Le Monde d'Antigone

Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
syndicats et toute forme de gestion et de pouvoir.
Rassembler des foules sous un même drapeau
trouve toujours son origine dans une imposture.
Seule une révolution mettra fin à un système
dont l'obsession de l'argent entraine l'humanité
vers la catastrophe.

Rubriques

>> Toutes les rubriques <<
· 37 - Lointains échos dictatures africain (400)
· 00 - Archivage des brèves (782)
· .[Ec1] Le capitalisme en soins intensifs (550)
· 40 - Planète / Sciences (386)
· 10 - M-O. Monde arabe (383)
· . Histoires et théories du passé (220)
· 20 - Japon, Fukushima (237)
· .[Ec2] Métaux, énergies, commerce (253)
· 24 - USA (306)
· 19 - Chine [+ Hong Kong, Taïwan] (321)

Statistiques

Date de création : 10.03.2011
Dernière mise à jour : 17.12.2025
8674 articles


Rechercher

Police en grève à Cordoba: les magasins vidés en une nuit

Publié le 05/12/2013 à 18:35 par monde-antigone


Cette fois les gens n'ont pas profité d'une panne d'électricité mais d'une grève d'une partie de la police pour prendre les supermarchés d'assaut et s'offrir ce dont ils manquent (vêtements, chaussures, Hi-Fi, électroménager). La presse locale, dans son vocabulaire habituel, se déchaîne contre ceux qu'elle traite de "délinquants" et de malfrats"...


Alors que la police argentine se met en grève, les gens vont faire du shopping
Dernières nouvelles du front, d'après Libcom - 05 dec 2013
Article original: http://libcom.org/blog/argentinian-police-go-strike-people-go-shopping-04122013
http://dndf.org/?p=12995


Alors que la police se met en grève dans la 2e ville d’Argentine, Cordoba, les gens sont allés sur un énorme shopping, vider tous les supermarchés de la ville. Malgré qu’il y ait un chômage massif et la pauvreté à travers la ville, les médias et le gouvernement ont affirmé que le pillage n’a rien à voir avec les pauvres, et tout à voir avec la « criminalité de droit commun ». Le pillage généralisé des supermarchés à Cordoba vient tout juste 12 mois après des actions similaires répartis sur l’ensemble de l’Argentine. Généralement, les médias traditionnels ont choisi d’utiliser des images de personnes emmenant des téléviseurs à écran large de magasins plutôt que de montrer les nombreuses photos de magasins d’aliments vides.


"Nuit de panique et de violence à Córdoba"
Courrier international - 05 dec 2013
http://www.courrierinternational.com/article/2013/12/05/nuit-de-panique-et-de-violence-a-cordoba


Berceau de la réforme universitaire de 1918, Córdoba (centre-nord du pays) a été le théâtre de pillages et de violences pendant plus de 24 heures suite à une grève de la police qui exigeait une augmentation de salaire et qui a laissé la ville sans protection. Face à l'absence des forces de l'ordre dans les rues, des milliers de commerces ont été assaillis et deux personnes sont mortes. "Une nuit de panique et de violence comme cette ville n'en a jamais vécue".

A différence des pillages en 2001, provoqués par la crise économique, cette fois-ci ce sont les commerces d'électroménagers, de vêtements, d'informatique et de matelas qui ont été visés, et non pas les supermarchés. Les scènes étaient improbables, avec de nombreux propriétaires armés qui protégeaient leur boutique" rapporte le quotidien régional La Voz del Interior.

Le retour au calme a commencé dans la nuit du 4 au 5, quand le gouvernement est arrivé à un accord avec les force de l'ordre sur une augmentation du salaire de base de 6000 à 8000 pesos (800 €). En cause, le manque de réactivité de la part du gouvernement national, qui d'après la loi aurait dû venir en aide en envoyant des effectifs de la gendarmerie. "Cette crise est encore une conséquence néfaste de la dispute politique entre le pouvoir central maintient avec l'administration provincial (la présidente Cristina Kirchner est en conflit ouvert depuis longtemps avec le maire de Córdoba Jose Manuel de la Sota, péroniste et éventuel candidat présidentiel en 2015)", analyse le journal.


La presse argentine révoltée après les évènements de Cordoba
par Romain Lemaresquier
RFI - 05 dec 2013
http://www.rfi.fr/ameriques/20131205-une-presse-argentine-revoltee-apres-evenements-cordoba


Pour comprendre cette réaction de la plupart des quotidiens nationaux, il faut d'abord revenir sur ces évènements, comme le fait aujourd'hui La Nacion. Mardi, la police de Cordoba se met en grève en début d'après-midi, réclamant des hausses de salaire au gouverneur de la province, José Manuel de la Sota. Ce dernier se trouve alors en voyage officiel en Colombie et au Panama. Des habitants, au courant de l'absence de force de l'ordre pour protéger la ville, en profitent pour se lancer à l'assaut de supermarchés et de magasins. Et pendant qu'ils dévalisent ces magasins, d'autres habitants tentent comme ils peuvent de se protéger.

Bilan de cette nuit: deux morts, une centaine de blessés et 52 arrestations. Des arrestations car, comme le précise Clarin, il y avait tout de même une centaine de policiers qui avaient décidé de ne pas faire grève et qui ont tenté comme ils le pouvaient de faire leur travail pendant que leurs collègues regardaient, bras croisés, les images des pillages diffusées sur toutes les chaines de télévisons. Du coup, ce matin les médias argentins sont très remontés. En particulier contre le pouvoir fédéral et donc contre la présidente Cristina Kirchner et son chef de cabinet Jorge Capitanich. Selon l'éditorialiste de La Nacion, le gouverneur de Cordoba est rentré à 1h du matin. Il est parvenu à un accord en début de matinée. Les policiers ont obtenu ce qu'ils réclamaient. Mais l'État fédéral n'a pas réagi en temps voulu alors qu'il lui suffisait de dépêcher des effectifs de la gendarmerie pour mettre fin au saccage.

Selon Jorge Capitanich le gouvernement « attendait une demande officielle pour envoyer la gendarmerie ». Mais en l'absence du gouverneur, personne n'avait autorité pour effectuer une telle demande explique La Nacion. Un fax est finalement arrivé dans la matinée et le gouvernement a annoncé l'envoi de 2 000 gendarmes. Mais quelques heures plus tard, les policiers de Cordoba ont obtenu ce qu'ils réclamaient et ont donc repris le travail. Les pillages se sont arrêtés et la situation est revenue à la normale. Ce qui peut être assimilé à un ratage, selon l'éditorialiste de Clarin. Selon lui, Cristina Kirchner avait là l'occasion de prendre le dessus sur un dissident kichneriste, le gouverneur de Cordoba. C'est donc une occasion manquée pour celle qui est de plus en plus contestée au sein de la société argentine selon Clarin.

L’autre question que l’on est en droit de se poser concernant cette affaire est pourquoi les policiers de Cordoba réclamaient une hausse de salaire ? Eh bien voilà les explications de Tomas Mendez, un journaliste de la chaîne de télévision Canal 10: « Ce qu'il s'est passé, c'est qu'il y avait beaucoup de policiers qui travaillaient comme narcotrafiquants. Et l'argent qu'ils obtenaient illicitement complétait leur salaire légal. Nous (NDLR Canal 10), nous avons réussi à prouver ces faits en enquêtant il y a environ 2 mois et demi. Du coup, ces policiers se sont retrouvés sans cette rentrée d'argent illicite et maintenant ils demandent qu'on la légalise d'une certaine manière. Imaginez: ils ont réclamé une augmentation de 250 % de leur salaire ! »


EDIT (9 décembre 2013) De la manière organisée dont ça se passe maintenant, il est très possible en effet qu'une collusion existe de ville en ville entre les policiers et les bandes. Les uns mettent au courant les autres: un marché gagnant des deux côtes. Pour Cordoba, je pense que c'était différent. Les pillages ont surpris les autorités.


Nouveaux saccages de magasins en Argentine
par Jean-Louis Buchet
RFI - 09 dec 2013
http://www.rfi.fr/ameriques/20131209-argentine-saccages-commerces-police-greve-drogue


BUENOS AIRES - En Argentine, de nouveaux saccages de supermarchés et de magasins ont eu lieu dans la nuit du dimanche 8 décembre dans les villes de Mar del Plata, Santa Fe et Concordia, où il y a eu au moins un mort, suite aux mutineries des polices locales, qui réclament des augmentations de salaire. Depuis que les policiers de Córdoba se sont mis en grève mardi dernier, le même scénario s’est reproduit dans plusieurs points du territoire national.

Depuis l’explosion de Córdoba, qui a fait 3 morts, le gouvernement national s’efforce de garantir la sécurité dans les provinces en envoyant la gendarmerie là où des incidents éclatent. Mais le mouvement s’étend comme une traînée de poudre. À chaque fois, dès que les policiers se mettent en grève, des supermarchés et des magasins sont attaqués par des groupes, généralement composés de jeunes, arrivant sur place à moto ou avec des camionnettes, tandis que les commerçants et des habitants du quartier forment des milices d’auto-défense.

Après une ou deux nuits d’anarchie, les autorités provinciales accordent les augmentations salariales demandées, avant que cela ne recommence ailleurs. Ce qui surprend c’est la coordination entre les mutineries policières et l’entrée en action des vandales. Car il s’agit bien de vandalisme: plus que de la nourriture, ce qui est recherché par ceux qui attaquent les commerces, c’est des téléviseurs dernier cri, des ordinateurs et des vêtements de sport. Pour beaucoup, c’est bien la preuve des liens qui existent entre la police et la délinquance, en particulier le narcotrafic, dont le pouvoir s’étend en Argentine sous l’égide des cartels mexicains et colombiens.


EDIT (10 décembre 2013)


Sept morts lors de pillages en Argentine en pleine grève de la police
AFP, France24 - 10 dec 2013
http://www.france24.com/fr/20131210-argentine-sept-morts-lors-pillages-pleine-greve-police


BUENOS AIRES - Sept personnes sont décédées entre lundi et mardi lors de violences au cours de pillages dans des provinces du nord de l'Argentine, où la police est en grève, a-t-on appris auprès des autorités locales. "Nous avons 4 morts: 3 civils dont nous pensons qu'ils participaient aux pillages et un commissaire adjoint de 35 ans3, a indiqué une source au gouvernement local de la province de Chaco (nord-est). Dans la province de Jujuy (nord), il y a eu 2 morts: un dans la ville de San Pedro et un autre à Perico, a confirmé à l'AFP une autre source parmi les autorités locales de cette province. Une 7e personne est décédé dans la province de Tucuman (nord). Le bilan des violences consécutives à cette grève des policiers entamée il y a une semaine s'établit désormais à 9 morts, une centaine de blessés et plusieurs dizaines d'interpellations.

Le phénomène, parti de Cordoba (centre du Mexique), où des troubles ont éclaté mardi et mercredi, s'est étendu à des villes des provinces d'Entre Rios et Buenos Aires. Le mouvement de protestation de policiers d'une dizaine de provinces, revendiquant des salaires plus élevés, ne touche pas la police fédérale. Les actes de pillage sont récurrents en Argentine depuis la fin des années 1980. Pour le sociologue Enrique Zuleta Puceiro, c'est une particularité argentine, l'expression d'une tension sociale dans un pays rongé par l'inflation. (...)


EDIT (14 décembre 2013)


La grève de la police sème la zizanie
par Antoine Raux
France24 - 13 dec 2013
http://www.france24.com/fr/20131211-police-greve-seme-zizanie/


En une semaine, les violences consécutives à une grève des policiers ont fait au moins 9 morts. Le gouvernement accuse les forces de l'ordre de passivité face aux pillages et les soupçonne même d’en être complices. Saccages en série", "Zone de guerre", "Journée de deuil" titre la presse argentine. Depuis une semaine, les scènes de pillages se succèdent dans les provinces pauvres du nord du pays. En se mettant en grève, les polices provinciales laissent s’installer le chaos.

La première avait éclaté à Cordoba le 4 décembre. Les policiers avaient alors décidé de ne plus sortir dans la rue pour réclamer des hausses de salaires. "Pourquoi mourir pour quelques pesos ?" affichait une femme de fonctionnaire lors d’une manifestation de soutien au mouvement des policiers. La ville de Cordoba, grand site industriel du pays, n'est pas épargnée par la pauvreté. À la radio ou sur les zones de commentaires des sites d’information, de nombreux Argentins rejettent la responsabilité des pillages sur "les délinquants qui sont sortis des bidonvilles et s'en sont donné à cœur joie". Cependant les pillages sont fréquents en Argentine, surtout en décembre à la veille des fêtes. Mais face aux pillages de commerces, la question que se posent beaucoup d’Argentins c’est de savoir si ces violences sont improvisées.

Pour beaucoup, la thèse d’une connivence entre forces de l'ordre et délinquants ne fait guère de doute. "À chaque fois, ils [les pilleurs, NDLR] interviennent dans des zones libérées" explique Susana Fiorito une militante du quartier populaire de Bella Vista à Cordoba. "Ils s'attaquent à des petits supermarchés, des magasins de sport, ou d'électroménager. Et bien pourquoi ils ne s'attaquent pas aux luxueux centres commerciaux, si c'est pour faire leurs courses de Noël ? En fait, rien n'a été laissé au hasard. Tout a été planifié", dénonce Susana. "Et on veut faire porter le chapeau aux plus pauvres, en laissant les gens dans l'idée que sans la police, ce sera l'anarchie". Une explication reprise par la présidente de la République Cristina Kirchner, dans son discours pour célébrer, mardi, les 30 ans de démocratie ininterrompue en Argentine. "Je ne suis pas née d’hier. Je ne crois pas aux coïncidences. Ni à la contagion des événements. Mais ce qui vient de se passer en Argentine a été minutieusement déterminé, préparé et exécuté avec une précision chirurgicale".

Et la police de la province de Cordoba a récemment été pointée du doigt. En septembre dernier, le chef de la brigade anti-drogue de la ville est tombé avec cinq de ses lieutenants pour corruption et trafic en bande organisée. Avec cet épisode, les forces de l'ordre ont perdu le peu de prestige qu'il leur restait, et aussi, leur principale source de financement. Dans l’émission du journaliste Jorge Lanata, un ancien commissaire de la province de Buenos Aires explique que "Dans les années 1990, le système s'appuyait sur les bordels et le jeu clandestin. Après une purge, les flics se sont concentrés sur la drogue pour remplir "'a cajita feliz' [la "caisse du bonheur", NDLR]. La police a alors offert sa protection aux bandes de narcos: 20.000 pesos pour un laboratoire, 2.000 pesos pour un petit distributeur". Et d’ajouter: "Avec le scandale de Cordoba, il est encore apparu au grand jour que les criminels, c'étaient eux !"

Ce genre de révélations se multiplie depuis quelques jours jetant une lumière crue sur les raisons qui poussent les policiers à se retrancher dans leur caserne. Interrogé par France24, Pepe di Paola, le prêtre du bidonville de La Carcova, dans la province de Buenos Aires, confirme lui aussi que l’attitude des policiers face à la vague de pillage est ambiguë et qu’il les soupçonne lui aussi de complicité. "C'est la première fois qu'on a vu des pillages aussi bien organisés. D'abord une voiture qui passe et casse les vitres. Ensuite, des gens qui arrivent en moto et chargent une camionnette. Tout ça dans les même plages horaires et à plusieurs endroits différents ".

Dans ce quartier, où les photos du pape François sont aussi nombreuses que celles du Padre Mugica ce "curé de base" dénonce les ravages qu’engendre le trafic de drogue dans les quartiers populaires et l’implication fréquente des policiers. “La drogue est en train de décimer les jeunes d'ci. Et la police y a trouvé sa source de financement. Elle a gagné en autonomie. Au lieu de se démocratiser, c'est une institution de plus en plus pervertie. Si le chef de la police anti-narco roule en voiture de luxe et vit dans l'opulence: que va penser un simple flic ? Que lui aussi, il a bien le droit de rapiner".