la flotte russe de la mer Noire, qui compte quelque 20.000 hommes, est basée à Sébastopol, aux termes d'un accord entre Moscou et Kiev.

Pendant ce temps, les points chauds se multipliaient dans l'est et le sud russophones de l'Ukraine, selon des correspondants de l'AFP, qui ont observé des irruptions d'hommes armés dans plusieurs sites stratégiques ou d'importantes manifestations pro-russes. La capitale, Kiev, semblait en revanche tranquille samedi en début d'après-midi. Des dizaines de personnes ont été blessées à Kharkiv (est de l'Ukraine) en marge d'une manifestation pro-russe qui a conduit à la prise d'assaut du siège de l'administration régionale par quelque 300 manifestants. Des partisans des nouvelles autorités pro-occidentales de Kiev s'y seraient barricadés. Plus de 10.000 personnes ont manifesté samedi matin à Donetsk, fief du président déchu Viktor Ianoukovitch dans l'est de l'Ukraine, contre les nouvelles autorités de Kiev en brandissant des drapeaux russes. Sur un podium improvisé, des intervenants déclaraient soutenir l'aspiration de la Crimée à rejoindre la Russie.

En Crimée, épicentre jusqu'ici de la crise, Kiev a accusé la Russie de déployer des milliers d'hommes supplémentaires. La Russie a accru (le nombre de) ses troupes de 6.000 hommes en Crimée, a affirmé le ministre de la Défense Igor Tenioukh. Près de 30 blindés ont aussi été déployés, a-t-il dit, dénonçant une violation grossière des accords régulant la présence de la flotte russe de la mer Noire en Crimée. "La présence inadéquate des militaires russes en Crimée est une provocation, mais les tentatives de faire réagir l'Ukraine par la force ont échoué", a averti le Premier ministre Arseni Iatseniouk. Selon lui, la Russie tente actuellement de répéter le scénario mis en oeuvre en 2008 dans la région géorgienne séparatiste d'Ossétie du Sud, où elle avait lancé une opération militaire éclair contre les autorités de Tbilissi, et dont elle a fini par reconnaître l'indépendance. Au titre de la présence de sa flotte de la mer Noire, la Russie a le droit de déplacer des troupes dans la péninsule, mais elle doit en informer les autorités ukrainiennes 72 heures à l'avance, ce qui n'a pas été fait, selon le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andriï Dechtchitsa.

Plusieurs sites stratégiques de la péninsule sont désormais sous le contrôle d'hommes armés et en uniformes, mais sans signe permettant de les identifier. Ils contrôlent les aéroports de Simféropol, capitale de la Crimée, de Sébastopol, de Kirovske, ainsi que le centre de Simféropol, et ont hissé le drapeau russe sur plusieurs bâtiments officiels. A Sébastopol, où mouille la flotte russe, un commando d'environ 300 hommes se disant mandatés par le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a assiégé dans la matinée le QG des gardes-côtes ukrainiens. Les assaillants ont déclaré avoir reçu du ministre l'ordre d'occuper cette unité, ajoute-t-il.


L'armée ukrainienne mise en état d'alerte
AFP, Romandie news - 01 mar 2014
http://www.romandie.com/news/n/_L_armee_ukrainienne_mise_en_etat_d_alerte_33010320142047.asp


KIEV - L'armée ukrainienne a été mise en état d'alerte, a annoncé samedi le président d'Ukraine par intérim Olexandre Tourtchinov, peu après le vote par le Parlement russe autorisant un recours aux forces armées en Ukraine. Le président ukrainien par intérim s'exprimait à l'issue d'une réunion du conseil de sécurité nationale et de défense. "J'ai donné l'ordre de mettre l'armée en état d'alerte, de renforcer la protection des centrales nucléaires, des aéroports et des sites stratégiques", a déclaré Olexandre Tourtchinov lors d'un bref point presse.

"Nous sommes persuadés que la Russie ne lancera pas d'intervention car cela signifierait la guerre et la fin de toute relation entre les deux pays", a pour sa part déclaré le Premier ministre Arseni Iatseniouk. Le chef du gouvernement a déclaré avoir eu un entretien avec son homologue russe Dmitri Medvedev au cours duquel il a demandé que la Russie fasse revenir ses forces de Mer Noire dans leurs casernes pour faire baisser la tension. "Une intervention militaire serait inacceptable car ce serait une violation de tous les accords internationaux", a-t-il dit.

03/03/2014 >> Le Parlement de Donetsk a été pris d'assaut à son tour par des centaines de manifestants pro-russes aux cris de « Russie, Russie ! »


EDIT (7 mars 2014)


Le reflux du mouvement pro-Kremlin à Kharkiv
par Virginie Robert
Les Echos - 07 mar 2014
http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/actu/0203357156671-le-reflux-du-mouvement-pro-kremlin-a-kharkiv-655307.php


Les opposants au pouvoir central ont abandonné la rue dans la grande ville russophone de l'Est. Vladimir Poutine tablait sur une partition de l'Ukraine, l'attroupement autour de la statue de Lénine au centre de Kharkiv aurait de quoi l'accabler. Sur la place centrale de cette ville de l'est russophile du pays, ils sont une vingtaine de retraités agitant deux drapeaux rouges avec la faucille de l'URSS, qui dénoncent les « terroristes » et les « fascistes » au pouvoir à Kiev. Les manifestants locaux qui ont planté samedi, manu militari, le drapeau russe sur le siège du gouvernement régional, juste en face, et qui étaient encore un millier mercredi, sont rentrés chez eux. Tout comme leurs mystérieux compères acheminés en car qui, interrogés par des passants, prétendaient venir de la banlieue de Kharkiv sans se souvenir d'où exactement. Et le drapeau ukrainien flotte de nouveau sur le bâtiment, gardé par une douzaine de policiers.

La situation est ici nettement moins tendue qu'à Donetsk, fief du président déchu Viktor Ianoukovitch, où la police a rétabli hier le drapeau ukrainien sur le siège du gouvernement pour la 2e fois en deux jours. Au prix de 75 arrestations, dont celle d'un gouverneur autoproclamé, Pavel Goubarev, et au lendemain d'affrontements entre « pro-Moscou » et « pro-Kiev » ayant fait des dizaines de blessés. Et 200 personnes manifestaient encore, hier soir, à Donetsk pour réclamer le rétablissement… de l'URSS. (...)

A Kharkiv, « les deux camps ont fait des compromis, sous l'égide de la police et des politiques », explique aux « Echos » Evgeni Komarovski, pédiatre et figure de la société civile locale. Ceux qui voulaient abattre l'une des deux dernières statues de Lénine du pays y ont renoncé. Leurs adversaires ont démantelé le mini-camp retranché autour d'une icône de l'URSS. Le nouveau gouverneur, Ihor Balouta, nommé par Kiev il y a quelques jours, s'est dit prêt à travailler avec Guennadi Kernes, le maire, pourtant pro-Ianoukovitch jusqu'à très récemment. Pour autant, « personne ne dort plus », explique un habitant, « on s'imagine réveillés un matin par des chars russes, ce qui susciterait forcément une résistance, un carnage ». Un risque qui a soudé le pays « comme jamais depuis 20 ans », veut croire Evgeni Komarkovski. Effectivement, le drapeau ukrainien figure désormais quasi systématiquement en médaillon dans les émissions de télévision sous la mention « pays uni ».

Signe de la confusion ambiante, au pied de Lénine un manifestant qui n'a pas de mots assez durs pour les « vandales » à Kiev et professe une certaine admiration pour la nation russe se dit aussi « très attaché aux valeurs européennes, au droit de manifester pacifiquement » pendant que sa voisine affirme qu'il aurait « fallu écraser la rébellion à Kiev dès le début, comme ils savent le faire en Amérique… ».


EDIT (8 mars 2014) La bataille de drapeaux continue. C'est à qui hissera le sien sur le siège du gouvernement régional.


Manifestation pro-russe à Donetsk
AFP, France24 - 08 mar 2014
http://www.france24.com/fr/20140308-ukraine-manifestation-pro-russe-a-donetsk-tension-crimee/#./?&_suid=139427116975002738374911162504


Donetsk est la capitale du Donbass, un bassin minier frontalier de la Russie, dont est originaire le président déchu Viktor Ianoukovitch. Depuis sa fuite en Russie, cette région est agitée par de vives tensions entre pro-russes et défenseurs de l'unité de l'Ukraine. Les partisans d'un ralliement à Moscou ont déjà occupé pendant trois jours l'administration régionale et y ont hissé le drapeau russe blanc bleu rouge, avant d'être délogés par la police jeudi au petit matin. En outre, des manifestations concurrentes des deux camps ont réuni des milliers de personnes, tournant mercredi soir à la bagarre générale.

Signe que les autorités prennent la menace au sérieux, la justice a ouvert une enquête sur l'"atteinte à l'intégrité nationale" contre Pavel Goubarev, un homme d'affaires local propulsé leader des pro-russes. Il a été arrêté jeudi et risque 10 ans de prison. Serguiï Tarouta, un homme d'affaires nommé gouverneur par les nouvelles autorités de Kiev, a réuni vendredi les représentants de la société civile, qui ont adopté un texte appelant à "une Ukraine indivisible". A l'issue d'une semaine agitée, le premier adjoint au maire de Donetsk, Sergueï Bogatchev, voit des "signes de stabilisation" grâce à l'arrestation du leader pro-russe. "Mais il conserve des partisans en ville", a-t-il ajouté, interrogé par l'AFP. L'élu estime que le mouvement séparatiste est mené par "un petit groupe" avec "une influence évidente" de Moscou.

Soumis à des sanctions économiques et diplomatiques des Etats-Unis et de l'Union européenne, Moscou a menacé d'avoir recours à l'arme énergétique. Le géant russe Gazprom a mis en garde Kiev contre une interruption de ses exportations de gaz si le nouveau pouvoir ne s'acquittait pas au plus vite de ses quelque 2 milliards de dollars de dette. Cette annonce a ébranlé les principales bourses européennes. (...)


EDIT (7 avril 2014)

 

Les manifestants prorusses de Donetsk proclament une république souveraine
AFP, Romandie news - 07 avr 2014
http://www.romandie.com/news/Ukraine-les-manifestants-prorusses-de-Donetsk-proclament-une_RP/465679.rom


 DONETSK - Les manifestants qui occupent depuis dimanche le bâtiment de l'administration locale à Donetsk, dans l'est russophone de l'Ukraine, ont proclamé lundi une république souveraine, a indiqué un de leurs représentants aux journalistes sur place. Les journalistes n'ont pas été autorisés à pénétrer dans le bâtiment, mais ce représentant leur a annoncé la nouvelle devant les portes à la mi-journée.

Selon l'agence Interfax, les protestataires ont décidé d'organiser un référendum sur leur souveraineté régionale avant le 11 mai. Le site d'informations locales Ostrov affirmait quant a lui qu'ils ont décidé de demander à rejoindre la Fédération de Russie. Une vidéo postée sur internet et présentée comme une assemblée tenue par les manifestants montre un homme disant: "Je proclame la création de l'État souverain de la république populaire de Donetsk". Cet homme était déjà apparu dimanche dans des vidéos postées sur internet comme un des meneurs des manifestants ayant pris le contrôle des locaux de l'administration régionale à Donetsk après de brèves échauffourées avec la police.

Quelques dizaines de manifestants pro-russes étaient massés devant le bâtiment de l'administration locale pour applaudir cette auto-proclamation, mais les protestataires ne semblaient pas contrôler d'autres parties de cette ville d'un million d'habitants. Le gouvernement pro-européen de Kiev a envoyé dans la nuit à Donetsk le vice-Premier ministre chargé des questions de sécurité. Dimanche des manifestants avaient également pris le contrôle du bâtiment de l'administration locale à Kharkiv, toujours dans l'est russophone. (...)


Poussée de tension dans l’est de l’Ukraine
RFI  - 07 avr 2014
http://www.rfi.fr/europe/20140407-ukraine-est-tension-donetsk-autodetermination/

 

Plusieurs bâtiments officiels sont occupés depuis dimanche par des séparatistes pro-russes dans plusieurs villes de la région russophone du pays, notamment à Donetsk, fief du président déchu Ianoukovitch où des militants pro-russes réclament un référendum d’autodétermination. Après une réponse très mesurée, les autorités de Kiev multiplient les efforts pour tenter de ramener le calme dans cette région, qui semble peu à peu leur échapper.

Les autorités de Kiev semblent avoir été prises de court par ces attaques menées dans cette région orientale, dans laquelle aucun des hauts responsables ukrainiens ne s’était rendu, depuis le renversement de pouvoir à Kiev. A Lougansk, des manifestants se sont emparés d'armes dans l'immeuble des services locaux de la sécurité nationale. A Donetsk, la police n’a quasiment pas résisté, ce dimanche, laissant des jeunes gens encagoulés, en tenue de sport, s’emparer du siège de l’administration locale. (...)

Après plusieurs heures de flottement, les autorités de Kiev tentent ce lundi de reprendre la main, en convoquant en urgence un conseil de sécurité. Mais, leur marge de manœuvre est limitée. L’usage de la force contre les manifestants pourrait facilement se retourner contre le pouvoir, voire fournir un prétexte pour une intervention des troupes russes. C’est d’ailleurs ce que dénonce sans détours le Premier ministre ukrainien: « Ces incidents font partie d'un plan pour déstabiliser le pays, pour qu'une armée étrangère passe la frontière et envahisse le territoire ukrainien, ce que nous ne permettrons pas », a affirmé Arseni Iatseniuk. (...)

Le ministre de l'Intérieur se trouve lui, déjà à Kharkiv. Sur sa page Facebook, Arsen Avakov affirme que le bâtiment de l'administration régionale de la ville a été totalement libéré des séparatistes. Ce qui n’est pas le cas à Donetsk, où a été dépêché le vice-Premier ministre chargé des questions de sécurité, Vitali Iarem et où est attendue la candidate à la présidentielle Ioulia Timochenko.


EDIT (12 avril 2014) Les milices pro-russes qui occupent le siège du gouvernement de Donetsk ont leur drapeau (noir-bleu-rouge) et ils demandent la reconnaissance de "l'armée du sud-est" qu'ils viennent de constituer. Les autorités ukrainiennes semblent ou bien ne pas avoir les moyens de faire face, ou bien craindre une riposte des troupes russes en cas d'assaut meurtrier, ou bien les deux.


Les pro-Russes multiplient les coups de force dans l'est de l'Ukraine
France24, avec AFP et Reuters - 12 avr 2014
http://www.france24.com/fr/20140412-ukraine-pro-russes-slaviansk-donetsk-est-russie-dechtchitsia-lavrov/


Des militants armés pro-russes se sont emparés samedi du commissariat et d'un poste de sécurité dans la ville de Slaviansk, à l'est de l'Ukraine, tandis que d'autres ont pénétré dans le siège de la police à Donesk. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andrij Dechtchitsia a téléphoné, samedi 12 avril, à son homologue russe Sergueï Lavrov pour lui demander "l’arrêt des actions provocatrices des agents russes dans l’est de l’Ukraine", tandis que des militants pro-russes s’emparaient de bâtiments de la police et de la sécurité d’État dans la ville de Slaviansk. Andrij Dechtchitsia soupçonne la Russie de chercher à empêcher la réunion de conciliation quadripartite prévue le 17 avril entre la Russie, l’Ukraine, l’Union européenne et les États-Unis et "à placer des obstacles sur la voie d’une solution à la crise".

Crise qui ne montre aucun signe d’apaisement à l’Est. Alors que des militants pro-Russes occupent déjà des bâtiments officiels à Louhansk et Donetsk, dans l’est russophone de l’Ukraine situées à quelques dizaines de kilomètres de la frontière russe, le mouvement d’hostilité à l’égard de Kiev s’est étendu à la ville de Slaviansk. Selon la police et la maire de Slaviansk, les assaillants viennent de Donetsk, la grande ville située à une soixantaine de kilomètres de là et où des séparatistes tiennent depuis près d'une semaine le siège de l'administration régionale. Aucune présence policière loyaliste n'était visible samedi dans l'après-midi à Slaviansk, ont constaté des journalistes de l'AFP sur place. Par ailleurs, plusieurs centaines d'activistes pro-russes se sont emparés du siège de la police à Donetsk. Les manifestants, qui n'étaient pas armés, ont affirmé ne pas avoir l'intention de prendre d'assaut le bâtiment mais vouloir des "négociations" avec les responsables policiers.


13/04/2014 >> Les forces de sécurité ukrainiennes (SBU) lancent une opération sur la ville de Slaviansk qui est depuis hier sous le contrôle d'éléments "pro-russes", en réalité très bien organisés et équipés comme des commandos russes (dernier modèle de fusil d'assaut, gilets pare-balle, armes de guerre anti-chars etc.).

14/04/2014 >> Les troupes ukrainiennes ont échoué dans leur tentative de reprendre le contrôle de Slaviansk. Elles n'ont même pas pu entrer dans la ville ! Les autorités de Kiev se révélent incapables de changer le cours des événements et ne savent plus quoi proposer (ultimatum ?, référendum ?) pour ne pas (trop) se ridiculiser.


EDIT (14 avril 2014) "On avance, on vient de prendre une ville. Au secours !" Hahahaha ! C'est digne de la meilleure comédie italienne ! J'aurais bien vu Vittorio Gassman faire ce Ponomarev !
Il faudrait peut-être arrêter de les appeler des"pro-russes": ce sont des commandos russes et puis c'est tout.


Les pro-russes de l'Est ukrainien progressent et appellent Moscou à l'aide
AFP, France24 - 14 avr 2014
http://www.france24.com/fr/20140414-ukraine-pro-russes-donetsk-est-russie-soutien-kiev-poutine/


Les insurgés pro-russes continuent de progresser dans l’est de l’Ukraine et appellent au soutien du Kremlin, face à "l’opération antiterroriste" annoncée par Kiev pour sécuriser le pays. Dans l’est de l’Ukraine, les insurgés pro-russes ont poursuivi leur mouvement, lundi 14 avril. À Slaviansk, l’un des leaders de cette insurrection a demandé l'aide de la Russie et du président Vladimir Poutine pour lutter contre le gouvernement pro-européen de Kiev. "Nous demandons à la Russie de nous protéger  et de ne pas permettre un génocide de la population du Donbass [est de l'Ukraine, NDLR]. Nous demandons au président Poutine de nous aider", a déclaré Viatcheslav Ponomarev, dont les hommes ont pris le contrôle de la mairie de la ville.

Alors que les forces loyales à Kiev sont invisibles dans la région, en dépit de l'annonce officielle d'une "opération antiterroriste" en cours contre ces militants pro-russes, Viatcheslav Ponomarev a affirmé que les autorités centrales ont envoyé lundi "1.000 mercenaires et des tanks" afin de reprendre la ville, qui est sous le contrôle des insurgés depuis samedi matin. "Nous nous battrons contre les nazis", a-t-il martelé, tout en appelant la population "à ne pas paniquer". Viatcheslav Ponomarev a assuré que "les troupes d'auto-défense de la République de Donetsk", proclamée par des militants pro-russes dans l'est de l'Ukraine, se défendraient corps et âme "contre la junte arrivée au pouvoir à Kiev à la suite d'un coup d'État réalisé à la demande des États-Unis et de l'Union européenne".

Si les insurgés pro-russes tentent de sécuriser leurs positions, dans le même temps, d’autres continuent de progresser. Des manifestants se sont ainsi emparés, lundi, d'un commissariat dans une nouvelle ville de l'est russophone de l'Ukraine, Gorlivka, dans la province de Donetsk, a constaté un photographe de l'AFP sur place. Plusieurs centaines de personnes ont pris d'assaut le siège de la police dans cette localité de quelque 250.000 habitants, jetant des pierres et mettant le feu à des bureaux, rapporte le journaliste. Les policiers, certains casqués et équipés de boucliers, ont tenté de résister avant de céder face à la détermination des manifestants.


EDIT (15 avril 2014) Ça y est: la Garde nationale est partie "au front".
La phrase du jour: « Il faut les avertir et s'ils ne déposent pas les armes, on va les liquider » dixit le général Kroutov, commandant des services de sécurité ukrainiens (SBU).


Ukraine: Ville après ville, l’Est de se livre aux séparatistes
par Piotr Smolar
Le Monde - 15 avr 2014
http://www.lemonde.fr/europe/article/2014/04/15/ville-apres-ville-l-est-de-l-ukraine-se-livre-aux-separatistes_4401376_3214.html


GORLOVKA (région de Donetsk) - Une scène suffit pour résumer le sort de l'Est ukrainien. Elle a pour décor la ville de Gorlovka, à 40 km de Donetsk, dont la mairie et le commissariat ont été pris d'assaut par des militants prorusses, lundi 14 avril. Nous sommes dans la cour du bâtiment des forces de l'ordre. Il est 13h. Des policiers, alignés dans un coin comme de mauvais élèves, sont appelés à l'intérieur par l'un des assaillants masqués. Au moment de franchir le seuil, ils lèvent les bras à chacun leur tour, docilement, pour être fouillés. Humiliation publique subie comme un moindre mal.

Ainsi va la région de Donetsk, suspendue au-dessus du vide. Les drapeaux ukrainiens tombent un à un. La « république populaire de Donetsk », autoproclamée il y a une semaine, n'existe encore que dans les slogans et les rêves de ses promoteurs. Ceux-ci ont annoncé, lundi, qu'un référendum sur le statut de la région se tiendrait avant le 11 mai, suivi d'élections locales. Est-on encore en Ukraine ? La nouvelle phase de la contestation contre Kiev dans le Donbass, aiguillonnée par une opération spéciale de type militaire, à fort accent russe, a débuté le 12 avril. Un retour à la normale semble maintenant illusoire.

L'hémorragie du pouvoir central s'accélère. L'amputation menace et la rue gronde à Kiev, réclamant une riposte qui ne serait pas de papier. Lundi, le président par intérim, Olexandre Tourtchinov, a signé un décret signifiant le début de l'« opération antiterroriste ». L'intitulé compte. L'état d'urgence aurait provoqué la suspension de l'élection présidentielle du 25 mai. Mais comment voter dans un pays auquel on n'est plus sûr d'appartenir ? Le chef de l'Etat a proposé d'organiser simultanément un référendum national sur la fédéralisation de l'Ukraine, que Kiev rejetait il y a peu. Offre tardive. Il n'y a plus personne au bout du fil. Ce sont les séparatistes, désormais, qui posent leurs exigences aux élus locaux: "rejoignez-nous ou la foule vous balaiera".

A Sloviansk, au nord de Donetsk, où se trouve l'épicentre de l'opération spéciale, la population a encore passé une journée dans la crainte d'une intervention de l'armée. Selon un scénario rodé en Crimée, le « chef » des insurgés a appelé Vladimir Poutine à l'aide. « Malheureusement, beaucoup de demandes similaires lui sont adressées par des régions de l'est de l'Ukraine », a précisé son porte-parole, Dmitri Peskov. Et pendant ce temps, près de Donetsk, les dominos tombaient.

Le tour de Gorlovka, cité de 280.000 habitants, est venu. Avec son usine chimique désaffectée, ses infrastructures soviétiques, sa statue de Lénine devant la mairie, la ville ressemble à une carte postale triste de l'Est ukrainien, couleur sépia. Surtout lorsque la pluie inonde les rues comme en ce lundi. Dans la matinée, lorsque le poste de police a été pris pour cible, les agents n'ont pas résisté longtemps à la foule de plusieurs centaines d'individus. Quatre personnes ont été blessées, dont un militant, qui tentait d'escalader la façade pour installer un drapeau russe, et le chef du poste, qui l'aurait repoussé. Le fonctionnaire, tabassé, a été victime d'un traumatisme crânien.

A l'intérieur du bâtiment, une demi-heure après l'assaut, la tension est encore palpable. Des hommes masqués se donnent des airs, grisés par leur audace. Des éclats de verre jonchent le sol. Toutes les vitres ont été brisées par les pierres des assaillants. Le matériel a été pillé, mais les armes avaient été sagement évacuées la veille. « La colère a fini par se déverser, explique Alexeï A., 60 ans, garagiste. Ici, il n'y a pas de chef, de coordinateur. » Sa motivation ? « Je veux qu'on rejoigne la Russie. C'est notre maison commune. Ici, à Gorlovka, six mines sur dix ont fermé depuis l'indépendance, le niveau de vie a chuté. Tous les gouvernements successifs sont coupables. » Casque à la main, masque hygiénique sur le visage, cet homme corpulent assure que toute la milice est passée du côté des assaillants.

Mais dans la cour, un autre homme nous accoste, demandant si la vérité intéresse encore quelqu'un. Evgueni Sidiliev, 33 ans, est ingénieur. Il travaille à Donetsk, vit à Gorlovka. Ces assauts le font grimacer. « Vous savez pourquoi la police est passée de l'autre côté ? Parce qu'ils pensent toucher un salaire deux fois supérieur si on devient une zone tampon ! » Evgueni assure que « la majorité de la population a peur ». Selon lui, ceux qui soutiennent ces actions « ne sont pas des diplômés, des ingénieurs, mais des exécutants, des retraités qui ont la nostalgie du sovkhoze ». La mère d'Evgueni est ukrainienne; elle est contre l'assaut. Son père, russe, est pour.

La complexité se confirme lorsqu'on rend visite au personnel de l'hôpital n°2. Il fallait s'éloigner de la foule, de l'agressivité des manifestants contre la presse, pour saisir quelques bribes de vie dans le chaos. Les employés ont déserté plus tôt, aujourd'hui, les couloirs glacés de cet établissement désuet. La peur des barrages, empêchant de rentrer chez soi. Le budget de l'hôpital dépend de la mairie, dont l'édile a été débarqué dans la journée par les militants masqués. Les salaires des mille employés, dont le versement a déjà été retardé plusieurs fois depuis un an, sont suspendus à la crise en cours.

Valeria Leonova, médecin généraliste de 31 ans, est rivée à son écran. Elle regarde les images de l'assaut matinal. Valeria a une fille de 4 ans, un mari ingénieur. Ils touchent chacun 300 $ par mois. Lundi, ils ont fait des emplettes au supermarché, au cas où les prix s'envoleraient encore. La jeune femme ne se sent pas ukrainienne. « J'aime le pays, mais pas l'Etat. Il ne nous protège pas contre le désordre et les pillages. Depuis Maïdan, beaucoup de gens se demandent quand la Russie va nous sauver ».

Un étage plus haut, au bout du couloir, nous voilà chez Tamara Chapovalova, 59 ans, le médecin chef de l'hôpital. Discours inverse. « Quand on veut changer la vie, on ne le fait pas par la force, en tabassant et en cassant », condamne-t-elle. Sa fille vit à Kiev. Elle a donc une vue plus nuancée de la situation et reconnaît que les manifestants de Maïdan sont sortis « pour leur dignité ». « Même si ce gouvernement ne me convient pas, il faut élire un nouveau président, légitime. L'Etat ne peut pas fonctionner dans le vide ».