Le Monde d'Antigone

Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
syndicats et toute forme de gestion et de pouvoir.
Rassembler des foules sous un même drapeau
trouve toujours son origine dans une imposture.
Seule une révolution mettra fin à un système
dont l'obsession de l'argent entraine l'humanité
vers la catastrophe.

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Election au Mali: Le théâtre de marionnettes

Publié le 28/07/2013 à 14:05 par monde-antigone


Jamais une élection présidentielle au Mali n'avait mobilisé autant de journalistes. Que se passe-t-il ? Quel en est l'enjeu ? A quoi doit-on cet intérêt ? Chaque fois qu'une question politique se pose, la réponse est toujours l'argent.

Le Mali doit avoir un gouvernement légitimement élu pour bénéficier des financements de la communauté internationale. Depuis le putsch qui a renversé ATT en mars 2012, il n'en avait pas. Les institutions ont des scrupules. Elles ne plaisantent pas avec l'ordre constitutionnel. Voila pourquoi la France qui assume depuis le mois de janvier tous les frais de la guerre (3 200 hommes sont encore sur le terrain) et de la gestion de crise a hâté la tenue de cette élection, a insisté pour que la date du 28 juillet soit maintenue coûte que coûte. Peu importe que cette élection soit une mascarade et apparaisse comme un théâtre de marionnettes, peu importe que la participation soit faible voire insignifiante à certains endroits, l'important pour l'UA, l'ONU, le FMI est qu'il y ait au terme du 2e tour le 11 août un résultat et un élu: l'apparence d'un pouvoir légitimé.
Le 1er juillet dernier, la Misma (Mission africaine de stabilisation du Mali) a officiellement "passé le relais" à la Minusma (Mission intégrée des Nations-Unies pour la stabilisation au Mali). L'opération a consisté à coiffer d'un bérêt bleu ou d'un casque bleu les contingents africains de la Cédéao qui ne sont pas formés pour faire la guerre... et qui ont besoin du soutien militaire de la France. Maintenant que l'ONU est dans le coup, il faut faire les choses comme il faut. Les élections permettront en principe de désigner celui qui aura pour mandat de négocier très officiellement le statut de l'Azawad avec les forces politiques et armées du Nord-Mali.

Pour faire le job, il y a des volontaires: 27 candidats. Ceux qui ont le plus de chances sont:
- 4 anciens Premiers ministres, Cheick Modibo Diarra (astrophysicien et PM de la transition), Modibo Sidibé, Soumana Sako, et Ibrahim Boubacar Keïta, alias "IBK", (PM de 1994 à 2000). C'est ce dernier qui semble avoir le plus de moyens puisqu'on voit partout ses affiches;
- Hamed Sow, ancien ministre de l'Energie, des Mines et de l'Eau devenu directeur d'une importante société d'investissement;
- Soumaïla Cissé, alias "Soumi", ancien ministre des Finances, un technocrate qui a fait une grande partie de sa carrière à l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine);
- Cheick Boucadry Traoré, fils de l'ancien général putschiste Moussa Traoré;

- Dramane Dembélé, candidat de l'Adéma, le plus important parti politique malien;
- Siaka Diarra, candidat de l’UFD (Union des forces démocratiques) qui regroupe les forces de la "société civile", syndicats, associations...

On peut citer encore quelques outsiders:
- Housseini Amion Guindo, alias "Poulo", candidat populiste, président d’un club de football;
- Oumar Bouri Touré, alias "Billy", député populiste, propriétaire de stations de service;
- Oumar Mariko de Sadi (Sadi, ce sont aussi les initiales de sa formation), directeur de plusieurs stations de radio et proche du capitaine Sanogo, l'auteur du pustch du 22 mars 2012;
- Mountaga Tall, vieux routier de la politique et candidat depuis 20 ans à toutes les élections, qui doit de se présenter à nouveau à la levée de son immunité parlementaire alors qu'il est mis en cause dans une affaire d'escroquerie;
- enfin quelques jeunes loups diplômés et cadres dirigeants, hauts fonctionnaires, notables locaux en quête d'une reconnaissance nationale parmi lesquels une femme, la seule en lice, Haïdara Aïchata Cissé, surnommée "Chato", députée;
Tous vantent leur réussite personnelle comme exemplaire du "Mali qui réussit". L'ensemble offre un portrait assez fidèle de la diversité de la bourgeoisie malienne.


Pas de copier/coller pour l'instant. Il n'y a rien d'original dans la presse.


EDIT (3 août 2013) Le résultat des élections fait apparaitre la division nord-sud que l'intervention française avait voulu faire disparaître. Dans un premier temps le ministre de l'Intérieur avait laissé entendre qu'après le dépouillement d'un tiers des bulletins, l'avance d'IBK était telle qu'il n'y aurait pas besoin d'un 2e tour. La France a probablement fait pression pour obtenir un résultat plus équitable et permettre un 2e tour de scrutin. Mais c'est reculer pour mieux sauter.

Les deux candidats finalistes se présentent en bons politiciens comme des hommes du "renouveau" par rapport soit au régime d'ATT, soit au coup d'Etat des bérets verts de Kati. IBK, cacique de la vie politique malienne, s'est vêtu de l'habit blanc de chef tribal bambara. Il bénéficie du soutien des principaux chefs religieux et de la bienveillance des pro-putschistes. Cissé, alias "Soumi", représente les intérêts des politiciens de la plèbe incarné par l'Adéma et le Front du refus. Quelque soit le vainqueur le pouvoir politique à Bamako demeurera aussi déliquescent et corrompu.


Présidentielle au Mali: Un rapport de force nord-sud entre les deux candidats
RFI - 03 aot 2013
http://www.rfi.fr/afrique/20130803-mali-presidentielle-rapport-force-nord-sud-ibk-soumaila-cisse


La répartition géographique des votes des Maliens en faveur des deux vainqueurs du premier tour de l’élection présidentielle est très marquée: si IBK a fait le plein de voix dans le sud du pays, Soumaïla Cissé a pour sa part obtenu ses meilleurs scores dans le nord, où il dépasse son adversaire dans plusieurs villes. Sur la carte du Mali, le constat saute aux yeux: Ibrahim Boubacar Keïta a raflé la mise dans quasiment toutes les circonscriptions du Sud et Soumaïla Cissé dans celles du Nord.

Le Sud, plus peuplé que le Nord, a donc profité à IBK. Il écrase littéralement son adversaire à Bamako, à Kayes, à Kati et à Ségou. Dans les cercles de Koulikoro et de Sikasso, le leader du Rassemblement pour le Mali (RPM) engrange également 2 à 3 fois plus de voix que son challenger. Soumaïla Cissé tire son épingle du jeu à Mopti et à Tombouctou, dont il est natif. Il fait également de bons scores dans les cercles de Djenne, de Douentza et de Bourem, où il comptabilise 2 à 3 fois plus de voix que son rival. Le candidat de l’Union pour la République et la démocratie (URD) enregistre des scores 4 voire 5 fois plus élevés qu'IBK dans les cercles de Tenenkou, Youwarou, Niafunké, Goundam et Diré. En revanche, les villes de Gao et de Menaka lui échappent.

Quelle position pour le Front du Refus (FDR) ? Déjà, les tractations pour le second tour vont bon train. Les partis et les candidats éliminés appartenant au FDR - le front antiputsch - resteront-ils unis derrière Soumaïla Cissé, alors que celui-ci devra combler un écart de 20 points ? Sur le papier, IBK n'est qu'à 11 points de la victoire. Mais en politique, rien n'est joué à l'avance. Il suffit, pour s’en persuader, de rappeler l'issue du premier tour en Guinée, lors duquel Cellou Dallein Diallo avait obtenu 43 % des voix et Alpha Condé seulement 18 %...