Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
syndicats et toute forme de gestion et de pouvoir.
Rassembler des foules sous un même drapeau
trouve toujours son origine dans une imposture.
Seule une révolution mettra fin à un système
dont l'obsession de l'argent entraine l'humanité
vers la catastrophe.
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Date de création : 10.03.2011
Dernière mise à jour :
15.09.2025
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L'Ukraine est quasiment en défaut de paiement. Iouri Kolobov, le ministre ukrainien des Finances par intérim, a indiqué hier que les besoins de financement avaient été réévalués à 35 milliards de dollars pour les deux années à venir. Je pense que tout n'a pas été compté, comme pour la Grèce au début, et qu'au final, l'ardoise sera bien plus lourde que ça. L'Ukraine, c'est beaucoup plus gros que la Grèce. En attendant, il y a urgence. Kolobov demande l’octroi d’un crédit d’ici une semaine ou deux, et il propose d'ouvrir une souscription, avec une conférence de donateurs à la clé ! Lagarde est pliée de rire...
Aujourd'hui, au cours de son point presse, Jay Carney, porte-parole d'Obama, s'est montré très prudent. Il a insisté sur la coopération avec Moscou, cherchant à ne pas froisser les dirigeants russes et ne pas remettre en cause le rapprochement opéré sur un certain nombre de dossiers (Syrie, Iran, etc.). Il a assuré en substance qu'il n'y avait « aucune contradiction dans le fait que l'Ukraine et les Ukrainiens se rapprochent de l'Europe et le fait qu'ils conservent leurs liens culturels et économiques de longue date avec la Russie ». Jennifer Psaki, porte-parole du département d'Etat, a souligné elle aussi que les Etats-Unis et la Russie ont des intérêts communs en Ukraine. De son côté, Lavrov a tenu lui aussi des propos assez apaisants qui tranchaient avec ceux tenus par Medvedev la veille. Il a déclaré notamment en conférence de presse: « Nous sommes d'accord (...) sur le fait qu'il est dangereux et contre-productif de forcer l'Ukraine à un choix entre "soit vous êtes avec nous, soit vous êtes contre nous" ».
Sur le plan financier, Carney a déclaré que son pays était prêt à soutenir l'Ukraine en complément d'un programme du FMI. Aucun chiffre n'a été avancé, mais l'aide américaine pourrait se situer au niveau du prêt de 15 milliards de dollars que Moscou avait promis au mois de décembre et qui est aujourd'hui gelé, sinon remis en question. Il faut évidemment s'attendre à ce que d'importantes contreparties soient exigées. C'est ce qu'il faut entendre derrière les paroles de William Burns, n°2 de la diplomatie américaine, quand il parle de « réformes nécessaires au rétablissement de la bonne santé économique et politique de l’Ukraine ». On s'attend surtout à la fin des subventions gazières, ce qui aura pour conséquence de faire augmenter le prix du gaz de manière très significative. L'Ukraine est un des pays au monde qui en importe le plus. Une mesure qui s'annonce déjà très douloureuse et très impopulaire alors que l'élection présidentielle est prévue le 25 mai prochain. Mais dans quel contexte ?
Car à l'intérieur du pays, dans plusieurs villes, les camps se font face. C'est le cas à Kharkov où les "pro-Maïdan" ont pris le contrôle de la mairie et réclament depuis dimanche le départ du maire. De l'autre côté de la rue, des "anti-Maïdan" pro-russes et partisans de Ianoukovitch sont regroupés autour de la statue de Lenine. Ils sont prêts à se battre pour empêcher qu'elle soit déboulonnée comme d'autres statues l'ont été ces derniers jours dans la partie ouest du pays. Un cordon de policiers les sépare. A Donetsk où il n'est pas question d'obéir au nouveau régime, des milices sont en train de se constituer. Le mécanisme de l'affrontement entre russophiles et russophobes paraît déjà enclenché. Il y a assez d'ultra-nationalistes pour mettre le feu en peu partout.
48 heures après avoir chassé un dictateur, le nouveau régime commence déjà à interdire ! Ainsi le parlement de Kiev envisagerait de supprimer purement et simplement l'emploi du russe alors que tout le monde en Ukraine connaît le russe. Il n'y a que dans les régions pro-russes de l'est où l'on ne parle pas ukrainien, alors si le russe y est interdit !! On parle aussi d'interdire des chaînes de télévision russes en Ukraine. Par ailleurs, les médias ukrainiens rapportent que les autorités russes ont commencé à délivrer des passeports de la Fédération de Russie en Crimée selon une procédure simplifiée. J'ai l'impression de revivre les heures qui ont précédé le déclenchement de la guerre civile en Yougoslavie...
L'Ukraine a réduit de cinq fois les importations de gaz russe
La Voix de la Russie - 25 fev 2014
http://french.ruvr.ru/news/2014_02_25/LUkraine-a-reduit-de-cinq-fois-les-importations-de-gaz-russe-7144/
La société gazière ukrainienne Naftogaz a réduit à partir du 24 février les importations de gaz russe de 5,25 fois jusqu’à 28 millions de m3 par jour, rapporte Reuters en se référant à des sources anonymes. Selon l'agence, Naftogaz réduisait progressivement l’achat de gaz au cours de ces dernières années. Le 1er février, les exportations quotidiennes atteignaient 147 millions de m3. Reuters note que sur le fond de la destitution du président Viktor Ianoukovitch, « fidèle au Kremlin », les autres pays ont exprimé des craintes que Moscou pourrait utiliser les prix sur le gaz pour faire pression sur Kiev.
Ukraine: Quels sont les intérêts de la Russie et des autres voisins ?
par Tudor Tepeneag
RFI - 25 fev 2014
http://www.rfi.fr/europe/#20140224-ukraine-quels-sont-interets-russie-autres-voisins-ianoukovitch-medvedev-partition-timochenko-union-europeenne/?&_suid=139334269446706129531208076817
Le tout nouveau pouvoir ukrainien commence à se mettre en place difficilement à Kiev, après la disparition du président Viktor Ianoukovitch de la scène politique. Le pays est au bord de la cessation de paiement. La Russie met en cause la légitimité des nouvelles autorités de Kiev, elle les accuse notamment de prendre des mesures contre les russophones de l'est et du sud du pays. De l’autre côté, la Pologne et certains pays voisins de l’Ukraine plaident pour une perspective d’adhésion du pays à l’Union européenne, mais Paris et d’autres capitales européennes refusent d’en entendre parler. La communauté internationale évoque, pendant ce temps, le risque d’une partition de l’Ukraine.
Moscou évoque les « méthodes dictatoriales » des nouvelles autorités ukrainiennes, ainsi que les « mesures anti-russes » qu’elles ont prises. En effet, dès dimanche, la nouvelle majorité parlementaire de Kiev a abrogé les lois et les dispositions qui faisaient du russe la deuxième langue officielle du pays, dans certaines régions. Mais Moscou va plus loin, le Premier ministre Dmitri Medvedev met en cause la légitimité du nouveau pouvoir de Kiev, alors que les décisions prises par le Parlement ukrainien ont été reconnues comme légitimes par l'UE et par nombre de ses Etats membres, comme la France, l'Allemagne et la Pologne, ainsi que par les Etats-Unis.
La Russie a rappelé son ambassadeur à Kiev et certaines déclarations ambiguës, notamment venant de Dmitri Medvedev, laissent penser que les aides financières promises par Moscou à l'Ukraine pourraient ne pas être honorées en totalité. [« Strictement parlant, aujourd'hui nous n'avons personne avec qui parler. La légitimité de toute une série d'organes du pouvoir là-bas suscite de sérieux doutes. (...) Si on considère que des gens qui se baladent dans Kiev en masques noirs et avec des kalachnikovs sont le gouvernement, alors il nous sera difficile de travailler avec un tel gouvernement ». En concerne les contrats gaziers, il a ajouté: « Les décisions dans le domaine gazier qui ont été prises ont des délais concrets de mise en œuvre. Ce qu'il adviendra une fois que ces délais auront expiré sera à discuter avec les dirigeants des entreprises ukrainiennes et le gouvernement ukrainien, si un jour il y en a un ». Moscou a menacé en outre de relever prochainement les droits de douane avec l'Ukraine, ndc]
Après la dislocation de l'ancienne URSS au tout début des années 1990, Moscou a perdu son influence sur plusieurs pays de l'Europe centrale et orientale, dont les pays baltes. Il y a presque 10 ans, l'Ukraine, qui est le 2e pays en Europe par sa superficie et dont la population est en grande partie russophone, se tournait à son tour vers l'Occident, avec la « révolution orange » et l'accession au pouvoir du président Viktor Iouchtchenko. Mais le Premier ministre de ce dernier, Ioulia Timochenko, a perdu l'élection présidentielle de 2010, au profit de Viktor Ianoukovitch, ce qui a permis à Moscou de reprendre la main en Ukraine.
Mal géré par le clan Ianoukovitch, qui est aujourd'hui accusé de corruption à grande échelle, le pays dépend économiquement du pétrole fourni par Moscou et de ses exportations vers la Russie. C'est d'ailleurs en jouant sur les leviers économiques que le président russe Vladimir Poutine a réussi, en novembre dernier, à faire en sorte que le président ukrainien ne signe pas l'accord avec l'UE, ce qui a déclenché les manifestations à Kiev. C'est notamment sous la pression de la Pologne, pays voisin de l'Ukraine et qui défend sa cause à Bruxelles, que l'UE a proposé en novembre dernier un accord aux autorités de Kiev. Mais Bruxelles n’a pas mis beaucoup d’argent sur la table, notamment pour compenser les efforts demandés à l’Ukraine pour intégrer les standards européens. En même temps, la Russie a promis au régime du président Viktor Ianoukovitch environ 15 milliards d'euros [non, de dollars. En euro, ça fait 11 milliards, ndc] sous forme de prêts, de crédits et de contrats de livraison de gaz à prix préférentiel.
La déclaration du chef de la diplomatie française Laurent Fabius est d’ailleurs assez symptomatique; en visite à Pékin, il a rappelé l'état catastrophique des finances ukrainiennes, pas loin de la cessation de paiement, mais il n'a évoqué comme solution, pour l'heure, que les aides promises par... la Russie. Ni même après le soulèvement de Kiev, qui a mis fin au régime de Viktor Ianoukovitch, la France, et avec elle d'autres Etats membres de l'UE ne veulent entendre parler d'une éventuelle adhésion de l'Ukraine, alors que, pas plus loin qu'au début du mois de février, la diplomatie des "28" évoquait l'élargissement comme une possible perspective pour les Ukrainiens qui se battaient contre le régime pro-russe de Kiev. [L'Ukraine n'est pas membre de l'UE et de toute façon le processus d'adhésion prend des années. Elle ne peut donc pas prétendre à recevoir l'"aide" d'urgence qu'ont reçue la Grèce, le Portugal, l'Irlande et Chypre quand ils étaient menacés par la faillite, ndc]
S’il est bien difficile de savoir, aujourd’hui, qui va aider l’Ukraine à sortir de l’impasse économique, la possible partition du pays entre l’ouest pro-occidental et l’est pro-russe taraude toute la communauté internationale. Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a appelé à préserver « l'unité et l'intégrité territoriale » du pays et a dépêché un émissaire à Kiev. Les pays du groupe de Visegrad - la République tchèque, la Hongrie, la Pologne et la Slovaquie -, pays limitrophes de l'Ukraine, ont à leur tour tiré le signal d'alarme. Et la présidence grecque de l'Union européenne est favorable à une réunion internationale consacrée à l'Ukraine, y compris pour l'aider économiquement.
Malgré les signaux envoyés par Moscou, malgré ses accusations contre les nouvelles autorités de Kiev, les régions russophones ne semblent pas décidées à franchir le pas et à s'engager dans l'immédiat sur la voie de la partition du pays. Mais à plus long terme, si la communauté internationale n'arrive pas à aider l'Ukraine, tout reste possible, y compris le scénario de la partition du pays.
Quid des accords militaires ? Le changement de pouvoir à Kiev pourrait remettre en cause le statut de la base de Sébastopol en Crimée, où se trouve la flotte russe de la mer Noire, qui donne à la Fédération de Russie un accès direct à la Méditerranée. Au printemps 2010, le président Ianoukovitch avait signé un accord prévoyant le maintien de cette base navale jusqu'en 2042, en échange d'une substantielle ristourne sur le prix du gaz facturé par Moscou. Borys Tarassiouk, député du parti de Ioulia Timochenko, Batkivchtchina, et ancien ministre des Affaires étrangères, estime qu'il faudra rapidement « revenir sur cet accord ». « Ce sera l’une de nos priorités, assure-t-il. C’était une faute terrible de Ianoukovitch. Avoir signé ce traité, cela équivaut à une trahison. Il n’y avait absolument aucune nécessité pour un tel accord. Nous ne sommes pas assez stupides pour ne pas comprendre que nous devons garder de bonnes relations avec la Russie, et cela ne dépend que de la Russie d’accepter ou non cette amitié. Mais nous ne pouvons pas développer nos relations avec la Russie aux dépens de l’intérêt de notre pays. Notre pays devrait être guidé par notre seul intérêt et pas par celui de la Russie, comme cela a été le cas avec le régime de Ianoukovitch ».